Couverture de RIEF_025

Article de revue

Adoption internationale en Catalogne (Espagne)

Adaptation et processus d'intégration familiale

Pages 37 à 62

Notes

  • [1]
    L’Etat espagnol est composé par différentes Communautés Autonomes (CC.AA), dont la Catalogne se place en tête en ce qui concerne à l’adoption. L’Etat espagnol indique les directives générales dans le domaine de la protection de l’enfance et chaque CC.AA les spécifie dans ses lois autonomes.
  • [2]
    Spécifié dans la « Ley 9/1998. Art. 115 ».
  • [3]
    En 1999, en Catalogne, 376 enfants ont été adoptés internationalement, dont 84 ont été adoptés à l’âge de trois ans ou plus.
  • [4]
    Dans le texte, on utilise le terme « mono-maternelles », au lieu de « monoparentales », car dans ces cas ce sont les mères qui constituent la figure adulte de ce groupe.
  • [5]
    Pour davantage de détails, le travail complet peut être consulté (Fuentes, 2007).
  • [6]
    En France, on parle d’adoption d’enfant « à particularité », par exemple quand il s’agit d’enfants handicapés (NDLR).

Introduction

Les adoptions internationales en Catalogne et en Espagne

1L’adoption internationale en Espagne, et plus précisément en Catalogne [1], est un phénomène relativement récent qui a pris une réelle envergure. L’Espagne se trouve parmi les premiers pays du monde en la matière, présentant un des taux les plus importants d’adoption parmi sa population.

2Les prémices de ce phénomène dans le contexte espagnol remontent à la fin des années 1990. Depuis 1997, les adoptions internationales ont connu une forte croissance pour commencer à s’infléchir en 2005. Selon les données publiées par le gouvernement espagnol, 37 585 enfants provenant d’autres pays ont été adoptés entre 1997 et 2007. En Catalogne, selon les données publiées par l’Institut Catalan d’Accueil et Adoptions de Catalogne, il y a eu 9 267 adoptions entre 1998 et 2007.

3Parallèlement à cet essor des adoptions internationales, la législation s’est développée de façon à établir un cadre politique sur l’enfance et permettre ainsi aux administrations d’agir pour garantir les droits de ces enfants. Au niveau national (Espagne), il existe la récente loi 54/2007 du 28 décembre de l’Adoption internationale, spécifique à ce type d’adoption, qui vise à adapter le cadre juridique à la nouvelle situation actuelle. En Catalogne, il est bon de souligner l’existence de la Loi 9/1998 du 15 juillet du Code de la Famille de Catalogne, dont le Titre V fait référence à la filiation adoptive et utilise comme base la Loi 37/1991 du 30 décembre et la récente Loi 3/2005 du 8 avril qui confère aux personnes et couples homosexuels le droit d’adopter des enfants, au même titre que les couples hétérosexuels.

4Les conditions minimales d’adoptabilité qui sont établies par la législation espagnole [2] indiquent que les futurs parents doivent avoir plus de 25 ans et doivent être en plein exercice de leurs droits civils. L’adoption par plus d’une personne est acceptée s’il s’agit du conjoint ou de couples stables qui cohabitent. Dans ces cas, il suffit que l’un des deux candidats à l’adoption ait cet âge. D’autre part, le père ou la mère d’adoption doit avoir au minimum 14 ans de plus que l’enfant adopté. Les candidats à l’adoption internationale doivent, en outre, s’ajuster aux critères et aux considérations du pays d’origine de l’enfant.

Le processus d’intégration familiale dans l’adoption internationale du point de vue théorique

5Nous nous appuyons sur le modèle FAAR (Family Adjustment and Adaptation Response) de Patterson (1988, 2002) pour définir le processus d’intégration socio-familiale. Selon ce modèle, l’intégration familiale consiste en un processus qui permet à la famille d’atteindre un niveau d’ajustement ou d’adaptation satisfaisant et stable, aussi bien d’un point de vue structurel que dans ses modes d’interaction (McCubbin & Patterson, 1983).

6Le modèle FAAR a été appliqué à l’adoption par Groze (1994, 1996) et, selon celui-ci, le processus d’intégration familiale se divise en deux phases : la phase d’ajustement et la phase d’adaptation. La première phase correspond à l’ajustement. Dans les cas d’adoption internationale, elle débute dans le pays d’origine (nous l’appellerons ici « ajustement de départ » (T1) et, en général, perdure quelques temps quand la famille rentre chez elle (T2). La deuxième phase est celle de l’adaptation. Elle se déroule sur quelques mois au sein du foyer familial, là où se produisent les changements les plus importants qui, une fois effectués, assureront le bon fonctionnement du système familial (T3).

7Durant la première phase, l’attention aux besoins de l’enfant est relativement simple, les besoins manifestés s’assument facilement et n’occasionnent aucun bouleversement au sein des relations familiales, d’où le nom sous lequel cette phase est également connue, celui de « lune de miel ».

8Cependant, selon ce modèle, l’intégration familiale ne peut se réaliser sans « crise ». Cette « crise » marque la fin de la phase d’ajustement. Ce changement s’explique par le fait que les membres de la famille délaissent les doutes de la première phase et agissent de façon plus spontanée, laissant apparaître, entre autres, des comportements problématiques ou des difficultés pour tisser des liens qui, s’accumulant comme des éléments perturbateurs, débouchent sur la crise. La résolution de la crise requiert un changement profond dans l’organisation, la structure et les relations. Sans ce changement, l’équilibre et la satisfaction familiale ne peuvent être rétablis. Selon ce modèle, il faudrait clarifier le terme de « crise ». Celui-ci ne doit pas être perçu de façon péjorative ou non-fonctionnelle, laquelle exigerait une intervention spécialisée, mais plutôt comme une opportunité dans le développement familial occasionnée par les besoins du cycle de vie de la famille.

9La résolution bénéfique de la crise est celle qui conduit la famille à une adaptation positive (schéma 1), alors que ce qui précède s’apparente à une « pseudo-adaptation ». On considère que l’adaptation est positive lorsque la famille est satisfaite de son fonctionnement et que celui-ci est stable, c’est-à-dire, quand il existe un équilibre interactif entre les besoins et les capacités des différents membres de la famille.

figure im1
Schéma 1. Élaboration personnelle du modèle Family Adjustment and Adaptation Response — FAAR - (Patterson, 1988, 2002), adapté à partir de Groze (1994,1996).

