Notes
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[1]
Si, en milieu rural, les difficultés d’approvisionnement paraissent plutôt prévisibles et cycliques, hors situation de crise et de conflit, elles sont plus aléatoires et fractionnées temporellement en ville.
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[2]
La question de l’approvisionnement renvoie également à celle de la sécurisation alimentaire dans la mesure où elle privilégie « l’analyse des processus permettant de gérer durablement les approvisionnements et d’en assurer la sécurité d’une façon jugée fiable par différentes parties prenantes » (Hubert, 2006).
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[3]
Dans l’absolu, le champ d’analyse va au-delà, avec les interrogations sur la durabilité des modèles de production et de consommation alimentaires, compte tenu de la raréfaction et de la fragilisation des facteurs de ressources.
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[4]
Pour certains, l’obtention d’un label d’appellation d’origine et d’une bio-certification, passant par une action concertée associant l’État, les acteurs socio-économiques et les consommateurs, sont en cours ou envisagées (attiéké en Côte d’Ivoire).
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[5]
Ce type de recherche occupe désormais une place de plus en plus importante (Luo et al., 2018). Pour une définition de food supply chain, voir Marsden et al. (2000).
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[6]
Ce prisme a émergé plus tardivement en Afrique subsaharienne que dans les autres aires géographiques (Delisle, 1998) : la crise nigérienne de 2005 est ainsi fondatrice pour ce qui est des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE ou RUTF, en anglais) pour le traitement de la malnutrition sévère, tandis que les exigences des mangeurs citadins se construisent au fur et à mesure de la médiatisation des produits mondialisés et du renforcement de l’offre commerciale des supermarchés.
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[7]
La restructuration des rapports de pouvoir, au cœur des systèmes d’approvisionnement, constitue à la fois un champ d’analyse porteur et une voie nouvelle pour l’action publique ou citoyenne.
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[8]
Participant à la conquête d’une autonomie alimentaire tout en luttant contre les pertes et les gaspillages.
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[9]
En septembre 2018, le gouvernement britannique vient ainsi de nommer un sous-secrétaire d’État à l’approvisionnement en prenant conscience que son autosuffisance (25 % pour les fruits et les légumes) était loin d’être assurée avec un Brexit imminent.
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[10]
D’autant plus dans les situations de conflit où la survie immédiate des enfants est menacée et lève tout débat inutile.
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[11]
Faut-il plutôt distribuer des denrées, des bons ou de l’argent ? Est-il réaliste de prétendre contrôler les prix de détail sans système coercitif ? Est-il éthique de demander une contrepartie ?
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[12]
Le terme est ici pris dans son sens commun, au croisement de l’idée d’indépendance et d’autosuffisance alimentaire (Pouch, 2011), et non en référence à l’ensemble des mouvements sociaux et des mobilisations transnationales (Hrabanski, 2011) se réclamant de l’objectif politique de « souveraineté alimentaire », en termes d’accès à une nourriture suffisante et de qualité, comme par la maîtrise et le contrôle des processus et des facteurs de production agricole (Mormont, 2007).
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[13]
Ce rôle central de régulateur est ainsi clairement au cœur de l’émergence des « trajectoires agroalimentaires de produits nutritionnels de qualité » pour les vulnérables (Maestre et al., 2017).
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[14]
Cette prise de responsabilité est non seulement espérée mais revendiquée dans le cadre de mobilisations sociales populaires, en cas de pénurie (Hossain et Kalita, 2009).
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[15]
Soutien à la recherche agronomique, accroissement des subventions à la production, stabilisation des prix du marché intérieur, investissement massif dans la construction d’infrastructures rurales et d’irrigation.
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[16]
Cette circulation mondiale des denrées de base s’explique, pour une large part, par les choix hérités de la période coloniale en matière de spécialisation sur la base d’avantages comparatifs.
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[17]
En 2008, on a relevé la Grande Offensive pour l’alimentation et l’abondance (Goana) au Sénégal, l’Initiative riz au Mali, ou encore l’Offensive régionale pour la production alimentaire et contre la faim du CILSS, qui évoquent toutes une action rapide, planifiée et efficace.
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[18]
Cette action s’inspire des programmes de cash transfers, de food vouchers et de food for work, délivrant des ressources de manière graduelle et répétée dans le temps auprès des plus pauvres, en milieu rural comme urbain, depuis 2007-2008, dans plusieurs pays : Productive Safety Net Programme (PSNP), en Éthiopie ; Oportunidades, à Mexico ; ou le National Rural Employment Guarantee Scheme (NREGS), en Inde. Ils permettent d’assurer une capacité minimale d’auto-approvisionnement familial sans en garantir toutefois la pérennité. Le programme éthiopien lie, de manière étroite et positive, sécurité alimentaire, nutrition et sécurisation foncière (Lavers, 2013).
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[19]
Exemple du réseau de banques de céréales, au Mali, en 2005 (Arditi et al., 2011), ou de la Mission de régularisation et d’approvisionnement des produits de base (Mirap), au Cameroun, créée en 2011.
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[20]
Certains parleront aussi de « système agri-urbain » (Robineau et Soulard, 2017).
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[21]
La question d’un rééquilibrage, passant par de vigoureuses politiques incitatives d’appui (Elbehri et al., 2013) est, certes, dans les esprits, mais reste encore en devenir.
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[22]
Un « système alimentaire ville-région » peut être défini comme « un ensemble complexe de réseaux d’acteurs, de processus et de relations ayant trait à la production alimentaire, la transformation, la commercialisation, le marketing et la consommation au sein d’une région géographique donnée ayant, plus ou moins, un centre urbain concentré, des périphéries urbaines et un hinterland rural ; un ensemble régional au sein duquel des flux de personnes, de biens et de services écosystémiques sont gérés » (Blay-Palmer et al., 2018, p. 3, traduction de l’auteur).
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[23]
http://www.fao.org/fcit/food-marketing/fr/ (consulté en novembre 2018).
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[24]
Il constituait l’une des composantes du programme « Faim zéro » mis en place par le gouvernement Lula à partir de 2003.
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[25]
Particulièrement visible depuis l’élaboration d’un cadre harmonisé d’analyse et de traitement des crises alimentaires et nutritionnelles (Integrated Food Security and Humanitarian Phase Classification), élaboré conjointement par la FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM) dès 2006, et régulièrement amélioré depuis (Partenaires globaux IPC, 2012).
