Couverture de RHU_020

Article de revue

La Forma Urbis Romae

Bilan de vingt-cinq années de recherches

Pages 133 à 152

Notes

  • [1]
    La valeur est contestée, comme nous le verrons plus loin (p. 165).
  • [2]
    Ce nombre est celui indiqué par le site de l’université de Stanford, mais il convient de le prendre comme un ordre de grandeur.
  • [3]
    Les références complètes sont données dans la bibliographie finale. L’ouvrage republie aussi les autres fragments de plans romains (p. 26-37 et p. 157-200).
  • [4]
    Voir aussi la contribution de Tina Najbjerg et Jennifer Trimble, « The Severan Marble Plan since 1960 », dans Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae. Nuovi frammenti di piante marmoree dallo scavo dei Fori imperiali, Rome, L’Erma di Bretschneider, 2006, p. 75-101 et cf. Philippe Fleury et Sophie Madeleine, « Réalité virtuelle et restitution de la Rome antique », HU, no 18,2007, p. 157-165.
  • [5]
    Riccardo Santangeli Valenzani, « Distruzione e dispersione della Forma Urbis severiana alla luce dei dati archeologici », dans Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae..., op. cit., p. 53.
  • [6]
    Par exemple, les incisions plus épaisses dans le marbre sont rendues dans le dessin par du grisé. Or, vu l’état de conservation de certains fragments, certaines de ces restitutions sont problématiques.
  • [7]
    La dernière vue synthétique (planche XII, hors texte, d’Emilio Rodríguez Almeida, Formae Urbis Antiquae : le mappe marmoree di Roma tra la Repubblica e Settimio Severo, Rome, EFR (CEFR, 305), 2002, reprise dans Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae..., op. cit., fig. 8, p. 88-89) n’était déjà plus à jour lors de sa publication.
  • [8]
    L’actualité bibliographique de la FUM est enregistrée dans l’Année épigraphique, dans les chroniques du Bullettino della Commissione Archeologica Comunale di Roma et dans la bibliographie en ligne du site de Stanford.
  • [9]
    Cf. figure 2 et voir aussi infra n. 14.
  • [10]
    Pour tous les nouveaux fragments, voir la publication collective « Nuovi frammenti dagli scavi del Templum Pacis (1998-2002) », dans Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae..., op. cit., p. 14-26 et Addenda p. 37-39.
  • [11]
    Notons toutefois que ce « vide » diffère de la représentation d’autres jardins : voir infra, p. 163.
  • [12]
    Pour le détail, voir David Koller et Marc Levoy, « Computer-aided Reconstruction and new matches in the Forma Urbis Romae», dans Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae..., op. cit., p. 103-125.
  • [13]
    Tina Najbjerg et Jennifer Trimble, « The Severan Marble Plan... », op. cit., p. 92 et 97 ; pour une défense et illustration de la méthode « traditionnelle », voir Pier Luigi Tucci, « Eight fragments of the Marble Plan of Rome shedding new light on the Transtiberim», Papers of the British School at Rome, no 72,2004, p. 187, et « L’Arx Capitolina : tra mito e realtà », dans Lothar Haselberger et John Humphrey (ed.), Imaging Ancient Rome : Documentation – Visualisation – Imagination, Portsmouth (Rh. I.), JRA (Suppl. ser., 61), 2006, p. 71-73.
  • [14]
    Et non point, pour des raisons pratiques, celle préconisée par l’auteur en 1994. Il faut toutefois remarquer que chacune des 150 plaques de marbre est numérotée de façon légèrement différente et qu’il y a ainsi plusieurs numérotations pour chaque fragment.
  • [15]
    Par exemple les fragments 46 (Adonea) et 35 (Porticus Divorum).
  • [16]
    David Koller, Jennifer Trimble, Tina Najbjerg, Natasha Gelfand et Marc Levoy, « Fragments of the city : Stanford’s Digital Forma Urbis Romae Project », dans Lothar Haselberger et John Humphrey (ed.), Imaging Ancient Rome..., op. cit., p. 245-246.
  • [17]
    Jennifer Trimble et Marc Levoy « The Project », Stanford Digital Forma Urbis Romae Project, http ://formaurbis.stanford.edu/docs/FURproject.html, 15/09/07.
  • [18]
    Gianfilippo Carettoni, Antonio Colini, Lucos Cozza et Gugliemo Gatti, La Pianta Marmorea di Roma antica. Forma Urbis Romae, Rome, Graf. Danesi, 1960, p. 199-210.
  • [19]
    Les fouilles récentes ont invalidé cette hypothèse, en montrant qu’il s’agissait en fait de bassins. Voir Roberto Meneghini, « I Fori Imperiali : ipotesi ricostruttive ed evidenza archeologica », dans Lothar Haselberger et John Humphrey (ed.), Imaging Ancient Rome..., op. cit., p. 158-159.
  • [20]
    Cf. Sophie Madeleine, « Le complexe pompéien du Champ de Mars, une ville dans la Ville », HU, no 17,2006, p. 181-183.
  • [21]
    Je remercie S. Madeleine de m’avoir permis de lire son importante communication avant publication.
  • [22]
    Nous avons repris cette question dans notre mémoire Le plan de marbre sévérien (Forma Urbis Romae) : normes et écarts, rédigé sous la direction de Jean-Pierre Guilhembet et déposé à la bibliothèque Denis Diderot de Lyon.
  • [23]
    David West Reynolds, Forma Urbis Romae. The Severan Marble Plan and the Urban Form of Ancient Rome, PhD, University of Michigan, 1996, p. 131-134.
  • [24]
    Il faut aussi reprendre, dans cette optique, l’analyse exhaustive des mentions écrites du plan : leur hiérarchie, leur lisibilité, leur fonction, leur nature même (voir les problèmes soulevés par la nouvelle interprétation donnée par F. Coarelli dans Il Campo Marzio, Rome, Quasar, 1997, p. 359, de la mention NAVALEMFER, qui ne fait plus de cette dernière l’indication d’un lieu public).
  • [25]
    David West Reynolds, Forma Urbis Romae..., op. cit., respectivement chapitres 3 et 4.
  • [26]
    Fragment n. inv. 36395 : Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae..., op. cit., p. 15 et p. 127-141.
  • [27]
    Ibidem, p. 139-141 et la communication de R. Meneghini, « Il catasto e la localizzazione delle persone e delle proprietà nella Roma imperiale », à paraître dans les actes du colloque de la Sorbonne Rome des Quartiers, des vici aux rioni, mai 2005.
  • [28]
    Brice Gruet, La rue à Rome, miroir de la ville, Paris, PUPS, 2006, p. 140-160. Voir déjà l’intéressante approche comparatiste de Ray Laurence, Roman Pompeii : Space and Society, New York, Routledge, 1994, p. 95-96.
  • [29]
    Les abréviations de revues sont celles de l’Année philologique.

