Notes
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[1]
. « Il peut paraître paradoxal de qualifier l’économie d’Ancien Régime ‘‘d’économie de la circulation’’ alors que les témoignages des contemporains et bon nombre de travaux historiques mettent plutôt l’accent sur le défaut de circulation des produits ou de l’argent, sur la part encore importante quoi que difficilement mesurable de l’autoconsommation [...]. Pourtant c’est bien en ces termes qu’elle a été pensée », Dominique Margairaz, « L’économie d’Ancien Régime comme économie de la circulation », dans Denis Woronoff (sous la direction de), La circulation des marchandises dans la France de l’Ancien Régime, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1998, p. 1.
-
[2]
Le négociant prend en général une commission de 2 % sur le montant de la vente qu’il effectue pour son commettant. Pour ce qui concerne les frais de magasinage, l’entrepôt de marchandises dans les magasins Chaurand coûte en moyenne 28 livres par mois dans les années 1780, Archives départementales de Loire-Atlantique (désormais AD44), 101 J 37, marchandises entrées dans les magasins de 1784 à 1790.
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[3]
L’étude des relations épistolaires entretenues par les négociants nantais, et notamment les frères Chaurand, a montré que ces derniers étaient en contact avec un nombre important de correspondants, dont la majeure partie, presque la moitié finalement, étaient des Parisiens. Voir Laure Pineau-Defois, Les grands négociants nantais du dernier tiers du XVIIIe siècle. Capital hérité et esprit d’entreprise (fin XVIIe-début XIXe siècles), thèse de doctorat en histoire, université de Nantes, 2008, p. 288 et suivantes.
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[4]
Les relations avec ces banquiers se trouvent être somme toute banales, puisqu’ils reçoivent des remises ou des traites dont ils créditent ou débitent le compte selon la nature de l’effet. Le crédit joue en effet un rôle important dans le métier de négociant et, sans l’argent parisien, ce dernier se trouverait limité dans la pratique de son activité.
-
[5]
Pierre Léon (sous la direction de), Aires et structures du commerce français au XVIIIe siècle, Colloque national de l’Association française des historiens économistes (4-6 octobre 1973), Lyon, Centre d’histoire économique et sociale de la région lyonnaise, 1975 ; Bernard Lepetit, Chemins de terre et voies d’eau. Réseaux de transport et organisation de l’espace. 1740-1840, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1984. Voir également Gérard Le Bouëdec, Les approvisionnements de la Compagnie des Indes (1737-1770), thèse de doctorat d’histoire, université de Paris IV Sorbonne, 1982.
-
[6]
Les familles Bouteiller, Chaurand, Drouin, Deurbroucq et Lincoln ont servi de support à notre étude portant sur les pratiques commerciales dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, voir Laure Pineau-Defois, Les grands négociants nantais..., op. cit. Les actes notariés, comme les procès verbaux de marchandises, les déclarations, les constats d’avaries, apportent des éclaircissements quant aux zones d’approvisionnement des négociants ; le paiement des droits sur les marchandises en transit également.
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[7]
Charles Carrière, Négociants marseillais au XVIIIe siècle : contribution à l’étude des économies maritimes, Marseille, Institut historique de Provence, 1973, p. 238. Au XVIIIe siècle la volonté de discrimination s’exprime par un nom nouveau, celui de négociant. « La confusion n’est pas possible : les négociants sont ceux qui tiennent le monde du grand commerce. »
-
[8]
Dans la cité malouine par exemple, la société urbaine est fortement hiérarchisée et l’on assiste à des écarts de fortune considérables. Les plus grandes fortunes, comme celle des Magon ou des Baude, trouvent leur source dans le commerce maritime et l’activité négociante. Malgré tout, la richesse n’est pas un critère qui suffit à qualifier socialement cette ploutocratie. André Lespagnol, « Négociants et Ancien Régime en Bretagne à la fin du XVIIIe siècle : le cas malouin », La Bretagne, une province à l’aube de la Révolution, Actes du colloque de Brest, Brest/Quimper, Centre de recherche bretonne et celtique/Société archéologique du Finistère, 1988.
-
[9]
Jean Meyer, L’armement nantais dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Paris, Les réimpressions des éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1999, p. 183.
-
[10]
Jean-Philippe Priotti, « Individus, familles, groupes : pratiques marchandes et pouvoirs politiques (XVe-XVIIIe siècles) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 112, no 4, 2005, p. 121 .
-
[11]
. Yves Durand, « Nantes de la Renaissance à la Révolution », dans Paul Bois (sous la direction de), Histoire de Nantes, Toulouse, Privat, 1977, p. 177. L’auteur indique par ailleurs qu’entre 1783 et 1787, seulement 21 , 6 % des hommes et 38,5 % des femmes habitant Nantes lors de leur mariage sont nés dans la ville.
-
[12]
Guy Saupin, Les villes en France à l’époque moderne, Paris, Belin, 2002, p. 18.
-
[13]
Jean-Michel Deveau, Le commerce rochelais face à la Révolution. Correspondance de Jean-Baptiste Nairac (1789-1790), La Rochelle, Rumeur des Âges, 1989, p. 20.
-
[14]
Paul Butel, Les négociants bordelais, l’Europe et les îles au XVIIIe siècle, Paris, Aubier, 1974 ; Charles Carrière, Négociants marseillais..., op. cit. ; Éric Saunier et John Barzman, Migrants dans une ville portuaire, Le Havre (XVIe-XXe siècle), Rouen, Publications des universités de Rouen et du Havre, 2005. Sur cette problématique des dynamiques urbaines, voir également Guy Saupin (sous la direction de), Villes atlantiques dans l’Europe occidentale du Moyen Âge au XXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006.
-
[15]
Jean-Michel Deveau, Le commerce rochelais..., op. cit., p. 28.
-
[16]
André Lespagnol, Messieurs de Saint-Malo, une élite négociante au temps de Louis XIV, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1997.
-
[17]
Voir Archives municipales de Nantes (désormais AMN), II 144, pièces relatives au négoce de marchandises des Deurbroucq ; AD44, 1 J 169, droits sur les marchandises et quittances d’entrées de marchandises à consignation des Deurbroucq.
-
[18]
Anne Conchon, « Péages et circulation marchande au XVIIIe siècle », dans Denis Woronoff (sous la direction de), La circulation des marchandises dans la France de l’Ancien Régime, Paris, Éditions du CNRS, 1998, p. 145-162.
-
[19]
Élizabeth Rogani, Les traites entre la Bretagne et le royaume de France de 1664 à 1791 , mémoire de DEA d’histoire, université de Rennes 2, 1996, p. 110.
-
[20]
Emmanuel Brouard, « La navigation en Loire au XVIIIe siècle vue à travers les procès verbaux d’avaries », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 112, 2005, no 3, p. 37-69.
-
[21]
. À la veille de la Révolution, 27 millions d’hectolitres de vin sont récoltés sur 1 , 6 millions d’hectares, Gérard Béaur, Philippe Minard et Alexandra Laclau (sous la direction de), Atlas de la Révolution française, t. 10 : Économie, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1997, p. 66.
-
[22]
AMN, II 144, pièce no 15.
-
[23]
Louis Drouin fait venir de Mortagne-au-Perche 16 balles de toiles envoyées par le sieur Dugué dudit lieu. Ces dernières sont transportées par charrette jusqu’à Angers et, de là, par voie d’eau à Nantes. C’est lors de ce transport sur la Loire que les marchandises ont été abîmées. « Une grande partie était mouillée et même plusieurs pièces en totalité, ce qui pourrait occasionner une perte conséquente surtout si elles n’étaient pas promptement bonifiées », AD44, 4 E2/955, notaire Girard de La Canterie, acte du 15 octobre 1787, verbal de toiles pour Louis Drouin.
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[24]
Les actes notariés nous permettent d’appréhender également l’activité de négociants comme Bouteiller, Drouin ou Lincoln, pour lesquels la documentation privée est inexistante. À ce propos, nous savons que Bouteiller a expédié pour le Cap en 1768 des balles de toile de Cholet à la consignation de Foucher. Le navire ayant péri, une seule balle a pu être sauvée et vendue à l’Amirauté du Cap pour 1 305 livres coloniales, AD44, 4 E 2/531 , notaire Coiscaud, acte du 6 mars 1768.
-
[25]
L’industrie textile est fort bien implantée dans les régions de l’Ouest de la France, notamment dans le Bas-Maine. Dès le XVe siècle, le Bas-Maine entre dans un vaste réseau d’échanges grâce au commerce de ses toiles. Vers 1480, les Espagnols viennent s’approvisionner directement chez les fabricants et lavandiers de Laval, connus sans doute par l’intermédiaire des Malouins et des Nantais. Au XVIIIe siècle, les négociants lavallois ne sont qu’une soixantaine, mais ils participent de plus en plus aux réseaux d’affaires internationaux. Au début du XVIIIe siècle, ils sont actifs dans le trafic interlope vers les colonies espagnoles par l’entremise des marchands de Saint-Malo. Puis avec le développement des colonies aux Indes occidentales, les relations s’approfondissent avec des ports comme Nantes ou Bordeaux. Voir des études locales comme Jocelyne Dloussky, Vive la toile, économie et société à Laval au XVIIIe siècle, Mayenne, Yves Floch, 1990 ; Frédérique Pitou, Laval au XVIIIe siècle : marchands, artisans, ouvriers dans une ville textile, Laval, Société d’archéologie et d’histoire de la Mayenne, 1995.
-
[26]
Le Perche, rattaché à la Normandie qui est l’une des régions les plus industrialisées du Royaume au XVIIIe siècle, connaît un secteur textile intense et diversifié. 80 % de la production est exportée vers les colonies au début de la guerre de Sept Ans, 90% en 1776 et en 1789, Claude Cailly, Mutations d’un espace proto-industriel : le Perche aux XVIIIe-XIXe siècles, Ceton, Fédération des amis du Perche, 1993.
-
[27]
Michel Mollat (sous la direction de), Histoire de Rouen, Toulouse, Privat, 1979. Voir notamment le chapitre IX, « Un dynamisme raisonnable, dimensions, évolutions (1640-1790) », p. 205- 241 .
-
[28]
Voir Annie Antoine (sous la direction de), Les activités textiles dans l’Ouest, XVIe-XIXe siècles, no spécial des Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 107, no 2, 2000 ; Jean Martin et Alain Le Noac’h, Toiles de Bretagne, la manufacture de Quintin, Uzel et Loudéac 1670-1830, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998, p. 21 et, pour le rôle de Nantes dans le commerce des toiles au XVe siècle, Henri Touchard, Le commerce maritime français à la fin du Moyen Âge, Paris, Les Belles Lettres, 1967, p. 394-395.
-
[29]
AD44, 101 J 79, lettre du 26 décembre 1784 rédigée par Le Bouvier de Rouen aux frères Chaurand, lettre du 30 avril 1785, « je note votre commande de pièces de toiles blanches et bleues ».
-
[30]
Toiles de fil et de coton à raies de diverses couleurs, qui imitent les étoffes fabriquées au Siam.
-
[31]
. AD44, 101 J 79, lettre du 5 février 1785 rédigée par Le Bouvier de Rouen aux frères Chaurand.
-
[32]
Ibid., lettre d’août 1785.
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[33]
Ibid., lettre du 2 mars 1784, « Messieurs, j’ai l’honneur de vous remettre ci-joint facture d’une balle que je vous ai expédié par votre navire commandé par le capitaine Guyot » ; lettre du 12 mars 1784, « il est plus avantageux d’assurer sur Rouen qu’à Nantes. Nos chambres d’assurances sont très solides, d’ailleurs en cas de perte elles remboursent la totalité de la somme assurée au lieu qu’à Nantes on ne reçoit que 97% ». L’on apprend que Le Bouvier remplit lui-même le rôle d’assureur, pour « une commission d’un quart pour cent ». Il assure les balles placées sur L’Alexandrine et L’Aimable Aline. Le montant des deux assurances se monte à 8 836 livres pour les Chaurand, somme dont Le Bouvier les débite, lettre du 16 avril 1785.
