Le débat entourant la gouvernance des grandes entreprises canadiennes est apparu il y a longtemps. Jusqu’à récemment, ces grandes sociétés étaient gérées selon un cadre très formel qui occultait tout un jeu de rapports de force entre les parties; les conflits et les tensions étaient réglés suivant les mécanismes internes de gestion. Bien peu de choses transpiraient dans le public sur ce qui se passait dans les conseils d’administration des firmes canadiennes.
Dans cet article, nous verrons que, à partir des années 1980, les grandes entreprises nord-américaines ont suscité beaucoup d’intérêt chez un nouveau groupe d’actionnaires : les grandes institutions de gestion de fonds de retraite. Ces actionnaires importants, présents dans les entreprises pour de longues périodes, voulaient consolider la gouvernance des entreprises dans lesquelles ils investissaient. Par la suite, nous observerons comment le développement de l’information financière dans les médias et l’intérêt de l’opinion publique pour les activités de ces grandes sociétés viendront apporter un nouvel éclairage sur le fonctionnement du processus décisionnel au sommet des grandes entreprises. Nous verrons ainsi comment fut franchie une nouvelle étape dans la «démocratisation» du capitalisme; les petits investisseurs, à travers un portefeuille direct ou au moyen de leur caisse de retraite ou de fonds communs de placement, réclameront, par le biais des nombreux médias financiers, une voix au chapitre de la gouvernance des entreprises privées…