1En l’an 2000, Rome fut, comme chacun sait, le cadre des grandioses célébrations du Jubilé. Pour l’occasion, la ville avait lancé, depuis 1997, un vaste programme de fouilles, notamment dans la zone des forums impériaux. Entre autres découvertes, on retrouva une trentaine de fragments de marbre incisés, appartenant au fameux plan de Rome d’époque sévérienne, communément appelé Forma Urbis Romae ou Forma Urbis Marmorea (FUM). Ce gigantesque plan de marbre de 13 mètres sur 18,1 mètres, commandé par Septime Sévère et exécuté entre 203 et 209 ou 211, était exposé sur un mur d’une salle du temple de la Paix – le forum impérial construit par l’empereur Vespasien – et représentait tous les bâtiments, publics ou privés, de la ville de Rome, au 1 /240e très vraisemblablement [1]. Fortement endommagé dès le Haut Moyen Âge, le marbre fut ensuite remployé dans diverses constructions et c’est à la Renaissance qu’on redécouvrit pour la première fois des fragments du plan, avant d’en retrouver régulièrement au cours des XIXe et XXe siècles. Aujourd’hui, il nous reste à peu près 10% du plan originel, répartis en 1186 fragments [2], dont une petite moitié seulement est localisable dans l’espace urbain. Nous disposons aussi de 87 dessins, réalisés à la Renaissance, utiles pour les fragments perdus depuis. Malgré son état lacunaire et fragmentaire, la Forma Urbis est une source majeure pour l’histoire urbaine de la Rome antique.

2Les nouvelles découvertes entraînèrent l’organisation à Rome, en mars 2004, d’une journée d’étude, dont la publication est intervenue à la fin de l’année 2006, par les soins de Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani, sous le titre de Formae Urbis Romae. Nuovi frammenti di piante marmoree dallo scavo dei Fori imperiali [5] [3]. Cette importante contribution suivait de quelques mois la parution des actes d’un colloque intitulé de façon suggestive Imaging Ancient Rome [12] où la FUM est convoquée à plus d’un titre, et fait l’objet d’un article à part entière. Ces deux ouvrages – le premier en particulier – doivent être pour nous l’occasion de tracer un bilan des recherches [4] sur le plan de marbre sévérien, d’autant plus qu’ils paraissent exactement un quart de siècle après la dernière grande édition du plan, celle d’Emilio Rodríguez Almeida publiée en 1981 sous le titre Forma Urbis Marmorea, Aggiornamento generale 1980 [2].

