Notes
-
[*]
Augustin Jomier est doctorant au CERHIO-Le Mans et prépare sous la direction de Dominique Avon et Sabrina Mervin une thèse, « Intégration nationale et réforme religieuse en Algérie : le réformisme ibadite au Mzab (1920-1967) ».
-
[1]
François Daumas, « Introduction », Annales Islamologiques, 8, 1969, p. V-VI.
-
[2]
Sur l’histoire de l’IDEO et de ses origines, se référer à Dominique Avon, Les Frères prêcheurs en Orient. Les dominicains du Caire (années 1910-années 1960), Paris, Le Cerf, 2005.
-
[3]
Voir notamment Jacques Jomier, Le Commentaire coranique du Manâr : tendances modernes de l’exégèse coranique en Egypte, Paris, Maisonneuve, 1954.
-
[4]
Iman Farag, « Médiateurs du religieux, métaphore du profane (et l’inverse) : le prédicateur et le prône », Egypte/Monde arabe, 2, 1990, p.11-26.
-
[5]
À noter, deux exceptions notables : Patrick Gaffney, The Prophet’s pulpit : Islamic preaching in contemporary Egypt, Berkeley, University of California Press, 1994 ; Richard Antoun, Muslim reacher in the Modern World, a Jordanian Case Sudty in Comparative Perspective, Princeton, Princeton University Press, 1989.
-
[6]
Jacques Jomier, « Kahira », Encyclopédie de l’Islam, t. IV, 2e édition, Leiden-Paris, Brill-Maisonneuve, 1978, p. 442-464.
-
[7]
Pierre Marthelot, « Le Caire, nouvelle métropole », Annales d’islamologie, op. cit., p. 208.
-
[8]
Malika Zeghal, Gardiens de l’Islam : les oulémas d’Al Azhar dans l’Égypte contemporaine, Paris, Presses de Sciences-po, 1996, p.107-111 .
-
[9]
Ibidem, p. 96-97.
-
[10]
Norbert Tapiéro, Les idées réformistes d’al-Kawâkibî, contribution à l’étude de l’islam moderne, Paris, Les Éditions arabes, 1956, p. 76.
-
[11]
Ahmad Rif‘at Sayyid, Thawrat al jinirâl, Le Caire, Dâr al hudâ, 1993, p. 677, cité par Malika Zeghal, op. cit., p.105.
-
[12]
Jacques Jomier, L’Islam vécu en Egypte, coll. Études musulmanes, Paris, Vrin, 1994, 267 p. ; ce volume regroupe quelques articles sur la vie quotidienne et les pratiques religieuses musulmanes en Égypte.
-
[13]
Jacques Jomier, L’Egypte d’aujourd’hui. Permanence et changements, 1805-1976, Paris, CNRS, 1978, p. 44-65.
-
[14]
Jacques Jomier, Mélanges de l’Institut Dominicain d’Études Orientales (MIDEO), tome 9, 1967, p. 1-72.
-
[15]
Jacques Jomier, Revue de l’Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA), tome XV, 1952, p. 131- 165.
-
[1]
Cet article est extrait des Annales islamologiques parues en 1969. Nous remercions l’IFAO d’avoir autorisé sa nouvelle publication.
-
[2]
Ces écrits sont en train de sortir des milieux cultivés où ils virent le jour et d’être vulgarisés dans le grand public. En décembre 1967 (rama??n 1387), le quotidien al-Ahr?m du Caire a consacré chaque jour une page entière au jeune public et à la civilisation musulmane. Chaque jour, Il y eut un article sur une mosquée du Caire au point de vue histoire et archéologie : l’auteur était Madame So‘?d M?her, spécialiste de la question, professeur à l’Université.
-
[3]
Par exemple comme les souvenirs, sur le Coran de l’Aube à la mosquée, de Mu??af? ??diq al-R?fi‘? (1882-1937) publiées dans la revue al-Ris?la, tome5, no187, Le Caire, 1er février 1937, p. 161- 163. Traduction française sous le titre le Coran de l’Aube à la Mosquée, dans Nova et Vetera (Fribourg, Suisse) 1949, p. 281-286. Ou des souvenirs d’enfance du Dr Ghall?b (Le Caire) frappé par l’égalité dans la prière du maître et de ses serviteurs, dans un village de la campagne égyptienne (souvenirs communiqués oralement au Caire, 1967).
-
[4]
La grande concordance du ?adi? de Wensinck orientera les recherches dans les grands manuels classiques de traditions. Dans les nombreuses brochures de vulgarisations vendues actuellement à des prix forts réduits, l’on rencontre aussi ici ou là des passages sur les mosquées (à propos de la prière notamment).
-
[5]
Fah?r al-D?n al-R?z?, al-Tafs?r al-Kab?r, éd. Caire 1938, tome 4, p.13-18. Il s’agit vraiment d’un petit traité, subdivisé en sections :
1. – Mérite des mosquées.
a. Citations de passages du Coran où il est question du masjid, mas?jid et buyut Ull?h.
b. ?ad?? sur la récompense de celui qui bâtit une mosquée ; ?ad?? sur la noblesse des mosquées au regard de Dieu.
2. – Mérite d’aller à la mosquée.
Tradition sur ceux qui ont un long parcours à faire pour se rendre à la mosquée, sur les Banou Salma qui voulaient s’installer non loin de la mosquée, sur ceux qui se purifient chez eux avant de partir pour la mosquée, etc... Fréquenter la mosquée est une œuvre méritoire, récompense de ceux qui bâtissent des mosquées. De quels types d’hommes la mosquée est-elle la maison ? la présence des anges. Crainte de Dieu et fréquentation des mosquées (les hypocrites, les gens pieux) ; les pas pour aller à la mosquée ; enterrements et mosquées.
3. – L’ornementation de la mosquée.
L’auteur y est nettement opposé. Tradition de Ab? al-Dard?’ ; autre tradition attribuée au Prophète sur les temps ou les mosquées serviront plus à s’enorgueillir qu’à prier.
4. – Le salut à la mosquée.
Ceux qui entrent dans une mosquée ont coutume de faire, à cette occasion, une prière de deux rak‘as (dans certaines conditions).
5. – Formules d’invocations à dire en entrant à la mosquée.
L’Envoyé de Dieu disait : « Mon Seigneur, pardonne-moi mes péchés et ouvre pour moi les portes de la miséricorde », lorsqu’il entrait. Lorsqu’il sortait il disait : « Mon Seigneur, pardonne-moi mes péchés et ouvre pour moi les Portes de tes faveurs » (fa?l pour faveurs, comprenant les profits matériels).
6. – Mérite de s’asseoir dans la mosquée en attendant la prière.
7. – Sur le caractère blâmable du commerce à la mosquée.
Raisonne a fortiori à partir d’une tradition demandant de ne pas repasser ses leçons à la mosquée le Vendredi avant la prière, ni d’y donner des cours. Mais qu’alors on s’y occupe de ?ikr, de prière et d’écouter le sermon. Mais il n’y pas de mal à ce que l’on se réunisse en « cercles » après la prière... Question du silence, des mendiants. Interdiction d’appliquer a la mosquée les châtiments juridiques (?ud?d). Dires du calife ‘Umar sur les cinq choses dont la mosquée est pure.
8. – Se coucher (et dormir) à la mosquée.
On a vu le Prophète étendu dans la mosquée ; donc c’est permis...
9. – Que faire si quelqu’un crache à la mosquée ?
C’est une faute que l’on efface en enfouissant le crachat. Considérations sur la présence des Anges, et le fait que celui qui accomplit la prière parle à Dieu...
10. – L’ail et les oignons... Odeurs blâmées car elles incommodent les autres. Que faire ?
11 . – Rappelle que la mosquée est faite pour réciter le Coran, penser à Dieu (?ikr) et prier les prières rituelles.
Ce traité est suivi d’un autre (p. 18-20) sur les opinions variées des juristes touchant l’entrée des non-croyants dans les mosquées.
N.B.A propos du paragraphe 4 précédent, prière de salut à la mosquée, au Caire le 1er janvier 1968, lors de la retransmission de la prière de la fête (‘Id al-fi?r) à partir de la mosquée de l’imam ?usayn, le speaker, commentant l’arrivée du Président de la République, signala que celui-ci, aussitôt après avoir rejoint sa place, avait prié les deux rak‘as de salut à la mosquée. -
[6]
Il s’agit de Mu?ammad ‘Abdall?h al-Zarkash? (745-794 H.) et de son I‘l?m al-s?jid bi a?k?m al -mas?jid (CF. Brockelman, G.A. L. II, éd. 1949, p. 112, auteur no18, œuvre no7 ; Suppl. II, éd. 1938, p. 109, 19a, no1). Le texte a été établi depuis un manuscrit conservé à la bibliothèque d’al-Azhar, et comparé à trois autres exemplaires conservés, l’un à Dâr al-Kutub (Le Caire) daté de 861 H., un autre de la bibliothèque A?mad H?ayr? (daté de 867 H.) et le dernier du riw?q des Syriens à al-Azhar (incomplet et sans date). L’édition, réalisée sous les auspices du Conseil des Affaires Islamiques et publiée au Caire en 1385/1965-6, avait été confiée à l’actuel directeur de la bibliothèque de l’Azhar, F. Sh. Ab? l-Waf? Mu??afa al-Mar???. Celui-ci est né en 1905 à Mar??? (province de Sohag, en Haute-Egypte). Azharite par tradition de famille, puisque son frère, aujourd’hui décédé, fut, il y a trente ans, Recteur d’al-Azhar, il a obtenu son diplôme de ‘Âlimiyya en 1930 et celui de spécialisation (ta?a??u?) en éloquence et lettres en 1933. Professeur à l’Azhar, d’abord dans un institut secondaire, il entra vite dans le corps professoral de la Faculté de langue Arabe. Il continua cet enseignement tout en s’occupant de la bibliothèque comme Amîn (1942-1946) puis comme directeur (mudîr) de 1946 à maintenant.
Outre l’Édition du présent texte, il a composé plusieurs ouvrages :
1 . – Lub?b al-ba?? : shar? kit?b al ba‘? l-ibn Abi D?w?d al-Sijist?ni (imprimé). – 2. al-lub?b f? shar? al-shih?b lil-Qu??‘i (sous presse). – 3. Nash’at ‘ul?m al-bal?ga (manuscrit). – 4. Mab?di’ al-Isl?m f? tan??m al-usra (imprimé). – 5. al-Sul?k al-ijtim?‘i al-?uluq? f? l-Isl?m (imprimé). – 6. ‘Abdall?h b. al-Mub?rak (imprimé).
