Notes
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[*]
Casa de Velázquez – Paris IV-Sorbonne (UMR 8596) – Lyon 2 (UMR 5648).
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[1]
Voir la dernière synthèse en date à l’échelle européenne, Patrick Boucheron et Denis Menjot, La Ville médiévale, dans Jean-Luc Pinol (sous la direction de), Histoire de l’Europe Urbaine, Paris, Le Seuil, 2003, rééd, Points Seuil, 2012.
-
[2]
C’est dans cette optique que se place Charles Dereine dans son article fondateur pour l’histoire des chanoines où il s’intéresse au domaine religieux, les autres dimensions étant pour lui subordonnées à cette fonction de service spirituel (Charles Dereine, « Chanoines », dans Alfred Baudrillard (sous la direction de), Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, 12, Paris, Librairie Letouzey et Ané, 1953, col. 354-494).
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[3]
Voir, pour ces aspects prosopographiques et sociaux, les travaux d’Hélène Millet, notamment : Hélène Millet, Les chanoines du chapitre cathédral de Laon, 1272-1412, Rome, École Française de Rome, 1982.
-
[4]
Voir María Jesús Torres i Ferrer, « La catedral de Barcelona y la guerra civil catalana (1462- 1472) », Medievalismo, no 7, 1997, p. 99-138.
-
[5]
Voir Cécile Caby, « Pour une histoire des usages monastiques de l’espace urbain de l’Antiquité tardive à la fin du Moyen Âge », Mélanges de l’École française de Rome – Moyen Âge, 124-1, 2012, p. 7-25 et, pour l’Italie, Federica Masè, Patrimoines immobiliers ecclésiastiques dans la Venise médiévale (XIe-XVe siècle). Une lecture de la ville, Rome, École Française de Rome, 2006.
-
[6]
María José Lop Otín, « Las catedrales y los cabildos catedralicios de la Corona de Castilla durante la Edad Media. Un balance historiográfico », En la España medieval, no 26, 2003, p. 371-404.
-
[7]
Voir Élisabeth Crouzet-Pavan, Les villes vivantes. Italie XIIIe-XVe siècle, Paris, Fayard, 2009.
-
[8]
Olivier Faron et Étienne Hubert (sous la direction de), Le sol et l’immeuble. Les formes dissociées de propriété immobilière dans les villes de France et d’Italie (XIIe-XIXe siècle), Actes de la table ronde organisée par le Centre interuniversitaire d’histoire et d’archéologie médiévale et le Centre Pierre Léon (Lyon, 14-15 mai 1993), École Française de Rome, Presses universitaires de Lyon, Rome et Lyon, 1995.
-
[9]
On pourra se reporter à la bibliographie de l’ouvrage de Pere Ortí Gost, Renda i fiscalitat en una ciutat medeival : Barcelona, segles XII-XIV, Barcelona, CSIC, 2000.
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[10]
Voir pour cette période Jaume Vicens Vives, Ferran II i la Ciutat de Barcelona (1479-1516), Emporium, Barcelona, 1936-1937.
-
[11]
Voir par exemple Tomàs López Pizcueta, La Pia Almoina de Barcelona (1161-1350). Estudi d’un patrimoni eclesiàstic català baixmedieval, Barcelona, Fundació Noguera, 1998 ; Nativitat Castejón Domènech, Aproximació a l’estudi de l’Hospital de la Santa Creu de Barcelona. Repertori documental del segle XV, Barcelona, Fundació Noguera, 2007. Voir néanmoins pour le second XVe siècle : Josefina Mutgé i Vives, « El monestir benedictí de Sant Pau del Camp de Barcelona a la segona meitat del segle XV (Edició d’un capbreu del 1461-1462) », Miscellània d’Estudis Medievals, no 8, 1996, p. 393-461 .
-
[12]
Ces deux administrations donnent lieu à deux fonds d’archives distincts : ce qui relève de la curie épiscopale est conservé à l’Arxiu Diocesà de Barcelone (ADB), tandis que ce qui a trait à la gestion par le chapitre se trouve à l’Arxiu Capitular (ACB).
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[13]
Àngel Fàbrega i Grau, La vida quotidiana a la catedral de Barcelona en declinar el renaixement. Any 1580, Arxiu Capitular de la S. E. Catedral Basílica de Barcelona, Barcelona, 1978, p. 32-36.
-
[14]
Ibidem, p. 32.
-
[15]
Un capbreu, du latin caput breve, est un document notarié dans lequel un déclarant reconnaît les droits qu’il doit à son seigneur direct. Voir : Pere Benito i Monclús, « Hoc est breve... L’emergència del costum i els orígens de la pràctica de la capbrevació (segles XI-XIII) », dans Manuel Sánchez Martínez (sous la direction de), Estudios sobre renta, fiscalidad y finanzas en la Cataluña bajomedieval, Barcelone, CSIC, 1993.
-
[16]
La liste omet celle de mars, qui pourtant fait l’objet d’un capbreu et apparaît au même titre que les autres dans le livre d’administration.
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[17]
« ... lo venerable Capitol e canonges dela Seu de Barchinona entenen capbrevar per utilitat econservacio deles rendes edrets deles pabordrias dels mesos de janer, juny, juliol, setembre, octubre e noembre dela dita Seu les quals per les commotions qui sont stades en aquest principat e ales mans epotestat deldit Capitol en certa manera son devengudes » : Arxiu Capitular de Barcelona (désormais ACB), Caritat, pabordia, capbreus de les pabordies, Pn.65, fol. 103 recto.
-
[18]
« ... ad sancta dei quatuor Evangelia manibus suis corporaliter tacta confessus fuit et recognovit venerabilis [...] viris domini petro Raymundo Loteres et Anthonio Agullana canonicis ecclesie barcinone procuratoribus et administratoribus prepositure mensis Junii... »
-
[19]
ACB, Caritat, Pabordies, Llibres d’administració, 1477-1481 : « Comptes de les pabordies de setembre, octubre, noembre, janer, juny, juliol e març administrades per los honorables micer Anthoni Agullana e Pere Ramon Loteres, canonges ».
-
[20]
Voir, pour l’étude d’un document similaire concernant une période antérieure, à l’Aumône du Pain de Gérone, Rosa Lluch Bramon, « El dia a dia d’una senyoria feudal : els manuals de comptes dels pabordes de l’almoina del pa (segles XIV i XV) », dans Rosa Congost (ed.), Del capbreus al registre de la propieta : drets, títols i usos socials de la informació a Catalunya (segles XIV-XX), Associació d’Història Rural de les Comarques Gironines, Centre de Recerca d’Història Rural de la Universitat de Girona i Documenta Universitaria, Girona, 2008, à propos de Gérone.
-
[21]
Il existe un autre livre d’administration pour la période 1484-1569, mais bien moins détaillé et n’ayant visiblement pas la même vocation d’exhaustivité, intitulé d’ailleurs « livre de comptes » et non « livre d’administration » (ACB, Caritat, Pabordies, Llibres de comptes de les pabordies, 1484-1569 : « Comptes de pabordies que són en mà del Rvnt Capítol »).
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[22]
ACB, Caritat, Pabordies, Llibre d’administració, 1477-1481, fol. non numéroté.
-
[23]
Pour la pabordia de juin, la somme des prébendes varie entre 79 livres, 11 sous et 8 deniers en 1478, et 112 livres, 3 sous et 6 deniers en 1481 . Le doyen, l’archidiacre de la Mar et le chantre recevaient un versement supérieur aux autres chanoines (ACB, Caritat, Pabordies, Llibre d’administració, 1477-1481, fol. 122 verso).
