Notes
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[1]
Chiffres relevés le 31/10/2017 sur une infographie affichée dans un bureau de l’ADFCA à Al Khatim, concordants avec ceux donnés en entretien, 26/10/2016a, et cohérents avec les observations à Al Wathba et à Razeen si l’on divise ces chiffres par le nombre de propriétés dans lesquelles des animaux sont élevés.
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[2]
Nous avons toutefois observé des cultures d’herbe de Rhodes en des lieux éloignés de l’axe Abu Dhabi-Al Ain : dans le Liwa le 30/12/2015, à Al Quaa le 31/10/2017 et à Mirfa le 03/01/2018.
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[3]
Dirham émirati.
Introduction
1Alors que le volume du commerce international de produits alimentaires a été multiplié par six depuis les années 1960 (Ministère de l’Agriculture, 2017), les États conservent un rôle majeur dans la sécurité alimentaire de leurs populations, notamment par leurs capacités d’investissement, d’aménagement des territoires ou encore d’imposition de normes. Les gouvernements peuvent constituer des groupes d’acteurs, par exemple avec les directions de firmes de l’agro-industrie, à l’image du groupe d’acteurs états-unien qui domine le système alimentaire mondial. Les politiques d’approvisionnement alimentaire répondent à des stratégies de puissance qui se renouvellent alors que la concurrence entre de tels groupes s’accroît à l’échelle mondiale pour le contrôle des ressources et des marchés (Pouch, 2008). À l’intérieur des pays, elles participent au façonnage des hiérarchies par lesquelles les dirigeants de l’État comptent obtenir la loyauté des différentes couches de la société.
2Dans les monarchies du Golfe qui bénéficient de la rente d’exploitation des hydrocarbures, les « dotations » (endowments) et les « droits d’accès » (entitlements) à la nourriture (Sen, 1981) sont semblables : des conditions climatiques, hydrologiques et pédologiques qui requièrent une forte artificialisation du milieu pour développer l’agriculture, et des ressources énergétiques qui, en plus d’être des intrants pour l’agriculture, confèrent à l’État une très forte capacité d’intervention (Woertz, 2013). Les familles régnantes y sont aussi les acteurs économiques les plus puissants et forgent un capitalisme tribal (Davidson, 2011) : elles se réservent le contrôle du secteur énergétique, mais confient à d’autres grandes familles les nouveaux secteurs (Peterson, 2007) d’économies dont la diversification apparaît comme le point crucial de la capacité des pays à payer leurs importations de nourriture sur le long terme (Woertz, 2013). La structure autoritaire du pouvoir explique la rapidité des mutations qui modifient la trajectoire historique (Pumain, 2003 ; Durand-Dastès, 2003) du système d’approvisionnement alimentaire de ces pays pour s’adapter au contexte international. Aux évolutions de ce dernier vient s’ajouter une forte émulation régionale (Normand, 2011).
3C’est ce que cet article entend prouver à travers l’étude de cas d’Abu Dhabi, l’État le plus vaste et le plus peuplé de la fédération des Émirats arabes unis (EAU) avec 67 340 km2 (87 % de la superficie des EAU) et officiellement près de 3 millions d’habitants, dont 81 % ne sont pas émiratis (Government of Abu Dhabi, 2016). Cette étude se fonde sur quatre catégories de sources :
- des statistiques et des données produites par des organisations internationales, des administrations publiques fédérales, abu-dhabiennes (Abu Dhabi Food Control Authority – ADFCA – et Abu Dhabi Farmers’ Services Center – ADFSC), et des sociétés privées ;
- des observations au cours de quatre séjours à l’hiver 2015-2016, l’automne 2016, l’automne 2017 et l’hiver 2017-2018 ;
- des entretiens avec divers acteurs de l’approvisionnement alimentaire d’Abu Dhabi (personnels de l’ADFCA et de l’ADFSC, propriétaires de parcelles agricoles, ouvriers travaillant dans ces parcelles, commerçants) au cours de ces séjours ;
- des articles de la presse quotidienne émiratie parus dans The National et Gulf News.
1. Le dilemme de l’approvisionnement alimentaire : autosuffisance ou commerce international ?
1.1. Une problématique globale
5Après la crise de la production alimentaire de 1972, la Conférence mondiale de l’alimentation de 1974 voit le refus de la plupart des pays riches de financer l’expansion agricole dans les pays en développement (Rondeau, 1975). L’idée d’autosuffisance, par laquelle nombre de pays arabes comptaient s’affirmer (Blanc et Brun, 2013), est alors supplantée par le libéralisme économique. L’Accord sur l’agriculture de 1994 confirmera cette dynamique (McMichael, 2002).
6L’instabilité des cours mondiaux des matières premières agricoles depuis 2007-2008 a fait se multiplier les investissements transnationaux dans le foncier agricole. Ces investissements directs à l’étranger (IDE) mettent-ils en concurrence la souveraineté alimentaire des pays investisseurs et celle des pays cibles (Harrigan, 2014) ? Combien constituent vraiment une externalisation de la production alimentaire ? Les accusations d’accaparement des terres (land grabbing) sont-elles fondées ? Malgré le « literature rush » venu alimenter ces controverses (Oya, 2013), les réponses sont difficiles à apporter : de nombreux projets de production agricole n’ont pas abouti, les informations, souvent de seconde main, peuvent difficilement être recoupées et les conséquences sur les populations concernées restent méconnues (Scoones et al., 2013 ; Edelman et al., 2013).