10Ainsi, le processus d’intégration se dessine de façon cyclique (McCubbin & Patterson, 1983). Par cette idée, ces auteurs suggèrent que les progrès des familles ne sont pas toujours linéaires puisque les familles peuvent connaître à nouveau la crise après la restructuration, l’accommodation ou la mauvaise adaptation ou bien parce que les changements sont la volonté d’un seul membre de la famille et que les autres ne l’assument pas ou bien encore parce que de nouveaux facteurs perturbateurs font leur apparition. Selon Groze (1994), l’intégration familiale est un processus de « lunes de miel » successives et continues, suivies de crises, la résolution positive d’une crise permettant à la famille de se sentir plus compétente face aux crises à venir.

11Ce modèle a été mis en œuvre dans le contexte catalan et espagnol, grâce notamment aux résultats des recherches d’Amorós (1987) et de Fernández Molina (2002), portant sur des adoptions nationales dans les deux cas. Les deux auteurs considèrent que l’adaptation ne se fait pas au cours de la phase de « lune de miel », mais avec l’occurrence d’une « étape conflictuelle », laquelle dure en général les six premiers mois d’accueil de l’enfant. À l’issue de cette phase, les difficultés du début se résolvent et s’estompent progressivement. Cependant, cette conception n’est pas tout à fait comparable à celle de Pinderhughes (1996). Pinderhughes propose quatre étapes : anticipation, accommodation, résistance et re-stabilisation. Ce modèle offre un certain parallélisme avec le modèle FAAR, mais il introduit quelques questionnements. La première phase, l’anticipation, est antérieure au commencement du contact familial, c’est-à-dire, avant la phase d’ajustement du modèle FAAR. Etant donné que les tensions provenant du processus d’adoption s’accumulent et fonctionnent comme des stresseurs dans l’adaptation (Barth & Berry, 1988), il serait intéressant de considérer l’effet que ces stresseurs peuvent avoir sur le processus d’intégration familiale. La phase d’accommodation est équivalente à la phase d’ajustement du modèle FAAR, même si Pinderhughes remet en question le fait que cette phase soit toujours vécue comme une « lune de miel ». Pour conclure, les deux dernières phases « résistance » et « re-stabilisation » sont équivalentes à la phase d’adaptation du modèle FAAR.

Les études sur les processus d’intégration familiale

12Les processus d’ajustement et d’adaptation de la phase initiale sont cruciaux dans la vie de la famille adoptive ainsi que dans le développement des enfants (Brodzinsky, Smith & Brodzinsky, 1998 ; Levy-Shiff, 2001), puisque le résultat de cette étape est lié au bon déroulement et à l’adaptation socio-familiale à plus long terme (Quinton, Rushton, Dance & Mayes, 1998). De plus, dans les adoptions internationales et transnationales, il est important de considérer le rôle joué par les parents au niveau du bien-être et de l’adaptation culturelle des enfants (Mohanty, Keokse & Sales, 2006 ; Vonk & Angaran, 2001).

13Qu’il s’agisse d’adoption nationale ou internationale, les études sur la rupture et la dissolution de l’adoption considèrent que cette période est critique, car c’est au cours de ce moment que l’on trouve la plupart des ruptures et des dissolutions (Barth & Berry, 1988 ; Berástegui, 2003 ; Howe, 1998). De même, Amorós (1987), Fisher, Ames, Chisholm et Savoie (1997) soulignent l’arrivée dans le foyer comme la période au cours de laquelle apparaissent les principaux problèmes et difficultés et Cederblad (1982) décrit ce moment comme étant le plus exténuant de la vie familiale.

14Même s’il est difficile d’évaluer la durée précise au cours de laquelle l’intégration familiale est atteinte (phases d’ajustement et d’adaptation), on peut affirmer qu’une bonne partie des études situe cette période dans la première année ou année et demie de vie en commun entre la famille et l’enfant adopté (Cederblad, 1982 ; Judge, 2003 ; Mainemer, Gilman & Ames, 1998).

15Etant donné les répercussions du processus d’intégration familiale sur le fonctionnement du système, on comprend que l’ajustement et l’adaptation individuelle et socio-familiale aient suscité autant d’intérêt auprès des chercheurs. Un grand nombre de recherches ont pour objectif d’évaluer l’intégration socio-familiale ou certains de ses aspects associés, comme par exemple, la relation père/mère-fils/fille au sein de la population internationale adoptée, soit dans la période d’adaptation initiale, soit au long du cycle de vie de ces familles.

16Malgré la complexité de la problématique et la grande diversité d’études réalisées dans ce domaine, rendant les résultats difficiles à comparer (variété des méthodologies utilisées — épidémiologie, clinique… —, diversité des âges des enfants et de leurs origines dans les différents échantillons), il semble qu’il y ait un consensus selon lequel l’ajustement, l’adaptation et le développement de l’adoption internationale sont considérés comme positifs, excepté dans certains cas extrêmes, même s’il peut exister certains problèmes (Brodzinsky, Smith & Brodzinsky, 1998 ; Geerars, Hoksbergen & Rooda, 1996 ; Groze & Ileana, 1996 ; Irhammar & Cederblad, 2000 ; Palacios, Sánchez Sandroval & León, 2005 ; Rutter et al., 2000 ; Simon & Altstein, 2000 ; Westhues & Cohen, 1998).

17Il existe deux éléments importants associés au processus d’intégration. L’un est la dynamique relationnelle qui se met en place entre l’enfant et la famille. Des auteurs comme Chilsholm (1998) et Judge (2003), travaillant sur l’adoption internationale, ont montré que les comportements difficiles de l’enfant entraînent des tensions et augmentent le stress des parents, qui à leur tour ne fournissent pas les réponses adéquates aux besoins de l’enfant (manque d’encouragement, de chaleur…), d’où une difficulté à construire un attachement secure et de nouveaux comportements difficiles. Ces relations deviennent des facteurs de risque quand existent d’autres risques que les comportements difficiles des enfants. Par contre, s’il existe un bon environnement sans stresseurs, Chilsholm (1998) démontre que les enfants sont capables de créer des liens sécurisants avec leurs parents. L’autre élément est la satisfaction paternelle/maternelle trouvée dans l’expérience de l’adoption. Toutes les études considèrent que la satisfaction paternelle/maternelle liée à l’expérience de l’adoption joue un rôle décisif dans le processus d’intégration. Un haut niveau de satisfaction ne veut pas dire forcement qu’il n’existe pas de difficultés comme, par exemple, l’existence de problèmes médicaux ou de développement chez l’enfant adopté (Kühl, 1985 ; Groze & Ileana, 1996, Barth & Berry, 1988).