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[34]
Riedy et Thurninger de Nantes, spécialisés dans la commission et le négoce, disposent également d’un contact au Havre, par l’intermédiaire de Georges Thurninger et Cie, société en commandite créée en 1783 par eux et Paul Sellonf (Pierre Dardel, Commerce, industrie..., op. cit., p. 182).
-
[35]
AD44, 101 J 79, lettre du 19 février 1785.
-
[36]
Rappelons toutefois que la croissance de Bordeaux amène la capitale de la Guyenne à un meilleur niveau que Nantes avec des échanges portés en majorité sur la droiture.
-
[37]
AMN, II 144, pièce no 25, le 25 janvier 1780, Deurbroucq reçoit un ballot de toile blanche de Laval, pour « les îles du Vent ».
-
[38]
Ce trafic des toiles semble stopper dans les années 1780, et l’explication est toute trouvée : Deurbroucq cesse tout trafic avec les Antilles à partir de 1785.
-
[39]
Olivier Pétré-Grenouilleau, Les négoces maritimes français (XVIIe-XXe siècles), Paris, Belin, 1997, p. 125.
-
[40]
AD44, 101 J 79, lettre du 3 mai 1775 rédigée par Treffouet et fils, de Bernay, aux Chaurand. Ils tiennent un magasin de toiles à Bernay, appelé Cretonnes, et envoient leurs prix aux Chaurand ; 101 J 80, lettre du 25 septembre 1789 rédigée par Horyn La Violette de Courtrai aux Chaurand. « Je suis très bien assorti en toiles d’une qualité parfaite et d’un superbe blanc, j’ai en linge de table tout ce que la fabrique peut fournir, vous ne pourrez jamais choisir moment plus favorable pour être servi en fleur de marchandise, d’ailleurs je reçois des lettres de mes amis qui m’annoncent que les affaires commencent à reprendre vigueur. Favorisez-moi de quelques ordres et soyez bien persuadés que je les remplirais de manière à vous engager de me les renouveler : je connais l’apprêt pour les îles, remplissant très souvent des mémoires pour l’Amérique ».
-
[41]
. De 1749 à 1764, environ 35 % des acheteurs à Lorient sont d’origine nantaise, Louis Dermigny, La Chine et l’Occident. Le commerce de Canton au XVIIIe siècle, Paris, SEVPEN, 1964, t. 2, p. 564.
-
[42]
Philippe Haudrère, La Compagnie française des Indes au XVIIIe siècle (1719-1795), Paris, Les Indes Savantes, 2005, t. 1 , p. 308-312.
-
[43]
Ibid., t. 2, p. 844.
-
[44]
Nathalie Sannier, Le négoce nantais et l’Océan indien de 1769 à 1782, mémoire de maîtrise d’histoire, université de Nantes, 1995, p. 18.
-
[45]
AMN, II 144, pièce no 22, direction de Lorient, laissez-passer de marchandises que le sieur Bonnet déclare envoyer à Deurbroucq le 2 juillet 1775 : « Un quart de thé pour 152 livres net pour 34 livres prix de cette ville », pièce no 23, Lorient, le 15 juillet 1779, Bonnet envoie par voie de terre à Deurbroucq un quart de caisse de thé emballé et cordé.
-
[46]
AD44, 101 J 79, lettres des 5 et 12 septembre et 21 octobre 1785 rédigées par La Potaire et Vallée de Lorient. Ils envoient aux Chaurand le bulletin des achats de thé, de goudron et de riz effectués pour eux.
-
[47]
Louis Dermigny, La Chine et l’Occident..., op. cit., p. 593.
-
[48]
AD44, 175 J 16, correspondance entre Mme Galbaud du Fort et Dominique Deurbroucq.
-
[49]
AD44, 1 J 681 , documents sur Lincoln. Les cauris sont de petits coquillages oblongs de couleur blanche, originaires des Maldives et des Philippines, servant d’unités monétaires sur la côte d’Afrique.
-
[50]
De 1775 à 1793, 950 lettres sont expédiées à La Rochelle.
-
[51]
. 403 lettres sur 950 sont adressées à Carayon fils.
-
[52]
Jean-Michel Deveau, Le commerce rochelais face à la Révolution. Correspondance de Jean-Baptiste Nairac (1789-1790), La Rochelle, Rumeur des âges, 1989, p. 20. Carayon fait faillite pour 1 million de livres en 1789.
-
[53]
John G. Clark, « Marine Insurance in Eighteenth-Century La Rochelle », French Historical Studies, vol. 10, no 4, automne 1978, p. 572-598 ; Daniel Garesché, malgré sa faillite, dispose de nombreux biens, puisque « quand il suspendit ses paiements en 1792, il avait, passif déduit, encore plus de 2 000 000 de livres », Marcel Delafosse, « Le solide XVIIe et le brillant XVIIIe siècle », dans Marcel Delafosse (sous la direction de), Histoire de La Rochelle, Toulouse, Privat, 2002, p. 190.
-
[54]
Albane Forestier, Principal-Agent problems in the French slave trade : the case of Rochelais armateurs and their agents, 1763-1792, Departement of Economics History, London school of Economics, 2005, disponible en ligne, http://www.lse.ac.uk/collections/economicHistory/GEHN/ GEHNworkingPapers.htm ; Florence-Marie Boulery-Nénic, Contribution à l’étude des structures sociales, l’élite bourgeoise protestante, mémoire de maîtrise d’histoire, université de La Rochelle, 1997, p. 22.
-
[55]
Jean-Michel Deveau, Le commerce rochelais..., op. cit., p. 59.
-
[56]
Mickaël Augeron et Didier Poton, « La Rochelle, port canadien : le négoce protestant et la Nouvelle-France », dans Philippe Joutard et Thomas Wien (sous la direction de), Mémoires de Nouvelle-France. De France en Nouvelle-France, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 108.
-
[57]
AD44, 4 E 18/44, notaire Lambert, acte du 25 août 1788, Deurbroucq et fils reçoivent de Dunkerque par Les Trois Amis, 45 balles de lin ; 4 E 2/1150, notaire Jalaber, acte du 29 août 1792, ils reçoivent 26 balles de lin de Calais par voie d’eau.
-
[58]
Espèce de toile de lin très blanche.
-
[59]
AD44, 4 E2/954, notaire Girard de la Canterie, acte du 13 juillet 1786, Lincoln reçoit 16 caisses de toile platille, envoyées de Hambourg, contenant 3 200 pièces ; ibid., C 902, Lincoln achète des toiles et du chanvre de Russie par l’intermédiaire d’Odiette de la Bauche, négociant nantais originaire des Provinces-Unies, lettre du 16 mars 1772 d’Odiette à Lincoln.
-
[60]
AD44, 1 J 681 , comptes d’armements de La Musette et du Saturne, armés par Lincoln en 1786 et 1789. « 3 200 pièces de platilles venues de Hambourg, avec les frais, reviennent à 32 264 livres ».
-
[61]
. AD44, 4 E2/780, notaire Fouquereaux, acte du 31 octobre 1781 , procès verbal par Dominique Deurbroucq et fils. Il est arrivé « entre autres choses », à la consignation des Deurbroucq, 22 pièces et 10 pipes d’huile de rabette de l’envoi de Connelly et fils, de Dunkerque.
-
[62]
AD44, 4 E2/952, notaire Girard de la Canterie, acte du 27 juillet 1784, 200 barriques de bière chargées sur L’Harmonie, armateur Lincoln, à Rotterdam.
-
[63]
AD44, 1 J 269, papiers entrés par voie extraordinaires.
-
[64]
AD44, 1 J 681 , compte d’armement de La Musette de Lincoln. « À Messieurs Dominique Deurbroucq et Fils, pour quatorze mille cent soixante quatre livres net de chanvre, à 34 livres le cent, de première qualité soit 4 815 livres 15 sous ».
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[65]
AD44, 101 J 26 à 28, livres d’armement et de désarmement des navires Chaurand.
-
[66]
Gérard Béaur, Philippe Minard et Alexandra Laclau, Atlas de la Révolution..., op. cit., p. 66.
-
[67]
Thierry Sauzeau, Les gens de mer de la Seudre (milieu XVIIIe-milieu XIXe siècles). Suivi de trois cohortes de marins du quartier de Marennes inscrits entre 1760 et 1825, thèse de doctorat en histoire, université de Poitiers, 2002.
-
[68]
C’est autour du vin que s’est nouée la relation première entre Bordeaux, Nantes et la Bretagne. Les Bretons dominent « la route du vin » entre Bordeaux et le marché des Pays-Bas au XVe siècle. Aux Temps modernes, c’est également en véritable partenaire commercial de Bordeaux que s’affirme la Bretagne : elle reste un marché majeur pour les vins, mais on voit également un système d’échanges réciproques se mettre en place. Le blé breton, destiné au marché ibérique tout comme le blé aquitain, est un appoint pour le grenier bordelais ; les poissons bretons arrivent en nombre à Bordeaux, avec notamment la morue et la sardine ; enfin, les toiles de Bretagne connaissent dans le port aquitain une véritable percée avec la demande croissante du marché antillais, André Lespagnol, « Bordeaux et la Bretagne : une relation particulière », dans Silvia Marzagalli et Hubert Bonin (sous la direction de), Négoces, ports et océans, XVIe-XXe siècles, Mélanges offerts à Paul Butel, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2000, p. 155-156.
-
[69]
Paul Butel, Les négociants bordelais, l’Europe et les îles au XVIIIe siècle, Paris, Aubier, 1974, carte no 13 sur les réexportations bordelaises en Europe.
-
[70]
Le réseau commercial d’Étienne d’Angosse, propriétaire viticulteur béarnais du milieu du XVIIIe siècle, indique clairement cette instabilité chronique des commissionnaires en charge de la commercialisation de ses vins, Anne Wegener-Sleeswijk, « La relation problématique entre principal et agent dans la commission : l’exemple de l’exportation des vins vers les Provinces-Unies au XVIIIe siècle », dans Silvia Marzagalli et Hubert Bonin (sous la direction de), Négoce, ports..., op. cit., p. 32.
-
[71]
Négociant bordelais, ami de François Lafargue et oncle de Mosneron Dupin de Nantes, AD44, 101 J 79, lettre de Lafargue aux Chaurand du 22 novembre 1785.
-
[72]
Négociants armateurs bordelais d’origine protestante, 58 armements de 1718 à 1790, Paul Butel, Les négociants bordelais..., op. cit.
-
[73]
Négociants armateurs bordelais d’origine catholique, 46 armements de 1770 à 1790, Ibidem.
-
[74]
Jean Cavignac, « Étude statistique sur la traite négrière à Bordeaux au XVIIIe siècle », dans Serge Daget, De la traite à l’esclavage du XVIIIe au XXe siècle, Nantes/Paris, Centre de recherche sur l’histoire du monde atlantique/Société française d’histoire d’outre mer, 1985, p. 377-394. Il a dressé la liste des 25 plus grands négriers bordelais à la fin du XVIIIe siècle : Paul Nairac et fils, 24 navires négriers, Laffon de Ladébat 13, Jean Dommenget fils 11 , Ladurantie, J. Delorthe, Sageran et Gaultier 10, Isaac Couturier, Jean Senat 9, Cabarrus 8, Jean Marchas, Laffon aîné, Testard et Gachet, Durand Doumerc, Baux, Balguerie et Cie, Romberg et Bapst 6, Baour Wirtz et Cie, Corbun, Delzollies, Lagrange, Veuve Jean Duffour et fils, Rocaute de Bussac, David Gradis et fils, Jean Quin, Mathurin Vincent 5. Voir également Éric Saugera, Bordeaux, port négrier XVIIe-XIXe siècle, Paris, Karthala, 1995.