1.2. Abu Dhabi : une autosuffisance impossible, une dépendance aux importations qui inquiète
7Les sols de l’émirat d’Abu Dhabi sont très pauvres en éléments fertilisants. Les cultures de plein air doivent être abritées des vents de sable par des rideaux d’arbres. Les températures estivales atteignent 46 oC sur la côte et 50 oC environ dans l’intérieur des terres ; les précipitations sont d’environ 40 mm/an (Frenken, 2009). La salinité des aquifères est élevée : de 4 000 à 14 000 ppm pour les deux tiers des puits des oasis du Liwa (Cariou, 2017a).
8L’agriculture sur le territoire national ne pourrait en aucun cas suivre la croissance de la population des EAU : le nombre d’habitants, aujourd’hui supérieur à 9 millions, a été multiplié par cent depuis 1960 (Al Qaydi, 2016 ; Banque mondiale, 2017). Dans l’émirat d’Abu Dhabi, cette croissance a été polarisée par les agglomérations d’Abu Dhabi (millionnaire en habitants), qui donne son nom à l’émirat, et d’Al Ain (400 000 habitants en 2007) qui ont grandi de 125 % et 185 % entre 1987 et 2007. Si l’attrait des villes sur les nationaux est certain, le recours massif au travail d’expatriés constitue toutefois le facteur principal de la croissance urbaine. Les étrangers formeraient 88 % des habitants de l’agglomération d’Abu Dhabi (Cadène, 2012). Comme dans les autres monarchies du Golfe, ils viennent principalement d’Asie du Sud et du Sud-Est (provenance des travailleurs les moins qualifiés), puis d’Occident et d’autres pays arabes (Cadène et Dumortier, 2011).
9Abu Dhabi ne peut compter sur une augmentation de la production dans les émirats voisins, aux conditions naturelles plus favorables à l’agriculture, pour limiter ses importations depuis l’extérieur des EAU. Il y est très difficile d’étendre les surfaces cultivées en dehors des oasis de piémont, et les populations ont délaissé l’agriculture pour les salaires bien supérieurs offerts en ville (Normand, 2011).
10La dépendance aux importations suscite de vives inquiétudes dans les pays du Golfe, qui se sentent menacés par « l’arme alimentaire » (menaces des États-Unis après le choc pétrolier de 1973, embargo de l’Organisation des nations unies contre l’Irak dans les années 1990, etc.) et par les contingentements temporaires des exportations par plusieurs pays fournisseurs depuis 2007. Une plus grande autosuffisance et l’intégration régionale sont les solutions plébiscitées par l’opinion et soutenues par les entrepreneurs de l’agroalimentaire, qui défendent leurs subsides (Woertz, 2013).
2. L’approvisionnement alimentaire d’Abu Dhabi sous Cheikh Zayed (1966-2004) : un État autoritaire qui se montre bienveillant
11Lorsqu’il devient souverain d’Abu Dhabi en 1966, Cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan se trouve à la tête d’un émirat déjà très dépendant des importations (Heard-Bey, 1999). La production agricole de l’émirat d’Abu Dhabi se limite alors aux oasis. Les recettes des hydrocarbures vont permettre à l’État d’aménager de nouveaux territoires agricoles et de construire des infrastructures pour les importations.
2.1. Une politique volontariste alliant le développement de l’agriculture nationale et des importations
12Sous Cheikh Zayed, l’État aménage et distribue gracieusement aux citoyens d’Abu Dhabi près de 24 000 parcelles destinées à l’agriculture (Cariou, 2017a). Ce partage des richesses est l’expression d’un pouvoir autoritaire qui montre sa bienveillance pour gagner la loyauté de la population (Davidson, 2011). En verdissant le paysage désertique, l’État affirme son territoire et donne à la communauté nationale une identité fondée sur la nostalgie de la vie bédouine (Ouis, 2002 ; Woertz, 2013).
13Ces parcelles sont appelées mazâri‘ (mazra‘a au singulier) et présentent ordinairement des palmiers dattiers, parfois des cultures maraîchères, des arbres fruitiers ou encore des cultures fourragères, quelques animaux pouvant y être élevés (observations, 2015, 2016, 2017). Pour les irriguer, des dizaines de puits sont forés dans les régions sableuses et des barrages de rétention d’eau de pluie sont édifiés dans les montagnes afin de faciliter la recharge des nappes phréatiques (Al Abed et al., 1996 ; Al Abed et Vine, 2000 ; Frenken, 2009). En 2004, la totalité des surfaces irriguées dans l’émirat l’est avec de l’eau souterraine (Frenken, 2009). La municipalité d’Abu Dhabi fournit alors aux propriétaires des parcelles une assistance financière et technique (Al Abed et Vine, 2000 ; Ambassade des EAU, 1981).
14Le gouvernement conclut des contrats offset pour mettre au point des méthodes agricoles adaptées aux conditions locales : serres réfrigérées, goutte-à-goutte, hydroponie. Des expériences sont menées dans les années 1970 et 1980 avec l’Université de l’Arizona, sur l’île de Saadiyat (Osborne, 1977 ; Ambassade des EAU, 1981) et avec la Compagnie française des pétroles (Total) dans la plaine de Maziad (CFP, 1978). En 1999, l’État fédéral développe l’aquaculture en créant à Abu Dhabi la joint-venture Asmak avec Dassault Investments et d’autres sociétés (Al Abed et Vine, 2000).
15Toutefois, les mazâri‘, de 2 à 3 ha chacune et rarement équipées de serres, réalisent une production saisonnière (souvent d’octobre à mars) et insuffisante pour envisager une commercialisation de grande ampleur en dehors de la vente de dattes (Al Abed et al., 1996 ; Al Abed et Vine, 2000 ; observations à Al Wathba, 24/10/2016 ; entretien, 26/10/2016a). Si les mazâri‘ permettent d’augmenter légèrement la part de la production nationale dans l’alimentation des nationaux, cette dernière continue de dépendre largement des importations, comme celle des immigrés.