Il a écrit sur des sujets religieux de nombreux articles dans la Majallat al-Azhar, dans al-Wa‘y al-Islâmî de Kowait, dans al-H?di al-Isl?m? de Libye. Il a participé également à la production de l’ouvrage al-Azhar f? alf ‘?m. Il a rendu un inappréciable service au monde des études arabes en publiant pour la première fois le catalogue des manuscrits et imprimés de la bibliothèque d’al-Azhar (sept volumes parus ; le huitième est à l’impression). Enfin, il a une responsabilité importante comme muqarrir à la commission d’édition dite lajnat al-tur?? al-isl?m? qui dépend du Conseil suprême des Affaires Islamiques.
Quant au texte lui-même de l’ouvrage sur les mosquées (I‘l?m al-s?jid...) Il contient quelques élaborations de l’auteur al-Zarkash?, mais surtout une masse imposante de traditions que des index détaillés permettent de retrouver. Sur les 448 pages de format in-4o (27,5 x 20cm), les premières abordent le sujet d’une façon générale. Ensuite, les pages 43-225 sont consacrées à la Mosquée de la Mekke (al-Masjid al-?ar?m). On y trouve notamment l’attitude à avoir devant la Kaaba, la circumambulation, la façon d’entrer dans la Kaaba elle-même, d’y prier, la valeur des prières dans ces lieux saints, l’entrée dans le territoire sacré de la Mekke, la permission de passer devant quelqu’un qui prie à la Mekke, etc... y compris de très nombreux détails sur le pèlerinage, la ‘umra, les interdits de l’état de I?r?m...
L’ouvrage examine ensuite les traditions concernant la Mosquée à Médine (p. 226-273), puis la mosquée al-Aq?a à Jérusalem (p. 275-298) avec les traditions sur le voyage nocturne et la prière du Prophète dans cette mosquée. Enfin les pages 301-408 sont consacrées au commun des mosquées et donnent, avec infiniment plus de détails, le Statut des Mosquées dont nous avons relevé l’essentiel dans Fa?r al-D?n al-R?z?. Sur la valeur respective des prières dans telle ou telle mosquée, voir l’Index de ce livre (section concernant les ?ad?? sous le nom ?al?, p. 423-424).
Tout cet ensemble de questions se retrouve évidemment dans les ouvrages de traditions. Par exemple dans le ?a??? de Bo??r?, livre VIII, ch. 48-55, question des sanctuaires bâtis sur les tombes des saints, des images qu’on y trouve chez les chrétiens d’Abyssinie, etc. ou dans le Mowa??a de l’Imam M?lik, textes sur la retraite à la mosquée. -
[7]
Le quotidien al-Ahr?m du 1 /08/1964 signale brièvement cette inauguration à la page 6. Le journal signale que l’Ingénieur A?mad al-Sharab???, ministre des waqf, a été délégué pour représenter le Président de la République. Un grand nombre de personnalités ont assisté à cette cérémonie.
-
[8]
Les histoires de la littérature arabe qui s’étendent jusqu’à l’époque moderne ont toutes une notice sur al-Kaw?kib?. On trouvera davantage de renseignements dans : Norbert Tapiero, Les idées réformistes d’al- Kaw?kib? 1265-1320 = 1849-1902, Paris, les Editions Arabes 1956. Originaire d’Alep où il naquit, al-Kaw?kib? passa la majeure partie de sa vie dans sa ville natale, en Syrie. Lorsqu’il dut la quitter devant l’opposition que ses idées rencontraient de la part du gouvernement, il partit pour l’Egypte ou il passa peu de temps. Il visita ensuite et successivement Zanzibar, l’Ethiopie, les pays côtiers de l’Ouest asiatique. Il revint en Egypte d’où il repartit pour l’Arabie, séjourna au Yémen, alla aux Indes et en Afrique Orientale avant de rejoindre définitivement l’Egypte en 1318 = 1900. Les titres arabes de ses deux ouvrages se rendraient respectivement par « Les caractères du Despotisme » et « La Cité-mère ». Il collabora à la revue al-Man?r (au Caire).
-
[9]
Notez que le prédicateur, comme l’ensemble des musulmans modernes, ne s’arrêtent plus aux nombreux récits marginaux sur la construction de la Kaaba comme ceux que donne al-Zarkash?, op. cit., p. 30 et 45. Il s’en tient au texte du Coran.
-
[10]
L’unité de « but » (hadaf) est un thème fréquemment développé vers 1964 dans de nombreux discours politiques.
-
[11]
Littéralement : les infidèles.
-
[12]
Allusion à l’attaque de Port-Saïd (fin octobre – début novembre 1956). Sur la mosquée et spécialement le minbar comme lieu de proclamation des grandes nouvelles, voir E.I. 1ère éd., Masdjid, E § 1 , in fine.
-
[13]
Littéralement : des centres de siy?da.
-
[14]
Sur la mosquée extrêmement populaire de Sayyeda Zaynab, voir ‘Al? P?sh? Mub?rak, al-H?i?a? al- jad?da al- tawf?qiyya li-Mi?r al-q?hira, Le Caire, Boulaq, 1304 H. et suivantes. Une notice est consacrée à cette mosquée au tome 5, p. 6-10. Sayyeda Zaynab fut la fille de l’imam ‘Al?, donc la petite fille du Prophète et la sœur de l’imam ?usayn auquel est dédié une autre mosquée du Caire, également très fréquentée. Les bâtiments de la mosquée de Sayyeda Zaynab ne présentent pas d’intérêt archéologique. La notice parle des travaux de construction relativement récents effectués en 1275-1276 H. (circa 1859 A.D.), et d’autres en 1304-1305 H. (circa 1887 A.D.). Par contre, cette mosquée est un des centres de dévotion musulmane les plus importants du Caire. Les pèlerins y affluent tout au long de la journée. Un des romans les plus fins et les plus touchants de la littérature égyptienne moderne met en scène cette mosquée : cf. Ya?ya Haqqi, Qind?l Umm H?shim.
-
[15]
Cette tradition a été rapportée sous des formes légèrement différentes. Dans le recueil de Muslim, le texte rapporté d’après Ab? Horayra donne : « Les terres les plus aimées de Dieu sont ses mosquées et les terres les plus haïes de Dieu sont les marchés ». Cf. al-Jâmi‘ al-?a?î?, éd. Stamboul 1329 reproduite photomécaniquement au Caire 1383, collection Kit?b al-ta?r?r, livre II, p. 132-133. Ce ?adî? de Muslim est cité par Zarkash?, op. cit., p. 39.
-
[16]
Yarmouk, rivière de Syrie se jetant dans le Jourdain à la sortie du lac de Tibériade. Q?disiyya, lieu-dit non-loin du débouché de la piste la Mekke-Bagdad sur la vallée de l’Euphrate. Ces deux noms restent attachés aux victoires qui ouvraient définitivement et respectivement quatre et cinq ans après la mort de Mo?ammed, la Syrie et la Perse aux armées musulmanes.
-
[17]
Cette tradition est rapportée de divers côtés. Bu??r? (Livre 8, de la prière rituelle, ch. 65) et Muslim ont le texte : « Celui qui bâtit une mosquée pour Dieu, Dieu lui bâtit un édifice semblable au paradis ». Fah?r al-D?n al-R?zi dans son grand commentaire (op. cit., tome IV, p. 13) et Zarkash? (op. cit., p. 36-38), ont aussi : « Dieu leur bâtit au ciel une maison ».
-
[18]
Sur la place de al-Azhar dans l’ensemble de l’activité universitaire de la République Arabe Unie, voir entre autres J.J. Waardenburg, Les universités dans le monde arabe actuel, Paris – La Haye, Mouton 1966, Tome I, p. 222-266 et spécialement p. 251-256 ; tome II, p. 78-140. Cette cité universitaire a été mise en chantier vers 1954 sur un vaste emplacement dit Mid?n al-?af?r qui auparavant servait pour les fêtes annuelles du Ma?mal ou du M?lid an-Nab?.
-
[19]
Sur la personne et les œuvres de F. Sh. A?mad ?asan al-Baq?r?, voir une notice qui lui est consacrée en tant que membre de l’académie de langue arabe dans MIDEO 7, p. 353-354.
En 1967, Il était Recteur (mud?r) de l’Université d’al-Azhar. Son activité littéraire s’est surtout exercée dans le domaine de l’éloquence. Il est un des meilleurs prédicateurs à l’heure actuelle en Egypte. Mais ses sermons n’ont pas été publiés. Il a donnée comme ouvrage imprimé en 1958 ‘Ur?ba wa D?n sur les dimensions religieuses de l’arabisme. Il prépare un autre ouvrage dont le titre sera al-D?n wal-Tadayyun et dont quatre chapitres étaient déjà rédigés en avril 1968 (le troisième est sur le fanatisme des écoles contraire à l’esprit de la religion ; le quatrième sur le fanatisme religieux préparant la voie à l’irréligion). -
[20]
Allusion au verset du Coran 49, 13 « Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est celui qui craint Dieu davantage ». Une tradition enseigne également que la race n’est pas une cause de supériorité entre les hommes ; la crainte de Dieu seule l’est.
-
[21]
Le caractère vivant de cette tradition apparaît dans le fait qu’elle est citée dans une brochure de grande vulgarisation : ‘Abd al-?al?m Ma?m?d, Asr?r al-‘ib?dat f? l-Isl?m, collection al-Maktaba l-?ak?fiyya no 148 (15/1 /1966), Le Caire, p.47. Cette tradition elle-même se retrouve dans plusieurs recueils ; par exemple dans le ?a??? d’al-Tirmi??, éd. Caire, al-Ma?ba‘a al-mi?riyya, t. 2, 1931 , p. 205-206 (dans le gros livre de la prière rituelle).
-
[22]
Ce thème de l’égalité de tous les musulmans devant Dieu (et dans le culte) est à leur actuelle fréquemment développé en vue de souligner le caractère socialiste de l’Islam.
-
[23]
Le ministère des waqf a donné, ces années-ci, des directives pour qu’il y ait dans les mosquées des instructions fréquentes.