18Néanmoins, en dépit du grand nombre d’études analysées, Fuentes (2007) conclut son analyse en affirmant que les processus de transition entre les étapes dans le cycle d’intégration familiale n’ont pas été suffisamment étudiés en ce qui concerne l’adoption, notamment internationale.

Caractéristiques de l’étude : objectifs, échantillon et méthodologie

19Les données présentées dans cet article ont été recueillies selon deux objectifs : a) connaître l’évolution de la famille pendant le processus d’intégration, b) connaître le résultat de l’étape d’intégration familiale.

20Pour ce faire, nous avons suivi le processus d’intégration de familles adoptives en nous inspirant des deux phases du modèle FAAR (Patterson, 1988, 2002) : l’ajustement et l’adaptation. Il a été considéré que l’ajustement s’initie dans le pays d’origine (T1) et perdure au domicile familial (T2) — approximativement trois mois de vie commune — alors que l’adaptation (T3) est comprise entre le troisième mois et le moment de l’entretien.

21L’échantillon se compose de 30 enfants ayant été attribués à 28 familles. Au moment de l’entretien, les familles ont vécu avec leurs enfants adoptés en moyenne de 17 à 18 mois (min. : 7 mois et max. : 26 mois). Ces enfants font partie d’un total de 84 enfants qui ont été adoptés internationalement à l’âge de trois ans ou plus en 1999 [3], repartis entre 73 familles habitant en Catalogne. Le choix de travailler sur cette population (84 enfants) s’est appuyé sur le fait, qu’au moment du recueil des données, les familles étaient censées avoir surmonté le temps de vie en commun considéré comme critique dans la formation de la famille adoptive, d’après la littérature citée précédemment. Sur les 73 familles qui ont été invitées à participer à la recherche, 28 ont donné leur accord. Les éléments statistiques montrent qu’il n’existe pas de différences significatives entre l’échantillon de l’étude (30 enfants) et la population de référence (84 enfants).

22Les enfants constituant l’échantillon se caractérisent par une proportion de garçons (63,3 %) légèrement supérieure à celle de filles, un âge moyen d’adoption proche des cinq ans (min = 3 ans, max. = 7 ans), une grande diversité des pays d’origine (correspondant à trois zones géographiques : a) Asie : Népal, Inde, etc., b) Amérique Latine : Colombie, Mexique, etc., c) Europe de l’Est : Russie, Roumanie, etc.), une présence majoritaire de traits ethniques visibles (60 %). Dans la plupart des cas, il s’agissait d’adoptions individuelles, à l’exception de l’adoption de deux couples de frères.

23Les parents adoptifs de l’échantillon se caractérisent par un âge moyen au moment de l’adoption supérieur à quarante ans (moy. pères = 44,7 ans, moy. mères = 41,5 ans), un niveau d’études supérieur, autant pour les pères (44,4 %) que pour les mères (50 %), une majorité des familles vivant dans un environnement urbain ou semi-urbain. La structure familiale la plus répandue est celle de couples mariés (96,4 %), le reste étant des familles mono-maternelles [4]. 85,2 % des couples ont entre 6 à 18 ans de vie commune et, dans 50 % des cas, ces familles ont déjà des enfants (78,6 % biologiques et 21,4 % adoptés).

24Les données commentées dans cet article ont été récoltées grâce au guide d’entretien EFAIA (Entretien avec les Familles Adoptives Internationales : le processus d’adoption et d’intégration familiale) dans les foyers de ces familles. Le guide d’entretien élaboré pour l’étude permet d’explorer de façon rétrospective le processus d’adoption dès que la famille commence à penser à cette option de paternité/maternité jusqu’au processus d’intégration, en mettant l’accent, à chacune des phases, sur les besoins des enfants et sur les aspects qui sont les plus faciles et les plus difficiles à accepter pour eux. Après la transcription, les entretiens ont été analysés avec le programme de traitement de données qualitatives N.Vivo. Les récits des familles ont été analysés sous différents angles : a) la dimension relationnelle qui inclut le lien entre pères-mères et fils-filles et entre frères-sœurs, b) la perception qu’ont les parents des besoins des enfants, les réponses qu’ils sont capables de formuler pour subvenir à ces besoins et les stratégies et ressources qu’ils ont utilisées pour y faire face et c) le fonctionnement général de la famille qui prend en compte : l’ajustement des rôles, l’organisation de la vie commune, le sentiment d’appartenance à une famille et l’interaction générale avec d’autres systèmes (famille étendue, école…). Il s’agit de trouver un équilibre entre les besoins des enfants et les réponses des parents pour que la famille puisse atteindre l’adaptation. Pour évaluer le résultat général des deux phases du modèle FAAR, ajustement (T1 et T2) et adaptation (T3), les résultats obtenus par les familles ont été catégorisés selon deux pôles : « développement positif » et « développement avec présence de difficultés ».

Résultats

25La narration par la famille du déroulement de l’intégration a permis d’identifier trois modèles qui expliquent selon quel processus et avec quel résultat les familles ont atteint l’intégration. Pour comprendre les modèles de fonctionnement familial et leur issue de façon synthétique, nous expliquerons tout d’abord en quoi consistent les besoins et quels ont été les ressources déployées [5].

Les besoins et sources de tensions

26Nous nous référons à la théorie écologique du développement humain de Bronfenbrenner (1987), qui permet d’analyser l’ensemble des influences pouvant agir sur le développement de l’individu. On peut observer que les problèmes rencontrés par les familles étudiées se situent à différents niveaux.

27D’une part, elles peuvent provenir du microsystème de la famille pour répondre aux besoins liés au développement de l’enfant dans différents domaines (santé, émotionnel, social, habitudes, cognitif et linguistique) en prenant en compte les conséquences possibles des expériences antérieures à l’adoption, aux besoins relationnels avec la création des liens familiaux (construire la relation entre pères/mères, frères) en prenant en compte l’incorporation d’un nouveau membre à la famille et les questions par rapport aux origines biologique, ethnique et culturelle.