16En laissant à ses citoyens une grande liberté pour recourir à une main-d’œuvre étrangère (Normand, 2011), le gouvernement d’Abu Dhabi semblait avoir parié sur le fait que les importations de nourriture suivraient. Cette stratégie a été un succès : les Indiens forment plus du quart des habitants des EAU et les exportations indiennes de produits agricoles et alimentaires vers les EAU ont été multipliées par 10 entre 1988 et 2004 (Cadène et Dumortier, 2011 ; APEDA, 2018). En cas de perturbation brutale des importations, les immigrés pourraient très facilement être contraints au retour, comme l’ont été les Palestiniens, Égyptiens et Yéménites expulsés pendant la guerre du Golfe en 1991 (Cadène et Dumortier, 2011).
17Le gouvernement doit construire les infrastructures pour augmenter les capacités d’importations. Ouvert en 1972, Mina Zayed, port au contact de la ville d’Abu Dhabi, est doté d’un bassin en eau profonde (Abu Dhabi Ports, 2016) et de plusieurs marchés couverts. Sous Cheikh Zayed, le gouvernement d’Abu Dhabi facilite la croissance des importations, en dépit des discours sur la recherche de l’autosuffisance (Ouis, 2002 ; Al Abed et al., 1996) qui reflétent une conscience des risques liés à cette dépendance.
18La pêche est un secteur à part puisque l’action politique a permis aux EAU, qui subviennent entièrement à leurs besoins en poisson, de rester autosuffisant à 72 % en 2008 malgré la croissance démographique (Woertz, 2013). Les nationaux peuvent recevoir jusqu’à la moitié de la valeur d’un bateau neuf et de son équipement. Le ministère de l’Agriculture et de la Pêche recommande puis impose la présence d’au moins un Émirati à bord de chaque bateau, et participe à la construction d’entrepôts frigorifiques (Al Abed et al., 1996). Les captures des navires de pêche émiratis passent de 40 000 à 90 000 tonnes par an entre le début et la fin du règne de Cheikh Zayed (Cadène et Dumortier, 2011).
2.2. À la mort de Cheikh Zayed, un constat qui débouche sur un changement de politique
19La distribution de parcelles agricoles n’a pas suffi à maintenir les populations bédouines en milieu rural afin que celles-ci ne gonflent pas les villes et continuent de les approvisionner par leurs surplus de fruits et légumes. Presque aucun citoyen d’Abu Dhabi n’a choisi de faire de l’agriculture son activité principale, préférant les emplois bien plus rémunérateurs des villes. Les ouvriers agricoles sont donc des étrangers qui viennent en général d’Asie du Sud (Cariou, 2017a ; Normand, 2011).
20Cette agriculture minière est responsable de 83 % de la consommation d’eau aux EAU en 2005 (Frenken, 2009), un chiffre comparable à celui observé à l’échelle du Moyen-Orient (Woertz, 2013). Alors que l’augmentation de la production dans les monarchies du Golfe, et même l’autosuffisance en blé atteinte par l’Arabie saoudite dans les années 1980, était perçue comme une sécurité, les conséquences environnementales de cette politique apparaissent maintenant comme un péril (Amery, 2015).
21La surpêche est alors également inquiétante. Le niveau maximum des captures souhaitable pour la conservation de l’espèce est dépassé de trois à cinq fois pour des poissons très consommés dans l’émirat, comme le hamour, le safi, le farsh ou le shaari (Cadène et Dumortier, 2011).
22Les dirigeants actuels se trouvent confrontés depuis 2007-2008 à la volatilité des cours des produits agricoles et alimentaires sur les marchés internationaux (Blanc et Brun, 2013). Laisser cette augmentation se répercuter sur les consommateurs finaux aurait mécontenté la population et remis en cause la politique migratoire d’attractivité d’Abu Dhabi et des EAU, déstabilisant l’ensemble du système productif.
3. La réforme de la politique d’approvisionnement alimentaire d’Abu Dhabi depuis les années 2000
23Comme d’autres pays de la péninsule Arabique, le gouvernement d’Abu Dhabi promeut à présent sur son territoire des pratiques agricoles plus économes en eau et encourage les investissements dans le foncier agricole à l’étranger.
3.1. L’essor de l’élevage et la recherche d’une meilleure gestion de l’eau
24Le gouvernement poursuit la distribution gracieuse de parcelles agricoles, mais en les vouant désormais à l’élevage : les animaux consomment avant tout des aliments importés, l’élevage exerce donc une pression moindre que les cultures sur les ressources locales en eau. Ces parcelles ne sont plus des mazâri‘ mais des ‘izab. Une ‘izba (au singulier) a la forme d’un rectangle d’environ 120 m sur 90. Le lait et les œufs qui y sont produits peuvent être amenés, à une fréquence quasi quotidienne dans les villes, aux résidences principales des propriétaires et de leurs familles. Quant à la viande, elle est cuisinée pour des plats partagés en famille et avec des invités pendant les jours de repos (observations et entretiens à Al Wathba et Razeen, octobre 2016).
25L’attachement des nationaux à ces parcelles et aux circuits familiaux de distribution alimentaire se voit lorsqu’on parcourt les routes de l’émirat éloignées des axes majeurs : à leurs abords, des citoyens émiratis y ont installé un grand nombre de ‘izab clandestines, que les municipalités ne semblent pas pressées de démanteler bien qu’elles en aient le pouvoir (observations, 2016, 2017 ; entretiens, 30/10/2016, 31/10/2016b).
26Prérogative du prince héritier et du ministre des Affaires présidentielles, l’attribution de ‘izab est une spécificité d’Abu Dhabi, qui dispose de grands espaces. Des parcelles sont aussi distribuées à Dubaï mais, en raison de l’exiguïté du territoire, elles sont réservées aux proches collaborateurs du souverain (entretiens, 31/10/2016b, 01/01/2018).
