Couverture de RHU_057

Article de revue

Des villes et leurs stades olympiques

Regards croisés sur Colombes (1924) et Los Angeles (1932)

Pages 67 à 85

Notes

  • [1]
    Marc Perelman, « Médiatisation du sport et sportivisation des médias : le stade comme vision du monde », Chimères, no 74, 2010/3, p. 188-189.
  • [2]
    Voir parmi d’autres, Daphné Bolz, Les arènes totalitaires : Hitler, Mussolini et les jeux du stade, Paris, CNRS Éditions, 2008.
  • [3]
    Voir par exemple les travaux de Christian Bromberger, Nicolas Hourcade, Ludovic Lestrelin et Sébastien Louis pour le monde du football.
  • [4]
    Voir Adeline Henry, Projet urbain et Jeux Olympiques : le cas d’Athènes 2004, thèse de doctorat en géographie, Université de Franche-Comté, Besançon, 2005 ; Patrice Ballister, Barcelone, la ville exposition : la cité catalane à travers ses Expositions universelles, internationales et Jeux Olympiques, 1888-2008 : la constitution d’une communauté des mémoires, thèse de doctorat en Géographie et aménagement, Urbanisme, aménagement de l’espace, paysage urbain, Université de Toulouse 2, 2008 ; Romain Roult, Sylvain Lefebvre et Jean-Marc Adjizian, « Régénération urbaine et développement territorial par le sport : le cas du Parc olympique de Montréal », Norois, 2014. Voir aussi la session « Ville et jeux Olympiques : effets sociaux et conséquences urbanistiques » du séminaire « Analyse et politique de la ville » organisé à la Maison des Sciences de l’Homme en juin 2018.
  • [5]
    Romain Roult et Sylvain Lefebvre Lavoisier, « Reconversion des héritages olympiques et rénovation de l’espace urbain : le cas des stades olympiques », Géographie, économie, société, 2010/4, p. 367.
  • [6]
    Mathieu Poletti, Formation économique, sociale et politique d’une banlieue : Colombes 1830- 1930, thèse de doctorat en histoire, Université de Paris-X-Nanterre, 1999.
  • [7]
    Jean-Pierre Augustin, Géographies du sport : spatialités contemporaines et mondialisation, Armand Colin, 2007.
  • [8]
    Robert Fogelson, The fragmented metropolis : Los Angeles, 1850-1930, Berkeley, University of California Press, 1993, [1967], p. 77-78.
  • [9]
    Ibidem, p. 226-227.
  • [10]
    Éric Avila, Popular Culture in the Age of White Flight : Fear and Fantasy in Suburban Los Angeles, Berkeley, University of California Press, 2004. Le Grand Los Angeles rassemble pour sa part 18,5 millions d’habitants.
  • [11]
    Charles Champlin, « Los Angeles in a new image », Life Magazine, 20 juin 1960, p. 74.
  • [12]
    Archives du Racing Club de France (ARCF), Magazine du Racing, novembre 1955.
  • [13]
    www.insee.fr et Archives de Paris (AD75), VR 155, Fiche de renseignements, Direction des affaires départementales du 4 mars 1922.
  • [14]
    AD75, VR 155, Rapport du géomètre du secteur nord-ouest sur le stade de Colombes du 6 mars 1922.
  • [15]
    Pascal Leroy, « 1938 : la Coupe du monde à Colombes », 92 Express, Numéro 92, juin 1998.
  • [16]
    AD75, VR 155, Rapport du géomètre du secteur nord-ouest sur le stade de Colombes du 6 mars 1922.
  • [17]
    Guy Burgel, « Paris et l’Île-de-France : un amour de raison », Pouvoirs, no 110, 2004/3, p. 48.
  • [18]
    Annie Fourcaut, « La construction des grands ensembles : reconquérir Paris et régénérer la banlieue », dans Florence Bourillon, Annie Fourcaut (sous la direction de), Agrandir Paris 1860- 1970, Publications de la Sorbonne, Comité d’histoire de la ville de Paris, Collection Histoire Contemporaine, 2012, p. 346.
  • [19]
    HOLC Area Description, Area No. D50 (Jefferson and Arlington), 13 mars 1939.
  • [20]
    Éric Avila, Popular culture in the age of white flight, op. cit., p. 39.
  • [21]
    New York Times, 15 août 2017.
  • [22]
    Pierre-Olaf Schut, Thierry Terret, « Chapitre 4 : Les paris des infrastructures et du budget », dans Thierry Terret (sous la direction de), Les paris des Jeux Olympiques de 1924, 4 volumes, Biarritz, Atlantica, 2008.
  • [23]
    Jean-Pierre Callède, « Chapitre VII, Maires et ministres entreprenants : l’invention des politiques publiques du sport (1918-1939) », dans Philippe Tétart (sous la direction de), Histoire du sport en France : du second empire au régime de Vichy, Paris, Vuibert, 2007.
  • [24]
    Steven Riess, « Power without Authority : Los Angeles’ Elites and the Construction of the Coliseum », Journal of Sport History, Spring, 1981, p. 50-66.
  • [25]
    Archives de la Ville de Los Angeles. Délibérations du Conseil municipal de Los Angeles, 13 août 1920.
  • [26]
    Los Angeles Times, 11 avril 1929.
  • [27]
    Steven Riess, « Power without Authority », op. cit., p. 55.
  • [28]
    Ibidem, p. 62 et Los Angeles Times, 26 septembre 1945.
  • [29]
    Chris Epting, Images of America : Los Angeles Memorial Coliseum, Chicago, Arcadia Publishing, 2002.
  • [30]
    Jennifer L. Cowell, « Keeping a Historic Collegiate Stadium Viable : Best Practices for the Historic Los Angeles Memorial Coliseum Rehabilitation », USC News, décembre 2013.
  • [31]
    USC News, 29 janvier 2018.
  • [32]
    Archives municipales de Colombes (AMC), Dossier Correspondances et documents historiques.
  • [33]
    Sur la voirie : AMC, 1D1/35, Délibérations du Conseil Municipal du 30/05/1924. La ville recevait un droit des pauvres lié à la présence d’un site sportif ; AMC, 1D1/52, 1D1/62 ou 1D1/69, Délibérations du conseil municipal du 01/03/1946, 16/12/1960 ou 29/02/1968 ; sur la halte : AMC, 1D1/37, Délibérations du 19/11/1928 ; Sur les terrains, parmi d’autres : AMC, 1D1/54, Délibérations du 12/06/1952.
  • [34]
    Parmi d’autres AMC, 1D1/47, Délibération du Conseil municipal, 28/02/1936 ; ARCF, Procès-verbal du bureau du Racing Club de France du 29/09/1949.
  • [35]
    Florence Pizzorni-Itié (sous la direction de), Les yeux du stade : Colombes, temple du sport français, Musée d’art et d’histoire de Colombes, Thonon-les-Bains, Éditions de l’albaron, 1993, 150 p. Expositions « JO Paris 2024 : Colombes à nouveau dans les starting-blocks » en 2018, « D’un stade à l’autre » en 1998.
  • [36]
    Coupe du Monde de football 1938, plus de 90 matchs du XV de France de rugby, près de 80 de l’équipe de France de football, une quarantaine de finales de Coupe de France de football, 43 championnats de France d’athlétisme.
  • [37]
    Michaël Delépine, « Le grand stade en France : un enjeu national ? », dans Francis Démier, Elena Musiani (sous la direction de), Les nations européennes entre histoire et mémoire xixe-xxe siècle, Paris, Presses Universitaires de Paris Nanterre, 2017.
  • [38]
    Michaël Delépine, « Le stade de Colombes et la question du grand stade en France », Sciences Sociales et Sport, no 7, 2014, p. 69-100 ; voir également idem, Le stade de Colombes et l’enjeu d’un grand stade en France : des origines à 1972, thèse de doctorat d’histoire de l’Université Paris Nanterre, 2015.
  • [39]
    The Story behind the Largest and Finest Stadium in America, Los Angeles, Los Angeles Memorial Coliseum, 1952.
  • [40]
    Chris Epting, Images of America : Los Angeles Memorial Coliseum, op. cit., p. 7-10. Depuis 2016, les Rams jouent au Coliseum. Ils y resteront jusqu’à l’achèvement de leur nouveau stade dans la banlieue d’Inglewood en 2020.
  • [41]
    Los Angeles Memorial Coliseum, Los Angeles, Los Angeles Memorial Coliseum, [1937], 1959.
  • [42]
    Richard Perelman, Olympic Retrospective : The Games of Los Angeles, Los Angeles, Los Angeles Olympic Organizing Committee, 1985, 322 p. ; Los Angeles Times, 29 juin 1984.
  • [43]