-
[75]
Si Bordeaux se désintéresse dans un premier temps du commerce indien, ce port devient dès après la guerre d’Indépendance américaine, la première place française à expédier des navires en Orient. Parmi les plus grands armateurs bordelais pour l’océan Indien, on trouve Corbun, Cochon et Troplong, Philippe Haudrère, « Naissance d’un trafic : les armateurs bordelais et le commerce ‘‘au-delà du Cap de Bonne-Espérance’’ », 1769-1792, dans Silvia Marzagalli et Hubert Bonin (sous la direction de), Négoces, ports..., op. cit., p. 301 .
-
[76]
Lafargue fait partie du groupe « des raffineurs », ceux qui détiennent la plus grande richesse parmi les négociants bordelais, au même titre que Nairac et fils et Baour, Paul Butel, Les négociants bordelais..., op. cit., p. 286 ; Philippe Gardey, Négociants et marchands de Bordeaux de la guerre d’Amérique à la Restauration (1780-1830), thèse de doctorat en histoire, université Paris IV Sorbonne, 2006.
-
[77]
AD44, 101 J 9 à 25, copies de lettres à l’Europe, 421 lettres envoyées à Lafargue en 12 années de correspondance. Nous avons également à notre disposition quelques lettres adressées en retour par Lafargue aux Chaurand, AD44, 101 J 79, correspondance de François Lafargue de Bordeaux.
-
[78]
Ibid., lettre du 23 décembre 1785.
-
[79]
AD44, 101 J 79, lettre adressée aux Chaurand par Lafargue, le 19 septembre 1785, présent à Lorient.
-
[80]
Ibid., lettre de Lafargue du 9 septembre 1785.
-
[81]
. Ibid., lettre de Lafargue du 7 octobre 1785.
-
[82]
AN, 181 AQ 1-156, Magali Lacousse et Christine Nougaret, Répertoire numérique détaillé du fonds Gradis, Paris, Archives nationales, 2006 ; voir également, Paul Butel, Les négociants bordelais..., op. cit. ; Jean Cavignac, Les Israélites bordelais de 1780 à 1850, Paris, Publisud, 1991 ; Jean Schwob d’Héricourt, La maison Gradis de Bordeaux et ses chefs, Argenteuil, 1975.
-
[83]
David II Gradis est aussi un homme de lettres. Il se livre à la réflexion philosophique et politique et publie notamment des écrits tels que L’essai de philosophie rationnelle en 1811. En 1785, Malesherbes le choisit pour présider la commission chargée d’examiner le statut des Juifs en France. Membre du Conseil général de la commune de Bordeaux, il est aussi président du consistoire israélite de la ville.
-
[84]
AD44, 101 J 38, compte de vente du 8 septembre 1778 de 50 caisses de savon marbré envoyées par Trophe, de Marseille, par la « voie du canal du Languedoc », jusqu’à Bordeaux.
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[85]
Louis Drouin est en charge, à Nantes, de plusieurs intérêts de Feger et Cie de Bordeaux. Cela laisse supposer que les relations entre les deux parties sont actives. Il est donc probable que Louis Drouin se fournisse également auprès de cette société bordelaise. En l’absence de sources à ce sujet pour Louis Drouin, nous ne pouvons qu’émettre des suppositions.
-
[86]
AD44, 1 J 681 , comptes d’armements des navires La Musette, Le Saturne, armés par Lincoln en 1786 et 1789. Les barriques de vins pour l’équipage, tant vin rouge que blanc, proviennent de Feger et Cie, ainsi que les eaux-de-vie.
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[87]
Pierre et Louis Seguineau sont négociants à Port-au-Prince. Pierre, électeur de la paroisse de Port-au-Prince, possède des biens évalués à 125 000 livres coloniales en 1785. Il est aussi propriétaire au Fond des Nègres (30 000 livres), à l’Arcahaye et à Saint-Marc (550 000 l.). Membre du Club Massiac (Bordeaux), son frère Louis est également négociant à Port-au-Prince. Voir Louis-Élie Moreau de Saint-Méry, Description topographique physique, civile, politique et historique de la partie française de l’île de Saint-Domingue, nouvelle édition entièrement revue et complétée par Blanche Maurel et Etienne Taillemite, Paris, Société de l’histoire des colonies françaises, Larose, 1958, p. 933-934.
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[88]
AD44, 101 J 11 à 13, copies de lettres à l’Europe, au moins un courrier tous les ans adressé à cette maison, de 1781 à 1786.
1 Les négociants participent à la circulation des marchandises en pratiquant le commerce sous toutes ses formes [1] . Le négociant, au même titre que l’armateur pour le transport, est un intermédiaire, un maillon essentiel de la chaîne commerciale au XVIIIe siècle, car il forme le relais entre le lieu de production des marchandises et leur lieu de consommation. Il agit aussi bien sur les marchandises d’importation que d’exportation, en jouant les rôles de commissionnaire d’achat, de commissionnaire de vente et de consignataire de marchandises. Les négociants se trouvent agir en tant que commissionnaires d’achat lorsqu’ils contactent leurs fournisseurs de toiles, de vins ou autres marchandises ; et en tant que commissionnaires de vente et consignataires lorsqu’ils reçoivent les denrées coloniales des îles notamment. Un compte courant est établi entre le négociant et ses différents correspondants, et il tire notamment son revenu de la rémunération des frais de commissions et des frais de magasin [2].
2 La partie du travail du négociant qui nous intéresse ici concerne la commission d’achat : auprès de qui et où se fournit le négociant d’un grand port au XVIIIe siècle ? Les accointances avec Paris sont primordiales, mais elles se révèlent avant tout plus financières que commerciales [3]. Les personnages avec lesquels les négociants échangent le plus dans la capitale, sont avant tout des banquiers, tels Le Couteulx et Cie, Laval et Wilfesheim, Doucet, Féline ou Dupont, ces derniers jouant le rôle de garants financiers [4]. Nous mettrons de côté cet espace parisien particulier dans l’étude qui suit, pour nous focaliser sur les autres grandes régions où les négociants entretiennent des relations avant tout commerciales et liées directement à leurs activités d’échanges (avec l’Afrique et les Amériques notamment). Il est vrai que les aires d’approvisionnement de l’espace français ont déjà été mises en valeur lors du colloque dirigé par Pierre Léon en 1973, et les réseaux de transport à la fin du XVIIIe siècle sont de mieux en mieux identifiés [5]. Néanmoins l’approvisionnement particulier des négociants des cités portuaires demeure mal connu. Quels sont les circuits commerciaux empruntés par les marchandises, par qui transitent-elles avant d’arriver à la consignation du négociant nantais ? L’exemple particulier de quelques-uns des plus grands négociants nantais, ceux étudiés dans le cadre de notre thèse et constituant un corpus cohérent, permet de dresser un premier bilan sur l’approvisionnement des grandes villes portuaires [6].
Au cœur du système d’échanges : quelques-uns des plus grands négociants nantais
3 Cet article s’appuie sur un groupe de négociants-armateurs nantais exerçant son activité professionnelle entre 1763 et 1792. Ce corpus, circonscrit à cinq familles, présente celles figurant parmi les plus importantes du négoce à la veille de la Révolution française, tant en raison de leur puissance économique que de leur prééminence sociale. Les familles Bouteiller, Chaurand, Deurbroucq, Drouin et Lincoln représentent une partie de ce que nous pouvons appeler l’élite de la société nantaise prérévolutionnaire. Ces hommes sont à la fois des négociants, des armateurs de navires et très souvent propriétaires d’habitations aux colonies. Au XVIIIe siècle, dans les cités portuaires, l’élite se trouve composée des hommes du grand commerce maritime, car ce sont eux qui dominent la ville de leur puissance économique. De façon plus générale, les élites portuaires se rassemblent sous la dénomination professionnelle de négociant [7]. Ainsi, progressivement, une nouvelle élite commerciale se développe en France à partir du XVIIIe siècle, celle des négociants-armateurs, figure représentative d’une époque qui disparaît progressivement au cours du XIXe siècle. On constate l’existence de signes particuliers qui aident à définir les contours exacts de cette élite. Au-delà des données classiques, comme la fortune [8] ou la stratégie matrimoniale, il semble plus opportun, dans le cas des élites portuaires, de rechercher des principes socio-économiques comme critères majeurs pour valider l’appartenance ou non au groupe dominant. Louis Drouin et Guillaume Bouteiller sont les négociants nantais les plus en vue à la veille de la Révolution. « À eux deux, Drouin et Bouteiller auraient cumulé au minimum 14 millions de livres, probablement davantage, presque autant que toute la fortune des 230 négociants nantais de 1789 » [9]. Les autres familles, plus secondaires, gravitent néanmoins dans le sillage des deux premières. Les frères Chaurand, les frères Deurbroucq, ainsi que Pierre-Joseph Lincoln, s’imposent comme des acteurs à part entière de l’élite négociante nantaise. Ces cinq familles se caractérisent également par l’imbrication de liens forts entre elles ; elles sont liées par le mariage et les affaires. « La croyance en un individu rationnel agissant seul et dont l’unique fin serait l’optimisation du profit, principal postulat de la théorie économique classique, a lentement décliné au profit d’analyses portant sur l’interdépendance sociale des individus » [10]. Par ailleurs, ces cinq familles incarnent à elles seules le tropisme nantais de la fin de la période moderne. En effet, si la famille Bouteiller provient du substrat local, les Drouin sont originaires de Chinon, les Chaurand de Provence, les Deurbroucq de Flandre et les Lincoln d’Irlande. Bon nombre des hommes qui dominent la ville par leur puissance ne sont pas issus du substrat local. Venus d’horizons tout à fait différents, ils composent cette population nantaise d’Ancien Régime, cosmopolite et entreprenante. Nantes voit d’ailleurs sa population augmenter au XVIIIe siècle, alors que la Bretagne perd 3,7% de ses habitants entre 1770 et 1784 [11] . La ville compte 40 000 habitants en 1700 et 80 000 en 1790 [12]. Pôle d’attraction pour une émigration définitive ou lieu de séjour temporaire, Nantes sait attirer des hommes de volonté et d’entreprise, trouvant au sein de cette cité les moyens d’assouvir leur envie de réussite. Au XVIIIe siècle, l’attractivité qu’exerce Nantes sur l’espace et le territoire est à son plus haut niveau. Toutefois, cette constatation n’est pas exclusive à Nantes puisque d’autres ports français connaissent une ouverture similaire. À La Rochelle, « parmi les grands, à cette époque, bien peu sont de souche rochelaise. Garesché vient de Marennes, Poupet, bien qu’issu d’une vieille famille de tonneliers rochelais, débute sa fortune à Saint-Domingue ; les frères Nairac viennent de Bordeaux ; la mère Pascaud arrivait du Canada » [13]. À Bordeaux, Le Havre ou Marseille, la même dynamique insufflée par des arrivées massives de migrants, est observable [14]. Cette ouverture est moins manifeste à Saint-Malo où plus de la moitié des négociants descendent de familles installées dans la ville depuis de nombreuses décennies. Cela peut, pour partie, s’expliquer par le fait que « la cité malouine est isolée, confinée dans une région mal reliée au reste du pays » [15], mais aussi et surtout, parce qu’au XVIIIe siècle, Saint-Malo connaît un reflux commercial dû à un manque de diversification de son activité : la cité malouine est restée essentiellement concentrée sur la pêche à la morue, activité en réelle perte de vitesse dans la seconde moitié du XVIIIe siècle [16].