-
[24]
Outre les mosquées ordinaires, on rencontre le Vendredi dans le Caire des haut-parleurs installés dans les impasses ou des rues peu fréquentées. Un prédicateur dont la voix est amplifiée par ce haut-parleur réunit autour de lui bon nombre de fidèles qui accomplissent ainsi leur prière de midi. Ce sont autant de lieux de culte auxiliaires. Il en existait un vers 1965, par exemple, en pleine ville, rue Mo?ammad Far?d contre le magasin Gattegno
1 L’article présenté ici est paru pour la première fois en 1969, dans le volume consacré par les Annales islamologiques au millénaire de la fondation du Caire. Dirigé par André Raymond, ce numéro ambitionne de rendre compte de « la connaissance scientifique du Caire à travers sa longue histoire » dans un contenu « aussi varié que possible » [1] . En fin de volume, trois articles sont consacrés au Caire contemporain, celui de Jacques Jomier (1914-2009) figurant entre « Le Caire des romanciers égyptiens » et une géographie du Caire, « nouvelle métropole ».
2 Religieux dominicain depuis 1932, formé aux études arabes à l’École des Langues Orientales et à la Sorbonne par d’illustres maîtres tels que Régis Blachère, Louis Massignon ou encore Jean Sauvaget, l’auteur s’est installé en 1945 au Caire où il reste jusqu’en 1985. Il participe à la fondation de l’Institut Dominicain d’Études Orientales (IDEO) et s’attache à « l’étude approfondie de l’Islam, de sa doctrine, de sa civilisation », selon les termes employés par le père Chenu et le cardinal Tisserant dans un texte qui tient lieu d’acte de fondation de l’institut [2].
3 À côté de ses travaux d’islamologie, notamment sur l’exégèse contemporaine du Coran [3], Jacques Jomier entreprend de connaître et d’observer, de diverses manières, les expressions quotidiennes et ordinaires de la foi musulmane au Caire. Cet article appartient à ce volet très novateur de son œuvre consacré à la vie religieuse de ses contemporains musulmans. Pour s’en imprégner, il écoute et étudie des années durant les khutba radiodiffusées. Traduite dans l’article par « sermon », la khutba est le prêche rituel prononcé à la mosquée par un khatîb, prêcheur, juste avant la prière collective du vendredi et après les prières lors des deux grandes fêtes (‘Id al-fitr et ‘Id al-kabîr). La khutba est construite en deux parties et ponctuée de paroles liturgiques. Elle-même érigée en rituel, elle tient la place de deux des quatre séquences (raka‘t) de la prière du milieu du jour et constitue un élément essentiel de la liturgie sunnite.
4 C’est à partir de ce matériau qu’il « souligne les principales idées mises en avant par des prédicateurs musulmans pour expliquer le rôle religieux et social des mosquées ». Il présente ce travail comme modeste et laisse une très grande place à ses sources, quatre prêches qu’il avait enregistrés et traduits. Les trois principaux ont été prononcés au Caire, le dernier, très brièvement évoqué ici, à Alexandrie. Il les résume ou les cite très largement, ce qui accroît l’intérêt de ce document : hormis la littérature de prédication, composée essentiellement de manuels compilant des propos édifiants ou des modèles de prêches, il ne reste quasiment pas de traces des khutba prononcées à l’époque [4], à part celles qui ont servi de support à des études politiques. En effet, en Egypte, avant comme après 1952, le prêche est contrôlé par l’administration et doit être fidèle à l’ordre établi. Les prêcheurs, notamment ceux des mosquées principales, reçoivent du ministère des affaires religieuses, le sujet du prêche du vendredi. Aussi les khutba ont-elles le plus souvent été étudiées dans une perspective politique, et très rarement pour elles-mêmes [5].
5 Par delà l’analyse faite par l’auteur de ces sources, plusieurs niveaux de lecture peuvent être déployés. La mise en contexte montre que Jacques Jomier s’est intéressé à ces prêches cairotes dans un moment de croissance et de bouleversement rapide de la ville. Ces paroles religieuses sont également inscrites dans un contexte d’instrumentalisation et d’exploitation du discours religieux, spécialement celui des oulémas d’Al Azhar, par l’État nassérien. Ce texte propose enfin des « témoignages vivants sur [...] la vie religieuse du Caire » dans les années 1960.
« Le Caire, nouvelle métropole »
6 Jacques Jomier remarque à la fin de l’article qu’il rédige sur la capitale égyptienne dans l’Encyclopédie de l’Islam qu’« au Caire, même, et spécialement depuis 1952, de nouvelles mosquées sont bâties » [6]. Ici, l’observation est faite, avec la même discrétion, par l’évocation d’« une politique générale de construction » de mosquées, liée en partie selon l’auteur à « l’accroissement de la population et sa concentration dans les villes ». L’article consacré au Caire contemporain dans le même numéro des Annales d’islamologie permet de prendre la mesure du « changement de format de la ville [...] nouvelle métropole qui vient de se développer en un quart de siècle » [7], en soulignant une croissance tout à fait spectaculaire. Celle-ci a débuté après la Première Guerre mondiale : à partir de 1919, le taux annuel d’accroissement de la population du Caire est devenu bien plus fort que celui de l’ensemble de l’Egypte. De 1927 à 1960, la population du Caire a augmenté de 213 % alors que le pays connaissait une croissance démographique de 83,2%. La population de la ville a dépassé le million d’habitants vers 1925 pour avoisiner les 4 millions en 1960, l’agglomération étant dans ces années prête à atteindre les 5 millions d’habitants et concentrant environ 15 % de la population du pays.
7 L’article de Pierre Marthelot, dans le même volume, éclaire aussi l’expression, employée par Jacques Jomier, de « politique générale de construction ». À partir de 1961 et de l’orientation socialiste prise par le régime c’est l’État qui « assure [...] pour l’essentiel et directement l’effort de construction », et de planification du développement de la capitale. Il fixe les prix du terrain et encadre les transactions immobilières. Une administration est constituée pour diriger ce développement immobilier et urbain, avec notamment la création en 1965 d’un « Ministry of Housing and Utilities ». Elle développe son action grâce aux terrains issus des nationalisations et planifie de nouveaux quartiers dotés de voiries adaptées à la circulation automobile en direction des espaces jusqu’alors désertiques. Le développement urbain s’accompagne de celui d’infrastructures pour le culte ; le ministère des affaires religieuses orchestre la construction de nouvelles mosquées, notamment grâce aux revenus générés par les waqf nationalisés.
« Les orientations religieuses du socialisme arabe »
8 Les inaugurations de mosquées décrites et analysées par Jacques Jomier révèlent la soumission des hommes de religion et leur instrumentalisation par l’État nassérien. À chacune des trois inaugurations au Caire, l’auteur relève la présence du ministre des affaires religieuses, le ministre des Waqf, Ahmad Al-Sharabâsî. Tout comme le choix par le gouvernement du nom de la première mosquée, cela confirme la mainmise de l’État sur le domaine religieux. « Les orientations religieuses du socialisme arabe » désignent ainsi l’encadrement de la parole religieuse et des vecteurs de sa diffusion, tout autant que leur exploitation au profit du pouvoir.
9 Célébrées en 1964, ces inaugurations se déroulent après une décennie de réformes qui avaient mis les hommes de religion musulmans sous la coupe du pouvoir. Dès 1952, au lendemain du coup d’État des officiers libres, le nouveau pouvoir avait imposé de profonds changements et fait entrer institutions et hommes de religion dans sa dépendance, notamment par la nationalisation entre 1952 et 1953 des biens des fondations familiales et pieuses, les waqf, désormais administrés par un ministère. En 1955, les oulémas virent se tarir une autre source importante de revenus avec l’abolition des cours de justice religieuse qui leur fit perdre leur pouvoir judiciaire et les emplois administratifs correspondants. Ils furent, de la sorte, de plus en plus dépendants du gouvernement, tout en étant cantonnés à la sphère religieuse proprement dite et à l’enseignement.
10 L’auteur mentionne les personnalités présentes à chacune des célébrations cairotes. Celles-ci, comme la cérémonie d’inauguration de la mosquée de la cité universitaire, permettent de mesurer le ralliement des oulémas d’Al Azhar, université tout juste passée sous le contrôle de l’État par la grande réforme en 1961 . Est esquissée ainsi une galerie de ceux que Malika Zeghal appelle la « génération azharie nassérienne » [8]. Aux côtés du ministre des Waqfs sont présents tour-à-tour le cheikh responsable des mosquées au ministère, le cheikh Ahmad Hasan Al-Baqûtî, le Grand Imam Hassan Ma’mûn, Cheikh d’Al Azhar. Ce dernier, recteur de 1964 à 1969, fut comme son prédécesseur le cheikh Mahmûd Chaltût (Grand Imam entre 1958 et 1963), un appui pour le régime et un élément-clé de la réforme d’Al Azhar. Ayant rang de ministre depuis 1961 , le recteur d’Al Azhar représente dans ses tournées nationales et internationales, l’Egypte et sa nouvelle révolution, se faisant le propagateur de la thawra et de l’esprit de Bandoung. Au XIXe siècle, la monarchie jouait déjà un rôle considérable dans les réformes de l’Université. C’est cependant à partir des années 1920 qu’Al Azhar devint progressivement dépendante du pouvoir, lorsque ce dernier prit le contrôle du budget ainsi que de certaines nominations. Dans les années 1950, Al Azhar se rallie rapidement à la république – son discours nationaliste séduit les oulémas –, et est d’abord indirectement touchée par les réformes de l’administration religieuse. Une fois les oulémas dépendant du pouvoir et les possibilités de contestation verrouillées, la réforme de 1961 transforme directement l’université et l’administration azharie : l’institution est nationalisée et placée sous le contrôle de l’État. L’article souligne que les mosquées, où l’on prie pour le président, sont une tribune du régime.
11 Le pouvoir nassérien s’est ainsi progressivement assuré le soutien d’une partie des oulémas, qui fournissent une légitimation islamique à ses choix politiques. Jacques Jomier note dans le premier prêche une allusion à la nationalisation du Canal de Suez et à la « triple et lâche agression » de 1956 : Al Azhar se fait l’écho et appuie la plupart des grandes options du régime, devenant « progressivement un lieu de propagande du socialisme, et les oulémas, un canal de transmission idéologique pour le régime » [9].
12 Plus globalement, le thème abordé dans le premier sermon illustre bien cette participation des prêcheurs à la légitimation de la révolution socialiste nassérienne. Cela passe dans cette khutba par l’utilisation d’une figure emblématique de la mouvance réformiste. Abderrahmân Al-Kawâkibî (1849-1902), intellectuel réformiste syrien exilé en Egypte, opposant au sultan Abdul Hamid II, est le sujet du prêche et son œuvre, importante dans le développement du nationalisme arabe, y est présentée comme ayant concilié socialisme et islam : le khatîb déclare qu’Al-Kawâkibî « appelait au socialisme et à la justice », là où ce dernier ne se préoccupait pas tant du socialisme que d’affirmer que « les théories modernes d’égalité sociale et économique sont contenues en réalité dans la religion musulmane » [10]. Le corpus réformiste, associé à l’idée d’une « renaissance de la communauté musulmane » est ainsi interprété dans un sens favorable aux idées de Nasser qui avait, en 1961, fait de l’islam « la première religion socialiste » et de l’État « construit par l’islam et par le prophète Muhammad le premier État socialiste » [11] .