    Rapport Officiel de la VIIIe Olympiade.
  • [44]
    Archives de la Préfecture de Police de Paris (APPP), séries F F 20 et F F 9.
  • [45]
    APPP, F F 9, Plan du commissariat de Colombes du 18 décembre 1951. Dossier de la Finale de la Coupe de France de football au stade de Colombes, 7 mai 1961 ; F F 20, Télégrammes de la direction générale de la police municipale pour les rencontres du XV de France de 1964 à 1967. Note de service no 31-60, Dossier de la Finale de la Coupe de France de football au stade de Colombes, 15 mai 1960. Sur la venue des hommes politiques : Patrick Clastres, « Générations athlétiques et éducations corporelles. L’autre acculturation politique des présidents de la Ve République », Histoire@Politique, 2014/2 no 23, p. 73-96.
  • [46]
    APPP, F F 9, « Section des effectifs », Dossier B – Finale du 3 mai.
  • [47]
    APPP, F F 9, « Déplacement de M. le président de la République », Dossier B – Finale du 3 mai.
  • [48]
    APPP, F F 9, « Mesures spéciales de sécurité », Dossier B – Finale du 3 mai. La guerre d’Algérie et l’assassinat d’Ali Chekkal en 1957 expliquent notamment ces mesures
  • [49]
    L’Illustration, 19 juillet 1924, Article de Jean de Pierrefeu.
  • [50]
    Rapport officiel de la VIIIe olympiade, p. 59.
  • [51]
    Paris, Neuilly, Courbevoie, La Garenne-Colombes, Puteaux, Asnières-sur-Seine, Bois-Colombes ou Argenteuil.
  • [52]
    L’Équipe, 22 mars 1966.
  • [53]
    APPP, F F 20, Dossier « France-Galles » 1965.
  • [54]
    APPP, F F 20, Dossiers « France-Écosse 1967 » et « France-Galles 1967 ».
  • [55]
    Éric Avila, Popular culture in the age of white flight, op. cit., p. 170. Sept lignes de tramways existent en 1941.
  • [56]
    Ibidem et Los Angeles Times, 9 octobre 1954.
  • [57]
    Los Angeles Times, 11 novembre 1923 et 27 mai 1958.
  • [58]
    Los Angeles Times, 26 mars 1956 et 4 juillet 1956.
  • [59]
    Wayne Wilson, « Sports Infrastructure, Legacy and the Paradox of the 1984 Olympic Games », The International Journal of the History of Sport, 32, no. 1 (2014), 146-148.
  • [60]
    Steve Wyman, « About 21,000 fans went to see Rams-Seahawks game on Metro », The Source, 18 septembre 2016.
  • [61]
    Dominique Boullier, La ville événement : foules et publics urbains, Paris, PUF, 2010, p. 47.
  • [62]
    Los Angeles Times, 28 février 1947.
  • [63]
    AMC, 1D1/15. Délibérations du Conseil Municipal, séance du 13 août 1894.
  • [64]
    Los Angeles Times, 22 novembre 1952.
  • [65]
    Los Angeles Times, 19 octobre 1990, 22 décembre 1985 et 28 septembre 1990.
  • [66]
    Patrick Mignon, « Supporters et hooligans en Grande-Bretagne depuis 1871 », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 26, avril-juin 1990.
  • [67]
    Nicolas Hourcade, « La place des supporters dans le monde du football », Pouvoirs, 2002/2 no 101, p. 79. Voir également L’Auto, 24 janvier 1935, Match, 04 Janvier 1927, L’Équipe, 31 janvier 1966 et 1/2 Juin 1970 ou les archives de la Préfecture de Police APPP, série F 20.
  • [68]
    Daphné Bolz, Les arènes totalitaires : Hitler, Mussolini et les jeux du stade, op. cit.
  • [69]
    Marc Perelman, Le stade barbare, la fureur du spectacle sportif, Mille et une nuits, 1998, p. 72.
  • [70]
    Los Angeles Times, 3 octobre 1922.
  • [71]
    Marc Perelman, Barbaric Sport : A global Plague, London, Verson, 2012.
  • [72]
    Los Angeles Times, 11 novembre 1932, 20 octobre 1936, 7 mai 1939, 28 octobre 1945, 6 août 1952, 15 août 1963, 10 octobre 1981 et 28 septembre 1985.
  • [73]
    Julien Sorez, « Du terrain à la buvette : diffusion du football et contrôle social en région parisienne durant l’entre-deux-guerres », Le Mouvement Social, 2012/1 no 238, p. 66.
  • [74]
    Dominique Bouillier, La ville événement : foules et publics urbains, op. cit., p. 101.
  • [75]
    Philippe Gaboriau, Les spectacles sportifs : grandeurs et décadence, Paris, L’Harmattan, 2003.
  • [76]
    Vanessa R. Schwartz, Spectacular Realities : Early Mass Culture in Fin-de-Siècle Paris, Berkeley, University of California Press, 1998, p. 5. Voir également Robert W. Lewis, The stadium century : Sport, spectatorship and mass society in modern France, Manchester, Manchester University Press, 2017.
  • [77]
    Simon Ronai, « Paris et la Banlieue : je t’aime, moi non plus », Hérodote, 2004/2 No 113, p. 31.
  • [78]
    Pascal Guillot, L’Union socialiste communiste ou des dissidences municipales en banlieue parisienne dans l’entre-deux-guerres, Actes des Journées « Les territoires du communisme : Élus locaux, politiques publiques et sociabilités militantes », 1er et 2 décembre 2009, Université Paris 1, p. 13.
  • [79]
    La Vie Au Grand Air du 26 mars 1909.
  • [80]
    L’Équipe, 11 Juillet 1948. Voir aussi les éditions du 9 septembre 1948, 11 décembre 1961, 11 juin 1966, 3 octobre 1966, 18 novembre 1968, 24 juillet 1972.
  • [81]
    Robert Parienté, Guy Lagorce, La fabuleuse histoire des jeux olympiques, Collection Minerva, 2004, p. 129.
  • [82]
    Simon Ronai, « Paris et la Banlieue : je t’aime, moi non plus », op. cit., p. 29. Voir aussi Annie Fourcaut, « L’histoire urbaine de la France contemporaine : État des lieux », Histoire Urbaine, 2003/2 no 8, p. 171-185.
  • [83]
    Annie Fourcaut (sous la direction de), Banlieue rouge 1920-1960, Autrement, Série mémoires, 1992, p. 29.
  • [84]
    Jean-Claude Boyer, Les banlieues en France : territoires et sociétés, Paris, Armand Colin, 2000, p. 7.
  • [85]
    Los Angeles Memorial Coliseum, op. cit.
  • [86]
    David Charles Sloane, « Selling Eternity in 1920s Los Angeles », in Tom Sitton et William Deverell, (eds), Metropolis in the Making : Los Angeles in the 1920s, Berkeley, University of California Press, 2001, p. 324.
  • [87]
    Éric Avila, Popular culture in the age of white flight, op. cit., p. 142. Los Angeles Times, 29 septembre 1972 ; Robert Trumpbour, The New Cathedrals : Politics and Media in the History of Stadium Construction, Syracuse, Syracuse University Press, 2007.
  • [88]
    Los Angeles Times, 6 septembre 1996.
  • [89]
    Los Angeles Times, 29 septembre 1972 et 6 septembre 1996.
  • [90]
    Rapport officiel de la VIIIème Olympiade, p. 69.
  • [91]
    Voir le documentaire « El origen fútbol uruguayo », 2018.
  • [92]
    Brendan Gallagher, « A stadium with an air of deja vu », The Telegraph, 11 octobre 2007.
  • [93]
    Extraits du documentaire « L’air de Colombes », de Jean-Christophe Kletz réalisé en 2007.
  • [94]
    Interview de Julien Sorez, « Une histoire sociale du football », So Foot blog : Never trust a marxist in football, 10 juillet 2013, www.sofoot.com.
  • [95]
    Christopher Gaffney, « Les stades du Mondial seront des éléphants blancs », Urbanisme, 2014, no 393.
  • [96]
    Annie Fourcaut, « L’histoire urbaine de la France contemporaine », op. cit., p. 177.
  • [97]
    Kenneth Jackson, Crabgrass frontier : the suburbanization of the United States, New York, Oxford University Press, 1985. Les pouvoirs publics soutenaient d’ailleurs ce mouvement par des facilités hypothécaires et la construction d’autoroutes reliant ces suburbs au centre-ville.
  • [98]
    Le Coliseum est actuellement en cours de rénovation et deviendra le « United Airlines Memorial Coliseum » en l’honneur de la compagnie aérienne qui s’est associée avec l’USC en finançant les travaux. Sam Arslanian, « LA Memorial Coliseum Renovation Reaches Halfway Point », 16 août 2018. Yves-du-Manoir deviendra pour sa part une petite structure dédiée au hockey-sur-gazon.