3Le grand spécialiste de la FUM s’inscrivait là dans la tradition, remontant au XIXe siècle, de grands ouvrages généraux sur le plan, dressant le bilan des recherches et présentant sous une double forme, écrite et illustrée, l’état d’avancement de ce « puzzle séculaire » [5]. Son Aggiornamento generale est donc une « mise à jour », un supplément à la publication majeure que constitua celle de 1960, œuvre de Gianfilippo Carettoni, Antonio Colini, Lucos Cozza et Guglielmo Gatti, intitulée La Pianta Marmorea di Roma antica. Forma Urbis Romae [1]. Les auteurs y récapitulaient toutes les connaissances accumulées sur le plan, systématisaient le classement et la numérotation des fragments, et surtout fournissaient des photographies noir et blanc, à l’échelle du quart, de tous les fragments gravés (figure 1). Malheureusement, cette référence obligée n’existe qu’en 400 exemplaires à travers le monde (dont une poignée seulement dans les bibliothèques françaises), ce qui complique grandement toute étude approfondie de ce plan. L’Aggiornamento d’E. Rodríguez Almeida se révèle bien plus utilisable, non seulement par sa disponibilité, mais aussi parce que le second volume fournit des planches de dessins de chaque fragment. Extrêmement pratiques pour se familiariser avec la FUM, ce sont ces dessins qui sont utilisés sur la plupart des cartes et schémas apparaissant dans les ouvrages de topographie romaine antique (figure 2). Œuvre humaine et individuelle, ils souffrent inévitablement d’erreurs de détail, et contiennent forcément une part d’interprétation dans le rendu de certains tracés [6]; cependant, s’il est d’usage désormais d’y pointer – parfois un peu facilement – plusieurs exemples d’inexactitudes, il faut savoir gré à l’auteur de cet immense travail qui a considérablement simplifié la recherche ultérieure sur ce document difficile.

Figure 1

Les fragments 543abcd sur la photographie de l’édition de 1960

Figure 1
Figure 1 : Les fragments 543abcd sur la photographie de l’édition de 1960 (vol. 2, tav. LIII).

Les fragments 543abcd sur la photographie de l’édition de 1960

(vol. 2, tav. LIII)

4Depuis 1981, la FUM n’a pas connu d’autre mise à jour générale mais une production hétérogène et fragmentée – à l’image de son objet d’étude – en général sous forme d’articles portant sur un ou quelques fragments et révélant de nouveaux assemblages, de nouveaux positionnements ou de nouvelles identifications des bâtiments gravés. Ces propositions plus ou moins hypothétiques n’ont pas été couronnées par un ouvrage de synthèse qui permettrait de les ordonner et de les confronter, puis de délivrer un nouvel état du puzzle [7]. D’où l’utilité d’une mise au point sur ce quart de siècle, et ce, à un moment où la recherche sur la FUM change de nature avec sa numérisation et sa mise en ligne sur Internet. Cette mutation récente des conditions d’accès à ce précieux document ouvrede nouvelles et exceptionnelles perspectives d’étude de l’agglomération romaine antique. C’est cette évolution des axes de recherche que nous voulons ici retracer.

Figure 2:

Le même groupe de fragments, dessiné par Emilio Rodríguez Almeida en 1980

Figure 2:
Figure 2: Le même groupe de fragments, dessiné par Emilio Rodríguez Almeida en 1980 (vol. 2, tav. X). Leur numéro a changé (11efgh) grâce à leur positionnement sur l’Esquilin, aux abords du Vicus Patricius.

Le même groupe de fragments, dessiné par Emilio Rodríguez Almeida en 1980

(vol. 2, tav. LIII)

La domination de la « topographie » urbaine

5Depuis des décennies, l’essentiel des chercheurs s’est concentré sur un type d’approche que l’on peut qualifier de topographique, c’est-à-dire focalisée sur deux aspects : la reconstruction du puzzle – l’assemblage de fragments et/ou leur positionnement sur l’ensemble du plan – et l’identification de l’espace représenté. Ces deux approches sont intimement liées : dans la plupart des cas, c’est en reliant plusieurs fragments jusque-là dissociés que l’on peut produire une nouvelle explication du territoire étudié. Ce travail repose donc à la fois sur une fréquentation régulière des fragments et un haut niveau de connaissance topographique de la ville de Rome, d’où la domination écrasante d’un nombre très restreint de chercheurs italiens, et plus particulièrement romains, dans ce terrain d’étude.

6Il s’agit là d’un domaine de recherche parcellisé, chaque article nouveau se concentrant exclusivement sur un petit nombre de fragments. Nous essaierons de montrer les grandes lignes de ce type d’approche et les éléments marquants des dernières années, sans entrer dans un catalogue exhaustif et fastidieux des assemblages nouveaux, des fragments positionnés et des monuments identifiés. Pour cela, nous renvoyons à la bibliographie finale, ordonnée par région augustéenne [8].

