Couverture de RHU_060

Article de revue

L’évolution des pratiques funéraires religieuses des Parisiens

La fouille du cimetière de l’ancien hôpital médiéval et moderne de la Trinité

Pages 97 à 126

Notes

  • [1]
    L’institut national de recherches archéologiques préventives intervient en amont de travaux touchant le sous-sol et les éventuels vestiges archéologiques. Si ces derniers sont avérés et à l’issue de la fouille, l’aménagement est réalisé. La présente opération archéologique a été menée sous la responsabilité d’Isabelle Abadie, archéo-anthropologue. L’anthropologie, en contexte archéologique, est l’étude des ossements humains issus des occupations du passé. La discipline permet de caractériser la population exhumée (âge au décès, sexe, état sanitaire, pratiques funéraires).
  • [2]
    Le dépôt des corps dans la fosse est simultané, à l’inverse d’une sépulture dite collective dans laquelle les dépôts sont successifs. Voir Philippe Chambon, « Les pratiques funéraires dans les tombes collectives de la France néolithique », Bulletin de la Société préhistorique française, no 97-2, 2000, p. 265-274, ici p. 266.
  • [3]
    En moyenne.
  • [4]
    Les datations radiocarbones ont été réalisées sur un individu par fosse, excepté pour la sépulture multiple 5, dont deux sujets ont fait l’objet d’analyses, l’une portant sur un individu du dernier niveau d’inhumation et l’autre sur un individu du premier niveau. Les résultats étant strictement identiques, contrairement à ceux des autres ensembles, ils confirment la contemporanéité des dépôts de la fosse 5.
  • [5]
    En archéologie, la stratigraphie est l’étude des couches superposées d’occupation humaine. Par le mobilier présent dans ces strates, une chronologie peut être établie.
  • [6]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins, d’accueil et d’assistance à Paris entre le xiie et le début du xvie siècle : implantation, architecture et aménagement, thèse de Doctorat, Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Nanterre, 2015, volume 2 : notices monographiques, p. 493.
  • [7]
    Dorothy-Louise Mackay, Les hôpitaux et la charité à Paris au xiiie siècle, Paris, Honoré Champion éditions, 1923, p. 17-18.
  • [8]
    Nicolas Bonfons, Jacques Du Breul, Gilles Corrozet, Les antiquitez et choses plus remarquables de Paris, Paris, 1608, p. 227.
  • [9]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 498.
  • [10]
    Louis Lazare, Félix Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris, Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855, p. 394, p. 731.
  • [11]
    Jacques Du Breuil, Théâtre des antiquités de Paris. Où est traicté de la fondation des eglises & chapelles de la cité, université, ville, & diocese de Paris : comme aussi de l’institution du parlement, fondation de l’université & colleges, & autres choses remarquables, Paris, c. 1612 [édition de 1639] Dubois, 1690-1710, p. 965 ; Eugène de Ménorval, Paris depuis ses origines jusqu’à nos jours, 1-2, Paris, 1889, p. 224.
  • [12]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 500.
  • [13]
    Ibidem, p. 501.
  • [14]
    Ibidem, p. 501.
  • [15]
    Hélène Noizet, La forme d’une ville : Paris au Moyen Âge, Dossier d’habilitation à diriger des recherches, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Paris, 2020, p. 88.
  • [16]
    Ibidem, p. 88-89, p. 132, p. 174-177.
  • [17]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 495.
  • [18]
    J. Cheymol, « L’hôpital de la Trinité en la rue Saint-Denis à Paris (1201-1790) », Bulletin de la Société française d’histoire de la médecine, 1983, p. 159-170, ici, p. 161-162.
  • [19]
    Roger Braun, L’église de l’Oratoire, Saint-Honoré ou du Louvre. L’enclos de la Trinité, son hôpital, son cimetière, Paris, Le centre de Paris, 1936, p. 31-53 ; Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 505.
  • [20]
    J. Cheymol, « L’hôpital de la Trinité... », op. cit., p. 161.
  • [21]
    Dorothy-Louise Mackay, Les hôpitaux et la charité..., op. cit., p. 18.
  • [22]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 499.
  • [23]
    La construction du bâtiment Félix Potin en 1910 a engendré cette destruction.
  • [24]
    La bordure est de la structure se trouve en dehors de la zone de fouille sous le boulevard de Sébastopol.
  • [25]
    Dominique Castex, « Les anomalies démographiques : clefs d’interprétation des cimetières d’épidémies en archéologie », dans Dominique Castex, Isabelle Cartron (sous la direction de), Épidémies et crises de mortalité du passé, Bordeaux, Ausonius, 2006, p. 109-138.
  • [26]
    Un grand nombre d’individus adultes restent toutefois non sexés (98). Cette lacune s’explique principalement par la présence d’une importante tranchée réalisée en 1910 au milieu de la fosse. Celle-ci a détruit les restes osseux de nombreux individus dont les os coxaux nécessaire à la détermination du sexe des sujets adultes.
  • [27]
    Une répartition par grandes classes d’âge est habituellement utilisée en anthropologie : 0, 1-4 ans, 5-9 ans, 10-14 ans et 15-19 ans.
  • [28]
    Sully Ledermann, « Nouvelles tables-types de mortalité », Institut National d’Études démographiques, Travaux et documents, no 53, 1969, p. 739-744.
  • [29]
    Les auteurs soulignent les difficultés et les imprécisions rencontrées face aux méthodes d’estimation de l’âge au décès des adultes d’un point de vue démographique. Jaroslav Bruzek, Aurore Schmitt et Pascal Murail, « Identification biologique individuelle en paléoanthropologie. Détermination du sexe et estimation de l’âge au décès à partir du squelette », dans Objets et Méthodes en Paléoanthropologie, CTHS, Paris, 2005, p. 217-246 ; Sacha Kacki, Influence de l’état sanitaire des populations anciennes sur la mortalité en temps de peste. Contribution à la paléo-épidémiologie, Thèse de doctorat, Université Bordeaux 1, Bordeaux, 2016.
  • [30]
    Adultes jeunes (20-29 ans), adultes jeunes à mâtures (30-39 ans), adultes mâtures (30- 49 ans), adultes mâtures à âgés (30-59 ans, + de 50 ans), adultes âgés (+ de 60 ans).
  • [31]
    Jean Acotto, Sylvia Bello, Corinne Bouttevin, Dominique Castex, Henri Duday, Olivier Dutour, Nathalie Moreau, Michel Panuel, Patrick Reynaud, Michel Signoli, « Des données archéologiques et anthropologiques aux interprétations », La saison d’une peste (avril-septembre 1590), le cimetière des Fédons à Lambesc, (Bouches-du-Rhône), sous la direction de Bruno Bizot, Dominique Castex, Patrick Reynaud, Michel Signoli, CNRS Éditions, 2005, p. 37-62, ici, p. 46-50 ; Dominique Castex, « Les anomalies démographiques... », op. cit., p. 111.
  • [32]
    Dominique Castex, « Les anomalies démographiques... », op. cit., p. 111, p. 119.
  • [33]
    Cette répartition n’est valable que pour cet échantillon et reste à nuancer en raison du nombre important d’adultes indéterminés (90).
  • [34]
    Dominique Castex, « Les anomalies démographiques... », op. cit. ; idem, Patrice Georges et Philippe Blanchard, « Complémentarité et discordances entre sources textuelles et sources archéo-anthropologiques en contexte de crises de mortalité par épidémie. Études de cas », Revue archéologique du centre de la France, no 47, 2008, p. 1-22, p. 13 ; Sacha Kacki, Influence de l’état sanitaire des populations..., op. cit., p. 62-64.
  • [35]
    Isabelle Abadie, « Le cimetière de l’hôpital de la Trinité à Paris : résultats préliminaires et perspectives », dans Sacha Kacki, Christopher Knüsel, Hélène Réveillas (sous la direction de), Rencontre autour du corps malade, 10e Rencontre du Groupe d’Anthropologie et d’Archéologie funéraire, 23, 24 et 25 mai 2018, Bordeaux, Bordeaux, à paraître.
  • [36]
    J. Cheymol, « L’hôpital de la Trinité... », op. cit., p. 162-163 ; Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 495, p. 505.
  • [37]
    Ibidem, p. 163.
  • [38]
    Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Les éditions de Minuit, 1960.
  • [39]
    Isabelle Abadie, « Le cimetière de l’hôpital de la Trinité... », op. cit.
  • [40]
    Cécile Treffort, L’Église carolingienne et la mort : christianisme, rites funéraires et pratiques commémoratives. Lyon, Éditions Presses universitaires de Lyon, 1994 ; eadem, « Du cimiterium christianorum au cimetière paroissial : évolution des espaces funéraires en Gaule du vie au xe siècle », Archéologie du cimetière chrétien : Sociétés et cadres de vie au Moyen Âge : approches archéologiques, Actes du 2ème colloque A.R.C.H.E.A. (Orléans 1994). Tours, sn, 1996, p. 55-64 ; Dominique Castex, Sacha Kacki, « L’impact des épidémies sur les usages funéraires du passé. Faits archéologiques versus idées reçues », Le cimetière au village dans l’Europe médiévale et moderne, 2015, p. 233-251, ici p. 241.
  • [41]
    À 90o, en position haute ou basse.
  • [42]
    Danièle Alexandre-Bidon, « Le corps et son linceul », À réveiller les morts : La Mort au quotidien dans l’Occident médiéval, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1993, p. 183-206 ; Cécile Treffort, L’Église carolingienne..., op. cit. ; eadem, « Du cimiterium christianorum au cimetière paroissial », ... op. cit.
  • [43]
    La taphonomie consiste à observer l’état des connexions entre les os d’un individu afin de déterminer dans quel type d’espace son corps s’est décomposé (espace vide ou colmaté). Voir Henri Duday, « Observations ostéologiques et décomposition du cadavre : sépultures en espace colmaté ou en espace vide ? », Revue du centre archéologique de la France, no 19-2, 1990, p. 193-196 ; Henri Duday, Pascal Sellier, « L’archéologie des gestes funéraires et la taphonomie », Les Nouvelles de l’archéologie, no 40, 1990, p. 12-14.
  • [44]
    Observations faites par Delphine Henri (Université de Tours, laboratoire Archéologie et Territoires).
  • [45]
    Hélène Réveillas, Dominique Castex, « Quels espaces d’inhumation pour les malades ? Traitement funéraire des décès en milieu hospitalier au Moyen Âge et à l’époque moderne », Cahiers Ades, Les espaces de la mort, colloque organisé par DOC’GEO, (7 avril 2009), Bordeaux, 2009, p. 15-28.
  • [46]
    Dominique Castex, Sacha Kacki, « La sépulture multiple de la basilique des Saints-Martyrs Just et Pastor : bio-archéologie des restes humains », Quaderns d’Archeologia i Historia de la Ciutat de Barcelona, Epoca II, no 10, 2014, p. 180-199.
  • [47]
    Jean de Venette, Chronique dite de Jean de Venette, Paris, Librairie générale française, 2011, p. 111-113.
  • [48]
    Stéphane Barry, Norbert Gualde, « La Peste noire dans l’Occident chrétien et musulman 1346/1347-1352/1353 », dans Dominique Castex, Isabelle Cartron (sous la direction de), Épidémies et crises de mortalité du passé, Bordeaux, Ausonius, 2006, p. 193-228, p. 212.
  • [49]
    Basée sur les séquelles osseuses, cette « discipline médico-historique participe à la connaissance de l’histoire naturelle des maladies et de l’état sanitaire des groupements humains du passé ». Pierre-Léon Thillaud, Lésions ostéo-archéologiques. Recueil et identification, Sceaux, Kronos B. Y. éditions, 1994, p. 12.
  • [50]
    Les lésions dégénératives incluent toutes les conditions associées à une perturbation de l’activité normale. Elles sont généralement considérées comme associées au vieillissement ou à des agressions cumulées (arthrose). Ibidem, p. 75. Parmi elles, l’arthrose et les enthésopathies peuvent avoir une « origine microtraumatique ». Voir Sébastien Villotte, « Les marqueurs ostéoarticulaires d’activité », dans Philippe, Charlier (sous la direction de), Ostéo-archéologie et techniques médico-légales, tendances et perspectives, pour un « manuel pratique de paléopathologie humaine, Paris, De Boccard, 2008, p. 383-389, ici p. 383.
  • [51]
    Ostéites, ostéites bactériennes (lèpre, tuberculose, syphilis, béjel, pian).
  • [52]
    Fractures, luxations, blessures diverses.
  • [53]
    Pierre Charon, « Méthodologie du diagnostic rétrospectif », dans Philippe Charlier (sous la direction de), Ostéo-archéologie et techniques médico-légales, tendances et perspectives, pour un « manuel pratique de paléopathologie humaine, Paris, De Boccard, 2008, p. 29-44, p. 30.
  • [54]
    Bernard-Yves Mafart, « Rôle de la pathologie dans l’organisation des nécropoles médiévales », dans Henri Galinié, Elisabeth Zadora-Rio (sous la direction de), Archéologie du cimetière chrétien, Actes du 2e colloque ARCHEA, Orléans, 29 septembre-1e octobre 1994,, Tours, 1996, p. 95- 102, p. 100.
  • [55]
    Sébastien Villotte, « Les marqueurs ostéoarticulaires d’activité », dans Philippe Charlier (sous la direction de), Ostéo-archéologie et techniques médico-légales, tendances et perspectives, pour un « manuel pratique de paléopathologie humaine, Paris, De Boccard, 2008, p. 383-389.
  • [56]
    Arthrosiques et enthésopathies.
  • [57]
    Isabelle Abadie, « Le cimetière de l’hôpital de la Trinité... », op. cit.
  • [58]
    Il conviendra d’affiner ces premiers résultats globaux, ainsi qu’une étude détaillée des indicateurs de stress, en corrélant l’âge au décès, le sexe des individus avec la localisation et le degré d’atteinte de ces diverses pathologies. Puis ces informations pourront être confrontées avec celles qui sont issues d’autres corpus archéologiques aux contextes similaires.
  • [59]
    Michel Signoli, Élisabeth Carniel, Olivier Dutour, « La peste : aspect épidémiologiques actuels et passés », dans Bruno Bizot, Dominique Castex, Patrick Reynaud, Michel Signoli (sous la direction de), La saison d’une peste (avril-septembre 1590) le cimetière des Fédons à Lambesc, (Bouches-du-Rhône), CNRS Éditions, 2005, p. 69-80, p. 79.
  • [60]
    Hélène Réveillas, Dominique Castex, « Quels espaces d’inhumation pour les malades ? Traitement funéraire des décès en milieu hospitalier au Moyen Âge et à l’époque moderne », Cahiers Ades, Les espaces de la mort, colloque organisé par DOC’GEO, (7 avril 2009), Bordeaux, 2009, p. 15-28.
  • [61]
    Dominique Castex, Sacha Kacki, « Funérailles en temps d’épidémie. Croyances et réalité archéologique », Les Nouvelles de l’archéologie, no132, juin 2013, p. 23-29.
  • [62]
    Ibidem.
  • [63]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 496.
  • [64]
    Ibidem, p. 501.
  • [65]
    Louis Lazare, Félix Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris, Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855, p. 731.
  • [66]
    Emile Raunié, Hélène Verlet (sous la direction de), Épitaphier du vieux Paris : recueil général des inscriptions funéraires des églises, couvents, collèges, hospices, cimetières et charniers, depuis le Moyen Âge jusqu’à la fin du xviiie siècle, Paris, 1890-2000, 1-12, 12, p. 261 ; Jean-Aimar Piganiol de la Force, Description historique de la ville de Paris et de ses environs, Paris, 1765, 1-8, p. 373 ; Jean-Baptiste Jaillot, Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris, Paris, 1775-1782, 1-5, tome 2, p. 20.
  • [67]
    J. Cheymol, « L’hôpital de la Trinité... », op. cit., p. 165-166.
  • [68]
    « L’ostéomyélite est une destruction osseuse (ostéolyse) intéressant l’os cortical, sous-cortical et la cavité médullaire, qui est fréquemment associée à la formation de cloaques et de séquestres » ; voir Pierre-Léon Thillaud, Lésions ostéo-archéologiques..., op. cit., p. 74.
  • [69]
    Ibidem ; Olivier Dutour, Jacques Berato, György Pàlfi, « Traumas and Activities : A case report about a polytraumatism from the Late Antiquity in France », Journal of Paleopathology, 5 (1), 1993, p. 17-24.
  • [70]
    Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Les éditions de Minuit, 1960.
  • [71]
    Ibidem.
  • [72]
    Jacques Tenon, Mémoires sur les hôpitaux de Paris, Paris, Imprimerie de Ph.-D. Pierres, 1788 ; J. Cheymol, « L’hôpital de la Trinité... », op. cit.
  • [73]
    Jacques Tenon, Mémoires sur les hôpitaux..., op. cit., p. 116 ; Dorothy-Louise Mackay, Les hôpitaux et la charité à Paris..., op. cit., p. 87.
  • [74]
    Jacques Tenon, Mémoires sur les hôpitaux..., op. cit., p. 17.
  • [75]
    Ibidem, p. 17.
  • [76]
    Elle se trouve actuellement dans l’angle des rues Greneta et Saint-Denis.
  • [77]
    Isabelle Abadie, « Le cimetière de l’hôpital de la Trinité... », op. cit.
  • [78]
    Avec la collaboration de PACEA UMR 5199, Anthropologie des Populations Passées et Présentes, Université Bordeaux 1, analyses en cours à Max-Planck-Institute for the Science of Human History, Jena, Germany.