28Par exemple, nous avons remarqué une présence importante de carences et de difficultés dans tous les domaines concernant le développement de l’enfant, mais celles-ci ne sont pas toujours perçues comme des tensions. Par contre, ce qui a été spécifiquement identifié comme tensions sont : a) les troubles émotionnels, principalement exprimés par des comportements conflictuels (agressivité, manque de respect des normes, entre autres) qui se présentent chez l’enfant et qui sont mentionnés comme une difficulté importante (41,4 %) ou très importante pour l’intégration familiale (10,3 %), b) les tensions sociales considérées pour 20 % et 6,7 % respectivement par les parents comme une difficulté importante et très importante et c) les problèmes de développement cognitivo-linguistique considérés pour 23,3 % comme une difficulté très importante, surtout quand il existe une incertitude sur l’existence de possibles problèmes de développement et/ou neurologique.

29D’autre part, les difficultés proviennent aussi du mésosystème et de l’exosystème. Dans ce cas, les demandes correspondent aux démarches juridiques et administratives, à la relation avec d’autres systèmes comme l’école, la famille au sens large, la communauté, les services ou le travail. Par exemple, au début du T2, les demandes de l’entourage pour connaître l’enfant débordent certaines familles, à tel point que celles-ci qualifient la situation d’insoutenable. Dans d’autres cas, la tension est liée aux problèmes de définition des limites de la famille nucléaire par rapport à la famille élargie, avec par exemple, la difficulté de se mettre d’accord avec les grands-parents sur les principes éducatifs pour élever le nouvel enfant. Les difficultés scolaires perçues comme une source importante de tensions en sont une autre illustration, surtout quand elles sont causées par le comportement de l’enfant ou par son désintérêt par rapport à l’école. Dans certains cas, les tensions proviennent de désaccords entre parents et l’enseignante au sujet de l’enfant.

30Le tableau 1 rend compte du nombre de difficultés accumulées par les familles avec chacun des enfants. Il permet de différencier chaque moment du processus (T1 = ajustement dans le pays d’origine, T2 = ajustement chez la famille d’accueil et T3 = adaptation) et, par conséquent, le risque auquel elles s’exposent pendant et à la fin de la période d’intégration.

Tableau 1

Nombre de difficultés identifiées par les familles pour chacun des enfants

Tableau 1
T1 Ajustement pays T2 Ajustement au foyer T3 Adaptation Ne perçoivent pas de difficultés 7 23,3 % 2 6,7 % 9 30 % Perçoivent une difficulté 11 36,7 % 1 3,3 % 11 36,7 % Perçoivent de deux à trois difficultés 11 36,7 % 14 46,7 % 8 26,7 % Perçoivent de quatre à six difficultés 1 3,3 % 10 33,3 % 2 6,7 % Perçoivent de sept à huit difficultés 3 10 % n = 30 100 % n = 30 100 % n = 30 100 %

Nombre de difficultés identifiées par les familles pour chacun des enfants

L’évolution des difficultés et les ressources pour y faire face

31Le tableau 2 montre les progrès réalisés par les familles, ce qui réduit considérablement le nombre de tensions auxquelles elles sont exposées et démontre leur capacité à gérer le changement et parvenir à l’objectif de l’intégration sociale.

Tableau 2

Nombre de difficultés surmontées par les familles dans leur processus d’intégration avec chacun des enfants

Tableau 2
Cas % Ont surmonté de quatre à six difficultés 9 30,0 % Ont surmonté de deux à trois difficultés 11 36,7 % Ont surmonté une difficulté 7 23,3 % N’ont pas surmonté de difficultés 2 6,7 % Une difficulté a augmenté 1 3,3 % n = 30 100 %

Nombre de difficultés surmontées par les familles dans leur processus d’intégration avec chacun des enfants

32Donner des réponses aux besoins de développement de leurs enfants et assumer celles qui ont été exposées dans le paragraphe précédent revient à se placer dans le rôle de parent. Si pendant l’ajustement dans le pays d’origine émergent les premiers besoins, certains d’entre eux étant perçus comme des difficultés, pendant l’ajustement au domicile et durant la phase d’adaptation, les difficultés apparaissent en même temps que les ressources personnelles et externes pour y répondre, ce qui permet de tendre vers l’objectif d’une intégration familiale stable.

33Nous avons repéré principalement deux stratégies pour gérer ces difficultés : a) la résolution directe qui atteste des compétences parentales, b) l’affrontement parallèle qui suppose que les parents recherchent des ressources externes d’information, d’aide, d’accompagnement, etc.

34Par rapport à la résolution directe, il faut dire que les familles utilisent des stratégies spécifiques pour résoudre les thèmes perçus comme des difficultés, mais qu’elles le font aussi de manière pro-active pour le bien-être et le bon développement. Par exemple, face aux difficultés émotionnelles, nous avons identifié l’usage de règles qui facilitent la gestion des comportements difficiles comme peuvent être, entre autres, le fait de ne pas manifester un rejet total de l’enfant, mais de souligner son comportement comme ponctuel et/ou transitoire et relatif à une situation proprement dite. Il est nécessaire de laisser du temps pour le changement et être capable de faire part de ses désaccords calmement, clairement et fermement. À l’inverse, quand les familles agissent sans qu’il n’y ait de difficultés, elles ne font que répondre aux tâches exigées par le processus d’intégration familiale propre à l’adoption internationale : la création de liens, l’organisation de vie en commun, la définition du système familial, l’éducation, la communication de l’adoption, les compétences culturelles et l’intégration sociale. Le tableau 3 résume les tâches et les stratégies utilisées par les familles.