13 En échange de leur soutien au régime, les oulémas d’Al-Azhar reçoivent son appui pour diffuser et mettre en application leurs visions en matière d’orthodoxie et d’orthopraxie. Peut-être est-ce là le sens de « l’estime du gouvernement pour la réforme » mentionnée par le prêcheur et concrétisée par la valorisation de la figure d’Al Kawâkibî. Le réformisme musulman semble ainsi faire partie des valeurs que le pouvoir en place souhaite voir diffusées par les prêches. Les oulémas bénéficient de l’accroissement, encouragé par le pouvoir, du rayonnement de leur université dans le monde musulman. La valorisation internationale d’Al-Azhar se lit dans le deuxième prêche par le « rassemblement de délégués venus de tous les côtés du monde musulman ». Elle est aussi apparente dans la troisième inauguration, celle d’une « cité universitaire pour les Azharistes étrangers ». Le pouvoir insiste, comme le prêcheur, sur le rôle international de l’université, « cœur du monde musulman ». Le contrôle de la plus haute autorité de l’islam égyptien, souvent considérée comme la plus haute autorité de l’islam sunnite, assure au régime nassérien un grand rayonnement dans le monde majoritairement musulman, permettant la diffusion, comme dans ce prêche, des idéaux anticolonialistes et non-alignés.
« Donner quelques témoignages vivants sur [...] la vie religieuse du Caire »
14 Par delà la lecture politique que l’on peut en faire, ces khutba constituent une source précieuse sur la vie religieuse au Caire dans les années 1960 et le rôle joué dans celles-ci par les mosquées. Jacques Jomier inscrit cet article dans le « large effort que voyageurs, sociologues, spécialistes de l’histoire des religions déploient depuis un siècle ou deux ». À ses yeux, « mieux se connaître pour se comprendre semble en effet indispensable pour l’équilibre de la société future » [12]. Aussi cherche-t-il d’article en article, à donner, par petites touches, un tableau de la vie quotidienne de la société musulmane du Caire. Ses recherches sont plus particulièrement centrées sur les expressions de la foi et de la vie religieuse, ce qui l’amène à être attentif à tous les efforts déployés pour instruire les croyants : les prêches prononcés dans les mosquées de façon hebdomadaire ainsi que les cycles plus spécifiques d’instruction propres au temps du ramadan et de l’‘Id al-fitr ou celui du hajj (le pèlerinage à La Mecque, exécuté dans les jours précédents l’‘Id al-kab?r). Cette attention aux prêches permet aussi à Jacques Jomier d’observer les évolutions de leur style qui a rompu, dit-il, « avec le genre de prise rimée qui fleurissait jadis », texte oral stéréotypé et difficile d’accès pour l’auditoire. Comme il le note, cette évolution est l’aboutissement des efforts des réformistes égyptiens qui ont pris en charge au cours des décennies précédentes, la question du prêche, œuvrant à la fois à professionnaliser le corps des prêcheurs et à donner aux khutba davantage de prise sur l’auditoire par la langue utilisée et les thématiques abordées.
15 Outil d’observation important aux yeux de Jacques Jomier, la radio est souvent évoquée dans ses études, par exemple dans « La culture musulmane en Egypte aujourd’hui » [13] ou dans « Le pèlerinage musulman vu du Caire vers 1960 », qui contient la transcription de nombre de conférences religieuses radiodiffusées [14]. Dans « la place du Coran dans la vie quotidienne en Egypte vers 1950 » [15], l’auteur raconte avoir pris l’habitude, dès 1945, d’écouter les programmes religieux à la radio. C’est, selon lui, « un signe des temps modernes [...] que cet emploi intensif de la Radio pour répandre dans le public la prédication religieuse et faire profiter les fidèles demeurés chez eux, des cérémonies des mosquées ou des programmes spéciaux élaborés en studio ». « Pour les arabisants, il y a là une occasion unique de pénétrer un peu dans ce monde de la prière commune islamique, fermé aux non-musulmans », ce dont Jacques Jomier profite pleinement. Apparue en Egypte en 1934, la radio était dans les années 1960 un vecteur essentiel de la reproduction et de la diffusion des prêches. Tout comme les « hauts parleurs installés dans des impasses ou des rues peu fréquentées », elle constitue un relai essentiel dans le renouveau de la prédication musulmane en lui permettant de sortir des limites des mosquées pour toucher un auditoire plus vaste, notamment féminin et cantonné à l’espace domestique, et investir davantage l’espace public urbain. Par la suite, les moyens audiovisuels développèrent ce mouvement de sortie de la mosquée. Il est intéressant de noter que ce renouvellement se produit ici à partir de centres religieux traditionnellement importants au Caire, les mosquées Al Azhar et Sayyeda Zayneb, qui surent s’adapter aux innovations et tirèrent profit des changements.
« SERMONS PRONONCÉS À L’OCCASION D’INAUGURATIONS DE MOSQUÉES AU CAIRE EN 1964 » PAR JACQUES JOMIER [1]
16 Les mosquées du Caire ont déjà été étudiées à de nombreux points de vue. Monuments dont l’histoire évoque les sultans et les princes des siècles passés, témoins de l’évolution de l’art musulman, centres d’enseignements de la vie sociale, elles méritent bien l’intérêt qui leur fut porté. Il ne s’agira pas de revenir sur cet aspect des choses. La présente note poursuit un but plus modeste : à l’aide de quelques sermons qui furent prononcés et radiodiffusés au Caire en 1964, nous voudrions souligner les principales idées mises en avant par les prédicateurs musulmans pour expliquer le rôle religieux et social des mosquées. Au-delà de l’histoire et des pierres, nous voudrions donner ici quelques témoignages vivants sur la place que ces lieux de culte tiennent dans la vie religieuse du Caire. Il se trouve d’ailleurs que deux des sanctuaires choisis par la radiodiffusion, Sayyeda Zaynab et une dépendance d’al-Azhar, évoquent des noms célèbres dans l’histoire du sentiment religieux en Égypte. En outre, l’inauguration d’un nombre important de mosquées, ces dernières années, n’est pas le fruit du hasard. Ces cérémonies sont l’aboutissement d’une politique générale de construction, en partie exigée par l’accroissement de la population et sa concentration dans les villes, mais en partie aussi provoquée par les orientations religieuses du socialisme arabe.
17 À vrai dire, et en dehors des ouvrages d’art et d’archéologie [2], il existe déjà toute une littérature consacrée aux mosquées. Certaines autobiographies modernes contiennent parfois des souvenirs rattachés à telle ou telle mosquée [3]. Mais la grande masse des textes aborde surtout les problèmes juridiques que posent leur érection et leur utilisation. On trouvera dans l’Encyclopédie de l’Islam à l’article Masjid de nombreuses références. Les documents les plus anciens sont des ?ad?? conservés dans les recueils classiques. Le ?a??? de Muslim a un livre spécial sur les mosquées, inséré dans la section sur la prière [4]. Par ailleurs des traités particuliers ont été consacrés aux mosquées : ainsi dans le grand commentaire du Coran (al-Tafs?r al-Kab?r) de Fahr al-D?n al-R?z?, à propos du texte :
« Qui donc est plus injuste que celui qui s’oppose à l’invocation du nom de Dieu, dans les mosquées de Dieu, et que ceux qui s’acharnent à détruire celles-ci alors qu’ils ne devraient y pénétrer qu’en tremblant » (Coran 2, 114).
19 En cet endroit du commentaire, Fahr al-D?n al-R?z? insère plusieurs pages sur ce qu’il appelle a?k?m al-mas?ji?d, le statut juridique des mosquées [5].
20 Parmi les textes anciens récemment édités en République Arabe Unie, figure également un long traité sur les mosquées. L’auteur, de rite chafé‘ite, vivait en Egypte au VIIIe siècle de l’Hégire (XIVe de l’ère chrétienne). L’ouvrage, comme le souligne l’éditeur, est le premier de son espèce [6].
21 Les sermons dont nous présenterons ici le résumé ont été prononcés à la prière de midi du Vendredi et radiodiffusés. Les versets des textes coraniques cités le seront d’après la numérotation des éditions officielles modernes du Caire.
LA MOSQUÉE DE ‘ABDERRA?MÂN AL-KAWÂKIBÎ À LA CITÉ DES WAQF À DOKKI (LE CAIRE)
22 Le Vendredi 31 juillet 1964, la prière du Vendredi fut retransmise par Radio-Caire à partir d’une nouvelle mosquée que l’on inaugurait ce jour-là [7]. Comme toujours le speaker de la radio mit les auditeurs dans l’ambiance voulue. Il décrivit les bâtiments prévus pour une assistance de mille cinq cents personnes. Un lieu spécial de prière pour les dames et jeunes filles y est aménagé et une bibliothèque s’y trouve adjointe. Pendant qu’en sourdine l’on entendait encore le premier appel à la prière qui suit le chant du Coran, le speaker se mit à parler de ‘Abderra?m?n al-Kaw?kib?, né en Syrie et ayant vécu en Égypte. Considéré comme un précurseur du socialisme, Kaw?kib?, dit-il entre autres choses, prôna la justice et l’égalité entre tous les musulmans : il écrivit Umm al-Qur? et ?ab?’i‘ al-Istibd?d [8]. Puis le speaker annonça que le sermon serait donné par F. Sh. ‘Abderra?m?n al-Najj?r, responsable du département des mosquées (wak?l al-mas?jid) au Ministère des Waqf. Le sujet serait : « Notre révolution et les maisons de Dieu ». Il se tut alors pendant que résonnait le second appel à la prière.
23 Tout sermon commence par la louange de Dieu (la ?amdala) suivi par la profession de foi (la shah?da) et les bénédictions sur le Prophète et ses compagnons. Le prédicateur en général amplifie ces formules, ajoutant quelques détails, insérant au besoin une ou deux citations coraniques dans son discours et anticipant ainsi sur le sujet du sermon proprement dit. Ce jour-là, après avoir loué Dieu, le prédicateur glissa après le mot de « Dieu » l’incise : « qui aide ceux qui agissent et qui aident les réformateurs ». A la mention de Mu?ammad dans la profession de foi, il ajoute : « qui transmis le message révélé et lutta jusqu’à ce que vint la certitude ». Après l’exorde, ce fut le corpus du sermon proprement dit, introduit par les mots classiques : amma ba‘d c’est-à-dire et ensuite. Le sujet de la première partie du sermon peut se résumer ainsi : il s’agit du rôle des mosquées dans la renaissance de la communauté musulmane (al-umma).