1En 1924 et 1932, Paris et Los Angeles accueillent presque successivement une compétition olympique qui commence alors à acquérir ses lettres de noblesse. Pour ces épreuves, deux stades sortent de terre, traversent les époques puis deviennent, avec le temps, des lieux marquants de l’histoire du sport. Des regards croisés sur ces réalisations et sur leur longue exploitation doivent, en ces pages, nous permettre de mieux les appréhender.

2Identifié par certains comme un espace de domination et d’asservissement qui « s’élève au-dessus des édifices ordinaires pour être vu de loin et pour être suffisamment écrasant de près » [1], le stade est souvent observé sous l’angle de son utilisation politique [2] ou des comportements des foules qu’il accueille [3]. Sans négliger ces visions, nous souhaitons ici ancrer notre travail dans une autre logique, en observant ces infrastructures au prisme de la ville, afin de comprendre les liens concrets entre un stade olympique et son espace urbain. Et si de nombreux travaux existent sur les complexes olympiques contemporains et leur impact urbanistique [4], l’Entre-deux-Guerres nous semble moins étudié.

3Pourtant, l’intérêt est évident car, à Colombes comme à Los Angeles, ces constructions apparaissent dans un temps de profonde mutation de l’espace urbain, notamment périphérique. Non planifiées, elles ne peuvent néanmoins être observées à la manière des enceintes réalisées depuis « la professionnalisation de cet événement (Munich 1972) » olympique. Nous ne nous attacherons donc pas à déterminer si ces sites sont des « reconversions réussies » [5] car certaines problématiques de recherches contemporaines ne peuvent être systématiquement transposées aux années 1920-1930.

4C’est pourquoi, nous tenterons tout d’abord de mesurer la place d’un stade olympique dans son espace urbain, à travers sa situation dans une ville aux contours fluctuants et son rapport parfois complexe au pouvoir local. Dans un second temps, nous nous focaliserons sur l’impact réel du spectacle sportif sur un quartier, une ville, des spectateurs aux riverains, dans un long xxe siècle. Nous achèverons enfin ces regards croisés par une présentation des interactions entre une ville et son stade, en termes d’images notamment. Un corpus varié et parfois inédit doit nous permettre de mener à bien ce projet.

Stades olympiques périphériques et pouvoirs locaux

Des stades au cœur de périphéries en pleine mutation au XXe siècle

5Les stades des jeux de 1924 et 1932 ont ce trait commun d’être les héritiers de deux équipements hippiques apparus dans les confins de Paris et de Los Angeles. En 1883, un champ de courses s’installe en effet dans le nord de Colombes, à sept km des fortifications, dans cette petite commune partiellement viabilisée de la banlieue nord-ouest de la capitale (9 661 habitants en 1881 [6]). Le champ de courses devient stade athlétique en 1907 grâce au journal Le Matin et devient un site sportif important. Au début du xxe siècle, le champ de courses d’Exposition Park se situe dans le sud de Los Angeles, à une dizaine de kilomètres des quartiers centraux, dans des espaces où la présence agricole est encore attestée. Ces emplacements ne sont alors pas surprenants car bien des équipements sportifs originels trouvent refuge dans les espaces périphériques disponibles [7].

6En 1932, le qualificatif de « périphérique » ne semble pourtant guère approprié pour le stade olympique californien car Exposition Park n’est déjà plus aux limites d’une ville dont la population a doublé en une dizaine d’années (1,24 million d’habitants en 1930 [8]) ! Annexé par la commune en 1899, le quartier s’insère en effet dans une agglomération qui semble « polycentrique » [9] alors que les tramways du magnat de l’immobilier Henry Huntington le rendent plus accessible. Le stade est ensuite le témoin de l’étalement urbain et de la croissance de la ville californienne : 2 millions d’habitants en 1950, 2,8 millions en 1970 et 4 millions en 2017 (alors que le comté est passé de 2,79 millions à 7 millions en 1970 puis 10,16 millions en 2017 [10]). Cette croissance a sans doute écrasé la division centre/périphérie et renforcé le caractère polycentrique d’une agglomération californienne parfois définie, dans les années 1960, comme un assemblage de « plusieurs banlieues à recherche d’une ville » [11].

7En 1955, les propriétaires du stade de Colombes sont aussi conscients de ces transformations : « Paris s’est largement étendu vers l’ouest, conformément à une règle bien connue, et s’est rapproché de Colombes. Entre la porte de Champerret ou la Porte Maillot et Colombes, il n’y a plus d’espaces vides ; c’est une agglomération urbaine pratiquement ininterrompue. » [12] Rassemblant 32 271 habitants en 1922, Colombes regroupe aujourd’hui plus de 85 000 personnes (85 199 en 2015) alors que la région est passée de 2 millions d’habitants vers 1920 à 5 millions à l’aube des années 1960 puis près de 12 millions aujourd’hui [13]. Cette expansion s’est accompagnée de transformations majeures des paysages et d’une certaine recomposition sociale.

8Peuplée dans les années 1920 de commerçants, de fonctionnaires ou d’ouvriers [14] vivant dans des petits immeubles, des modestes pavillons ou dans des Habitations à Bon Marché, Colombes se caractérise alors par ses usines, ses jardins ouvriers et ses « terrains vagues où prospère l’herbe folle » [15]. La viabilité des routes « est [alors] très défectueuse » [16] dans ces « territoires peu lisibles » [17]. En quelques décennies, les jardins ouvriers ou les usines ont progressivement laissé place à l’Autoroute A86 et aux grands ensembles puis aux Zones Urbaines Sensibles et autres Quartiers Prioritaires (Fossés-Jean, Les Musiciens), comme un « choix de la construction de masse pour résoudre la crise du logement » [18]. Si l’espace proche du stade est aujourd’hui un quartier « populaire », le centre ou la « Petite-Garenne » attirent nombre de cadres et de professions intellectuelles supérieures alors que de multiples programmes immobiliers, parfois à proximité du stade (« Odace îlot Olympie et ovalie »), laissent envisager une future recomposition sociale et spatiale dans les années à venir.

9Le Coliseum a aussi été le témoin de profondes transformations même si West Jefferson Park était déjà « infiltré par les nègres et les japonais » [19] selon les glaçants fonctionnaires du Home Owners’ Loan Corporation, organisme public qui se chargeait des prêts hypothécaires à la fin des années 1930. À l’est et au sud-est (South Central), des communautés afro-américaines se sont installées (63 774 personnes en 1940, 334 916 en 1960 [20]) alors que, dans le même temps, les classes moyennes « blanches » d’Exposition Park ont quitté les lieux pour ces nouvelles banlieues reliées au downtown par les freeways. Elles ont été remplacées par des communautés « afro-américaine » et « latino » qui semblent moins représentées dans la proche et très prestigieuse University of Southern California (USC) [21].

10S’il apparaît donc que les quartiers de ces deux stades olympiques n’ont guère attiré les populations les plus favorisées, nous ne pouvons cependant affirmer avec certitude l’éventuel caractère répulsif de la présence d’un équipement sportif qui entretient en outre des rapports complexes avec le pouvoir local.

