Notes
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[*]
Université libre de Bruxelles, sociAMM.
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[1]
Je remercie chaleureusement Michèle Galand avec qui nous avons conjointement organisé un séminaire à l’Université libre de Bruxelles sur les loisirs au XVIIIe siècle ; séminaire qui a nourri une grande partie de la présente contribution.
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[2]
Daniel Rabreau, Apollon dans la ville. Le théâtre et l’urbanisme en France au XVIIIe siècle, Paris, Editions du patrimoine, Centre des monuments nationaux, 2008 ; Giuseppe Radicchio et Michèle Sajous D’Oria, Les théâtres de Paris pendant la Révolution, Sasano, Elemond Periodici, 1990 (catalogue de l’exposition présentée à Vicence, puis à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris en 1989-1990).
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[3]
Sur la notion d’embellissement, voir Jean-Louis Harouel, L’embellissement des villes : l’urbanisme français au XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1993 ; Paul Claval, Ennoblir et embellir. De l’architecture à l’urbanisme, Paris, Carnets de l’Info, 2011 ; Nicolas Lemas, « De la porte d’honneur à la pyramide de neige. Variations sur la notion d’embellissement au XVIIIe siècle », dans Jérôme Boissonade, Solenn Guével et France Poulain (sous la direction de), Ville visible, ville invisible : la jeune recherche urbaine en Europe, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 79-90 et Philippe Genestier, « Embellissement », dans Pierre Merlin et Françoise Choay (sous la direction de), Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, 2e édition, Paris, Quadrige, 2005, p. 324-325.
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[4]
Sur les projets de De Wailly pour Bruxelles, voir l’excellente étude de Xavier Duquenne, « L’architecte De Wailly en Belgique, 1779-1795 », dans Joke Buijs and Anna Bergmans (édité par), Een belvedère aan de Schelde : paviljoen De Notelaer in Hingene (1792-1797), Bruxelles, Vlaams Instituut voor het Onroerend Erfgoed, Bruxelles, 2010, p. 153-216 ; Victor Gaston Martiny, « Charles De Wailly, architecte du roi de France et les premiers projets de construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles », Études sur le XVIIIe siècle, IV, 1977, p. 87-99 ; Manuel Couvreur (édité par), Le théâtre de la Monnaie au XVIIIe siècle, Bruxelles, GRAM-ULB, 1996.
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[5]
Les archives sont nombreuses et éparses, pour la plupart conservées aux Archives générales du Royaume (désormais AGR), dans les fonds de la Secrétairerie d’État et de Guerre (désormais SEG), du Conseil du Gouvernement Général (désormais CGG) et du Conseil privé autrichien (désormais CPA). Pour les projets parisiens, notamment Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours sur le projet d’une nouvelle salle de spectacle pour les Comédiens italiens, [s.l.], 1777 ; Jean Georges Noverre, Observations sur la construction d’une nouvelle salle de l’Opéra, Amsterdam, Changuion, 1781 ; l’ouvrage théorique de Pierre Patte, Essai sur l’architecture théâtrale, Paris, Moutard, 1782.
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[6]
Je n’analyserai pas les questions de distribution intérieure des théâtres qui mériteraient une étude spécifique.
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[7]
AGR, CGG, 88, mémoire de [Herman Bultos], après le 20 septembre 1787.
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[8]
La durée nécessaire à l’évacuation de la salle est d’ailleurs mentionnée par certains architectes pour mettre en avant la qualité de leur projet : Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours sur le projet d’une nouvelle salle de spectacle pour les Comédiens italiens, [s.l.], 1777, p. 8 et Charles De Wailly pour la Comédie-Française (cf. Daniel Rabreau, Apollon... op. cit., p. 139).
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[9]
AGR, SEG, 2133, Observations sur la forme la plus avantageuse à donner aux salles de spectacle et sur leur situation, [c.1788] par Charles De Wailly.
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[10]
Daniel Rabreau, Apollon... op. cit., p. 138-139.
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[11]
[Ferdinand Rapedius de Berg], Projet de construction d’une salle de spectacle pour Bruxelles, Liège-Bruxelles, Dujardin, 1785, p. 5-7.
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[12]
Daniel Rabreau, Apollon... op. cit., p. 109.
-
[13]
Pierre Patte, Essai sur l’architecture théâtrale, Paris, Moutard, 1782, p. 198.
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[14]
AGR, SEG, mémoire sur la construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles, par Brion [1785].
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[15]
Xavier Duquenne, « L’architecte... », p. 195.
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[16]
AGR, SEG, 2133, Plan général du nouveau théâtre projetté sur les terreins réunis des Jésuites & du couvent des Lorraines par De Wailly. Il proposera le même dispositif en 1798 pour son projet d’Opéra aux Capucines à Paris, cf. Daniel Rabreau, Apollon... op. cit., p. 164.
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[17]
Daniel Rabreau, Le théâtre de l’Odéon : du monument de la nation au théâtre de l’Europe. Naissance du monument de loisir urbain au XVIIIe siècle, Paris, Belin, 2007, p. 62-63 ; Alain Delaval, Le Théâtre Graslin à Nantes, Nantes, Editions Joca Seria, 2004, p. 51-52.
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[18]
AGR, CGG, 88, mémoire de [Herman Bultos] pour un projet de théâtre à Bruxelles, après le 20 septembre 1787. Pour la Comédie-Française, voir Alexandre-Jacques du Coudray, Nouveaux essais historiques sur Paris, t. 4, Paris, Belin, 1783, p. 259-260. Je remercie Clarisse Coulomb de m’avoir renseigné ce passage.
-
[19]
Pierre Patte, Mémoires sur les objets les plus importans de l’architecture, Paris, Rozet, 1769, p. 19-20.
-
[20]
Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours... op. cit., p. 6.
-
[21]
Jean-Baptiste Claude Izouard, dit Delisle de Sales, Lettre de Brutus sur les chars anciens et modernes, Londres, sans éditeur, 1771 , p. 152.
-
[22]
Voir Laurent Turcot, Le promeneur à Paris au XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 2007.
-
[23]
Jean-Baptiste Claude Izouard, dit Delisle de Sales, Lettre... op. cit., p. 118.
-
[24]
Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours... op. cit., p. 7. L’usage d’une voiture de louage reste encore limité, le nombre de fiacres bruxellois ne s’élevant qu’à 80 en 1786, dont 20 stationnent devant le théâtre de la Monnaie. La question du prix des fiacres fait, à l’époque, l’objet d’âpres discussions entre le gouvernement et la Ville (Archives de la Ville de Bruxelles, Archives historiques, minute du rapport du Magistrat aux gouverneurs généraux, entre le 6 novembre et le 28 novembre 1786).
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[25]
Voir par exemple Jean-Baptiste Claude Izouard, dit Delisle de Sales, Lettre... op. cit. Sur le rôle novateur de cet ouvrage, voir Pierre Malandain, Delisle de Sales, philosophe de la nature (1741-1816), Oxford, The Voltaire Foundation, 1982, p. 119-150.
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[26]
On peut estimer à une centaine ce nombre à l’Opéra de Paris et jusqu’à 300 à la Comédie-Française ; cf. Annik Pardailhé-Galabrun, « Les déplacements des Parisiens dans la ville aux XVIIe et XVIIIe siècles. Un essai de problématique », Histoire, économie et société, 1983, 2e année, no 2, p. 248 ; Journal de Paris du 7 avril 1782, p. 387-388.
-
[27]
Sur la dénonciation des dangers pour les piétons aux abords des théâtres, voir Thomas Blaikie, Diary of a Scotch Gardener at the French Court at the End of the XVIIIe Century, Londres, 1931 , p. 24 cité par Annik Pardailhé-Galabrun, « Les déplacements... », op. cit., p. 206 ; Anonyme, « Lettre à l’Auteur de ce Journal », Journal politique et de littérature, no 17, 15 juin 1776, p. 230-235, ici p. 230.
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[28]
Il faut distinguer le trottoir de rue, aménagement réalisé le long des façades d’une artère, du trottoir aménagé antérieurement le long de certains ponts et quais afin d’offrir un espace piétonnier protégé des voitures et ce, afin d’éviter que les piétons ne tombent dans l’eau. L’un des exemples les plus célèbres est le Pont-Neuf à Paris ; voir Daniel Vaillancourt, Les urbanités parisiennes au XVIIe siècle. Le livre du trottoir, Québec, Presses de l’Université Laval, 2010.
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[29]
Il le propose déjà dans son ouvrage Mémoires sur les objets les plus importans de l’architecture, Paris, Rozet, 1769 ; voir Nicolas Lemas, « Embellir la ville pour le piéton : la prise en compte esthétique et fonctionnelle du piéton dans la littérature sur les embellissements de Paris de Pierre Patte à Eugène Hénard », dans Judith le Maire et Christophe Loir (édité par), Marche et espace urbain de l’Antiquité à nos jours, dossier spécial de la revue Clara, no 1 , 2013, pp. 103-121 .
-
[30]
Pierre Patte, Essai sur l’architecture théâtrale, Paris, Moutard, 1782, p. 198.