1Une opération de fouille conduite par l’Inrap [1] en 2015 a permis la découverte de huit sépultures multiples [2], boulevard de Sébastopol, dans le 2e arrondissement de Paris. Répartis de manière inégale dans les fosses, les squelettes de 314 individus ont été mis au jour. L’étude des restes osseux est en cours. En revanche, les données rassemblées à ce jour (archéologiques, ostéologiques, textuelles, cartographiques) permettent de proposer des hypothèses et pistes de recherches relatives à l’origine de ces fosses. Une présentation du contexte archéologique, historique et topographique de l’intervention est nécessaire. Puis, les premières informations archéo-anthropologiques et sanitaires seront confrontées aux données textuelles relatives à ce lieu d’inhumation dont il émerge trois grands ensembles chronologiques. Enfin, cette approche croisée permettra de mieux caractériser ce site funéraire hospitalier et de comprendre son évolution à travers les siècles.

Contexte, datation, identification et localisation

2D’une durée de trois mois, l’opération archéologique se situait dans le 2e sous-sol du bâtiment Félix Potin, construit en 1910 (figure 1).

Figure 1

Photo de la fosse 5, dans l’angle de la cave 2. Cliché Isabelle Abadie, Inrap.

Photo de la fosse 5, dans l’angle de la cave 2. Cliché Isabelle Abadie, Inrap.

Photo de la fosse 5, dans l’angle de la cave 2. Cliché Isabelle Abadie, Inrap.