Des relations parfois complexes avec les pouvoirs locaux

11Quand elle obtient l’organisation des Jeux Olympiques en juin 1921, Paris n’a pas de stade olympique. L’idée d’une construction monumentale et centrale de 100 000 places émerge alors dans les esprits de ceux qui souhaitent affirmer un redressement national après l’hémorragie de la Première Guerre mondiale. En vain. Des querelles sur le financement, le choix du site et un soutien relatif des pouvoirs publics font échouer ce rêve français [22]. Profitant du marasme, le Racing Club de France obtient le droit de bâtir, à Colombes, un stade de 60 000 places, un pourcentage prélevé sur la future recette des Jeux devant financer l’opération. Échouant à Colombes, en banlieue, le premier grand stade français échappe donc dès le départ au giron municipal parisien ou colombien [23]. Assumant seul cette lourde charge pendant des décennies, le Racing ne lancera jamais le stade dans la voie de la modernisation. Ce stade est aujourd’hui dans un état de délabrement avancé.

12À Los Angeles, le site du Coliseum n’est ni un choix par défaut ni le fruit d’un tel imbroglio. Les terrains ont en effet été choisis dès 1920 et l’enceinte financée par une Community Development Organization (CDA) [24] soutenue par le Conseil municipal [25] et le Conseil d’administration du Los Angeles County (Board of Supervisors). La CDA réalise une enceinte de 75 000 places qui sera agrandie à plus de 100 000 entre 1929 et 1932 [26]. Elle perçoit un loyer annuel versé par la municipalité et le comté [27]. En 1933, comme convenu, ces deux entités prennent le contrôle des lieux. La Coliseum Commission puis Memorial Coliseum Commission, composée des représentants de la municipalité, du comté et de la chambre d’agriculture de l’État de Californie, propriétaire des terrains, assure la gestion quotidienne [28]. Le site est partiellement rénové en 1963 [29] mais aucune modernisation d’ampleur n’est réalisée pour les Jeux de 1984 [30]. Seul le tremblement de terre de Northridge en 1993 imposera de conséquentes réparations. En 2013, après quelques scandales de corruption, la gestion est finalement confiée à l’University of Southern California mais les pouvoirs locaux restent cependant propriétaires du site [31].

13Le stade de Colombes n’a jamais eu un tel lien avec sa ville même si, en 1921, celle-ci avait mené son propre projet de stade olympique [32]. Les archives locales soulignent d’ailleurs cette distance du politique : les rares procès-verbaux du Conseil municipal sur le sujet concernent la voirie, le versement du droit des pauvres, la halte ferroviaire ou diverses ventes de terrains [33]. À la fin des années 1960 et dans le milieu des années 1980, la municipalité tentera cependant de jouer un vain rôle dans le devenir du site.

14Malgré tout, le complexe olympique colombien compte pour une ville qui l’utilise pour ses scolaires [34] et certains grands événements : l’activité du musée d’Art et d’Histoire de Colombes rappelle ainsi cette place à part dans le patrimoine local [35]. Paris n’a pour sa part jamais eu de relation directe avec une enceinte perçue comme un stade de banlieue, tentant même à de multiples reprises de bâtir, intra-muros, une construction concurrente de 100 000 places. En 2002, le Conseil départemental des Hauts-de-Seine met finalement fin à cet éloignement des pouvoirs publics en devenant propriétaire du site. Et si l’enceinte n’accueille plus d’événements majeurs depuis 2018, la venue de foules conséquentes a longtemps impacté la ville.

Figure 1

Coliseum à Los Angeles. 1932. Los Angeles Public Library Photo Collection/Los Angeles Public Library

Coliseum à Los Angeles. 1932. Los Angeles Public Library Photo Collection/Los Angeles Public Library

Coliseum à Los Angeles. 1932. Los Angeles Public Library Photo Collection/Los Angeles Public Library

Accueillir des foules sportives dans des stades olympiques

Des stades sur la durée : des enceintes exploitées après l’olympiade

15Habitués aux spectacles hippique ou athlétique, les stades de Colombes et de Los Angeles basculent dans une autre dimension en devenant stades olympiques : après les Jeux, et contrairement à certains de leurs homologues, leur vie sportive va traverser les époques.

16Le stade Yves-du-Manoir, du nom d’un jeune rugbyman du Racing décédé accidentellement dans les années 1920, compte au niveau international [36]. Même s’il doit sa survie à l’échec d’un équipement de 100 000 places [37], il est longtemps le stade numéro 1 dans l’Hexagone. De 1924 à 1972, environ 950 « journées sportives » sont disputées sur le terrain d’honneur pour 10 millions de spectateurs (19,4 journées de sport par an en moyenne). Des confidentiels meetings d’athlétisme aux foules vibrantes des finales de Coupe de France de football, c’est à Colombes que bat le cœur de la France sportive. Entre 1945 et la fin des années 1950, plus d’une vingtaine de rencontres flirtent d’ailleurs avec la capacité maximale du stade (record à 63 200 spectateurs en 1969) [38]. Par la suite, l’exploitation sera plus aléatoire malgré un retour de flamme au début des années 2000 avec l’équipe de rugby du Racing.

17Le Coliseum accueille pour sa part les équipes universitaires de l’USC (dès 1923) et de l’UCLA (1926-1982), devant des foules inimaginables pour le sport universitaire français (ex : 105 236 personnes pour USC-Notre Dame en 1947 [39]) ! Le football américain professionnel est également présent par intermittence avec les Los Angeles Rams (1946-1994) et Los Angeles Raiders (1982-1994) [40]. Quelques sondages ponctuels laissent envisager une exploitation conséquente (58 spectacles et plus d’un million de spectateurs sur 12 mois entre 1936 et 1937 [41], 71 événements et 1 766 millions de personnes en 1946, 106 matchs en 1958). Le site n’a toutefois pas la dimension nationale d’un Colombes car, malgré un superbowl (1967) et une seconde olympiade (1984), il n’est pas l’épicentre d’une nation sportive, statut qui n’a peut-être pas de véritable sens dans un état fédéral comme les États-Unis, par ailleurs riche en constructions monumentales. La fréquence et la dimension de ces réunions imposent pourtant des adaptations majeures.

Sécuriser et accueillir : quand la ville et son quartier subissent le stade

18Au Coliseum, 650 agents de la police de Los Angeles (LAPD) aidés de 150 étudiants se chargent de la circulation et du maintien de l’ordre pendant les Jeux de 1932. Par la suite, les effectifs déployés varient selon les manifestations, atteignant même 7 000 personnes pour les différents sites olympiques en 1984 [42]. À Colombes, les forces de police officient dès l’aube lors de rencontres prévues en milieu d’après-midi : entre 350 et 450 agents en 1924 [43] puis 6 à 700 personnes pour un match international de rugby ou une finale de Coupe [44] sont réquisitionnés. Ces effectifs assurent la circulation et le « jalonnement » entre Paris et la banlieue, gèrent l’arrivée puis le départ du public, quadrillent les différents secteurs du stade et du quartier tout en protégeant les officiels présents [45] : pour le général de Gaulle en 1959, un dispositif exceptionnel de 1 200 agents est même mis en place [46] ! Les inscriptions et les graffitis sont supprimés sur l’itinéraire officiel, l’accès aux cabines du stade contrôlé « pour éviter toute annonce subversive » [47] alors que les locataires communistes des immeubles HLM alentours sont surveillés [48].