-
[31]
Jean Georges Noverre, Observations sur la construction d’une nouvelle salle de l’Opéra, Amsterdam, Changuion, 1781 , p. 8.
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[32]
Lettre retranscrite dans Alexandre-Jacques du Coudray, Nouveaux essais... op. cit., p. 256-257.
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[33]
Voir aussi l’avis du comte d’Angiviller en 1781 sur les avantages des trottoirs et désavantages des simples bornes ; retranscrit par Alice Thomine, « La place de l’Odéon », dans Michel Le Moël et Sophie Descat (édité par), L’urbanisme parisien au siècle des Lumières, Paris, Action artistique de la Ville de Paris, 1997, p. 168-177.
-
[34]
Ordonnance du Bureau des Finances de la Généralité de Paris concernant le placement des Bornes dans les rues de la nouvelle Salle du Théâtre Italien, 21 mars 1783. Notons que le déplacement systématique des bornes pour tous les édifices parisiens est déjà proposé par un particulier dans le Journal politique et de littérature, no 17, 15 juin 1776, p. 230-236.
-
[35]
AGR, SEG, 2133, brouillon du Projet pour la formation d’une nouvelle place publique tenant au Grand Théâtre et pour la restauration des deux théâtres de Bruxelles, 8 octobre 1785 [par Ange Charles de Limpens].
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[36]
AGR, SEG, 2133, Plan général du nouveau théâtre projetté sur les terreins réunis des Jésuites & du couvent des Lorraines.
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[37]
Christophe Loir, Bruxelles néoclassique : mutation d’un espace urbain (1775-1840), Bruxelles, CFC-Éditions, 2009, 2009, p. 281-286. Le trottoir du théâtre est postérieur à 1781 puisqu’il n’en est fait aucune mention dans le règlement pris cette année-là (voir plus loin).
-
[38]
Louis-Sébastien Mercier consacre un chapitre aux « falots » dans son célèbre Tableau de Paris (nouvelle édition, Amsterdam, 1783, p. 336-339, chapitre DXVI). S’il reconnait que ces porteurs de lanternes sont utiles pour circuler plus sûrement dans la ville après le coucher du soleil lorsqu’on ne possède pas de domestique, il pointe toutefois leur grossièreté et leur vénalité notamment quand ils servent d’intermédiaire pour aller chercher un fiacre à la sortie d’un spectacle.
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[39]
AGR, CPA, 1053A, requête de Herman Bultos au ministre plénipotentiaire, [janvier 1786].
-
[40]
AGR, CPA, 1053A, extrait du protocole du Conseil privé du 15 février 1786 et état estimatif et nota de Claude Fisco, 10 février 1786.
-
[41]
Ordonnance du Magistrat de Bruxelles publiée chez Pauwels le 23 février 1786. Notons qu’en 1781 les autorités avaient déjà envisagé de limiter la circulation autour des théâtres : AGR, CPA, 1053A, projet d’ordonnance impériale transmise par les gouverneurs généraux, le 13 septembre 1781.
-
[42]
Laurent Turcot, « Policer la promenade : les Champs-Élysées au XVIIIe siècle », dans Claire Dolan (sous la direction de), Entre justice et justiciables : les auxiliaires de la justice du Moyen Âge au XXe siècle, Laval, Les Presses de l’Université de la Laval, 2005, p. 137-156 et Laurent Turcot, « Policer les divertissements à Paris au 18e siècle », dans Justice et espaces publics en Occident de l’Antiquité à nos jours. Actes du colloque de Montréal 2009, à paraître. Je remercie vivement l’auteur de m’avoir transmis copie de son article. Notons qu’à la même époque, le premier règlement du parc de Bruxelles exclut les mendiants, les vagabonds et les portefaix (Archives de la Ville de Bruxelles, Archives Historiques, 509, règlement pour le parc de Bruxelles, 12 mai 1780).
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[43]
Anonyme, « Lettre », op. cit., p. 233-234.
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[44]
Voir la figure 1.3.
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[45]
AGR, SEG, 2133, rapport du 1er juin 1791.
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[46]
Jean-Baptiste Claude Izouard, dit Delisle de Sales, Lettre... op. cit., p. 170.
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[47]
Voir note 32.
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[48]
AGR, CPA, 1052A, Règlement touchant les voitures venant & allant au Grand Théâtre en cette Ville de Bruxelles, 13 février 1769.
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[49]
Catherine Denys, La police de Bruxelles entre réformes et révolutions (1748-1814). Police urbaine et modernité, Turnhout, Brepols, 2013. Notons qu’en matière de circulation, la police des marchés, un des soucis majeurs des autorités urbaines, précède celle des théâtres. Dix ans avant le règlement pour le Théâtre de la Monnaie, le Marché aux Grains de Bruxelles est soumis à une police spécifique qui, durant la tenue du marché, instaure un sens unique de circulation, une limitation de vitesse et des emplacements spécifiques de stationnement selon le type de véhicule, voir Anne Lannoye, Marchés et circulations à Bruxelles au XVIIIe siècle. Nouvelles conceptions et pratiques de la ville, mémoire de Master, Université libre de Bruxelles, 2012, p. 73-74.
-
[50]
AGR, CPA, 1052A.
-
[51]
AGR, CPA, 1053B, ordonnance impériale du 2 janvier 1792 et extrait du protocole du Conseil privé du 22 décembre 1791 .
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[52]
Cf. communication de Catherine Denys au présent colloque Aller au théâtre.
-
[53]
AGR, SEG, 2133, Observations sur la forme la plus avantageuse à donner aux salles de spectacle et sur leur situation, [c.1788] par Charles De Wailly.
-
[54]
Plan général du projet des embellissements de Paris. Projet d’utilité et d’embellissement pour la ville de Paris qui s’accorde avec les projets déjà arrêtés par le gouvernement, dans lequel on a rassemblé de nouveaux monuments des places publiques, des percés nécessaires pour donner des communications, augmenter les courants d’air et où l’on propose la réunion des trois isles en une seule, les moyens de diriger le courant du bras septentrional de la rivière de manière à le rendre plus navigable et de l’autre à en former un port... au centre de la capitale, 1785 (BNF, Cartes et Plans, Rés Ge C 4384).
-
[55]
Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours... op. cit., p. 10.
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[56]
AGR, SEG, 2133, rapport du 1er juin 1791.
-
[57]
AGR, Conseil général du Gouvernement, 88, mémoire de [Herman Bultos], après le 20 septembre 1787.
-
[58]
AGR, SEG, mémoire sur la construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles, par Brion [1785].
-
[59]
Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours... op. cit., p. 10.
-
[60]
AGR, SEG, mémoire sur la construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles, par Brion [1785].
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[61]
Loc. cit.
-
[62]
AGR, CGG, 88, brouillon du rapport sur le projet de De Wailly, 2 mars 1788.
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[63]
[Ferdinand Rapedius de Berg], Projet... op. cit., p. 7, 9-11 .
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[64]
AGR, CGG, 88, mémoire de [Herman Bultos], après le 20 septembre 1787.
-
[65]
AGR, SEG, mémoire sur la construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles, par Brion [1785].
-
[66]
AGR, SEG, 2133, mémoire pour la construction d’un théâtre sur les terrains du couvent des Jésuites et celui des Lorraines [1788].
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[67]
AGR, CGG, 88, brouillon du rapport du 2 mars 1788.
-
[68]
Éric Hennaut et Monica Campioli, « La construction du premier théâtre de la Monnaie par les Bezzi et ses transformations jusqu’à la fin du régime autrichien », dans Manuel Couvreur (édité par), Le théâtre... op. cit., p. 33-109, ici p. 72.
-
[69]
AGR, SEG, 2133, brouillon du Projet pour la formation d’une nouvelle place publique tenant au Grand Théâtre et pour la restauration des deux théâtres de Bruxelles, 8 octobre 1785 [par Ange Charles de Limpens]. Notons que de Limpens envisagea également le placement du théâtre sur la place du Nouveau Marché aux Grains, cf. AGR, SEG, 2133, Prospectus pour un nouveau théâtre à construire sur la nouvelle place de Jéricho destiné à un agrandissement de nouveau marché aux grains, [février 1786].
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[70]
Sur l’histoire de la promenade, voir notamment Christophe Loir et Laurent Turcot (édité par), La promenade au tournant des XVIIIe et XIXe siècles (Belgique – France – Angleterre), Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2011 (Études sur le 18e siècle, 39) ; Laurent Turcot, Le promeneur à Paris au XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 2007. Voir dans le même numéro, Peter Borsay, « Transport et divertissement dans les villes anglaises à travers le long dix-huitième siècle » ainsi que les contributions du dossier spécial, « Les Loisirs dans la ville », Histoire Urbaine, no 1 , 2000.
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[71]
Rijksarchief in Gelderland, Familie-Archief van Spaen, 118, Journal du voyage fait par J.F.G. de Spaen en Italie et par une partie de la France et de l’Allemagne pendant les années 1769 et 1770, 1769-1770. Je remercie Xavier Duquenne de m’avoir renseigné ce document.