27À ces circuits familiaux, il faut ajouter les propriétés agricoles qui commercialisent des animaux. Celles-ci compteraient pour un tiers des 24 159 propriétés dans lesquelles des animaux sont élevés sur le territoire d’Abu Dhabi (entretien, 01/11/2017), soit autour de 8 000 ; mais, en 2013, les statistiques officielles n’en recensaient que 26 (UAE National Bureau of Statistics, 2015). Comme la grande majorité des propriétaires ne commercialise des animaux qu’occasionnellement, ceci expliquerait que les statisticiens ne les comptabilisent pas.
28Les élevages conçus pour la commercialisation sont majoritairement avicoles. Afin de gagner des parts sur un marché émirati dominé par les Saoudiens, un collectif d’éleveurs des EAU a demandé que la norme qui caractérise un poulet « frais » passe de 10 jours à 3 jours après l’abattage ; le gouvernement leur a donné satisfaction en 2012 (entretien, 02/11/2017).
29L’ADFCA a recensé dans l’émirat d’Abu Dhabi 1 785 170 ovins, 1 330 399 caprins, 384 211 camélidés et 51 158 bovins, auxquels il faut ajouter un nombre important mais inconnu de volailles [1]. En 1976, on comptait seulement 43 305 caprins et 15 612 ovins (Ambassade des EAU, 1981).
30Les animaux d’élevage sont très majoritairement nourris par des aliments importés. Depuis 2010, le gouvernement d’Abu Dhabi a interdit la production de céréales et d’herbe de Rhodes [2] – qui était la principale culture fourragère (Cariou, 2017a) – et les magasins gouvernementaux ont cessé d’acheter leur fourrage aux producteurs abu-dhabiens (entretien, 26/10/2016a).
31Ces renoncements sont le fruit du Water Resources Master Plan publié en 2009 par l’Agence pour l’environnement d’Abu Dhabi (EAD, Environment Agency – Abu Dhabi). Ce document reprend les recommandations d’experts internationaux recrutés par l’intermédiaire de l’International Centre for Biosaline Research (ICBA) établi à Dubaï. Les auteurs contredisent le « lobby qui affirme que la poursuite du soutien à l’agriculture contribue à l’autosuffisance alimentaire et est essentielle pour la sécurité nationale » (EAD, 2009). La baisse planifiée de l’utilisation d’eau par l’agriculture répond à des considérations environnementales mais aussi économiques, afin de réallouer les ressources au profit des secteurs résidentiel, industriel et des services, notamment pour le tourisme : l’eau rapporte plus quand elle remplit les piscines des hôtels que lorsqu’elle irrigue des cultures étagées dans une palmeraie (Cariou, 2017b ; Woertz, 2013).
32Le gouvernement est toutefois frileux dans l’application de ce plan : alors qu’un tiers des parcelles offertes est à l’abandon (Malek, 2013a), une nouvelle contrainte signerait l’effondrement de l’agriculture abu-dhabienne, ce qui pourrait être vécu comme une trahison de la vision de Cheikh Zayed, le « père fondateur ». C’est pourquoi l’eau puisée du sous-sol reste un bien ouvert (Bourg, 2018), tandis que le gouvernement a raccordé de nombreuses mazâri‘ et la plupart des ‘izab au réseau de distribution d’eau de mer dessalée. Les citoyens d’Abu Dhabi continuent d’y avoir accès gratuitement (entretien, 02/11/2017) en dépit de l’objectif annoncé d’établir des tarifs qui reflètent les coûts (EAD, 2009 ; Government of Abu Dhabi, s. d.) et alors que le dessalement accroît la salinisation des eaux du Golfe, ce qui le rend plus coûteux et nuit aux ressources halieutiques (Al Khemeiri, 2018). Le gouvernement encourage par ailleurs la culture du palmier dattier, très gourmande en eau (Cariou, 2017b ; EAD, 2009) contrairement à une idée répandue, pour des raisons culturelles et identitaires mais aussi économiques : la datte, dont la valeur ajoutée déjà forte s’accroît grâce aux transformations industrielles, est sans doute la seule production végétale des EAU à être exportée. Le marché indien, tout proche, est en pleine expansion : la valeur des exportations émiraties de dattes vers ce pays a progressé de 49 % en cinq ans (Chatham House, 2018).
3.2. Un système d’approvisionnement alimentaire extraverti
33Aux EAU, 85 % à 90 % de la nourriture consommée est importée (entretien, 26/10/2016a). Sur ce sujet, nous ne disposons pas de données qui concerneraient uniquement Abu Dhabi. Depuis dix ans, les trois premiers fournisseurs en biens agricoles sont, toujours dans cet ordre, l’Inde, le Brésil et les États-Unis, suivis fréquemment par l’Australie, l’Arabie saoudite et le Canada (Chatham House, 2018). Comme leurs voisins, les EAU ont un approvisionnement diversifié, véritablement mondial, ce qui participe à leur stratégie de sécurité (Woertz, 2013). Toutefois, la domination de l’Inde dans les importations émiraties de céréales est écrasante, de même que celle du Brésil pour la viande.
34Les importations de nourriture sont la principale solution d’Abu Dhabi et des pays du Moyen-Orient au manque d’eau : elles constituent des importations d’« eau virtuelle », correspondant à la quantité d’eau qu’il aurait fallu aux pays importateurs s’ils avaient dû produire ces denrées sur leur territoire. L’eau virtuelle peut résoudre le problème du manque d’eau du Moyen-Orient, mais le pessimisme est utile aux gouvernants pour faire accepter d’indispensables réallocations des ressources et la facturation du coût réel aux utilisateurs (Allan, 1997, 2011 ; Amery, 2015).