Figure 2

Stade de Colombes, surveillance de la piste lors du France-Ecosse du 14 janvier 1967, APPP, Série F Ordre public (1900-1985), Sous-série F F 20, Dossier « France-Ecosse du 14 janvier 1967 »

Stade de Colombes, surveillance de la piste lors du France-Ecosse du 14 janvier 1967, APPP, Série F Ordre public (1900-1985), Sous-série F F 20, Dossier « France-Ecosse du 14 janvier 1967 »

Stade de Colombes, surveillance de la piste lors du France-Ecosse du 14 janvier 1967, APPP, Série F Ordre public (1900-1985), Sous-série F F 20, Dossier « France-Ecosse du 14 janvier 1967 »

Figure 3

Stade de Colombes, abords du stade lors du France-Ecosse du 14 janvier 1967, APPP, Série F Ordre public (1900-1985), Sous-série F F 20, Dossier « France-Ecosse du 14 janvier 1967 »

Stade de Colombes, abords du stade lors du France-Ecosse du 14 janvier 1967, APPP, Série F Ordre public (1900-1985), Sous-série F F 20, Dossier « France-Ecosse du 14 janvier 1967 »

Stade de Colombes, abords du stade lors du France-Ecosse du 14 janvier 1967, APPP, Série F Ordre public (1900-1985), Sous-série F F 20, Dossier « France-Ecosse du 14 janvier 1967 »

19En temps normal, il faut surtout gérer l’« entassement monstrueux de matériel de transport » [49] et accueillir un public « accourant de toutes parts et se levant d’un seul mouvement, pour le retour, au coup de sifflet de l’arbitre » [50]. Des Portes parisiennes aux abords du stade en passant par les communes limitrophes [51], le parcours n’est qu’un « infernal dédale des ruelles encombrées » [52]. La Seine, les ponts, les voies ferrées, les intersections et les rues étroites ne facilitent pas l’accès au site [53]. Malgré les itinéraires spéciaux, barrières de protection et accès réservés mis en place, les autorités ne peuvent rien face à un tissu urbain originellement inapproprié. La croissance du nombre de véhicules (5 à 6 000 voitures pour des rencontres internationales de rugby à la fin des années 1960 [54] ), l’absence de travaux majeurs (voirie) et l’agrandissement du stade en 1938 accroissent ces difficultés initiales. Les transports collectifs (train, tramways, bus, navettes fluviales) sont également surchargés. Il y a peu, pour des événements de moindre ampleur, venir à Colombes était encore un long périple, poussant les dirigeants du Racing 92 à bâtir une ultramoderne Arena dans le quartier d’affaires de La Défense (2018).

20Le Coliseum californien a rencontré des problèmes identiques car, comme Colombes, il a été bâti aux prémices de l’ère automobile. Il ne correspond donc pas au modèle traditionnel du stade américain, entouré de milliers de places de parking. Longtemps, les transports en commun ont d’ailleurs la part belle grâce aux tramways ou aux « Yellow Cars » de la Los Angeles Railway Company [55]. Leur disparition en 1963 associée à l’essor de l’automobile (55 000 automobiles dans le Los Angeles County en 1915 puis 2 millions dans le milieu des années 1950 [56]) accélèrent l’engorgement du site : l’accès routier et le stationnement posent problème [57]. Comme à Colombes, les adaptations ponctuelles (réglage automatique des feux de signalisation, élargissement des voies, construction de nouveaux parkings) ne changent rien car aucun aménagement de grande ampleur n’est réalisé. Pire, l’achèvement de la Harbor Freeway dans les années 50 aggrave la situation [58]. Pour les Jeux Olympiques de 1984, les poids lourds sont interdits dans la ville et des navettes sont mises en place [59]. Aujourd’hui, la récente « Exposition Line » semble quelque peu améliorer la donne [60].

21À Colombes comme au Coliseum, les riverains subissent donc leurs stades. À intervalles réguliers, ils font face à l’invasion de foules qui paralysent leur quartier voire leur ville : « Leurs trajets ordinaires ou leurs habitudes de stationnement sont totalement perturbés par ces événements » [61]. Si les témoignages manquent dans les archives locales, on peut cependant imaginer les désagréments causés par ces blocages réguliers, surtout quand ils viennent troubler la quiétude dominicale. À Los Angeles, les proches du Coliseum considèrent même que le stade diminue la valeur de leur bien immobilier et restreint l’activité commerciale du quartier [62]. Si les habitants peuvent donc subir le stade, ils en tirent parfois profit : ceux de Colombes voient une gare permanente (« Le Stade ») apparaître grâce au stade. Elle facilite depuis leurs déplacements et valorise leur quartier.

22Il faut également relativiser l’impact négatif de foules souvent présentées comme violentes et menaçantes car jamais ces quartiers olympiques ne sont devenus des zones d’affrontements entre supporters. Bien sûr, les habitants se plaignent parfois de cette « très mauvaise catégorie de personnes » [63] attirées par les courses hippiques puis par les rencontres sportives. Mais dans l’ensemble, ces deux publics n’ont guère fait parler d’eux. Lors des grandes confrontations universitaires, l’enthousiasme du Coliseum est évident mais aucun heurt n’est à déplorer [64]. Seule l’arrivée des sulfureux Raiders en 1982 agite un peu le périmètre [65]. À Colombes, aucune catastrophe majeure n’est recensée, l’enceinte ayant connu son âge d’or avant la naissance des mouvements ultras ou hooligans si l’on prend l’exemple du football [66]. Bien sûr, le stade a vu des spectateurs forcer les grilles, envahir le terrain, jeter des projectiles ou chahuter des arbitres, autant de « violences spontanées » [67] qu’il ne faut assimiler aux scènes de guérillas urbaines observées depuis quelques décennies aux abords des stades. Ces comportements interrogent cependant sur les pulsions générées par un lieu stade qui porte peut-être en lui un pouvoir écrasant voire oppressant.

Des stades olympiques écrasants et sources d’oppression ?

23Situés dans des pays démocratiques, Colombes et le Coliseum ne sont sans doute pas ces « arènes totalitaires » [68], ces temples de la propagande exploités par les régimes politiques en mal de grands lieux de rassemblement. Colombes n’est pas Berlin. Le stade n’est pas monumental et n’est en rien une ombre menaçante pour ses riverains. Il n’a jamais incarné « l’idée de la nation sportive » [69] et a constamment été critiqué pour sa modestie architecturale. Il est difficile de l’envisager comme un lieu de l’embrigadement des masses, lui qui n’a par exemple pas été utilisé par le régime de Vichy. Mais si Colombes n’est pas le parfait outil architectural totalitaire, il sert cependant à la IIIe République de centre de rassemblement pour les ressortissants allemand et autrichien au début du second conflit mondial et accueillera ensuite les congrès annuels des témoins de Jéhovah... Même modeste, il reste un espace fermé, sécurisable, disposant de tribunes susceptibles de canaliser les foules.

24Le gigantisme du Coliseum impose peut-être moins de nuances : le stade domine tout et ne semble ni tourné vers les riverains ni inséré dans son quartier. Envisagé par ses architectes comme une structure imposante avec sa colonnade de plus de 133 m et son arche de 25 m [70], il semble correspondre à ce « stade barbare » [71]. Il s’inscrit en outre dans une logique commerciale et mercantile d’un sport américain régi par le système des franchises : il incarne à ce titre la parfaite production sportive capitaliste. Il accueille d’ailleurs des manifestations qui confirment l’intérêt englobant du lieu : défilés, spectacles militaires, manifestations politiques, offices religieux, fêtes mexicaines ou concerts multiples [72].

25Colombes n’est pour sa part nullement géré dans une quelconque recherche de profit. Fidèle à ses débuts, le Racing refuse la tenue de certaines manifestations pour maintenir la vision d’un sport désintéressé. Yves-du-Manoir est en outre une plaine sportive, un espace intégré, ouvert sur sa ville, fréquenté par les jeunes des quartiers environnants de façon structurée (école, club) ou spontanée. Ces originalités ne sont sans doute pas recevables pour ses détracteurs : le stade reste un lieu de domination de classe car il est la propriété d’une élite quasi aristocratique.

26Sans négliger les apports de cette perception très politique, nous portons un autre regard sur ces stades olympiques. Nous souhaitons mettre en avant la dimension festive et rassembleuse d’un lieu qui est aussi un « espace social éphémère » [73], un « alliage provisoire » [74] d’individus de milieux sociaux et d’origines diverses, un lieu de brassage et un espace de manifestations joyeuses, dans la logique des carnavals populaires [75]. Cet élément festif, même empreint d’aliénation, n’est sans doute pas une « fausse conscience » chez des spectateurs pour lesquels le stade est une référence, un rite pluriannuel rassembleur provoquant des joies collectives rares, « crowd-pleasing », qui nuancent le caractère totalisant [76]. Lors des grandes fêtes sportives, le quartier se colore et sort de son quotidien. Son image s’améliore car il est alors le centre de toutes les attentions sportives.

Images d’un stade, images d’une ville

Les stades « périphériques » : une image écornée ?