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[24]
ACB, Caritat, pabordia, capbreus de les pabordies, Pn. 62.
-
[25]
La situation est très courante pour ce type d’établissements, voir par exemple le cas d’une autre administration de la cathédrale, la Pia Almoina, dans Tomàs López Pizcueta, La Pia Almoina de Barcelona (1161-1350)..., op. cit..
-
[26]
Manuel Guàrdia i Bassols et Albert Garcia i Espuche, « Consolidació d’una estructura urbana : 1300-1516 », dans Jaume Sobrequés i Callicó (dir.), Història de Barcelona, 3. La ciutat consolidada (segles XIV i XV), Ajuntament de Barcelona, Barcelona, 1992, p. 35-72, p. 59.
-
[27]
À titre de comparaison, Simone Roux relève également, pour le cas de Paris, la grande part de la propriété ecclésiastique dans la propriété du sol urbain. (Simone Roux, « Être propriétaire à Paris à la fin du Moyen Âge », dans Olivier Faron et Étienne Hubert (sous la direction de), Le sol et l’immeuble..., op. cit., p. 71-83.)
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[28]
« Item fa en Barthomeu Cathala del Prat per lo mas barros e es home propri hun capo » (ACB, Caritat, Pabordies, Llibre d’administració, 1477-1481, fol. 113 verso).
-
[29]
Des homes propris apparaissent pour les autres pabordies mais de façon minoritaire.
-
[30]
Voir par exemple, à titre de comparaison, la situation similaire pour les cens et dîmes du monastère de Sant Pau del Camp dans les années 1460, dans Josefina Mutgé i Vives, « El monestir benedictí de Sant Pau del Camp de Barcelona... », op. cit., p. 402.
-
[31]
Josefina Mutgé i Vives le note par exemple pour le monastère de Sant Pau del Camp, qui, bien qu’il ne soit pas un cas unique, s’avère un point de comparaison intéressant en cela qu’il s’agit d’un autre établissement religieux barcelonais, dont le temporel a été étudié pour la même période, à savoir la fin du XVe siècle. (ibidem, p. 400).
-
[32]
ACB, Caritat, Pabordies, Lluïsmes de les pabordies, 1484 a 1498 : « Libre de rebudes dels loysmes de les pabordies de janer, març, juny, juliol, setembre, octubre, noembre, les quals són en mans del Capítoll ».
-
[33]
Certaines entrées du capbreu mentionnent en effet que le terrain est tenu sous seigneurie de plusieurs pabordies. Voir par exemple ACB, Caritat, Pabordies, Capbreus de les pabordies, Pn. 62, fol. 119 (« ... se tenere per preposituras mensis junii et preposituras mensium madii et julii... »).
-
[34]
Ils sont comptabilisés en livres, sous et deniers la plupart du temps. Peu d’indications apparaissent sur les monnaies réelles utilisées, à part la mention de morabatins – monnaie d’une valeur de neuf sous si l’on en croit la correspondance avec les versements en livres, sous et deniers. Ainsi, les entrées mentionnent souvent qu’un individu verse « un morabati qu’il prend sur une maison ».
-
[35]
Rosa Lluch Bramon, « El dia a dia d’una senyoria feudal... », op. cit., p. 90.
-
[36]
Cité dans Carme Batlle et Joan J. Busqueta, « Distribució social i formes de vida », dans Jaume Sobrequés i Callicó (dir.), Història de Barcelona, 3. La ciutat consolidada (segles XIV i XV), Ajuntament de Barcelona, Barcelona, 1992, p. 91-136, p. 94.
-
[37]
Pour une étude de la société barcelonaise, voir les travaux de Carme Batlle, en particulier Carme Batlle (dir.), La societat barcelonina a la baixa edat mitjana, Annexos d’Actas/Mediaevalia, Universitat de Barcelona, Barcelona, 1982-1983 ; Carme Batlle et Joan J. Busqueta, « Distribució social i formes de vida », ibidem. Voir aussi : Las sociedades urbanas en la España Medieval. (Actas de la XXIX Semana de Estudios Medievales de Estella. 15 al 19 de julio de 2002), Gobierno de Navarra, Pamplona, 2003.
-
[38]
Rosa Lluch Bramon, « El dia a dia d’una senyoria feudal... », op. cit.
1 Centre religieux dont la juridiction s’exerce sur tout le territoire de son diocèse, établissement richement doté sur le plan temporel, la cathédrale est au bas Moyen Âge une institution puissante implantée dans la ville. À sa tête se trouve l’évêque ; mais le chapitre cathédral, chargé de le seconder dans ses tâches liturgiques autant que de gestion, en est le principal administrateur et dispose lui-même de droits et de terres qui lui sont propres. De ce point de vue, il se trouve au contact de la société urbaine par un autre biais que ses fonctions religieuses, l’encadrement des fidèles ou son activité caritative. Il s’insère en quelque sorte dans la ville, non plus en tant que communauté religieuse, mais en tant que seigneur foncier, et ce, à travers la gestion de son patrimoine urbain.
2 La ville se définit à la fois comme un espace urbanisé et comme une société, un corps social, dont les membres sont reliés par diverses sortes d’interactions [1] . Un établissement tel que le chapitre s’y insère d’abord à travers ses tâches liturgiques ainsi que les fondations de bénéfices et d’anniversaires : en un mot, à travers ce qui relève de ses attributions religieuses et de leur financement [2]. Il est au contact des fidèles qui vivent dans la ville, viennent assister aux offices et commandent des messes ou effectuent des donations. Ce contact passe à la fois par des relations directes et des transactions économiques. Mais le chapitre est aussi un groupe d’individus placé à la tête d’un domaine. Si on s’éloigne des problématiques religieuses, un deuxième type d’interactions avec la société urbaine se dessine : celles qui résultent des liens personnels qui peuvent s’établir, sur la base d’intérêts communs, entre les chanoines et la société urbaine dont ils sont issus, leurs familles, leurs groupes sociaux d’appartenance éventuellement [3]. Mais ces liens sont informels et difficiles à percevoir.
3 Toutefois, on peut aussi considérer le chapitre non plus comme un établissement religieux formé d’un groupe de clercs, mais bien comme un seigneur foncier propriétaire d’une portion du sol urbain. C’est le cas à Barcelone. Bien qu’affaibli par la guerre civile qui touche la Catalogne en 1462-1472 [4], le chapitre demeure, dans le dernier quart du siècle, non seulement le gestionnaire des terrains appartenant aux diverses œuvres de la cathédrale, mais encore le détenteur en propre d’un domaine foncier étendu, dans la ville et sur les terres environnantes. Sur le plan spatial, le chapitre dispose de terrains et de biens immobiliers dans la ville ainsi que des droits et des rentes qui y sont rattachés. Il s’insère en outre dans la société urbaine à travers les relations qu’il entretient avec les locataires de ces terrains et les intermédiaires qui entrent en jeu dans ces transactions. Ces relations sont multiples : les locataires versent des rentes au chapitre, le reconnaissent comme seigneur foncier, lui versent des droits en cas de transmission du bien immobilier et sont quelquefois en conflit avec lui.
4 Les caractéristiques de ce patrimoine ecclésiastique et les modalités de sa gestion s’avèrent alors éclairantes au-delà du seul cas barcelonais : si l’administration varie radicalement d’une cathédrale à l’autre, et varie même avec le temps au sein d’un établissement, les types de contacts engendrés avec la société urbaine et le poids de ce patrimoine sur le sol de la ville semblent, eux, représentatifs de la situation d’un seigneur foncier ecclésiastique urbain à la fin du Moyen Âge.
