Les données épidémiologiques concordent dans la mise en évidence d’une augmentation des problèmes de santé psychique en lien avec l’activité professionnelle. Nous nous interrogerons sur les apports fournis dans la compréhension de cette problématique et sur les pistes d’action en nous situant à deux niveaux : macro et micro. Est-ce que l’entreprise peut se doter de ressources pour aborder les RPS ou ne saurait-elle être qu’une victime collatérale incapable de lutter contre les « lois du marché » ?
Au niveau macro, nous aborderons notamment les apports de l’épidémiologie permettant d’orienter les politiques publiques. Ce niveau d’action vise à proposer de nouvelles lois ou de nouveaux textes règlementaires (par exemple, sur le droit à la déconnexion). Mais ces nouvelles prescriptions sur la thématique de la santé au travail doivent être mises en perspective avec les autres. Certaines sont contradictoires les unes avec les autres. Comment peut-on les gérer à l’échelle d’une entreprise ? Si renforcer la thématique santé travail sur le plan législatif a pour but d’améliorer les conditions de travail des salariés, une approche non systémique de la problématique aboutit à « ajouter de la prescription à la prescription » au lieu d’ouvrir les espaces de débats nécessaires à la gestion de cette thématique de santé psychique au travail.
Au niveau micro, notre posture de médecin nous a incité à proposer un regard sur quelques actions possibles au niveau des services de santé au travail (SST). Les employeurs ne voient pas toujours les SST comme des ressources utiles. A ce niveau, peuvent être réalisés une mise en perspective du travail et de la santé, par exemple avec l’étayage théorique offert par la clinique de l’activité, en questionnant la place du travail dans l’abord des conflits interpersonnels se jouant dans l’entreprise ; une externalisation hors de l’entreprise des problèmes de santé portés par les salariés ; des propositions de transformations du travail, d’aménagements de poste ; une aide dans les procédures de reconnaissance au titre de l’accident du travail ou de la maladie professionnelle.
Finalement, dans la perspective qui est la nôtre, ces deux niveaux d’analyse ont fait émerger deux objets d’étude différents (l’emploi à l’échelle macro, le travail à l’échelle micro). Nous défendons ici l’idée qu’emploi et travail apportent un étayage différent, mais pas parfaitement complémentaire, contribuant à appréhender la question des risques dits psychosociaux en entreprise.
Mots-clés
- travail
- emploi
- activité
- clinique de l’activité
- clinique médicale du travail
Mots-clés éditeurs : emploi, clinique de l’activité, travail, clinique médicale du travail, activité
Date de mise en ligne : 02/02/2017
https://doi.org/10.3917/rips1.hs03.0173