27Malgré un attachement tardif, Colombes n’est guère apprécié au cours de ses belles années car ses défauts, modestie, accès, visibilité, incarnent l’échec français en matière de grand stade. Sa situation pèse également sur son image : dès 1921, plusieurs élus de la capitale critiquent déjà une candidature colombienne déconsidérée car extra-parisienne, dans la lignée du « mépris à l’égard des villes voisines » [77] composées de « faubouriens aggravés de ruraux » [78]. Parce qu’il est en banlieue, dans ces « lointains parages de Colombes » [79], loin du cœur de la capitale, dans un paysage honni de « fumée [d’] usines » [80], de modestes pavillons, de jardins ouvriers puis de logements sociaux, ce « stade sans beauté, poussé dans une banlieue triste » [81] incarne donc cette « rupture d’images » [82] avec la ville de Paris. Il subit un paysage et « un espace que tout stigmatise » [83] car « le ‘‘train de banlieue’’ n’évoque pas le summum de la vitesse et du confort, ‘‘le pavillon de banlieue’’ ne constitue pas l’archétype d’un habitat de qualité » [84]. Et Colombes est un stade de banlieue.

28Rien de tel sans doute au Coliseum qui est perçu dans les années 30 comme une « étape notable sur le chemin du progrès – le nom et la gloire de Los Angeles » [85]. Alliant modernité et références antiques, le stade colle alors aux exigences locales [86]. Dans les années 1950-1960, l’enceinte semble toutefois obsolète face au nouveau centre urbain, au récent stade des Dodgers (1962) voire face aux ultramodernes Astrodome de Houston ou Superdome de la Nouvelle-Orléans [87]. C’est en partie pour cela que les Rams et les Raiders quittent « L.A » en 1994 [88]. Le stade porte également en lui l’image négative de la composition socio-ethnique de ses riverains, notamment dans l’imaginaire des classes moyennes [89] mais son relatif éloignement du centre n’est pas un réel problème. Au contraire. Dans l’esprit américain, le Coliseum n’est peut-être pas assez périphérique pour les habitudes de déplacement des spectateurs. Il ne semble d’ailleurs pas influer sur l’image de sa ville.

Le stade, renommée d’une ville et identités spatiales complexes

29Los Angeles n’a sans doute jamais eu besoin du Coliseum pour accroître sa renommée. Ainsi, quand elle accueille les Jeux pour la première fois en 1932, la ville doit sans doute plus son prestige naissant à la présence de l’industrie cinématographique internationale qu’à son stade. À l’inverse, le stade olympique français est le monument de Colombes, il incarne sa ville au point d’en porter le nom. Il lui confère une aura inégalée, elle qui, « à l’ordinaire, ne se distinguait pas, dans l’anneau qui entoure Paris, de la banlieue populeuse » [90]. Cette notoriété est internationale. Une tribune « Colombes » existe par exemple dans le stade du Centenaire de Montevideo [91] alors qu’outre-Manche, il est ce « stade avec un air de déjà vu » [92], l’aboutissement d’une traversée effectuée par bien des supporters gallois, anglais, écossais ou irlandais. Pour les sportifs de haut niveau sans doute nostalgiques d’un passé perdu, il est enfin un « lieu de notre imaginaire, [...] rêvé et raconté au fil des générations par ceux qui ont eu le privilège de le fréquenter, [...] une légion d’honneur » [93]. Mais le stade de banlieue ne touche guère la capitale française qui brille loin des faibles projecteurs de Colombes...

30Les stades de Colombes et de Los Angeles présentent enfin des identités spatiales complexes. Propriété du Racing Club de France, Yves-du-Manoir n’est pas le véritable fief d’un club ancré dans un quartier d’où émanent des supporters attachés à ce lieu. À Colombes, comme souvent en région parisienne, « le principe de l’équipe résidente ne prend pas » [94]. Utilisé pour les entraînements et les matches des amateurs et jeunes du club, le terrain d’honneur est régulièrement délaissé par les équipes premières de rugby ou de football, des années 1930 aux années 1960. Elles préfèrent longtemps les plus centraux et plus adaptés Jean Bouin ou Parc des Princes. En 2018, le départ du Racing 92 pour l’Arena de La Défense n’a d’ailleurs pas généré d’hostilité conséquente chez les supporters d’un club omnisport à l’identité complexe puisqu’il n’a pas toujours été rattaché à une ville (Paris) ou un département (92). Le Coliseum entretient pour sa part une relation particulière avec les équipes qui le fréquentent et le lien semble fragile dans un pays où les franchises peuvent aisément changer de stades voire de villes au fil de leur existence.

31Un stade olympique peut donc avoir des incidences à long terme sur une ville. Les exemples californien et français en sont des témoignages vivants car ils n’ont jamais été ces « éléphants blancs » si souvent craints par les organisateurs d’une grande compétition, des infrastructures inoccupées et délaissées après la tenue d’une épreuve internationale [95]. Symboles d’un étalement urbain entamé au xixe siècle, ces constructions sportives se sont insérées dans des quartiers qui ont subi une urbanisation galopante et une transformation sociale majeure sans que l’on puisse véritablement déterminer si la présence du stade ait contribué à repousser les groupes sociaux favorisés.

32Liés différemment à leur ville, l’un étant intimement uni au pouvoir local quand l’autre est aux mains d’un club sportif, les deux stades olympiques ont des rapports distincts avec l’administration municipale. Et paradoxalement, le cas français pourtant éloigné du pouvoir, influence sans doute davantage l’image de sa ville que le Coliseum celle de Los Angeles. Le statut foncier n’est donc pas toujours un facteur de proximité entre un stade et sa ville. Ces stades olympiques de l’Entre-deux-Guerres témoignent cependant de la volonté des élites sportives ou locales (Racing-Club, CDA) de prendre en main les grandes compétitions et les équipements internationaux. Malgré leurs différences de gestion ou d’implantation urbaine, ils montrent aussi que le sport « spectacle » et ses espaces, ont très vite marqué les grandes villes.

33Ils rappellent également comme il s’avère difficile pour des équipements, sportifs ou non, de traverser les décennies en restant parfaitement adaptées à leur époque. Non planifiés, et fruit d’un véritable hasard pour Colombes, ces deux enceintes ont peiné à être des structures pérennes et ont particulièrement bouleversé la vie des riverains. Perturbés dans leurs déplacements, gênés les jours de grandes réunions sportives, ces habitants vivent cependant dans un quartier connu de tous, qui sort de l’anonymat grâce à un stade qui lui confère une certaine identité. À l’inverse, l’image d’une ville peut également rejaillir sur son stade. Celui de Colombes subit sa situation périphérique car « la coupure entre Paris intra-muros et sa banlieue est beaucoup plus forte matériellement et symboliquement que dans les autres métropoles occidentales » [96]. Rien de tel aux États-Unis où la périphérie est, surtout après 1945, une sorte de « terre promise » pour une middle-class américaine avide d’habitat individuel, de pelouses délimitées par une « white picket fence » (une « belle clôture blanche ») et de garages pour deux voitures [97].

34Il n’existe donc pas un modèle de stade olympique unique dans les années 1920-1930, dans son rapport à la ville notamment. Mais cette logique comparative et internationale a peut-être permis d’envisager un nouveau regard en décelant des convergences ou des ruptures et en tentant de dépasser, sans les occulter, les critiques que ce lieu génère car on ne saurait en effet réduire un stade à une simple vocation asservissante. Nombre d’études, notamment auprès des spectateurs ou des riverains, restent cependant à mener pour approfondir cette relation ambiguë.

35Clin d’œil de l’histoire cependant, ces deux stades vont, malgré leurs différences, poursuivre ce destin commun puisqu’ils accueilleront, à des degrés divers, les olympiades de 2024 et 2028 [98].