5 C’est surtout à travers l’étude des ordres réguliers que l’historiographie s’est intéressée à l’insertion des établissements religieux dans la ville, en analysant la localisation des immeubles en leur possession ou leur rôle dans la constitution du tissu urbain [5]. L’historiographie portant spécifiquement sur les chapitres cathédraux, elle, s’est rarement centrée sur les rapports entre chapitre et ville : à une approche institutionnelle a succédé une approche économique s’intéressant au domaine et aux stratégies des cathédrales [6]. Plus récemment, ces recherches ont pris la forme de monographies portant sur divers chapitres cathédraux, quelquefois en privilégiant l’approche sociale, mais rarement en se centrant sur l’insertion dans la ville à proprement parler. D’une manière générale, la seigneurie au bas Moyen Âge, qu’elle soit ecclésiastique ou laïque, a été plus souvent étudiée dans le cadre des campagnes, laissant au champ de l’histoire urbaine d’autres problématiques [7]. La propriété foncière en ville y est alors envisagée sous un angle juridique ou fiscal et économique et se caractérise par la complexité des statuts des immeubles [8].
6 Si la bibliographie sur Barcelone est étendue, elle s’est peu intéressée à l’espace urbain en lui-même, et les études sur Barcelone, bien fournies pour les XIIIe et XIVe siècles [9], se font rares pour le siècle suivant [10]. Les monographies sur les établissements ecclésiastiques de la ville, en particulier, s’étendent elles-mêmes peu au-delà de la première moitié du XVe siècle [11] .
7 À cette époque, la ville appartient à la Couronne d’Aragon, réunion de plusieurs territoires au statut variable, sous l’autorité d’un même roi. Après la guerre civile de 1462-1472 déjà évoquée, le roi Ferdinand II, futur Ferdinand le Catholique, met en place un certain nombre de mesures, réformant l’accès au conseil municipal d’une part, œuvrant pour le redressement d’une économie en difficulté, de l’autre. C’est un moment de bilan après la guerre et d’amorce de nouvelles mesures, un moment privilégié pour observer les caractéristiques d’un seigneur foncier urbain tel que le chapitre cathédral.
8 La gestion de cette importante propriété foncière se fait par le biais de diverses administrations, insérées dans la complexe organisation interne de la cathédrale. Elle est caractérisée par la diversité du patrimoine, de sa localisation et de sa nature, ainsi que par une forte adaptabilité qui révèle un certain pragmatisme et la met au contact de la société urbaine.
Le chapitre cathédral : un seigneur foncier ecclésiastique dans la ville
LE CHAPITRE CATHÉDRAL ET LE TEMPOREL DE LA CATHÉDRALE : ÉLÉMENTS D’ORGANISATION
9 La cathédrale se présente à première vue comme une seule entité : c’est l’institution religieuse constituant le siège de l’évêché et disposant de domaines qui y sont rattachés afin d’assurer sa subsistance matérielle. Mais à y regarder de plus près, on ne tarde pas à s’apercevoir de sa complexe organisation interne. « La cathédrale », c’est en réalité un ensemble d’œuvres, d’entités administratives distinctes et quasi-indépendantes les unes des autres, gérées par différentes instances. Le tout est dirigé, en dernier lieu, par l’évêque d’un côté, et le chapitre cathédral de l’autre. Cette organisation diffère de surcroît d’une cathédrale à l’autre, si ce n’est que partout demeure la distinction classique entre mense épiscopale – l’ensemble des biens-fonds destinés à l’évêque – et mense capitulaire – l’ensemble des biens-fonds destinés au chapitre, répartis entre ses membres sous forme de prébendes.
10 Dans le cas barcelonais, l’administration rattachée à la curie épiscopale est clairement séparée de celle du chapitre. La première prend en charge les aspects purement ecclésiastiques de la gestion du diocèse, ordinations et visites épiscopales, ainsi que la gestion de la mense épiscopale [12]. La gestion du temporel de la cathédrale, elle, se retrouve majoritairement entre les mains du chapitre. C’est lui qui supervise les multiples administrations de la cathédrale, depuis la riche Pia Almoina en charge de la charité jusqu’à la sacristie, en passant par les divers bénéfices, les revenus versés pour la célébration des Anniversaires, le luminaire, etc.
11 De ce point de vue, le chapitre constitue en somme l’entité administrative qui chapeaute les diverses branches de la cathédrale. Responsable de la plus grande part du temporel de celle-ci, il délègue des auditeurs de comptes auprès des individus en charge de chacune d’elles, auditeurs qui, tous les deux ans, vérifient la gestion qui en a été faite. C’est donc chaque administration – la Pia Almoina, les Anniversaires, etc. – qui possède les terres et les droits qui y sont rattachés.
12 Mais le chapitre dispose aussi de revenus en propre. Sur le modèle que l’on vient de décrire, ils sont divisés à parts égales entre deux entités administratives. D’une part, la mense capitulaire, appelée à Barcelone Casa de la Caritat même si, malgré ce que semble indiquer son nom, il s’agit bien de gérer les revenus des chanoines et non de s’occuper d’œuvres de charité. Elle se charge d’un certain nombre de transactions internes, par exemple le paiement des salaires des administrateurs, des auditeurs de comptes ou du notaire. D’autre part, les pabordies ou prepositures (prévôtés). Elles assurent la distribution des revenus correspondant aux prébendes des chanoines [13]. Ce sont elles qui gèrent le domaine dont sont issus les revenus de ces prébendes. Elles sont au nombre de douze et portent chacune le nom d’un mois de l’année. Cette appellation ne correspond pas à leur gestion : il semble qu’elles soient en fonction toute l’année mais payent les prébendes une fois par an, chacune le mois correspondant à son nom [14]. Chaque pabordia était gérée par deux chanoines et, comme la plupart des administrations de la cathédrale, cette tâche revenait à ses responsables pour une période de deux ans (en catalan, un bienni), période suivie d’une reddition de comptes supervisée par le chapitre.
13 De toutes les administrations de la cathédrale, c’est donc à travers celles-ci – les douze pabordies – que le chapitre est directement propriétaire et gestionnaire d’un patrimoine foncier, dont il tire les revenus de sa propre subsistance.
LES SOURCES : LA CAPBREVACIÓ DE 1477
14 À la fin du XVe siècle, le chapitre se trouve à la tête d’un domaine éclaté en ville et à l’extérieur. En 1477, il décide de lancer une opération de « capbrevació », qui consiste en un inventaire des terrains et des droits possédés par un seigneur, formalisé par une déclaration devant notaire et par la rédaction d’un registre notarié pour chaque pabordia, appelé capbreu (terrier) [15]. Cette opération est lancée, selon le capbreu de la pabordia de juillet, « pour l’utilité et la conservation des rentes et droits des pabordies des mois de janvier, juin, juillet, septembre, octobre et novembre [16] dudit évêché », à la suite des « commotions qui eurent lieu dans cette principauté » [17], c’est-à-dire très probablement les troubles liés à la guerre catalane de 1462-1472, ainsi que les mouvements des paysans de remença qui se soulèvent à partir du milieu du XVe siècle contre les mauvaises coutumes. Il s’agit sans doute d’œuvrer pour assurer la récupération des revenus du chapitre lésés par les troubles. En l’occurrence, des terriers ont été établis précédemment pour les pabordies de Barcelone, à des dates variables ; mais ceux de 1477 présentent l’intérêt d’être dressés simultanément pour les sept pabordies citées, dites « placées dans les mains du chapitre », c’est-à-dire faisant l’objet d’une gestion plus directe par le chapitre. Ces terriers sont alors établis à l’officine du notaire Dalmau Ginebret en présence de témoins et d’un scribe. Ils se composent, de manière tout à fait classique, d’une déclaration du détenteur respectant un formulaire fixe, qui indique que la déclaration se fait en touchant les quatre Évangiles [18]. Le détenteur y reconnaît tenir son bien – terrain ou immeuble – des deux administrateurs de la pabordia concernée. Suit alors une description précise du terrain puis du cens.