Tableau 3

Réponses aux tâches d’intégration

Tableau 3
Tâches Stratégies Création de liens L’expression de l’affection, de l’assurance, de la confiance et de la communication. Par exemple : transmettre de l’assurance et de la stabilité en faisant comprendre clairement à l’enfant que sa famille le sera pour toujours. Organisation de la vie en commun Établissement de limites, habitudes et routines familiales. Par exemple : lui faire connaître les règles du foyer et maintenir les routines familiales. Définition du système familial Définitions des rôles internes et des relations externes. Par exemple : se concentrer sur la famille nucléaire afin de partager des activités quotidiennes qui situent chaque membre de la famille dans son rôle de mère, père, fils, fille, frère, sœur, face à d’autres systèmes. S’occuper des besoins primaires Couvrir les différents besoins primaires. Par exemple : introduire des aliments en respectant son rythme d’adaptation, aider l’enfant à trouver le sommeil, stimuler ses capacités en partageant des activités physiques afin d’exercer sa psychomotricité, favoriser le contact physique afin de l’aider à exprimer ses émotions, etc. Éducation Les parents utilisent des stratégies qui ont un rapport avec des règles sociales, des valeurs ou des apprentissages académiques. Par exemple : lui apprendre des comportements sociaux, lui apprendre à lire, etc. Communication de l’adoption Dialoguer sur l’adoption et ses origines. Par exemple : expliquer à l’enfant son histoire en profitant des situations quotidiennes pour qu’il soit conscient de l’adoption, parler du sujet de façon naturelle, librement quand l’enfant le demande, graduer progressivement l’information selon sa maturité évolutive, écouter les histoires que raconte l’enfant sur son passé, sans faire de critiques Compétences culturelles Promotion de la culture d’origine et de l’identité ethnique. Par exemple : créer des liens avec le pays d’origine, participer à des activités culturelles ou à des projets développés dans le pays Intégration sociale Stimuler les relations sociales. Par exemple : travailler l’acquisition de la langue et participer à des activités communautaires

Réponses aux tâches d’intégration

35L’affrontement parallèle recouvre le fait que les familles recourent à des soutiens externes pour faire face aux difficultés quand la situation les dépasse ou simplement pour se sentir soutenu. Elles cherchent de l’aide dans leur entourage le plus proche (famille, amis, autres familles adoptives) et de l’aide spécialisée parmi les professionnels, principalement de la médecine, de la psychologie et de l’éducation. Toutes les familles utilisent simultanément plus d’un soutien, ce qui rend compte du nombre de besoins auxquels elles doivent répondre.

36Mais cet affrontement des difficultés n’est possible que si les parents ont une bonne confiance en eux, dans leurs capacités à élever un enfant, dans leurs convictions personnelles pour faire avancer la famille, dans leurs attitudes positives devant les situations conflictuelles, dans la cohésion du couple-famille nucléaire et quant au fait d’assumer le dévouement qu’implique la phase de construction familiale. Apporter une réponse à ces demandes suppose d’affronter les tâches normatives du cycle familial « générique » et aussi les tâches spécifiques des parents adoptifs.

Les modèles de fonctionnement familial pendant le processus d’intégration familiale

37Nous avons distingué trois modèles de fonctionnement familial (tableau 4) pour lesquels nous nous sommes demandés s’il existait des caractéristiques communes aux familles faisant partie de chaque modèle, ce qui les caractériserait comme groupe et ce qui les différencierait des autres familles de l’échantillon étudié.

Tableau 4

Modèles de fonctionnement familial

Tableau 4
Modèles de fonctionnement familial Temps du processus d’intégration familiale Ajustement Adaptation T1 Ajustement initial T2 Ajustement T3 Adaptation Cas % A + + + 14 46,7 % B + - + 10 33,3 % C - + 6 20 % TOTAL 30 100 %

Modèles de fonctionnement familial

38Ces modèles montrent l’importance des relations (entre pères/mères et entre frères/sœurs) dans le processus d’intégration, de la perception qu’ont les familles des besoins des enfants, de leur propre capacité d’affrontement et des issues.

39Dans le groupe A, la majorité des parents semblent satisfaits dès les premiers jours de la rencontre. Dès le début, ils font référence à des conduites affectives et à des interactions positives entre pères/mères et fils/filles. S’il existe des frères et des sœurs, des interactions positives sont également rapportées dès le début. Il n’y a pas eu beaucoup de difficultés parce que la famille n’a pas ressenti le besoin d’introduire des changements importants qui l’auraient conduite à une « crise » normative. Les enfants se conduisent spontanément avec leurs parents et avec leur entourage proche (grands-parents, etc.). Ils se sont intégrés socialement avec facilité dès le premier moment et ils ont progressé par rapport aux difficultés initiales, même si toutes ne disparaissent pas.

40Les familles reconnaissent les changements positifs, même si cela ne signifie pas que l’évolution se soit faite sans de possibles difficultés initiales relatives à la santé, au langage, aux angoisses nocturnes et au retard scolaire. Même si, en général, les problèmes se résolvent, on ne parvient pas forcément au niveau espéré dans tous les cas. Il n’a pas été détecté de problèmes émotionnels en lien avec des conduites externalisées, ni de difficultés relationnelles (avec les adultes ou avec les pairs). Par ailleurs, les deux cas de l’échantillon qui avaient eu antérieurement des enfants adoptés internationalement se situent dans ce modèle, de même que les quatre cas qui maintiennent une attitude active vis-à-vis des origines. Nous observons deux particularités associées à la question des origines : la plupart des familles du modèle A (11/14 cas) cherchent à créer un lien avec les origines de leur enfant, soit avec une institution, soit avec des personnes de la même origine culturelle et toutes croient que la question de la famille biologique n’affecte pas forcément l’intégration de l’enfant dans la famille adoptive.

41Néanmoins, il est surprenant de constater qu’à la fin de la phase d’adaptation, trois cas de ce groupe accumulent, depuis l’ajustement, entre deux et trois difficultés sans avoir pu les résoudre. Il est probable que ces familles vivent une « pseudo-adaptation », telle que le décrit Groze (1994, 1996), dans l’attente de vivre un processus de transformation plus profond.

42Dans le groupe B, les débuts sont faciles (T1), mais lors de l’arrivée dans le foyer apparaissent de nombreuses difficultés et d’intenses problèmes qui amènent la famille à la fin du T2 à la situation de « crise » (jusqu’au second ou troisième mois) décrite dans le modèle FAAR.

43Dans ce groupe, les problèmes les plus persistants apparaissent durant le T2 et sont liés à la relation entre pères/mères et fils/filles, entre frères/sœurs et à des comportements de type externalisé difficiles à gérer pour les familles. Après résolution de la situation, les familles initient leur cheminement vers la « vraie » adaptation, comme l’a décrite Groze (1994, 1996). Après la phase d’adaptation, le nombre de tensions diminue à un maximum de deux. La famille a mobilisé ses ressources internes et externes et nous en déduisons, par conséquent, que des changements profonds se sont réalisés afin de permettre aux parents et aux enfants d’atteindre la stabilité et la satisfaction familiale de cette étape.