4 Les grands négociants nantais de la fin du XVIIIe siècle, sont les acteurs principaux de l’activité commerciale de la ville. Impliqués dans l’importation et l’exportation de diverses denrées, ils sont les maillons essentiels du grand commerce. Qui sont leurs interlocuteurs ? Auprès de qui les Nantais se fournissent-ils ? Comment s’approvisionnent-ils ?
Une aire d’approvisionnement classique pour Nantes : l’axe ligérien et le Grand Ouest en général
5 Les relations nouées en aval, c’est-à-dire avec les fournisseurs, le sont par le biais des voituriers, qui sont des agents indépendants auxquels le négociant fait appel pour le transport des marchandises destinées à être par la suite réexportées, par voie de mer cette fois-ci. Nous pouvons distinguer les voituriers par eau des voituriers par terre. Les premiers transportent les marchandises au moyen de barques et de petits bateaux naviguant sur les rivières, les seconds transportent les produits à l’aide de voitures tractées sur les chemins. Les déclarations effectuées par ces voituriers aux diverses douanes en vue du paiement des taxes sur leurs marchandises sont des sources très éclairantes pour le propos qui nous intéresse [17]. En effet, la circulation des marchandises n’est pas libre dans le royaume, mis à part au sein des Cinq Grosses Fermes. Au passage de chaque frontière, externe ou interne, toutes les marchandises doivent être présentées auprès d’un bureau afin de faire l’objet d’une déclaration en douane [18]. Lorsque la marchandise entre en Bretagne, province réputée étrangère, elle est conduite au bureau le plus proche pour recevoir un acquit de paiement, qui atteste le paiement des droits et qui représente une quittance accompagnant la marchandise jusqu’à son destinataire [19].
LE VIN
6 L’axe de la Loire se révèle comme une voie commerciale majeure pour Nantes, surtout fluviale, emprunté par des milliers de bateaux contenant diverses marchandises à leur bord, comme l’ardoise, le blé, le charbon, le bois du Massif central, la morue séchée, ou le vin [20]. La principale marchandise acheminée par voie d’eau vers Nantes dans le dernier tiers du XVIIIe siècle se trouve être le vin. À la veille de la Révolution, le vignoble français est de très loin, le premier du monde : il assure 40 % de la production mondiale [21]. À Nantes, parmi les négociants étudiés dans notre corpus, ce sont essentiellement les Deurbroucq qui se spécialisent dans cette commission d’achat. Ils ne reçoivent que des vins d’Anjou et de Touraine, ce qui s’explique par la tradition familiale : ils sont alliés aux Van Voorn du Thoureil, puissants exportateurs de vin d’Anjou aux Provinces-Unies. Les vins venus de Tours ou de Saumur sont la plupart du temps pris en charge par un voiturier par eau, Martin Vester, qui assure l’approvisionnement des Deurbroucq. Ceux-ci font également appel à une société de voituriers nommée Au bon conducteur, il s’agit de la maison Legret de Paris qui emploie vraisemblablement plusieurs voituriers dont l’un, Jean Hamez, est en charge de l’acheminement des marchandises de la famille Deurbroucq [22]. Deurbroucq procède en général de la manière suivante : il commande son vin à un négociant local, Gilles Marchandeau et fils à Tours ou Boilewe à Saumur, qui s’attache à se fournir ensuite auprès des petits producteurs locaux. Ce négociant local s’octroie une commission de 2 % sur le montant total des vins qu’il achète au nom du Nantais et les charge ensuite sur une barque destinée à la consignation de la personne qui a commandé l’achat. Les factures de vin peuvent atteindre des sommes importantes. Par exemple en 1762, Deurbroucq achète pour presque 130 000 livres tournois de vin de Saumur.
LES TOILES
7 Un second trafic d’approvisionnement, et non des moindres, concerne celui des toiles. Dans le commerce des toiles, Nantes a d’abord exercé une fonction de transit vers les ports plus méridionaux comme Bordeaux ou Bayonne, d’où l’importance des relations avec des négociants de ces deux ports, notamment chez les Chaurand et les Bouteiller, deux des plus grands négociants nantais. C’est en effet à Bayonne que viennent s’approvisionner les Espagnols, et Bordeaux est une plaque tournante du marché des échanges dès le début du XVIIIe siècle. Nantes envoie également des toiles directement vers les ports d’Espagne, Bilbao ou Cadix, ou encore vers la capitale portugaise Lisbonne. Mais c’est le développement du commerce colonial et de la traite négrière qui pousse les négociants nantais à travailler davantage à la commission et à réexpédier les toiles vers les Antilles. Afin de s’approvisionner, ces derniers s’orientent vers les grands centres toiliers traditionnels de l’Ouest. La voie d’eau est en général toujours privilégiée, même s’il s’agit parfois d’un mode de transport lent et risqué sur des rivières irrégulières [23]. La toile est un produit fourni en grande quantité par le grand Ouest et la cartographie des relations épistolaires des Chaurand met bien en relief cette nébuleuse de correspondants dans les régions toilières comme celles de la Bretagne, du Bas-Maine ou de la Normandie. Effectivement, les Chaurand participent activement à l’équipement de la colonie et font un gros commerce de toiles à destination de Saint-Domingue et des royaumes africains, au même titre que les autres gros armateurs comme Louis Drouin et Guillaume Bouteiller [24]. Ces toiles sont livrées par balles ; les principaux vendeurs se trouvent à Laval pour le lin [25], à Dinan avec le sieur Bordage, ou à Mortagne-au-Perche chez Hérode pour les toiles de chanvre [26]. Les Chaurand effectuent de nombreux achats également chez Le Bouvier de Rouen [27] et chez Solier de La Touche à Rennes, à la fois pour l’équipement de leurs navires, mais aussi comme cargaison pour leurs voyages en droiture ou leurs négriers. Les toiles « Bretagnes », commercialisées sous ce nom dès le milieu du XVe siècle, connaissent un rayonnement important jusqu’au début du XIXe siècle [28]. Les Chaurand procèdent à leurs achats avec beaucoup de minutie parmi les différentes catégories de toile, entre les Combourg, George, toile de Cholet, de Flandre, et diverses autres sortes qui existent : « je prends note qu’il vous faut 12 neganepaux, 12 bajutapaux et 12 chasselas pour faire des présents à la côte » [29]. Les Chaurand se plaignent régulièrement du prix des toiles et, face à leurs plaintes réitérées, Le Bouvier doit expliquer pourquoi certaines, comme les siamoises, la spécialité rouennaise [30], sont si chères. L’Angleterre se positionne en effet sur le marché du coton au Havre et à Rouen, « l’Angleterre n’a pas laissé que d’acheter du coton de nos colonies tant au Havre qu’à Rouen, ses achats rendent cette denrée un peu rare et en fait augmenter le prix » [31] .
8 Afin de garder des contacts étroits entre eux, Le Bouvier envoie son fils en formation dans le cabinet nantais des Chaurand.
« Tous mes vœux sont, Messieurs, que mon fils se rende utile dans votre maison. Ce jeune homme, en égard à son age, ne manque pas d’une certaine aptitude aux affaires. [...] Je désire bien sincèrement que l’entrée de mon fils dans votre cabinet soit un nouveau motif pour vous de m’honorer de votre confiance et de vos ordres [32]. »
10 Voici un procédé fort habile pour ancrer une relation dans la durée. C’est également grâce à cette correspondance avec le marchand de toile rouennais, que l’on apprend que les navires des Chaurand font escale à de nombreuses reprises au Havre pour prendre chargement des toiles, et qu’ils les assurent à Rouen et non à Nantes [33]. Il semble en retour que les Chaurand tentent de fournir Le Bouvier en coton en fibre afin d’alimenter sa fabrique de toiles. Cependant, Le Bouvier n’est pas entièrement satisfait des marchandises expédiées par les Chaurand par l’entremise de la maison nantaise d’origine bâloise, Riedy et Thurninger notamment [34], et explique aux Chaurand que le commerce des cotons ne s’improvise pas.
« Permettez moi de vous demandez si vous connaissez le coton. Cette question ne doit pas, ce me semble, vous offensez, je vous reconnais pour très bons négociants, mais la connaissance du coton exige une étude particulière que tous les négociants n’ont souvent pas eu le temps ou l’occasion de faire [35]. »
12 Ce développement sur les toiles nous amène à soulever une question importante et à nous démarquer d’une interprétation traditionnelle peu satisfaisante. En effet, il est d’usage de constater que Nantes s’est lancée dans la traite négrière parce qu’elle ne disposait pas d’un hinterland assez riche pour exporter des marchandises diversifiées. Or il faut renverser la situation et expliquer que si Nantes s’est montrée pionnière dans le trafic négrier, c’est qu’elle a pu satisfaire la demande des rois africains et exporter des toiles qui leur convenaient [36].
13 Les marchands de toiles du grand Ouest conservent le monopole de la vente des toiles chez les frères Chaurand durant tout le XVIIIe siècle. Deurbroucq reçoit également quelques toiles en provenance d’Angers ou de Laval [37], derrière le vin cependant [38]. Ce sont l’expansion coloniale et le développement de l’économie de traite qui permettent aux villes toilières d’acquérir une renommée d’importance nationale et internationale au XVIIIe siècle, alors que leur tradition toilière remonte, dans le cas du Perche, au XIe siècle. D’ailleurs le déclin de l’économie fondée sur le commerce transatlantique au début du XIXe siècle entraîne également la chute du Perche et des autres régions de l’Ouest atlantique, qui avaient été portées par le développement colonial, alors « modèle de croissance périphérique » [39]. Néanmoins les centres toiliers du Nord, comme Courtrai ou de la Normandie comme Bernay, tentent de se positionner sur le marché nantais. Les frères Chaurand reçoivent fréquemment de la documentation les tenant informés des prix pratiqués. Les négociants en toiles originaires des anciennes cités flamandes aimeraient que les Chaurand passent par leur entremise pour les commandes de toiles et de linge de table [40]. Or ces derniers ne semblent jamais donner suite à ces prises de contact pourtant largement réitérées. Ce qui n’est pas le cas des Deurbroucq et de Pierre-Joseph Lincoln.
LORIENT : PÔLE MAJEUR D’APPROVISIONNEMENT EN DENRÉES ORIENTALES
14 Les Nantais jouent également un rôle important dans la vente et l’achat des marchandises venant de l’Inde et de la Chine. Même si, en 1733, les ventes de la Compagnie sont transférées de Nantes à Lorient, les Nantais demeurent toujours les premiers commissionnaires pour l’étranger et pour l’arrière-pays : ils s’imposent comme les principaux acheteurs de marchandises des Indes aux ventes de Lorient, devant les Malouins dans le milieu du XVIIIe siècle [41] . Ainsi, Philippe Haudrère montre, à partir des comptes des marchands fréquentant les ventes de la Compagnie entre 1758 et 1769, la nette domination des Nantais : « En moyenne chaque Nantais achète pour 95 000 à 180 000 livres de marchandises et chaque Parisien pour 75 000 à 120 000 livres, tandis que chaque Lorientais se procure des produits pour 21 000 à 52 000 livres » [42]. Les négociants nantais acquièrent 52,7 % du montant total des ventes entre 1758 et 1764 et 35,6 % entre 1764 et 1769 [43]. Il apparaît que les Nantais conservent un rôle prépondérant dans les ventes, malgré le transfert de celles-ci à Lorient.