15 Cette capbrevació fournit l’opportunité de dessiner les contours de la seigneurie qui est rattachée aux prébendes de la cathédrale barcelonaise, à la fin du XVe siècle. S’y ajoute en effet un document exceptionnel dans l’étude du chapitre barcelonais : un « livre d’administration » [19] couvrant la période 1477-1481 et recensant toutes les perceptions de droits et de rentes des pabordies en question. Sur le modèle de nombre de documents comptables catalans de l’époque [20], rédigé en catalan, il est divisé entre les rebudes et les dates (les « entrées » et les « sorties »), la page de gauche présentant les versements pour le premier bienni et celle de droite, les versements effectués par la suite. Une somme est notée sur chaque page et une somme globale apparaît à la fin, lors de la reddition de comptes. Son originalité réside dans le fait qu’il s’agit d’un registre unique, qui n’existe pas pour l’époque antérieure [21] .
16 Il permet alors d’aller au-delà des informations purement juridiques des capbreus, pour aborder l’administration quotidienne de la pabordia. À travers ce document, apparaît la relation seigneur foncier-tenancier ainsi que le type de seigneurie dont il s’agit. En effet, le livre de comptes mentionne l’identité du payeur, la nature du versement (cens, dîme, etc.), et précise le type de bien ainsi que le terrain sur lequel il porte. Le versement s’effectue le plus souvent en numéraire (livres, sous et deniers), et quelquefois en nature (sous forme d’orge, de chapons, d’huile). Les entrées sont organisées en listes des versements correspondant aux différents termes des cens, quelquefois subdivisées en paroisses ou zones géographiques.
17 La capbrevació de 1477 fournit donc un ensemble documentaire varié contenant des informations complémentaires. Elle est, qui plus est, directement et explicitement liée au contexte immédiat : les suites de la guerre civile catalane et les difficultés économiques que rencontre la région à la fin du siècle. Mais elle s’avère également représentative des problèmes méthodologiques inhérents à ce type de questionnements, car les deux séries documentaires – les capbreus et le livre d’administration –, si riches soient-elles, présentent un certain nombre d’imprécisions qui rendent difficile toute approche exhaustive. La comparaison avec les capbreus révèle en effet que ces derniers sont quelquefois très lacunaires. Des cens et rentes étaient perçus sans avoir été inventoriés dans le terrier. Le contraire est vrai aussi : des cens qui y sont répertoriés ne figurent pas dans le livre d’administration.
18 Mais c’est là que se révèle l’utilité de ce second document : étant donné qu’il comptabilise les rentrées d’argent réelles, il permet d’avoir un aperçu du fonctionnement concret, véritable, des prébendes, et non des seuls droits théoriques répertoriés dans les capbreus et susceptibles de ne pas être appliqués dans la réalité. Lui aussi présente certaines limites. Les annotations sont différentes d’une pabordia à l’autre et ne fournissent pas toujours des précisions sur les mêmes éléments. Par ailleurs, toutes les données décrivant la transaction ne sont pas fournies à chaque fois, y compris pour une même pabordia. Ainsi, la localisation des biens n’est pas toujours mentionnée (pour la pabordia de mars, par exemple, 46 terrains sont localisés, contre 123 sans aucune indication géographique) ou s’avère imprécise (quelquefois, la localisation se limite à un « ici même » ou à un « à côté de sa ferme » impossibles à situer pour l’historien), ou encore le type de versement n’est pas toujours indiqué.
19 Le livre d’administration rend alors possible une approche de ce patrimoine ecclésiastique et la combinaison des deux documents offre un aperçu néanmoins exceptionnel non seulement des propriétés de ce seigneur foncier ecclésiastique, mais également de leur gestion.
LA GESTION DES DOUZE « PABORDIES »
20 Cet ensemble documentaire révèle les rouages administratifs complexes de la cathédrale et la gestion des pabordies intégrée à l’économie globale de l’établissement. Les deux chanoines administrateurs – Pere Ramon Loteres et Antoni Agullana, pour les deux biennis pris en compte dans le livre d’administration (1477-1481) – se soumettent à une reddition de comptes devant plusieurs chanoines dépêchés par le chapitre, ici Antoni Janer, Lluís Sirvent, Nicolau Ferrer de Gualbes, Pere Camps et Joan Font de Borrell [22]. Les revenus indiqués proviennent majoritairement des rentes perçues sur les immeubles et terrains, auxquelles s’ajoutent des flux internes à la cathédrale. Ces derniers visaient sans doute à rééquilibrer les finances des pabordies, certaines étant plus richement dotées que d’autres. Ainsi la pabordia de juin perçoit-elle chaque mois d’avril 25 livres de la riche pabordia de mars et 20 livres, 2 sous et 8 deniers de la mense capitulaire ; elle-même verse une compensation aux pabordies d’octobre et de janvier. Les revenus de la terre n’étaient donc pas les seuls moyens de subsistance de chaque pabordia puisque des flux internes les complétaient, mais ils en constituaient la plus grande partie. Les sommes et versements en nature reçus étaient ensuite utilisés à trois fins principales : pourvoir aux frais induits par la gestion de la pabordia elle-même, servir aux versements divers décidés par le chapitre, et payer les « portions », c’est-à-dire les prébendes de chaque membre du chapitre, dont la somme était variable d’une année sur l’autre [23].
21 Dans ce cadre, le cas de la pabordia de juin permet de passer outre les limites du livre d’administration : non seulement elle présente l’avantage de disposer d’un capbreu [24] dont les données correspondent au livre d’administration (sur les seize entrées du capbreu, seules deux ne se retrouvent pas dans le livre d’administration), mais les annotations du livre d’administration se révèlent complètes là où, pour d’autres pabordies, les précisions sont irrégulièrement fournies. La localisation largement urbaine des terrains de cette pabordia en fait un point d’observation privilégié de cette insertion du chapitre dans la ville et, par là-même, des rapports avec la société induits par ces transactions.
Les contours d’un patrimoine ecclésiastique urbain
22 À travers la gestion de son patrimoine, le chapitre est donc amené à exercer un rôle de seigneur foncier urbain, à se poser comme acteur de la ville, d’une part en disposant de possessions diverses sur le territoire de la ville, d’autre part à travers leur administration et ses modalités. Faute de pouvoir étudier dans ces pages l’ensemble des possessions de la cathédrale de Barcelone, nous nous centrerons ici sur le cas d’une seule des pabordies : la pabordia de juin. Majoritairement urbaine et bien renseignée par les sources, elle s’avère représentative de l’inscription du chapitre dans la ville.
LA PABORDIA DE JUIN DANS L’ESPACE URBAIN
23 Comme beaucoup de seigneuries ecclésiastiques, celle du chapitre barcelonais s’étend à la fois en ville et hors des murs de Barcelone. De toutes les pabordies renseignées pour le dernier quart du XVe siècle, celle de juin est la plus urbaine. Si le livre d’administration des pabordies et les terriers ne marquent pas de différence entre ces deux territoires, la pabordia de juin distingue clairement entre les versements reçus pour le territoire de Barcelone et ceux qui relèvent d’autres paroisses, extérieures à Barcelone. Mais il s’agit là d’un souci de clarté dans la tenue des comptes, pas vraiment d’une distinction entre la partie urbaine du patrimoine et sa partie rurale. La ville n’est qu’une portion de son domaine, sans statut particulier. Les pabordies ne sont pas non plus réparties entre territoire urbain et territoire rural : chacune réunit probablement des terrains obtenus au cours du temps par donations ou achats, à la fois dans et hors de la ville. Toutefois, certaines sont au final plus rurales – comme celle de septembre – ou au contraire plus urbaines.