3Localisée à six mètres environ sous le boulevard actuel, l’intervention portait plus spécifiquement sur le niveau de sol conservé de six caves préexistantes au bâtiment. Ces caves sont construites en pierre de taille. Comprenant des restrictions spatiales liées au cloisonnement de l’espace en six cellules, une centaine de mètres carrés a néanmoins pu être fouillée par une équipe de trois archéologues [3].

4Des datations radiocarbones [4] et la stratigraphie [5] ont fourni une attribution chronologique de ces ensembles, qui n’ont par ailleurs livré aucun objet (figure 2).

Figure 2

Plan des fosses communes avec attribution chronologique par datations radiocarbones. DAO, Isabelle Abadie, Inrap.

Plan des fosses communes avec attribution chronologique par datations radiocarbones. DAO, Isabelle Abadie, Inrap.

Plan des fosses communes avec attribution chronologique par datations radiocarbones. DAO, Isabelle Abadie, Inrap.

5Localisée à l’est de l’emprise, la sépulture 5 apparait comme la plus ancienne structure funéraire du site (1280-1395). Les sépultures 1 et 2-4 sont légèrement plus tardives (1290-1405 et 1320-1435). Quant à la structure 6, elle est attribuée à une période comprise entre 1450 et 1640. Puis les fosses 7, 8-10, 9 et 11 sont les plus récentes avec des datations comprises entre 1445-1635, 1490-1655 et 1520-1665. Répartie sur quatre siècles environ, l’occupation funéraire mise au jour apparait donc diachronique. Elle se compose exclusivement de sépultures multiples dans l’emprise de fouille. En raison de sa localisation, ce cimetière a été identifié comme celui de l’hôpital médiéval et moderne de la Trinité.

6À l’origine nommé « hôpital de la Croix de la Reine », l’établissement de la Trinité est mentionné pour la première fois dans les documents d’archives vers 1202 [6]. Il fut fondé par Wilhem Effacuol et Jean De La Paslée [7]. Ces deux nobles allemands souhaitent créer un lieu d’accueil pour les pèlerins aux portes de Paris, la parcelle se situant en dehors de l’enceinte de Philippe-Auguste [8]. Un terrain d’un hectare est acheté au prieur de Saint-Lazare aux coins des rues Saint-Denis et Greneta, encore existantes. L’emprise de fouille est localisée dans cette parcelle à la forme triangulaire. En 1224, les deux nobles agrandissent leur établissement par l’achat de terrains qui doublent la surface du complexe hospitalier [9]. L’établissement est ensuite géré par les Prémontrés de l’abbaye d’Hermières-en-Brie. Dans un acte de 1280, l’établissement est nommé « hôpital de la Trinité-aux-Asniers » [10].

7Concernant l’organisation spatiale de l’hôpital, c’est un grand bâtiment en pierres de taille mesurant 43 mètres de longueur par 12 mètres de largeur et approximativement 6 à 8 m de hauteur est bâti [11], soit sur une surface [12] de 516 m2. Monté sur arcades, il se développe sur deux niveaux. En partie documentée, ce « corps de logis » serait « adjacent » à l’église et « orienté ». Plusieurs indices (absence de vis-à-vis avec le cimetière, aération par mesures d’hygiène) permettent de proposer l’hypothèse d’une implantation au sud de l’église [13]. Un bâtiment pour le clergé est également édifié. Celui-ci serait situé soit au nord, soit au chevet de l’église [14]. Localisée entre les rues Saint-Denis et Greneta, une chapelle est accolée au bâtiment d’accueil, elle sera remplacée par une église desservie par trois prêtres. Enfin, des maisons louées à des laïcs au bénéfice de l’hôpital sont également construites. L’accès principal de l’hôpital s’effectue par la rue Greneta, nommée rue Darnestat en 1300 [15]. S’il s’agit de nos jours d’une rue secondaire, plusieurs facteurs commerciaux, hydrauliques, religieux montrent qu’il s’agissait alors d’une voie importante reliant les deux principaux accès du nord au centre de Paris : la rue Saint-Martin-des-Champs, son abbaye et la rue Saint-Denis avec notamment la fontaine de la Croix-de-la-Reine [16]. Par ailleurs, il existait, rue Saint-Denis, deux entrées secondaires (passage de la Trinité, passage Basfour) et un accès par la rue Saint-Martin-des-Champs (passage Saint-Denis).

8Quant au cimetière de l’hôpital, il est créé en 1353 par le prévôt des marchands et les échevins de la ville contre l’avis des religieux et des malades [17]. Qualifié de « parisien » [18], ce lieu funéraire accueille ainsi des populations extérieures à celles qui bénéficiaient de soins ou vivaient dans l’enceinte hospitalière. Selon certaines sources [19], il s’étendait sur 2 344 m2. La tarification des inhumations est également connue : 18 deniers sont requis pour une « tombe individuelle », 8 deniers pour une « fosse commune » et 6 deniers pour une « tombe d’enfant » [20]. L’existence, dans les écrits de fosses communes dans le cimetière de la Trinité se trouve ainsi corrélée aux données archéologiques qui ont livré plusieurs sépultures multiples.

9Jusqu’à la fin du xiiie siècle, situé sur un axe passant aux portes de la ville, l’hôpital de la Trinité est donc une hôtellerie dédiée à l’accueil des pèlerins et des « pauvres » [21]. La vocation de l’établissement évolue par la suite en accueillant notamment des malades tandis que les pèlerins logent désormais dans d’autres établissements parisiens créés spécialement pour eux : Saint-Jacques, Sainte-Catherine.

Figure 3A

Extrait du plan d’Olivier Truschet et de Germain Hoyaux ou « plan de Bâle » de 1552.

Extrait du plan d’Olivier Truschet et de Germain Hoyaux ou « plan de Bâle » de 1552.

Extrait du plan d’Olivier Truschet et de Germain Hoyaux ou « plan de Bâle » de 1552.

Figure 3B

Extrait du plan de Mathieu Mérian de 1615.

Extrait du plan de Mathieu Mérian de 1615.

Extrait du plan de Mathieu Mérian de 1615.

Figure 3C

Extrait du plan de Jacques Gomboust de 1652.

Extrait du plan de Jacques Gomboust de 1652.

Extrait du plan de Jacques Gomboust de 1652.

Figure 3D

Extrait du plan de Michel-Etienne Turgot de 1734-1739 .

Extrait du plan de Michel-Etienne Turgot de 1734-1739 .

Extrait du plan de Michel-Etienne Turgot de 1734-1739 .

Figure 3E

Extrait du plan de Louis-Franc¸ois Deharme de 1763.

Extrait du plan de Louis-Franc¸ois Deharme de 1763.

Extrait du plan de Louis-Franc¸ois Deharme de 1763.

Figure 3F

Extrait du plan routier de la ville et faubourg de Paris divisé en douze municipalités de 1803.

Extrait du plan routier de la ville et faubourg de Paris divisé en douze municipalités de 1803.

Extrait du plan routier de la ville et faubourg de Paris divisé en douze municipalités de 1803.

10L’hôpital de la Trinité et son cimetière sont représentés sur diverses sources cartographiques datées entre le xvie et le xixe siècle.

11Ces figurés ont des points de convergence, ce qui permet une représentation approximative. La parcelle apparaît bordée de maisons. L’église figure systématiquement aux angles des rues Greneta et Saint-Denis. L’édifice de culte est cerné par un ensemble de bâtiments en « U » formant des cours intérieures (bâtiment d’accueil, maison des religieux). Quant au cimetière, toujours représenté au centre de l’établissement, il est également ceinturé de maisons et d’un mur. Il n’est pas visible de l’extérieur de l’enceinte hospitalière. Son accès principal semble s’effectuer à l’est par un portail situé au centre de la parcelle (Figure 3 A), même si un accès par l’église, rue Saint-Denis, est envisagé [22]. Ce lieu funéraire s’étend à l’ouest, côté rue Saint-Denis. La partie est de l’établissement, côté rue Saint-Martin, semble n’avoir jamais été dédiée aux morts.

12Fondée sur les plans du quartier antérieurs au percement des grands boulevards et sur l’emplacement des rues (Saint-Denis, Saint-Martin, Greneta) et des passages anciens encore existants (Trinité, Basfour), une proposition de restitution de l’emprise de l’hôpital et de son cimetière peut être soumise.

13Replacée sur le cadastre actuel, elle permet notamment de visualiser l’étendue hypothétique de cette aire funéraire. Il apparaît que la fouille d’une centaine de mètres carrés ne représente qu’un vingtième environ de sa surface totale.

Les pratiques funéraires de la fin du xiiie siècle à la fin du xive siècle

14Trois sépultures multiples sont attribuées à cette fourchette chronologique (sépultures 1, 2-4 et 5). En raison du stade d’avancement de l’étude, de sa datation (la plus ancienne) et de l’importance du nombre de défunts se distinguant des autres ensembles, seule la fosse 5 sera présentée dans le cadre de cette contribution. Celle-ci comprend en effet 218 corps mais elle est incomplète (figure 5).

Figure 4

Proposition de restitution en plan de l’hôpital de la Trinité et de son cimetière d’après les sources écrites et les représentations anciennes. Relevé topographique Mehdi Belarbi, Inrap, DAO Isabelle Abadie, Inrap.

Proposition de restitution en plan de l’hôpital de la Trinité et de son cimetière d’après les sources écrites et les représentations anciennes. Relevé topographique Mehdi Belarbi, Inrap, DAO Isabelle Abadie, Inrap.