Date de mise en ligne : 09/06/2020

https://doi.org/10.3917/rhu.057.0067

Notes

  • [1]
    Marc Perelman, « Médiatisation du sport et sportivisation des médias : le stade comme vision du monde », Chimères, no 74, 2010/3, p. 188-189.
  • [2]
    Voir parmi d’autres, Daphné Bolz, Les arènes totalitaires : Hitler, Mussolini et les jeux du stade, Paris, CNRS Éditions, 2008.
  • [3]
    Voir par exemple les travaux de Christian Bromberger, Nicolas Hourcade, Ludovic Lestrelin et Sébastien Louis pour le monde du football.
  • [4]
    Voir Adeline Henry, Projet urbain et Jeux Olympiques : le cas d’Athènes 2004, thèse de doctorat en géographie, Université de Franche-Comté, Besançon, 2005 ; Patrice Ballister, Barcelone, la ville exposition : la cité catalane à travers ses Expositions universelles, internationales et Jeux Olympiques, 1888-2008 : la constitution d’une communauté des mémoires, thèse de doctorat en Géographie et aménagement, Urbanisme, aménagement de l’espace, paysage urbain, Université de Toulouse 2, 2008 ; Romain Roult, Sylvain Lefebvre et Jean-Marc Adjizian, « Régénération urbaine et développement territorial par le sport : le cas du Parc olympique de Montréal », Norois, 2014. Voir aussi la session « Ville et jeux Olympiques : effets sociaux et conséquences urbanistiques » du séminaire « Analyse et politique de la ville » organisé à la Maison des Sciences de l’Homme en juin 2018.
  • [5]
    Romain Roult et Sylvain Lefebvre Lavoisier, « Reconversion des héritages olympiques et rénovation de l’espace urbain : le cas des stades olympiques », Géographie, économie, société, 2010/4, p. 367.
  • [6]
    Mathieu Poletti, Formation économique, sociale et politique d’une banlieue : Colombes 1830- 1930, thèse de doctorat en histoire, Université de Paris-X-Nanterre, 1999.
  • [7]
    Jean-Pierre Augustin, Géographies du sport : spatialités contemporaines et mondialisation, Armand Colin, 2007.
  • [8]
    Robert Fogelson, The fragmented metropolis : Los Angeles, 1850-1930, Berkeley, University of California Press, 1993, [1967], p. 77-78.
  • [9]
    Ibidem, p. 226-227.
  • [10]
    Éric Avila, Popular Culture in the Age of White Flight : Fear and Fantasy in Suburban Los Angeles, Berkeley, University of California Press, 2004. Le Grand Los Angeles rassemble pour sa part 18,5 millions d’habitants.
  • [11]
    Charles Champlin, « Los Angeles in a new image », Life Magazine, 20 juin 1960, p. 74.
  • [12]
    Archives du Racing Club de France (ARCF), Magazine du Racing, novembre 1955.
  • [13]
    www.insee.fr et Archives de Paris (AD75), VR 155, Fiche de renseignements, Direction des affaires départementales du 4 mars 1922.
  • [14]
    AD75, VR 155, Rapport du géomètre du secteur nord-ouest sur le stade de Colombes du 6 mars 1922.
  • [15]
    Pascal Leroy, « 1938 : la Coupe du monde à Colombes », 92 Express, Numéro 92, juin 1998.
  • [16]
    AD75, VR 155, Rapport du géomètre du secteur nord-ouest sur le stade de Colombes du 6 mars 1922.
  • [17]
    Guy Burgel, « Paris et l’Île-de-France : un amour de raison », Pouvoirs, no 110, 2004/3, p. 48.
  • [18]
    Annie Fourcaut, « La construction des grands ensembles : reconquérir Paris et régénérer la banlieue », dans Florence Bourillon, Annie Fourcaut (sous la direction de), Agrandir Paris 1860- 1970, Publications de la Sorbonne, Comité d’histoire de la ville de Paris, Collection Histoire Contemporaine, 2012, p. 346.
  • [19]
    HOLC Area Description, Area No. D50 (Jefferson and Arlington), 13 mars 1939.
  • [20]
    Éric Avila, Popular culture in the age of white flight, op. cit., p. 39.
  • [21]
    New York Times, 15 août 2017.
  • [22]
    Pierre-Olaf Schut, Thierry Terret, « Chapitre 4 : Les paris des infrastructures et du budget », dans Thierry Terret (sous la direction de), Les paris des Jeux Olympiques de 1924, 4 volumes, Biarritz, Atlantica, 2008.
  • [23]
    Jean-Pierre Callède, « Chapitre VII, Maires et ministres entreprenants : l’invention des politiques publiques du sport (1918-1939) », dans Philippe Tétart (sous la direction de), Histoire du sport en France : du second empire au régime de Vichy, Paris, Vuibert, 2007.
  • [24]
    Steven Riess, « Power without Authority : Los Angeles’ Elites and the Construction of the Coliseum », Journal of Sport History, Spring, 1981, p. 50-66.
  • [25]
    Archives de la Ville de Los Angeles. Délibérations du Conseil municipal de Los Angeles, 13 août 1920.
  • [26]
    Los Angeles Times, 11 avril 1929.
  • [27]
    Steven Riess, « Power without Authority », op. cit., p. 55.
  • [28]
    Ibidem, p. 62 et Los Angeles Times, 26 septembre 1945.
  • [29]
    Chris Epting, Images of America : Los Angeles Memorial Coliseum, Chicago, Arcadia Publishing, 2002.
  • [30]
    Jennifer L. Cowell, « Keeping a Historic Collegiate Stadium Viable : Best Practices for the Historic Los Angeles Memorial Coliseum Rehabilitation », USC News, décembre 2013.
  • [31]
    USC News, 29 janvier 2018.
  • [32]
    Archives municipales de Colombes (AMC), Dossier Correspondances et documents historiques.
  • [33]
    Sur la voirie : AMC, 1D1/35, Délibérations du Conseil Municipal du 30/05/1924. La ville recevait un droit des pauvres lié à la présence d’un site sportif ; AMC, 1D1/52, 1D1/62 ou 1D1/69, Délibérations du conseil municipal du 01/03/1946, 16/12/1960 ou 29/02/1968 ; sur la halte : AMC, 1D1/37, Délibérations du 19/11/1928 ; Sur les terrains, parmi d’autres : AMC, 1D1/54, Délibérations du 12/06/1952.
  • [34]
    Parmi d’autres AMC, 1D1/47, Délibération du Conseil municipal, 28/02/1936 ; ARCF, Procès-verbal du bureau du Racing Club de France du 29/09/1949.
  • [35]
    Florence Pizzorni-Itié (sous la direction de), Les yeux du stade : Colombes, temple du sport français, Musée d’art et d’histoire de Colombes, Thonon-les-Bains, Éditions de l’albaron, 1993, 150 p. Expositions « JO Paris 2024 : Colombes à nouveau dans les starting-blocks » en 2018, « D’un stade à l’autre » en 1998.
  • [36]
    Coupe du Monde de football 1938, plus de 90 matchs du XV de France de rugby, près de 80 de l’équipe de France de football, une quarantaine de finales de Coupe de France de football, 43 championnats de France d’athlétisme.
  • [37]
    Michaël Delépine, « Le grand stade en France : un enjeu national ? », dans Francis Démier, Elena Musiani (sous la direction de), Les nations européennes entre histoire et mémoire xixe-xxe siècle, Paris, Presses Universitaires de Paris Nanterre, 2017.
  • [38]
    Michaël Delépine, « Le stade de Colombes et la question du grand stade en France », Sciences Sociales et Sport, no 7, 2014, p. 69-100 ; voir également idem, Le stade de Colombes et l’enjeu d’un grand stade en France : des origines à 1972, thèse de doctorat d’histoire de l’Université Paris Nanterre, 2015.
  • [39]
    The Story behind the Largest and Finest Stadium in America, Los Angeles, Los Angeles Memorial Coliseum, 1952.
  • [40]
    Chris Epting, Images of America : Los Angeles Memorial Coliseum, op. cit., p. 7-10. Depuis 2016, les Rams jouent au Coliseum. Ils y resteront jusqu’à l’achèvement de leur nouveau stade dans la banlieue d’Inglewood en 2020.
  • [41]
    Los Angeles Memorial Coliseum, Los Angeles, Los Angeles Memorial Coliseum, [1937], 1959.
  • [42]
    Richard Perelman, Olympic Retrospective : The Games of Los Angeles, Los Angeles, Los Angeles Olympic Organizing Committee, 1985, 322 p. ; Los Angeles Times, 29 juin 1984.
  • [43]
    Rapport Officiel de la VIIIe Olympiade.
  • [44]
    Archives de la Préfecture de Police de Paris (APPP), séries F F 20 et F F 9.
  • [45]