35En ce qui concerne l’alimentation animale, les aliments concentrés, qui représentent environ 20 % de l’alimentation des animaux d’élevage (entretien, 01/11/2017), sont importés, principalement d’Australie, et fournis par des entreprises privées possédées par des membres de la famille régnante : National Feed and Flour Production and Marketing (NFFPM), propriété de Cheikh Saïd bin Zayed Al Nahyan, créée en 2001, et Agrivita, marque du groupe Agthia créée en 2014, qui appartient au souverain d’Abu Dhabi lui-même, Cheikh Khalifa (entretiens, 26 et 31/10/2017). On peut supposer un accord entre les deux cheikhs pour constituer un oligopole abu-dhabien afin d’empêcher la pénétration du marché par une entreprise étrangère qui risquerait plus tard de faire défaut.
36Le fourrage, qui constitue environ 80 % de l’alimentation des animaux d’élevage, est importé depuis 2006 par deux sociétés privées fondées à Abu Dhabi : Al Dahra et Jenaan. Il leur est acheté à 1 600 AED [3]/t et il est vendu dans les centres de distribution de l’ADFCA à partir de 400 AED/t (entretiens, 26/10/2016a-b, 01/11/2017) dans le cadre du programme Barnamej al-A‘laf (Hay Program).
37Les firmes Al Dahra et Jenaan produisent elles-mêmes une grande partie de ce fourrage sur des terres qu’elles louent dans le nord-est et le sud du continent africain, mais aussi aux États-Unis et en Europe du Sud et de l’Est (Al Dahra, 2018 ; Jenaan, 2017), espaces que les nombreuses publications sur les IDE dans le foncier agricole à la fin des années 2000 avaient négligés (Edelman et al., 2013). Al Dahra serait parvenu à fournir 50 % des besoins en fourrage des EAU (Blanc et Brun, 2013). Les représentants des deux compagnies accompagnent régulièrement les voyages officiels des ministres émiratis (entretien, 26/10/2016a).
38Al Dahra et Jenaan consacrent aussi une part importante de leurs activités à l’alimentation humaine. Al Dahra, qui s’est projetée à l’étranger depuis 2007, possède ou loue des champs en Égypte et en Serbie, des rizières au Pakistan, des palmeraies en Namibie et des vergers en Égypte, au Maroc et en Serbie. Al Dahra a acquis des parts dans des sociétés de l’industrie agroalimentaire : le fabricant de farine grec Loulis Mills et les rizeries indiennes Kohinoor (Al Dahra, 2018 ; Blanc et Brun, 2013). Jenaan élève du bétail en Éthiopie pour le lait et l’exportation sur pied vers la péninsule Arabique, et cultive en Égypte des céréales, des dattiers et des oliviers (Jenaan, 2017). Al Dahra et Jenaan sont imités par d’autres sociétés comme Al Rawafed, qui investit notamment en Serbie. L’exemple a été donné par le royaume saoudien, qui a supprimé les unes après les autres ses subventions aux différentes cultures sur son territoire et décidé l’Initiative du roi Abdallah pour les investissements agricoles à l’étranger, ayant servi de modèle au fonds souverain qatari QIA pour créer la firme Hassad Food (Blanc et Brun, 2013 ; Cariou, 2017b). Les données statistiques sont hélas insuffisantes pour estimer la quantité et la proportion dans lesquelles Al Dahra et Jenaan contribuent à l’approvisionnement alimentaire d’Abu Dhabi et des EAU.
39La production d’Al Dahra et de Jenaan crée une redondance qui améliore la résilience (Auriac, 2001) du système d’approvisionnement, alors que l’essentiel des denrées consommées à Abu Dhabi est acheté sur les marchés internationaux et que les produits de l’agriculture nationale ne peuvent presque pas s’y substituer.
40La stratégie d’intégration verticale d’Al Dahra et de Jenaan (Blanc et Brun, 2013) doit en outre permettre de maîtriser les coûts de production. Al Dahra a par exemple incorporé le producteur de lait frais Al Ain Dairy, que Cheikh Zayed avait créé en 1981, et utilise son fourrage dans ses propres élevages (Al Dahra, 2018 ; Al Ain Dairy, 2016).
41Ces sociétés rencontrent néanmoins des difficultés, abandonnent certains projets ou les détournent de leur but initial, comme le font de très nombreux autres investisseurs transnationaux dans le foncier (Rochegude, 2011 ; Oya, 2013). Pour ne donner qu’un exemple, les terres aux alentours du barrage d’Assouan sur lesquelles Jenaan produisait du fourrage pour l’exportation ont été reconverties, sur recommandation du gouvernement d’Abu Dhabi, en champs de blé destiné au marché égyptien : le long transport du fourrage jusqu’aux ports et la taxe à l’exportation imposée par l’Égypte causaient à Jenaan des pertes substantielles (entretien, 26/10/2016a ; El Dahan, 2013).
3.3. Des tentatives pour dynamiser les cultures commerciales de l’émirat
42Les cultures d’Abu Dhabi peinent à être rentables (Malek, 2011, 2013a), car elles fournissent une offre importante sur un petit nombre de légumes (tomates, concombres, poivrons) alors que la demande demeure faible : les marchands des métropoles littorales, souvent indiens, trouvent plus simple de se fournir à Mina Zayed auprès d’importateurs sud-asiatiques qui peuvent les approvisionner toute l’année (entretien, 25/10/2016).
