Couverture de RHU_042

Article de revue

Le lotissement médiéval de la « vieille ville » de Nice

Pages 57 à 79

Notes

  • [*]
    Directeur de recherches honoraire au CNRS – France International pour l’Expertise Foncière.
  • [**]
    Université de Nice – Sophia Antipolis, CNRS – UMR 7264 CEPAM.
  • [2]
    Robert Latouche, Histoire de Nice, tome 1 : Des origines à 1860, Nice, 1951 ; Marc Bouiron, « L’évolution topographique de Nice (XIe-XVIIIe s.). Prémices d’un atlas historique et archéologique », Archéam, no 15, 2008, p. 13-33.
  • [3]
    Louis Durante, Histoire de Nice depuis sa fondation jusqu’à l’année 1792, Tome 1, Paris, 1823, p. 247-248 et p. 250.
  • [4]
    Comte Eugène Cais de Pierlas, Chartrier de l’abbaye de Saint-Pons hors les murs de Nice, Monaco, 1903, no 12, p. 19.
  • [5]
    Marc Bouiron, « L’évolution topographique de Nice (XIe-XVIIIe siècle). Prémices d’un atlas historique et archéologique », Archéam, no 15, 2008, p. 13-33, ici p. 19 et p. 30.
  • [6]
    Denis Ghiraldi, « Le monastère de Saint-Pons – Les conflits de juridiction », Recherches régionales. Alpes-Maritimes et contrées limitrophes, vol. 47, no 181, 2006, p. 13-86.
  • [7]
    Comte Eugène Cais de Pierlas, Chartrier..., op. cit., no 42, p. 53-54 : « jurium parochialium, hominum et colonorum et habitancium omnium in suburbiis et incrementis civitatis Nicie, scilicet in Condamina superiori et inferiori Sancte Reparate, et extra portale Sancti Poncii, et extra portale Sancti Martini, et extra portale Rusticorum suorum, in solo dicti monasterii. »
  • [8]
    Ibid., no 43, p. 54-55.
  • [9]
    Ibid., no 49, p. 61-62.
  • [10]
    Ibid., no 50, p. 63.
  • [11]
    Ce qu’on lit dans un acte de 1248 : « de parrochia nove augmentationis duarum Condominarum ecclesie Sancte Reparate... ». Ibid., no 49, p. 62.
  • [12]
    Ibid., no 58, p. 70.
  • [13]
    Denis Ghiraldi, « Le monastère de Saint-Pons... », op. cit., 2006, p. 13-86.
  • [14]
    Comte Eugène Cais de Pierlas, Chartrier de l’abbaye de Saint-Pons hors les murs de Nice, Monaco, 1903, no 43, p. 54-55.
  • [15]
    Ibidem, no 51, p. 65.
  • [16]
    Ibid., no 52, p. 66.
  • [17]
    Ibid., no 53, p. 66.
  • [18]
    Ibid., no 61, p. 75.
  • [19]
    Ibid., no 62, p. 75.
  • [20]
    Ibid., no 63, p. 75.
  • [21]
    Ibid., no 64, p. 76.
  • [22]
    Ibid., no 65, p. 76.
  • [23]
    Ibid., no 66, p. 77.
  • [24]
    Ibid., no 68, p. 77.
  • [25]
    Ibid., no 69, p. 77.
  • [26]
    Ibid., no 73, p. 79.
  • [27]
    Ibid., no 89, p. 100.
  • [28]
    Ibid., no 100, p. 112.
  • [29]
    Ibid., no 102, p. 114-115.
  • [30]
    Pierre Charbonnier (sous la direction de), Les anciennes mesures locales du midi méditerranéen d’après les tables de conversion, Clermont-Ferrand, Institut d’Études du Massif central, 1994, p. 66.
  • [31]
    Comte Eugène Cais de Pierlas, Chartier de l’abbaye de Saint-Pons..., op. cit., no 186, p. 204.
  • [32]
    Pierre Lavedan, Histoire de l’urbanisme, Antiquité, Moyen Âge, Paris, Henri Laurens, 1926 ; Pierre Lavedan et Jeanne Hugueney, L’urbanisme au Moyen Âge, Genève-Paris, Droz (Bibliothèque de la Société Française d’Archéologie no 5), 1974.
  • [33]
    Pierre Merlin (sous la direction de), Morphologie urbaine et parcellaire, Paris, Presses Universitaires de Vincennes, 1988. Pour les actes du colloque d’Arc-et-Senans, Jean Passini, « Parcellaire et espace urbain médiéval : les villes du chemin de Saint-Jacques de Compostelle », dans Pierre Merlin (sous la direction de), Morphologie..., op. cit., p. 197-206 ; Michel Tanase, « Le rôle des structures parcellaires préexistantes dans la réalisation des villes nouvelles de la Transylvanie médiévale », dans Pierre Merlin (sous la direction de), Morphologie..., op. cit., p. 181-195.
  • [34]
    Jean-Loup Abbé, « Formation d’un paysage médiéval dans le Bassin parisien : Villeneuve-l’Archevêque (Yonne) », Archéologie médiévale, tome 223, 1993, p. 57-105 ; Claire Marchand, Recherches sur les réseaux de formes : Processus dynamiques des paysages du Sénonais occidental, 2 vol., thèse, Tours, 2000.
  • [35]
    Bernard Gauthiez, La logique de l’espace urbain. Formation et évolution : le cas de Rouen, thèse EHESS, Paris, 1991 ; Bernard Gauthiez, Atlas morphologique des villes de Normandie, Lyon, éditions du Cosmogone, 1999.
  • [36]
    Françoise Divorne, Bernard Gendre, Bruno Lavergne, Philippe Panerai, Essai sur la régularité. Les bastides d’Aquitaine, du Bas-Languedoc et du Béarn, Bruxelles, AAM Éditions, 1985, voir par exemple aux pages 61-63 ; Benoît Cursente (sous la direction), Habitats et territoires du Sud, Paris, éditions du CTHS, 2004.
  • [37]
    Marc Bouiron, « Le lotissement de l’abbaye Saint-Sauveur de Marseille. De la reconquête de l’espace urbain à la création du palais communal (XIe-XIIIe siècle) », Mélanges de l’École Française de Rome [MÉFR], Moyen Âge, no 124-1, 2012 ; Gérard Chouquer, « Le plan de la ville antique et de la ville médiévale de Besançon », Revue Archéologique de l’Est, no 45-2, 1994, p. 361-407 ; Gérard Chouquer, L’analyse de morphologie urbaine, L’exemple de Beja (Portugal), Coimbra (Collection d’archéogéographie de l’Université de Coimbra, vol. 2), 2012.
  • [38]
    Ricardo González Villaescusa, « El barrio del Carmen de Valencia : análisis morfológico e historia urbana », Madrider Mitteilungen, no 41, 2000, p. 410-435 ; Claire Pichard, « L’évolution diachronique du paysage urbain des quartiers de la Boatella et de Velluters de la construction de la muraille islamique à nos jours (Valence) », Madrider Mitteilungen, no 51, 2010, p. 455-490.
  • [39]
    Stéphane Morabito, « Localisation de l’établissement de Nikaia, Nice (Alpes Maritimes) », Histoire et Mesure, no 18-1 /2, 2003, p. 39-71 .
  • [40]
    L’inscription figure au Corpus Inscriptionum Latinarum, V, no 7870.
  • [41]
    Pour Olbia : Jean Benoît, « L’étude des cadastres antiques : à propos d’Olbia de Provence », Documents d’Archéologie Méridionale [à l’avenir, D.A.M], no 8, 1985, p. 25-48 ; pour Agathè : Jean Benoît, « Cadastrations antiques dans la région d’Agde », Photo-interprétation, I, fasc. 1, 1978 ; André Nickels, « Recherches sur la topographie de la ville antique d’Agde (Hérault) », D.A.M., no 4, 1981, p. 29-50 ; Monique Clavel-Lévêque, « Le territoire grec d’Agde », dans Michèle Brunet (sous la direction de), Territoires des cités grecques, BCH, Supplément 43, Athènes, École Française d’Athènes, 1999 ; enfin, pour Emporion, Rosa Plana-Mallart, La chora d’Emporion, Paris, Les Belles-Lettres, 1994.
  • [42]
    Antoine Pérez, Les cadastres antiques en Narbonnaise occidentale, XXIXe suppl., RAN, Paris, Éditions du CNRS, 1995.
  • [43]
    Analyse critique dans Gérard Chouquer, « La contribution archéogéographique à l’analyse de morphologie urbaine », Histoire urbaine, no 34, août 2012, p. 101-120.
  • [44]
    Gérard Chouquer, « Les centuriations de Romagne orientale », MÉFRA, no 93, 1981-2, p. 823- 866 ; Gérard Chouquer, « Traitements d’images et paysages médiévaux », Archéologie Médiévale, no 15, 1985, p. 7-30 ; Ricardo González Villaescusa, Las formas de los paisajes mediterráneos, Universidad de Jaén, 2002 ; Ricardo González Villaescusa, David Orban, Jean-Jacques Valette,
  • [45]
    Gérard Chouquer, Actualités de la centuriation, Interrogations autour de la méthodologie, février 2010, http://www.archeogeographie.org/index.php?rub=presentation/infos/centurs, avec des exemples de réévaluation concernant Merida et Ecija en Espagne, Philippes en Macédoine, Ksar-el-Kébir au Maroc, etc.

1 Cette étude analyse le parcellaire de la partie centrale de la « vieille ville » de Nice, à partir du plan cadastral de 1870. Elle met en évidence la présence d’une trame régulière organisée en bandes parallèles et disposant de mesures répétitives. Cette trame correspond au lotissement, datant vraisemblablement du XIIIe siècle, de la double condamina que l’abbaye de Saint-Pons possédait en ce lieu (figure 1). Grâce au chartrier de cette abbaye, on peut suivre les concessions emphytéotiques de parcelles ou casales aux preneurs, c’est-à-dire les concessions de lots ad hedificandum domum, comme le précise une charte de concession. Avec ce projet de lotissement, on assiste donc à la création d’une ville basse au pied de la ville haute, selon un schéma qui est présent dans un certain nombre de villes médiévales. L’analyse morphologique cherche à préciser le mode de construction de cette trame. Deux logiques possibles sont présentées et discutées, l’une de construction des trames par les voies, l’autre de construction par la médiane, cette seconde logique paraissant mieux rendre compte du lotissement et des régularités.

2 Cette étude permet, au passage et bien que ce ne soit pas son but principal, de réfuter l’hypothèse avancée il y a dix ans selon laquelle ce plan serait le vestige de la ville grecque de Nikaia.

Figure 1

Nice au XIIIe siècle. État des lieux d’après Marc Bouiron, « L’évolution topographique de Nice (XIe-XVIIIe siècle). Prémices d’un atlas historique et archéologique », Archéam, no 15, 2008, p. 30.

tableau im1

Nice au XIIIe siècle. État des lieux d’après Marc Bouiron, « L’évolution topographique de Nice (XIe-XVIIIe siècle). Prémices d’un atlas historique et archéologique », Archéam, no 15, 2008, p. 30.

Les régularités morphologiques du parcellaire

3 Le document de travail utilisé est le plan cadastral de 1870, section de Nice-Est et feuille D, disponible en ligne sur le site des archives départementales des Alpes Maritimes.

4 L’observation du plan de la vieille ville de Nice, dans la partie aujourd’hui dite du « Vieux Nice » située au sud de la rue Sainte-Claire, montre des régularités morphologiques et métrologiques intéressantes. La plus notable est l’existence de bandes allongées, disposées du nord au sud qui donnent son caractère ordonné au plan de cette partie de la ville ancienne. En effet, la forme des bandes de lotissement qui structurent l’espace compris entre le pied de la colline du Château et l’église Sainte-Réparate à l’ouest rapporte cette disposition à l’un des modes les plus habituels de la planification médiévale, tant urbaine que rurale.

5 Nous proposons donc un premier temps de l’analyse fondé sur l’observation et la mesure de ces bandes de lotissement. Dans ce mode, on dessine de longues bandes parallèles, ici séparées par des rues, et on les subdivise dans le sens de la longueur afin de disposer, grâce au dessin de cette ligne de fond de parcelles (en rouge vif sur la figure 2), de deux demi-bandes dans lesquelles on installe les lots urbains en « dent de peigne ». Cette ligne de fond de parcelles est celle que nous appelons aussi médiane ou ligne médiane. Ce sont ces lots urbains qui sont à l’origine des parcelles dont les plans cadastraux ultérieurs rendent compte, avec des évolutions souvent difficiles à caractériser. Dans certains exemples, mais ce n’est pas le cas à Nice, la bande est subdivisée dans le sens de la longueur non pas par une limite de fond de parcelles, mais par une ruelle, et la scansion « rue-ruelle-rue » permet alors d’identifier la bande de lotissement.

6 L’analyse du plan du centre de la vieille ville de Nice permet donc, dans un premier temps de l’étude, d’individualiser six bandes subdivisées (numérotées de 1 à 6 sur le plan de la figure 2), plus trois probables demi-bandes provoquées par un phénomène de contiguïté (numérotées 7, 8 et 9 sur le même plan). Il existe donc douze et peut être même quinze demi-bandes de lotissement.

7 Les bandes s’arrêtent nettement à la rue Sainte-Claire ; au nord de celle-ci, l’orientation change et le dessin du reste de la vieille ville est moins régulier que celui de la partie étudiée.

8 Les bandes présentent les caractéristiques suivantes :

9 1) Une largeur de l’ordre de 30 mètres. Mais la bande no 3 connaît un pincement significatif dans sa partie nord, partiellement compensé par l’élargissement de la bande voisine no 2. La mesure des bandes a été faite au sud de la rue des Voûtes, non pas individuellement, mais par une moyenne sur la largeur de cinq bandes. L’espace de ces cinq bandes mesure un peu moins de 150 mètres, ce qui donne une mesure de 30 mètres en moyenne par bande en comptant la largeur des rues. Mais si l’on exceptait la largeur des rues, on obtiendrait une valeur légèrement inférieure pour chaque bande, de l’ordre de 26 à 27 mètres. C’est celle qu’il faut prendre pour apprécier la mesure des lots.

10 2) Les bandes adoptent un dessin coudé, avec une inflexion située approximativement de part et d’autre de la rue de la Loge. La variation angulaire est importante alors que l’unité et la continuité de la bande et des demi-bandes sont totales. Les détails du plan permettent de fixer la ligne à partir de laquelle se fait l’inflexion d’orientation (figure 3). Nous supposons que cette ligne de rupture (qui a donné une bande d’une certaine largeur à l’ouest) peut être un fait antérieur à la planification médiévale ; cette contrainte aurait agi sur le projet et expliquerait le changement d’orientation. Nous supposons aussi que cette ligne qui provoque l’inflexion est aussi celle qui fixe la rue de la Loge, en situation anisocline par rapport à la trame des bandes de planification, et orientée par la convergence qui se produit au point C du plan.

11 Une hypothèse serait de considérer que l’origine des bandes se trouve dans la partie nord et que le développement vers le sud, en direction de la mer, puisse constituer un prolongement progressif du lotissement.

12 3) Le cas de la bande numérotée 1 est particulier et ne s’explique pas bien en l’état actuel de l’observation, en raison de la rupture de la continuité avec le reste de la trame des bandes planifiées. Il semble qu’il faille recourir à une hypothèse de construction par la médiane pour mieux rendre compte de ce qui se passe dans cette partie de la vieille ville de Nice.

13 4) L’étude métrologique des parcelles dans le but d’identifier les lots éventuels permet de suggérer l’existence d’une série de mesures modulaires dont les valeurs seraient, pour les cas les plus fréquemment représentés, approximativement : 13×13 m ; 13×9,75 m ; 13×6,5. Soit un rapport arithmétique simple de : 2 – 1,5 – 1 . Ces mesures ont été repérées dans le plan (figure 4) et leur nombre conforte l’idée d’une planification urbaine. De telles mesures seraient un héritage possible de cette planification.

14 D’autres détails du plan attirent l’attention, qui permettent de poursuivre l’analyse de la forme de ce quartier central de la vieille ville :

15

  • l’insertion des places (Rossetti, Vieille, du Jésus) dans les bandes de lotissement, conforte la lecture de la planification en indiquant une dépendance de ces espaces libres à la forme préalable de l’arpentage
  • la convergence des lignes qui se produit au point B de la figure 2 et qui indique un passage obligé (une porte qui permet d’accéder au « Pont Vieux » lors de la construction du pont nouveau au XIXe siècle)
  • le caractère anisocline de la rue Mascoinat, qui relie la place Halle aux Herbes au point de convergence C et qui rompt la régularité d’orientation du lotissement de la bande 2.

16 L’étude des alignements remarquables du plan (reportés sur la figure 2), en dehors des rues elles-mêmes, souligne la prégnance des divisions médianes et l’absence de divisions similaires dans l’autre sens. Aucune ligne cohérente ne traverse la zone étudiée d’ouest en est, alors que plusieurs lignes le font dans le sens nord-sud.

La construction des trames par la médiane des bandes

17 L’exemple de la vieille ville de Nice permet d’identifier le mode de construction le plus probable de la planification, celui que nous nommons « par la médiane des bandes ». À terme, il faudra se demander si ce mode ne serait pas le principe d’arpentage adopté pour d’assez nombreux parcellaires médiévaux en bandes, car la division par la médiane peut y être fréquemment constatée.

18 Certes, l’observation du plan des rues de la ville de Nice permet immédiatement d’imaginer une planification, car on voit directement les bandes avec une impression d’équidistance entre elles. Mais, à vrai dire, si l’on essaye de mesurer cette équidistance entre les îlots en prenant appui sur les rues comme axes qui articulent la trame urbaine, les résultats ne sont pas des plus explicites. En revanche, si l’on mesure les distances entre les moyennes, on met en évidence une réalité de terrain qui pourrait être le schéma d’arpentage suivi par le concepteur du parcellaire du XIIIe siècle. Sur la figure suivante, les distances entre les bandes configurées par les médianes (la numérotation des lignes médianes se trouve dans la figure 2) donnent des valeurs très proches :

  1. Distance entre les lignes médianes 2 et 3 : 30,7 mètres
  2. Distance entre les lignes médianes 3 et 4 : 29,2 mètres
  3. Distance entre les lignes médianes 4 et 5 : 30,5 mètres
  4. Distance entre les lignes médianes 5 et 6 : 30,9 mètres
  5. Distance entre les lignes médianes 6 et 7 : 30,8 mètres
  6. Moyenne : 30,4 m = 14½ cannes [1] environ (30,392, soit 0,2 % d’erreur)
  7. Distance entre les médianes avec la rue Droite au milieu : 30,2 mètres
  8. Distance entre les médianes avec la rue de la Croix au milieu : 28,9 mètres
  9. Distance entre les médianes avec la rue de Rey au milieu : 31,7 mètres
  10. Moyenne : 30,9 mètres, soit 1,8 % d’erreur.

19 Nous pouvons donc proposer un schéma d’arpentage des unités intermédiaires en fonction des lignes médianes des bandes de planification, ce qui rend mieux compte de la planification ainsi que des variations dans l’orientation des lotissements identifiés (figure 5).

20 Ce schéma manifeste le fait que la planification s’est adaptée aux contraintes des rues et des chemins précédant cette opération d’arpentage et de l’occupation existante. Les légères modifications de l’orientation permettent de rendre compte de la planification au sud de la rue de la Loge et d’une grande transformation de l’orientation au nord de la ville, non pas marquée par la rue elle-même, mais par un axe de rupture d’orientation strictement virtuel au sud de cette même rue.

21 La convergence de lignes sur B (figure 3) – la rue du Pont Vieux (par rapport au Pont Neuf de 1824) se trouve sur le passage obligé qui conduit à ce pont sur le Paillon – marque aussi les variations d’orientation à l’ouest de Sainte-Réparate, ce qui permet de lotir l’espace sur la base d’une même distance, les 14½ cannes ou bien 14 cannes et 4 pans (soit 30,4 mètres).

22 Or la matérialisation des îlots ne se fait pas sur une grille calée sur les rues ; elle ne passe pas non plus par la construction des lotissements à l’intérieur de ce cadre. La rue est ainsi pensée « en creux », puisque ce n’est pas sur elle que se fonde le lotissement : elle est plus le résultat du lotissement que son point de départ. Une fois la trame du niveau intermédiaire construite, avec des médianes marquées au sol, les arpenteurs ont dû lotir les casales ou maisons. Les textes confirment cette lecture : ils évoquent les casales et les confrontants, mais non les rues, faisant partir les mesures de cette ligne virtuelle originelle qu’est la médiane et qui se matérialisera lors de la construction des maisons. Sur les figures suivantes on ne retrouve que très peu les 14½ cannes qui scandent le sol de la vieille ville par la médiane mais, en revanche, d’autres mesures se répètent fréquemment : 5, 6, 7, 8 ou 9 cannes comme mesures de façade entre la médiane et les angles ou les retours d’angles des îlots. Les façades font plutôt 10, 13 ou 14 cannes.

23 Sur la figure suivante (figure 6), nous avons noté en rouge les distances des façades des îlots en fonction d’une mesure double, des deux côtés de la médiane. Le premier chiffre est en cannes, et le chiffre décimal correspond à des pans (en sachant que la canne se divise en 8 pans). En vert, cette fois, nous avons noté la distance de la façade en cannes. À titre d’exemple, une façade de 10 ou 12 cannes correspond à deux lots de 5 ou 6 cannes de largeur (valeurs récurrentes dans les textes) ; une façade de 13 cannes et deux pans est le résultat de 6 cannes et 5 pans. Plus original est le résultat au sud de la ville : une façade aux alentours de 13 cannes peut recevoir deux solutions : si on est du côté de la rue du Château, 13,2 est l’addition de 8 cannes et 3 pans plus 4 cannes et 7 pans ; tandis que si on est du côté de la rue Malonat, le total de 13 cannes est le résultat de 8 cannes et 2 pans plus 4 cannes et 6 pans.

24 Sur le tableau suivant on relève les dimensions les plus utilisées et leur valeur métrique :

Distances de la médiane à l’angle de l’îlot
Cannes Pans Cannes en valeur métrique Pans en valeur métrique mètres fréquence
3 2 6,288 0,524 6,812 1
4 4 8,384 1,048 9,432 1
4 6 8,384 1,572 9,956 2
4 7 8,384 1,834 10,218 1
5 0 10,48 0 10,48 10
5 2 10,48 0,524 11,004 2
5 5 10,48 1,31 11,79 2
5 6 10,48 1,572 12,052 3
5 7 10,48 1,834 12,314 1
6 0 12,576 0 12,576 12
6 2 12,576 0,524 13,1 2
6 3 12,576 0,786 13,362 6
6 4 12,576 1,048 13,624 4
6 5 12,576 1,31 13,886 5
6 6 12,576 1,572 14,148 6
7 0 14,672 0 14,672 11
7 2 14,672 0,524 15,196 2
7 4 14,672 1,048 15,72 1
tableau im2
8 0 16,768 0 16,768 1
8 2 16,768 0,524 17,292 1
8 3 16,768 0,786 17,554 1
9 0 18,864 0 18,864 1
tableau im3

25 Les valeurs dominantes oscillent entre 5, 6 et 7 cannes mesurées depuis la médiane, de sorte que les façades sont le résultat de l’addition de ces mesures ou de leurs combinaisons possibles : 10 cannes (5 + 5 cannes), 13 cannes (6 + 7 ; 6,5 + 6,5 ; 6,2 + 6,6 et 8,2 + 4,6) ou 14 cannes (7 + 7 ou 5 + 9). Mais les combinaisons se font aussi au sein d’une même bande, d’un même îlot d’habitation. L’îlot formé par les rues de la Loge, Droite, des Voûtes et de la Croix, a 14 cannes (7 + 7) de façade dans la rue Loge tandis qu’il s’agit de 13 cannes dans la rue des Voûtes, mais cette fois la distance entre la médiane et l’angle de l’îlot est de 6 cannes et 2 pans, d’une part, et de 6 cannes et 6 pans de l’autre.

26 La médiane est le point d’origine des mesures et les lignes de façade sont le résultat des dimensions des unités des textes (6×3 ; 5×2 ; 5×3 cannes) et de leurs multiples ainsi que l’adaptation à la réalité du terrain. De cette façon, on peut supposer une construction progressive à partir du schéma d’arpentage et les adaptations de ce schéma aux mesures et à la topographie préalable (figure 7).

27 L’application de ce schéma et notamment la mise en évidence des points d’inflexion du tracé des médianes ouvre d’intéressantes perspectives en suggérant, par exemple, des variantes possibles au schéma d’arpentage qui vient d’être proposé. En rapportant le schéma au plus près de la forme parcellaire – mais sans revenir sur le principe selon lequel il a existé un schéma conceptuel préalable et une adaptation aux contraintes topo-planimétriques existantes –, nous suggérons aussi une variante du schéma d’arpentage qui prend appui sur le double coude des médianes m5 à m8 du schéma suivant, séries de coudes que nous proposons d’aligner (figure 8).

28 Si l’on prend l’exemple de la médiane 7, la mesure des orientations successives de cette ligne indique, par rapport à la ligne m7-pt7 une première inclinaison de près de 5o (entre pt7 et pt7bis), puis à nouveau d’environ 7o30’ (au nord de pt7bis), soit une différence de l’ordre de 12 à 13o au total.

29 Nous observons que la ligne de séparation des deux condamines correspondrait à la médiane 8 de ce schéma. De même, si nous avons noté, tout à fait en marge du schéma, une ligne médiane 12, c’est parce qu’elle est dans un rapport géométrique simple (×2) avec les médianes 10 et 11 . Elle peut témoigner d’une intention géométrique jusque dans cette partie de la ville transformée, depuis, par le couvent de Sainte-Claire.

30 Sur cette base, il serait alors envisageable de proposer une conception d’ensemble de la géométrie du lotissement en cinq trames au sein desquelles se fait la division parcellaire par la médiane. Le changement d’orientation entre les trames 3 et 4 est faible mais néanmoins perceptible. Les trames 2 et 5 ont la même orientation, ce qui accroît la présomption de construction du lotissement par la médiane des bandes.

31 L’intérêt de la localisation de la trame 4 est peut-être de proposer une explication pour le triangle formé par trois rues plus ou moins anisoclines du plan : rues de la Loge, Mascoinat, et des Voûtes.

Une forme médiévale

L’ÉVIDENCE DE L’HYPOTHÈSE MÉDIÉVALE

32 La description de ces régularités suggère l’hypothèse d’une fondation ou d’un aménagement médiévaux, par parenté de cette forme avec d’autres fondations médiévales.

33 L’histoire de Nice du XIIe au XIVe siècles pourrait offrir des opportunités d’interprétation. Comme le souligne Robert Latouche, les XIIe- XIVe siècles sont la période pendant laquelle la ville médiévale, nommée alors ville nouvelle, s’étend dans la plaine côtière et alluviale, entre la mer et le Paillon [2]. Ce mouvement est amorcé dès le XIIe siècle et se poursuit au XIIIe, ce qui explique que l’église Sainte-Réparate soit prieuré de l’abbaye de Saint-Pons depuis 1203 et siège de paroisse depuis 1246 au moins. Il faut donc envisager l’existence d’une forme d’habitat dans cette partie de la plaine dès le XIIe siècle. On date de la fin du XIIIe siècle l’implantation d’un rempart autour de la ville basse. La fin du XIIIe et le début du XIVe siècle sont également une époque de fondation de villes basses et de ports, avec le cas de Villefranche fondée en 1295, destinée à concurrencer le commerce génois. En 1302, le recensement voulu par les consuls de Nice donne 2 064 feux ce qui laisse penser à une population de l’ordre de 10 000 personnes [3].

34 Mais la situation de la ville est difficile après la peste de 1347 et cette faiblesse persiste jusque aux ravages des Compagnies et des Tards-venus, en 1358, à l’épisode de 1364, lorsque la sécheresse provoqua une dramatique invasion de sauterelles. Ces difficultés entraînent les concessions de 1366 et 1367 par la reine Jeanne de Naples, destinées à encourager le repeuplement, à doper le commerce et à favoriser la remise en culture des terres. L’histoire médiévale de la ville offre donc, a priori, plusieurs pistes historiques pour interpréter la forme observée.

LES CONDAMINES DE L’ABBAYE DE SAINT-PONS

35 Cependant les actes du chartrier de l’abbaye de Saint-Pons, institution qui exerce le dominium sur cette partie de la ville basse, proposent une documentation d’intérêt exceptionnel pour renseigner les formes et préciser l’interprétation de cette régularité. C’est en grande partie en raison des conflits existant entre l’abbaye de Saint-Pons et l’évêque (avec son chapitre) et, également, entre les consuls de la ville de Nice et l’abbaye, que nous sommes informés de ce qui se passe dans cette zone de la ville. Dès le XIe siècle, l’église Sainte-Réparate, institution dépendant de l’abbaye, ferraille avec l’évêché pour la répartition des dîmes [4]. Mais la mainmise de l’abbaye sur cette zone s’affirme puisqu’on voit apparaître dans les actes la mention des deux condaminae, l’une dite superior et l’autre inferior. Ces deux condamines semblent concerner tout l’espace étudié ici. Mais nous n’avons pas trouvé, faute d’accès à toute l’information souhaitable, l’élément sur lequel Marc Bouiron s’est fondé pour tracer la délimitation entre les deux condamines, telle qu’on peut la voir sur sa carte de Nice au XIIIe siècle [5]. Nous la reproduisons donc d’après lui, en observant que, si elle s’avérait exacte, elle prendrait appui sur la médiane 8 de la figure 8, ce qui est particulièrement intéressant. La double condamine est une censive de l’abbaye, c’est-à-dire que l’abbaye y possède un assez grand nombre de tenanciers : 17 dans la rue Droite (Carriera Retta) d’après les calculs de Denis Ghiraldi [6].