Proposition de restitution en plan de l’hôpital de la Trinité et de son cimetière d’après les sources écrites et les représentations anciennes. Relevé topographique Mehdi Belarbi, Inrap, DAO Isabelle Abadie, Inrap.

15Ses extrémités nord, sud et est ont été détruites [23] ou sont inaccessibles [24]. Six niveaux de corps au minimum se superposent, sachant que les couches supérieures ont également été arasées en 1910. Les squelettes s’étagent sans interruption ni dépôt de sédiment entre les corps attestant d’une seule « phase d’inhumation ». En plan, les défunts ont été disposés en rangées et déposés tête-bêche. Le moindre emplacement, même restreint, est occupé, comme l’indique la présence de deux sujets immatures orientés différemment du reste du corpus et placés dans un espace confiné en bordure de fosse. Cette organisation particulière en plan et en coupe atteste ainsi d’un dépôt simultané des corps, bien qu’en nombre très important (218 au minimum), et d’un souci flagrant de rentabilité de l’espace lié à ce chiffre hors norme. Ces décès en masse reflètent donc une mortalité non naturelle traduisant une crise de mortalité [25]. L’hypothèse d’un épisode de violence ne peut pas être retenue, les corps n’ayant livré aucun traumatisme permettant de caractériser ce type de contexte (lésions traumatiques péri-mortem). Une épidémie et/ou une famine apparaissent donc uniquement envisageables dans ce contexte.

16La répartition des individus inhumés dans cette structure 5 indique que hommes, femmes et enfants sont représentés [26]. Il s’agit donc d’un échantillon reflétant l’ensemble de la population. L’âge au décès de 128 sujets adultes et immatures a pu être estimé. 36 sujets immatures, 182 adultes dont 37 femmes et 47 hommes ont été dénombrés. Concernant les sujets immatures [27], la confrontation des courbes issues d’une part de la distribution par âge des individus du corpus de la Trinité (en jaune) et d’autre part d’un corpus de référence (en bleu) (tables-types de mortalité juvénile pré jennériennes [28]) est possible. Elles mettent en évidence une sous-représentation des 0 et des 1-4 ans à la Trinité au regard d’une mortalité infantile naturelle de populations aux conditions sanitaires similaires à celles du passé.

Figure 5

Photogramétrie du site avec délimitation des fosses. Photogramétrie, Mehdi Belarbi, Inrap, DAO, Isabelle Abadie, Inrap.

Photogramétrie du site avec délimitation des fosses. Photogramétrie, Mehdi Belarbi, Inrap, DAO, Isabelle Abadie, Inrap.

Photogramétrie du site avec délimitation des fosses. Photogramétrie, Mehdi Belarbi, Inrap, DAO, Isabelle Abadie, Inrap.

17Quant aux sujets adultes [29], seule une distribution par grandes catégories d’âge [30] peut être réalisée en anthropologie empêchant ainsi toute comparaison de courbes à l’image de celle menée sur les sujets immatures. Néanmoins la détection d’anomalies dites démographiques [31] liées à ces grandes classes d’âge est possible (figure 6). Les sujets jeunes, jeunes à matures et matures (52 individus), plutôt de sexe masculin, sont plus nombreux que les sujets matures à âgés et âgés (39 individus). L’inverse est généralement observé en contexte archéologique et cimétérial dont la mortalité est dite plus classique [32]. Cette part importante et inhabituelle des adultes jeunes mérite d’être soulignée [33]. Les résultats de travaux menés sur la mortalité en contexte de peste [34] évoquent un sureffectif des 5-29 ans apparaissant comme une constante. Une distribution singulière, non naturelle, des jeunes adultes de la Trinité est ainsi mise en évidence. Il convient de s’interroger sur cette « répartition spécifique qui pourrait constituer un indice en faveur d’une crise de mortalité liée à la peste, pour la fosse 5 » [35].

18Au regard des datations radiocarbone (1280-1395) et des données biologiques (crise de mortalité liée à une maladie et/ou à une famine, mortalité exacerbée des adultes jeunes), l’hypothèse de la peste noire de 1348 et de ses résurgences peut être proposée. Une autre source la corrobore, celle des écrits. En effet, si la création du cimetière est un peu plus tardive (1353), comme précisé plus haut, certains auteurs [36] mentionnent que des corps de pestiférés de l’Hôtel-Dieu sont accueillis à la Trinité en raison du manque de places dans le cimetière des Saints-Innocents. Des grandes tranchées sont ouvertes [37]. Suite aux résurgences de l’épidémie en 1428 et 1466, de nouveaux corps de pestiférés sont inhumés à la Trinité [38]. Puis, l’Hôtel-Dieu conservera la moitié du cimetière de l’établissement où de grands charniers contenant jusqu’à « 600 cadavres » sont creusés. La concomitance des données issues de la fosse 5, des dates entre l’épidémie, ses résurgences (1414 et 1428) et la création du cimetière de l’hôpital, ouvert à tous, suggère donc un lien entre ces évènements [39].

Figure 6

En haut, à gauche, courbes issues des tables-types de Ledermann (1969) et de la répartition des sujets immatures par grandes classes d’âge, sépulture multiple 5 ; en haut, à droite, distribution par grandes classes d’âges des sujets adultes, sépulture multiple 5 ; en bas, à gauche, courbes issues des tables-types de Ledermann (1969) et de la répartition des sujets immatures par grandes classes d’âge, sépultures multiples 7 à 11 ; en bas, à droite, distribution par grandes classes d’âges des sujets adultes, sépultures multiples 7 à 11. Diagrammes, Isabelle Abadie, Inrap.

En haut, à gauche, courbes issues des tables-types de Ledermann (1969) et de la répartition des sujets immatures par grandes classes d’âge, sépulture multiple 5 ; en haut, à droite, distribution par grandes classes d’âges des sujets adultes, sépulture multiple 5 ; en bas, à gauche, courbes issues des tables-types de Ledermann (1969) et de la répartition des sujets immatures par grandes classes d’âge, sépultures multiples 7 à 11 ; en bas, à droite, distribution par grandes classes d’âges des sujets adultes, sépultures multiples 7 à 11. Diagrammes, Isabelle Abadie, Inrap.

En haut, à gauche, courbes issues des tables-types de Ledermann (1969) et de la répartition des sujets immatures par grandes classes d’âge, sépulture multiple 5 ; en haut, à droite, distribution par grandes classes d’âges des sujets adultes, sépulture multiple 5 ; en bas, à gauche, courbes issues des tables-types de Ledermann (1969) et de la répartition des sujets immatures par grandes classes d’âge, sépultures multiples 7 à 11 ; en bas, à droite, distribution par grandes classes d’âges des sujets adultes, sépultures multiples 7 à 11. Diagrammes, Isabelle Abadie, Inrap.

19Pour autant, cette crise de mortalité, qu’elle soit ou non liée à la peste, n’a généré aucune négligence dans la gestion des défunts. Au contraire, aucun corps n’a été jeté dans l’urgence. La rigueur des dépôts et le respect des pratiques funéraires en usage en contexte plus classique sont perceptibles à travers la position des défunts (orientation, position, port du linceul) [40]. Malgré l’empilement des corps, ces derniers sont inhumés en grande majorité sur le dos (59 %) et moins fréquemment sur le côté (23 %). Les membres supérieurs apparaissent quasi-systématiquement croisés [41]. Par ailleurs, la fosse a été creusée de manière à ce que les corps soient orientés, toujours selon les préconisations de l’Église [42]. Seuls les deux sujets immatures, mentionnés plus haut, font exception mais celle-ci résulte de la très forte contrainte spatiale comme vu plus haut. Les résultats de l’étude taphonomique [43] témoignent également de ces mêmes pratiques funéraires en usage. De fortes contraintes s’observent sur les membres supérieurs et inférieurs. Les mains sont plaquées sur les épaules ou dans la zone du cou, les pieds sont superposés. Ces maintiens caractéristiques du port du linceul ont donc permis la mise en évidence du port de cette enveloppe textile dans 96 cas probants et dans 38 cas restant hypothétiques. De surcroît, une vingtaine de fragments de tissu, localisés dans toutes les fosses, ont été découverts sur plusieurs restes osseux. Leur couleur et leur trame sont identiques bien qu’ils proviennent de plusieurs couches superposées [44]. De plus, ces fragments sont présents sur l’ensemble du corps, incluant dans certains cas le visage et les pieds. Ils attestent donc du port généralisé d’un linceul. Enfin, l’absence totale d’épingles, de boucles ou d’agrafes suggère l’hypothèse de linceuls cousus. Cette pratique est visible sur une illustration de l’Hôtel-Dieu à Paris au xvie siècle, donc dans un contexte statutaire, géographique et chronologique similaire à celui de la Trinité (figure 7).

20Ainsi, malgré une situation de mortalité hors norme, les observations menées sur ces sujets inhumés montrent le respect des pratiques funéraires en vigueur dans les cimetières paroissiaux médiévaux et modernes. D’autres corpus archéologiques liés à des contextes hospitaliers et épidémiques ont notamment permis la mise en évidence des mêmes égards pour les défunts à Troyes, Reims, Verdun et Épinal [45]. Datée du xive siècle et liée à la peste, la sépulture multiple de la basilique des Saints-Martyrs Just et Pastor à Barcelone montre en particulier de nombreux points communs avec celle de la Trinité comme le contexte urbain, le grand nombre de défunts dans une même fosse, les corps tête-bêche, les vestiges textiles en lin ou chanvre [46].