15 Lorient représente un pôle d’approvisionnement majeur pour Deurbroucq, ainsi que pour les Chaurand. Dominique Deurbroucq domine largement le groupe des acheteurs nantais de marchandises orientales, réalisant à lui seul 48,42% des achats de thé nantais après la guerre de Sept Ans [44]. Effectivement, des caisses de thé « emballées et plombées » sont amenées de Lorient à la consignation de Deurbroucq par voie de terre, envoyées par le Lorientais Bonnet ; nous possédons quelques traces de ces expéditions [45]. Deurbroucq est donc spécialisé dans ce trafic et l’on peut aisément imaginer qu’il s’insère dans un trafic plus large : ces caisses sont inévitablement destinées à la réexportation. Les Chaurand entretiennent pour leur part des contacts avec les négociants lorientais La Potaire et Vallée. Ces derniers sont chargés de leur acheter du thé, mais aussi du goudron et du riz [46]. L’engouement de Nantes pour le thé s’inscrit dans la pratique de la réexportation en contrebande, par l’Irlande ou Guernesey notamment [47]. La correspondance que Deurbroucq entretient avec la famille Galbaud du Fort, dont il commercialise les sucres, indique clairement qu’il est fortement intéressé au commerce indien. À plusieurs reprises, l’épouse de Deurbroucq prend en main la correspondance au nom de son mari, lequel « est parti à Lorient pour ses affaires » [48]. Lincoln quant à lui s’approvisionne en cauris à Lorient [49].
L’IMPORTANCE DU RÉSEAU ROCHELAIS
16 La Rochelle fait également l’objet de nombreux courriers : ce port est la troisième destination des courriers envoyés par les Chaurand en Europe après Paris et Bordeaux [50]. Le principal interlocuteur rochelais des Chaurand est le négociant et armateur Jacques Carayon fils ; il reçoit à lui seul presque 43% des missives rochelaises [51]. La correspondance avec Carayon s’interrompt en 1789 – ce dernier fait en effet faillite à cette date [52] – et Daniel Garesché, son beau-frère prend le relais – puis il fait également faillite en 1792 [53]. Ces deux négociants, liés par le mariage, font partie de l’élite protestante rochelaise [54]. C’est ce qui fait dire à Jean-Michel Deveau, que « de près ou de loin, l’endogamie protestante fait cousiner tout le négoce de la ville » [55]. De plus, l’après guerre de Sept Ans voit revenir en force la communauté protestante dans la vie sociale, commerciale et politique de la cité rochelaise [56]. Nous pouvons constater que les frères Chaurand sont au centre d’un réseau protestant, au sein duquel les intérêts s’entremêlent. Entretenir des relations étroites avec les négociants rochelais participe de la logique de négociant. En effet, les Chaurand reçoivent parfois des marchandises à leur ordre débarquées dans le port rochelais. Leurs relations sur place se chargent soit de les vendre en leur nom, soit de les leur réexpédier.
L’approvisionnement par le marché du Nord : un trafic réservé aux Deurbroucq et à Lincoln
17 Les familles Deurbroucq et Lincoln, de toute évidence en raison de leurs origines étrangères, entretiennent de fortes relations avec des fournisseurs du Nord, des Flandres et de Hollande principalement. Il est en effet tout à fait intéressant de constater que, d’après les sources à notre disposition, seuls Deurbroucq et Lincoln se fournissent en toiles du Nord. En effet plusieurs balles de lin arrivent à Nantes par des caboteurs de Calais et Dunkerque à la consignation de Deurbroucq [57], tandis que Lincoln se fait acheminer des caisses de toile platille [58] de Hambourg ou de Russie [59]. Ces toiles sont destinées à figurer dans les cargaisons de ses navires négriers [60]. Les Deurbroucq reçoivent également tout un chargement de pièces de toiles provenant de Dunkerque par un navire d’Ostende, L’Impératrice Reine, ainsi que des pipes d’huile de rabette. Le sieur Connelly est leur principal interlocuteur à Dunkerque [61] . Lincoln réceptionne quant à lui diverses marchandises de Rotterdam, comme de la bière en 1784 [62]. De plus, quelques lettres rédigées à l’intention des Deurbroucq provenant de Bruxelles, de Turnhout et de Vilvoorde en Flandre, nous apprennent que les négociants de ces lieux sont en charge de fournir diverses marchandises aux Deurbroucq, comme des toiles de chanvre, tandis que ces derniers leur expédient en retour du café [63]. Dominique Deurbroucq reçoit les toiles de chanvre du Nord, qu’il se charge ensuite de vendre aux armateurs de Nantes. Pierre-Joseph Lincoln achète d’ailleurs pour 14 164 livres net de toiles de chanvre à Dominique Deurbroucq et fils dans le cadre de l’armement de son navire négrier, La Musette, en 1786 [64]. Deurbroucq et Lincoln se passent souvent d’intermédiaires et effectuent leurs commandes directement auprès des marchands du Nord, alors qu’en règle général les armateurs, comme les Chaurand et, vraisemblablement, Bouteiller et Drouin, entretiennent des relations avec les spécialistes de la commission étrangère à Nantes, comme Riedy et Thurninger, mais également Scewald et Karcher, Schweighauser ou encore Wilfesheim. En effet, des pièces d’indiennes, des platilles sont achetées par leur intermédiaire [65].
L’aire d’approvisionnement aquitain
DES RELATIONS POUSSÉES AVEC LES NÉGOCIANTS BORDELAIS
18 Si les Chaurand ne négligent pas les négociants bordelais, c’est que leurs relations entrent dans le cadre d’échanges réciproques très féconds. La dynamique du port aquitain aspire les Nantais, qui se retrouvent à agir à la fois en position de fournisseurs de denrées coloniales, mais aussi locales comme les toiles, car il est possible que les Chaurand aient fourni les Bordelais en toiles de Bretagne ; et à la fois en position d’acheteurs de denrées locales, comme le vin ou les eaux-de-vie notamment. En effet, contrairement aux Deurbroucq, les frères Chaurand reçoivent peu de vin de Loire, car ils se concentrent vers d’autres pôles d’exploitation, comme la Charente et le bassin aquitain. Ces deux vignobles sont les plus productifs de l’Ancien Régime et dominent largement les autres pôles de production [66]. Les vins des Chaurand proviennent pour une part de La Tremblade, port situé sur la rive gauche de l’estuaire de la Seudre, proche de l’embouchure et du pertuis de Maumusson, bras de mer entre le continent et l’île d’Oléron [67]. Le correspondant des Chaurand à La Tremblade, est Hérault l’aîné. D’autre part, les vins reçus à la consignation des Chaurand viennent du Bordelais. Les relations entre Bordeaux et Nantes se sont nouées de façon précoce dès le milieu du Moyen Âge, faisant que les échanges entre les deux cités portuaires sont traditionnellement intenses [68]. Les Chaurand, en entretenant des relations régulières avec les négociants de Bordeaux, ne font donc pas preuve d’originalité. Mais quelle est la nature de ces relations : avec qui sont-elles nouées et dans quel but ? Bordeaux joue également un rôle important dans la redistribution des denrées coloniales vers le marché du Nord, nous ne sommes pas sans savoir que le port de Bordeaux est mieux loti que Nantes pour ce qui concerne la redistribution [69]. Ceci peut expliquer l’importance des relations avec Bordeaux.
19 Les relations bordelaises ne sont pas continues sur la période. Lorsqu’une correspondance disparaît, par exemple celle avec Lafargue, une autre la remplace immédiatement : celle qui s’établit avec Seguineau. Cette instabilité relationnelle n’est pas rare au sein des réseaux commerciaux négociants. Les changements d’interlocuteurs, qu’ils soient commissionnaires ou fournisseurs, sont dus à la difficulté d’entretenir des relations fidèles avec des personnes éloignées et en charge d’intérêts importants [70].
Les principaux correspondants bordelais des frères Chaurand (1775-1793)
Noms des négociants | Dates butoirs de la correspondance | Nombre de lettres envoyées |
Lafargue | 1775-1786 | 421 |
Seur | 1779-1788 | 91 |
Touya [71] | 1779-1788 | 63 |
Delorthe | 1779-1793 | 120 |
Gradis et fils | 1781-1793 | 125 |
Baour et Cie [72] | 1782-1793 | 58 |
Cochon, Troplong et Cie [73] | 1782-1791 | 110 |
Seguineau père | 1784-1793 | 200 |
Le Mesle, Oursel, Isambert et Cie | 1786-1793 | 144 |
TOTAL | 1 332 |
Les principaux correspondants bordelais des frères Chaurand (1775-1793)
20 On constate que les Chaurand entretiennent une correspondance importante avec des négociants qui sont également des grands armateurs de la place, tels Lafargue, Seur, Touya, Baour, Delorthe, Cochon, Troplong et Cie, et Le Mesle et Oursel. Même si nous n’avons fait figurer que les principaux interlocuteurs bordelais des Chaurand, ces derniers s’adressent également, de façon moins suivie certes, à d’autres figures du négoce bordelais, comme Bonnaffé ou encore Corbun. Tous ces personnages figurent parmi les plus importants négriers bordelais [74], mais également parmi les Bordelais les plus impliqués dans le trafic indien [75]. Comme les Nantais se désintéressant globalement de l’Océan indien, les frères Chaurand cherchent peut-être à investir dans ce trafic par le biais des armateurs girondins. Le négociant et raffineur François Lafargue est l’interlocuteur bordelais privilégié des Chaurand durant les dix premières années de leur activité [76]. Il reçoit des Chaurand en moyenne plus de 35 lettres par an de 1775 à 1786 [77]. La cessation de correspondance entre les deux parties n’est pas explicable, peut-être est-ce dû à la mort de Lafargue, ou tout simplement à la volonté des Chaurand de cesser toute relation avec cet homme. En effet en novembre 1785, Lafargue, qui semble acculé, écrit « outre l’amitié qui nous lie, nos liaisons d’intérêts exigent que votre confiance en moi soit et paraisse toujours la même » [78]. A-t-il des raisons de douter de cette confiance ? Nous ne possédons que peu d’éléments sur Lafargue, si ce n’est qu’il arme quelques vaisseaux pour le commerce indien et que c’est à ce titre que les Chaurand entretiennent avec lui une correspondance assez développée. Lafargue se rend fréquemment à Lorient pour veiller au déchargement de ses navires venus de l’Inde. Il explique aux Chaurand que sa présence est nécessaire au désarmement : « je ferai à coup sûr mieux que quelque commissionnaire que ce puisse être et dans lesquels ni eux ni mon neveu ne pourraient avoir mon caractère » [79]. En 1785 par exemple, on apprend que les frères Chaurand ont fait passer à Lafargue, présent à Lorient pour le désarmement de son navire Le Pondichéry, 5 sacs et 200 louis d’or qui ont été remis à la messagerie à son intention. Ces fonds sont destinés au paiement de la solde des officiers que Lafargue veut régler en numéraire [80]. Les Chaurand ont pris un intérêt sur ce navire bordelais ; le sieur Lafargue relate aussi des faits concernant un autre de ses navires, La Constance, sur lequel les Chaurand semblent avoir également misé des fonds [81]. Ainsi, les principaux liens d’affaires qui unissent les Nantais à ce Bordelais, concernent le commerce avec l’océan Indien.