43La diversification est donc encouragée. On compterait à présent plus de 13 000 serres réfrigérées dans l’émirat d’Abu Dhabi qui peuvent produire en contre-saison (entretiens, 26/10/2016a-b). Un millier d’exploitations sous contrat avec l’ADFSC vendent leurs produits frais à des centres de collecte suivant des plans de production qui peuvent inclure une quarantaine de fruits et légumes différents. Ces centres emballent les produits sous la marque Local Harvest, créée en 2012, et les revendent à de grands distributeurs, des hôtels, des traiteurs, des hôpitaux et à l’armée. Cette marque se veut une garantie de qualité qui doit permettre aux producteurs de vendre leurs légumes plus chers.
44On note aussi dans l’émirat d’Abu Dhabi un développement modeste des cultures hydroponiques (47 exploitations équipées au printemps 2016 – Malek, 2016) érigé en priorité de la Stratégie 2017-2021 pour la sécurité alimentaire, élaborée par le ministère du Changement climatique et de l’Environnement (MOCCAE) des EAU (Salama, 2017). Ces cultures sont économes en eau, mais pas en énergie, une limite qui pèse assez peu à Abu Dhabi aujourd’hui. Elles nécessitent des compétences avancées qui rendent les ingénieurs agricoles de l’ADFSC indispensables (entretien, 30/10/2016).
45Des prêts à taux zéro sont émis depuis 2013 par des fonds gouvernementaux pour encourager le développement des cultures hydroponiques (Todorova, 2013 ; Malek, 2013b). Les stations de recherche gouvernementales, à Al Ain et à Baniyas, conduisent des expériences, avec l’aide de partenaires étrangers, en particulier néerlandais (Malek, 2014 ; Al Qaydi, 2016).
3.4. Encadrement de la pêche et projets aquacoles
46Le gouvernement d’Abu Dhabi a pris des mesures pour tenter d’enrayer la raréfaction des ressources halieutiques, due à la surpêche et à la dégradation des eaux du Golfe. L’EAD plafonne à mille le nombre de permis de pêche commerciale autorisés et prohibe presque totalement l’utilisation de filets dérivants. L’aquaculture est envisagée comme une solution convenable (EAD, 2014), d’autant plus qu’elle permet de reconvertir les mazâri‘ abandonnées pour cause de salinisation de l’eau puisée (entretien, 26/10/2016a). Outre deux grands élevages d’esturgeons et de crevettes, il existe dans l’émirat d’Abu Dhabi une trentaine de petites et moyennes exploitations aquacoles qui produisent principalement des tilapias dans des bassins à ciel ouvert, ce que l’EAD tente de décourager, car l’évaporation est forte alors que la ressource en eau souterraine est précieuse (EAD, 2014). Le tilapia est aux EAU un poisson bas de gamme dont on peut estimer qu’il est principalement consommé par les travailleurs sud-asiatiques à bas salaire : importé d’Égypte, il est vendu à Abu Dhabi 15 AED/kg ou moins, tandis que le safi est souvent au-dessus de 20 AED/kg et que le hamour dépasse toujours 50 AED/kg (observations, décembre 2015, octobre 2016).
3.5. Une gestion de la sécurité alimentaire qui participe à la forte hiérarchisation de la société
47À l’image du reste de l’économie des EAU et d’autres monarchies du Golfe, l’approvisionnement alimentaire d’Abu Dhabi est l’affaire de la famille régnante et de quelques autres familles puissantes, auxquelles les gouvernants octroient des licences commerciales en échange de leur loyauté (Peterson, 2007).
48Al Dahra est une filiale d’Al Ain International Group, holding dont le président n’est autre que Cheikh Hamdan bin Zayed Al Nahyan, demi-frère du souverain d’Abu Dhabi (Al Dahra, 2018). Les trois directeurs généraux de Jenaan (Jenaan, 2017) appartiennent au clan Al-Falasi dont est issue la dynastie Al Maktoum, qui règne sur Dubaï, aux Al-Otaiba, très ancienne famille de marchands d’Abu Dhabi, et aux Awamir, alliés séculaires de la tribu des Bani Yas, dont font partie les Al Nahyan (Heard-Bey, 1999).
49L’obligation, pour une société étrangère qui veut opérer sur le territoire émirati, d’avoir un partenaire national ayant lui-même obtenu une licence de la part des gouvernants, permet à ces derniers de se concilier des familles qui ont pu contester le pouvoir par le passé. Le commerce des céréales aux EAU est dominé par une division du conglomérat Al-Ghurair (GAR, 2015), tandis que l’on trouve dans la grande distribution Majid Al-Futtaim, partenaire émirati de Carrefour. Les Al-Ghurair et Al-Futtaim sont de vieilles familles marchandes qui ont plusieurs fois tenté de rééquilibrer le pouvoir et les richesses entre elles et la famille régnante de Dubaï (Coates Ulrichsen, 2017).
50Dans les magasins municipaux de l’émirat d’Abu Dhabi, les nationaux bénéficient de prix préférentiels sur la farine, l’eau en bouteille, le riz, l’huile de cuisson et d’autres denrées. Le prix payé est fonction de la taille du foyer, le livret de famille faisant foi. À l’initiative de Cheikh Khalifa, cette mesure a été étendue aux autres émirats, dans lesquels des magasins disposent de sections réservées aux Émiratis (entretiens, 01-02/01/2018).
51La discrimination entre nationaux et étrangers dans la gestion de la sécurité alimentaire est l’une des stratégies gouvernementales déployées pour redonner de l’élan à la cohésion de la communauté nationale : face à la masse des expatriés, les privilèges des citoyens émiratis sont un « ferment d’unification » qui « donne plus de prix à la citoyenneté et crée un sentiment puissant d’intérêts partagés » (Normand, 2011).
52Pour maîtriser l’inflation face aux envolées des cours mondiaux, le ministère de l’Économie des EAU verrouille les prix des denrées de base. Le gouvernement d’Abu Dhabi subventionne le fournisseur Agthia afin de tempérer la hausse des coûts pour les détaillants qui, n’ayant pas reçu de compensation, avaient commencé à ne plus vendre certains produits (Woertz, 2013 ; observations, octobre 2016).