24 Toute communauté qui veut réaliser une renaissance a besoin de principes et de vertus qui éclairent sa route. Notre communauté musulmane, dit le prédicateur, a besoin de quatre choses pour que se réalise l’affirmation du Coran : « Vous êtes la meilleure communauté qui ait été suscitée pour les hommes » (Coran 3, 110).
25 Il lui faut en effet :
1 . Être continuellement en rapport (itti??l) avec Dieu, jour et nuit, pour se renouveler. Le premier fondement de l’Islam est l’unicité de Dieu (taw??d) et la profession de foi (shah?da). Il n’y a pas là simplement une formule récitée par les lèvres ; mais exigence d’une soumission entière au Créateur seul, à Dieu qui nous nourrit, etc. (ici le discours paraphrasait les déclarations d’Abraham dans le Coran 26, 78-81) et qui nous pardonnera au jour du jugement.
2. Le souci du savoir (‘ilm) pour cultiver, élever l’âme et la conscience en vue de la pureté et des vertus morales.
3. L’ordre (ni??m) contre l’anarchie.
4. Le sens de la collectivité (r?? al-jam?‘a) pour que chacun puisse s’appuyer sur ses frères... Celui qui vit dans l’isolement, rejette la société au milieu de laquelle se déroule son existence.
Voilà, continua en substance le prédicateur, les quatre principes que les mosquées réalisent pour le bien des musulmans sur cette terre. Dans le désert de la vie, les mosquées offrent des maisons de Dieu.
27 Ainsi le premier sanctuaire qui fut construit fut la Kaaba. Ici le prédicateur cita le verset du Coran [9] :
29 Ce texte en appelait un autre sur la construction de la Kaaba par Abraham que le prédicateur cita aussitôt après :
« Abraham et Ismaël élevaient les assises de la Maison :
Notre Seigneur ! Accepte cela de notre part !
Tu es celui qui entend et sait tout.
Notre Seigneur ! Fais de nous deux des croyants qui te seront soumis [litt. musulmans]
Fais de notre descendance une communauté qui te sera soumise [litt. musulmane] »
(Coran 2, 127-128).
31 Le prédicateur évoque ensuite rapidement ce que furent les sanctuaires utilisés par les premiers musulmans. La Kaaba a été le lieu de culte du Prophète à la Mekke, après qu’il ait reçu de Dieu sa mission. Quant au sanctuaire de Médine, ce fut la mosquée même à la construction de laquelle le Prophète travailla de ses mains... Il l’a bâtie à la sueur de son front, tout en répétant des invocations à Dieu. C’était un édifice simple, le sol était en sable ; la partie couverte l’était à l’aide de feuilles de palmiers supportées par des troncs de ces mêmes arbres. Là furent élevés ceux qui donnèrent des leçons aux tyrans, ceux qui maîtrisèrent Byzance et les Perses et qui enregistrèrent des pages entières de victoires.
32 O musulmans, dit alors en substance le prédicateur, dans les mosquées, le musulman établit sur une base solide ses rapports avec Dieu, source de toute force, Dieu qui est la puissance créatrice capable de tout réaliser. Dans chaque mosquée s’élèvent les acclamations de « Dieu seul est grand » (All?hu Akbar) auxquelles l’écho répond, et que lancent unanimement les musulmans, partout où ils sont, quelles que soient leur couleur et leur race. Le prophète s’asseyait dans la mosquée ; tous autour de lui l’écoutaient... apprenant ainsi le sérieux de la voie droite. C’est là que descendait la présence divine (sak?na) ; les Anges s’y pressaient.
33 Dans la mosquée, le musulman apprend à obéir aux commandements. Il obéit à l’appel du muezzin et se met en rang pour prier avec ses frères : tous sont unis par un même but vers lequel ils tendent [10]. Cette image des rangs serrés rappelle au prédicateur un verset du Coran sur la solidarité des musulmans dans la lutte :
35 Le musulman travaille pour la société, pense à sa place dans la société, en vue de mener à bien (i?l??) les affaires de ce monde et de l’autre.
36 C’est dans une mosquée qu’ont été prononcées les paroles du Président de la République que le monde entier a entendues. C’est du haut de la chaire qu’il a dit : « Nous combattrons et nous ne nous rendrons pas ». Et Dieu a repoussé les assaillants [11] : car Dieu est fort et puissant. Le fait que le Président ait choisi la chaire d’une mosquée est un acte de foi dans la source de la force. Il montre la place qu’occupe al-Azhar dans le cœur de tous les musulmans [12].
37 Les mosquées furent des lieux de culte, des écoles de sciences, des locaux pour les séances de ?ikr, des centres où se formaient les chefs [13].
38 Le prédicateur, parvenu à ce point de son développement, fait alors la pause classique qui sépare les deux temps de tout sermon. Puis il reprit en louant Dieu comme la première fois, en prononçant la shah?da et les bénédictions sur le Prophète et ses compagnons. A propos de Dieu, il glissa que les croyants ne demandent qu’à lui de l’aide. Mais là comme d’habitude au début de cette seconde partie, les amplifications très réduites par rapport à celles du début de la première. Puis la formule amma ba‘d (et ensuite) annonça la seconde partie proprement dite du sermon.
39 Il remercia d’abord le gouvernement d’avoir donné le nom de ‘Abderra?m?n al-Kaw?kib? à la mosquée, ce lieu d’où l’on appelle au salut (alfal??). Un tel geste, continua-t-il en substance, montre l’estime du gouvernement pour la réforme. Le prédicateur donna en quelques mots les principaux traits de la vie de ce penseur. Dans un mouvement d’éloquence, il évoqua sa marche glorieuse sur la route de la réforme et l’influence qu’il eut sur l’Afrique Orientale, l’Inde et l’Asie de l’Ouest. Il mentionna les titres des deux livres : ?ab?’i‘ al-Istibd?d et Umm al-Qur?. Al-Kaw?kib?, signala-t-il, appelait au socialisme et à la justice, prônait la science, rappelait que la zak? était un impôt sur le capital ; il interdisait l’usure (al-rib?). Ainsi était-il digne de voir son nom immortalisé.
40 Cette seconde partie du sermon fut brève et très rapidement le prédicateur en vint à ces sortes de litanies, mi-traditionnelles, mi-laissées au choix du prédicateur, et qui terminent régulièrement (sauf de très rares exceptions) le sermon du vendredi. A chaque invocation succède un léger temps de pause pendant lequel l’assistance répond Am?n. Parmi les invocations, il y eut une demande à Dieu de mener à bien les affaires des musulmans, de faire l’union entre eux, de les purifier. Il y eut une demande à Dieu pour le Président de la République, une imploration du pardon de Dieu, une demande de victoire pour l’Islam contre ceux qui s’opposent à lui. Puis, après la traditionnelle récitation du verset Coran 16, 90 qui termine tout sermon, le prédicateur invita les assistants à prier rituellement.
41 Tous se préparèrent alors à dire en commun les deux rak’a de la prière de midi du Vendredi.
AGRANDISSEMENT DE LA MOSQUÉE SAYYEDA ZAYNAB
42 Le 30 octobre 1964, la prière du Vendredi fut retransmise à partir de la mosquée de Sayyeda Zaynab [14]. Des travaux d’agrandissement allaient être entrepris et l’on devait poser une pierre inaugurale. Plusieurs personnalités étaient présentes dont le Cheikh d’al-Azhar et le ministre des Waqf, l’ingénieur A?mad al-Sharab???.
43 Aussitôt après la louange initiale de Dieu, le prédicateur cita un ?ad?? quds? sur celui qui visite Dieu dans sa maison. Il prononça la shah?da. Il évoqua la mosquée bâtie sur la crainte de Dieu que mentionne le Coran et qui est soit celle de Qob?’, soit celle du Prophète à Médine (Coran 9, 109). Finalement il prononça les bénédictions sur le Prophète et sur ses compagnons. Et il en vint au sujet proprement dit qu’il introduisit par le classique amma ba’d (et ensuite).
44 La première partie du sermon fut un éloge des mosquées. Le prédicateur mentionna d’abord une tradition sur la terre « la plus aimée de Dieu » et que le Prophète déclara être celle des mosquées [15]. Le prédicateur évoqua leur bien, leur pureté ; les gens de foi solide (ahl al-im?n walyaq?n) les fréquentent. Il rappela le verset du Coran :
« Seul fréquentera les mosquées de Dieu
Celui qui croit en Dieu et au Jour dernier » (Coran 9, 18).
46 Quant au prophète lui-même, il bâtit la mosquée de Médine en arrivant dans cette ville. Cette mosquée fut le centre de l’Etat et du culte, l’école où les vainqueurs de César et Chosroès furent formés... Ils ordonnaient le bien, défendaient le mal... ne transgressaient pas les prescriptions de Dieu (al-?ud?d). Il illustra ces affirmations à l’aide de Coran 4, 13-14. Telle fut, continua le prédicateur, la mosquée du Prophète dans laquelle grandit la première génération des Musulmans dont Dieu dit :
« Vous êtes la meilleure communauté qui ait été suscitée pour les hommes » (Coran 3, 110).
48 Parmi eux se trouvaient Ab? Bakr qui triompha de la révolte de l’Arabie à la mort du Prophète (la ridda) et sous le califat duquel les nouveaux convertis embrassèrent l’Islam en masse (afw?jan). Le prédicateur en profita pour fournir un croquis des principaux compagnons du début, ‘Omar, ‘Othman qui donna abondamment de sa fortune personnelle, ‘Al?, H?lid b. al-Wal?d le vainqueur du Yarmouk qui défit l’empereur de Byzance, Sa‘d b. Ab? Waqq?s le vainqueur de Q?disiyya, Ab? Horayra le rapporteur de milliers de traditions [16].
49 Après avoir évoqué en quelques mots, la figure de chacun des premiers compagnons, le prédicateur développa le thème du culte, puis celui de l’instruction. La mosquée est une école où se forment ceux qui, ensuite, prennent dans la vie un chemin glorieux. On y appelle au bien dans l’intérêt du pays pour la gloire de ce monde ; on y apprend une manière d’agir qui assurera aussi le bonheur dans l’autre monde. Les mosquées sont des phares de la religion pour la puissance et l’honneur de l’État et de la Umma.