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[72]
AGR, CPA, 1052/A, Développement des avantages résultant de la situation du nouveau théâtre projetté à Bruxelles par le Sieur De Wailly [1788].
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[73]
[Ferdinand Rapedius de Berg], Projet... op. cit., p. 11 .
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[74]
Ibidem, p. 7.
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[75]
AGR, SEG, mémoire sur la construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles, par Brion [1785].
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[76]
Éric Cabris, La Monnaie : chronique architecturale de 1696 à nos jours, Bruxelles, Éditions Racine, 1996, p. 34-57.
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[77]
Règlement communal du 28 décembre 1839, publié dans Recueil des ordonnances, règlements, arrêtés, avis, etc. émanés de l’administration communale de la Ville de Bruxelles, pendant l’année 1839, [Bruxelles], [1839], p. 214-219.
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[78]
Sur le théâtre de la Monnaie au XIXe siècle, voir la contribution de Cécile Vanderpelen-Diagre dans le présent numéro.
1Une véritable théâtromanie envahit l’Europe durant la seconde moitié du XVIIIe siècle [1] . Les spectateurs affluent et les questions de circulation autour des salles de spectacle se posent avec une acuité nouvelle. La construction de nouveaux théâtres s’impose et de nombreuses salles sont édifiées, ou simplement projetées, dans le cadre de l’embellissement des villes [2]. Je voudrais ici montrer en quoi le renouvellement des typologies architecturales, la prise en compte de la dimension urbanistique et la mise en place d’une nouvelle réglementation de l’espace public à l’époque des embellissements [3], ont permis de répondre aux problèmes de mobilité posés par la tenue d’un spectacle. Pour cette analyse, j’étudierai plus spécifiquement les projets de (re) construction du théâtre de Bruxelles entre 1785 et 1792, en les comparant avec les solutions développées en France.
2Cette étude de cas est particulièrement intéressante, à la fois par le nombre de projets, par la richesse de la documentation conservée, et par la personnalité du principal architecte impliqué. C’est en effet au célèbre architecte parisien Charles De Wailly qu’en 1785 le gouvernement des Pays-Bas autrichiens fait appel pour reconstruire la salle de spectacle bruxelloise [4]. Ce dernier bénéficie déjà d’une solide réputation dans le domaine de l’architecture théâtrale puisqu’il vient de terminer, avec Marie-Joseph Peyre, la salle de la Comédie-Française à Paris (actuel Théâtre de l’Odéon). De Wailly n’est pas le seul ; architectes, fonctionnaires, entrepreneurs de spectacles, spéculateurs et particuliers participent aux débats en vue de rénover ou de reconstruire, à son emplacement initial ou ailleurs, l’ancien théâtre de la Monnaie, vieux de près d’un siècle, et qui ne répond plus aux exigences de confort, de sécurité et de circulation. Pour cette étude je me baserai sur les nombreux mémoires, rapports, plans et lettres conservés pour la plupart aux Archives générales du Royaume à Bruxelles ainsi que, pour la comparaison, sur des mémoires publiés concernant des projets pour des salles parisiennes [5].
3L’analyse des questions de mobilité autour des théâtres au temps des embellissements nécessite une approche multiscalaire. L’arrivée et le départ des spectateurs peuvent en effet engendrer des problèmes de circulation sur un périmètre très large, mais avec une intensité spatialement différenciée. Quant aux embellissements, ils se caractérisent par la prise en compte de nouvelles échelles, non plus seulement celle de l’édifice à construire, mais celle du quartier environnant voire celle de l’entièreté de la ville. J’analyserai donc les éléments architecturaux, urbanistiques et réglementaires en lien avec la mobilité successivement pour le théâtre et ses abords, pour le quartier environnant, et pour l’espace urbain dans sa globalité [6].
Divers projets de théâtres pour Bruxelles (1785-1792)
Divers projets de théâtres pour Bruxelles (1785-1792)
1 . Plan général de la situation du nouveau théâtre à construire à Bruxelles dans le terrain du jardin des Jésuites avec les places et issues nécessaires à cet édifice (AGR, SEG, 2133).2. Plan général de la situation du théâtre projeté à Bruxelles sur le terrain du jardin des Jésuites avec les places et issues nécessaires à cet édifice (AGR, SEG, 2133).
3. Plan général du nouveau théâtre de Bruxelles, projeté en face des terrasses du Palais de SS. AA. RR. Avec la facilité d’y communiquer dans le haut et la bas de la ville (AGR, Cartes et Plans, 8680).
4. Plan du nouveau théâtre de Bruxelles (AGR, SEG, 2133).
6. Plan général du nouveau théâtre projeté sur les terrains réunis des Jésuites et des Lorraines (AGR, SEG, 2133).
7. Plan inséré dans l’ouvrage de [Ferdinand Rapedius de Berg], Projet de construction d’une salle de spectacle pour Bruxelles, Liège-Bruxelles, Dujardin, 1785.
8. Projet pour la formation d’une nouvelle place publique tenant au Grand Théâtre et pour la restauration des deux théâtres de Bruxelles, 8 octobre 1785 (AGR, CPA, 1053B).
Du portique au trottoir : le théâtre et ses abords
LE PORTIQUE
4Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, le théâtre-temple s’impose en France, successivement à Bordeaux (1773-1780), à Paris (Comédie-Française édifiée entre 1779-1782 et Comédie-Italienne entre 1781-1783), à Besançon (1778-1784), à Lille (1785-1787), à Marseille (1786-1787) et à Nantes (1785-1788). La présence d’un portique sur leur façade antérieure n’est pas seulement motivée par le goût à l’antique et le souci de monumentalité, mais aussi par des considérations pratiques en matière de circulation. Espace de transition entre l’extérieur et l’intérieur de la salle de spectacle, le portique aide à canaliser le flux des spectateurs en leur offrant un lieu sécurisé à l’abri des intempéries. A Bruxelles, comme en France, la quasi-totalité des projets de salle de spectacle comporte un tel dispositif. En l’absence de portique, de simples escaliers peuvent jouer ce rôle, « de manière à favoriser également l’accès de la foule que l’attrait du plaisir presse d’arriver, et la sortie de celle que le désir de se retrouver chez soi précipite de même vers l’issue » [7].
5Une autre constante, tant en France que dans les projets bruxellois, est l’isolement de l’édifice, à la fois pour lutter contre l’éventuelle propagation du feu en cas d’incendie et accélérer l’évacuation de la salle grâce à la multiplication des sorties [8]. Le portique de la façade antérieure peut ainsi se prolonger par des galeries latérales, le tout formant un péristyle. Le Grand Théâtre de Bordeaux est un modèle du genre. Plusieurs plans de De Wailly pour Bruxelles comportent un tel dispositif (Figures 1-2 et 1-5). Il s’en explique dans les Observations qui accompagnent ces projets :
« L’on ne saurait trop multiplier les issues pour la commodité et la facilité de sortir du spectacle. Pour cela on doit pouvoir circuler à couvert autour de la salle aussi, afin de rejoindre promptement et facilement sa voiture. Il est donc nécessaire d’y pratiquer des galeries autour... » [9]
7Dans le supplément à l’Encyclopédie, en 1777, De Wailly soulignait que, grâce aux galeries prévues dans son projet pour la Comédie-Française, l’on pourrait charger jusqu’à 25 carrosses simultanément [10]. Quant aux péristyles, ils ne forment pas seulement des espaces destinés à la circulation utilitaire, mais aussi des lieux de sociabilité où l’on peut voir et être vu. Ils servent de lieux de promenade et peuvent, comme dans le projet pour le Parc de Bruxelles, abriter des boutiques (figure 1 .7) [11] . La présence d’une « galerie marchande », déjà attestée au théâtre de Lyon en 1753-1754, devient fréquente dans les théâtres-temples des années 1770-1780 [12].
8Les galeries aménagées autour des salles de spectacle ne servent pas qu’aux piétons. Pour permettre aux spectateurs venant en voiture de descendre et de monter à couvert, les architectes envisagent la construction de portiques carrossables. Pierre Patte suggère que les théâtres soient « environnés de portiques où l’on pût, soit descendre en voiture, soit y monter dans les mauvais tems » [13]. Dans son projet de théâtre au Parc de Bruxelles, l’archiviste du Conseil privé Brion fait de même en proposant que « les deux entrées principales du théâtre fussent précédées d’un avant-corps, ou platte-forme, sous laquelle les voitures viendroient successivement se placer pour prendre leur monde, afin d’être entièrement à l’abri des injures du tems en hiver comme en été » [14]. Quant à De Wailly, il envisage à Bruxelles la construction d’un double péristyle – l’un carrossable l’autre piétonnier [15] – et même l’aménagement d’un passage souterrain pour les voitures [16] (figures 1.5-6). À la Comédie-Française, il avait plutôt opté pour la réalisation de deux arches carrossables flanquant la façade antérieure, formule reprise par Crucy pour le théâtre de Nantes [17]. La réflexion sur l’arrivée et le départ des spectateurs en voiture amène les architectes à également concevoir des salles d’attente parfois appelées « chauffoirs », « de façon que l’attente des voitures soit moins fâcheuse, moins dangereuse même qu’aujourd’hui, pour les personnes qui ont cette commodité et que celles qui en sont privées ne soient pas obligées de passer subitement, sans intervalle, de l’air échauffé de la salle à l’air glacial ou humide de la rue » [18].
9Les choix en matière d’aménagement piétonnier ou carrossable ne sont pas de simples options architecturales, ils reflètent la manière dont sont traités les spectateurs selon leur niveau social. Le mode de déplacement révèle en effet la hiérarchisation sociale de la société d’Ancien Régime. Les auteurs de l’époque opposent systématiquement « gens de pied » et « gens de voiture », chemins des « voitures » et chemins « du peuple » [19], « opulence » et « modeste piéton » [20]. La voiture demeure un luxe réservé à la noblesse et à quelques bourgeois fortunés ; le carrosse est un signe de distinction sociale, un « titre de noblesse » [21]. Même si la noblesse commence à descendre de voiture et à faire usage de ses jambes dans les jardins mondains, parcourir la ville ou aller au spectacle ne se conçoit encore, pour elle, qu’en équipage [22]. Les témoignages sont nombreux : « Il est indécent qu’un honnête homme aille à pied » ; « Une femme honnête, dit-on, ne va point à pied » [23]. L’usage d’un fiacre peut éventuellement venir « au secours des citoyens que la fortune réduit à s’en servir » [24].
10Dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, la dénonciation des dangers que représentent les voitures pour les piétons est de plus en plus fréquente [25]. Le nombre élevé de véhicules autour des salles de spectacle [26], dû à la forte présence de la noblesse, augmente les risques d’accidents et exacerbe les tensions et ce, d’autant plus que les spectacles se donnent le plus souvent en soirée [27].
LE TROTTOIR
11Dans ce contexte de tensions entre piétons et voitures, l’aménagement des trottoirs occupe une place centrale. Espace piétonnier moins coûteux que les portiques, le trottoir de rue [28] se développe dans les villes européennes à partir des années 1770. Londres, où de semblables aménagements avaient été introduits dans le cadre de la reconstruction de la ville après le grand incendie de 1666, fait office de modèle. En France, l’architecte Pierre Patte est l’un des premiers à proposer ce type d’aménagement [29]. Il reprend l’idée dans son essai sur l’architecture théâtrale en proposant « des barrières ou des trottoirs le long des rues adjacentes, pour mettre les gens de pied en sûreté, soit en sortant du Spectacle, soit en y allant » [30]. Dans son projet de salle d’Opéra pour Paris, le chorégraphe Jean Georges Noverre émet le même souhait [31] . Quant à la Comédie-Française, un « homme condamné d’aller à pied » se plaint que les premiers projets ne semblent pas en prévoir [32]. Finalement, le quartier de la Comédie-Française donnera lieu à la construction de ce qui est considéré comme les premiers trottoirs parisiens. Les projets de De Wailly et Peyre traduisent les hésitations entre diverses formules pour protéger les piétons : contre-allées plantées, rues à portiques, espace délimité par des bornes et enfin, trottoirs [33]. Un trottoir est un chemin surélevé séparé de la chaussée par une bordure ou une dépression de la chaussée, recouvert d’un revêtement particulier. Une option plus simple et moins coûteuse consiste à réserver, à l’attention des piétons, une partie de la chaussée, par des bornes, sans élévation ni revêtement spécifique. La pratique consiste à éloigner des façades les bornes de bâtiment, faisant jusqu’ici office de chasse-roues, pour délimiter un espace destiné, si nécessaire, au refuge des piétons, comme au Théâtre-Italien [34]. Notons que certains aménagements combinent les deux formules en optant pour des trottoirs surélevés, délimités par des bornes, afin d’empêcher l’approche des voitures. Alors qu’il a participé, modestement peut-être, à l’introduction des premiers trottoirs parisiens, De Wailly, contrairement au conseiller de Limpens [35], ne semble jamais proposer de trottoirs dans ses projets bruxellois, pourtant postérieurs. Dans l’un d’entre eux, il opte plutôt pour une place bordée de portiques [36] (figures 1 .5-6). Pourtant, Bruxelles était dotée de trottoirs dans le quartier Royal dès 1775 et même, après 1781 , devant l’ancien théâtre que De Wailly était chargé de rénover [37].
12Toutefois, le trottoir de l’ancien théâtre est très vite jugé insuffisant et, en 1786, trois améliorations sont proposées, l’élargissement et le prolongement s’accompagnant d’une réglementation. Cet épisode témoigne bien des questions de circulation à la sortie des spectacles et du rôle que peut jouer un espace piétonnier. Précisons qu’à l’époque des premiers trottoirs, il ne s’agit pas encore d’imposer une stricte séparation des flux de circulation selon les modes. La chaussée reste un espace partagé par tous les usagers ; les trottoirs servent plus de « refuge » occasionnel ou d’espace de transition entre la chaussée et la façade, que d’espace de circulation piétonne unique et continue. En janvier 1786, l’entrepreneur du théâtre demande au ministre plénipotentiaire l’autorisation d’élargir ce trottoir et d’interdire aux personnes, et en particulier aux éclaireurs (appelés aussi falots, les éclaireurs sont présents aux abords du théâtre pour accompagner les spectateurs vers leur voiture ou leur domicile, la ville ne bénéficiant pas encore d’un éclairage public performant [38]) d’obstruer le passage en s’y arrêtant ; le trottoir est ainsi considéré comme un espace de flux où l’immobilité est proscrite [39]. Le 31 janvier 1786, le ministre plénipotentiaire transmet cette requête au Conseil privé qui, après avis de l’ingénieur et contrôleur général des travaux de la Ville, soutient le projet d’élargissement, propose d’édicter une ordonnance de police et envisage de demander au département militaire de placer des sentinelles à chacune des portes du théâtre [40]. L’ordonnance, prise par le Magistrat le 23 février 1786, défend « à toutes personnes et nommément aux éclaireurs de se tenir et de s’arrêter à l’heure que le public se rend au spectacle pendant la comédie et pendant que l’on en sort dans le trottoir depuis le Caffé de la Monnoye jusqu’à la rue dite Fossé aux Loups à peine de trois florins d’amende » [41] .
13Cette réglementation est à replacer dans le contexte du contrôle de plus en plus strict des espaces de loisirs, en particulier des théâtres et des promenades [42].
Une voirie commode et bien policée : le théâtre dans son quartier
14Aménager les abords directs du théâtre ne suffit pas pour gérer le flux croissant de spectateurs. Les embarras de circulation lors de la tenue d’un spectacle imposent une réflexion à l’échelle du quartier afin de tracer des voies d’accès et de dégager des aires de stationnement. Le quartier de la Comédie-Française à Paris (actuel quartier de l’Odéon), marque une étape majeure dans cette nouvelle articulation entre un théâtre et son quartier. À Bruxelles, De Wailly et les autres protagonistes envisagent aussi systématiquement l’insertion du théâtre dans son quartier. Les plans, qui relèvent plus de ce qu’on pourrait appeler des plans d’urbanisme, ne se limitent pas à représenter l’édifice, mais également les artères et les places environnantes, parfois sur un vaste périmètre. Trois cas de figure se présentent selon la localisation choisie : un quartier ancien ne pouvant être profondément transformé (quartier de la Monnaie), un quartier ancien pouvant donner lieu à une rénovation urbaine (quartier des couvents des Jésuites et des Lorraines), et un nouveau quartier en phase finale d’aménagement répondant aux exigences de commodité en terme de voirie (quartier du Parc). Lorsque les conditions foncières le permettent, la formule la plus adaptée est celle d’un théâtre précédé d’une vaste place et encadré de deux rues le long de ses façades latérales. Conçue dorénavant en même temps que l’édifice auquel elle est intimement liée, la place du théâtre doit présenter toutes les qualités requises pour servir d’espace de circulation, mais aussi d’aire de stationnement. Le stationnement d’une centaine de voitures, voire plus, pose en effet de nombreux soucis tels que, comme le note un contemporain en 1776 au sujet des abords de l’Opéra à Paris, l’impossibilité de pénétrer dans les boutiques environnantes, du fait des voitures longeant les façades sans discontinuer et avec une trop grande proximité [43]. Pour accéder à cette place du théâtre, il faut en outre des débouchés commodes. Des rues sont ainsi percées, généralement le long des côtés et à l’arrière du théâtre, mais aussi souvent au-delà. Il est en effet nécessaire d’assurer un raccordement viaire correct permettant de bonnes liaisons avec les quartiers environnants. La construction d’un théâtre peut comporter des projets de désenclavement, à l’exemple de De Wailly qui propose une artère reliant la place Royale et le quartier du Sablon (la future rue de la Régence, percée près d’un demi-siècle plus tard) [44]. Une largeur d’artère suffisante pour le croisement des voitures et le passage des piétons s’impose d’autant plus que, les spectacles se donnant majoritairement en soirée, la visibilité est atténuée par l’obscurité. Ainsi, le gouvernement note à propos de la rue de l’Hôpital, située à proximité du quartier du Sablon, qu’elle est « si étroite que lorsque deux voitures s’y passent, surtout le soir, les piétons courent toujours le risque d’être écrasés » [45]. À Paris, Delisle de Sales propose, après le coucher du soleil, de limiter la vitesse des voitures en imposant aux chevaux d’aller au pas [46].
15Outre l’aménagement d’une voirie commode, des règlements sont édictés en vue d’organiser la circulation et le stationnement aux abords des salles de spectacle. Ainsi à Paris, en 1782, peu après la fin des travaux, un règlement de circulation optimise le nouveau quartier de la Comédie-Française ; l’application sur le terrain est jugée très efficace par certains contemporains [47]. À Bruxelles, un règlement de circulation avait été édicté dès 1769 [48]. Il ne s’agit pas dans ce cas d’augmenter l’efficacité d’un nouveau quartier répondant aux exigences architecturales et urbanistiques les plus modernes, mais de combler, au moins partiellement, les inconvénients d’un théâtre préexistant situé dans un quartier ancien peu adapté au trafic que cette activité engendre. Ce règlement se distingue par son côté novateur, à une époque où dans la capitale des Pays-Bas autrichiens, contrairement à d’autres villes européennes, la modernisation de la police n’est pas encore très avancée [49]. Il s’agit d’éviter que les voitures ne se croisent ou qu’elles retardent la sortie du spectacle en restant trop longtemps à l’arrêt. Le règlement, uniquement d’application durant la tenue du spectacle, instaure un sens unique de circulation, organise le stationnement des fiacres en file, suspend la circulation devant l’édifice et impose une reprise rapide des spectateurs à la sortie par les cochers. Les documents préparatoires font état de plusieurs autres propositions : la limitation de la circulation locale dans les artères environnantes, la réglementation des livraisons, l’interdiction de l’accès de certaines personnes (en particulier les éclaireurs), et la présence de militaires pour l’application [50]. Cette réglementation n’empêche toutefois pas les accidents [51] . De tels règlements ne portent véritablement leurs fruits que lorsqu’ils s’appliquent à un théâtre et à un réseau viaire modernisés. Police et embellissements se combinent alors pour offrir des espaces efficients. Les règlements de circulation pour les abords des théâtres, tel celui de Bruxelles de 1769, semblent se répandre, dans le contexte de la circulation des savoirs policiers, durant le dernier tiers du XVIIIe siècle ; on en retrouve notamment à Gand (1775), à Metz (1776) et à Lille (1787) [52].
Figure 2
Figure 2
Observations sur la forme la plus avantageuse à donner aux salles de spectacle et sur leur situation, [c.1788] par Charles De Wailly (AGR, SEG, 2133). Deux cercles sont tracés sur ce plan. Le premier, plus réduit, prend comme centre le théâtre existant ; il vise à montrer le caractère relativement périphérique de celui-ci. Le second plus étendu prend comme centre le théâtre projeté par De Wailly ; englobant la quasi-totalité de l’espace, il démontre la centralité, à l’échelle de l’entièreté de la ville, de la localisation choisie pour son projet.Une localisation savamment étudiée : le théâtre à l’échelle de la ville
16La localisation du théâtre est parfois déterminée par des logiques spatiales à l’échelle de la ville. Dans ses Observations accompagnant ses projets bruxellois, Charles De Wailly note que « Le principal objet de l’établissement d’un théâtre est sa situation. » [53]. Il insère un plan de l’entièreté de la ville sur lequel, au moyen d’un compas, il trace un cercle pour en définir le centre (Figure 2). L’objectif est de montrer la position centrale, et donc la pertinence, de l’emplacement situé près de la Cour où il propose d’établir le nouveau théâtre. La démarche de De Wailly rejoint celle des autorités et des architectes qui se lancent, au XVIIIe siècle, dans de vastes politiques d’embellissement se caractérisant par une nouvelle échelle spatiale. De Wailly lui-même dresse, en 1785, un plan d’embellissement pour Paris [54]. Dans ce contexte se développe une réflexion générale sur la localisation des équipements urbains, certains devant être rejetés vers l’extérieur à cause des nuisances qu’ils provoquent (cimetières, hôpitaux) ; d’autres, plus attractifs comme les théâtres, pouvant être placés au centre pour en faciliter l’accès. L’établissement d’une salle de spectacles en périphérie permettrait pourtant de préserver le centre-ville des embarras de circulation causés par l’afflux des spectateurs, mais les considérations liées à l’accès de ceux qui s’y rendent à pied amènent généralement les concepteurs de projet à privilégier la position centrale. Bonnet de Boisguillaume, à propos de la Comédie-Italienne pour Paris, explique cette option :
« Pourquoi, dira-t-on, fixer dans le centre de la Ville, un Spectacle qui doit nécessairement, en attirant la foule, intercepter les passages, & arrêter la circulation du Public ? Ne vaudroit-il pas mieux le porter au loin, même au-delà des boulevards ? Cette réflexion seroit très-utile, sans doute, si tous ceux qui se rendent à la Comédie, avoient des voitures. » [55]
18Outre les intérêts financiers et les opportunités foncières, la question de l’accès et des inégalités en matière de mobilité est au cœur du débat. Les choix de localisation témoignent souvent des types de public auxquels les initiateurs du projet donnent la priorité. En recherchant le centre de la ville, De Wailly se dit motivé par le désir de placer les spectacles à la portée de tous les citoyens. Il opte donc pour le centre géométrique, en englobant toutefois une partie de la campagne environnante, ce qui est critiqué dans un des rapports du gouvernement [56]. La zone prise en compte devrait en effet uniquement correspondre à celle de la ville dans les limites de ses remparts ; les faubourgs ne sont encore que très peu bâtis et, au XVIIIe siècle, les spectateurs sont obligés de résider en ville puisque les portes de celle-ci sont fermées chaque soir. L’on pourrait aussi définir le centre, non pas simplement sur des critères géométriques, mais en tenant compte de la densité de population et de la concentration des activités commerciales ; c’est l’option de Bultos qui souhaite plutôt favoriser la bourgeoisie. Il estime que l’emplacement historique du théâtre bruxellois, dans le quartier de la Monnaie « sans être précisément au centre de la ville, est cependant à portée de toute la partie de la Bourgeoisie à qui le goût du spectacle est permis, et dont l’affluence le vivifie, tandis qu’il n’est éloigné d’aucun des endroits qui sont spécialement affectés au séjour de l’opulence » [57].
19D’autres proposent le « centre » d’un quartier plus périphérique, c’est le cas des auteurs d’un projet de théâtre pour le parc, au cœur du nouveau et très aristocratique quartier royal.
20Il est bien sûr nécessaire de tenir compte des distances que les spectateurs devront parcourir. Pour ceux qui viennent en voiture, la distance ne semble pas compter ; Brion note à ce propos que « les riches ne sont guère arrêtés par l’éloignement lorsqu’il est question de satisfaire leurs plaisirs » [58]. À priori, Bruxelles est une ville « marchable », la Grand-Place se situant à moins de 2 kilomètres de l’endroit le plus éloigné des remparts. C’est sans compter les conditions météorologiques et le fait que la plus grande partie de la saison théâtrale se déroule en hiver, « c’est-à-dire, dans la saison où il est le plus difficile de se passer de carrosse » [59]. Brion estime qu’en hiver, une mère avec enfant ne peut se rendre du bas de la ville au quartier royal autrement qu’en voiture [60].
21Il faut également tenir compte du relief. Dans le cas bruxellois, où la ville se caractérise par un relief assez marqué, la réflexion se pose en termes de haut (quartiers de la Cour et de l’aristocratie) et de bas de la ville (quartiers bourgeois situés autour de la Grand-Place). Les architectes tiennent compte de ces contraintes topographiques. Dans un de ses projets situé à mi-côte, De Wailly envisage deux entrées au théâtre, l’une orientée vers le haut de la ville, aménagée prioritairement pour des spectateurs venant en voitures ; l’autre placée vers le bas de la ville avec une place entourée de portiques « pour donner au bas quartier de la ville la facilité d’arriver à couvert » [61]. La localisation à mi-côte, comme le note le gouvernement, apparaît comme un bon compromis : « l’inconvénient de la montée pour les habitans du bas quartier et celui de la descente pour ceux du haut quartier se trouve exactement partagé » [62]. C’est en s’appuyant notamment sur les caractéristiques topographiques que les auteurs du projet de théâtre au parc, c’est-à-dire dans le haut de la ville, justifient leur choix [63]. Sans se baser sur une analyse précisément chiffrée, ils fournissent le nom des principales rues où résident, selon eux, les spectateurs (bas de la ville, mi-côte, haut de la ville). Ils estiment que plus de la moitié d’entre eux – dont trois quarts des spectateurs privilégiés – habitent dans le haut de la ville ou à mi-côte. L’argument est réfuté par Bultos pour qui, en situant le théâtre au parc, on exclurait plutôt « les trois quarts de la ville » [64]. Aux lieux de résidence des spectateurs, les auteurs du projet pour le parc ajoutent les arguments de la présence dans le haut de la ville, de la cour, d’hôtels particuliers, des administrations centrales et de l’usage répandu de la langue française. Appuyant ce projet et le développant, Brion conclut à la nécessité de doter Bruxelles de deux grands théâtres : l’un pour la bourgeoisie dans le bas de la ville ; l’autre pour l’aristocratie dans le haut de la ville, ce dernier échappant dès lors à « la populace qui salit et gâte tout » [65]. L’option de Brion est celle de l’entre-soi pour l’élite, au moment où l’aménagement du quartier royal inaugure la ségrégation socio-spatiale à l’échelle d’un quartier. Même dans les projets pour le couvent des Jésuites, à mi-côte, on voit apparaître, dans le dispositif de double entrée motivé par le relief, la tentation d’une ségrégation : « la double entrée de sa salle permettrait aux habitans du haut et du bas quartier d’arriver et de sortir chacun de son côté » [66].