44En dehors des problèmes énoncés, nous n’observons aucune caractéristique qui différencierait de façon évidente les cas qui composent ce groupe du reste de l’échantillon. Néanmoins, nous identifions certains éléments qui se retrouvent fréquemment dans ce groupe, même si nous pouvons les retrouver aussi dans des familles d’autres groupes : la plupart des familles du groupe B vivent de manière négative ou avec des sentiments contradictoires le temps d’attente de l’adoption (8/10 cas), estiment que le séjour dans le pays d’origine est adéquat (8/10 cas), jugent que les enfants ont vécu dans des institutions précaires (8/10 cas), maintiennent des contacts avec d’autres familles adoptives (8/10 cas), croient que l’âge influe ou est une difficulté importante pour l’intégration (7/10 cas), croient que les besoins émotionnels sont une difficulté importante dans le processus d’intégration familiale (8/10 cas). La plupart des enfants ont une relation adéquate avec leurs pairs et paraissent heureux à l’école durant le T2 (8/10 cas).

45Le groupe C, minoritaire, est composé de familles qui sont entrées en situation de crise depuis le début de l’ajustement. Les problèmes intenses que connaissent ces familles les maintiennent en état de « survie ». La persistance des problèmes amènent les parents à percevoir le processus comme étant très difficile au cours les deux premiers moments de la phase d’ajustement (T1 et T2). Comme dans le modèle précédent, les conduites de type externalisé et les difficultés de relation entre pères/mères, fils/filles et frères/sœurs ont constitué les problèmes les plus importants. Ces familles ont réalisé des changements significatifs dans le système familial et ont fait preuve d’une grande diversité de stratégies et de ressources pour parvenir à rétablir l’équilibre et la satisfaction familiale. Pendant le T3, ces familles ont réorienté leur trajectoire vers l’adaptation, elles se sentent unies et satisfaites du processus et de la manière dont elles ont pu résoudre les difficultés, même si elles sont encore exposées à bon nombre de tensions. Ce modèle présente une option différente de la proposition de Groze (1994, 1996), car il montre que le processus d’intégration ne commence pas toujours par une « lune de miel ».

46En plus des problèmes précédemment formulés, les familles de ce groupe pensent, et il s’agit-là de la seule différence que l’on observe entre elles et le reste de l’échantillon, que l’institutionnalisation a rendu le processus d’intégration plus difficile (4/6 cas). Néanmoins, certaines caractéristiques qui font référence aux enfants apparaissent très fréquemment dans le modèle C. 5 cas sur 6 ont vécu trois changements avant l’adoption, la plupart des enfants ont entre 3 et 5 ans au moment de l’adoption, ils ont des difficultés avec les pairs pendant le T2. De plus, on peut souligner certaines caractéristiques au niveau des pratiques des familles adoptives : dans tous les cas, il n’existe aucun contact avec les origines, l’implication et l’intérêt pour la culture d’origine est faible. Enfin, l’âge et les besoins émotionnels des enfants sont perçus comme constituant une difficulté pour l’intégration familiale.

47Dans un second temps, nous nous sommes demandés s’il existait des différences entre les familles de l’échantillon qui sont passées par la « crise » (modèle B et C) et celles qui n’y sont pas passées (modèle A). Les résultats nous permettent d’affirmer que certains aspects ont davantage de poids dans les familles des modèles B et C que dans celles du modèle A. Ainsi, une série de catégories, listées dans le tableau 5, sont plus présentes dans les familles de l’échantillon passées par une crise (modèles B et C) que dans celles qui n’y sont pas passées (modèle A).

48Finalement, il est bon de mentionner qu’à la fin du T3, tous les parents se sentent satisfaits de leur processus d’intégration familiale. La majorité d’entre eux disent qu’ils réadopteraient et ceci est un indicateur du bon ajustement et de la bonne adaptation des familles. Dans l’évolution familiale, nous observons que celles-ci sont entrées dans une phase d’acceptation et sont capables de se redéfinir en prenant conscience de la nouvelle situation familiale comme une nouvelle façon de vivre. De plus, les familles démontrent qu’au moment de l’entretien, elles ont un sentiment d’union très fort avec leurs enfants, dimension qui a été centrale pour Clark, Thigpen et Yates (2006) dans la définition de l’intégration familiale dans les cas d’adoptions spéciales et d’enfants déjà grands.

49Relevons aussi que les familles qui ont connu de grandes difficultés se sentent renforcées par rapport à la situation initiale. Nous pouvons donc affirmer qu’elles ressortent fortifiées du processus d’intégration. Dans leurs récits, elles sont conscientes de leur évolution et reconnaissent le chemin parcouru grâce à toutes ces difficultés surmontées.

Tableau 5

Caractéristiques des familles qui sont passées par une crise

Tableau 5
Catégories Nombre des cas présents dans chaque catégorie Modèle A Modèles B et C Total Caractéristiques liées aux enfants adoptés Conditions précaires des institutions où les enfants ont vécu 2 10 12 Constat de maltraitance 4 9 13 Difficultés de relation avec les pairs à l’école au T2 2 7 9 Difficultés dans les apprentissages scolaires au T3 0 5 5 Caractéristiques liées aux parents adoptifs Vie commune du couple de plus de 18 ans 3 7 10 Emploi des mères (dans le domaine des affaires, de l’administration ou de la justice) 3 8 11 Faible promotion de la culture d’origine 4 11 15 Difficultés à communiquer à propos de l’adoption 1 5 6 Mention par les familles de difficultés ou de difficultés très importantes pour l’intégration familiale : 0 9 9 ? Difficultés parent-enfant ? Besoins émotionnels 1 14 15 ? Âge de l’enfant adopté 3 13 16 Caractéristiques liées à la famille d’adoption Différence d’âge de près d’un an entre l’enfant adopté et son frère ou sa sœur 1 4 5 Adoption de fratries de frères ou sœurs 0 2 2 Entre 4 et 6 difficultés graves provenant du microsystème pendant le T2 1 9 10 Modèle A : n = 14 ; Modèles B et C : n = 16 ; Echantillon total : n = 30.

Caractéristiques des familles qui sont passées par une crise

50Hormis l’utilisation des ressources dans le processus d’affrontement de la situation pour faire face aux besoins et solutionner les difficultés, l’interprétation que les familles ont faite de ces situations a été aussi importante. Ainsi on a pu observer que les familles confrontées à une situation donnée étaient capables : 1) d’identifier les points forts de leurs enfants, 2) devant les situations problématiques et la gestion des comportements, de les interpréter dans le contexte en question, par exemple comme une conséquence de la phase d’ajustement, 3) devant les situations conflictuelles, de les reformuler, 4) de comprendre que les améliorations se produisent grâce aux effort mutuels des parents et des enfants.