21 Parmi les autres Bordelais proches des Chaurand, se trouve la société David Gradis et fils, surtout à partir des années 1780. La famille Gradis est une famille d’origine juive portugaise, présente dans le sud-ouest de la France à la fin du XVIe siècle. David Gradis fonde en 1696 une maison de commerce spécialisée dans les vins, spiritueux et toiles, qui prend le nom de David Gradis et fils en 1728, nom qu’elle conserve jusqu’au XXe siècle. La maison Gradis abandonne progressivement les toiles, développant le commerce de vins et spiritueux, et s’insère dans le commerce colonial au cours des années 1740. Elle oriente son trafic vers la Hollande et l’Angleterre, et établit également des comptoirs à Saint-Domingue et à la Martinique [82]. C’est Abraham, le fils de David qui prend la suite de son père jusqu’en 1780 ; mais, mort sans postérité, c’est son neveu David II Gradis qui reprend l’affaire. C’est donc avec lui que les Chaurand entretiennent des relations [83]. La maison Gradis est l’une des plus puissantes de Bordeaux, elle fournit aux Chaurand un appui considérable, en assurant à la fois une fonction de fournisseur de produits locaux, tels le vin et l’eau-de-vie, et une fonction de transit ou de relais pour l’approvisionnement de Nantes en denrées méditerranéennes. Les savons de Marseille sont généralement expédiés via le canal du Languedoc jusqu’à Bordeaux, d’où le sieur Gradis les envoie à Nantes par barque à la consignation et pour le compte de Chaurand [84].
22 Bordeaux est réellement la porte de l’Aquitaine ; les négociants bordelais sont en constante relation avec les marchands de l’Agenais, du Quercy ou du Périgord, ce qui donne toute son unité à la région. Les Nantais ne possèdent pas un hinterland aussi riche et diversifié que celui de Bordeaux ; alors, pour se fournir en denrées à exporter, ils doivent passer par les intermédiaires bordelais. Chaurand reçoit des prunes, des vins. Lincoln reçoit des vins et des eaux-de-vie expédiés par Feger, Gramont et Cie, – également interlocuteur de Louis Drouin [85] –, en grande quantité dans le cadre de ses armements maritimes [86].
23 La nature des rapports avec Seguineau père semble correspondre avec celle que les Chaurand entretiennent avec ses fils, la société Seguineau frères [87], établie au Port-au-Prince. Ces derniers sont en charge des marchandises chargées à fret pour les Chaurand, mais également de la vente des captifs de leurs navires négriers à partir de la fin des années 1780.
LE POURTOUR MÉDITERRANÉEN : TRANSIT PAR LE CANAL DU MIDI
24 Nous constatons l’établissement d’une seule relation suivie à Marseille : il s’agit de celle avec le négociant armateur Joseph Angleys. Les échanges avec ce dernier sont intenses de 1775 à 1786, puis plus confidentiels jusqu’à la Révolution. Les autres personnes avec lesquelles les Chaurand communiquent à Marseille de façon plus sporadique se trouvent être les Billon, les sociétés Charet fils, Morel et Node, Nodet et Cie, mais également Barnabé Bernard, Fodere, Martin fils ou Abeille. À Marseille, la correspondance est très éclatée entre une multitude de correspondants, ce que nous ne trouvons pas pour Bordeaux, par exemple. L’origine provençale des Chaurand est vraisemblablement une explication logique à ces multiples contacts. Il est possible que les Chaurand n’aient pas recours aux intermédiaires négociants locaux, et qu’ils se fournissent directement auprès des fournisseurs. Les Chaurand sont effectivement en relation avec la maison Boucherie, Lutkens et Cie, célèbre pour sa fabrication de savon cuit [88]. Marseille, porte du Levant, fournit en effet les Chaurand en savons et en huiles. Les huiles sont généralement expédiées par voie d’eau intérieure, par le canal du Languedoc principalement, jusqu’à Bordeaux, d’où un négociant local se charge de les faire envoyer à Nantes. Un autre point intéressant est la baisse que connaît la fréquence épistolaire pour Marseille à partir de 1786 : plus des deux tiers des courriers y sont expédiés avant cette date.
25 Grâce à ces divers exemples, il est possible de comprendre plus concrètement la nature de l’activité de commissionnaire d’achat. Les négociants sont en relation avec des fournisseurs de l’arrière-pays, qui leur permettent soit de composer des cargaisons destinées aux Antilles, comme pour les Chaurand, soit de fournir les pays du Nord en denrées spécifiques comme le vin. Dans le cadre de notre étude, il est fort probable que le profil de Guillaume Bouteiller et de Louis Drouin rejoigne celui des frères Chaurand. En tant que grands armateurs, ils se sont vraisemblablement spécialisés dans la commission d’achat de produits destinés à remplir les cales de leurs navires destinés au long cours. Deurbroucq et Lincoln se distinguent quant à eux par leur fort attachement au marché du Nord. Alors que d’autres négociants privilégient les approvisionnements nationaux, ils n’hésitent pas à nouer des relations avec les fournisseurs hollandais ou allemands, vraisemblablement pour leur vendre en retour les denrées coloniales qu’ils achètent auprès des gros importateurs comme Chaurand, Bouteiller et Drouin.
26 Cette approche du réseau relationnel des négociants nantais via les marchandises d’approvisionnement nous permet de mettre en avant quelques points. Tout d’abord, l’importance de l’Ouest toilier permet de nuancer la vision traditionnelle de l’hinterland nantais par comparaison avec l’hinterland bordelais. Nantes exporte en effet des produits manufacturés à la valeur ajoutée supérieure aux produits primaires aquitains – farines, vins. Si Nantes est pionnière et arme massivement vers la traite, c’est parce qu’elle peut exporter ces toiles sur le marché africain, où elles sont le produit le plus demandé. Ensuite, en s’appuyant sur l’exemple des frères Chaurand, on constate que les personnes avec lesquelles le négociant entretient le plus de relations sont d’abord les banquiers parisiens, puis des personnes issues du même milieu socioprofessionnel qu’eux : des armateurs et négociants des grandes places portuaires françaises. Les contacts avec les fournisseurs eux-mêmes paraissent ainsi plus secondaires, les négociants n’entrent pas en contact directement avec eux, mais passent par des intermédiaires, les négociants locaux. Dans le cas des Chaurand, cela est manifestement vérifié pour La Rochelle ou Bordeaux. La teneur de la correspondance met effectivement en avant les grands noms du négoce de ces cités portuaires. En effet, les Chaurand ont établi des relations durables avec des négociants de ces ports, car les liens d’amitié et d’affaires supposent des échanges et des services réciproques. Néanmoins les relations avec la cité phocéenne semblent d’une autre nature. Il apparaît qu’en cette place, les Chaurand tissent des liens directement avec les fournisseurs, car les grands noms du négoce marseillais ne se distinguent pas particulièrement. Seul Joseph Angleys entretient une relation poussée avec les Chaurand jusqu’en 1786. Par la suite, ces derniers ne paraissent pas disposer sur place de contact particulier, privilégié. Cette particularité reste vraisemblablement liée aux Chaurand, originaires de Provence.
27 Les négociants des grandes cités portuaires au XVIIIe siècle développent de multiples compétences tant en matière économique, juridique ou commerciale que dans le domaine des relations humaines, essentielles à l’efficacité des réseaux commerciaux. Mais le caractère multiforme du commerce et la multiplicité des intermédiaires rendent difficile l’analyse des pratiques professionnelles des négociants. Néanmoins, ce sont ces pratiques que nous avons voulu éclaircir en privilégiant l’analyse des circuits de marchandises et des individus par lesquels elles transitent.
Notes
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[1]
. « Il peut paraître paradoxal de qualifier l’économie d’Ancien Régime ‘‘d’économie de la circulation’’ alors que les témoignages des contemporains et bon nombre de travaux historiques mettent plutôt l’accent sur le défaut de circulation des produits ou de l’argent, sur la part encore importante quoi que difficilement mesurable de l’autoconsommation [...]. Pourtant c’est bien en ces termes qu’elle a été pensée », Dominique Margairaz, « L’économie d’Ancien Régime comme économie de la circulation », dans Denis Woronoff (sous la direction de), La circulation des marchandises dans la France de l’Ancien Régime, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1998, p. 1.
-
[2]
Le négociant prend en général une commission de 2 % sur le montant de la vente qu’il effectue pour son commettant. Pour ce qui concerne les frais de magasinage, l’entrepôt de marchandises dans les magasins Chaurand coûte en moyenne 28 livres par mois dans les années 1780, Archives départementales de Loire-Atlantique (désormais AD44), 101 J 37, marchandises entrées dans les magasins de 1784 à 1790.
-
[3]
L’étude des relations épistolaires entretenues par les négociants nantais, et notamment les frères Chaurand, a montré que ces derniers étaient en contact avec un nombre important de correspondants, dont la majeure partie, presque la moitié finalement, étaient des Parisiens. Voir Laure Pineau-Defois, Les grands négociants nantais du dernier tiers du XVIIIe siècle. Capital hérité et esprit d’entreprise (fin XVIIe-début XIXe siècles), thèse de doctorat en histoire, université de Nantes, 2008, p. 288 et suivantes.
-
[4]
Les relations avec ces banquiers se trouvent être somme toute banales, puisqu’ils reçoivent des remises ou des traites dont ils créditent ou débitent le compte selon la nature de l’effet. Le crédit joue en effet un rôle important dans le métier de négociant et, sans l’argent parisien, ce dernier se trouverait limité dans la pratique de son activité.
-
[5]
Pierre Léon (sous la direction de), Aires et structures du commerce français au XVIIIe siècle, Colloque national de l’Association française des historiens économistes (4-6 octobre 1973), Lyon, Centre d’histoire économique et sociale de la région lyonnaise, 1975 ; Bernard Lepetit, Chemins de terre et voies d’eau. Réseaux de transport et organisation de l’espace. 1740-1840, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1984. Voir également Gérard Le Bouëdec, Les approvisionnements de la Compagnie des Indes (1737-1770), thèse de doctorat d’histoire, université de Paris IV Sorbonne, 1982.
-
[6]
Les familles Bouteiller, Chaurand, Drouin, Deurbroucq et Lincoln ont servi de support à notre étude portant sur les pratiques commerciales dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, voir Laure Pineau-Defois, Les grands négociants nantais..., op. cit. Les actes notariés, comme les procès verbaux de marchandises, les déclarations, les constats d’avaries, apportent des éclaircissements quant aux zones d’approvisionnement des négociants ; le paiement des droits sur les marchandises en transit également.
-
[7]
Charles Carrière, Négociants marseillais au XVIIIe siècle : contribution à l’étude des économies maritimes, Marseille, Institut historique de Provence, 1973, p. 238. Au XVIIIe siècle la volonté de discrimination s’exprime par un nom nouveau, celui de négociant. « La confusion n’est pas possible : les négociants sont ceux qui tiennent le monde du grand commerce. »
-
[8]
Dans la cité malouine par exemple, la société urbaine est fortement hiérarchisée et l’on assiste à des écarts de fortune considérables. Les plus grandes fortunes, comme celle des Magon ou des Baude, trouvent leur source dans le commerce maritime et l’activité négociante. Malgré tout, la richesse n’est pas un critère qui suffit à qualifier socialement cette ploutocratie. André Lespagnol, « Négociants et Ancien Régime en Bretagne à la fin du XVIIIe siècle : le cas malouin », La Bretagne, une province à l’aube de la Révolution, Actes du colloque de Brest, Brest/Quimper, Centre de recherche bretonne et celtique/Société archéologique du Finistère, 1988.
-
[9]
Jean Meyer, L’armement nantais dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Paris, Les réimpressions des éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1999, p. 183.
-
[10]
Jean-Philippe Priotti, « Individus, familles, groupes : pratiques marchandes et pouvoirs politiques (XVe-XVIIIe siècles) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 112, no 4, 2005, p. 121 .
-
[11]
. Yves Durand, « Nantes de la Renaissance à la Révolution », dans Paul Bois (sous la direction de), Histoire de Nantes, Toulouse, Privat, 1977, p. 177. L’auteur indique par ailleurs qu’entre 1783 et 1787, seulement 21 , 6 % des hommes et 38,5 % des femmes habitant Nantes lors de leur mariage sont nés dans la ville.