22La réflexion ne se fait pas uniquement en prenant en compte les distances centre/périphérie ou les caractéristiques du relief. Le voisinage d’autres équipements entre aussi en ligne de compte. Dans les débats bruxellois, les questions de proximité se posent avec le palais, le marché et la promenade. Si la présence d’un théâtre pour la Cour au sein d’un palais est fréquente à partir du XVIIe siècle, la proximité d’un théâtre public avec le lieu de résidence du souverain ou de son représentant peut, elle, poser problème. Lorsque De Wailly propose un tel projet, le gouvernement le rejette, estimant que cela poserait des problèmes de sécurité (risque d’incendie), des nuisances sonores (« bruit continuel », « roulement » des voitures), et que la transformation de la place devant le palais en « dépôt » de carrosses serait inconvenante [67].
23Quant à la présence d’un marché sur la place située devant un théâtre, elle semble à priori peu appropriée, tant pour des questions pratiques (intensification des problèmes de circulation) et que de décorum (mise en scène de l’entrée et de la sortie du spectacle). C’est ce qui semble justifier le déplacement progressif des marchés de la place de la Monnaie, devant le théâtre, vers d’autres lieux [68]. Le projet présenté par le conseiller de Limpens témoigne pourtant de la complémentarité de ces deux fonctions dans un même espace, à condition que les activités ne soient pas organisées simultanément. Sans doute par souci d’économie, il propose l’aménagement d’une place qui pourrait servir, selon des horaires différenciés, à la fois de place de marché et de place de théâtre, cumulant ainsi les fonctions d’approvisionnement et de divertissement [69]. Enfin, en ce qui concerne la promenade, elle est, avec le théâtre, le loisir le plus répandu au XVIIIe siècle. Encore très élitaire, la promenade se pratique volontiers avant ou après le spectacle [70]. Comme l’écrit un Luxembourgeois de passage à Bruxelles, les soirs de spectacle, il est courant de se rendre à l’Allée Verte, c’est-à-dire le cours de la ville :
« C’est une promenade qu’on fait en carrosse hors de la ville, du côté du canal vers les cinq heures et demie du soir en été, surtout les soirs de la commédie. » [71]
25La plupart des théâtres français bénéficient ainsi de la proximité d’une promenade, que ce soit celui de Bordeaux (Allées de Tourny, cours du Chapeau Rouge), ou à Paris ceux de la Comédie-Française (Jardin du Luxembourg) et de la Comédie Italienne (Grands Boulevards). Dans ses projets bruxellois pour le haut de la ville, près du Parc, De Wailly souligne l’avantage d’une telle proximité : « Il se trouve près d’une superbe promenade public (sic), avantage bien précieux et presque indispensable aux environs d’un grand théâtre » [72]. Dans un de ses projets à l’emplacement du couvent des Jésuites, il propose d’ailleurs d’aménager un nouveau jardin public. Bien sûr, la présence de nombreux promeneurs aux abords d’une salle de spectacle présente l’opportunité d’attirer plus de spectateurs, mais le partage d’un même espace pour ces deux loisirs peut être sujet à controverses. En témoigne le projet de théâtre au parc de Bruxelles, contemporain de la fin de l’aménagement du parc où se trouve déjà un vauxhall. Dans les débats sur l’opportunité d’y transférer le Grand Théâtre se posent des questions d’impact visuel et d’emprise foncière. Les auteurs proposent que des plantations cachent la vue du théâtre à construire. Au cas où les voitures iraient jusqu’au portique du théâtre, placé dans le parc, celles-ci devront traverser la contre-allée de la promenade au risque de l’obstruer, voire de l’endommager. Ils envisagent donc d’en limiter l’accès aux seules heures de spectacle et d’en réglementer strictement le stationnement [73]. Les désagréments pour les promeneurs seraient compensés, selon ces auteurs, par la construction d’un péristyle autour du théâtre, lequel pourrait les abriter, et par l’offre d’un nouveau loisir ; d’un autre côté la présence des promeneurs représenterait une opportunité pour les investisseurs : « la promenade rassemblera beaucoup de monde & leur procurera par conséquent plus de spectateurs » [74] ; les promeneurs pourront assister à un spectacle « au déclin du jour, après la promenade du parc » [75].
26Entre 1785 et 1792, les débats sur la reconstruction de la salle de spectacle bruxelloise entraînent architectes et fonctionnaires à envisager l’introduction de nouveaux dispositifs architecturaux, urbanistiques et réglementaires inspirés surtout des récentes réalisations en France : portiques (carrossables ou piétonniers), vestibules d’attente, escaliers extérieurs, galeries marchandes, bornes, trottoirs, débouchés commodes, aires de stationnement, localisation adéquate et réglementation de la circulation. Dans ces débats, les questions de l’accès et de la circulation occupent une place importante. À une époque où seule l’élite circule en voiture, les choix en matière d’aménagement et de localisation témoignent de la priorité accordée au peuple et à la noblesse.
27Les contraintes budgétaires, l’instabilité politique, les options divergentes et les rivalités individuelles, empêchent l’exécution de ces projets. Comme dans d’autres cas – Strasbourg (terminé en 1821), Nîmes (terminé en 1827) ou Dijon (terminé en 1828) –, les projets de théâtres-temples de la fin du XVIIIe siècle ne seront réalisés, ou achevés, qu’une génération plus tard. Le nouveau théâtre de Bruxelles sera finalement édifié entre 1817 et 1819, par un autre architecte français, Louis Emmanuel Aimé Damesme [76] (Figure 3).
28On y retrouve de nombreux éléments proposés dans le cadre des projets des années 1785-1792. À l’emplacement de l’ancien théâtre de la Monnaie (bas de la ville) s’élève un édifice isolé, précédé d’un avant-corps à portique carrossable et d’escaliers, entouré d’une galerie piétonne. L’ensemble du quartier est réaménagé, offrant une vaste place pouvant servir d’aire de stationnement, et trois nouvelles artères entourant l’édifice, bordées de trottoirs délimités par des bornes. Un passage couvert – le premier à Bruxelles – permet aux piétons de se rendre en toute sécurité vers le centre. L’éclairage au gaz est introduit à cette occasion en Belgique, ce qui facilite la circulation nocturne. En 1839, un règlement de circulation très détaillé est édicté pour rendre cet espace encore plus efficient [77]. Le quartier se trouve en effet sur le parcours qui va relier les deux gares terminus. L’arrivée du chemin de fer bouleverse une nouvelle fois les pratiques de circulation en intensifiant le trafic urbain et en imposant de nouvelles exigences de vitesse, de ponctualité et d’efficacité, tant dans ce quartier que dans l’ensemble de l’espace urbain [78].
Figure 3
Figure 3
Le Théâtre royal de la Monnaie, lithographie de Gibèle d’après Jean-Baptiste de Noter et Jean-Baptiste Madou (Archives de la Ville de Bruxelles).Notes
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[*]
Université libre de Bruxelles, sociAMM.
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[1]
Je remercie chaleureusement Michèle Galand avec qui nous avons conjointement organisé un séminaire à l’Université libre de Bruxelles sur les loisirs au XVIIIe siècle ; séminaire qui a nourri une grande partie de la présente contribution.
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[2]
Daniel Rabreau, Apollon dans la ville. Le théâtre et l’urbanisme en France au XVIIIe siècle, Paris, Editions du patrimoine, Centre des monuments nationaux, 2008 ; Giuseppe Radicchio et Michèle Sajous D’Oria, Les théâtres de Paris pendant la Révolution, Sasano, Elemond Periodici, 1990 (catalogue de l’exposition présentée à Vicence, puis à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris en 1989-1990).
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[3]
Sur la notion d’embellissement, voir Jean-Louis Harouel, L’embellissement des villes : l’urbanisme français au XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1993 ; Paul Claval, Ennoblir et embellir. De l’architecture à l’urbanisme, Paris, Carnets de l’Info, 2011 ; Nicolas Lemas, « De la porte d’honneur à la pyramide de neige. Variations sur la notion d’embellissement au XVIIIe siècle », dans Jérôme Boissonade, Solenn Guével et France Poulain (sous la direction de), Ville visible, ville invisible : la jeune recherche urbaine en Europe, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 79-90 et Philippe Genestier, « Embellissement », dans Pierre Merlin et Françoise Choay (sous la direction de), Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, 2e édition, Paris, Quadrige, 2005, p. 324-325.