    APPP, F F 9, Plan du commissariat de Colombes du 18 décembre 1951. Dossier de la Finale de la Coupe de France de football au stade de Colombes, 7 mai 1961 ; F F 20, Télégrammes de la direction générale de la police municipale pour les rencontres du XV de France de 1964 à 1967. Note de service no 31-60, Dossier de la Finale de la Coupe de France de football au stade de Colombes, 15 mai 1960. Sur la venue des hommes politiques : Patrick Clastres, « Générations athlétiques et éducations corporelles. L’autre acculturation politique des présidents de la Ve République », Histoire@Politique, 2014/2 no 23, p. 73-96.
  • [46]
    APPP, F F 9, « Section des effectifs », Dossier B – Finale du 3 mai.
  • [47]
    APPP, F F 9, « Déplacement de M. le président de la République », Dossier B – Finale du 3 mai.
  • [48]
    APPP, F F 9, « Mesures spéciales de sécurité », Dossier B – Finale du 3 mai. La guerre d’Algérie et l’assassinat d’Ali Chekkal en 1957 expliquent notamment ces mesures
  • [49]
    L’Illustration, 19 juillet 1924, Article de Jean de Pierrefeu.
  • [50]
    Rapport officiel de la VIIIe olympiade, p. 59.
  • [51]
    Paris, Neuilly, Courbevoie, La Garenne-Colombes, Puteaux, Asnières-sur-Seine, Bois-Colombes ou Argenteuil.
  • [52]
    L’Équipe, 22 mars 1966.
  • [53]
    APPP, F F 20, Dossier « France-Galles » 1965.
  • [54]
    APPP, F F 20, Dossiers « France-Écosse 1967 » et « France-Galles 1967 ».
  • [55]
    Éric Avila, Popular culture in the age of white flight, op. cit., p. 170. Sept lignes de tramways existent en 1941.
  • [56]
    Ibidem et Los Angeles Times, 9 octobre 1954.
  • [57]
    Los Angeles Times, 11 novembre 1923 et 27 mai 1958.
  • [58]
    Los Angeles Times, 26 mars 1956 et 4 juillet 1956.
  • [59]
    Wayne Wilson, « Sports Infrastructure, Legacy and the Paradox of the 1984 Olympic Games », The International Journal of the History of Sport, 32, no. 1 (2014), 146-148.
  • [60]
    Steve Wyman, « About 21,000 fans went to see Rams-Seahawks game on Metro », The Source, 18 septembre 2016.
  • [61]
    Dominique Boullier, La ville événement : foules et publics urbains, Paris, PUF, 2010, p. 47.
  • [62]
    Los Angeles Times, 28 février 1947.
  • [63]
    AMC, 1D1/15. Délibérations du Conseil Municipal, séance du 13 août 1894.
  • [64]
    Los Angeles Times, 22 novembre 1952.
  • [65]
    Los Angeles Times, 19 octobre 1990, 22 décembre 1985 et 28 septembre 1990.
  • [66]
    Patrick Mignon, « Supporters et hooligans en Grande-Bretagne depuis 1871 », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 26, avril-juin 1990.
  • [67]
    Nicolas Hourcade, « La place des supporters dans le monde du football », Pouvoirs, 2002/2 no 101, p. 79. Voir également L’Auto, 24 janvier 1935, Match, 04 Janvier 1927, L’Équipe, 31 janvier 1966 et 1/2 Juin 1970 ou les archives de la Préfecture de Police APPP, série F 20.
  • [68]
    Daphné Bolz, Les arènes totalitaires : Hitler, Mussolini et les jeux du stade, op. cit.
  • [69]
    Marc Perelman, Le stade barbare, la fureur du spectacle sportif, Mille et une nuits, 1998, p. 72.
  • [70]
    Los Angeles Times, 3 octobre 1922.
  • [71]
    Marc Perelman, Barbaric Sport : A global Plague, London, Verson, 2012.
  • [72]
    Los Angeles Times, 11 novembre 1932, 20 octobre 1936, 7 mai 1939, 28 octobre 1945, 6 août 1952, 15 août 1963, 10 octobre 1981 et 28 septembre 1985.
  • [73]
    Julien Sorez, « Du terrain à la buvette : diffusion du football et contrôle social en région parisienne durant l’entre-deux-guerres », Le Mouvement Social, 2012/1 no 238, p. 66.
  • [74]
    Dominique Bouillier, La ville événement : foules et publics urbains, op. cit., p. 101.
  • [75]
    Philippe Gaboriau, Les spectacles sportifs : grandeurs et décadence, Paris, L’Harmattan, 2003.
  • [76]
    Vanessa R. Schwartz, Spectacular Realities : Early Mass Culture in Fin-de-Siècle Paris, Berkeley, University of California Press, 1998, p. 5. Voir également Robert W. Lewis, The stadium century : Sport, spectatorship and mass society in modern France, Manchester, Manchester University Press, 2017.
  • [77]
    Simon Ronai, « Paris et la Banlieue : je t’aime, moi non plus », Hérodote, 2004/2 No 113, p. 31.
  • [78]
    Pascal Guillot, L’Union socialiste communiste ou des dissidences municipales en banlieue parisienne dans l’entre-deux-guerres, Actes des Journées « Les territoires du communisme : Élus locaux, politiques publiques et sociabilités militantes », 1er et 2 décembre 2009, Université Paris 1, p. 13.
  • [79]
    La Vie Au Grand Air du 26 mars 1909.
  • [80]
    L’Équipe, 11 Juillet 1948. Voir aussi les éditions du 9 septembre 1948, 11 décembre 1961, 11 juin 1966, 3 octobre 1966, 18 novembre 1968, 24 juillet 1972.
  • [81]
    Robert Parienté, Guy Lagorce, La fabuleuse histoire des jeux olympiques, Collection Minerva, 2004, p. 129.
  • [82]
    Simon Ronai, « Paris et la Banlieue : je t’aime, moi non plus », op. cit., p. 29. Voir aussi Annie Fourcaut, « L’histoire urbaine de la France contemporaine : État des lieux », Histoire Urbaine, 2003/2 no 8, p. 171-185.
  • [83]
    Annie Fourcaut (sous la direction de), Banlieue rouge 1920-1960, Autrement, Série mémoires, 1992, p. 29.
  • [84]
    Jean-Claude Boyer, Les banlieues en France : territoires et sociétés, Paris, Armand Colin, 2000, p. 7.
  • [85]
    Los Angeles Memorial Coliseum, op. cit.
  • [86]
    David Charles Sloane, « Selling Eternity in 1920s Los Angeles », in Tom Sitton et William Deverell, (eds), Metropolis in the Making : Los Angeles in the 1920s, Berkeley, University of California Press, 2001, p. 324.
  • [87]
    Éric Avila, Popular culture in the age of white flight, op. cit., p. 142. Los Angeles Times, 29 septembre 1972 ; Robert Trumpbour, The New Cathedrals : Politics and Media in the History of Stadium Construction, Syracuse, Syracuse University Press, 2007.
  • [88]
    Los Angeles Times, 6 septembre 1996.
  • [89]
    Los Angeles Times, 29 septembre 1972 et 6 septembre 1996.
  • [90]
    Rapport officiel de la VIIIème Olympiade, p. 69.
  • [91]
    Voir le documentaire « El origen fútbol uruguayo », 2018.
  • [92]
    Brendan Gallagher, « A stadium with an air of deja vu », The Telegraph, 11 octobre 2007.
  • [93]
    Extraits du documentaire « L’air de Colombes », de Jean-Christophe Kletz réalisé en 2007.
  • [94]
    Interview de Julien Sorez, « Une histoire sociale du football », So Foot blog : Never trust a marxist in football, 10 juillet 2013, www.sofoot.com.
  • [95]
    Christopher Gaffney, « Les stades du Mondial seront des éléphants blancs », Urbanisme, 2014, no 393.
  • [96]
    Annie Fourcaut, « L’histoire urbaine de la France contemporaine », op. cit., p. 177.
  • [97]
    Kenneth Jackson, Crabgrass frontier : the suburbanization of the United States, New York, Oxford University Press, 1985. Les pouvoirs publics soutenaient d’ailleurs ce mouvement par des facilités hypothécaires et la construction d’autoroutes reliant ces suburbs au centre-ville.
  • [98]
    Le Coliseum est actuellement en cours de rénovation et deviendra le « United Airlines Memorial Coliseum » en l’honneur de la compagnie aérienne qui s’est associée avec l’USC en finançant les travaux. Sam Arslanian, « LA Memorial Coliseum Renovation Reaches Halfway Point », 16 août 2018. Yves-du-Manoir deviendra pour sa part une petite structure dédiée au hockey-sur-gazon.

Domaines

Sciences Humaines et Sociales

Sciences, techniques et médecine

Droit et Administration

bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Retrouvez Cairn.info sur

Avec le soutien de

18.97.14.87

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions