Résumé
En France, l’ethnographie est à la mode dans toutes les disciplines des sciences humaines... sauf en GRH. Le constat peut étonner au regard de la fécondité de la méthode et de la bienveillance des entreprises à l’égard des chercheurs de "terrain". Notre contribution explore cette contradiction dans une double perspective : historique et comparative. L’éclairage par les exemples de la sociologie et des sciences de l’éducation nous invite d’abord à considérer ces résistances comme l’expression de la volonté d’une discipline récente de se conformer aux sciences les plus légitimes fondées sur le quantitatif. Mais la nature des sciences de gestion nous incite encore à réfléchir aux spécificités de l’objet de la gestion des ressources humaines. Son ancrage pratique (les IAE ayant initialement pour vocation de former des cadres déjà en poste) la conduit paradoxalement à se détacher du terrain, pour prévenir des soupçons de normativité qui pèsent sur son objet. Son ascendance académique enfin, puisque les sciences de gestion, issues de l’économie, se sont d’abord constituées autour de disciplines qui font la part belle aux mathématiques : la comptabilité et la finance. Aujourd’hui pourtant s’annonce une timide ouverture, portée entre autre par l’interdisciplinarité, qui offre à certains travaux fondés sur les méthodes qualitatives, des espaces de publication. Ce contexte a priori particulier nous invite alors à réfléchir à la portée critique de l’ethnographie et à ses enjeux pour une discipline.
Mots-clés
- ethnographie
- méthodes de recherche en sciences de gestion
- GRH