-
[4]
Sur les projets de De Wailly pour Bruxelles, voir l’excellente étude de Xavier Duquenne, « L’architecte De Wailly en Belgique, 1779-1795 », dans Joke Buijs and Anna Bergmans (édité par), Een belvedère aan de Schelde : paviljoen De Notelaer in Hingene (1792-1797), Bruxelles, Vlaams Instituut voor het Onroerend Erfgoed, Bruxelles, 2010, p. 153-216 ; Victor Gaston Martiny, « Charles De Wailly, architecte du roi de France et les premiers projets de construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles », Études sur le XVIIIe siècle, IV, 1977, p. 87-99 ; Manuel Couvreur (édité par), Le théâtre de la Monnaie au XVIIIe siècle, Bruxelles, GRAM-ULB, 1996.
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[5]
Les archives sont nombreuses et éparses, pour la plupart conservées aux Archives générales du Royaume (désormais AGR), dans les fonds de la Secrétairerie d’État et de Guerre (désormais SEG), du Conseil du Gouvernement Général (désormais CGG) et du Conseil privé autrichien (désormais CPA). Pour les projets parisiens, notamment Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours sur le projet d’une nouvelle salle de spectacle pour les Comédiens italiens, [s.l.], 1777 ; Jean Georges Noverre, Observations sur la construction d’une nouvelle salle de l’Opéra, Amsterdam, Changuion, 1781 ; l’ouvrage théorique de Pierre Patte, Essai sur l’architecture théâtrale, Paris, Moutard, 1782.
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[6]
Je n’analyserai pas les questions de distribution intérieure des théâtres qui mériteraient une étude spécifique.
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[7]
AGR, CGG, 88, mémoire de [Herman Bultos], après le 20 septembre 1787.
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[8]
La durée nécessaire à l’évacuation de la salle est d’ailleurs mentionnée par certains architectes pour mettre en avant la qualité de leur projet : Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours sur le projet d’une nouvelle salle de spectacle pour les Comédiens italiens, [s.l.], 1777, p. 8 et Charles De Wailly pour la Comédie-Française (cf. Daniel Rabreau, Apollon... op. cit., p. 139).
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[9]
AGR, SEG, 2133, Observations sur la forme la plus avantageuse à donner aux salles de spectacle et sur leur situation, [c.1788] par Charles De Wailly.
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[10]
Daniel Rabreau, Apollon... op. cit., p. 138-139.
-
[11]
[Ferdinand Rapedius de Berg], Projet de construction d’une salle de spectacle pour Bruxelles, Liège-Bruxelles, Dujardin, 1785, p. 5-7.
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[12]
Daniel Rabreau, Apollon... op. cit., p. 109.
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[13]
Pierre Patte, Essai sur l’architecture théâtrale, Paris, Moutard, 1782, p. 198.
-
[14]
AGR, SEG, mémoire sur la construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles, par Brion [1785].
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[15]
Xavier Duquenne, « L’architecte... », p. 195.
-
[16]
AGR, SEG, 2133, Plan général du nouveau théâtre projetté sur les terreins réunis des Jésuites & du couvent des Lorraines par De Wailly. Il proposera le même dispositif en 1798 pour son projet d’Opéra aux Capucines à Paris, cf. Daniel Rabreau, Apollon... op. cit., p. 164.
-
[17]
Daniel Rabreau, Le théâtre de l’Odéon : du monument de la nation au théâtre de l’Europe. Naissance du monument de loisir urbain au XVIIIe siècle, Paris, Belin, 2007, p. 62-63 ; Alain Delaval, Le Théâtre Graslin à Nantes, Nantes, Editions Joca Seria, 2004, p. 51-52.
-
[18]
AGR, CGG, 88, mémoire de [Herman Bultos] pour un projet de théâtre à Bruxelles, après le 20 septembre 1787. Pour la Comédie-Française, voir Alexandre-Jacques du Coudray, Nouveaux essais historiques sur Paris, t. 4, Paris, Belin, 1783, p. 259-260. Je remercie Clarisse Coulomb de m’avoir renseigné ce passage.
-
[19]
Pierre Patte, Mémoires sur les objets les plus importans de l’architecture, Paris, Rozet, 1769, p. 19-20.
-
[20]
Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours... op. cit., p. 6.
-
[21]
Jean-Baptiste Claude Izouard, dit Delisle de Sales, Lettre de Brutus sur les chars anciens et modernes, Londres, sans éditeur, 1771 , p. 152.
-
[22]
Voir Laurent Turcot, Le promeneur à Paris au XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 2007.
-
[23]
Jean-Baptiste Claude Izouard, dit Delisle de Sales, Lettre... op. cit., p. 118.
-
[24]
Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours... op. cit., p. 7. L’usage d’une voiture de louage reste encore limité, le nombre de fiacres bruxellois ne s’élevant qu’à 80 en 1786, dont 20 stationnent devant le théâtre de la Monnaie. La question du prix des fiacres fait, à l’époque, l’objet d’âpres discussions entre le gouvernement et la Ville (Archives de la Ville de Bruxelles, Archives historiques, minute du rapport du Magistrat aux gouverneurs généraux, entre le 6 novembre et le 28 novembre 1786).
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[25]
Voir par exemple Jean-Baptiste Claude Izouard, dit Delisle de Sales, Lettre... op. cit. Sur le rôle novateur de cet ouvrage, voir Pierre Malandain, Delisle de Sales, philosophe de la nature (1741-1816), Oxford, The Voltaire Foundation, 1982, p. 119-150.
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[26]
On peut estimer à une centaine ce nombre à l’Opéra de Paris et jusqu’à 300 à la Comédie-Française ; cf. Annik Pardailhé-Galabrun, « Les déplacements des Parisiens dans la ville aux XVIIe et XVIIIe siècles. Un essai de problématique », Histoire, économie et société, 1983, 2e année, no 2, p. 248 ; Journal de Paris du 7 avril 1782, p. 387-388.
-
[27]
Sur la dénonciation des dangers pour les piétons aux abords des théâtres, voir Thomas Blaikie, Diary of a Scotch Gardener at the French Court at the End of the XVIIIe Century, Londres, 1931 , p. 24 cité par Annik Pardailhé-Galabrun, « Les déplacements... », op. cit., p. 206 ; Anonyme, « Lettre à l’Auteur de ce Journal », Journal politique et de littérature, no 17, 15 juin 1776, p. 230-235, ici p. 230.
-
[28]
Il faut distinguer le trottoir de rue, aménagement réalisé le long des façades d’une artère, du trottoir aménagé antérieurement le long de certains ponts et quais afin d’offrir un espace piétonnier protégé des voitures et ce, afin d’éviter que les piétons ne tombent dans l’eau. L’un des exemples les plus célèbres est le Pont-Neuf à Paris ; voir Daniel Vaillancourt, Les urbanités parisiennes au XVIIe siècle. Le livre du trottoir, Québec, Presses de l’Université Laval, 2010.
-
[29]
Il le propose déjà dans son ouvrage Mémoires sur les objets les plus importans de l’architecture, Paris, Rozet, 1769 ; voir Nicolas Lemas, « Embellir la ville pour le piéton : la prise en compte esthétique et fonctionnelle du piéton dans la littérature sur les embellissements de Paris de Pierre Patte à Eugène Hénard », dans Judith le Maire et Christophe Loir (édité par), Marche et espace urbain de l’Antiquité à nos jours, dossier spécial de la revue Clara, no 1 , 2013, pp. 103-121 .
-
[30]
Pierre Patte, Essai sur l’architecture théâtrale, Paris, Moutard, 1782, p. 198.
-
[31]
Jean Georges Noverre, Observations sur la construction d’une nouvelle salle de l’Opéra, Amsterdam, Changuion, 1781 , p. 8.
-
[32]
Lettre retranscrite dans Alexandre-Jacques du Coudray, Nouveaux essais... op. cit., p. 256-257.
-
[33]
Voir aussi l’avis du comte d’Angiviller en 1781 sur les avantages des trottoirs et désavantages des simples bornes ; retranscrit par Alice Thomine, « La place de l’Odéon », dans Michel Le Moël et Sophie Descat (édité par), L’urbanisme parisien au siècle des Lumières, Paris, Action artistique de la Ville de Paris, 1997, p. 168-177.
-
[34]
Ordonnance du Bureau des Finances de la Généralité de Paris concernant le placement des Bornes dans les rues de la nouvelle Salle du Théâtre Italien, 21 mars 1783. Notons que le déplacement systématique des bornes pour tous les édifices parisiens est déjà proposé par un particulier dans le Journal politique et de littérature, no 17, 15 juin 1776, p. 230-236.