50 Après la pause traditionnelle, le prédicateur reprit. Il souligna que l’érection des mosquées, ces citadelles de l’Islam (?i?n al-Isl?m) était une œuvre digne d’éloges. Il cita la tradition bien connue selon laquelle Dieu récompense au ciel celui qui bâtit sur terre une mosquée [17]. Il nota que toute action en faveur d’une mosquée est considérée comme une bonne œuvre. Puis, revenant à l’actualité, il rappela que le Caire a été ces derniers temps le lieu de rassemblement de délégués venus de tous les côtés du monde musulman. Il loua le rôle du Président de la République sur le terrain de l’honneur et de la lutte (al-sharaf wal-jih?d).
51 Finalement avant de réciter les invocations habituelles, il cita Coran 22, 40-41 sur Dieu qui a empêché que synagogues, oratoires et mosquées aient été démolis.
LA MOSQUÉE DE LA CITÉ UNIVERSITAIRE D’AL-AZHAR
52 Le Vendredi 13 novembre 1964, la prière est retransmise à la Radio à partir de la cité universitaire pour les Azharistes étrangers à Abbassieh au Caire (mad?nat al-bu‘??) [18]. La mosquée de cette cité est en effet inaugurée ce jour-là, dit le speaker. Le ministre des Waqf, l’ingénieur A?mad al-Sharab??? est présent. Le Coran a été chanté par un des plus célèbres spécialistes, le Cheikh ‘Abd al-B?si? ‘Abd al-?amad. Le sermon est prononcé par F. Sh. A?mad ?asan al-Baq?r?. Après plusieurs années d’effacement, cette éminente personnalité était revenue sur la scène officielle ; et le sermon radio-diffusé (la première partie surtout) fut donné avec une profondeur et une émotion comme nous en avons rarement entendues au Caire, à la radio, ces dernières années.
53 Ce sermon, en outre, nous fera retrouver une des anciennes fonctions des mosquées, celle de centre d’enseignement. En 1964, la mosquée que l’on inaugure ne joue plus directement ce rôle ; mais elle fait partie d’un ensemble universitaire, al-Azhar, qui lui, joue toujours ce rôle et c’est à des clercs de l’Islam, futurs « hommes de religion » que s’adresse le prédicateur pour leur rappeler le sens profond des études supérieures.
54 Le prédicateur [19] commence par la louange de Dieu, la ?amdala de l’exorde traditionnelle. Il ajoute : nous croyons en Lui, nous nous appuyons sur Lui, nous demandons Son aide, nous nous réfugions en Lui... Ensuite, après avoir terminé les trois points de tout exorde, il entre dans le cœur du sujet. Il est question du sérieux de la vie et de la pensée qu’un jour, les hommes seront jugés. Tous auront à rendre compte de leurs paroles ; même les musulmans seront jugés. Tel est, dit-il, notre idéal de conduite (adab) traditionnel. Reprenant ensuite le thème d’un récit édifiant de la littérature médiévale, il évoque les conseils qu’un professeur donnait à ses étudiants. Le savoir ne sert à rien, disait-il, s’il n’est pas accompagné d’une bonne conduite (adab). Que de gens, vêtus ici-bas et bien-nourris, seront nus et auront faim au jour de la Résurrection. Le paradis est un jardin sur une colline, l’enfer est d’accès facile dans le désert. Et le prédicateur d’insister : les hommes les plus ineptes sont les croyants ineptes (a?maq). Et à l’aide d’un apologue sur l’homme qui gouverne sans penser à l’au-delà, il soulignait que le croyant qui n’agit que pour ce monde est un homme inepte. Celui qui doit être jugé doit penser au jour du jugement et s’y préparer. Et s’il pense au jugement des hommes et non pas à l’autre, il est le plus grand des imbéciles. Et comme les étudiants se demandaient où cela se trouve-t-il dans le Coran ? Cela se trouve partout, leur fut-il répondu... Le prédicateur cita alors plusieurs textes sur l’annonce du jugement (Coran 33, 45-46 ; 40, 18 ; 79, 6-14 ; 41 , 21-23). Il parla du jugement et des livres des œuvres qui seraient produits ce jour-là. Comparant le jugement dernier à ceux des tribunaux de la terre, il souligna l’immense différence qui les sépare et le côté très grave de cette comparution finale. Sur terre, l’accusé peut trouver avocat ou protecteur ; bien des juges se laissent acheter par des cadeaux. Au jugement dernier, l’homme sera seul devant Dieu.
55 Voilà notre idéal de conduite, conclut le prédicateur. Ainsi apporterons-nous le calme à la société. Pas de calme ni d’ordre dans la société s’ils ne sont d’abord dans les âmes. Voilà l’idéal de conduite qu’il faut suivre et qu’un savoir purement intellectuel ne doit pas faire oublier. Ainsi aurons-nous les biens d’ici-bas et ceux de l’au-delà.
56 La seconde partie du sermon, après la ?amdala, évoqua le rôle de cette cité universitaire des azharistes étrangers, carrefour et lieu d’espoir immense pour les pays musulmans sincères. Ceux qui ne veulent pas de bien à l’umma musulmane, note-t-il, ne veulent pas de bien à cette cité universitaire. Elle est le cœur du monde musulman et l’Azhar est le porte- parole (al- muballi?) de l’Envoyé de Dieu. C’est un espoir immense pour ceux qui sont sincèrement dévoués à la umma. Il est de notre devoir de faire tout ce que nous pouvons pour elle et pour Dieu. Les étudiants de cette cité ont à comprendre qu’ils ont le message du Prophète à faire parvenir, son drapeau à tenir bien haut. Avec un sens de la liberté vraie, pour libérer les hommes de leur propre mal avant d’être libérés de ceux qui les asservissent. Le prédicateur parle ensuite de la crainte de Dieu (altaqw?) qui seule permet à l’homme de dominer ses passions et qui est la vraie cause de supériorité parmi les hommes [20]. Il parle contre le racisme, contre la discrimination raciale en Afrique et en Asie que rejette la religion. Que les fils de cette cité universitaire soient un exemple de cette morale. A leur retour chez eux, ils délivreront leurs pays de l’emprise du colonialisme. Il refuse l’idéal du communisme et celui de l’impérialisme pour se donner seulement à l’Islam. Soyez, dit-il, en substance pour conclure, les champions (an??r) de cet idéal. Vous atteindrez bientôt votre but, si Dieu le veut ; car Dieu exauce les prières.
57 Vendredi 20 novembre 1964, nouvelle inauguration de mosquée d’où la prière est retransmise. Comme il s’agit cette fois d’Alexandrie (Smouha), nous n’insisterons pas. Signalons seulement que le speaker, dans son mot de présentation cita le ?ad?? de Ab? Horayra : « le premier point sur lequel sera examiné le croyant à la résurrection sera la prière » [21] .
58 A son tour, le prédicateur rappela le rôle que les mosquées ont joué dans l’éducation des musulmans sur la voie de la science, de l’égalité, de l’épanouissement de l’esprit collectif. L’unité, l’amour, font que dans l’Islam il n’y a pas de différence entre riche et pauvre, entre gouverneur et gouverné [22].
59 Les mosquées sont nécessaires à la société. Il y a des usines ; il faut également des mosquées pour soigner les maladies du cœur, par la foi et l’action, pour avoir l’esprit collectif. Ayez soin des mosquées ! Il faut les bâtir, pas seulement en pierres et en sable, mais aussi avec les cœurs, en observant les prières, en agissant bien.
60 La seconde partie fut assez brève, avec des images sur la mosquée, oasis verte pour le repos de l’âme, phare pour éclairer sur le chemin de la vie, afin d’obtenir que Dieu soit satisfait de nous (Ridw?n All?h). Puis, après avoir rappelé que la République Arabe Unie élève des mosquées, le prédicateur commença la série des invocations finales. Il demanda notamment à Dieu de donner des cœurs sincères aux assistants, d’unir les Arabes pour la cause de la vérité, de donner le succès à leurs chefs...
61 L’examen des thèmes développés dans les quatre sermons que nous venons de présenter ne révèle aucun point de doctrine qui ne soit parfaitement classique. Malgré tout, du point de vue de la forme, si on les compare avec les sermonnaires d’il y a cent ans, quel abîme entre les deux ! L’éloquence de la chaire a depuis lors rompu avec le genre de prose rimée qui fleurissait jadis. On le doit en grande partie aux efforts des réformistes qui voulurent mettre à la portée du public le plus vaste possible des textes en arabe littéraire authentique mais accessible.
62 Du point de vue des idées, l’on notera un certain nombre d’insistances. Tout d’abord l’on est frappé par le souci de sincérité, de loyauté, d’intériorité qui apparaît dans des mots d’ordre comme : établir sur une base solide des rapports avec Dieu, – se libérer de son propre mal avant d’être libéré se ceux qui vous asservissent. Le même souci inspire une façon de voir la réalité : la mosquée est aussi faite de pierres vivantes, de cœurs et de prière, – tous devront rendre compte de leurs actes au jour du jugement.
63 Les prédicateurs exhortent à la fidélité de l’observance et de la pratique ; les mosquées représentent le cadre de cette pratique. Enfin l’on notera l’insistance sur les valeurs communautaires, les gloires de la communauté, le passé de la communauté, tels que les mosquées ont contribué à les forger. Le prédicateur voit dans les mosquées des lieux privilégiés pour développer le sens de la collectivité afin de retrouver force et puissance, liberté et victoire sur les ennemis.
64 Tout évolue. Jadis la mosquée servait à de multiples fins. Aujourd’hui, avec la spécialisation qu’impose la vie moderne, ce rôle polyvalent est terminé. Il existe en dehors des mosquées, des bâtiments pour l’enseignement religieux. L’imprimerie, la radio, la télévision, le cinéma ont renouvelé les modes d’expressions et de communication. Malgré tout, la mosquée demeure un élément important de cet ensemble. C’est le lieu de la prière commune, des sermons [23], de la récitation du Coran, des rencontres entre les croyants. Et si les sermons ici résumés n’ont pas abordé le phénomène de transformation sociale en lui-même, la vie s’est chargée de le faire. Car au-delà des mots, il y a le langage des actes. La présence d’un abondant public, chaque vendredi, venu pour la prière de midi montre que les mosquées au Caire restent toujours des pôles d’attraction pour de larges ensembles de la population [24].