21Enfin, du point de vue des témoignages contemporains de l’épidémie, peu fréquents, la chronique de Jean de Venette mérite d’être évoquée. L’auteur fait mention d’une mortalité très importante en 1348 et 1349 dans la capitale, et particulièrement chez les sujets jeunes, les sujets âgés étant moins touchés. Il témoigne des religieux courageux continuant à administrer les sacrements ainsi que du dépôt fait « dévotement » en chariot de plus de 500 cadavres par jour au cimetière des Saints-Innocents. Il mentionne aussi le fait « que nul ne trépassait sans s’être confessé et avoir reçu le saint viatique » [47]. Ainsi, selon ce témoin et malgré le fléau, le respect des pratiques funéraires en vigueur en contexte de mortalité plus classique semble respecté, au moins durant les premiers temps de l’épidémie. En terme de « démographie », l’unique information disponible à ce jour concerne la plus grande paroisse de Paris, celle de Saint-Germain-l’Auxerrois. « On y enregistra 3 116 morts du 25 avril 1349 au 20 juin 1350 » [48].

Figure 7

Représentation de l’Hôtel Dieu à Paris au xvie siècle (Fac-similé d’une gravure sur bois du xvie siècle, entête d’un registre manuscrit intitulé : « Le pardon, grâces et facultés octroyées à Monsieur l’Archevêque patriarche de Bourges et primat d’Aquitaine, aux bienfaiteurs de l’Hostel-Dieu de Paris », bibliothèque de Bourgogne, à Bruxelles,

Représentation de l’Hôtel Dieu à Paris au xvie siècle (Fac-similé d’une gravure sur bois du xvie siècle, entête d’un registre manuscrit intitulé : « Le pardon, grâces et facultés octroyées à Monsieur l’Archevêque patriarche de Bourges et primat d’Aquitaine, aux bienfaiteurs de l’Hostel-Dieu de Paris », bibliothèque de Bourgogne, à Bruxelles,

Représentation de l’Hôtel Dieu à Paris au xvie siècle (Fac-similé d’une gravure sur bois du xvie siècle, entête d’un registre manuscrit intitulé : « Le pardon, grâces et facultés octroyées à Monsieur l’Archevêque patriarche de Bourges et primat d’Aquitaine, aux bienfaiteurs de l’Hostel-Dieu de Paris », bibliothèque de Bourgogne, à Bruxelles,

source : Exposition au musée de l’Assistance publique de Paris). En bas à gauche, usage de linceuls cousus. DAO, Isabelle Abadie, Inrap.

22L’état sanitaire des individus est en cours d’étude [49]. Dans le cadre de cette contribution, il n’est donc pas possible de comparer ce corpus à d’autres, hormis avec les données issues des fosses multiples plus tardives du même site. Concernant la fosse 5, sont représentées dans cet ordre décroissant les anomalies dégénératives [50], les pathologies infectieuses [51] et enfin les lésions traumatiques [52] (figure 8).

23En archéologie, en raison du seul « matériel » osseux disponible, la première et la troisième de ces catégories sont généralement les mieux représentées [53]. Par ailleurs, les pathologies infectieuses laissent rarement des atteintes ostéo-articulaires rendant leur diagnostic difficile [54]. Le nombre important de cas infectieux à la Trinité interpelle donc, même s’il convient toutefois de rester prudent en l’absence d’une étude détaillée de ces atteintes et d’un travail de comparaison avec d’autres corpus. En matière de pathologies traumatiques, un sujet se démarque par l’importance et le nombre des lésions. Il s’agit d’un homme mature à âgé ayant subi un polytraumatisme. De multiples et importantes fractures sont visibles du côté gauche de son squelette (côtes, fémur, tibia, fibula). Si ces lésions ont entrainé une claudication (raccourcissement de la jambe), l’ancienneté des cals montre que ces blessures ont cicatrisé longtemps avant le décès de l’individu. Bien qu’anecdotique, ce cas évoque les notions de soin et de prise en charge. À propos des anomalies dégénératives, quelques observations méritent d’être soulignées. Ce type de pathologie, liée à la sénescence, est ainsi plus fréquemment observé sur des populations âgées [55]. Ces lésions [56] semblent pourtant très présentes sur les jeunes adultes de la Trinité (Figure 8), elles seraient donc plutôt à mettre en relation avec des conditions de vie difficiles [57]. Bien entendu, ces premiers constats doivent être complétés par le travail d’analyse restant à poursuivre [58].

Les pratiques funéraires entre la fin du xive siècle et la fin du xviie siècle

24Toutes plus tardives (1450-1665), les cinq autres sépultures multiples découvertes sur le site (structures 6, 7, 8-10, 9 et 11) sont également de taille plus réduite. Au total, 96 individus sont représentés. Ils se répartissent inégalement entre 5 et 39 individus par structure (figure 5). L’organisation interne de ces ensembles apparaît peu rigoureuse. Si les mêmes pratiques semblent respectées sur l’ensemble des corps (inhumation sur le dos majoritaire, membres supérieurs croisés, port du linceul), leur dépôt est ici plus aléatoire. Il n’y a plus d’organisation en rangée, ni d’orientation unique. Les individus peuvent être déposés perpendiculairement ou en diagonale. Certains sujets adultes sont fortement contraints (axe naturel du corps non respecté) contre les bords de fosse. Enfin, inhumés dans la fosse 7, deux individus ont été déposés sur le ventre, ce qui peut être interprété comme un manque de soin envers le défunt ou comme un marqueur d’urgence dans le processus d’inhumation en contexte de crise sanitaire [59]. Si l’aspect accidentel ou volontaire de ces deux cas isolés reste indéterminé, l’organisation générale des corps semble en revanche caractérisée par un mode de dépôt moins soigné, contrastant avec la gestion rigoureuse des corps de la fosse 5.

Figure 8 : En haut, à gauche, répartition des pathologies par type, sépulture multiple 5 ; en haut, à droite, répartition des atteintes arthrosiques et enthésopathies sur les jeunes adultes, sépulture multiple 5 ; en bas, à gauche, répartition des pathologies par type, sépultures multiples 7 à 11 ; en bas, à droite, répartition des atteintes arthrosiques et enthésopathies sur les jeunes adultes, sépultures multiples 7 à 11. Diagrammes, Isabelle Abadie, Inrap.

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Figure 8 : En haut, à gauche, répartition des pathologies par type, sépulture multiple 5 ; en haut, à droite, répartition des atteintes arthrosiques et enthésopathies sur les jeunes adultes, sépulture multiple 5 ; en bas, à gauche, répartition des pathologies par type, sépultures multiples 7 à 11 ; en bas, à droite, répartition des atteintes arthrosiques et enthésopathies sur les jeunes adultes, sépultures multiples 7 à 11. Diagrammes, Isabelle Abadie, Inrap.

25Avec pour objectif une homogénéité chronologique, l’étude anthropologique de ces ensembles des xvie-xviie siècles exclut la fosse 6. En effet, comme elles sont contemporaines, seules les fosses 7, 8-10, 9 et 11 sont ici comptabilisées. Elles constituent ainsi un ensemble funéraire cohérent et de plus suffisamment important pour être représentatif. Pour ce groupe de sépultures multiples, ont donc été dénombrés vingt-deux sujets immatures et quarante-huit adultes. Parmi ces derniers, onze sont féminins, quinze sont masculins et vingt-deux sujets restent de sexe indéterminé. Concernant les sujets immatures, la répartition par grandes classes d’âge montre une sous-représentation des 0-4 ans tandis qu’à l’inverse, les 10-19 ans sont en sureffectif (figure 6). Une anomalie démographique est donc mise en évidence. Quant à la distribution par grandes catégories d’âge des adultes, elle indique que la mortalité des jeunes (20-29 ans) est la plus importante. Elle décroît ensuite au fur et à mesure du vieillissement des individus (figure 6). Les sujets âgés apparaissent finalement très peu présents, phénomène inverse à celui observé en contexte de mortalité dite naturelle comme mentionné précédemment. S’il est important de préciser que dix-neuf individus adultes sont d’âge au décès indéterminé, il subsiste néanmoins plusieurs anomalies démographiques. La distribution déjà sélective des sujets de la fosse 5 est ici encore plus marquée avec cette surreprésentation des « 10-14 », « 15-19 » et « 20-29 » ans. Elle s’apparente ainsi de manière encore plus affirmée à un profil démographique issu de corpus archéologiques de pestiférés.

26Premièrement, la fouille archéologique a ainsi mis en évidence une gestion moins rigoureuse des sépultures multiples les plus tardives. Deuxièmement, l’abandon d’une grande fosse unique au profit de plusieurs structures de tailles plus réduites est constaté. Les raisons de ces changements posent question. Une même cause de mortalité doit-elle être envisagée pour tous les ensembles, même si la distribution par âge au décès des sujets des fosses modernes est fortement comparable à d’autres exemples archéologiques liés à la peste ?

27S’il s’agit bien uniquement de fosses de pestiférés, le regard des contemporains a-t-il donc évolué sur la maladie par rapport au xive siècle, provoquant un changement des pratiques funéraires ? Les corpus archéologiques urbains relatifs à la peste semblent en effet révéler une différence de traitement entre le Moyen Âge et la période moderne. Si les pratiques funéraires en usage semblent appliquées dans la mesure du possible au xive siècle [60], durant la période moderne, « l’absence de réelle organisation interne » est perceptible [61]. En revanche, ces mêmes exemples montrent aussi un accroissement de la taille des fosses avec le temps [62], ce qui semble être l’inverse à la Trinité.