24 Dans le cas de la pabordia de juin, la part des propriétés urbaines est supérieure à celle des propriétés situées hors les murs. Elles se répartissent dans Barcelone et hors de Barcelone, où elles sont alors classées par paroisses : cinquante terrains sont mentionnés à Barcelone, puis douze à Sarrià, huit à L’Hospitalet, trois à Sant Boi, trois à Sant Just, un à Valldoreix et un à Sant Genis. Des terrains, affermés, versant des rentes et des dîmes, complètent également le patrimoine de la pabordia à Terrassa, localité située au nord-est de Barcelone.
Nature des propriétés de la pabordia de Juin (1477-1481).
Localisation | Type de propriétés | Nombre |
Urbaine | Maison | 2 |
Auberge (alberg) | 20 | |
Terres (peça de terra, quintà de terra) | 4 | |
Vigne | 4 | |
Non spécifié | 4 | |
Total | 34 | |
Rurale | « Pièce de terre » (peça ou tros de terra) | 17 |
Terres (non individualisées) | 1 | |
Champ | 1 | |
Vigne | 3 | |
Ferme (mas) | 1 | |
Non spécifié | 5 | |
Total | 28 |
Nature des propriétés de la pabordia de Juin (1477-1481).
25 Les propriétés sont de plusieurs types, correspondant aux différents secteurs d’activité présents en ville. Plus volontiers à l’extérieur de la ville se trouvent les vignes, les peces de terra ou trossos de terra (« pièces de terre »), champs, mas (fermes) et horts (jardins potagers), auxquels on peut ajouter un four et un moulin. Les propriétés urbaines, elles, sont bien sûr pour la grande majorité des immeubles : auberges et maisons, mais des terres et des vignes sont présentes à l’intérieur de la ville, en petite quantité.
Les propriétés urbaines de la pabordia de juin (1477-1481).
Les propriétés urbaines de la pabordia de juin (1477-1481).
26 Cela recoupe l’organisation spatiale de la Barcelone du XVe siècle, qui abritait des horts dans son territoire intra-muros : Hort de Sant Pau au sud, ceinture d’horts touchant la muraille dans sa partie intérieure. Ces propriétés ne sont donc pas restreintes à un secteur d’activité, mais se trouvent représentées dans les principaux secteurs d’activité de la ville : habitation et commerce, agriculture.
L’INSCRIPTION SPATIALE DANS LA VILLE
27 La première caractéristique des terrains de la pabordia de juin est d’être éclatés sur le sol urbain [25]. Le patrimoine de la pabordia s’étend partout dans la ville sans se limiter à un quartier en particulier. Une partie se regroupe néanmoins dans le centre, aux alentours de la cathédrale. Huit des immeubles se trouvent à proximité immédiate de la cathédrale, tandis que sept se dispersent dans le reste de la ville intra muros (dont quatre dans le seul carrer Ample, les autres étant au nord-ouest, délaissant l’est de la ville). Au-delà de la Rambla, dans la partie de la ville dévolue à l’agriculture, les possessions de la cathédrale sont limitées à l’Hort de Sant Pau (six terrains). Cinq de ses propriétés, enfin, sont localisées au-dehors des remparts – mais sont toujours comptées dans le territoire barcelonais. S’il ne se dégage pas clairement un schéma d’organisation concerté, la répartition des possessions de la pabordia n’est pas uniforme. On observe que la concentration des immeubles et terres tend à diminuer lorsque l’on s’éloigne de la cathédrale, c’est-à-dire, de façon plus significative, lorsque l’on s’éloigne du centre économique et résidentiel où elle est elle-même localisée, non loin du palais royal et de la boucherie principale. Cette zone semble le centre névralgique des possessions de la pabordia.
28 De façon plus précise, en se basant sur la délimitation des secteurs d’activité par Manuel Guàrdia i Bassols et Albert Garcia i Espuche à partir du rôle du fogatge (fouage) de 1516 [26], ce patrimoine apparaît dispersé sur les différentes zones urbaines, avec une plus grande concentration dans ce qu’ils identifient comme le « centre résidentiel noble » et le « centre actif, commerçant et artisan ». La zone périphérique, constituée d’horts – quartiers quasi-agricoles –, n’accueille qu’une petite portion du patrimoine de la pabordia (les six terrains à l’Hort de Sant Pau), et seul l’immeuble près de Sant Pere touche l’aire définie comme artisano-industrielle. C’est donc bien dans la partie commerçante et artisane que les possessions de la pabordia de juin sont les plus nombreuses.
29 D’une manière générale, l’emprise foncière des pabordies du chapitre s’avère grande dans la ville [27], surtout si l’on garde à l’esprit que onze autres pabordies s’ajoutent à celle de juin et possèdent des terrains en ville également. L’administration des prébendes se pose comme un seigneur foncier important de Barcelone, comme un acteur majeur de la propriété urbaine.
La gestion d’une seigneurie foncière ecclésiastique urbaine
LES RENTES
30 Le statut juridique des portions du territoire urbain détenues par la cathédrale, ainsi que celui de ses censitaires, sont difficiles à déterminer. Les versements sont qualifiés parfois de cens, parfois de delmes (dîmes), mais le plus souvent, aucune indication n’est donnée. La situation semble pourtant correspondre à celle de beaucoup de grandes propriétés foncières en Catalogne : l’emphytéose.
31 Pour la pabordia de juin, une seule mention est faite du statut de tenancier : un « home propri » apparaît dans la paroisse de Sant Boi [28], c’est-à-dire, en Catalogne, un homme libre mais attaché à la terre dans le cadre de la seigneurie foncière. Mais il ne s’agit pas là du territoire urbain et la mention ne figure qu’une fois [29]. Le reste du temps, nulle indication n’apparaît et le terrier lacunaire ne permet guère de combler ce vide. Le livre d’administration révèle davantage une volonté pragmatique de rationaliser la gestion des revenus de la cathédrale, mis à mal sans doute par la guerre civile, qu’une attention portée aux droits seigneuriaux dont elle dispose.
32 Le patrimoine de la pabordia semble cependant être soumis au régime de location emphytéotique, fréquent dans la Catalogne du bas Moyen Âge : le détenteur du terrain verse un cens fixe au seigneur foncier, c’est-à-dire à la pabordia – d’où l’emploi du terme de « cens » à plusieurs reprises pour qualifier les redevances consignées dans le livre d’administration, le cens étant le loyer versé par un tenancier au propriétaire éminent d’une terre ou d’une maison, pour en avoir l’usage. Cinq des biens immobiliers sont d’ailleurs dits « stablits » (établis), terminologie qui semble renvoyer à un contrat de bail emphytéotique. L’establiment (emphytéose) était en effet la concession d’un bien en emphytéose, bien immeuble que l’emphytéote obtient au prix d’un droit d’entrée et d’un cens annuel perpétuel. Ici, ces droits sont alors acquittés sous forme de cens ou de delmes, voire de « delmes acensats ». Il s’agit de contributions proportionnelles d’un montant plus faible – souvent quelques deniers seulement – qui semblent versées au même titre que les cens [30].