36 Ce sont les actes de la période de 1246-1254 qui offrent, par leur concentration chronologique même, le plus d’intérêt par rapport à l’histoire de la ville basse. Dans l’acte de 1246, l’évêque de Vintimille, agissant en tant que délégué apostolique, donne à Saint-Pons la possession « des droits, des paroisses, des hommes, des colons, et de tous les habitants dans les faubourgs et les accroissements de la ville de Nice, à savoir les Condamines supérieure et inférieure de Sainte-Réparate, et devant les portes de Saint-Pons et de Saint-Martin et devant la porte des Rustegue, dans le sol dudit monastère » [7], autrement dit une grande partie de ce qui constituera plus tard la « vieille ville ».

37 L’année suivante [8], l’abbaye consent une concession de deux casales dans la condamine supérieure, pour que les preneurs édifient des maisons (ad hedificandum domum). En 1248, un acte établi sur ordre papal rappelle le conflit autour de la question de l’augmentation de la nouvelle paroisse de Sainte-Réparate et des droits sur les deux Condamines [9], signe que l’extension urbaine est en cours et que le contrôle de la nouvelle ville crée des tensions entre l’église cathédrale et l’abbaye. Le chapitre cathédral réclame et obtient que le prieuré de Sainte-Réparate lui verse un cens de quatre livres et demi pour la nouvelle paroisse des deux Condamines (supérieure et inférieure) [10]. La formulation des actes de cette période qui mentionnent l’augmentation que représentent les deux condamines de Sainte-Réparate est significative de l’essor de ce quartier [11] . Pour la localisation de ces deux condamines, on peut noter la mention d’un acte de 1252 qui précise justa Condaminarum inferiorem Sancte Reparate, et qui suggère le lien entre cette condamine inférieure et l’église paroissiale [12] :

38

« [...] pour corriger les excès commis hors et dans la cité de Nice par les habitants, concernant les ponts, les canaux, les routes détériorées par eux, étant entendu que ces arbitres ont tout pouvoir pour faire les constats des dégradations ; ils devront demander à l’abbé de Saint-Pons de vouloir bien réparer le canal des moulins qui dépend du soin de l’abbaye et qui longe la Condamine inférieure de Sainte-Réparate, de céder 4 pans de terrain (1 m 20) pour élargir ce canal jusqu’au pont inférieur, afin qu’il ait au moins 11 pans de large (3 m 30). »
(traduction Denis Ghiraldi, 2006 [13])

39 La mention de lots (casales) ou de maisons (domus) ainsi que l’expression de mesures de ces emplacements apportent une précision morphologique et métrologique particulièrement intéressante pour établir la matérialité du lotissement :

40

  • acte de 1247 [14] : un casal de 6 cannes de long et de 3 de large (et amplum trium)
  • acte de 1249 [15] : une maison de 2 cannes de profondeur (ou de large ? amplo) et 5 cannes de façade (ou de long ? lungo)
  • acte de 1250 [16] : concession en emphytéose d’un casal de 3 cannes sur 5 dans la Condamine supérieure
  • acte de 1250 [17] : vente entre particuliers d’un casal de la Condamine supérieure. L’acte précise que les confronts de ce casal sont trois emphytéotes, Pierre Valentin, Guillaume Amic, Pierre Jean. On peut supposer qu’il n’y en a pas de quatrième, puisque le quatrième côté de la parcelle pourrait être la rue.
  • acte de 1254 [18] : vente d’une maison de la Condamine supérieure avec autorisation de l’abbé.
  • acte de 1254 [19] : idem pour d’autres bénéficiaires.
  • acte de 1254 [20] : vente d’un casal de la Condamine supérieure, dont la localisation est précisée puisqu’il touche à la muraille de Guillaume Lions et à la fenêtre du prieur de Sainte-Réparate.
  • acte de mars 1254 [21] : l’abbé et le chapitre monastique donnent en emphytéose, dans la Condamine supérieure, un casal de 6 cannes par 3 pour y bâtir une maison, et indiquent les deux confrontants ; un autre de même nature pour d’autres bénéficiaires.
  • acte d’avril 1254 [22] : deux autres concessions semblables.
  • acte d’avril 1254 [23] : une concession semblable.
  • acte de juillet 1254 [24] : vente d’une maison située dans la Condamine inférieure.
  • acte de juillet 1254 [25] : concession en emphytéose d’un casal dans la Condamine supérieure, avec trois confrontants ; d’un autre avec deux confrontants.
  • acte de 1258 [26] : l’abbé de Saint-Pons achète une maison de la Condamine supérieure.
  • acte de 1278 [27] : quittance de l’abbé de Saint-Pons au sujet d’un casal de la Condamine de Sainte-Réparate.
  • acte de 1290 [28] : concession en emphytéose d’une maison située à la Condamine inférieure de Sainte-Réparate, confrontant le four, la maison de Mainfroi Cayrasc et la voie publique. Confirmation en 1291 [29].

41 En partant de la valeur de la canne à 2,096 m [30] (valeur donnée d’après P. Charbonnier, 1994), les mesures indiquées dans les actes (dont les numéros sont rappelés) donnent les équivalents métriques suivants :

42

  • no 43 et 64 = 6×3 cannes = 12,57×6,28 m
  • no 51 = 5×2 = 10,48×4,19 m
  • no 52 = 5×3 = 10,48×6,28 m

43 Face à cette liste d’actes et aux informations qu’elle contient, les historiens ont jusqu’ici considéré que l’abbaye, à partir de 1251 et parce qu’elle aurait été endettée, s’est défait de plusieurs censives, notamment de plusieurs maisons situées dans les deux condamines, en les concédant sous forme emphytéotique. On se demande s’il n’y a pas là une inversion d’interprétation. On pourrait, tout au contraire, penser que l’abbaye a pris l’initiative du lotissement et qu’elle met en adjudication ceux des lots qui lui appartiennent afin d’en tirer des revenus.

44 Cependant, au XIVe siècle, l’abbaye connut des difficultés avec ses tenanciers. Les actes postérieurs montrent en effet qu’un des enjeux de ces reconnaissances était la condition que posaient les moines lors de la concession : ils obligeaient les tenanciers à utiliser le moulin et le four de l’abbaye. En 1356, cette obligation cède et les concessionnaires de lots de l’abbaye n’utiliseront les installations banales qu’à condition qu’ils le veuillent bien [31] .

45 Il resterait à mieux cerner la question des modalités juridiques et pratiques du lotissement. Car bien que l’abbaye paraisse avoir le dominium de l’ensemble de cette zone, elle n’est sans doute pas l’unique propriétaire de toutes les parcelles. Dès 1258, on voit l’abbaye acheter (ou racheter ?) une maison. Mais l’exercice du dominium est néanmoins décisif car c’est vraisemblablement lui qui a permis à l’abbaye d’engager un arpenteur pour donner une forme unique au lotissement. On ne voit pas bien comment on pourrait engager un lotissement géométriquement cohérent et contraignant sans avoir négocié l’accord des autres propriétaires, ce qui signifie le fait de disposer sur eux d’une maîtrise foncière suffisante. Cependant cette observation n’interdit pas de poser également l’hypothèse que, dans le détail, il puisse y avoir des bandes ou des portions de bandes qui ne seraient pas initiales, c’est-à-dire qui n’auraient pas été dessinées par l’arpenteur, et qui seraient le fruit de la dynamique de l’habitat. Rien n’interdit, en effet, de prolonger une bande, ou d’en ajouter une autre en parallèle, bien après le lotissement initial.

Prolongements

UN TYPE MÉDIÉVAL BIEN CONNU

46 L’étude de ce type de plan peut être corrélée à une très riche bibliographie dont nous souhaitons rappeler quelques exemples. Les études de sites médiévaux abondent.

