Les réseaux de services intégrés sont une réponse contemporaine au morcellement des savoirs dans le domaine des sciences de la santé, ainsi qu’à l’ultraspécialisation et à la prestation des services en ambulatoire. Ils offrent aussi la chance d’introduire davantage d’humanisme non seulement dans la prestation des services, mais dans leur organisation elle-même. Toutefois, les dynamiques professionnelles et organisationnelles, telles que décortiquées par Lise Lamothe, montrent bien la complexité sous-jacente aux réseaux de services intégrés. Tout en partageant son analyse et son appel pour un renouveau de la gouverne, certains aspects me paraissent devoir aussi être considérés du côté de l’exercice professionnel et du côté des défis relatifs à une plus grande marge décisionnelle locale.
L’ampleur et la profondeur du changement amené par l’intégration clinique nécessitent, à mon avis, de revoir la formation des professionnels de la santé et des services sociaux dans cette nouvelle perspective d’intégration. Il est difficile, en effet, de concevoir l’intégration clinique des services sans interdisciplinarité et sans travail en équipe. Or, le bagage de connaissances de chacune des disciplines professionnelles a traditionnellement été davantage développé avec l’idée de définir un champ d’exercice exclusif, souvent en lutte contre d’autres disciplines, plutôt qu’avec celle de contribuer à un ensemble cohérent d’interventions cliniques interdisciplinaires pour des épisodes de soins complexes…