33 Plusieurs entrées indiquent en outre l’intervention d’un tiers dans le versement : un individu verse la somme à la pabordia au nom d’un autre individu. Il semble difficile de savoir s’il faut voir là le signe que les locataires ne se déplaçaient pas en personne pour verser leur cens ou l’existence d’une « senyoria mitjana », c’est-à-dire le cas où le détenteur du terrain le loue lui-même à un tiers. Ces senyories mitjanes, fréquentes en Catalogne, donnaient lieu à de la spéculation foncière, puisque le seigneur intermédiaire percevait un cens plus élevé que celui qu’il reversait lui-même au seigneur éminent [31] .
34 En outre, un livre de comptes annexe portant sur la même période et les mêmes pabordies recense les lluïsmes (les lods et ventes) [32] – droits que le détenteur d’une terre ou d’une possession doit payer au seigneur du domaine direct, lorsque le bien est aliéné. De tels droits sont caractéristiques d’une seigneurie foncière. Les immeubles y sont dits « sots senyoria e alou de aquella » (« sous seigneurie et alleu de ladite prévôté ») : il s’agit bien de droits seigneuriaux et le seigneur en est la pabordia de juin, quelquefois conjointement avec d’autres pabordies [33].
35 D’un point de vue juridique, a priori l’emphytéose domine bien, mais le statut des terrains en question s’avère donc difficile à déterminer pour l’historien. Ce flou semble montrer la faible importance accordée à ces distinctions par le livre d’administration. La seule différence marquée dans la gestion quotidienne du patrimoine est que les dîmes, à la différence des autres redevances, semblent pouvoir être affermées.
LES MODALITÉS DE GESTION DU PATRIMOINE URBAIN
36 Si la localisation et le statut du patrimoine urbain de la pabordia se caractérisent par leur variété, les modalités de la gestion se caractérisent, elles, par une grande adaptabilité, sans doute justifiée par le pragmatisme nécessaire à la gestion d’un domaine aussi éclaté à la suite d’une période de troubles qui l’a probablement désorganisé.
37 De façon classique, la perception des diverses rentes s’organisait en plusieurs termes : Saint-Michel, Toussaint, Noël, Pâques, santa Creu de Maig (mai) et sant Pere i San Feliu. Chaque redevance pouvait être versée en une fois, ou échelonnée sur plusieurs termes. Les versements s’effectuaient en numéraire [34] ou en nature (sous forme de chapons, de poules, d’orge ou d’huile). Les sommes, elles, s’échelonnent entre trois deniers et un peu plus de quatre livres, la rente étant sans surprise plus élevée pour les tours et moulins que pour les simples parts d’immeubles ou « pièces de terre », et globalement plus élevée en ville qu’à l’extérieur (rarement plus d’une livre hors de Barcelone). La situation économique difficile de cette fin de siècle se laisse deviner à travers certaines mesures. À deux reprises, le montant d’un cens est réduit (le livre d’administration parle de censos reduits) et des immeubles déclarés « retuts » (inutiles) apparaissent en trois occasions.
38 Le reste des modalités de gestion nous échappe : il ne semble pas qu’il y ait de règle dans l’ordre de perception des rentes et ni le livre d’administration ni le capbreu ne précisent comment s’effectuaient ces versements, où devaient être portées les rentes et selon quelles modalités, si les gestionnaires se déplaçaient pour percevoir le versement ou si les intéressés se rendaient sur place.
L’AFFERMAGE DES RENTES ET LA SOCIÉTÉ URBAINE
39 Certaines portions du territoire étaient gérées selon des modalités particulières : des individus, indépendants de la cathédrale, prenaient à leur charge la perception des rentes sur une localité et, en échange, ils reversaient une somme à la pabordia. C’est le système de l’arrendament, l’affermage. Le procédé était courant dans la Péninsule Ibérique et ailleurs [35]. Le montant de la ferme variait d’une pabordia à l’autre, allant d’une douzaine à une cinquantaine de livres, sans doute en fonction de la valeur des rentes des différentes pabordies. Les fermiers et les modalités de l’affermage différaient d’une pabordia à l’autre. Pour certaines, par exemple celle d’octobre, toutes les dîmes étaient affermées globalement. D’autres fois, seuls certains territoires l’étaient, et ce par plusieurs personnes différentes.
40 Dans le cas de la pabordia de juin, une partie seulement des redevances était affermée : les delmes (dîmes) de trois localités, à savoir Terrassa, Polinyà et une partie de celles de Sarrià. Le détail des terrains concernés n’est pas mentionné. Il s’agit là de localités extérieures à Barcelone, ce qui rendait sans doute les transactions plus difficiles, d’où le recours à l’affermage. Déléguer la perception des rentes des terres éloignées devait être moins contraignant pour les chanoines administrateurs.
41 D’ailleurs, toutes les pabordies n’étaient pas organisées par ce système : celles de janvier et de novembre n’étaient pas affermées. Or, ces deux pabordies étaient plus largement urbaines. On peut supposer que le cens était, peut-être, plus facile à prélever directement lorsque les terrains concernés se trouvaient à proximité, sur le territoire urbain. La recherche d’un mode de gestion efficace et pragmatique semble guider l’administration des pabordies. Dans les localités extérieures à la ville, le système de l’affermage constitue une sorte d’intermédiaire économique entre le seigneur foncier et la société.
42 A contrario, on peut supposer, pour les terrains et immeubles proprement urbains, une relation directe entre le seigneur foncier (le chapitre, ou ici la pabordia en la personne de ses deux administrateurs) et les locataires. Rappelons que la localisation d’une part importante de ce patrimoine urbain était proche de la cathédrale elle-même.
L’INSCRIPTION DANS LA SOCIÉTÉ URBAINE : LES INTERLOCUTEURS DE LA PABORDIA
43 Quels sont alors les citadins en contact avec le seigneur foncier qu’est le chapitre ? Pour la pabordia de juin, le statut social des tenanciers est renseigné uniquement pour le territoire de Barcelone même.
44 La société barcelonaise peut se diviser en trois ordres, trois « estaments », comme l’indiquait déjà le franciscain Francesc Eiximenis au XIVe siècle : lamà major, la mà mitjana et la mà menor [36]. Cette structure, fondée sur la capacité fiscale des habitants, reprenait celle du Conseil des Cent, organe du gouvernement municipal où siégeaient les représentants de la population de la ville. Une telle division s’appuyant sur les niveaux de richesse des individus concernés, on peut grâce à elle identifier approximativement le statut social et le niveau de fortune des tenanciers des terres de la pabordia de juin. La mà mitjana, catégorie intermédiaire constituée des mercaders et des artistes (c’est-à-dire les négociants tels que les armateurs, drapiers, apothicaires...), s’insère entre la mà menor des artisans exerçant des métiers techniques et la mà major, réunissant les ciutadans honrats, le patriciat, groupe social consolidé au XIIIe siècle et qui, au XVe siècle, était surtout constitué de riches rentiers très proches de la petite noblesse urbaine. Cette dernière, peu présente dans la ville en termes de démographie, n’intègre pas le Conseil des Cent avant la fin du XVe siècle mais détient, cela dit, des maisons en villes et des terres à l’extérieur [37].
Origine des versements à la pabordia de juin pour le territoire urbain (1477-1481).
Statut social | Nombre |
Tailleur (sastre) | 1 |
Orfèvre (argenter) | 1 |
Fabricant de sandales (tapiner) | 1 |
Notaire (notari) | 1 |
Bottier (boter) | 1 |
Pelletier (pellicer) | 1 |
Fabricant de bougies (candaler) | 1 |
Savetier (sabater) | 1 |
Fabricant de jarres (Gerrer) | 1 |
Boulanger (flequer) | 1 |
Maraîcher (hortolà) | 1 |
Marchand (mercader) | 6 |
Citoyen (ciutadà) | 1 |
Religieux (prevere) | 1 |
Non précisé | 14 |
Origine des versements à la pabordia de juin pour le territoire urbain (1477-1481).