LES TIMIDES PROGRÈS DU PUZZLE

7D’origine espagnole et Romain d’adoption, c’est Emilio Rodríguez Almeida qui a le plus contribué à la reconstruction de ce gigantesque puzzle. Nul autre ne peut se targuer d’une connaissance si intime de la FUM; il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’émane de lui la majorité des articles découvrant de nouveaux assemblages et positionnements de fragments. Depuis sa publication de 1980, il a rédigé plus d’une vingtaine de contributions sur ces questions (entre autres [39], [40], [6] et [8]). Sa démarche s’appuie presque toujours, en premier lieu, sur l’analyse maté-rielle du marbre; c’est à partir des données physiques du fragment, en particulier de son revers (lisse ou rugueux), de sa couleur, de ses veinures, d’éventuels trous de fixation et des incisions, qu’il déduit l’éventualité d’un rapprochement ou d’un positionnement sur une des 150 plaques. Ces hypothèses sont ensuite confrontées à des sources littéraires ou archéologiques. Depuis le milieu des années 1990, Pier Luigi Tucci semble le seul à avoir succédé au grand maître dans cette démarche. Récemment, grâce à un travail minutieux sur le marbre et la documentation archéologique, il a pu reconstituer tout un pan du Trastevere en assemblant et en positionnant huit fragments [36].

8Ces enrichissements successifs n’ont pas grandement modifié l’état du puzzle depuis 1980, loin s’en faut. Cependant, ils n’ont pas été sans poser problème, notamment pour la numérotation des fragments nouvellement positionnés. Depuis 1960, on attribuait à chaque fragment un numéro en fonction de sa plaque de marbre, puis des lettres minuscules s’il y avait plusieurs fragments sur une même plaque; ceux restant non localisés se voyaient ensuite attribuer les numéros suivants. Mais seules les plaques pour lesquelles on connaissait des fragments furent numérotées, en partant du haut du plan, de gauche à droite. Le problème, on s’en rend bien compte, intervient lorsque l’on localise un fragment sur une plaque non numérotée. C’est pourquoi Rodríguez Almeida a élaboré en 1994 une nouvelle méthode de classement des fragments, à savoir l’attribution d’un numéro à chacune des 150 plaques de marbre, y compris les « vides » [6]. Ce nouveau système plus pratique n’a pourtant pas été appliqué, probablement en raison de la fragmentation de la recherche sur la FUM et de l’absence d’une nouvelle édition de synthèse [9].

9Les travaux de recomposition du plan sont donc, on l’imagine, lents et difficiles. Le puzzle s’est même complexifié par la découverte de nouvelles pièces. En 1999, les fouilles du temple de la Paix ont donné lieu à la mise au jour de 30 fragments, certains immédiatement adjoints, ce qui réduit le total à 23. Puis, en 2001, un fragment fut découvert pour la première fois loin du lieu d’affichage, lors du creusement d’un passage souterrain, dans la zone de la Crypta Balbi, au Champ de Mars [4]. Enfin, en 2004 et 2005, lors de deux nouvelles campagnes de fouilles au temple de la Paix, ont été découverts sept petits fragments [10]. Ces fragments, qui pourront peut-être permettre de compléter le puzzle, restent encore largement à analyser. On retiendra déjà qu’ils présentent, pour une large part, des bâtiments que l’on peut en général interpréter comme des tabernae (échoppes) ou des parties d’horrea (entrepôts) et que la seule zone localisable y est celle qui jouxte le sanctuaire de Bona Dea Subsaxana sur l’Aventin. Leur apport principal réside dans la présence, sur un des fragments, de traces de peinture qui suggèrent, comme nous le verrons, que des découpages territoriaux étaient figurés sur le plan.

L’APPROCHE CLASSIQUE : LA FUM AU SERVICE DE LA CONNAISSANCE TOPOGRAPHIQUE DE ROME

10Tous ces travaux de reconstruction du puzzle servent en général de point d’appui à l’identification de l’espace représenté, avec une focalisation évidente sur les édifices monumentaux, mieux connus par l’archéologie et la littérature que le reste du tissu urbain. Ainsi Lucos Cozza a préconisé en 1989 de lire sur le fragment 212 [I]ANVS et d’y reconnaître le temple de Janus situé sur le forum romain [25]. Le plus souvent, c’est en joignant deux fragments jusque-là jamais rapprochés qu’une nouvelle identification peut avoir lieu, soit que ce nouvel assemblage permette de reconstituer une mention écrite, soit qu’il éclaire mieux l’architecture globale d’un édifice et la rapproche de vestiges archéologiques. C’est en associant le fragment 68ab aux deux fragments représentant les Adonea que le même L. Cozza [38] pouvait confirmer que le complexe représenté ne pouvait être le sanctuaire d’Adonis du palais de Domitien. De même, Laura Ferrea a proposé de reconstituer l’inscription AREA MARTIS en appariant les fragments 200ab et 674abc et d’identifier ainsi un sanctuaire du Caelius [19].