47 À s’en tenir aux publications françaises, ce type de plan en bandes est présenté dans les travaux de Pierre Lavedan sur l’urbanisme, au titre de l’urbanisme médiéval « de fondation » [32]. Ce modèle est évoqué dans les actes du colloque d’Arc-et-Senans, avec une étude des villes du chemin de Saint-Jacques, ou de celles de Transylvanie médiévale [33]. Jean-Loup Abbé l’a étudié à Villeneuve l’Archevêque, où certaines bandes du lotissement urbain présentent les mêmes caractéristiques qu’à Nice, avec une bande subdivisée en deux demi-bandes ; Claire Marchand a fait de même à Flagy en Seine-et-Marne [34]. Les travaux de Bernard Gauthiez sont fondamentaux sur cette question, notamment sa thèse sur Rouen et ses monographies de villes de Normandie [35]. Les bastides du sud-ouest ont également fait l’objet de nombreux travaux, dont certains sont intéressants pour l’analyse morphologique des plans et le mode de subdivision des bandes ; on trouve également des travaux allant en ce sens dans le volume Habitats et territoires du Sud, publié en 2004, avec une étude du parcellaire des villeneuves médiévales planifiées par Pierre Pinon [36].

48 Le plan médiéval en question est également caractéristique des villes dont l’histoire est partagée entre une ville haute (souvent initiale) et une ville basse postérieure. Il est fréquent d’observer de telles villes basses régulières de planification dans le tissu des villes médiévales, même celles qui ont une origine antique. Les exemples français de Carcassonne, de Marseille (avec une suggestive étude de Marc Bouiron) ou de Besançon, ou les exemples portugais de Tomar et de Coimbra présentés lors de l’École post-doctorale d’archéogéographie de Coimbra en novembre 2012, sont là pour en témoigner [37].

49 Ce type de plan est aussi fréquent dans les nouveaux quartiers périphériques des villes qui ont connu un agrandissement lors de la construction d’un nouveau rempart, comme c’est le cas, dans la ville de Valencia, de la Pobla Vella du Carmen, ainsi que les différentes poblas (pobla d’En Mercer, pobla d’En Ramon Mascó, pobla d’En Vicent Desgraus, patis d’En Bru, patis d’En Frigola...), des quartiers de Velluters et Boatella, construits entre les anciens remparts musulmans et la nouvelle muraille de la ville chrétienne, depuis 1356 [38]. Des dizaines d’autres cas pourraient être évoqués.

PRÉSENTATION DE L’INTERPRÉTATION D’UNE CADASTRATION GRECQUE

50 Ces rappels bibliographiques nous conduisent à discuter l’hypothèse de Stéphane Morabito. Ce chercheur a vu, dans la forme qui vient d’être étudiée, un vestige direct de l’établissement grec de Nikaia. Pour le détail de ses observations, nous renvoyons le lecteur à son étude parue dans Histoire et Mesure en 2003 et reprise dans la thèse de l’auteur soutenue à Montpellier en 2007 [39].

51 L’argumentation est la suivante.

52

  • Stéphane Morabito étant épigraphiste, son attention est attirée par une intéressante mention d’une chora inferior dans une inscription latine trouvée à Cimiez et parlant d’un procurateur impérial du IIIe siècle après J.-C., inspecteur de rang ducénaire de la zone côtière ou ducénaire chargé de l’administration de la chora inférieure [40].
  • Nikaia devant disposer d’une asty et d’une chora, c’est-à-dire d’une ville et d’un territoire, il fait alors la comparaison avec les sites grecs voisins d’Olbia, d’Agathè (Agde) et d’Emporion (Ampurias) pour lesquels des formes parcellaires régulières ont été attribuées à l’époque grecque [41] . Pour lui, cela « démontre que l’installation d’un établissement de ce type s’accompagnait de façon systématique d’un plan directeur pour la cité et d’un cadastre pour le territoire qui lui était dévolu ». Il y a donc présomption d’existence d’un système orthonormé régulier à Nice, parce que les travaux sur les autres sites grecs ont donné des résultats en ce sens.
  • Par une méthodologie éprouvée (qu’il emprunte aux travaux des années 1970 et 1980, notamment à Jean Benoît qui a travaillé sur Olbia), il met en évidence les régularités d’orientation existant dans la plaine alluviale de Nice, de part et d’autre du torrent du Paillon. Son document de travail est le plan cadastral, celui de 1812 ainsi que celui de 1871 . L’enquête le conduit alors à explorer les orientations détectées et à le faire par une recherche des autocorrélations susceptibles de permettre la découverte de systèmes métrologiques fondés sur des périodicités. Il en détecte deux, qu’il nomme Nikaia A et Nikaia B. Ensuite, selon lui, la métrologie prouve que ce sont des trames grecques : par une analyse de plusieurs centaines de mesures, la statistique lui indique que les résultats plaident plus pour des mesures fondées sur le pied osco-italique ou le pes monetalis antiques que pour la canne médiévale, l’aune française ou le trabucco di Nizza d’époque sarde.

53 Ces deux systèmes régissant la partie centrale de la vieille ville de Nice, il lui paraît donc possible de dire que la « localisation précise » du site grec urbain est découverte (« entre la cathédrale Sainte-Réparate et la colline du château »). À partir de là, le repérage de l’une ou l’autre de ces deux orientations dans le parcellaire environnant le conduit à identifier, cette fois, le parcellaire rural de la chora grecque.

54 La figure 6 de son travail consiste à restituer une disposition qui fasse entrer le maximum de bords de rues dans une grille au rythme de 50 pieds osco-italiques. Une variante est proposée pour une mesure de 60 pieds.

55 Après avoir étudié Nikaia A, l’auteur étudie selon la même méthode Nikaia B, trame qui couvre la même zone et est très dégradée. Il suit le même raisonnement : c’est l’étude métrologique qui assure son caractère massaliète antique.

56 Les deux lectures « ne laissent peser aucun doute ». Concernant la chora rurale de cette fondation, l’étude de l’auteur consiste à interpréter toutes les incrustations d’orientation différentes existant dans la trame principale de la ville comme étant le souvenir de l’un des deux réseaux qu’il identifie.

DISCUSSION DE L’HYPOTHÈSE

57 Le principal point de discussion porte sur le mode de raisonnement de l’auteur. Un nom, Nikaia, et un mot grec, chora, lu dans une inscription latine du IIIe s. apr. J.-C., orientent sa recherche : puisque fondation grecque il y a et puisque cette fondation a un territoire (chora), il faut donc les découvrir. Cet objectif est légitime en soi, mais il est ardu, en raison du filtre médiéval et moderne qu’offre la ville avant même d’atteindre d’éventuelles formes antiques. Or ce que postule son raisonnement mais sans l’exprimer est ceci : alors que la morphologie urbaine et agraire grecques auraient laissé des traces directement lisibles et interprétables, les époques médiévales et modernes, elles, n’en auraient laissé aucune, puisqu’il n’y a pas de filtre postérieur qui pourrait gêner cette lecture.