3.6. Un bilan mitigé de la première décennie du système d’approvisionnement alimentaire réformé
53Les progrès de la commercialisation des produits émiratis ont légèrement réduit la dépendance aux importations. D’après une enquête de l’ADFSC en 2015, 16 % des fruits et légumes consommés aux EAU sont produits dans le pays, ce qui est considéré comme une progression importante (Sophia, 2016). Nous n’avons pas de point de comparaison fiable avec une date antérieure, les chiffres publiés dans les éditions de la Revue annuelle des EAU étant fantaisistes. On note dans le tableau 1 une baisse remarquable des importations de légumes entre 2011 et 2012, qui pourrait être une conséquence de la progression de la commercialisation de produits nationaux.
54De même, on observe une diminution importante sur la période 2010-2012 pour les importations d’animaux sur pied en volume ; celles-ci augmentent toutefois fortement en valeur, ce qui prouve que les EAU restent très sensibles à la volatilité des cours sur les marchés internationaux. Les animaux élevés sur le territoire d’Abu Dhabi ne constituent pas actuellement une alternative satisfaisante aux importations à cause de leur prix, comme on l’a vu durant l’été 2016 : l’importation de moutons sur pied était devenue impossible, car les animaux ne survivaient plus au transport à cause de la chaleur : le mouton indien, habituellement vendu 400 à 450 AED sur le marché aux bestiaux de Mina Zayed, avait atteint 550 à 600 AED avant de devenir indisponible ; il a fallu se tourner vers le mouton élevé aux EAU, dont le prix est monté à 1 300 AED à l’approche de l’Aïd al-Adha (entretien, 31/10/2016a ; Ahmad, 2016a, 2016b).
55Autre preuve de la forte sensibilité des EAU à la volatilité des cours des denrées sur les marchés internationaux : la baisse des importations de céréales entre 2011 et 2012. Celle-ci est légère en volume, mais très importante en valeur : cette différence traduit l’accalmie des tensions sur les marchés internationaux du blé et du maïs, qui avaient entraîné une hausse importante des cours en 2011.
56On remarque surtout une augmentation des importations pour toutes les autres lignes du tableau. La hausse est spectaculaire entre 2010 et 2011 pour le fourrage, ce qui s’explique sans doute par l’interdiction de la culture des céréales et de l’herbe de Rhodes sur le territoire d’Abu Dhabi en 2010. L’année 2011 est d’ailleurs marquée par une accélération de la mise en place des projets d’Al Dahra et de Jenaan à l’extérieur du territoire émirati (Al Dahra, 2018 ; Jenaan, 2017).
Tableau 1 : Importations de produits pour l’alimentation humaine et animale
En milliers de tonnes | Importations | En millions de dirhams | ||||
2010 | 2011 | 2012 | Années | 2010 | 2011 | 2012 |
1 361 | 1 510 | 1 430 | Légumes comestibles | 3 237,8 | 3 595,4 | 2 916,0 |
1 447 | 1 457 | 1 576 | Fruits comestibles | 4 786,0 | 5 243,4 | 5 769,7 |
2 776 | 2 907 | 2 806 | Céréales | 6 148,1 | 6 647,1 | 4 996,1 |
97 | 117 | 186 | Produits de la minoterie | 211,5 | 286,9 | 346,2 |
1 671 | 2 823 | 2 898 | Plantes oléagineuses et fourragères | 2 654,8 | 5 200,2 | 5 206,1 |
52 | 50 | 47 | Animaux sur pied | 583,3 | 618,0 | 646,0 |
477 | 491 | 538 | Viande et abats comestibles | 4 002,9 | 5 003,0 | 5 420,1 |
461 | 491 | 548 | Miel, œufs et autres produits comestibles d’origine animale | 3 585,1 | 4 298,3 | 4 887,3 |
Tableau 1 : Importations de produits pour l’alimentation humaine et animale
57L’ADFSC encourage les producteurs de légumes d’Abu Dhabi à monter leur prix afin d’améliorer leurs revenus. La compétitivité-prix des légumes émiratis est, selon les productions, parfois meilleure, parfois moins bonne que celle des légumes importés. La dynamique des prix observée pour la viande est très différente selon que cette viande provient en général d’une ‘izba (exemple du veau) ou d’un élevage industriel (exemple du poulet) lorsqu’elle est issue d’un animal élevé aux EAU, comme on le remarque dans le tableau 2. Les producteurs émiratis ne sont pas entrés sur le marché du poulet congelé, dominé par les marques de la firme brésilienne BRF : Sadia et Perdix. Les élevages industriels de l’émirat d’Abu Dhabi se montrent performants : Al Ain Dairy semble avoir entièrement éliminé ses concurrents sur le marché abu-dhabien du lait frais, à l’exception des firmes de Dubaï (Al Rawabi, Safa) et d’Arabie saoudite (Al Marai, qui réalise une partie de sa production à Abu Dhabi) ; quant aux producteurs d’œufs, ils font jeu égal avec leurs concurrents en matière de compétitivité-prix.