11Pour illustrer cette démarche d’interpénétration étroite de la reconstitution du puzzle et de l’identification des monuments représentés, nous citerons deux exemples caractéristiques. Domenico Palombi [22] a réuni les fragments 672 et 577, faisant ainsi apparaître la mention IN TELLV[RE], ce qui lui permet d’identifier le temple figuré comme celui de Tellus et de placer le bloc près de l’actuelle église de Saint-Pierre-aux-Liens. C’est aussi à partir du rapprochement de trois fragments inscrits (69,70ab et 103), que Claudia Cecamore [30] affirme l’existence d’un temple de Faustine la Jeune, femme de Marc Aurèle. En combinant un examen méticuleux du marbre, des données archéologiques et des sources littéraires, elle identifie le bâtiment représenté à ce sanctuaire, qu’elle place sur le Palatin (Vigna Barberini), et qui aurait toujours existé au moment de la création du plan, avant d’être transformé en temple d’Elagabal dans la décennie suivante. Cette argumentation minutieuse et croisée illustre parfaitement l’utilisation « topographique » de la FUM.

12Il existe cependant des travaux d’élucidation ou de commentaire de l’espace représenté sans proposition d’avancement du puzzle. C’est le cas de l’étude fondamentale de Filippo Coarelli [34] sur le Trastevere (Transtiberim), où, à partir des fragments 28,33 et 34 déjà positionnés, il identifie le temple de Fors Fortuna et avance que le grand espace vide visible sur ces fragments correspondrait à la naumachie d’Auguste, dont les Res Gestae nous apprennent les dimensions gigantesques. Cette proposition bien argumentée et généralement admise a été contestée par Rabun Taylor [35] qui prétexte le manque de place pour un tel bassin à cet endroit en raison de la présence des premières hauteurs du Janicule. Gérald Cariou [37] vient de suggérer de placer plus au nord cette naumachie et donc d’identifier la vaste zone vide aux célèbres jardins de César, encore propriété impériale au temps des Sévères. Il ne nous appartient pas de trancher [11], mais seulement de constater les débats extrêmement pointus que peuvent soulever les données parfois obscures de la FUM.

13Le problème de cette approche topographique reste le caractère hypothétique des progrès du puzzle, qui fait aussi l’objet de tentatives de « déconstruction ». Ainsi, Eva Margareta Steinby a insinué que le fragment 18a, représentant le temple de Castor sur le forum, appartenait en fait à un plan de Rome antérieur [26]. Cette conjecture, contestée par Rodríguez Almeida [27], soulève en réalité la question de la conception et de la réalisation du plan : jusqu’à quel point peut-il résulter d’un mélange de données d’époques diverses ? Ce travail de remise en cause trouve aussi son expression dans l’article récent de Steven Tuck [33]. À partir des photos de 1960 et des dessins de 1980, il prétend que les lettres –LIA du fragment 23 sont précédées d’un E et postule l’intégration [horrea Corne]lia, contestant l’identification classique du bâtiment comme la monumentale porticus Aemilia. Cette lecture nouvelle ne résiste cependant pas à un examen attentif des fragments eux-mêmes, ainsi que le montrent les photographies numériques réalisées par l’Université de Stanford.

Une Forma Urbis virtuelle à la disposition de tous

14L’imprudence de S. Tuck est symptomatique de la nécessité d’une connaissance « microscopique » des fragments. Si la recherche sur la FUM est longtemps restée réservée à quelques spécialistes de topographie romaine, c’est aussi en raison de sa difficulté d’accès. En pratique, seuls des chercheurs résidant à Rome ont pu entretenir un contact régulier et familier avec l’objet-plan : on a vu combien la localisation ou l’identification de fragments pouvait dépendre de cette connaissance intime du marbre. Or, depuis quelques années, les conditions d’accès à la FUM ont été profondément bouleversées. L’université californienne de Stanford a réalisé la numérisation de tous les fragments et leur mise en ligne sur la toile, avec deux objectifs principaux : profiter des ressources de l’informatique pour étudier le plan et constituer une immense base de données, en mettant à la disposition des chercheurs et du grand public l’intégralité des fragments en couleurs et en trois dimensions.

LE PROJET DE FORMA URBIS NUMÉRIQUE DE STANFORD [3]

15Fruit d’une collaboration entre informaticiens et archéologues, le projet de Forma Urbis virtuelle a vu le jour, à l’appel de la Sovraintendenza BBCC del Commune di Roma, à la fin des années 1990, le but initial du projet étant de résoudre le puzzle par l’application d’algorithmes informatiques. Il fallut d’abord mettre en place un système propre à scanner les fragments en trois dimensions, car la surface incisée seule ne permet plus guère de nouvelles associations. Le site de Stanford présente ainsi, pour chaque fragment, une photographie en couleurs, haute définition, de la surface incisée (figures 3 et 4) et une vue en trois dimensions, au moyen d’un logiciel spécifique qui permet à l’utilisateur de faire tourner lui-même le fragment. Logiquement, la seconde étape fut la mise au point d’algorithmes destinés à reconstruire automatiquement le plan [12]. Ils ont permis de trouver plusieurs assemblages supplémentaires et de positionner avec un haut degré de fiabilité certains autres fragments.

Figure 3

Le groupe de fragments 11fgh, numérisé par l’équipe de Stanford.

Figure 3
Figure 3 : Le groupe de fragments 11fgh, numérisé par l’équipe de Stanford.

Le groupe de fragments 11fgh, numérisé par l’équipe de Stanford.

Figure 4:

Le fragment 11e, numérisé par l’équipe de Stanford.

Figure 4:
Figure 4: Le fragment 11e, numérisé par l’équipe de Stanford.

Le fragment 11e, numérisé par l’équipe de Stanford.

16L’une des innovations du projet est aussi l’intérêt porté aux fragments non incisés. Jusque-là, les publications ne prenaient vraiment en compte que les fragments porteurs d’une représentation figurée, aussi minime soit-elle. Or, dans une optique de reconstitution numérique du puzzle, tout fragment, gravé ou non, a un rôle identique à jouer. C’est le mérite de cette entreprise d’avoir reconsidéré le plan comme un tout, un document en soi signifiant, et non uniquement à travers le prisme de l’intérêt topographique de l’espace représenté. Les responsables américains du projet sont d’ailleurs relativement critiques vis-à-vis de la primauté de la topographie urbaine dans le travail sur la FUM[13].

UNE GRANDE BASE DE DONNÉES POUR LA RECHERCHE FUTURE

17Si, comme nous l’avons dit, la FUM n’a pas connu d’édition complète depuis 1981, le site de Stanford en fait en quelque sorte office. Loin de se contenter d’exposer les résultats de recherches informatisées, il se donne pour ambition de rassembler toutes les connaissances acquises sur l’objetplan (état actuel, datation, incertitudes sur sa fonction, fiscale, administrative ou esthétique...) et, partant, se veut un outil pour la recherche. Il contient aussi une bibliographie critique à prétention exhaustive, qui recense plus de 100 titres d’ouvrages ou articles, dont on peut pourtant regretter le classement strictement alphabétique, qui en limite la portée synthétique.

18Mais l’intérêt principal du site réside évidemment dans sa base de données. Elle contient une entrée pour chacun des 1186 fragments numé-risés et des 87 dessins de la Renaissance. Par défaut, les fragments sont classés suivant la numérotation établie par Rodríguez Almeida en 1980 [14]; mais un moteur interne permet d’affiner la recherche des fragments par quartier ou par type d’édifice. À chaque fragment correspond donc une page du site, qui rassemble sa fiche d’identité ainsi que photographie, modélisation 3D, description minutieuse, hypothèses d’identification du bâti représenté, discussion sur son importance dans la compréhension globale du plan et de la ville, bibliographie spécifique.

19Un autre atout majeur est la numérisation des planches de photographies de l’ouvrage de 1960. L’idée est déjà louable en soi, du fait de la rareté de l’édition, mais n’est nullement redondante, car sur ces planches les fragments sont agencés les uns par rapport aux autres et offrent, contrairement au reste du site, une vision globale du plan pour un quartier donné. La base de données californienne constitue donc un outil tout à fait fondamental pour la recherche future.

UN SITE ENCORE INCOMPLET

20Cependant, les dernières mises à jour du site remontent à 2004 pour la bibliographie et à 2005 pour la base de données. Or il contient un certain nombre de lacunes. En premier lieu, la majorité des fragments ne possè-dent encore aucune fiche descriptive [15]. De même, il est encore impossible de visualiser, sur le site, l’état de reconstitution actuel du puzzle : aucun fragment n’est positionné par rapport à ses voisins, contrairement aux principes suivis par les éditions papier antérieures. Certes, ce mode classique de représentation avait ses inconvénients (survalorisation des fragments déjà localisés par rapport aux autres, majoritaires; tendance à figer le puzzle sans tenir compte du degré variable de probabilité des localisations), mais il n’est plus possible, autrement que par reconstruction mentale, de voir les fragments dans leur positionnement relatif, alors même que l’informatique permettrait d’effectuer ce travail très aisément (comparer les figures 3 et 4 aux figures 1 ou 2). Toutefois ce système serait en cours d’élaboration et il s’agirait donc là encore d’une incomplétude que l’on peut espérer provisoire [16].

21Relevons enfin que les seuls résultats tangibles apportés par l’informatique se limitent jusqu’à présent à la mise au jour d’une douzaine d’assemblages de fragments. Pourtant, comme le proclament les deux responsables du projet, les enjeux sont bien plus larges :

22

« Cette collaboration entre archéologues et informaticiens suscite de nouvelles manières de voir et de penser le plan de marbre de Rome. (...) Nous sommes intéressés par ce que le plan de marbre peut nous apprendre sur les représentations graphiques, l’idéologie civique, la disposition de la ville et le mouvement dans ses rues, les interactions entre les espaces monumentaux, commerciaux et résidentiels, la formation et la microfabrique des voisinages, l’étude de l’urbanisme et de la cartographie à Rome et bien au-delà. » [17]

23On le voit, les défauts du site, par-delà ses grandes qualités, sont moins des problèmes de conception que d’inachèvement par rapport aux ambitieux objectifs annoncés. Il est cependant probable que de nouvelles possibilités de visualisation et d’exploitation de la base de données seront bientôt disponibles en ligne.

Du puzzle à...

24Certains des axes d’étude que les responsables de Stanford appellent de leurs vœux ont déjà été timidement abordés, souvent par des auteurs anglo-saxons, peut-être moins à l’aise dans la connaissance pointue de la topographie de Rome que les Italiens. Si cela n’a pas encore permis l’éclosion d’un domaine de recherche constitué, c’est pourtant dans cette direction que peuvent désormais s’orienter les études sur la FUM, grâce à la mise en ligne.

LE PLAN COMME REPRÉSENTATION : L’ÉTUDE DES CONVENTIONS GRAPHIQUES

25De prime abord, le plan de marbre sévérien paraît assez lisible. Il s’agit d’un plan au sol (malgré certaines exceptions) aux conventions plutôt élémentaires – traits simples pour des murs, points pour des colonnes. On y reconnaît assez facilement un immeuble, un temple ou un portique. Cette apparente simplicité de lecture n’a probablement pas joué en faveur d’une analyse précise des modes de représentation de ce plan dépourvu de légende. Or, dans le détail, les conventions cartographiques peuvent être déroutantes et perturber l’identification de ce qui est représenté. Seul G. Gatti s’était penché, en 1960, sur l’analyse sémiologique du plan [18], compilant et classant les principaux symboles. Il faisait apparaître que les symboles pouvaient représenter, selon le contexte, des réalités diffé-rentes – comme ces points qui peuvent être des colonnes ou des arbres – signalant ainsi que la lecture graphique du plan posait de nombreux problèmes.

26Bien que très synthétique et partiel, cet exposé n’a pas donné lieu à approfondissement. Les implications sont pourtant majeures, tant les conventions conditionnent l’exégèse des monuments et espaces repré-sentés. Ainsi, Robert B. Lloyd a travaillé sur trois exemples de ce qu’il considère comme des jardins monumentaux [13] : le temple de la Paix, le temple de Claude divinisé et les Adonea. Selon lui, les rangées de rectangles au sein du temple de la Paix représenteraient des massifs de fleurs [19]. En s’appuyant sur des sources littéraires relatives au culte d’Adonis, il interprète aussi les points à l’intérieur des Adonea, non comme des colonnes ou des arbres comme sur le reste du plan, mais comme des supports de vigne. Cette hypothèse, invérifiable – aucun vestige des Adonea n’ayant été à ce jour découvert – mais argumentée et intéressante, impliquerait que les Romains considèrent ces jardins comme des éléments architecturaux à part entière, dignes d’être gravés sur un plan de leur ville. Elle montre l’importance d’une étude précise de l’ensemble des conventions cartographiques dans une perspective autant culturelle que topographique. Plus récemment [14], Laurence Richardson a contesté la reconstitution traditionnelle du théâtre de Pompée [20], en proposant de reconnaître dans la rangée de carrés présents sur la FUM dans le prolongement des gradins non les contreforts de soutènement du temple de Vénus Victrix, mais des arbres bordant une allée qui mènerait du théâtre à la résidence de Pompée située à proximité.

27Mais au-delà du rendu de détail des monuments, la relecture de certains signes peut avoir des implications majeures dans notre connaissance de l’agglomération antique. C’est le cas des nombreux symboles en V placés au cœur des bâtiments. La comparaison avec les autres fragments de plans urbains conservés [9; 5] permet d’y voir avec certitude des escaliers internes à des édifices. Cependant, certains d’entre eux comportent, à l’intérieur, des barrettes parallèles, dont le nombre varie de zéro à six (on peut par exemple voir deux de ces symboles, l’un en V sans barrette, l’autre avec trois barrettes, dans la partie inférieure gauche du groupe de fragments des figures 1 à 3). En s’appuyant sur des sources archéologiques et juridiques, Luigi Pedroni [15] a émis l’idée que ces barrettes indiquent le nombre d’étages de l’immeuble concerné; l’absence de barrette signifierait alors la présence d’une simple mezzanine. L’idée est séduisante, ne seraitce que parce qu’elle permettrait de restituer la Ville dans sa 3e dimension. Elle relance aussi le débat sur la fonction du plan : pourquoi représenter, par des symboles très discrets, les étages des insulae, si ce n’est dans un but fiscal (sachant qu’à Rome, le découpage de la propriété est vertical) ? Toutefois si les symboles sans barrette représentent bien des mezzanines, ils semblent peu nombreux, au vu de notre connaissance des tabernae romaines, de même que les immeubles à étages. Une explication plus plausible a été formulée en 2005 par Sophie Madeleine [18] lors du colloque de Caen Roma Illustrata[21] : les étages seraient effectivement représentés, mais par l’intervalle entre les barrettes et non par leur nombre, ce qui revient à ajouter un étage au calcul de Pedroni. En somme, un triangle sans barrette représente des escaliers desservant un étage, un triangle à une barrette, deux étages, etc.