28Dans le cas où les sépultures multiples modernes de la Trinité ne seraient pas dédiées aux pestiférés, d’autres causes de mortalité doivent être envisagées. Dans un premier temps, il convient de se tourner à nouveau vers les données textuelles. Le premier changement de vocation de l’hôpital résulte de son intégration dans Paris par l’édification de l’enceinte Charles V au début du xve siècle. Il perd alors son rôle premier d’accueil des voyageurs aux portes de la capitale entraînant un changement profond de ses fonctions [63]. Puis, entre 1521 et 1544, famines et épidémies diverses se succèdent à Paris. Les guerres d’Italie et la vérole de Naples vont aussi avoir des conséquences sur la Trinité, l’Hôtel-Dieu ne suffisant pas à accueillir les victimes de la syphilis. En janvier 1536, le parlement donne l’ordre d’utiliser la grande salle haute pour ces malades et la salle basse pour les autres (les personnes atteintes notamment de la teigne, de la gale, de diarrhées et d’hémorroïdes). À partir de 1545, un procès-verbal destine plusieurs établissements parisiens à l’accueil des enfants abandonnés et illégitimes, dont l’hôpital de la Trinité [64]. Administré par « le curé de la paroisse Saint-Eustache et quatre bourgeois notables de la ville » [65], l’établissement accueille désormais des orphelins âgés de plus de sept ans jusqu’à sa fermeture. Logés dans la grande salle d’accueil dans un premier temps, de nouveaux bâtiments « donnant sur le cimetière » sont construits pour les enfants dans un second temps. Enfin, en 1562, la gestion de l’hôpital est confiée à une institution laïque « Le Grand Bureau des Pauvres » [66]. Conséquence des guerres de religions, des épidémies et des famines, « l’hôpital héberge des mercenaires sans emplois, des mutilés de guerre sans pension, des familles paysannes sans toit, des chômeurs sans indemnités etc. » [67]. Ces informations sur l’état sanitaire et les classes sociales des occupants du site sont essentielles pour comprendre les répercussions d’une telle distribution sur la population inhumée à la Trinité. Un changement du statut social des défunts à l’époque moderne (populations défavorisées) pourrait-il être à l’origine des modifications observées en matière de pratiques funéraires ? L’accueil de soldats atteints de la syphilis ou d’orphelins à partir du xvie siècle dans l’hôpital a-t-il notamment eu un impact sur cette distribution particulière des fosses communes les plus tardives, composées d’adolescents et de jeunes adultes ? Dans quelle proportion ces sépultures multiples peuvent être liées à la mortalité de l’hôpital hors épidémie de peste ? Les sources textuelles laissent effectivement entendre que des fièvres ou des famines sont récurrentes à Paris et qu’elles ont un impact sur la Trinité.

29Dans un second temps, si l’on examine maintenant les résultats sanitaires de cet ensemble funéraire, les cas relatifs aux infections s’avèrent encore un peu plus nombreux que pour la fosse 5 du xive siècle (où ils étaient déjà bien représentés) (figure 8). Il s’agit notamment de sujets atteints d’ostéomyélites [68]. Mais cette lésion infectieuse est dite « non spécifique » et peut donc résulter de plusieurs maladies sans que l’on puisse identifier laquelle [69]. De plus, à ce stade de l’étude et comme expliqué plus haut, ce constat n’est valable qu’au sein de notre corpus en attendant des études abouties et comparatives. En revanche, quelques individus présentent des lésions plus spécifiques laissant envisager la tuberculose. Enfin, le crâne d’un individu féminin mature inhumé dans la fosse 8-10 arbore les stigmates de la syphilis. Bien que constituant un cas unique du corpus, ce sujet fait écho aux sources textuelles mentionnant l’accueil de syphilitiques. De plus, s’il s’agit du seul cas dont les lésions sont visibles sur les os, cela ne signifie pas que d’autres sujets ne sont pas atteints. En effet, de nombreuses pathologies ne laissent pas de séquelles sur les os (comme la peste) ou seulement à des stades avancées et/ou spécifiques (comme la tuberculose ou la syphilis). La détection dans l’ADN de ces divers agents pathogènes (en cours) sera déterminante pour une caractérisation approfondie de l’état sanitaire de notre corpus.

Les pratiques funéraires à partir de la fin du XVIIe siècle et l’évolution de l’établissement jusqu’à sa fermeture

30L’emprise de fouille n’a délivré aucune sépulture postérieure à 1665 (fosse 8-10). Cela n’exclut aucunement l’existence de structures (multiples ou individuelles) dans le cimetière de l’hôpital après cette date puisque l’intervention archéologique ne couvre pas la superficie totale de l’aire funéraire. Néanmoins, les sources textuelles laissent entendre qu’à compter de la fin du xviie siècle, le secteur dédié aux inhumations est fortement rétréci. Il apparaît même que ce processus est entamé dès la seconde moitié du xvie siècle. En 1547, une enquête de voisinage dénonce les problèmes d’insalubrité liés au cimetière, tels les odeurs pestilentielles, les transports de cadavre etc. Une lutte des habitants s’engage pour le faire réduire. En 1554, malgré la prescription du roi Henri II, l’Hôtel-Dieu continue pourtant de faire inhumer ses morts à la Trinité. C’est finalement en 1672 que l’Hôtel-Dieu et la Trinité achètent conjointement un terrain dans le faubourg Saint-Marcel pour y transférer progressivement leur cimetière commun entre 1678 et 1692. Les places libérées par cet important rétrécissement de la zone funéraire sont transformées en ateliers et en boutiques. Antérieures à 1910, les fondations des caves mises au jour lors de la fouille archéologique ont été construites dans les niveaux d’inhumations. Elles s’apparentent ainsi à ces ateliers et boutiques édifiés au xviiie siècle. À compter de ce premier transfert des ossements de la fin du xviie siècle et jusqu’à la fermeture de l’établissement, seules 49 inhumations de protestants sont pratiquées à la Trinité [70], soit au nord et en dehors de notre emprise de fouille. En effet, depuis l’édit d’Amboise en 1563, le droit de sépulture est accordé aux protestants dans les cimetières catholiques dont celui de la Trinité. En 1576, un secteur « d’une superficie de 63 toises » (122,787 mètres) parmi les « 1180 toises » (2,29982 km) du cimetière complet leur est réservé au nord, à l’opposé de la chapelle, « en bordure du passage Basfour » [71]. Le constat peut donc être fait qu’au delà de la fin du xviie siècle, le secteur funéraire de la Trinité tend à disparaître. Il ne concerne plus que quelques inhumations de protestants dont les tombes se trouvent en dehors de l’opération archéologique.

31D’un point de vue cartographique, davantage de bâtiments et de cours intérieures en « U » se développent effectivement vers le nord avec le temps, empiétant sur le cimetière (Figure 3 D E). Ils semblent illustrer l’accueil des populations diversifiées par les changements de vocations de l’hôpital, dont les orphelins et la création de boutiques et d’ateliers. Entre les représentations du xvie siècle et celles de la fin du xviie siècle, l’aire sépulcrale voit sa surface diminuer approximativement de moitié jusqu’à disparaître complètement (Figure 3 F).

32À la fin du xviie siècle, le cimetière est donc désaffecté et l’hôpital connait de graves problèmes financiers. La grande salle du bâtiment d’accueil est louée. Au xviiie siècle, l’établissement apparait essentiellement dédié à l’accueil des orphelins (plus de 1 000), tout comme une dizaine d’établissements parisiens [72]. En effet, les malades « contagieux » seront alors préférentiellement accueillis dans des complexes plus éloignés, situés en dehors de l’enceinte de Philippe-Auguste [73]. Les personnes nécessitant des soins sont alors classées par type (maladies contagieuses, vénériennes, aliénation, accouchement) et réparties en fonction de ce classement dans les 47 autres établissements d’accueil de la capitale [74]. Selon cette même source, à la fin du siècle, six sœurs s’occupent d’une centaine d’enfants à la Trinité [75]. En 1790, l’établissement ferme ses portes alors que 180 garçons et 36 filles y sont encore en apprentissage. En 1812, les bâtiments sont vendus. Entre 1813 et 1843, les ossements du cimetière sont transférés aux Catacombes de Paris. En 1817, l’église est démolie. À ce jour, hormis un vestige de la fontaine de la reine datée de 1732 [76], il ne reste plus aucun élément en élévation de cet établissement de soins.

Discussion et perspectives

33Ce premier bilan des sources livre des informations sur la topographie de l’hôpital et de son cimetière (dimensions, fonctions, répartition des bâtiments, accès). L’évolution spatiale de l’établissement est également perceptible : construction de nouveaux édifices sont construits, le cimetière est rétréci. Le croisement des données de tous ordres fournit des indices sur les populations accueillies et inhumées au sein de l’hôpital. Dans un premier temps, cette étude conjointe permet de renforcer certaines hypothèses comme celle d’une crise de mortalité résultant de la peste noire et de ses résurgences pour la fosse 5 [77]. En effet, une parfaite corrélation s’établit entre les datations radiocarbones, les dimensions importantes de la structure, la mise en évidence d’une mortalité de masse, une sélection des individus représentative de celle observée en contexte d’épidémie de peste et la mention de ces grandes fosses dans lesquelles sont déposés les cadavres de pestiférés de l’Hôtel-Dieu. Des analyses ADN [78] sont en cours afin de détecter la présence de son agent pathogène, elles viendront confirmer, ou non, nos hypothèses.