Notes
-
[*]
Augustin Jomier est doctorant au CERHIO-Le Mans et prépare sous la direction de Dominique Avon et Sabrina Mervin une thèse, « Intégration nationale et réforme religieuse en Algérie : le réformisme ibadite au Mzab (1920-1967) ».
-
[1]
François Daumas, « Introduction », Annales Islamologiques, 8, 1969, p. V-VI.
-
[2]
Sur l’histoire de l’IDEO et de ses origines, se référer à Dominique Avon, Les Frères prêcheurs en Orient. Les dominicains du Caire (années 1910-années 1960), Paris, Le Cerf, 2005.
-
[3]
Voir notamment Jacques Jomier, Le Commentaire coranique du Manâr : tendances modernes de l’exégèse coranique en Egypte, Paris, Maisonneuve, 1954.
-
[4]
Iman Farag, « Médiateurs du religieux, métaphore du profane (et l’inverse) : le prédicateur et le prône », Egypte/Monde arabe, 2, 1990, p.11-26.
-
[5]
À noter, deux exceptions notables : Patrick Gaffney, The Prophet’s pulpit : Islamic preaching in contemporary Egypt, Berkeley, University of California Press, 1994 ; Richard Antoun, Muslim reacher in the Modern World, a Jordanian Case Sudty in Comparative Perspective, Princeton, Princeton University Press, 1989.
-
[6]
Jacques Jomier, « Kahira », Encyclopédie de l’Islam, t. IV, 2e édition, Leiden-Paris, Brill-Maisonneuve, 1978, p. 442-464.
-
[7]
Pierre Marthelot, « Le Caire, nouvelle métropole », Annales d’islamologie, op. cit., p. 208.
-
[8]
Malika Zeghal, Gardiens de l’Islam : les oulémas d’Al Azhar dans l’Égypte contemporaine, Paris, Presses de Sciences-po, 1996, p.107-111 .
-
[9]
Ibidem, p. 96-97.
-
[10]
Norbert Tapiéro, Les idées réformistes d’al-Kawâkibî, contribution à l’étude de l’islam moderne, Paris, Les Éditions arabes, 1956, p. 76.
-
[11]
Ahmad Rif‘at Sayyid, Thawrat al jinirâl, Le Caire, Dâr al hudâ, 1993, p. 677, cité par Malika Zeghal, op. cit., p.105.
-
[12]
Jacques Jomier, L’Islam vécu en Egypte, coll. Études musulmanes, Paris, Vrin, 1994, 267 p. ; ce volume regroupe quelques articles sur la vie quotidienne et les pratiques religieuses musulmanes en Égypte.
-
[13]
Jacques Jomier, L’Egypte d’aujourd’hui. Permanence et changements, 1805-1976, Paris, CNRS, 1978, p. 44-65.
-
[14]
Jacques Jomier, Mélanges de l’Institut Dominicain d’Études Orientales (MIDEO), tome 9, 1967, p. 1-72.
-
[15]
Jacques Jomier, Revue de l’Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA), tome XV, 1952, p. 131- 165.
-
[1]
Cet article est extrait des Annales islamologiques parues en 1969. Nous remercions l’IFAO d’avoir autorisé sa nouvelle publication.
-
[2]
Ces écrits sont en train de sortir des milieux cultivés où ils virent le jour et d’être vulgarisés dans le grand public. En décembre 1967 (rama??n 1387), le quotidien al-Ahr?m du Caire a consacré chaque jour une page entière au jeune public et à la civilisation musulmane. Chaque jour, Il y eut un article sur une mosquée du Caire au point de vue histoire et archéologie : l’auteur était Madame So‘?d M?her, spécialiste de la question, professeur à l’Université.
-
[3]
Par exemple comme les souvenirs, sur le Coran de l’Aube à la mosquée, de Mu??af? ??diq al-R?fi‘? (1882-1937) publiées dans la revue al-Ris?la, tome5, no187, Le Caire, 1er février 1937, p. 161- 163. Traduction française sous le titre le Coran de l’Aube à la Mosquée, dans Nova et Vetera (Fribourg, Suisse) 1949, p. 281-286. Ou des souvenirs d’enfance du Dr Ghall?b (Le Caire) frappé par l’égalité dans la prière du maître et de ses serviteurs, dans un village de la campagne égyptienne (souvenirs communiqués oralement au Caire, 1967).
-
[4]
La grande concordance du ?adi? de Wensinck orientera les recherches dans les grands manuels classiques de traditions. Dans les nombreuses brochures de vulgarisations vendues actuellement à des prix forts réduits, l’on rencontre aussi ici ou là des passages sur les mosquées (à propos de la prière notamment).
-
[5]
Fah?r al-D?n al-R?z?, al-Tafs?r al-Kab?r, éd. Caire 1938, tome 4, p.13-18. Il s’agit vraiment d’un petit traité, subdivisé en sections :
1. – Mérite des mosquées.
a. Citations de passages du Coran où il est question du masjid, mas?jid et buyut Ull?h.
b. ?ad?? sur la récompense de celui qui bâtit une mosquée ; ?ad?? sur la noblesse des mosquées au regard de Dieu.
2. – Mérite d’aller à la mosquée.
Tradition sur ceux qui ont un long parcours à faire pour se rendre à la mosquée, sur les Banou Salma qui voulaient s’installer non loin de la mosquée, sur ceux qui se purifient chez eux avant de partir pour la mosquée, etc... Fréquenter la mosquée est une œuvre méritoire, récompense de ceux qui bâtissent des mosquées. De quels types d’hommes la mosquée est-elle la maison ? la présence des anges. Crainte de Dieu et fréquentation des mosquées (les hypocrites, les gens pieux) ; les pas pour aller à la mosquée ; enterrements et mosquées.
3. – L’ornementation de la mosquée.
L’auteur y est nettement opposé. Tradition de Ab? al-Dard?’ ; autre tradition attribuée au Prophète sur les temps ou les mosquées serviront plus à s’enorgueillir qu’à prier.
4. – Le salut à la mosquée.
Ceux qui entrent dans une mosquée ont coutume de faire, à cette occasion, une prière de deux rak‘as (dans certaines conditions).
5. – Formules d’invocations à dire en entrant à la mosquée.
L’Envoyé de Dieu disait : « Mon Seigneur, pardonne-moi mes péchés et ouvre pour moi les portes de la miséricorde », lorsqu’il entrait. Lorsqu’il sortait il disait : « Mon Seigneur, pardonne-moi mes péchés et ouvre pour moi les Portes de tes faveurs » (fa?l pour faveurs, comprenant les profits matériels).
6. – Mérite de s’asseoir dans la mosquée en attendant la prière.
7. – Sur le caractère blâmable du commerce à la mosquée.
Raisonne a fortiori à partir d’une tradition demandant de ne pas repasser ses leçons à la mosquée le Vendredi avant la prière, ni d’y donner des cours. Mais qu’alors on s’y occupe de ?ikr, de prière et d’écouter le sermon. Mais il n’y pas de mal à ce que l’on se réunisse en « cercles » après la prière... Question du silence, des mendiants. Interdiction d’appliquer a la mosquée les châtiments juridiques (?ud?d). Dires du calife ‘Umar sur les cinq choses dont la mosquée est pure.
8. – Se coucher (et dormir) à la mosquée.
On a vu le Prophète étendu dans la mosquée ; donc c’est permis...
9. – Que faire si quelqu’un crache à la mosquée ?
C’est une faute que l’on efface en enfouissant le crachat. Considérations sur la présence des Anges, et le fait que celui qui accomplit la prière parle à Dieu...
10. – L’ail et les oignons... Odeurs blâmées car elles incommodent les autres. Que faire ?
11 . – Rappelle que la mosquée est faite pour réciter le Coran, penser à Dieu (?ikr) et prier les prières rituelles.
Ce traité est suivi d’un autre (p. 18-20) sur les opinions variées des juristes touchant l’entrée des non-croyants dans les mosquées.
N.B.A propos du paragraphe 4 précédent, prière de salut à la mosquée, au Caire le 1er janvier 1968, lors de la retransmission de la prière de la fête (‘Id al-fi?r) à partir de la mosquée de l’imam ?usayn, le speaker, commentant l’arrivée du Président de la République, signala que celui-ci, aussitôt après avoir rejoint sa place, avait prié les deux rak‘as de salut à la mosquée. -
[6]
Il s’agit de Mu?ammad ‘Abdall?h al-Zarkash? (745-794 H.) et de son I‘l?m al-s?jid bi a?k?m al -mas?jid (CF. Brockelman, G.A. L. II, éd. 1949, p. 112, auteur no18, œuvre no7 ; Suppl. II, éd. 1938, p. 109, 19a, no1). Le texte a été établi depuis un manuscrit conservé à la bibliothèque d’al-Azhar, et comparé à trois autres exemplaires conservés, l’un à Dâr al-Kutub (Le Caire) daté de 861 H., un autre de la bibliothèque A?mad H?ayr? (daté de 867 H.) et le dernier du riw?q des Syriens à al-Azhar (incomplet et sans date). L’édition, réalisée sous les auspices du Conseil des Affaires Islamiques et publiée au Caire en 1385/1965-6, avait été confiée à l’actuel directeur de la bibliothèque de l’Azhar, F. Sh. Ab? l-Waf? Mu??afa al-Mar???. Celui-ci est né en 1905 à Mar??? (province de Sohag, en Haute-Egypte). Azharite par tradition de famille, puisque son frère, aujourd’hui décédé, fut, il y a trente ans, Recteur d’al-Azhar, il a obtenu son diplôme de ‘Âlimiyya en 1930 et celui de spécialisation (ta?a??u?) en éloquence et lettres en 1933. Professeur à l’Azhar, d’abord dans un institut secondaire, il entra vite dans le corps professoral de la Faculté de langue Arabe. Il continua cet enseignement tout en s’occupant de la bibliothèque comme Amîn (1942-1946) puis comme directeur (mudîr) de 1946 à maintenant.
Outre l’Édition du présent texte, il a composé plusieurs ouvrages :
1 . – Lub?b al-ba?? : shar? kit?b al ba‘? l-ibn Abi D?w?d al-Sijist?ni (imprimé). – 2. al-lub?b f? shar? al-shih?b lil-Qu??‘i (sous presse). – 3. Nash’at ‘ul?m al-bal?ga (manuscrit). – 4. Mab?di’ al-Isl?m f? tan??m al-usra (imprimé). – 5. al-Sul?k al-ijtim?‘i al-?uluq? f? l-Isl?m (imprimé). – 6. ‘Abdall?h b. al-Mub?rak (imprimé).