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[26]
En contrepartie, il convient aussi de rappeler les contraintes auxquelles ils font souvent face : accès difficile au crédit bancaire, quantité et qualité incertaines lors de la collecte de denrées locales, vétusté des infrastructures de transport, multiplicité des contrôles policiers et des taxations abusives (Pourcet, 1986 ; Egg et Herrera, 1998).
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[27]
Donc sensibles à la différence des besoins et des attentes comme de la diversité à maintenir de l’offre (Hinrichs, 2003).
Introduction
1Dans le domaine alimentaire, l’approvisionnement apparaît comme un défi récurrent à relever pour tous les acteurs concernés (États, entreprises, réseaux marchands, familles, etc.) : il est non seulement complexe à organiser, mais également difficile à maîtriser (Rapoport, 1993), a fortiori dans les environnements instables et peu sécurisés des pays en développement. Les problèmes d’approvisionnement concernent aussi bien les villes que les campagnes [1], même si ces dernières semblent encore priorisées en termes d’intervention. Au demeurant, l’approvisionnement pose deux enjeux fondamentaux : celui de la maîtrise stratégique des flux et celui des liens géographiques et sociaux (de la « connexion » pourrait-on dire), que nous allons nous efforcer de préciser et d’éclairer dans cet article.
2Mettant aux prises des acteurs, des ressources et des lieux, l’approvisionnement est toujours très lié à un contexte. Le temps et l’espace y constituent des marqueurs essentiels : ils se matérialisent par des discontinuités, des accélérations, lorsque les ressources se raréfient ou que les échanges se contractent ou se réorientent ; ils expriment des régularités, lorsque l’approvisionnement est – tant bien que mal – assuré et que les variables prix et qualité n’aggravent pas l’inaccessibilité. Au-delà de l’expression d’une offre et d’une demande, d’une relation entre besoins et capacités, l’approvisionnement est une question politique, marquée par des arrangements, des alliances et des concurrences qui participent de cette distorsion. Liant l’économique au politique, parfois avec une relecture des héritages historiques, les analyses proposées dans ce dossier montrent le caractère complexe de cette question, comme les difficultés à assurer durablement un approvisionnement adéquat.
1. Des systèmes complexes d’approvisionnement : produits et acteurs écartelés entre valeur et identité
3L’approvisionnement est transversal et touche à la fois à la production agricole, au commerce des denrées et à leur redistribution sociale et géographique. Ce qui contribue à rendre difficile la stabilisation du champ d’analyse [2]. Il renvoie implicitement à l’idée que l’on chercherait à l’assurer pour le plus grand nombre : ce qui n’est pas toujours le cas. D’un point de vue conceptuel, c’est autant la question de la transmission du risque (de pénurie, d’inaccessibilité, etc.) que de la mutualisation – ou pas – des ressources qui est posée [3]. En complément, du point de vue des « mangeurs », l’approvisionnement peut être analysé en termes de droits et d’obligations individuels ou collectifs (perte ou mobilisation pour les faire-valoir, responsabilité vis-à-vis des dépendants alimentaires ou des vulnérables). S’approvisionner, c’est aussi faire des choix (Padilla, 1997). Ils peuvent être contraints, donnant même parfois corps à l’idée de dilemmes (Rittel et Webber, 1973 ; Hattemer et Sierra, 2012), mais également dépendre de préférences (Bonnecase, 2016) qui viennent orienter les pratiques d’achat, de préparation et de consommation. Qui plus est, en temps ordinaire, l’approvisionnement alimentaire peut également être abordé en termes de distinction sociale par les denrées achetées et consommées (Chevalier, 2015), comme de satisfaction (Héron, 2016).
4Les dynamiques d’approvisionnement dépendent de nombreuses variables, telles que la disponibilité saisonnière des produits, le volume des denrées en circulation, les niveaux de prix de gros ou de détail, la distance géographique et l’état des infrastructures routières, etc. Toutes s’enchevêtrent et exercent une influence positive ou négative sur l’approvisionnement effectif, en temps et en heure, a fortiori dans les contextes très insécurisés, en cas de conflit, lorsque les infrastructures sont déficientes ou en cas d’État absentéiste ou failli. Par ailleurs, l’approvisionnement se pose en des termes très différents, voire contradictoires du point de vue du fournisseur, du transporteur, du régulateur ou du mangeur… Pour les experts et pour les décideurs, l’approvisionnement joue un rôle clé pour « atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle » (Reinert, 2015). L’approvisionnement constitue aussi un vecteur d’influence et de changement : pour des aliments mondialisés et standardisés (pizza, burger, chawarma, tacos, etc.) et pour la promotion de denrées de terroir (Petrini, 2006 ; Ostrom, 2009 ; CAAAQ, 2008 ; Berton-Ofouémé, 2017). Quant aux réseaux marchands qui l’organisent, ils sont, presque toujours, à la fois réactifs et adaptatifs.
5Du local au global, différents types de canaux peuvent être identifiés : privé, associatif, familial, institutionnel (Bertrand, 1991 ; Wade et Lançon, 2015) ; marchands et non marchands, entre cellules familiales distantes ou proches (Tawodzera, 2013), ou via la prise en charge de dépendants alimentaires (Frayne, 2010). Ils renvoient à autant de niveaux de stratification : informelle de rue, semi-informelle des boutiquiers, traditionnelle des marchés ouverts, couverte des supérettes et autres vastes malls, sur fond d’individuation des pratiques et de segmentation des pouvoirs d’achat. On observe ainsi un rapide rattrapage en Afrique subsaharienne (d’abord anglophone) par rapport aux situations urbaines en Amérique latine. Ils peuvent être assignés socialement comme du point de vue du genre (Allen et Sachs, 2009) : femmes, mères et épouses sont ainsi très présentes dans l’approvisionnement domestique (comme dans la petite transformation), tandis que le commerce régional et lointain est plutôt masculin.
6Au cœur de l’approvisionnement, temporalités et spatialités sont indissociables (Karg et al., 2016) : les réseaux marchands disposent souvent de leur propre réseau d’information et de collecte de denrées, tandis qu’à l’opposé, les citadins diversifient les rythmes et les modes d’approvisionnement. Et les études réalisées dans le champ de l’approvisionnement l’ont été, à différentes échelles, souvent à partir d’approches combinant la géographie et l’économie.