-
[35]
AGR, SEG, 2133, brouillon du Projet pour la formation d’une nouvelle place publique tenant au Grand Théâtre et pour la restauration des deux théâtres de Bruxelles, 8 octobre 1785 [par Ange Charles de Limpens].
-
[36]
AGR, SEG, 2133, Plan général du nouveau théâtre projetté sur les terreins réunis des Jésuites & du couvent des Lorraines.
-
[37]
Christophe Loir, Bruxelles néoclassique : mutation d’un espace urbain (1775-1840), Bruxelles, CFC-Éditions, 2009, 2009, p. 281-286. Le trottoir du théâtre est postérieur à 1781 puisqu’il n’en est fait aucune mention dans le règlement pris cette année-là (voir plus loin).
-
[38]
Louis-Sébastien Mercier consacre un chapitre aux « falots » dans son célèbre Tableau de Paris (nouvelle édition, Amsterdam, 1783, p. 336-339, chapitre DXVI). S’il reconnait que ces porteurs de lanternes sont utiles pour circuler plus sûrement dans la ville après le coucher du soleil lorsqu’on ne possède pas de domestique, il pointe toutefois leur grossièreté et leur vénalité notamment quand ils servent d’intermédiaire pour aller chercher un fiacre à la sortie d’un spectacle.
-
[39]
AGR, CPA, 1053A, requête de Herman Bultos au ministre plénipotentiaire, [janvier 1786].
-
[40]
AGR, CPA, 1053A, extrait du protocole du Conseil privé du 15 février 1786 et état estimatif et nota de Claude Fisco, 10 février 1786.
-
[41]
Ordonnance du Magistrat de Bruxelles publiée chez Pauwels le 23 février 1786. Notons qu’en 1781 les autorités avaient déjà envisagé de limiter la circulation autour des théâtres : AGR, CPA, 1053A, projet d’ordonnance impériale transmise par les gouverneurs généraux, le 13 septembre 1781.
-
[42]
Laurent Turcot, « Policer la promenade : les Champs-Élysées au XVIIIe siècle », dans Claire Dolan (sous la direction de), Entre justice et justiciables : les auxiliaires de la justice du Moyen Âge au XXe siècle, Laval, Les Presses de l’Université de la Laval, 2005, p. 137-156 et Laurent Turcot, « Policer les divertissements à Paris au 18e siècle », dans Justice et espaces publics en Occident de l’Antiquité à nos jours. Actes du colloque de Montréal 2009, à paraître. Je remercie vivement l’auteur de m’avoir transmis copie de son article. Notons qu’à la même époque, le premier règlement du parc de Bruxelles exclut les mendiants, les vagabonds et les portefaix (Archives de la Ville de Bruxelles, Archives Historiques, 509, règlement pour le parc de Bruxelles, 12 mai 1780).
-
[43]
Anonyme, « Lettre », op. cit., p. 233-234.
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[44]
Voir la figure 1.3.
-
[45]
AGR, SEG, 2133, rapport du 1er juin 1791.
-
[46]
Jean-Baptiste Claude Izouard, dit Delisle de Sales, Lettre... op. cit., p. 170.
-
[47]
Voir note 32.
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[48]
AGR, CPA, 1052A, Règlement touchant les voitures venant & allant au Grand Théâtre en cette Ville de Bruxelles, 13 février 1769.
-
[49]
Catherine Denys, La police de Bruxelles entre réformes et révolutions (1748-1814). Police urbaine et modernité, Turnhout, Brepols, 2013. Notons qu’en matière de circulation, la police des marchés, un des soucis majeurs des autorités urbaines, précède celle des théâtres. Dix ans avant le règlement pour le Théâtre de la Monnaie, le Marché aux Grains de Bruxelles est soumis à une police spécifique qui, durant la tenue du marché, instaure un sens unique de circulation, une limitation de vitesse et des emplacements spécifiques de stationnement selon le type de véhicule, voir Anne Lannoye, Marchés et circulations à Bruxelles au XVIIIe siècle. Nouvelles conceptions et pratiques de la ville, mémoire de Master, Université libre de Bruxelles, 2012, p. 73-74.
-
[50]
AGR, CPA, 1052A.
-
[51]
AGR, CPA, 1053B, ordonnance impériale du 2 janvier 1792 et extrait du protocole du Conseil privé du 22 décembre 1791 .
-
[52]
Cf. communication de Catherine Denys au présent colloque Aller au théâtre.
-
[53]
AGR, SEG, 2133, Observations sur la forme la plus avantageuse à donner aux salles de spectacle et sur leur situation, [c.1788] par Charles De Wailly.
-
[54]
Plan général du projet des embellissements de Paris. Projet d’utilité et d’embellissement pour la ville de Paris qui s’accorde avec les projets déjà arrêtés par le gouvernement, dans lequel on a rassemblé de nouveaux monuments des places publiques, des percés nécessaires pour donner des communications, augmenter les courants d’air et où l’on propose la réunion des trois isles en une seule, les moyens de diriger le courant du bras septentrional de la rivière de manière à le rendre plus navigable et de l’autre à en former un port... au centre de la capitale, 1785 (BNF, Cartes et Plans, Rés Ge C 4384).
-
[55]
Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours... op. cit., p. 10.
-
[56]
AGR, SEG, 2133, rapport du 1er juin 1791.
-
[57]
AGR, Conseil général du Gouvernement, 88, mémoire de [Herman Bultos], après le 20 septembre 1787.
-
[58]
AGR, SEG, mémoire sur la construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles, par Brion [1785].
-
[59]
Pierre-Alexis-François Bonnet de Boisguillaume, Discours... op. cit., p. 10.
-
[60]
AGR, SEG, mémoire sur la construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles, par Brion [1785].
-
[61]
Loc. cit.
-
[62]
AGR, CGG, 88, brouillon du rapport sur le projet de De Wailly, 2 mars 1788.
-
[63]
[Ferdinand Rapedius de Berg], Projet... op. cit., p. 7, 9-11 .
-
[64]
AGR, CGG, 88, mémoire de [Herman Bultos], après le 20 septembre 1787.
-
[65]
AGR, SEG, mémoire sur la construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles, par Brion [1785].
-
[66]
AGR, SEG, 2133, mémoire pour la construction d’un théâtre sur les terrains du couvent des Jésuites et celui des Lorraines [1788].
-
[67]
AGR, CGG, 88, brouillon du rapport du 2 mars 1788.
-
[68]
Éric Hennaut et Monica Campioli, « La construction du premier théâtre de la Monnaie par les Bezzi et ses transformations jusqu’à la fin du régime autrichien », dans Manuel Couvreur (édité par), Le théâtre... op. cit., p. 33-109, ici p. 72.
-
[69]
AGR, SEG, 2133, brouillon du Projet pour la formation d’une nouvelle place publique tenant au Grand Théâtre et pour la restauration des deux théâtres de Bruxelles, 8 octobre 1785 [par Ange Charles de Limpens]. Notons que de Limpens envisagea également le placement du théâtre sur la place du Nouveau Marché aux Grains, cf. AGR, SEG, 2133, Prospectus pour un nouveau théâtre à construire sur la nouvelle place de Jéricho destiné à un agrandissement de nouveau marché aux grains, [février 1786].
-
[70]
Sur l’histoire de la promenade, voir notamment Christophe Loir et Laurent Turcot (édité par), La promenade au tournant des XVIIIe et XIXe siècles (Belgique – France – Angleterre), Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2011 (Études sur le 18e siècle, 39) ; Laurent Turcot, Le promeneur à Paris au XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 2007. Voir dans le même numéro, Peter Borsay, « Transport et divertissement dans les villes anglaises à travers le long dix-huitième siècle » ainsi que les contributions du dossier spécial, « Les Loisirs dans la ville », Histoire Urbaine, no 1 , 2000.
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[71]
Rijksarchief in Gelderland, Familie-Archief van Spaen, 118, Journal du voyage fait par J.F.G. de Spaen en Italie et par une partie de la France et de l’Allemagne pendant les années 1769 et 1770, 1769-1770. Je remercie Xavier Duquenne de m’avoir renseigné ce document.
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[72]
AGR, CPA, 1052/A, Développement des avantages résultant de la situation du nouveau théâtre projetté à Bruxelles par le Sieur De Wailly [1788].
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[73]
[Ferdinand Rapedius de Berg], Projet... op. cit., p. 11 .
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[74]
Ibidem, p. 7.
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[75]
AGR, SEG, mémoire sur la construction d’un nouveau théâtre à Bruxelles, par Brion [1785].
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[76]
Éric Cabris, La Monnaie : chronique architecturale de 1696 à nos jours, Bruxelles, Éditions Racine, 1996, p. 34-57.
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[77]
Règlement communal du 28 décembre 1839, publié dans Recueil des ordonnances, règlements, arrêtés, avis, etc. émanés de l’administration communale de la Ville de Bruxelles, pendant l’année 1839, [Bruxelles], [1839], p. 214-219.
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[78]
Sur le théâtre de la Monnaie au XIXe siècle, voir la contribution de Cécile Vanderpelen-Diagre dans le présent numéro.