45 La plus grande partie des interlocuteurs de la pabordia de juin (dix individus) appartient à cette mà menor, constituée de métiers urbains relevant de l’artisanat : tailleur, bottier, boulanger, etc. (voir tableau 2). Néanmoins, les six mercaderes ainsi que le notaire, dont le statut social peut être élevé, s’apparentent plutôt à la mà mitjana, sans parler du ciutadà (« citoyen ») dont il est difficile de savoir s’il est un ciutadan honrat appartenant à la mà major ou si la précision « ciutadà » renvoie uniquement à son lieu d’habitat : Barcelone. Rien d’illogique, au fond, dans cette répartition : elle reflète en somme la composition sociale de Barcelone. Les locataires des terrains de la pabordia appartiennent indistinctement à ces métiers urbains qui composent la mà menor et la mà mitjana, catégories modestes ou intermédiaires. L’absence de la noblesse et la quasi-totale absence des ciutadans honrats s’expliquent par le fait qu’ils étaient le plus souvent détenteurs en propre de leurs biens immobiliers. Ces observations ne sont néanmoins que les premiers jalons d’une analyse plus approfondie, qui pourra s’appuyer sur une meilleure connaissance des niveaux de fortune et de l’identité des interlocuteurs de la pabordia.
46 Reste que, de la même façon que la répartition spatiale de ses propriétés projetait la pabordia de juin dans l’ensemble de l’espace urbain, l’éventail social de ses locataires la met en relation avec l’ensemble de la société urbaine. Le chapitre semble un seigneur foncier bien inséré dans la société à tous les échelons et les individus avec lesquels il interagit sont un reflet de la composition sociale de Barcelone.
47 L’exemple de la répartition des possessions de la pabordia de juin du chapitre de Barcelone ainsi que de ses modes de gestion permet de soulever, au-delà du seul cas barcelonais, les questions de seigneurie et de propriété urbaines, assez peu étudiées jusqu’ici. Administrées de façon classique, par le biais d’une gestion semblable par exemple à celles de Gérone [38], les pabordies barcelonaises semblent représentatives de la situation d’un seigneur foncier ecclésiastique séculier à la fin du XVe siècle. Ainsi se caractérisent-elles avant tout par la diversité de leur patrimoine et l’adaptabilité de leur mode d’administration. Celui-ci apparaît comme rationalisé, marqué par un pragmatisme sans doute dû au contexte et aux difficultés économiques de la région à la fin du Moyen Âge et à la volonté de récupérer une situation financière stable pour l’établissement. Cette gestion contribue alors à l’insertion du chapitre dans la ville en tant qu’acteur urbain, propriétaire foncier important dont les terrains s’étendent dans toute la ville, ce qui le met en contact avec un large échantillon de la société urbaine.
48 De ce fait, l’analyse de la gestion des biens du chapitre permet aussi d’apporter un éclairage sur la situation de Barcelone à la fin du XVe siècle, guère étudiée dans le détail. Les questions des relations du chapitre avec la société urbaine et de la répartition des autres possessions du chapitre, en ville et dans sa périphérie, appellent à être précisées. L’étude de l’ensemble des administrations de la cathédrale et, surtout, d’autres établissements catalans à la fin du XVe siècle, permettrait de compléter cet aperçu.
Notes
-
[*]
Casa de Velázquez – Paris IV-Sorbonne (UMR 8596) – Lyon 2 (UMR 5648).
-
[1]
Voir la dernière synthèse en date à l’échelle européenne, Patrick Boucheron et Denis Menjot, La Ville médiévale, dans Jean-Luc Pinol (sous la direction de), Histoire de l’Europe Urbaine, Paris, Le Seuil, 2003, rééd, Points Seuil, 2012.
-
[2]
C’est dans cette optique que se place Charles Dereine dans son article fondateur pour l’histoire des chanoines où il s’intéresse au domaine religieux, les autres dimensions étant pour lui subordonnées à cette fonction de service spirituel (Charles Dereine, « Chanoines », dans Alfred Baudrillard (sous la direction de), Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, 12, Paris, Librairie Letouzey et Ané, 1953, col. 354-494).
-
[3]
Voir, pour ces aspects prosopographiques et sociaux, les travaux d’Hélène Millet, notamment : Hélène Millet, Les chanoines du chapitre cathédral de Laon, 1272-1412, Rome, École Française de Rome, 1982.
-
[4]
Voir María Jesús Torres i Ferrer, « La catedral de Barcelona y la guerra civil catalana (1462- 1472) », Medievalismo, no 7, 1997, p. 99-138.
-
[5]
Voir Cécile Caby, « Pour une histoire des usages monastiques de l’espace urbain de l’Antiquité tardive à la fin du Moyen Âge », Mélanges de l’École française de Rome – Moyen Âge, 124-1, 2012, p. 7-25 et, pour l’Italie, Federica Masè, Patrimoines immobiliers ecclésiastiques dans la Venise médiévale (XIe-XVe siècle). Une lecture de la ville, Rome, École Française de Rome, 2006.
-
[6]
María José Lop Otín, « Las catedrales y los cabildos catedralicios de la Corona de Castilla durante la Edad Media. Un balance historiográfico », En la España medieval, no 26, 2003, p. 371-404.
-
[7]
Voir Élisabeth Crouzet-Pavan, Les villes vivantes. Italie XIIIe-XVe siècle, Paris, Fayard, 2009.
-
[8]
Olivier Faron et Étienne Hubert (sous la direction de), Le sol et l’immeuble. Les formes dissociées de propriété immobilière dans les villes de France et d’Italie (XIIe-XIXe siècle), Actes de la table ronde organisée par le Centre interuniversitaire d’histoire et d’archéologie médiévale et le Centre Pierre Léon (Lyon, 14-15 mai 1993), École Française de Rome, Presses universitaires de Lyon, Rome et Lyon, 1995.
-
[9]
On pourra se reporter à la bibliographie de l’ouvrage de Pere Ortí Gost, Renda i fiscalitat en una ciutat medeival : Barcelona, segles XII-XIV, Barcelona, CSIC, 2000.
-
[10]
Voir pour cette période Jaume Vicens Vives, Ferran II i la Ciutat de Barcelona (1479-1516), Emporium, Barcelona, 1936-1937.
-
[11]
Voir par exemple Tomàs López Pizcueta, La Pia Almoina de Barcelona (1161-1350). Estudi d’un patrimoni eclesiàstic català baixmedieval, Barcelona, Fundació Noguera, 1998 ; Nativitat Castejón Domènech, Aproximació a l’estudi de l’Hospital de la Santa Creu de Barcelona. Repertori documental del segle XV, Barcelona, Fundació Noguera, 2007. Voir néanmoins pour le second XVe siècle : Josefina Mutgé i Vives, « El monestir benedictí de Sant Pau del Camp de Barcelona a la segona meitat del segle XV (Edició d’un capbreu del 1461-1462) », Miscellània d’Estudis Medievals, no 8, 1996, p. 393-461 .
-
[12]
Ces deux administrations donnent lieu à deux fonds d’archives distincts : ce qui relève de la curie épiscopale est conservé à l’Arxiu Diocesà de Barcelone (ADB), tandis que ce qui a trait à la gestion par le chapitre se trouve à l’Arxiu Capitular (ACB).
-
[13]
Àngel Fàbrega i Grau, La vida quotidiana a la catedral de Barcelona en declinar el renaixement. Any 1580, Arxiu Capitular de la S. E. Catedral Basílica de Barcelona, Barcelona, 1978, p. 32-36.