Il a écrit sur des sujets religieux de nombreux articles dans la Majallat al-Azhar, dans al-Wa‘y al-Islâmî de Kowait, dans al-H?di al-Isl?m? de Libye. Il a participé également à la production de l’ouvrage al-Azhar f? alf ‘?m. Il a rendu un inappréciable service au monde des études arabes en publiant pour la première fois le catalogue des manuscrits et imprimés de la bibliothèque d’al-Azhar (sept volumes parus ; le huitième est à l’impression). Enfin, il a une responsabilité importante comme muqarrir à la commission d’édition dite lajnat al-tur?? al-isl?m? qui dépend du Conseil suprême des Affaires Islamiques.
Quant au texte lui-même de l’ouvrage sur les mosquées (I‘l?m al-s?jid...) Il contient quelques élaborations de l’auteur al-Zarkash?, mais surtout une masse imposante de traditions que des index détaillés permettent de retrouver. Sur les 448 pages de format in-4o (27,5 x 20cm), les premières abordent le sujet d’une façon générale. Ensuite, les pages 43-225 sont consacrées à la Mosquée de la Mekke (al-Masjid al-?ar?m). On y trouve notamment l’attitude à avoir devant la Kaaba, la circumambulation, la façon d’entrer dans la Kaaba elle-même, d’y prier, la valeur des prières dans ces lieux saints, l’entrée dans le territoire sacré de la Mekke, la permission de passer devant quelqu’un qui prie à la Mekke, etc... y compris de très nombreux détails sur le pèlerinage, la ‘umra, les interdits de l’état de I?r?m...
L’ouvrage examine ensuite les traditions concernant la Mosquée à Médine (p. 226-273), puis la mosquée al-Aq?a à Jérusalem (p. 275-298) avec les traditions sur le voyage nocturne et la prière du Prophète dans cette mosquée. Enfin les pages 301-408 sont consacrées au commun des mosquées et donnent, avec infiniment plus de détails, le Statut des Mosquées dont nous avons relevé l’essentiel dans Fa?r al-D?n al-R?z?. Sur la valeur respective des prières dans telle ou telle mosquée, voir l’Index de ce livre (section concernant les ?ad?? sous le nom ?al?, p. 423-424).
Tout cet ensemble de questions se retrouve évidemment dans les ouvrages de traditions. Par exemple dans le ?a??? de Bo??r?, livre VIII, ch. 48-55, question des sanctuaires bâtis sur les tombes des saints, des images qu’on y trouve chez les chrétiens d’Abyssinie, etc. ou dans le Mowa??a de l’Imam M?lik, textes sur la retraite à la mosquée. -
[7]
Le quotidien al-Ahr?m du 1 /08/1964 signale brièvement cette inauguration à la page 6. Le journal signale que l’Ingénieur A?mad al-Sharab???, ministre des waqf, a été délégué pour représenter le Président de la République. Un grand nombre de personnalités ont assisté à cette cérémonie.
-
[8]
Les histoires de la littérature arabe qui s’étendent jusqu’à l’époque moderne ont toutes une notice sur al-Kaw?kib?. On trouvera davantage de renseignements dans : Norbert Tapiero, Les idées réformistes d’al- Kaw?kib? 1265-1320 = 1849-1902, Paris, les Editions Arabes 1956. Originaire d’Alep où il naquit, al-Kaw?kib? passa la majeure partie de sa vie dans sa ville natale, en Syrie. Lorsqu’il dut la quitter devant l’opposition que ses idées rencontraient de la part du gouvernement, il partit pour l’Egypte ou il passa peu de temps. Il visita ensuite et successivement Zanzibar, l’Ethiopie, les pays côtiers de l’Ouest asiatique. Il revint en Egypte d’où il repartit pour l’Arabie, séjourna au Yémen, alla aux Indes et en Afrique Orientale avant de rejoindre définitivement l’Egypte en 1318 = 1900. Les titres arabes de ses deux ouvrages se rendraient respectivement par « Les caractères du Despotisme » et « La Cité-mère ». Il collabora à la revue al-Man?r (au Caire).
-
[9]
Notez que le prédicateur, comme l’ensemble des musulmans modernes, ne s’arrêtent plus aux nombreux récits marginaux sur la construction de la Kaaba comme ceux que donne al-Zarkash?, op. cit., p. 30 et 45. Il s’en tient au texte du Coran.
-
[10]
L’unité de « but » (hadaf) est un thème fréquemment développé vers 1964 dans de nombreux discours politiques.
-
[11]
Littéralement : les infidèles.
-
[12]
Allusion à l’attaque de Port-Saïd (fin octobre – début novembre 1956). Sur la mosquée et spécialement le minbar comme lieu de proclamation des grandes nouvelles, voir E.I. 1ère éd., Masdjid, E § 1 , in fine.
-
[13]
Littéralement : des centres de siy?da.
-
[14]
Sur la mosquée extrêmement populaire de Sayyeda Zaynab, voir ‘Al? P?sh? Mub?rak, al-H?i?a? al- jad?da al- tawf?qiyya li-Mi?r al-q?hira, Le Caire, Boulaq, 1304 H. et suivantes. Une notice est consacrée à cette mosquée au tome 5, p. 6-10. Sayyeda Zaynab fut la fille de l’imam ‘Al?, donc la petite fille du Prophète et la sœur de l’imam ?usayn auquel est dédié une autre mosquée du Caire, également très fréquentée. Les bâtiments de la mosquée de Sayyeda Zaynab ne présentent pas d’intérêt archéologique. La notice parle des travaux de construction relativement récents effectués en 1275-1276 H. (circa 1859 A.D.), et d’autres en 1304-1305 H. (circa 1887 A.D.). Par contre, cette mosquée est un des centres de dévotion musulmane les plus importants du Caire. Les pèlerins y affluent tout au long de la journée. Un des romans les plus fins et les plus touchants de la littérature égyptienne moderne met en scène cette mosquée : cf. Ya?ya Haqqi, Qind?l Umm H?shim.
-
[15]
Cette tradition a été rapportée sous des formes légèrement différentes. Dans le recueil de Muslim, le texte rapporté d’après Ab? Horayra donne : « Les terres les plus aimées de Dieu sont ses mosquées et les terres les plus haïes de Dieu sont les marchés ». Cf. al-Jâmi‘ al-?a?î?, éd. Stamboul 1329 reproduite photomécaniquement au Caire 1383, collection Kit?b al-ta?r?r, livre II, p. 132-133. Ce ?adî? de Muslim est cité par Zarkash?, op. cit., p. 39.
-
[16]
Yarmouk, rivière de Syrie se jetant dans le Jourdain à la sortie du lac de Tibériade. Q?disiyya, lieu-dit non-loin du débouché de la piste la Mekke-Bagdad sur la vallée de l’Euphrate. Ces deux noms restent attachés aux victoires qui ouvraient définitivement et respectivement quatre et cinq ans après la mort de Mo?ammed, la Syrie et la Perse aux armées musulmanes.
-
[17]
Cette tradition est rapportée de divers côtés. Bu??r? (Livre 8, de la prière rituelle, ch. 65) et Muslim ont le texte : « Celui qui bâtit une mosquée pour Dieu, Dieu lui bâtit un édifice semblable au paradis ». Fah?r al-D?n al-R?zi dans son grand commentaire (op. cit., tome IV, p. 13) et Zarkash? (op. cit., p. 36-38), ont aussi : « Dieu leur bâtit au ciel une maison ».
-
[18]
Sur la place de al-Azhar dans l’ensemble de l’activité universitaire de la République Arabe Unie, voir entre autres J.J. Waardenburg, Les universités dans le monde arabe actuel, Paris – La Haye, Mouton 1966, Tome I, p. 222-266 et spécialement p. 251-256 ; tome II, p. 78-140. Cette cité universitaire a été mise en chantier vers 1954 sur un vaste emplacement dit Mid?n al-?af?r qui auparavant servait pour les fêtes annuelles du Ma?mal ou du M?lid an-Nab?.
-
[19]
Sur la personne et les œuvres de F. Sh. A?mad ?asan al-Baq?r?, voir une notice qui lui est consacrée en tant que membre de l’académie de langue arabe dans MIDEO 7, p. 353-354.
En 1967, Il était Recteur (mud?r) de l’Université d’al-Azhar. Son activité littéraire s’est surtout exercée dans le domaine de l’éloquence. Il est un des meilleurs prédicateurs à l’heure actuelle en Egypte. Mais ses sermons n’ont pas été publiés. Il a donnée comme ouvrage imprimé en 1958 ‘Ur?ba wa D?n sur les dimensions religieuses de l’arabisme. Il prépare un autre ouvrage dont le titre sera al-D?n wal-Tadayyun et dont quatre chapitres étaient déjà rédigés en avril 1968 (le troisième est sur le fanatisme des écoles contraire à l’esprit de la religion ; le quatrième sur le fanatisme religieux préparant la voie à l’irréligion). -
[20]
Allusion au verset du Coran 49, 13 « Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est celui qui craint Dieu davantage ». Une tradition enseigne également que la race n’est pas une cause de supériorité entre les hommes ; la crainte de Dieu seule l’est.
-
[21]
Le caractère vivant de cette tradition apparaît dans le fait qu’elle est citée dans une brochure de grande vulgarisation : ‘Abd al-?al?m Ma?m?d, Asr?r al-‘ib?dat f? l-Isl?m, collection al-Maktaba l-?ak?fiyya no 148 (15/1 /1966), Le Caire, p.47. Cette tradition elle-même se retrouve dans plusieurs recueils ; par exemple dans le ?a??? d’al-Tirmi??, éd. Caire, al-Ma?ba‘a al-mi?riyya, t. 2, 1931 , p. 205-206 (dans le gros livre de la prière rituelle).
-
[22]
Ce thème de l’égalité de tous les musulmans devant Dieu (et dans le culte) est à leur actuelle fréquemment développé en vue de souligner le caractère socialiste de l’Islam.
-
[23]
Le ministère des waqf a donné, ces années-ci, des directives pour qu’il y ait dans les mosquées des instructions fréquentes.
-
[24]
Outre les mosquées ordinaires, on rencontre le Vendredi dans le Caire des haut-parleurs installés dans les impasses ou des rues peu fréquentées. Un prédicateur dont la voix est amplifiée par ce haut-parleur réunit autour de lui bon nombre de fidèles qui accomplissent ainsi leur prière de midi. Ce sont autant de lieux de culte auxiliaires. Il en existait un vers 1965, par exemple, en pleine ville, rue Mo?ammad Far?d contre le magasin Gattegno