58 Le rapprochement avec les travaux conduits sur Olbia, Agde et Ampurias, trois sites de fondations grecques, pose en effet un problème dont il convient de donner l’expression la plus juste possible. On ne reprochera ni à André Nickels ou à Monique Clavel-Lévêque à Agde, ni à Rosa Plana Mallart à Ampurias, ni à Antoine Pérez en Languedoc [42] et en Roussillon, ni à Jean Benoît à Olbia et à Nîmes, d’avoir mis en œuvre, dans les années 1970-1990, une méthodologie qui était alors assez largement partagée et qui se fondait sur la confiance excessive dans la possibilité de transmission linéaire des informations planimétriques depuis l’Antiquité [43]. Ces années-là, on accordait peu d’intérêt au Moyen Âge et on traversait cette période transparente pour établir un dialogue direct et inévitablement identitaire avec les colonies grecques et romaines, dont on lisait le plan à vue dans les parcellaires hérités, à l’instar de ce que nous avait appris l’école italienne de topographie historique et d’urbanisme. On procédait aussi par la médiation de filtrages et de calculs de périodicités, mis au point par le groupe de Besançon des années 1970 et 1980 et qui se sont avérés des protocoles scientifiques plus ambigus qu’utiles. En effet, après les avoir mis au point, plus personne ne les a vraiment utilisés pour découvrir quelque chose, alors qu’ils sont devenus l’apparence d’argument scientifique dont se sont emparés les chercheurs pour avoir plus de poids, et, inversement, l’argument pour une diabolisation de ces recherches chez ceux qui n’y croyaient pas.

59 Ce qu’on peut reprocher aux auteurs dont s’inspire directement Stéphane Morabito, c’est de n’avoir pas remis leurs premiers travaux en question, de n’avoir pas suivi le développement de la recherche et de la critique et de s’être contentés d’esquisses qui sont aujourd’hui contestées. Ni Monique Clavel-Lévêque, ni Rosa Plana Mallart, ni Antoine Pérez n’ont écrit d’article pour prendre du recul et commenter leurs premiers travaux. Or des alertes ont été régulièrement lancées : nous avons attiré l’attention, dès les années 1980, sur le fait qu’on pouvait discerner des villeneuves médiévales et leur parcellaire, incrustées dans des centuriations italiennes d’origine antique ; sur le fait qu’on avait confondu des parcellaires médiévaux avec des centuriations romaines dans le Levant espagnol, ou encore en Champagne ; Cédric Lavigne a publié des travaux sur la modélisation des planifications médiévales [44]. Dans ces conditions, au début des années 2000, prendre encore modèle sur des travaux immobiles pour conduire une analyse d’un plan parcellaire, et ne pas faire référence au débat ouvert par la recherche, exposait à des risques.

60 Nous admettons volontiers que les planifications grecques, gauloises et romaines sont souvent proches des formes et de la monotonie du plan qui vient d’être décrit pour la condamine de Saint-Pons : rien n’est plus semblable à un lotissement en bandes qu’un autre lotissement en bandes. Autrement dit, il pourrait y avoir des parentés troublantes et cela justifierait qu’on se pose la question de l’identification. À la rigueur, on pourrait admettre ce raisonnement si, auparavant, l’auteur avait pris soin d’étudier la phase médiévale et s’il avait donné un argumentaire convaincant pour ne pas la considérer comme décisive, et passer outre afin d’aller directement à l’époque grecque.

Figure 2

Analyse du plan cadastral de 1870 et première lecture des bandes de lotissement par la régularité et le parallélisme des rues et le caractère isocline du parcellaire.

tableau im4

Analyse du plan cadastral de 1870 et première lecture des bandes de lotissement par la régularité et le parallélisme des rues et le caractère isocline du parcellaire.

« Note complémentaire sur l’organisation de l’espace ancien dans les communes de « Reims Métropole » et de la banlieue de Reims », dans Carte Archéologique de la Gaule, 51 /2 Reims, Paris, 2010, p. 101-102 ; Cédric Lavigne, Essai sur la planification agraire au Moyen Âge, Bordeaux, éditions Ausonius, 2002.
Figure 3

La ligne d’inflexion expliquant le changement de direction des bandes.

tableau im5

La ligne d’inflexion expliquant le changement de direction des bandes.

Figure 4

Les probables unités modulaires du lotissement.

tableau im6

Les probables unités modulaires du lotissement.

Figure 5

Schéma d’arpentage précédant le lotissement. Les cercles soulignent les inflexions de l’orientation de la ligne médiane par rapport au prolongement de celle-ci, qu’elle soit continue ou discontinue.

tableau im7

Schéma d’arpentage précédant le lotissement. Les cercles soulignent les inflexions de l’orientation de la ligne médiane par rapport au prolongement de celle-ci, qu’elle soit continue ou discontinue.

Figure 6

Construction métrologique de l’urbanisme à partir du schéma d’arpentage. Les mesures sont en cannes et en pans.

tableau im8

Construction métrologique de l’urbanisme à partir du schéma d’arpentage. Les mesures sont en cannes et en pans.

Figure 7

Construction des îlots et des rues en fonction des distances à partir de la médiane sur le schéma d’arpentage.

tableau im9

Construction des îlots et des rues en fonction des distances à partir de la médiane sur le schéma d’arpentage.

Figure 8

Application topographique du schéma d’arpentage et possible synthèse de la construction de l’arpentage par les médianes et définition des cinq trames.

tableau im10

Application topographique du schéma d’arpentage et possible synthèse de la construction de l’arpentage par les médianes et définition des cinq trames.

61 On aura compris que, selon nous, l’hypothèse que cet auteur a avancée n’est plus acceptable. Il est même nécessaire d’engager un peu partout la réévaluation d’hypothèses de planifications généreusement attribuées à l’Antiquité alors qu’il n’y a pas lieu de le faire [45].

62 Le cas niçois offre un dossier de plus pour analyser les fondations de villeneuves ou de villes basses planifiées, qui ont été nombreuses du XIIe au XIVe siècle dans toute l’Europe. Le rapprochement assez exceptionnel qu’on peut faire entre cette forme et la possession de l’abbaye de Saint-Pons, ainsi qu’avec la série d’actes qui en décrivent le lotissement permet d’asseoir l’interprétation avec la plus grande vraisemblance. En outre, la recherche du mode d’arpentage a permis de suggérer la construction du lotissement par la médiane des bandes, plutôt que par le dessin préalable et déterminant des rues. Cet apport est susceptible d’enrichir la gamme des outils méthodologiques dont on dispose pour analyser des trames viaires et parcellaires.