-
[12]
Guy Saupin, Les villes en France à l’époque moderne, Paris, Belin, 2002, p. 18.
-
[13]
Jean-Michel Deveau, Le commerce rochelais face à la Révolution. Correspondance de Jean-Baptiste Nairac (1789-1790), La Rochelle, Rumeur des Âges, 1989, p. 20.
-
[14]
Paul Butel, Les négociants bordelais, l’Europe et les îles au XVIIIe siècle, Paris, Aubier, 1974 ; Charles Carrière, Négociants marseillais..., op. cit. ; Éric Saunier et John Barzman, Migrants dans une ville portuaire, Le Havre (XVIe-XXe siècle), Rouen, Publications des universités de Rouen et du Havre, 2005. Sur cette problématique des dynamiques urbaines, voir également Guy Saupin (sous la direction de), Villes atlantiques dans l’Europe occidentale du Moyen Âge au XXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006.
-
[15]
Jean-Michel Deveau, Le commerce rochelais..., op. cit., p. 28.
-
[16]
André Lespagnol, Messieurs de Saint-Malo, une élite négociante au temps de Louis XIV, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1997.
-
[17]
Voir Archives municipales de Nantes (désormais AMN), II 144, pièces relatives au négoce de marchandises des Deurbroucq ; AD44, 1 J 169, droits sur les marchandises et quittances d’entrées de marchandises à consignation des Deurbroucq.
-
[18]
Anne Conchon, « Péages et circulation marchande au XVIIIe siècle », dans Denis Woronoff (sous la direction de), La circulation des marchandises dans la France de l’Ancien Régime, Paris, Éditions du CNRS, 1998, p. 145-162.
-
[19]
Élizabeth Rogani, Les traites entre la Bretagne et le royaume de France de 1664 à 1791 , mémoire de DEA d’histoire, université de Rennes 2, 1996, p. 110.
-
[20]
Emmanuel Brouard, « La navigation en Loire au XVIIIe siècle vue à travers les procès verbaux d’avaries », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 112, 2005, no 3, p. 37-69.
-
[21]
. À la veille de la Révolution, 27 millions d’hectolitres de vin sont récoltés sur 1 , 6 millions d’hectares, Gérard Béaur, Philippe Minard et Alexandra Laclau (sous la direction de), Atlas de la Révolution française, t. 10 : Économie, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1997, p. 66.
-
[22]
AMN, II 144, pièce no 15.
-
[23]
Louis Drouin fait venir de Mortagne-au-Perche 16 balles de toiles envoyées par le sieur Dugué dudit lieu. Ces dernières sont transportées par charrette jusqu’à Angers et, de là, par voie d’eau à Nantes. C’est lors de ce transport sur la Loire que les marchandises ont été abîmées. « Une grande partie était mouillée et même plusieurs pièces en totalité, ce qui pourrait occasionner une perte conséquente surtout si elles n’étaient pas promptement bonifiées », AD44, 4 E2/955, notaire Girard de La Canterie, acte du 15 octobre 1787, verbal de toiles pour Louis Drouin.
-
[24]
Les actes notariés nous permettent d’appréhender également l’activité de négociants comme Bouteiller, Drouin ou Lincoln, pour lesquels la documentation privée est inexistante. À ce propos, nous savons que Bouteiller a expédié pour le Cap en 1768 des balles de toile de Cholet à la consignation de Foucher. Le navire ayant péri, une seule balle a pu être sauvée et vendue à l’Amirauté du Cap pour 1 305 livres coloniales, AD44, 4 E 2/531 , notaire Coiscaud, acte du 6 mars 1768.
-
[25]
L’industrie textile est fort bien implantée dans les régions de l’Ouest de la France, notamment dans le Bas-Maine. Dès le XVe siècle, le Bas-Maine entre dans un vaste réseau d’échanges grâce au commerce de ses toiles. Vers 1480, les Espagnols viennent s’approvisionner directement chez les fabricants et lavandiers de Laval, connus sans doute par l’intermédiaire des Malouins et des Nantais. Au XVIIIe siècle, les négociants lavallois ne sont qu’une soixantaine, mais ils participent de plus en plus aux réseaux d’affaires internationaux. Au début du XVIIIe siècle, ils sont actifs dans le trafic interlope vers les colonies espagnoles par l’entremise des marchands de Saint-Malo. Puis avec le développement des colonies aux Indes occidentales, les relations s’approfondissent avec des ports comme Nantes ou Bordeaux. Voir des études locales comme Jocelyne Dloussky, Vive la toile, économie et société à Laval au XVIIIe siècle, Mayenne, Yves Floch, 1990 ; Frédérique Pitou, Laval au XVIIIe siècle : marchands, artisans, ouvriers dans une ville textile, Laval, Société d’archéologie et d’histoire de la Mayenne, 1995.
-
[26]
Le Perche, rattaché à la Normandie qui est l’une des régions les plus industrialisées du Royaume au XVIIIe siècle, connaît un secteur textile intense et diversifié. 80 % de la production est exportée vers les colonies au début de la guerre de Sept Ans, 90% en 1776 et en 1789, Claude Cailly, Mutations d’un espace proto-industriel : le Perche aux XVIIIe-XIXe siècles, Ceton, Fédération des amis du Perche, 1993.
-
[27]
Michel Mollat (sous la direction de), Histoire de Rouen, Toulouse, Privat, 1979. Voir notamment le chapitre IX, « Un dynamisme raisonnable, dimensions, évolutions (1640-1790) », p. 205- 241 .
-
[28]
Voir Annie Antoine (sous la direction de), Les activités textiles dans l’Ouest, XVIe-XIXe siècles, no spécial des Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 107, no 2, 2000 ; Jean Martin et Alain Le Noac’h, Toiles de Bretagne, la manufacture de Quintin, Uzel et Loudéac 1670-1830, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998, p. 21 et, pour le rôle de Nantes dans le commerce des toiles au XVe siècle, Henri Touchard, Le commerce maritime français à la fin du Moyen Âge, Paris, Les Belles Lettres, 1967, p. 394-395.
-
[29]
AD44, 101 J 79, lettre du 26 décembre 1784 rédigée par Le Bouvier de Rouen aux frères Chaurand, lettre du 30 avril 1785, « je note votre commande de pièces de toiles blanches et bleues ».
-
[30]
Toiles de fil et de coton à raies de diverses couleurs, qui imitent les étoffes fabriquées au Siam.
-
[31]
. AD44, 101 J 79, lettre du 5 février 1785 rédigée par Le Bouvier de Rouen aux frères Chaurand.
-
[32]
Ibid., lettre d’août 1785.
-
[33]
Ibid., lettre du 2 mars 1784, « Messieurs, j’ai l’honneur de vous remettre ci-joint facture d’une balle que je vous ai expédié par votre navire commandé par le capitaine Guyot » ; lettre du 12 mars 1784, « il est plus avantageux d’assurer sur Rouen qu’à Nantes. Nos chambres d’assurances sont très solides, d’ailleurs en cas de perte elles remboursent la totalité de la somme assurée au lieu qu’à Nantes on ne reçoit que 97% ». L’on apprend que Le Bouvier remplit lui-même le rôle d’assureur, pour « une commission d’un quart pour cent ». Il assure les balles placées sur L’Alexandrine et L’Aimable Aline. Le montant des deux assurances se monte à 8 836 livres pour les Chaurand, somme dont Le Bouvier les débite, lettre du 16 avril 1785.
-
[34]
Riedy et Thurninger de Nantes, spécialisés dans la commission et le négoce, disposent également d’un contact au Havre, par l’intermédiaire de Georges Thurninger et Cie, société en commandite créée en 1783 par eux et Paul Sellonf (Pierre Dardel, Commerce, industrie..., op. cit., p. 182).
-
[35]
AD44, 101 J 79, lettre du 19 février 1785.
-
[36]
Rappelons toutefois que la croissance de Bordeaux amène la capitale de la Guyenne à un meilleur niveau que Nantes avec des échanges portés en majorité sur la droiture.
-
[37]
AMN, II 144, pièce no 25, le 25 janvier 1780, Deurbroucq reçoit un ballot de toile blanche de Laval, pour « les îles du Vent ».
-
[38]
Ce trafic des toiles semble stopper dans les années 1780, et l’explication est toute trouvée : Deurbroucq cesse tout trafic avec les Antilles à partir de 1785.
-
[39]
Olivier Pétré-Grenouilleau, Les négoces maritimes français (XVIIe-XXe siècles), Paris, Belin, 1997, p. 125.
-
[40]
AD44, 101 J 79, lettre du 3 mai 1775 rédigée par Treffouet et fils, de Bernay, aux Chaurand. Ils tiennent un magasin de toiles à Bernay, appelé Cretonnes, et envoient leurs prix aux Chaurand ; 101 J 80, lettre du 25 septembre 1789 rédigée par Horyn La Violette de Courtrai aux Chaurand. « Je suis très bien assorti en toiles d’une qualité parfaite et d’un superbe blanc, j’ai en linge de table tout ce que la fabrique peut fournir, vous ne pourrez jamais choisir moment plus favorable pour être servi en fleur de marchandise, d’ailleurs je reçois des lettres de mes amis qui m’annoncent que les affaires commencent à reprendre vigueur. Favorisez-moi de quelques ordres et soyez bien persuadés que je les remplirais de manière à vous engager de me les renouveler : je connais l’apprêt pour les îles, remplissant très souvent des mémoires pour l’Amérique ».
-
[41]
. De 1749 à 1764, environ 35 % des acheteurs à Lorient sont d’origine nantaise, Louis Dermigny, La Chine et l’Occident. Le commerce de Canton au XVIIIe siècle, Paris, SEVPEN, 1964, t. 2, p. 564.
-
[42]
Philippe Haudrère, La Compagnie française des Indes au XVIIIe siècle (1719-1795), Paris, Les Indes Savantes, 2005, t. 1 , p. 308-312.
-
[43]
Ibid., t. 2, p. 844.
-
[44]
Nathalie Sannier, Le négoce nantais et l’Océan indien de 1769 à 1782, mémoire de maîtrise d’histoire, université de Nantes, 1995, p. 18.
-
[45]
AMN, II 144, pièce no 22, direction de Lorient, laissez-passer de marchandises que le sieur Bonnet déclare envoyer à Deurbroucq le 2 juillet 1775 : « Un quart de thé pour 152 livres net pour 34 livres prix de cette ville », pièce no 23, Lorient, le 15 juillet 1779, Bonnet envoie par voie de terre à Deurbroucq un quart de caisse de thé emballé et cordé.
-
[46]
AD44, 101 J 79, lettres des 5 et 12 septembre et 21 octobre 1785 rédigées par La Potaire et Vallée de Lorient. Ils envoient aux Chaurand le bulletin des achats de thé, de goudron et de riz effectués pour eux.
-
[47]
Louis Dermigny, La Chine et l’Occident..., op. cit., p. 593.
-
[48]
AD44, 175 J 16, correspondance entre Mme Galbaud du Fort et Dominique Deurbroucq.
-
[49]
AD44, 1 J 681 , documents sur Lincoln. Les cauris sont de petits coquillages oblongs de couleur blanche, originaires des Maldives et des Philippines, servant d’unités monétaires sur la côte d’Afrique.
-
[50]
De 1775 à 1793, 950 lettres sont expédiées à La Rochelle.
-
[51]
. 403 lettres sur 950 sont adressées à Carayon fils.
-
[52]
Jean-Michel Deveau, Le commerce rochelais face à la Révolution. Correspondance de Jean-Baptiste Nairac (1789-1790), La Rochelle, Rumeur des âges, 1989, p. 20. Carayon fait faillite pour 1 million de livres en 1789.