Conclusions et propositions

51Dans cet article, nous nous sommes centrés sur le processus d’intégration familiale, pouvant être considéré dans la littérature scientifique comme un facteur clef pour le développement futur, mais aussi comme un possible déclencheur de situations à risque. La recherche a pris comme cadre de référence le modèle FAAR de Patterson (1988, 2002), appliqué aux familles adoptives par Groze (1994, 1996), en prenant en compte également quelques apports de Pinderhughes (1996).

52Pour réaliser cette étude, nous avons d’une part retenu les cas ayant abouti à des résultats positifs (sur les 73 familles de la population analysée, il y a eu seulement un cas de rupture pour laquelle nous n’avons eu accès qu’au dossier), d’autre part, nous nous sommes spécialement intéressés à analyser les expériences qui ont été satisfaisantes, celles-ci pouvant être considérées comme un exemple des bonnes pratiques.

53Les résultats indiquent qu’après une moyenne de 17 à 18 mois de vie en commun, l’adoption perdure et le niveau de satisfaction est élevé malgré les tensions survenues pendant le processus d’intégration, les caractéristiques des familles et des enfants pouvant ajouter un stress additionnel au processus. Ces résultats sont concordants avec ceux de la littérature énoncée dans la première partie de l’article (Judge, 2003 ; Mainemer, Gilman & Ames, 1998, entre d’autres). Nous avons également vérifié que ces familles se sentaient capables de surmonter leurs difficultés et de mettre en œuvre une série de mécanismes adaptatifs internes et externes. Les ressources adaptatives auxquelles la famille fait appel réduisent les tensions qu’elle rencontre et permettent aux parents de se situer dans leur rôle de père ou de mère. Pouvoir contrôler et réduire le stress est une condition fondamentale pour assurer l’intégration familiale (Judge, 2003). Le développement de l’affection a un double effet : il réduit le stress et contribue à l’intégration familiale (Chisholm, 1998). Dans ce sens, les ressources employées par les familles peuvent s’interpréter comme des facteurs de protection selon les termes utilisés dans la théorie de la résilience (Patterson, 2002).

54Malgré les risques auxquels se sont vus exposées les familles pendant l’intégration, des issues positives ont été atteintes, en accord avec les recherches antérieures qui montrent qu’un seul facteur de risque ne peut pas forcement provoquer le développement de difficultés, mais que, dans certains cas, il peut jouer un rôle négatif si on l’ajoute à d’autres facteurs (Chisholm, 1998). Les facteurs de risque existent et peuvent être appréhendés au travers des caractéristiques des parents et des enfants, mais nous avons vu que les familles avaient été capables de contrôler le stress que ces facteurs avaient provoqué.

55Malgré la petite taille de l’échantillon, les résultats ont aussi permis de mettre en évidence trois modèles qui rendent compte de l’évolution des familles pendant l’ajustement et l’adaptation. De ces trois modèles, les familles du groupe B sont celles qui correspondent au modèle théorique FAAR. Les familles du groupe C démontrent que toutes les familles ne connaissent pas forcément des débuts faciles, comme ce qu’on appelle la « lune de miel », et que, dès le premier moment, les besoins des enfants nécessitent des changements importants pour parvenir à un développement positif, en accord avec Pinderhughes (1996). Les familles du modèle A n’ont pas connu la dite « crise » et elles sont satisfaites de leur intégration, même si de toutes les familles de ce groupe, trois pourraient vivre peut-être une « pseudo-adaptation » puisqu’elles accumulent des tensions qui ne se résolvent pas.

56Les familles des modèles B et C se voient poussées à la « crise » normative dans un contexte de fortes difficultés, surtout relationnelles et émotionnelles, qui interagissent avec une série de dimensions (caractéristiques individuelles, structurelles, besoins, perceptions et ressources). L’interaction idiosyncrasique entre ces dimensions est celle qui met la famille face à la nécessité de se restructurer.

57L’utilisation de l’approche en termes de « tâches » (Durning, 1995), qui met l’accent sur les responsabilités des parents, nous a permis de vérifier que les adoptants se sont inscrits dans leur rôle de parents. Les familles ont démontré qu’elles disposaient d’un large éventail de ressources pour affronter les défis de l’éducation des enfants et en particulier ceux de l’adoption internationale. Mais nous avons aussi constaté que les familles utilisent des ressources destinées à renforcer leurs propres compétences et que, lorsqu’elles se sentent dépassées par des situations qu’elles jugent trop complexes, soit pendant la phase d’ajustement, soit pendant l’adaptation, elles font appel à des ressources externes.

58Nous admettons que le nombre réduit de sujets limite quelque peu la portée de notre étude. Néanmoins, la confrontation des résultats des études antérieures avec nos propres données portant sur les ressources utilisées par les familles et sur les caractéristiques des modèles décrits, permet de suggérer une série de propositions afin de soutenir les familles et promouvoir leur bien-être.

59Premièrement, après avoir constaté l’importance d’acquérir une certaine confiance lors de l’élaboration de leur projet d’adoption, nous sommes en accord avec Groza et Ileana (1997) sur l’importance de la préparation du processus adoptif. Il est nécessaire d’offrir aux parents la possibilité de réaliser un travail préalable à l’adoption qui puisse les aider à connaître les besoins des enfants, à modeler leurs attentes, à clarifier leurs motivations, à connaître et augmenter la confiance envers leurs propres ressources.

60Deuxièmement, nous avons observé que les familles utilisent des ressources externes, créant aussi des réseaux de soutien avec d’autres familles, spécialement pour celles relevant du modèle B. Ces éléments sont donc des amortisseurs de stress et favorisent le développement positif du processus d’intégration. Leung et Erich (2002), dans leur recherche sur l’adoption d’enfants ayant des besoins spécifiques [6], confirment que les soutiens familiaux améliorent le fonctionnement des familles. Dans ces cas, il serait utile de continuer à offrir aux parents un accompagnement, une orientation et une formation continue pendant tout le processus d’intégration, que ce soit avec des moyens formels ou informels, dans l’objectif de développer leurs compétences, renforcer la confiance en leurs capacités et créer des réseaux de soutien. De plus, en accord avec Groza et Ileana (1997), il nous semble aussi nécessaire d’offrir des services spécifiques portant sur des points concrets. C’est notamment le cas lorsque se manifestent des difficultés sérieuses qui peuvent mettre en danger la stabilité familiale. Ces services se centreraient alors sur le soutien au développement de l’affection et sur la gestion des comportements difficiles.