34L’apport conséquent des sources écrites permet également de constater que, indépendamment de la peste, à partir de la fin du xive siècle, les populations vivant et mourant à la Trinité apparaissent essentiellement défavorisées ; elles sont touchées par les famines, la guerre ou l’indigence. D’autres causes de mortalité doivent ainsi être envisagées pour les ensembles d’époque moderne. L’approche sanitaire, bien qu’incomplète à ce stade, converge dans ce sens. Des conditions de vie difficiles sont pressenties et pourront être mise en évidence sur des adolescents et des jeunes adultes. Les cas de maladies infectieuses, dont la syphilis, feront peut-être écho à l’accueil de vérolés à la Trinité au xvie siècle. Le croisement des sources fournit ainsi des informations complémentaires en montrant la diversité sociale et sanitaire des populations potentiellement représentées.

35Enfin, l’étude exhaustive des restes osseux et la récolte de nouvelles données écrites sur la Trinité, comme des registres, permettront peut-être d’apporter des éléments de réponses. Une confrontation avec d’autres contextes hospitaliers parisiens doit également être menée.

36Pour terminer, un certain nombre de données relatives au site de la Trinité reste donc encore à exploiter, tant en matière de paléopathologie que d’analyses ADN ou d’études textuelles. Les éléments préliminaires livrés dans cette contribution seront alors modifiés ou complétés par ces nouveaux apports interdisciplinaires. Enfin, il nous paraît important de signaler que cette fouille d’un cimetière d’hôpital médiéval et moderne est inédite dans la capitale. Elle reste, à ce jour, la première opportunité d’aborder par l’archéo-anthropologie et la paléopathologie la question des pratiques funéraires des Parisiens et de l’état sanitaire de populations issues d’un tel contexte. Elle constitue ainsi une source d’informations prometteuse pour une compréhension plus fine du quotidien de ce type d’établissement en milieu urbain.