Date de mise en ligne : 12/11/2015

https://doi.org/10.3917/rhu.042.0057

Notes

  • [*]
    Directeur de recherches honoraire au CNRS – France International pour l’Expertise Foncière.
  • [**]
    Université de Nice – Sophia Antipolis, CNRS – UMR 7264 CEPAM.
  • [2]
    Robert Latouche, Histoire de Nice, tome 1 : Des origines à 1860, Nice, 1951 ; Marc Bouiron, « L’évolution topographique de Nice (XIe-XVIIIe s.). Prémices d’un atlas historique et archéologique », Archéam, no 15, 2008, p. 13-33.
  • [3]
    Louis Durante, Histoire de Nice depuis sa fondation jusqu’à l’année 1792, Tome 1, Paris, 1823, p. 247-248 et p. 250.
  • [4]
    Comte Eugène Cais de Pierlas, Chartrier de l’abbaye de Saint-Pons hors les murs de Nice, Monaco, 1903, no 12, p. 19.
  • [5]
    Marc Bouiron, « L’évolution topographique de Nice (XIe-XVIIIe siècle). Prémices d’un atlas historique et archéologique », Archéam, no 15, 2008, p. 13-33, ici p. 19 et p. 30.
  • [6]
    Denis Ghiraldi, « Le monastère de Saint-Pons – Les conflits de juridiction », Recherches régionales. Alpes-Maritimes et contrées limitrophes, vol. 47, no 181, 2006, p. 13-86.
  • [7]
    Comte Eugène Cais de Pierlas, Chartrier..., op. cit., no 42, p. 53-54 : « jurium parochialium, hominum et colonorum et habitancium omnium in suburbiis et incrementis civitatis Nicie, scilicet in Condamina superiori et inferiori Sancte Reparate, et extra portale Sancti Poncii, et extra portale Sancti Martini, et extra portale Rusticorum suorum, in solo dicti monasterii. »
  • [8]
    Ibid., no 43, p. 54-55.
  • [9]
    Ibid., no 49, p. 61-62.
  • [10]
    Ibid., no 50, p. 63.
  • [11]
    Ce qu’on lit dans un acte de 1248 : « de parrochia nove augmentationis duarum Condominarum ecclesie Sancte Reparate... ». Ibid., no 49, p. 62.
  • [12]
    Ibid., no 58, p. 70.
  • [13]
    Denis Ghiraldi, « Le monastère de Saint-Pons... », op. cit., 2006, p. 13-86.
  • [14]
    Comte Eugène Cais de Pierlas, Chartrier de l’abbaye de Saint-Pons hors les murs de Nice, Monaco, 1903, no 43, p. 54-55.
  • [15]
    Ibidem, no 51, p. 65.
  • [16]
    Ibid., no 52, p. 66.
  • [17]
    Ibid., no 53, p. 66.
  • [18]
    Ibid., no 61, p. 75.
  • [19]
    Ibid., no 62, p. 75.
  • [20]
    Ibid., no 63, p. 75.
  • [21]
    Ibid., no 64, p. 76.
  • [22]
    Ibid., no 65, p. 76.
  • [23]
    Ibid., no 66, p. 77.
  • [24]
    Ibid., no 68, p. 77.
  • [25]
    Ibid., no 69, p. 77.
  • [26]
    Ibid., no 73, p. 79.
  • [27]
    Ibid., no 89, p. 100.
  • [28]
    Ibid., no 100, p. 112.
  • [29]
    Ibid., no 102, p. 114-115.
  • [30]
    Pierre Charbonnier (sous la direction de), Les anciennes mesures locales du midi méditerranéen d’après les tables de conversion, Clermont-Ferrand, Institut d’Études du Massif central, 1994, p. 66.
  • [31]
    Comte Eugène Cais de Pierlas, Chartier de l’abbaye de Saint-Pons..., op. cit., no 186, p. 204.
  • [32]
    Pierre Lavedan, Histoire de l’urbanisme, Antiquité, Moyen Âge, Paris, Henri Laurens, 1926 ; Pierre Lavedan et Jeanne Hugueney, L’urbanisme au Moyen Âge, Genève-Paris, Droz (Bibliothèque de la Société Française d’Archéologie no 5), 1974.
  • [33]
    Pierre Merlin (sous la direction de), Morphologie urbaine et parcellaire, Paris, Presses Universitaires de Vincennes, 1988. Pour les actes du colloque d’Arc-et-Senans, Jean Passini, « Parcellaire et espace urbain médiéval : les villes du chemin de Saint-Jacques de Compostelle », dans Pierre Merlin (sous la direction de), Morphologie..., op. cit., p. 197-206 ; Michel Tanase, « Le rôle des structures parcellaires préexistantes dans la réalisation des villes nouvelles de la Transylvanie médiévale », dans Pierre Merlin (sous la direction de), Morphologie..., op. cit., p. 181-195.
  • [34]
    Jean-Loup Abbé, « Formation d’un paysage médiéval dans le Bassin parisien : Villeneuve-l’Archevêque (Yonne) », Archéologie médiévale, tome 223, 1993, p. 57-105 ; Claire Marchand, Recherches sur les réseaux de formes : Processus dynamiques des paysages du Sénonais occidental, 2 vol., thèse, Tours, 2000.
  • [35]
    Bernard Gauthiez, La logique de l’espace urbain. Formation et évolution : le cas de Rouen, thèse EHESS, Paris, 1991 ; Bernard Gauthiez, Atlas morphologique des villes de Normandie, Lyon, éditions du Cosmogone, 1999.
  • [36]
    Françoise Divorne, Bernard Gendre, Bruno Lavergne, Philippe Panerai, Essai sur la régularité. Les bastides d’Aquitaine, du Bas-Languedoc et du Béarn, Bruxelles, AAM Éditions, 1985, voir par exemple aux pages 61-63 ; Benoît Cursente (sous la direction), Habitats et territoires du Sud, Paris, éditions du CTHS, 2004.
  • [37]
    Marc Bouiron, « Le lotissement de l’abbaye Saint-Sauveur de Marseille. De la reconquête de l’espace urbain à la création du palais communal (XIe-XIIIe siècle) », Mélanges de l’École Française de Rome [MÉFR], Moyen Âge, no 124-1, 2012 ; Gérard Chouquer, « Le plan de la ville antique et de la ville médiévale de Besançon », Revue Archéologique de l’Est, no 45-2, 1994, p. 361-407 ; Gérard Chouquer, L’analyse de morphologie urbaine, L’exemple de Beja (Portugal), Coimbra (Collection d’archéogéographie de l’Université de Coimbra, vol. 2), 2012.
  • [38]
    Ricardo González Villaescusa, « El barrio del Carmen de Valencia : análisis morfológico e historia urbana », Madrider Mitteilungen, no 41, 2000, p. 410-435 ; Claire Pichard, « L’évolution diachronique du paysage urbain des quartiers de la Boatella et de Velluters de la construction de la muraille islamique à nos jours (Valence) », Madrider Mitteilungen, no 51, 2010, p. 455-490.
  • [39]
    Stéphane Morabito, « Localisation de l’établissement de Nikaia, Nice (Alpes Maritimes) », Histoire et Mesure, no 18-1 /2, 2003, p. 39-71 .
  • [40]
    L’inscription figure au Corpus Inscriptionum Latinarum, V, no 7870.
  • [41]
    Pour Olbia : Jean Benoît, « L’étude des cadastres antiques : à propos d’Olbia de Provence », Documents d’Archéologie Méridionale [à l’avenir, D.A.M], no 8, 1985, p. 25-48 ; pour Agathè : Jean Benoît, « Cadastrations antiques dans la région d’Agde », Photo-interprétation, I, fasc. 1, 1978 ; André Nickels, « Recherches sur la topographie de la ville antique d’Agde (Hérault) », D.A.M., no 4, 1981, p. 29-50 ; Monique Clavel-Lévêque, « Le territoire grec d’Agde », dans Michèle Brunet (sous la direction de), Territoires des cités grecques, BCH, Supplément 43, Athènes, École Française d’Athènes, 1999 ; enfin, pour Emporion, Rosa Plana-Mallart, La chora d’Emporion, Paris, Les Belles-Lettres, 1994.
  • [42]
    Antoine Pérez, Les cadastres antiques en Narbonnaise occidentale, XXIXe suppl., RAN, Paris, Éditions du CNRS, 1995.
  • [43]
    Analyse critique dans Gérard Chouquer, « La contribution archéogéographique à l’analyse de morphologie urbaine », Histoire urbaine, no 34, août 2012, p. 101-120.
  • [44]
    Gérard Chouquer, « Les centuriations de Romagne orientale », MÉFRA, no 93, 1981-2, p. 823- 866 ; Gérard Chouquer, « Traitements d’images et paysages médiévaux », Archéologie Médiévale, no 15, 1985, p. 7-30 ; Ricardo González Villaescusa, Las formas de los paisajes mediterráneos, Universidad de Jaén, 2002 ; Ricardo González Villaescusa, David Orban, Jean-Jacques Valette,
  • [45]
    Gérard Chouquer, Actualités de la centuriation, Interrogations autour de la méthodologie, février 2010, http://www.archeogeographie.org/index.php?rub=presentation/infos/centurs, avec des exemples de réévaluation concernant Merida et Ecija en Espagne, Philippes en Macédoine, Ksar-el-Kébir au Maroc, etc.

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