7La première approche s’intéresse aux « échanges villes-campagnes », à l’échelle locale ou régionale (Franqueville, 1997 ; Calas, 1999), avec des difficultés concrètes pour les mesurer : depuis plus d’une décennie, la problématique des circuits courts de proximité est venue renouveler cette approche, tandis que l’approche territoriale, associant évolutions des systèmes productifs, des modèles de consommation et des dynamiques d’extraversion, s’impose, conduisant, par exemple, à un phénomène de diversification à l’échelle ouest-africaine (OCDE, 2013 ; Bricas et al., 2016).
8La seconde approche s’appuie, depuis les années 1980, sur la notion de filière ou de circuit (Hugon, 1997 ; Padilla et Bencharif, 2001), insistant sur les goulets d’étranglement à lever (Bilinsky et Swindale, 2005) que l’analyse actuelle, en termes de chaînes de valeur alimentaire – et de partage de la valeur entre les acteurs – précise, tout en s’ouvrant à des dimensions nouvelles de justice et d’équité qui viennent enrichir et bousculer les termes de la sécurisation alimentaire. Plusieurs pistes se dessinent pour améliorer les marges des différents acteurs : la valorisation patrimoniale – et donc politique – de certaines denrées, emblématiques d’un terroir et d’une culture alimentaire, comme le relève Paula Vásquez Lezama, avec les galettes de maïs, dans son article sur la situation actuelle du Venezuela ou encore les actions menées en termes de labellisation dans le champ du commerce équitable [4]. Dans leur article « La performance de la chaîne de commercialisation des feuilles de manioc à Kinshasa et dans son hinterland », Papy Bonkena Bokombola et Patience Mpanzu Balomba insistent, pour leur part, sur le rôle de la transformation agroalimentaire – dans ses procédés comme dans ses structures de vente – afin de favoriser leur acheminement distant ou leur montée en gamme ; toutefois, ici encore, les producteurs familiaux ne captent qu’une part réduite de leur valeur monétaire.
9Dans les deux approches, l’approvisionnement est plutôt abordé d’un point de vue socio-technique, avec des étapes, des flux, des produits. À cet effet, nombre de travaux se sont efforcés de décrire les étapes de mise en marché des denrées agricoles (Festas, 2006 ; Fofiri Nzossié, 2013), la fonctionnalité et les embarras du transport (Padilla et Bencharif, 2001), ou encore l’évolution de l’offre de détail en milieu urbain (Bricas et al., 2004). D’autres, souvent des économistes, ont cherché à spatialiser les écarts de prix (Araujo-Bonjean et al., 2010 ; OCDE, 2013) et à retracer les co-évolutions futures de l’offre, de la demande, des flux d’échanges (prospective Dualine du Cirad et de l’Inra au début des années 2010).
10Au-delà, c’est bien la « qualité » de la chaîne, du producteur au consommateur final (agri-food supply chain management ou supply chain security) [5], dont il est question. Si les termes « chaîne d’approvisionnement » et « chaîne de valeur » sont souvent mobilisés et utilisés de manière peu ou prou interchangeables, des distinctions existent : la première s’intéresse à l’efficacité de la logistique pour satisfaire des besoins essentiels (PAM, 2013), la seconde renvoie à la répartition inégale des marges entre acteurs des filières et pose donc le débat du point de vue de la gouvernance des filières. Au-delà de la nécessité de « fournir à tout prix », le champ s’est également enrichi des enjeux de qualité sanitaire et nutritionnelle des denrées mises en marché [6] – dans et hors crise.
11Actuellement, c’est cette thématique qui s’impose dans ce champ. En revanche, la pluralité des régimes de gouvernance (Moustier et Renting, 2015 ; Cossi Hinnou et al., 2016 ; Amanor, 2009), établie depuis le milieu des années 1980 par Harriet Friedmann (food regimes), est, pour sa part, peu évoquée, si ce n’est au sein des mouvements favorables à une réinscription politique des rapports marchands. Ainsi, un décalage important existe entre ceux qui parlent de gouvernance démocratique et de justice alimentaire (associations, organisations paysannes, syndicats, etc.) et ceux qui se bornent à l’évoquer d’un point de vue technique (management des risques) [7]. Cette sociologie politique de l’approvisionnement présente l’avantage d’aborder les rapports de pouvoir entre les différents types d’acteurs impliqués (Porter et al., 2007) qui restent liés à la trajectoire historique des systèmes socio-spatiaux considérés (Ariyo et al., 2001 ; Guyer, 1987).
12Jusqu’à une période récente, peu de travaux ayant une approche intégrée pouvaient être mobilisés. Seuls ceux réalisés, à la fin des années 1990, par Olivio Argenti, Maurizio Aragrande et Martine Padilla (Aragrande, 1997, repris par Armendáriz et al., 2016) pour les villes d’Afrique subsaharienne, autour des systèmes d’approvisionnement et de distribution alimentaires (Sada) ou food supply and distribution systems (FSDS), s’en réclamaient. Très précis d’un point de vue méthodologique, ils avaient vocation à orienter la réflexion pour l’action publique en prenant appui sur la pluralité d’échelles et d’objectifs.
13Plus fondamentalement, l’approvisionnement alimentaire s’adosse à la notion de « système alimentaire » (Labonne, 1986 ; Rastoin et Ghersi, 2010) dont elle constitue à la fois la fonction centrale et la formalisation concrète. Dans le même ordre d’idée, des scientifiques poussent plus loin encore l’allégorie entre dynamique instable d’approvisionnement et métabolisme du corps vivant pour en restituer toute la complexité (Bognon, 2014). Dans les faits, en matière d’approvisionnement, les réalités sont nettement plus prosaïques : il s’agit plus de répondre à des besoins quotidiens que de repenser des stratégies globales d’approvisionnement, du local à l’international (AFD, 2015).
14À bien des égards, la réémergence du thème de la sécurisation des approvisionnements puise à différentes prises de conscience, tant technocratique que citoyenne : celle des effets d’une mondialisation malheureuse, favorable à la spécialisation agricole sur la base d’avantages comparatifs pas toujours réels ; celle des dégâts effectifs des modèles agricoles productionnistes sur la biodiversité et sur la santé ; et celle de l’intrication inexorable des crises environnementale, agricole et alimentaire aux conséquences cumulatives et durables. Entre incertaine soutenabilité, perte de confiance et menaces croissantes ou ressenties, ce sont les capacités des systèmes d’approvisionnement (encore peu résilients) qui sont questionnées, voire souvent mises en doute (Pouch, 2009). Elles reposent, avec acuité, la question du rôle de l’État, de ses missions en matière d’approvisionnement comme de sa capacité à organiser le champ, en période de tension comme en dehors des situations de crise, avec des groupes d’acteurs hétérogènes : humanitaires et développeurs, opérateurs privés, acteurs sociaux intermédiaires (syndicats, associations, réseaux sociaux, etc.).
15En parallèle, la problématique de l’approvisionnement se reconfigure peu à peu autour/avec de nouveaux engagements, martelés par l’agenda des ODD : par exemple, le souci de durabilité conduit peu à peu à favoriser l’émergence de circuits courts et la reterritorialisation de la production en ville [8] ou à proximité (Parfitt et al., 2010) ; celui d’équité incite, pour sa part, à la valorisation patrimoniale des produits locaux ou/et au rééquilibrage du partage de la valeur (FAO, 2018) ; quant à celui d’autonomie, il plaide pour une réduction de la dépendance ancienne (Coussy, 1990) des systèmes alimentaires aux échanges extérieurs (aide, importations, etc.). D’où, y compris dans des pays peu concernés par les problèmes d’approvisionnement, des réflexions sur la réorganisation des systèmes et des logiques d’approvisionnement (food supply chains) (Hinrichs, 2013).
16Fort de ce qui précède, ce dossier fait le choix de privilégier les échelles méso- et macro- d’analyse des défis de l’approvisionnement. Il accorde aussi une large place à l’action publique qui en traite, impliquant souvent une pluralité d’acteurs (privés, associatifs, etc.). En revanche, il laisse de côté l’échelle domestique – dans et hors marché – des approvisionnements, qui renvoie plutôt aux différentes pratiques alimentaires d’achat, de préparation et de consommation, comme de l’autoproduction (food self-provisioning) ayant fait l’objet de nombreuses études (notamment suivi de panels de ménages dans le cadre d’enquêtes locales ou nationales).
2. Sécuriser les approvisionnements : le contrôle des flux plutôt que leur localisation
17Sécuriser les approvisionnements en denrées constitue un dilemme permanent, quels que soient l’échelle de décision, le régime politique et le niveau de développement [9]. Deux voies existent. La première consiste à créer les conditions durables d’une production diversifiée de proximité : elle a été testée au cours des décennies passées avec des politiques nationales d’autosuffisance et elle revient en force dans le cadre des transitions agricoles et alimentaires. La seconde, longuement analysée dans ce dossier, consiste à mettre en place un contrôle des flux (avec plus d’efficacité que celui des prix), quelles que soient leur origine et leur distance, quitte à s’affranchir des conditions agro-écologiques et sociétales de production. Elle a été clairement privilégiée à l’échelle mondiale, depuis la période coloniale, renforcée par les politiques favorables au marché (du riz ou du blé par exemple), jusqu’à une période très récente.
18Le caractère stratégique de l’approvisionnement n’est plus à débattre lorsque sont concernées des populations pauvres et vulnérables frappées par des pénuries importantes [10] : il relève d’urgences à satisfaire qui ne souffrent pas réellement de controverses. Dans ce type de situation, les besoins en matière d’approvisionnement conduisent presque inévitablement à des « actions prioritaires immédiates », quitte à établir des « règles d’exception » selon le principe afférent (Agamben), surtout dans les régimes autoritaires, qui craignent les interpellations médiatiques et les mobilisations sociales (Engels, 2013). Dans la plupart des cas, les discussions sur les modalités de prise en charge [11] interviendront une fois la crise passée, quitte à faire évoluer les cadres normalisés d’intervention.
19La fourniture de denrées est alors d’autant plus essentielle que l’acheminement reste souvent incertain, par manque de moyens, du fait de lenteurs ou de l’éloignement de certaines populations rurales déplacées. Elle l’est plus encore dans les zones de conflit endémique (Nord-Est du Nigeria, Est de la République démocratique du Congo, Somalie, Syrie et Nord de l’Irak, etc.), où les denrées produites ou reçues via l’aide humanitaire sont susceptibles d’être accaparées, détournées et revendues par des groupes militarisés. Dans ce type de situation, le contrôle violent de l’approvisionnement alimentaire renvoie à des rapports de domination et imprime ses marques coercitives sur les corps, au sens foucaldien du terme (Nally, 2011).
20Hors contexte de crise, dans de nombreux pays en développement, l’approvisionnement alimentaire est encore considéré comme une des missions régaliennes et souveraines [12] de l’État (Kelly et Swensson, 2017). Ce dernier est, « tel un bon père de famille », soit chargé de créer les conditions nécessaires pour que le marché puisse continuer à remplir son mandat d’approvisionnement [13], soit sommé d’assurer un niveau minimal de sécurité en s’y substituant le cas échéant, sans toujours y parvenir (Mander, 2015) [14], mais en ayant toujours à cœur de définir une vision stratégique à moyen terme (Rastoin, 2015).
21L’histoire récente fournit des exemples très contrastés de ce qu’organiser l’approvisionnement veut dire pour un État. Prenons l’exemple de l’Inde, qui dispose d’un système public visant à garantir des prix mimima d’achat aux producteurs, à constituer des stocks et à les redistribuer aux consommateurs les plus pauvres (Lutringer, 2018) : ce système conduit progressivement « à une concentration des ressources et donc un ciblage indirect à la fois sur certaines régions et sur certaines catégories de producteurs » contrevenant quelque peu à sa mission de péréquation. Pour sa part, la Chine constitue un cas ambivalent de réussite en matière d’approvisionnement : grâce à une vigoureuse politique agricole [15], elle dispose de stocks stratégiques (blé, maïs, soja, sucre et riz) mobilisables en cas de récoltes insuffisantes, mais, dans le même temps, elle lutte pour réduire une dépendance croissante aux importations alimentaires (Chaumet et Pouch, 2017). Ceci s’est traduit par des investissements massifs dans des terres cultivables à l’étranger (Chaumet, 2015) pour orienter vers son marché les ressources produites, quitte à amplifier les tensions géopolitiques (Mottet, 2016).
22En régime autoritaire, la tentation est forte pour un appareil d’État de rester au cœur de l’approvisionnement alimentaire, soit parce qu’il politise fortement la quête nationale de sécurité alimentaire, soit qu’il parce qu’il gère de manière patrimoniale et redistributive l’accès aux ressources. Le document de Paula Vásquez Lezama « Les distorsions des politiques d’alimentation de la “révolution bolivarienne” » illustre pleinement cette tension entre ressources et pouvoirs. Partant de la situation alimentaire dramatique des Vénézuéliens, elle montre combien cette pénurie, loin d’être conjoncturelle, s’inscrit dans un ensemble de dysfonctionnements où se mêlent subventions coûteuses aux denrées de première nécessité – via la reconversion de la rente pétrolière – et pratiques corruptives au sein des réseaux de distribution gérés par le gouvernement. Depuis 2013, la dégradation de la situation financière du pays a conduit à une politisation renforcée des distributions et, au final, de la pénurie, dont les effets s’expriment désormais par des flux massifs d’émigrants.
23Les monarchies pétrolières des pays du Golfe, étudiées par Matthieu Brun « Produire et se nourrir dans les monarchies du Golfe » et par Damien Calais « Abu Dhabi au défi de la sécurité alimentaire », constituent deux exemples intéressants en termes de politique nationale volontariste d’approvisionnement. Structurellement déficitaires en céréales produites localement, compte tenu de facteurs de production défavorables, elles ont mis en place des politiques agricoles volontaristes, mais très coûteuses, et des circuits locaux de distribution de produits à prix modéré, sans parvenir à réduire le caractère extraverti de leur approvisionnement. En parallèle, les gouvernants ont d’abord réalisé des investissements fonciers importants à l’étranger tout en organisant une intégration verticale de l’approvisionnement via des entreprises. Ici sans doute plus qu’ailleurs, du fait de la centralité du pouvoir, les jeux d’alliance diplomatique et clientéliste jouent un rôle important dans la stratégie mise en œuvre. Les politiques étatiques d’approvisionnement contribuent donc de manière évidente à conforter le pouvoir politique au sens où l’entendent Daniel Bournaud et Dominique Darbon (1990).
24A contrario, dans de nombreux autres contextes, même si l’approvi-sionnement est perçu comme stratégique par l’État, celui-ci n’a pas ou plus les moyens d’intervenir : les politiques d’ajustement structurel sont passées par là. La fourniture de produits alimentaires a été déléguée à des acteurs marchands (oligopole importateur et agro-transformateur, lorsque le tissu entrepreneurial est suffisamment développé), depuis les marchés agricoles internationaux [16] en passant par les marchés nationaux et locaux. En effet, jusqu’à la crise alimentaire de 2007-2008, ces marchés constituaient une offre crédible pour compléter un bilan alimentaire déficitaire, laissant de côté l’éventuel risque de flambée des prix.
25Très vite, les gouvernants ont alors mis en place des politiques ciblées en matière de sécurisation des approvisionnements : ambitieux programmes de relance hydro-agricole, acquisitions de terres agricoles dans certaines zones peu peuplées, négociation de contrats d’approvisionnement de gré à gré avec certains pays producteurs ou groupes agroalimentaires, etc. Pour quelques pays africains [17], le bilan dressé montre que l’on oscille entre plaidoyers volontaristes pas toujours suivis d’effets et opérations plus médiatiques destinées à valoriser des demi-succès. Mais, dans l’ensemble, ces actions n’ont pas réellement infléchi les trajectoires d’approvisionnement : certaines sont restées limitées, d’autres se sont avérées coûteuses, au risque d’en revenir à l’option la plus évidente du recours au marché (illustrant ainsi la place de l’entrepreneurial food regime).
26Depuis, les choses ont avancé : les options techniques de régulation des marchés – pour assurer des approvisionnements de qualité à des prix stabilisés – sont clairement identifiées (Galtier et Vindel, 2012), mais buttent sur le manque d’engagement politique (Touzard et Temple, 2012). Une convergence de vues existe désormais sur la nécessité qu’il y a à renforcer le rôle régulateur de l’État : elles s’inscrivent dans un nouveau cycle qui tend à le réhabiliter (Janin, 2018). Sont réapparues çà et là, dans les pays d’Afrique subsaharienne notamment, des initiatives publiques, appuyées par les bailleurs tels que l’Union européenne, l’Agence française de développement (AFD) et les institutions sous-régionales (le Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel – CILSS –, l’Union économique et monétaire ouest-africaine – UEMOA). Ces initiatives visent à reconstituer des stocks céréaliers de réserve, de l’espace régional au local, et, en milieu urbain, à créer des filets sociaux de base (caisses de résilience de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture – FAO –, par exemple, depuis 2016) pour assurer une capacité minimale d’approvisionnement aux populations pauvres [18].
27Au cœur des crises également, cette volonté étatique peut s’exprimer soit par un contrôle dans l’affectation sociale, ethno-communautaire et géographique des ressources de l’aide humanitaire (comme en Éthiopie ou au Zimbabwe), soit par la mise en place de dispositifs propres, via des programmes (banques de céréales, coupons alimentaires) et des sociétés de distribution alimentaire dont la mission principale est d’assurer aux populations urbaines la disponibilité, la régularité et l’accessibilité des produits de consommation de base [19].
28Faute de quoi, les difficultés pour s’approvisionner perdureront pour ces populations, quand elles ne seront pas renforcées par les dynamiques de changement à l’œuvre dans un contexte de changement climatique accéléré, notamment celles de la marchandisation croissante des facteurs de ressources (eau, terres, plantes) et des inégalités croissantes qui pourront en découler, conduisant à l’aggravation des tensions alimentaires entre régions comme entre catégories de population. Par ailleurs, faute de vraies politiques publiques d’approvisionnement pour les villes – en dehors de subventions aux denrées de base –, la question de l’insécurité alimentaire des citadins reste posée avec beaucoup d’acuité, compte tenu de leurs ressources monétaires variables, du fait de marchés de l’emploi exigus et peu formalisés. Une des voies envisagées actuellement consiste à reterritorialiser les politiques et les productions via de nouvelles relations entre mondes ruraux et urbains.
3. Au cœur de l’approvisionnement : la problématique du lien (géographique et social) et des pouvoirs (marchands et politiques)
29Les notions de relation et de circulation sont au cœur de la question de l’approvisionnement [20] : elles s’organisent autour d’une diversité de produits, de territoires et de lieux centraux, de règles et de normes, assurant une fonctionnalité aux systèmes d’échanges. Au-delà, c’est bien la nature du lien géographique et social, liant territoires et acteurs, qui est posée. Du coup, également celle de distance. Pour leur part, les transferts entre régions productrices et consommatrices, les péréquations entre zones excédentaires et déficitaires au sein de filières, tantôt courtes (Goossens et al., 1994), tantôt à plus longue distance, et plus ou moins institutionnalisées (Fromageot, 2005), sont toujours moins bien connus et référencés compte tenu des difficultés pour les mesurer. En dépit de cela, ces échelles locales et régionales « comptent » pour beaucoup dans les dynamiques d’approvisionnement.
30Ainsi, dans de nombreux pays, la connexion « rural-urbain » des systèmes d’approvisionnement est historiquement et sociologiquement forte, même si nombre de gouvernants ont reproduit un biais urbain, via des cheap food policies, généralement défavorable aux petits producteurs familiaux [21]. Dès la fin des années 1980, l’amélioration du fonctionnement des marchés nationaux est une priorité (au Mali, avec le Programme de restructuration du marché céréalier – PRMC) de certains programmes d’ajustement structurel (Coussy, 1990). La promotion de filières locales en est une des résultantes puisque l’on pariait sur un effet d’entraînement de la demande des consommateurs urbains sur les systèmes de production environnants (Temple et al., 2009), même si, de facto, l’appétence des « mangeurs » pour les produits alimentaires importés réduisait peu à peu la part des céréales locales consommées. Dans l’ensemble, cette connexion a bien fonctionné, comme le prouve l’absence de ruptures d’approvisionnement en céréales en Afrique subsaharienne en milieu urbain : les agricultures vivrières et familiales et les réseaux marchands ont su répondre à une hausse continuelle de la demande (Moustier, 1999 ; Acloque Desmulier et al., 2014), y compris dans des contextes où les infrastructures de transport, de contrôle sanitaire et de commerce sont déficientes ou peu formalisées (Chaléard et al., 2002). De même, une part non négligeable de l’approvisionnement des villes est également assurée par les agricultures urbaines et périurbaines (Bricas et al., 2004), souvent minutieuses, aux fonctions plurielles (économique, alimentaire, patrimoniale, etc.), mais soumises de plus en plus à de fortes concurrences d’usage (Abo-El-Wafa et al., 2017).
31Les relations en matière d’approvisionnement ne sont pas à sens unique : à certaines périodes, villes et campagnes sont même en concurrence pour accéder aux denrées. On a ainsi pendant longtemps sous-estimé, à tort, les besoins alimentaires marchands des producteurs ruraux. Or, ceux-ci ne sont pas uniquement liés à des événements brutaux conjoncturels, du fait de calamités naturelles réduisant le volume des récoltes, mais aussi à des événements cycliques. Inversement, avec le phénomène de diversification alimentaire croissante (blé, riz et tubercules, par exemple) dans les villes d’Afrique subsaharienne, l’intensité des échanges à l’échelle sous-régionale se renforce. Par ailleurs, au cœur des villes, l’accroissement des inégalités alimentaires d’accès contribue à structurer une diversité de marchés d’approvisionnement tant informels que formels (Crush et Frayne, 2011) : si les petits marchés et les « boutiques » sont fréquentés par les classes populaires, les supermarchés s’adressent plutôt aux classes moyennes émergentes.
32Pour leur part, dans ce dossier, Renato S. Maluf et Lidiane Fernandes Da Luz « Social Participation in Political Spaces and the Valuing of Culture as Empowering Resources to Promote Access to Quality Food in Brazil » s’intéressent aux reconfigurations récentes des relations entre production, distribution et consommation au Brésil. À cet effet, ils mobilisent le concept « d’espace politique d’approvisionnement » impliquant une pluralité d’acteurs et de systèmes alimentaires. La participation sociale et la valorisation des cultures locales sont autant de leviers pour favoriser la promotion de l’accès aux aliments de qualité. Au demeurant, ces dynamiques semblent de nature à apporter des réponses aux attentes des mangeurs en termes de qualité, mais surtout de proximité dans l’un des pays d’Amérique latine où la distance géographique et sociale peut renforcer certaines formes de marginalité (alimentaire).
33Mieux, la dimension locale de l’approvisionnement apparaît comme une tendance de fond. Après une période de bas coûts consécutifs à la crise mondiale de 2007-2008, les prix énergétiques n’ont cessé de grimper, réévaluant sensiblement les coûts du transport à longue distance. Ceci participe au redimensionnement géographique des systèmes alimentaires : le concept d’« espace de proximité » a le vent en poupe, prolongeant la notion de « bassin alimentaire » ou foodshed (Kloppenburg et al., 1996). Avec lui, ce sont les relations entre producteurs et consommateurs qui sont rediscutées (par les scientifiques) et peu à peu reconfigurées (par certaines dynamiques communautaires).
34Les actions visant à renforcer les circuits courts, de proximité, alternatifs, localisés se multiplient sur tous les continents (Chiffoleau, 2008 ; Deverre et Lamine, 2010 ; Van der Ploeg et al., 2012 ; Watts et al., 2005). Par ailleurs, les producteurs sont de plus en plus incités par les institutions de développement à s’impliquer dans les organisations censées les représenter et à répondre collectivement à des appels d’offres visant à approvisionner les marchés locaux ou les institutions d’aide. En parallèle, cette évolution s’est traduite par la montée en puissance de l’urban food planning ou des city region food systems (CRFS) [22], avec des choix forts en matière d’avitaillement/ravitaillement territorialisé de la part des institutions locales et régionales concernées (Pothukuchi et Kaufman, 1999). Dès le début de la décennie 2000, la FAO a mis en place son programme « Food into cities [23] », avant d’inscrire, depuis 2010, dans ses plans d’action « des aliments pour les villes » comme priorité. Ceci constitue une nouveauté, car les défis de l’approvisionnement étaient surtout posés pour les contextes ruraux.
35Dans son article « La contribution de l’agriculture urbaine à l’approvi-sionnement alimentaire de La Havane », Riadh Mestiri montre comment une action politique de grande ampleur conduit à la construction progressive d’un système agraire urbain, en réponse à une situation d’isolement géo-économique très handicapante. Cependant, l’objectif stratégique d’assurer la couverture des besoins alimentaires de la population de la capitale reste difficile à atteindre en dépit d’un engagement étatique appuyé : d’abord, par une phase de redistribution des terres et de coopérativisme et, plus récemment, par l’innovation agronomique des organopónicos et l’ouverture conjointe de marchés de proximité.
36De tels exemples de reconfiguration des systèmes alimentaires, autour d’une assise territoriale de proximité, sont désormais nombreux, de l’Europe à l’Amérique latine : ils sont l’expression d’une convergence forte entre mouvements favorables à la reconnaissance de certaines formes contractuelles d’agriculture paysanne et biologique, à la souveraineté alimentaire et à l’économie sociale et solidaire. Il est évident que ce basculement ne se fera pas sans une implication forte des pouvoirs publics (via la mise en place de mécanismes juridiques), à l’instar du Programme d’acquisition des aliments (PAA) [24], par les structures associatives et publiques communales (restaurants populaires, écoles, crèches, prisons) au Brésil (Moruzzi Marques et Le Moal, 2015), qui favorise les petits producteurs locaux.
37Outre les notions de relation et de circulation, le deuxième élément clé pour relire les systèmes d’approvisionnement est celui des logiques et des pratiques des acteurs impliqués (Hatcheu Tchawe, 2003), dessinant autant de rapports de pouvoir. Au cœur des connexions entre systèmes de production et de distribution, entre espaces ruraux et marchés urbains, se dessinent de multiples formes de relation, d’alliance, de dépendance où d’arrangement (Robineau, 2013) : entre producteurs/organisations paysannes et commerçants, entre élites marchandes et politiques, entre acteurs humanitaires et publics. Quel que soit le niveau de développement, de sécurité ou de stabilité d’une zone donnée, l’approvisionnement se décline autour d’un ensemble d’activités nécessitant des compétences techniques, un bon capital relationnel et une adaptabilité importante.
38Quant aux normes et aux règlements, ils ne sont pas à négliger. S’ils jouent un rôle marquant en période de crise, allant presque jusqu’à régenter les interventions des acteurs étatiques et humanitaires [25] (Enten, 2017), les choses paraissent moins contraignantes du point de vue des réseaux marchands locaux et régionaux : ces derniers bénéficient souvent de conditions plus souples – dont ils choisissent même parfois de s’affranchir – du fait de relations privilégiées avec l’appareil étatique ou d’une position oligopolistique (Poussart-Vanier, 2006). Dans les faits, ce sont eux qui assurent bien souvent la logistique de redistribution de l’aide [26]. Le bilan des promesses non tenues, pendant la crise alimentaire de 2007-2008, du point de vue des prix de détail, pour des denrées importées ayant bénéficié d’exonération de taxes à l’importation, est peu flatteur pour ces derniers (Janin, 2008).
39Enfin, cette question des pouvoirs marchands est au cœur de l’analyse de Samuel Pinaud des dynamiques observées dans un espace sahélo-soudanien dans l’Est du Burkina Faso « Le commerçant, le paysan et la distribution du pouvoir de marché dans la Gnagna (Burkina Faso) ». Cette « distribution du pouvoir de marché » est étudiée, à partir d’une enquête de terrain auprès de commerçants céréaliers, à trois niveaux : celui de la structure des échanges, celui de l’organisation sociale du commerce et celui des stratégies mises en œuvre. Ce pouvoir de marché ne se limite pas à un avantage informationnel, mais bénéficie aussi de la saisonnalité des disponibilités, des transferts et des spéculations. Plus dommageable pour les petits producteurs familiaux concernés, si la concurrence entre commerçants n’est pas absente, elle est socialement régulée, notamment en termes de prix. On se situe donc loin du cadre souhaité par les politiques favorables à l’amélioration du fonctionnement du marché.
40En guise de conclusion, on pourrait insister sur deux points peu abordés dans ce dossier. Les évolutions des modes de production, de transformation et de consommation alimentaires vont se faire, à des rythmes différents, avec à terme, un pouvoir accru de décision de la part du mangeur-acteur, au prix de luttes importantes avec les autres pouvoirs constitués. En contrepartie, et avec lui, viendront s’exprimer des aspirations multiples, parfois difficiles à satisfaire, susceptibles de créer de l’instabilité ou de la contradiction : entre qualité nutritionnelle, accessibilité économique, empreinte environnementale et valorisation sociétale, quelles priorités l’emporteront ? On pressent déjà également que des actions – et des politiques – plus efficientes, plus durables et mieux acceptées [27] passeront sans aucun doute par une meilleure contextualisation et territorialisation. Avec elles s’ouvre donc tout un champ de réflexion sur les manières de faire interagir – et non plus d’opposer – des systèmes alimentaires pluriels pour une meilleure sécurisation.
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Mots-clés éditeurs : commercialisation, État, approvisionnement, système alimentaire, sécurité alimentaire, politique d’importation, production agricole
Date de mise en ligne : 19/02/2019
https://doi.org/10.3917/ried.237.0007Notes
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[1]
Si, en milieu rural, les difficultés d’approvisionnement paraissent plutôt prévisibles et cycliques, hors situation de crise et de conflit, elles sont plus aléatoires et fractionnées temporellement en ville.
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[2]
La question de l’approvisionnement renvoie également à celle de la sécurisation alimentaire dans la mesure où elle privilégie « l’analyse des processus permettant de gérer durablement les approvisionnements et d’en assurer la sécurité d’une façon jugée fiable par différentes parties prenantes » (Hubert, 2006).