Notes

  • [1]
    L’institut national de recherches archéologiques préventives intervient en amont de travaux touchant le sous-sol et les éventuels vestiges archéologiques. Si ces derniers sont avérés et à l’issue de la fouille, l’aménagement est réalisé. La présente opération archéologique a été menée sous la responsabilité d’Isabelle Abadie, archéo-anthropologue. L’anthropologie, en contexte archéologique, est l’étude des ossements humains issus des occupations du passé. La discipline permet de caractériser la population exhumée (âge au décès, sexe, état sanitaire, pratiques funéraires).
  • [2]
    Le dépôt des corps dans la fosse est simultané, à l’inverse d’une sépulture dite collective dans laquelle les dépôts sont successifs. Voir Philippe Chambon, « Les pratiques funéraires dans les tombes collectives de la France néolithique », Bulletin de la Société préhistorique française, no 97-2, 2000, p. 265-274, ici p. 266.
  • [3]
    En moyenne.
  • [4]
    Les datations radiocarbones ont été réalisées sur un individu par fosse, excepté pour la sépulture multiple 5, dont deux sujets ont fait l’objet d’analyses, l’une portant sur un individu du dernier niveau d’inhumation et l’autre sur un individu du premier niveau. Les résultats étant strictement identiques, contrairement à ceux des autres ensembles, ils confirment la contemporanéité des dépôts de la fosse 5.
  • [5]
    En archéologie, la stratigraphie est l’étude des couches superposées d’occupation humaine. Par le mobilier présent dans ces strates, une chronologie peut être établie.
  • [6]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins, d’accueil et d’assistance à Paris entre le xiie et le début du xvie siècle : implantation, architecture et aménagement, thèse de Doctorat, Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Nanterre, 2015, volume 2 : notices monographiques, p. 493.
  • [7]
    Dorothy-Louise Mackay, Les hôpitaux et la charité à Paris au xiiie siècle, Paris, Honoré Champion éditions, 1923, p. 17-18.
  • [8]
    Nicolas Bonfons, Jacques Du Breul, Gilles Corrozet, Les antiquitez et choses plus remarquables de Paris, Paris, 1608, p. 227.
  • [9]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 498.
  • [10]
    Louis Lazare, Félix Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris, Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855, p. 394, p. 731.
  • [11]
    Jacques Du Breuil, Théâtre des antiquités de Paris. Où est traicté de la fondation des eglises & chapelles de la cité, université, ville, & diocese de Paris : comme aussi de l’institution du parlement, fondation de l’université & colleges, & autres choses remarquables, Paris, c. 1612 [édition de 1639] Dubois, 1690-1710, p. 965 ; Eugène de Ménorval, Paris depuis ses origines jusqu’à nos jours, 1-2, Paris, 1889, p. 224.
  • [12]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 500.
  • [13]
    Ibidem, p. 501.
  • [14]
    Ibidem, p. 501.
  • [15]
    Hélène Noizet, La forme d’une ville : Paris au Moyen Âge, Dossier d’habilitation à diriger des recherches, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Paris, 2020, p. 88.
  • [16]
    Ibidem, p. 88-89, p. 132, p. 174-177.
  • [17]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 495.
  • [18]
    J. Cheymol, « L’hôpital de la Trinité en la rue Saint-Denis à Paris (1201-1790) », Bulletin de la Société française d’histoire de la médecine, 1983, p. 159-170, ici, p. 161-162.
  • [19]
    Roger Braun, L’église de l’Oratoire, Saint-Honoré ou du Louvre. L’enclos de la Trinité, son hôpital, son cimetière, Paris, Le centre de Paris, 1936, p. 31-53 ; Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 505.
  • [20]
    J. Cheymol, « L’hôpital de la Trinité... », op. cit., p. 161.
  • [21]
    Dorothy-Louise Mackay, Les hôpitaux et la charité..., op. cit., p. 18.
  • [22]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 499.
  • [23]
    La construction du bâtiment Félix Potin en 1910 a engendré cette destruction.
  • [24]
    La bordure est de la structure se trouve en dehors de la zone de fouille sous le boulevard de Sébastopol.
  • [25]
    Dominique Castex, « Les anomalies démographiques : clefs d’interprétation des cimetières d’épidémies en archéologie », dans Dominique Castex, Isabelle Cartron (sous la direction de), Épidémies et crises de mortalité du passé, Bordeaux, Ausonius, 2006, p. 109-138.
  • [26]
    Un grand nombre d’individus adultes restent toutefois non sexés (98). Cette lacune s’explique principalement par la présence d’une importante tranchée réalisée en 1910 au milieu de la fosse. Celle-ci a détruit les restes osseux de nombreux individus dont les os coxaux nécessaire à la détermination du sexe des sujets adultes.
  • [27]
    Une répartition par grandes classes d’âge est habituellement utilisée en anthropologie : 0, 1-4 ans, 5-9 ans, 10-14 ans et 15-19 ans.
  • [28]
    Sully Ledermann, « Nouvelles tables-types de mortalité », Institut National d’Études démographiques, Travaux et documents, no 53, 1969, p. 739-744.
  • [29]
    Les auteurs soulignent les difficultés et les imprécisions rencontrées face aux méthodes d’estimation de l’âge au décès des adultes d’un point de vue démographique. Jaroslav Bruzek, Aurore Schmitt et Pascal Murail, « Identification biologique individuelle en paléoanthropologie. Détermination du sexe et estimation de l’âge au décès à partir du squelette », dans Objets et Méthodes en Paléoanthropologie, CTHS, Paris, 2005, p. 217-246 ; Sacha Kacki, Influence de l’état sanitaire des populations anciennes sur la mortalité en temps de peste. Contribution à la paléo-épidémiologie, Thèse de doctorat, Université Bordeaux 1, Bordeaux, 2016.
  • [30]
    Adultes jeunes (20-29 ans), adultes jeunes à mâtures (30-39 ans), adultes mâtures (30- 49 ans), adultes mâtures à âgés (30-59 ans, + de 50 ans), adultes âgés (+ de 60 ans).
  • [31]
    Jean Acotto, Sylvia Bello, Corinne Bouttevin, Dominique Castex, Henri Duday, Olivier Dutour, Nathalie Moreau, Michel Panuel, Patrick Reynaud, Michel Signoli, « Des données archéologiques et anthropologiques aux interprétations », La saison d’une peste (avril-septembre 1590), le cimetière des Fédons à Lambesc, (Bouches-du-Rhône), sous la direction de Bruno Bizot, Dominique Castex, Patrick Reynaud, Michel Signoli, CNRS Éditions, 2005, p. 37-62, ici, p. 46-50 ; Dominique Castex, « Les anomalies démographiques... », op. cit., p. 111.
  • [32]
    Dominique Castex, « Les anomalies démographiques... », op. cit., p. 111, p. 119.
  • [33]
    Cette répartition n’est valable que pour cet échantillon et reste à nuancer en raison du nombre important d’adultes indéterminés (90).
  • [34]
    Dominique Castex, « Les anomalies démographiques... », op. cit. ; idem, Patrice Georges et Philippe Blanchard, « Complémentarité et discordances entre sources textuelles et sources archéo-anthropologiques en contexte de crises de mortalité par épidémie. Études de cas », Revue archéologique du centre de la France, no 47, 2008, p. 1-22, p. 13 ; Sacha Kacki, Influence de l’état sanitaire des populations..., op. cit., p. 62-64.
  • [35]
    Isabelle Abadie, « Le cimetière de l’hôpital de la Trinité à Paris : résultats préliminaires et perspectives », dans Sacha Kacki, Christopher Knüsel, Hélène Réveillas (sous la direction de), Rencontre autour du corps malade, 10e Rencontre du Groupe d’Anthropologie et d’Archéologie funéraire, 23, 24 et 25 mai 2018, Bordeaux, Bordeaux, à paraître.
  • [36]
    J. Cheymol, « L’hôpital de la Trinité... », op. cit., p. 162-163 ; Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 495, p. 505.
  • [37]
    Ibidem, p. 163.
  • [38]
    Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Les éditions de Minuit, 1960.
  • [39]
    Isabelle Abadie, « Le cimetière de l’hôpital de la Trinité... », op. cit.
  • [40]
    Cécile Treffort, L’Église carolingienne et la mort : christianisme, rites funéraires et pratiques commémoratives. Lyon, Éditions Presses universitaires de Lyon, 1994 ; eadem, « Du cimiterium christianorum au cimetière paroissial : évolution des espaces funéraires en Gaule du vie au xe siècle », Archéologie du cimetière chrétien : Sociétés et cadres de vie au Moyen Âge : approches archéologiques, Actes du 2ème colloque A.R.C.H.E.A. (Orléans 1994). Tours, sn, 1996, p. 55-64 ; Dominique Castex, Sacha Kacki, « L’impact des épidémies sur les usages funéraires du passé. Faits archéologiques versus idées reçues », Le cimetière au village dans l’Europe médiévale et moderne, 2015, p. 233-251, ici p. 241.
  • [41]
    À 90o, en position haute ou basse.
  • [42]
    Danièle Alexandre-Bidon, « Le corps et son linceul », À réveiller les morts : La Mort au quotidien dans l’Occident médiéval, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1993, p. 183-206 ; Cécile Treffort, L’Église carolingienne..., op. cit. ; eadem, « Du cimiterium christianorum au cimetière paroissial », ... op. cit.
  • [43]
    La taphonomie consiste à observer l’état des connexions entre les os d’un individu afin de déterminer dans quel type d’espace son corps s’est décomposé (espace vide ou colmaté). Voir Henri Duday, « Observations ostéologiques et décomposition du cadavre : sépultures en espace colmaté ou en espace vide ? », Revue du centre archéologique de la France, no 19-2, 1990, p. 193-196 ; Henri Duday, Pascal Sellier, « L’archéologie des gestes funéraires et la taphonomie », Les Nouvelles de l’archéologie, no 40, 1990, p. 12-14.
  • [44]
    Observations faites par Delphine Henri (Université de Tours, laboratoire Archéologie et Territoires).
  • [45]
    Hélène Réveillas, Dominique Castex, « Quels espaces d’inhumation pour les malades ? Traitement funéraire des décès en milieu hospitalier au Moyen Âge et à l’époque moderne », Cahiers Ades, Les espaces de la mort, colloque organisé par DOC’GEO, (7 avril 2009), Bordeaux, 2009, p. 15-28.
  • [46]
    Dominique Castex, Sacha Kacki, « La sépulture multiple de la basilique des Saints-Martyrs Just et Pastor : bio-archéologie des restes humains », Quaderns d’Archeologia i Historia de la Ciutat de Barcelona, Epoca II, no 10, 2014, p. 180-199.
  • [47]
    Jean de Venette, Chronique dite de Jean de Venette, Paris, Librairie générale française, 2011, p. 111-113.
  • [48]
    Stéphane Barry, Norbert Gualde, « La Peste noire dans l’Occident chrétien et musulman 1346/1347-1352/1353 », dans Dominique Castex, Isabelle Cartron (sous la direction de), Épidémies et crises de mortalité du passé, Bordeaux, Ausonius, 2006, p. 193-228, p. 212.
  • [49]
    Basée sur les séquelles osseuses, cette « discipline médico-historique participe à la connaissance de l’histoire naturelle des maladies et de l’état sanitaire des groupements humains du passé ». Pierre-Léon Thillaud, Lésions ostéo-archéologiques. Recueil et identification, Sceaux, Kronos B. Y. éditions, 1994, p. 12.
  • [50]
    Les lésions dégénératives incluent toutes les conditions associées à une perturbation de l’activité normale. Elles sont généralement considérées comme associées au vieillissement ou à des agressions cumulées (arthrose). Ibidem, p. 75. Parmi elles, l’arthrose et les enthésopathies peuvent avoir une « origine microtraumatique ». Voir Sébastien Villotte, « Les marqueurs ostéoarticulaires d’activité », dans Philippe, Charlier (sous la direction de), Ostéo-archéologie et techniques médico-légales, tendances et perspectives, pour un « manuel pratique de paléopathologie humaine, Paris, De Boccard, 2008, p. 383-389, ici p. 383.
  • [51]
    Ostéites, ostéites bactériennes (lèpre, tuberculose, syphilis, béjel, pian).
  • [52]
    Fractures, luxations, blessures diverses.
  • [53]
    Pierre Charon, « Méthodologie du diagnostic rétrospectif », dans Philippe Charlier (sous la direction de), Ostéo-archéologie et techniques médico-légales, tendances et perspectives, pour un « manuel pratique de paléopathologie humaine, Paris, De Boccard, 2008, p. 29-44, p. 30.
  • [54]
    Bernard-Yves Mafart, « Rôle de la pathologie dans l’organisation des nécropoles médiévales », dans Henri Galinié, Elisabeth Zadora-Rio (sous la direction de), Archéologie du cimetière chrétien, Actes du 2e colloque ARCHEA, Orléans, 29 septembre-1e octobre 1994,, Tours, 1996, p. 95- 102, p. 100.
  • [55]
    Sébastien Villotte, « Les marqueurs ostéoarticulaires d’activité », dans Philippe Charlier (sous la direction de), Ostéo-archéologie et techniques médico-légales, tendances et perspectives, pour un « manuel pratique de paléopathologie humaine, Paris, De Boccard, 2008, p. 383-389.
  • [56]
    Arthrosiques et enthésopathies.
  • [57]
    Isabelle Abadie, « Le cimetière de l’hôpital de la Trinité... », op. cit.
  • [58]
    Il conviendra d’affiner ces premiers résultats globaux, ainsi qu’une étude détaillée des indicateurs de stress, en corrélant l’âge au décès, le sexe des individus avec la localisation et le degré d’atteinte de ces diverses pathologies. Puis ces informations pourront être confrontées avec celles qui sont issues d’autres corpus archéologiques aux contextes similaires.
  • [59]
    Michel Signoli, Élisabeth Carniel, Olivier Dutour, « La peste : aspect épidémiologiques actuels et passés », dans Bruno Bizot, Dominique Castex, Patrick Reynaud, Michel Signoli (sous la direction de), La saison d’une peste (avril-septembre 1590) le cimetière des Fédons à Lambesc, (Bouches-du-Rhône), CNRS Éditions, 2005, p. 69-80, p. 79.
  • [60]
    Hélène Réveillas, Dominique Castex, « Quels espaces d’inhumation pour les malades ? Traitement funéraire des décès en milieu hospitalier au Moyen Âge et à l’époque moderne », Cahiers Ades, Les espaces de la mort, colloque organisé par DOC’GEO, (7 avril 2009), Bordeaux, 2009, p. 15-28.
  • [61]
    Dominique Castex, Sacha Kacki, « Funérailles en temps d’épidémie. Croyances et réalité archéologique », Les Nouvelles de l’archéologie, no132, juin 2013, p. 23-29.
  • [62]
    Ibidem.
  • [63]
    Justine Gourbière, Les établissements de soins..., op. cit., 2015, vol. 2, p. 496.
  • [64]
    Ibidem, p. 501.
  • [65]
    Louis Lazare, Félix Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris, Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855, p. 731.
  • [66]
    Emile Raunié, Hélène Verlet (sous la direction de), Épitaphier du vieux Paris : recueil général des inscriptions funéraires des églises, couvents, collèges, hospices, cimetières et charniers, depuis le Moyen Âge jusqu’à la fin du xviiie siècle, Paris, 1890-2000, 1-12, 12, p. 261 ; Jean-Aimar Piganiol de la Force, Description historique de la ville de Paris et de ses environs, Paris, 1765, 1-8, p. 373 ; Jean-Baptiste Jaillot, Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris, Paris, 1775-1782, 1-5, tome 2, p. 20.
  • [67]
    J. Cheymol, « L’hôpital de la Trinité... », op. cit., p. 165-166.
  • [68]
    « L’ostéomyélite est une destruction osseuse (ostéolyse) intéressant l’os cortical, sous-cortical et la cavité médullaire, qui est fréquemment associée à la formation de cloaques et de séquestres » ; voir Pierre-Léon Thillaud, Lésions ostéo-archéologiques..., op. cit., p. 74.
  • [69]
    Ibidem ; Olivier Dutour, Jacques Berato, György Pàlfi, « Traumas and Activities : A case report about a polytraumatism from the Late Antiquity in France », Journal of Paleopathology, 5 (1), 1993, p. 17-24.
  • [70]
    Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Les éditions de Minuit, 1960.
  • [71]
    Ibidem.
  • [72]
    Jacques Tenon, Mémoires sur les hôpitaux de Paris, Paris, Imprimerie de Ph.-D. Pierres, 1788 ; J. Cheymol, « L’hôpital de la Trinité... », op. cit.
  • [73]
    Jacques Tenon, Mémoires sur les hôpitaux..., op. cit., p. 116 ; Dorothy-Louise Mackay, Les hôpitaux et la charité à Paris..., op. cit., p. 87.
  • [74]
    Jacques Tenon, Mémoires sur les hôpitaux..., op. cit., p. 17.
  • [75]
    Ibidem, p. 17.
  • [76]
    Elle se trouve actuellement dans l’angle des rues Greneta et Saint-Denis.
  • [77]
    Isabelle Abadie, « Le cimetière de l’hôpital de la Trinité... », op. cit.
  • [78]
    Avec la collaboration de PACEA UMR 5199, Anthropologie des Populations Passées et Présentes, Université Bordeaux 1, analyses en cours à Max-Planck-Institute for the Science of Human History, Jena, Germany.
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