61Troisièmement, la question des origines culturelles et biologiques joue un rôle dans le processus d’intégration. Les familles qui n’ont pas eu de difficultés ont inclus ce thème dans leur dynamique d’intégration, tandis que les familles qui ont eu le plus de difficultés ont occulté cette question. Mohanty, Keokse et Sales (2006) démontrent que les pratiques de socialisation à la culture d’origine mises en œuvre par la famille adoptive améliorent l’identité et l’ajustement psychologique des enfants adoptés. Quand à la communication de l’adoption à l’enfant, Kirk (1964) affirme que, quand elle est ouverte et sincère, l’adoption devient un précurseur de relations fonctionnelles dans les familles. Ainsi, offrir une formation initiale à la famille adoptive sur la communication relative à l’adoption et sur les compétences culturelles à acquérir est un bon outil de sensibilisation qui prédispose les parents à aborder ces sujets avec l’enfant (Fuentes & Amorós, 2008 ; Vonk & Angaran, 2001, 2003).

62Quatrièmement, l’existence d’un grand nombre de situations précaires dans le mode de vie antérieur (dans la famille d’origine de l’enfant, dans les modalités de la séparation ou de l’abandon, au niveau du temps passé en institution et de l’âge auquel sont survenues ces différentes étapes) peut avoir des effets sur le développement de l’enfant. Dans les adoptions internationales, il est difficile d’avoir des informations sur le vécu antérieur des enfants car les dossiers ne sont pas détaillés et il est donc difficile d’en évaluer les effets. Notre étude a permis d’identifier que les situations précaires et les expériences de maltraitance des enfants étaient plus présentes dans les modèles B et C que dans le modèle A. De plus, les familles des modèles B et C pensent que l’âge des enfants constitue une difficulté à l’intégration familiale. Traditionnellement, cet aspect est considéré comme un facteur de risque, mais selon Judge (2003), il est difficile de distinguer les effets de l’âge des effets du temps vécu en institution. Le plus important pour déterminer l’apparition de problèmes serait « ce qui se passe dans l’institution » plutôt que « le temps qu’on passe à l’intérieur ». Autrement dit, le temps vécu dans l’institution n’explique pas en soi le stress parental. Face à ces données, il apparait important d’améliorer les conditions de vie de l’enfant institutionnalisé dans son pays d’origine, pour pouvoir lui offrir une attention de qualité qui inclut la préparation à l’adoption. En ce qui concerne la communication de l’adoption, il serait bénéfique de créer des registres accessibles contenant des informations exhaustives portant sur l’histoire personnelle de l’enfant.

63Cinquièmement, après avoir observé que les enfants ayant eu des problèmes de scolarité se situent dans les modèle B et C, nous nous demandons dans quelle mesure les aspects scolaires peuvent affecter l’intégration familiale. Même si nous ne pouvons pas répondre avec précision à cette question, notre pratique de ces familles, ainsi que les données d’autres études, nous permettent de souligner qu’il est important de s’occuper de cette dimension (Meese, 2002 ; Palacios, Amorós, Sánchez Sandoval, León, Fuentes & Fuertes 2006). Les implications pratiques sont à différents niveaux : choisir l’école en prenant en compte la capacité à stimuler l’enfant dans son développement, faire attention à la diversité culturelle et familiale, faciliter les transactions famille-école, afin d’établir une collaboration mutuelle et offrir des indications aux professeurs concernant l’adoption internationale, comme par exemple le processus d’adaptation au statut d’enfant adoptif.

64Sixièmement, il nous semble que le modèle sur lequel nous nous sommes appuyés pour comprendre le développement familial est utile pour analyser la situation familiale. Il permet d’aider les familles à identifier leurs ressources personnelles, à réfléchir à leurs perceptions et à renforcer leur confiance en soi en suivant les dimensions et les tâches décrites dans le cycle de vie de la famille adoptive internationale. Cependant, le travail présenté suggère qu’il est nécessaire de continuer à avancer, pour confirmer les modèles que nous avons définis sur d’autres échantillons représentatifs plus conséquents, pour clarifier les itinéraires que suivent les familles et pour approfondir la relation qui existe entre le risque et la protection. L’identification des facteurs jouant un rôle modérateur devrait permettre d’offrir à ces enfants et à leurs familles des soutiens et des accompagnements adaptés à leurs besoins.

65En conclusion, nous pouvons affirmer que cette étude contribue à élargir les connaissances sur le processus d’intégration des enfants adoptés de 3 à 7 ans. Il faudrait aussi s’interroger sur leur évolution. Dans ce sens, il serait intéressant de continuer à développer des études auprès de familles ayant des enfants plus âgés, surtout à l’adolescence, en travaillant, non seulement sur leur développement dans le milieu familial, mais aussi sur d’autres domaines de vie tels que l’école ou le groupe de pairs.

Remerciements
Nous remercions vivement Claire Rivoire et Sandra Lorente pour la traduction en français de ce texte.

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Mots-clés éditeurs : intégration familiale, enfants adoptés, processus d'ajustement, adoption internationale

Date de mise en ligne : 15/12/2011

https://doi.org/10.3917/rief.025.0037

Notes

  • [1]
    L’Etat espagnol est composé par différentes Communautés Autonomes (CC.AA), dont la Catalogne se place en tête en ce qui concerne à l’adoption. L’Etat espagnol indique les directives générales dans le domaine de la protection de l’enfance et chaque CC.AA les spécifie dans ses lois autonomes.
  • [2]
    Spécifié dans la « Ley 9/1998. Art. 115 ».
  • [3]
    En 1999, en Catalogne, 376 enfants ont été adoptés internationalement, dont 84 ont été adoptés à l’âge de trois ans ou plus.
  • [4]
    Dans le texte, on utilise le terme « mono-maternelles », au lieu de « monoparentales », car dans ces cas ce sont les mères qui constituent la figure adulte de ce groupe.
  • [5]
    Pour davantage de détails, le travail complet peut être consulté (Fuentes, 2007).
  • [6]
    En France, on parle d’adoption d’enfant « à particularité », par exemple quand il s’agit d’enfants handicapés (NDLR).

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