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[3]
Dans l’absolu, le champ d’analyse va au-delà, avec les interrogations sur la durabilité des modèles de production et de consommation alimentaires, compte tenu de la raréfaction et de la fragilisation des facteurs de ressources.
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[4]
Pour certains, l’obtention d’un label d’appellation d’origine et d’une bio-certification, passant par une action concertée associant l’État, les acteurs socio-économiques et les consommateurs, sont en cours ou envisagées (attiéké en Côte d’Ivoire).
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[5]
Ce type de recherche occupe désormais une place de plus en plus importante (Luo et al., 2018). Pour une définition de food supply chain, voir Marsden et al. (2000).
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[6]
Ce prisme a émergé plus tardivement en Afrique subsaharienne que dans les autres aires géographiques (Delisle, 1998) : la crise nigérienne de 2005 est ainsi fondatrice pour ce qui est des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE ou RUTF, en anglais) pour le traitement de la malnutrition sévère, tandis que les exigences des mangeurs citadins se construisent au fur et à mesure de la médiatisation des produits mondialisés et du renforcement de l’offre commerciale des supermarchés.
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[7]
La restructuration des rapports de pouvoir, au cœur des systèmes d’approvisionnement, constitue à la fois un champ d’analyse porteur et une voie nouvelle pour l’action publique ou citoyenne.
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Participant à la conquête d’une autonomie alimentaire tout en luttant contre les pertes et les gaspillages.
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[9]
En septembre 2018, le gouvernement britannique vient ainsi de nommer un sous-secrétaire d’État à l’approvisionnement en prenant conscience que son autosuffisance (25 % pour les fruits et les légumes) était loin d’être assurée avec un Brexit imminent.
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[10]
D’autant plus dans les situations de conflit où la survie immédiate des enfants est menacée et lève tout débat inutile.
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[11]
Faut-il plutôt distribuer des denrées, des bons ou de l’argent ? Est-il réaliste de prétendre contrôler les prix de détail sans système coercitif ? Est-il éthique de demander une contrepartie ?
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[12]
Le terme est ici pris dans son sens commun, au croisement de l’idée d’indépendance et d’autosuffisance alimentaire (Pouch, 2011), et non en référence à l’ensemble des mouvements sociaux et des mobilisations transnationales (Hrabanski, 2011) se réclamant de l’objectif politique de « souveraineté alimentaire », en termes d’accès à une nourriture suffisante et de qualité, comme par la maîtrise et le contrôle des processus et des facteurs de production agricole (Mormont, 2007).
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[13]
Ce rôle central de régulateur est ainsi clairement au cœur de l’émergence des « trajectoires agroalimentaires de produits nutritionnels de qualité » pour les vulnérables (Maestre et al., 2017).
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[14]
Cette prise de responsabilité est non seulement espérée mais revendiquée dans le cadre de mobilisations sociales populaires, en cas de pénurie (Hossain et Kalita, 2009).
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[15]
Soutien à la recherche agronomique, accroissement des subventions à la production, stabilisation des prix du marché intérieur, investissement massif dans la construction d’infrastructures rurales et d’irrigation.
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[16]
Cette circulation mondiale des denrées de base s’explique, pour une large part, par les choix hérités de la période coloniale en matière de spécialisation sur la base d’avantages comparatifs.
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[17]
En 2008, on a relevé la Grande Offensive pour l’alimentation et l’abondance (Goana) au Sénégal, l’Initiative riz au Mali, ou encore l’Offensive régionale pour la production alimentaire et contre la faim du CILSS, qui évoquent toutes une action rapide, planifiée et efficace.
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[18]
Cette action s’inspire des programmes de cash transfers, de food vouchers et de food for work, délivrant des ressources de manière graduelle et répétée dans le temps auprès des plus pauvres, en milieu rural comme urbain, depuis 2007-2008, dans plusieurs pays : Productive Safety Net Programme (PSNP), en Éthiopie ; Oportunidades, à Mexico ; ou le National Rural Employment Guarantee Scheme (NREGS), en Inde. Ils permettent d’assurer une capacité minimale d’auto-approvisionnement familial sans en garantir toutefois la pérennité. Le programme éthiopien lie, de manière étroite et positive, sécurité alimentaire, nutrition et sécurisation foncière (Lavers, 2013).
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[19]
Exemple du réseau de banques de céréales, au Mali, en 2005 (Arditi et al., 2011), ou de la Mission de régularisation et d’approvisionnement des produits de base (Mirap), au Cameroun, créée en 2011.
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[20]
Certains parleront aussi de « système agri-urbain » (Robineau et Soulard, 2017).
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[21]
La question d’un rééquilibrage, passant par de vigoureuses politiques incitatives d’appui (Elbehri et al., 2013) est, certes, dans les esprits, mais reste encore en devenir.
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[22]
Un « système alimentaire ville-région » peut être défini comme « un ensemble complexe de réseaux d’acteurs, de processus et de relations ayant trait à la production alimentaire, la transformation, la commercialisation, le marketing et la consommation au sein d’une région géographique donnée ayant, plus ou moins, un centre urbain concentré, des périphéries urbaines et un hinterland rural ; un ensemble régional au sein duquel des flux de personnes, de biens et de services écosystémiques sont gérés » (Blay-Palmer et al., 2018, p. 3, traduction de l’auteur).
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[23]
http://www.fao.org/fcit/food-marketing/fr/ (consulté en novembre 2018).
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[24]
Il constituait l’une des composantes du programme « Faim zéro » mis en place par le gouvernement Lula à partir de 2003.
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[25]
Particulièrement visible depuis l’élaboration d’un cadre harmonisé d’analyse et de traitement des crises alimentaires et nutritionnelles (Integrated Food Security and Humanitarian Phase Classification), élaboré conjointement par la FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM) dès 2006, et régulièrement amélioré depuis (Partenaires globaux IPC, 2012).
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[26]
En contrepartie, il convient aussi de rappeler les contraintes auxquelles ils font souvent face : accès difficile au crédit bancaire, quantité et qualité incertaines lors de la collecte de denrées locales, vétusté des infrastructures de transport, multiplicité des contrôles policiers et des taxations abusives (Pourcet, 1986 ; Egg et Herrera, 1998).
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[27]
Donc sensibles à la différence des besoins et des attentes comme de la diversité à maintenir de l’offre (Hinrichs, 2003).