Tableau 2 : Premiers prix (en dirhams) relevés dans les points de vente des villes de l’émirat d’Abu Dhabi
Denrée (quantité) | Août 2011 | Août 2012 | Octobre 2016 | Novembre 2017 | ||||
Premier prix | Origine | Premier prix | Origine | Premier prix parmi les produits d’Abu Dhabi | Premier prix parmi les produits importés | Premier prix | Origine | |
Viande de veau (kg) | 19,00 | Pakistan | 18,95 | Pakistan | 46,90 | 28,90 (Inde) | – | – |
Poulet frais (kg) | – | – | 16,95 | Ras al-Khaimah (EAU) | 16,50 | 15,00 (Dubaï) | – | – |
Poulet congelé (kg) | 7,50 | Brésil | – | – | – | 11,55 (Brésil) | 8,64 | Brésil |
Œufs (15 unités) | – | – | – | – | 8,50 | 8,50 (Oman) | – | – |
Lait en bouteille (litre) | 3,60 | Bulgarie | – | – | 5,50 | 4,92 (Dubaï) | 4,50 | Abu Dhabi |
Tomates (kg) | – | – | 3,25 | EAU | 5,95 | 3,95 (Jordanie) | – | – |
Concombre (kg) | – | – | 2,95 | EAU | 5,95 | 5,75 (Oman) | – | – |
Aubergine (kg) | – | – | – | – | 7,95 | 7,95 (Oman) | – | – |
Chou (kg) | – | – | 2,95 | Oman | 5,95 | 3,95 (Oman) | – | – |
Haricots verts (kg) | – | – | 7,25 | EAU | – | 7,45 (Iran) | – | – |
Poivron (kg) | – | – | – | – | 6,95 | 7,95 (Jordanie) | – | – |
Tableau 2 : Premiers prix (en dirhams) relevés dans les points de vente des villes de l’émirat d’Abu Dhabi
Conclusion
58Les relations de pouvoir et la hiérarchie sociale sont des enjeux majeurs de l’organisation de l’approvisionnement alimentaire des populations urbaines d’Abu Dhabi. Celui-ci constitue un défi pour la famille régnante Al Nahyan et le régime autoritaire qu’elle dirige. Construire et maintenir un système d’approvisionnement efficace est essentiel à la stabilité et à l’attractivité de l’émirat, et donc au rayonnement de ce dernier à l’échelle des EAU, du Moyen-Orient et du monde, mais les intérêts des acteurs qui participent à ce système sont divergents.
59La politique menée se concentre sur la cohésion de la communauté nationale, numériquement très minoritaire. En outre, tous les intérêts ne peuvent être satisfaits au sein de cette dernière : poussé par les contraintes environnementales et la demande en eau des secteurs non agricoles, le gouvernement a par exemple délaissé les citoyens ordinaires qui produisaient du fourrage sur le sol de l’émirat au profit de firmes transnationales dirigées par l’élite politique et économique du pays.
60Le système d’approvisionnement présente des redondances qui renforcent la sécurité alimentaire d’Abu Dhabi, mais celles-ci demeurent insuffisantes pour augmenter significativement la résilience du système à des perturbations des marchés internationaux. Face aux envolées des cours mondiaux des produits alimentaires, l’État, dont les capacités d’intervention économique dépendent toujours beaucoup des hydrocarbures, n’a pas fini d’être pris entre les exigences opposées des consommateurs, des distributeurs et des importateurs.
61Certaines redondances du système ont par ailleurs disparu et il n’est pas impossible que la stratégie agricole du gouvernement d’Abu Dhabi ait en fait réduit le potentiel d’autosuffisance alimentaire des EAU. Certes, l’agriculture manque d’attractivité face aux emplois offerts en ville, mais l’ampleur des subventions à Abu Dhabi a sans doute, elle aussi, contribué, dans des émirats comme Ras al-Khaimah ou Fujaïrah, à décourager une agriculture séculaire qui, bien que modeste, avait fait ses preuves en matière de durabilité.
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Entretiens
- 24/10/2016 – avec un inspecteur en chef de l’ADFCA, Prestige Tower, Muhammad Bin Zayed City.
- 25/10/2016 – avec des vendeurs au détail de fruits et légumes, Abu Dhabi.
- 26/10/2016a – avec un responsable de la communication de l’ADFCA, Prestige Tower, Muhammad Bin Zayed City.
- 26/10/2016b – avec un directeur de publication de l’ADFCA, Prestige Tower, Muhammad Bin Zayed City.
- 30/10/2016 – avec un ingénieur agricole de l’ADFCA, Al Hayer.
- 31/10/2016a – avec des vendeurs d’animaux sur pied, marché aux bestiaux de Mina Zayed, Abu Dhabi.
- 31/10/2016b – avec le propriétaire d’une ‘izba, Razeen.
- 26/10/2017 – avec un employé commercial de NFFPM, Al Khatim.
- 31/10/2017 – avec un employé commercial d’Agrivita, Al Khatim.
- 01/11/2017 – avec des cadres de l’ADFCA chargés de la gestion des contrats avec Al Dahra et Jenaan, Prestige Tower, Muhammad Bin Zayed City.
- 02/11/2017 – avec un éleveur de poulets, Al Faya.
- 01/01/2018 – avec une famille émiratie, Dubaï.
- 02/01/2018 – avec le propriétaire d’une ‘izba, Razeen.
Mots-clés éditeurs : commerce international, pays du Golfe, développement agricole, sécurité alimentaire, investissements directs étrangers (IDE)
Date de mise en ligne : 19/02/2019
https://doi.org/10.3917/ried.237.0089Notes
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[1]
Chiffres relevés le 31/10/2017 sur une infographie affichée dans un bureau de l’ADFCA à Al Khatim, concordants avec ceux donnés en entretien, 26/10/2016a, et cohérents avec les observations à Al Wathba et à Razeen si l’on divise ces chiffres par le nombre de propriétés dans lesquelles des animaux sont élevés.
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Nous avons toutefois observé des cultures d’herbe de Rhodes en des lieux éloignés de l’axe Abu Dhabi-Al Ain : dans le Liwa le 30/12/2015, à Al Quaa le 31/10/2017 et à Mirfa le 03/01/2018.
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[3]
Dirham émirati.