-
[14]
Ibidem, p. 32.
-
[15]
Un capbreu, du latin caput breve, est un document notarié dans lequel un déclarant reconnaît les droits qu’il doit à son seigneur direct. Voir : Pere Benito i Monclús, « Hoc est breve... L’emergència del costum i els orígens de la pràctica de la capbrevació (segles XI-XIII) », dans Manuel Sánchez Martínez (sous la direction de), Estudios sobre renta, fiscalidad y finanzas en la Cataluña bajomedieval, Barcelone, CSIC, 1993.
-
[16]
La liste omet celle de mars, qui pourtant fait l’objet d’un capbreu et apparaît au même titre que les autres dans le livre d’administration.
-
[17]
« ... lo venerable Capitol e canonges dela Seu de Barchinona entenen capbrevar per utilitat econservacio deles rendes edrets deles pabordrias dels mesos de janer, juny, juliol, setembre, octubre e noembre dela dita Seu les quals per les commotions qui sont stades en aquest principat e ales mans epotestat deldit Capitol en certa manera son devengudes » : Arxiu Capitular de Barcelona (désormais ACB), Caritat, pabordia, capbreus de les pabordies, Pn.65, fol. 103 recto.
-
[18]
« ... ad sancta dei quatuor Evangelia manibus suis corporaliter tacta confessus fuit et recognovit venerabilis [...] viris domini petro Raymundo Loteres et Anthonio Agullana canonicis ecclesie barcinone procuratoribus et administratoribus prepositure mensis Junii... »
-
[19]
ACB, Caritat, Pabordies, Llibres d’administració, 1477-1481 : « Comptes de les pabordies de setembre, octubre, noembre, janer, juny, juliol e març administrades per los honorables micer Anthoni Agullana e Pere Ramon Loteres, canonges ».
-
[20]
Voir, pour l’étude d’un document similaire concernant une période antérieure, à l’Aumône du Pain de Gérone, Rosa Lluch Bramon, « El dia a dia d’una senyoria feudal : els manuals de comptes dels pabordes de l’almoina del pa (segles XIV i XV) », dans Rosa Congost (ed.), Del capbreus al registre de la propieta : drets, títols i usos socials de la informació a Catalunya (segles XIV-XX), Associació d’Història Rural de les Comarques Gironines, Centre de Recerca d’Història Rural de la Universitat de Girona i Documenta Universitaria, Girona, 2008, à propos de Gérone.
-
[21]
Il existe un autre livre d’administration pour la période 1484-1569, mais bien moins détaillé et n’ayant visiblement pas la même vocation d’exhaustivité, intitulé d’ailleurs « livre de comptes » et non « livre d’administration » (ACB, Caritat, Pabordies, Llibres de comptes de les pabordies, 1484-1569 : « Comptes de pabordies que són en mà del Rvnt Capítol »).
-
[22]
ACB, Caritat, Pabordies, Llibre d’administració, 1477-1481, fol. non numéroté.
-
[23]
Pour la pabordia de juin, la somme des prébendes varie entre 79 livres, 11 sous et 8 deniers en 1478, et 112 livres, 3 sous et 6 deniers en 1481 . Le doyen, l’archidiacre de la Mar et le chantre recevaient un versement supérieur aux autres chanoines (ACB, Caritat, Pabordies, Llibre d’administració, 1477-1481, fol. 122 verso).
-
[24]
ACB, Caritat, pabordia, capbreus de les pabordies, Pn. 62.
-
[25]
La situation est très courante pour ce type d’établissements, voir par exemple le cas d’une autre administration de la cathédrale, la Pia Almoina, dans Tomàs López Pizcueta, La Pia Almoina de Barcelona (1161-1350)..., op. cit..
-
[26]
Manuel Guàrdia i Bassols et Albert Garcia i Espuche, « Consolidació d’una estructura urbana : 1300-1516 », dans Jaume Sobrequés i Callicó (dir.), Història de Barcelona, 3. La ciutat consolidada (segles XIV i XV), Ajuntament de Barcelona, Barcelona, 1992, p. 35-72, p. 59.
-
[27]
À titre de comparaison, Simone Roux relève également, pour le cas de Paris, la grande part de la propriété ecclésiastique dans la propriété du sol urbain. (Simone Roux, « Être propriétaire à Paris à la fin du Moyen Âge », dans Olivier Faron et Étienne Hubert (sous la direction de), Le sol et l’immeuble..., op. cit., p. 71-83.)
-
[28]
« Item fa en Barthomeu Cathala del Prat per lo mas barros e es home propri hun capo » (ACB, Caritat, Pabordies, Llibre d’administració, 1477-1481, fol. 113 verso).
-
[29]
Des homes propris apparaissent pour les autres pabordies mais de façon minoritaire.
-
[30]
Voir par exemple, à titre de comparaison, la situation similaire pour les cens et dîmes du monastère de Sant Pau del Camp dans les années 1460, dans Josefina Mutgé i Vives, « El monestir benedictí de Sant Pau del Camp de Barcelona... », op. cit., p. 402.
-
[31]
Josefina Mutgé i Vives le note par exemple pour le monastère de Sant Pau del Camp, qui, bien qu’il ne soit pas un cas unique, s’avère un point de comparaison intéressant en cela qu’il s’agit d’un autre établissement religieux barcelonais, dont le temporel a été étudié pour la même période, à savoir la fin du XVe siècle. (ibidem, p. 400).
-
[32]
ACB, Caritat, Pabordies, Lluïsmes de les pabordies, 1484 a 1498 : « Libre de rebudes dels loysmes de les pabordies de janer, març, juny, juliol, setembre, octubre, noembre, les quals són en mans del Capítoll ».
-
[33]
Certaines entrées du capbreu mentionnent en effet que le terrain est tenu sous seigneurie de plusieurs pabordies. Voir par exemple ACB, Caritat, Pabordies, Capbreus de les pabordies, Pn. 62, fol. 119 (« ... se tenere per preposituras mensis junii et preposituras mensium madii et julii... »).
-
[34]
Ils sont comptabilisés en livres, sous et deniers la plupart du temps. Peu d’indications apparaissent sur les monnaies réelles utilisées, à part la mention de morabatins – monnaie d’une valeur de neuf sous si l’on en croit la correspondance avec les versements en livres, sous et deniers. Ainsi, les entrées mentionnent souvent qu’un individu verse « un morabati qu’il prend sur une maison ».
-
[35]
Rosa Lluch Bramon, « El dia a dia d’una senyoria feudal... », op. cit., p. 90.
-
[36]
Cité dans Carme Batlle et Joan J. Busqueta, « Distribució social i formes de vida », dans Jaume Sobrequés i Callicó (dir.), Història de Barcelona, 3. La ciutat consolidada (segles XIV i XV), Ajuntament de Barcelona, Barcelona, 1992, p. 91-136, p. 94.
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[37]
Pour une étude de la société barcelonaise, voir les travaux de Carme Batlle, en particulier Carme Batlle (dir.), La societat barcelonina a la baixa edat mitjana, Annexos d’Actas/Mediaevalia, Universitat de Barcelona, Barcelona, 1982-1983 ; Carme Batlle et Joan J. Busqueta, « Distribució social i formes de vida », ibidem. Voir aussi : Las sociedades urbanas en la España Medieval. (Actas de la XXIX Semana de Estudios Medievales de Estella. 15 al 19 de julio de 2002), Gobierno de Navarra, Pamplona, 2003.
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[38]
Rosa Lluch Bramon, « El dia a dia d’una senyoria feudal... », op. cit.