-
[53]
John G. Clark, « Marine Insurance in Eighteenth-Century La Rochelle », French Historical Studies, vol. 10, no 4, automne 1978, p. 572-598 ; Daniel Garesché, malgré sa faillite, dispose de nombreux biens, puisque « quand il suspendit ses paiements en 1792, il avait, passif déduit, encore plus de 2 000 000 de livres », Marcel Delafosse, « Le solide XVIIe et le brillant XVIIIe siècle », dans Marcel Delafosse (sous la direction de), Histoire de La Rochelle, Toulouse, Privat, 2002, p. 190.
-
[54]
Albane Forestier, Principal-Agent problems in the French slave trade : the case of Rochelais armateurs and their agents, 1763-1792, Departement of Economics History, London school of Economics, 2005, disponible en ligne, http://www.lse.ac.uk/collections/economicHistory/GEHN/ GEHNworkingPapers.htm ; Florence-Marie Boulery-Nénic, Contribution à l’étude des structures sociales, l’élite bourgeoise protestante, mémoire de maîtrise d’histoire, université de La Rochelle, 1997, p. 22.
-
[55]
Jean-Michel Deveau, Le commerce rochelais..., op. cit., p. 59.
-
[56]
Mickaël Augeron et Didier Poton, « La Rochelle, port canadien : le négoce protestant et la Nouvelle-France », dans Philippe Joutard et Thomas Wien (sous la direction de), Mémoires de Nouvelle-France. De France en Nouvelle-France, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 108.
-
[57]
AD44, 4 E 18/44, notaire Lambert, acte du 25 août 1788, Deurbroucq et fils reçoivent de Dunkerque par Les Trois Amis, 45 balles de lin ; 4 E 2/1150, notaire Jalaber, acte du 29 août 1792, ils reçoivent 26 balles de lin de Calais par voie d’eau.
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[58]
Espèce de toile de lin très blanche.
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[59]
AD44, 4 E2/954, notaire Girard de la Canterie, acte du 13 juillet 1786, Lincoln reçoit 16 caisses de toile platille, envoyées de Hambourg, contenant 3 200 pièces ; ibid., C 902, Lincoln achète des toiles et du chanvre de Russie par l’intermédiaire d’Odiette de la Bauche, négociant nantais originaire des Provinces-Unies, lettre du 16 mars 1772 d’Odiette à Lincoln.
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[60]
AD44, 1 J 681 , comptes d’armements de La Musette et du Saturne, armés par Lincoln en 1786 et 1789. « 3 200 pièces de platilles venues de Hambourg, avec les frais, reviennent à 32 264 livres ».
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[61]
. AD44, 4 E2/780, notaire Fouquereaux, acte du 31 octobre 1781 , procès verbal par Dominique Deurbroucq et fils. Il est arrivé « entre autres choses », à la consignation des Deurbroucq, 22 pièces et 10 pipes d’huile de rabette de l’envoi de Connelly et fils, de Dunkerque.
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[62]
AD44, 4 E2/952, notaire Girard de la Canterie, acte du 27 juillet 1784, 200 barriques de bière chargées sur L’Harmonie, armateur Lincoln, à Rotterdam.
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[63]
AD44, 1 J 269, papiers entrés par voie extraordinaires.
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[64]
AD44, 1 J 681 , compte d’armement de La Musette de Lincoln. « À Messieurs Dominique Deurbroucq et Fils, pour quatorze mille cent soixante quatre livres net de chanvre, à 34 livres le cent, de première qualité soit 4 815 livres 15 sous ».
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[65]
AD44, 101 J 26 à 28, livres d’armement et de désarmement des navires Chaurand.
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[66]
Gérard Béaur, Philippe Minard et Alexandra Laclau, Atlas de la Révolution..., op. cit., p. 66.
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[67]
Thierry Sauzeau, Les gens de mer de la Seudre (milieu XVIIIe-milieu XIXe siècles). Suivi de trois cohortes de marins du quartier de Marennes inscrits entre 1760 et 1825, thèse de doctorat en histoire, université de Poitiers, 2002.
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[68]
C’est autour du vin que s’est nouée la relation première entre Bordeaux, Nantes et la Bretagne. Les Bretons dominent « la route du vin » entre Bordeaux et le marché des Pays-Bas au XVe siècle. Aux Temps modernes, c’est également en véritable partenaire commercial de Bordeaux que s’affirme la Bretagne : elle reste un marché majeur pour les vins, mais on voit également un système d’échanges réciproques se mettre en place. Le blé breton, destiné au marché ibérique tout comme le blé aquitain, est un appoint pour le grenier bordelais ; les poissons bretons arrivent en nombre à Bordeaux, avec notamment la morue et la sardine ; enfin, les toiles de Bretagne connaissent dans le port aquitain une véritable percée avec la demande croissante du marché antillais, André Lespagnol, « Bordeaux et la Bretagne : une relation particulière », dans Silvia Marzagalli et Hubert Bonin (sous la direction de), Négoces, ports et océans, XVIe-XXe siècles, Mélanges offerts à Paul Butel, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2000, p. 155-156.
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[69]
Paul Butel, Les négociants bordelais, l’Europe et les îles au XVIIIe siècle, Paris, Aubier, 1974, carte no 13 sur les réexportations bordelaises en Europe.
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[70]
Le réseau commercial d’Étienne d’Angosse, propriétaire viticulteur béarnais du milieu du XVIIIe siècle, indique clairement cette instabilité chronique des commissionnaires en charge de la commercialisation de ses vins, Anne Wegener-Sleeswijk, « La relation problématique entre principal et agent dans la commission : l’exemple de l’exportation des vins vers les Provinces-Unies au XVIIIe siècle », dans Silvia Marzagalli et Hubert Bonin (sous la direction de), Négoce, ports..., op. cit., p. 32.
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[71]
Négociant bordelais, ami de François Lafargue et oncle de Mosneron Dupin de Nantes, AD44, 101 J 79, lettre de Lafargue aux Chaurand du 22 novembre 1785.
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[72]
Négociants armateurs bordelais d’origine protestante, 58 armements de 1718 à 1790, Paul Butel, Les négociants bordelais..., op. cit.
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[73]
Négociants armateurs bordelais d’origine catholique, 46 armements de 1770 à 1790, Ibidem.
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[74]
Jean Cavignac, « Étude statistique sur la traite négrière à Bordeaux au XVIIIe siècle », dans Serge Daget, De la traite à l’esclavage du XVIIIe au XXe siècle, Nantes/Paris, Centre de recherche sur l’histoire du monde atlantique/Société française d’histoire d’outre mer, 1985, p. 377-394. Il a dressé la liste des 25 plus grands négriers bordelais à la fin du XVIIIe siècle : Paul Nairac et fils, 24 navires négriers, Laffon de Ladébat 13, Jean Dommenget fils 11 , Ladurantie, J. Delorthe, Sageran et Gaultier 10, Isaac Couturier, Jean Senat 9, Cabarrus 8, Jean Marchas, Laffon aîné, Testard et Gachet, Durand Doumerc, Baux, Balguerie et Cie, Romberg et Bapst 6, Baour Wirtz et Cie, Corbun, Delzollies, Lagrange, Veuve Jean Duffour et fils, Rocaute de Bussac, David Gradis et fils, Jean Quin, Mathurin Vincent 5. Voir également Éric Saugera, Bordeaux, port négrier XVIIe-XIXe siècle, Paris, Karthala, 1995.
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[75]
Si Bordeaux se désintéresse dans un premier temps du commerce indien, ce port devient dès après la guerre d’Indépendance américaine, la première place française à expédier des navires en Orient. Parmi les plus grands armateurs bordelais pour l’océan Indien, on trouve Corbun, Cochon et Troplong, Philippe Haudrère, « Naissance d’un trafic : les armateurs bordelais et le commerce ‘‘au-delà du Cap de Bonne-Espérance’’ », 1769-1792, dans Silvia Marzagalli et Hubert Bonin (sous la direction de), Négoces, ports..., op. cit., p. 301 .
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[76]
Lafargue fait partie du groupe « des raffineurs », ceux qui détiennent la plus grande richesse parmi les négociants bordelais, au même titre que Nairac et fils et Baour, Paul Butel, Les négociants bordelais..., op. cit., p. 286 ; Philippe Gardey, Négociants et marchands de Bordeaux de la guerre d’Amérique à la Restauration (1780-1830), thèse de doctorat en histoire, université Paris IV Sorbonne, 2006.
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[77]
AD44, 101 J 9 à 25, copies de lettres à l’Europe, 421 lettres envoyées à Lafargue en 12 années de correspondance. Nous avons également à notre disposition quelques lettres adressées en retour par Lafargue aux Chaurand, AD44, 101 J 79, correspondance de François Lafargue de Bordeaux.
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[78]
Ibid., lettre du 23 décembre 1785.
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[79]
AD44, 101 J 79, lettre adressée aux Chaurand par Lafargue, le 19 septembre 1785, présent à Lorient.
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[80]
Ibid., lettre de Lafargue du 9 septembre 1785.
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[81]
. Ibid., lettre de Lafargue du 7 octobre 1785.
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[82]
AN, 181 AQ 1-156, Magali Lacousse et Christine Nougaret, Répertoire numérique détaillé du fonds Gradis, Paris, Archives nationales, 2006 ; voir également, Paul Butel, Les négociants bordelais..., op. cit. ; Jean Cavignac, Les Israélites bordelais de 1780 à 1850, Paris, Publisud, 1991 ; Jean Schwob d’Héricourt, La maison Gradis de Bordeaux et ses chefs, Argenteuil, 1975.
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[83]
David II Gradis est aussi un homme de lettres. Il se livre à la réflexion philosophique et politique et publie notamment des écrits tels que L’essai de philosophie rationnelle en 1811. En 1785, Malesherbes le choisit pour présider la commission chargée d’examiner le statut des Juifs en France. Membre du Conseil général de la commune de Bordeaux, il est aussi président du consistoire israélite de la ville.
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[84]
AD44, 101 J 38, compte de vente du 8 septembre 1778 de 50 caisses de savon marbré envoyées par Trophe, de Marseille, par la « voie du canal du Languedoc », jusqu’à Bordeaux.
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[85]
Louis Drouin est en charge, à Nantes, de plusieurs intérêts de Feger et Cie de Bordeaux. Cela laisse supposer que les relations entre les deux parties sont actives. Il est donc probable que Louis Drouin se fournisse également auprès de cette société bordelaise. En l’absence de sources à ce sujet pour Louis Drouin, nous ne pouvons qu’émettre des suppositions.
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[86]
AD44, 1 J 681 , comptes d’armements des navires La Musette, Le Saturne, armés par Lincoln en 1786 et 1789. Les barriques de vins pour l’équipage, tant vin rouge que blanc, proviennent de Feger et Cie, ainsi que les eaux-de-vie.
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[87]
Pierre et Louis Seguineau sont négociants à Port-au-Prince. Pierre, électeur de la paroisse de Port-au-Prince, possède des biens évalués à 125 000 livres coloniales en 1785. Il est aussi propriétaire au Fond des Nègres (30 000 livres), à l’Arcahaye et à Saint-Marc (550 000 l.). Membre du Club Massiac (Bordeaux), son frère Louis est également négociant à Port-au-Prince. Voir Louis-Élie Moreau de Saint-Méry, Description topographique physique, civile, politique et historique de la partie française de l’île de Saint-Domingue, nouvelle édition entièrement revue et complétée par Blanche Maurel et Etienne Taillemite, Paris, Société de l’histoire des colonies françaises, Larose, 1958, p. 933-934.
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[88]
AD44, 101 J 11 à 13, copies de lettres à l’Europe, au moins un courrier tous les ans adressé à cette maison, de 1781 à 1786.