Couverture de RINDU_113

Article de revue

Éditorial

Pages 1 à 2

Notes

  • [*]
    Société des amis de la bibliothèque de l’X, qui joue un rôle essentiel pour promouvoir une meilleure connaissance de l’histoire de l’Ecole Polytechnique et des polytechniciens. Une présentation plus détaillée de cet organisme figure dans la partie 3 de ce numéro.

1Il n’est pas courant que la série Réalités Industrielles dédie un de ses numéros à un individu particulier, fût-il un ingénieur d’exception et un grand capitaine d’industrie. Pour quelles raisons la figure de Georges Besse suscite-t-elle, encore aujourd’hui, une telle fascination ?

2Il y a, certes, le caractère exceptionnel de sa personnalité, qu’ont soulignée tous ceux qui l’ont côtoyé, sa profonde humanité et, bien sûr, le côté dramatique et absurde de son assassinat. Il s’y ajoute, me semble-t-il, un autre élément qui se dégage progressivement à la lecture des articles passionnants qui composent ce numéro : quelque chose comme la nostalgie d’un temps qui, bien évidemment, avait ses défauts, mais où notre pays savait régler efficacement des problèmes qu’il s’efforce en vain de maîtriser aujourd’hui. Le destin hors du commun de Georges Besse met cruellement en lumière les dysfonctionnements actuels par contraste avec une époque où, par exemple, l’ascenseur social fonctionnait bien, sans qu’il y eût besoin de discrimination dite positive ou d’autres dispositifs compliqués : le corps enseignant, tout simplement, savait déceler les élèves doués issus de milieux modestes, même au cœur de la France profonde, savait les orienter vers des établissements adéquats, leur permettant d’entrer à l’Ecole Polytechnique s’ils avaient le goût du travail et confirmaient les espoirs mis en eux. Une époque où les entreprises industrielles étaient dirigées par des ingénieurs et (est-ce vraiment une coïncidence ?) savaient innover dans des technologies de pointe, pour les vendre en Allemagne et au Japon. Une époque où, pour développer sa société, un patron s’appuyait d’abord sur le bagage scientifique et technique qu’il avait acquis durant ses études, plutôt que sur des montages financiers alambiqués. Une époque, enfin, où les chefs d’entreprises recherchaient opiniâtrement la rentabilité, mais avec en permanence à l’esprit l’intérêt national et celui des entreprises et des personnels dont ils avaient la charge, sans qu’il fût question d’enrichissement personnel.

3Certains me rétorqueront que ce n’est pas dans le passé qu’il faut rechercher les solutions pour l’avenir. Je réponds par avance : pourquoi avoir abandonné, au profit de solutions inefficaces, des méthodes qui fonctionnaient et continuent de faire le succès d’autres pays (la Chine, la Corée, l’Allemagne…) ? L’exemple de Georges Besse permettra-t-il de revenir sur des idées reçues ? Une fois encore, je citerai Cervantès : « … la vérité, dont la mère est l’histoire, émule du temps, dépôt des actions, témoin du passé, exemple et connaissance du présent, avertissement de l’avenir ».

4L’idée de ce numéro des Annales des Mines est née à l’occasion de la préparation de la table ronde « Quelle politique industrielle pour la France dans l’Europe ? », organisée dans le cadre du colloque « 200 ans d’histoire du corps des Mines » (une synthèse est présentée en hors-dossier à la fin du présent numéro). Christian Marbach, président de cette table ronde, avait relevé que Georges Besse figurait dans la liste de « vingt représentants illustres des corps des ingénieurs des Mines et des ingénieurs des Télécommunications », établie à l’occasion de ce bicentenaire, de même qu’il avait été retenu, quelques années auparavant, parmi la vingtaine de polytechniciens remarquables du XXe siècle, lors de la célébration d’un autre bicentenaire, celui de l’Ecole Polytechnique. Dans la perspective du vingt-cinquième anniversaire de la disparition de Georges Besse, Christian Marbach avait entrepris de rassembler et de rédiger des éléments biographiques, en vue de leur publication dans le bulletin de la Sabix [*], dont il était président d’honneur. Nous avons alors envisagé de co-publier ce travail dans les Annales des Mines.

Je remercie vivement la Sabix d’avoir rendu possible ce projet, et son président Alexandre Moatti d’avoir accepté de rédiger un avant-propos à ce numéro. J’adresse aussi mes remerciements les plus chaleureux, pour leur assistance et leur soutien, à la famille de Georges Besse, à ses proches et à tous ceux qui ont bien voulu apporter leur témoignage irremplaçable, permettant de rendre si vivante cette esquisse de portrait.

Date de mise en ligne : 16/09/2013

https://doi.org/10.3917/rindu.113.0001

Notes

  • [*]
    Société des amis de la bibliothèque de l’X, qui joue un rôle essentiel pour promouvoir une meilleure connaissance de l’histoire de l’Ecole Polytechnique et des polytechniciens. Une présentation plus détaillée de cet organisme figure dans la partie 3 de ce numéro.

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