28La seule étude qui ait abordé de front, mais encore incomplètement, la question des conventions graphiques est celle de David West Reynolds [7]. L’auteur consacre son deuxième chapitre à une typologie exhaustive des normes graphiques utilisées. Il met notamment en relief l’existence d’un second système de conventions pour certains édifices monumentaux, notamment un grand nombre de temples, caractérisés par l’emploi de lignes doubles pour les murs, et de carrés pour les colonnes (au lieu des lignes simples et des points attendus). Reynolds suggère de façon convaincante qu’il s’agit d’une forme d’emphase, de « surlignage » pour des édifices particuliers, sans toutefois réussir à en expliciter clairement la raison [22]. Ce travail majeur appelle donc, lui aussi, bien des approfondissements.

LE PLAN COMME REPRÉSENTATION : LES IMPLICATIONS IDÉOLOGIQUES

29En 1992, Piero Maria Lugli [16] a remis d’actualité les principaux problèmes posés par les données de base du plan, comme l’échelle, l’orientation ou la délimitation de l’espace représenté, toutes questions relativement négligées depuis 1960, quoique fondamentales pour comprendre comment les dirigeants romains concevaient leur ville. Ouvrant seulement quelques pistes interprétatives, il reste néanmoins dans une démarche de type topographique, s’efforçant surtout d’établir, à partir de l’étude approfondie du Champ de Mars, que l’échelle serait le 1 /250e. C’est au contraire tout l’intérêt d’une étude récente de Filippo Coarelli [17] que de dégager les implications idéologiques de l’orientation de la FUM (le sud-est en haut), qui serait celle de l’axe de visée des augures en direction des Monts Albains. Il souligne en outre que les limites du plan, son centre et son orientation correspondent aussi à des éléments religieux eux-mêmes mis en avant dans un contexte politique particulier. Le plan représenterait ainsi non pas tant le bâti de la Ville, mais l’espace sacré, délimité par le pomerium, le centre du plan correspondant à l’auguraculum de l’Arx, lieu traditionnel de prise des auspices. Dans sa conception même, le plan de marbre renverrait donc à de très vieilles pratiques religieuses romaines, remises à l’honneur par Auguste, dans son entreprise de refondation de l’Urbs. F. Coarelli met donc le doigt sur une problématique encore trop peu abordée, celle des implications politiques; il déduit de ces données intrinsèques l’hypothèse d’un plan de Rome d’époque augustéenne, dont la FUM sévérienne serait finalement un palimpseste.

30La question des sous-entendus politiques de la version sévérienne du plan n’a pas, à notre connaissance, été abordée de front, alors même qu’elle doit se poser dans l’analyse de tout document public. Par exemple, aucune étude systématique ne semble encore avoir été menée sur le possible lien entre ce plan monumental, les constructions qu’il valorise et la grandiose œuvre de restauration urbaine de Septime Sévère. Seul P.L. Tucci [21] y a tout récemment fait référence : selon lui, l’inscription du toponyme AQVE/DUCTI/VM sur le fragment 4a, qui empêche la représentation complète des châteaux d’eau, était surtout indispensable pour attirer l’œil de l’observateur sur cet « endroit des aqueducs » que l’empereur venait de restaurer. Au-delà même des implications idéologiques, il serait très profitable de mieux cerner l’image de la Ville que le pouvoir impérial expose ainsi, les buts supposés ou inconscients de cette réalisation jamais mentionnée dans les sources écrites. Dans un registre moins politique, D.W. Reynolds signale que le mode même de représentation adopté incite à une réflexion sur le rapport des Romains au public et au privé. Selon lui, le fait que le plan figure les moindres détails de l’architecture au sol, y compris les pièces intérieures d’une maison ou d’une boutique (ainsi en est-il des trois domus représentées côte à côte au bas du fragment 11e sur la figure 4), témoignerait d’une frontière poreuse entre espace privé et espace public chez les Romains [23]. Si cette remarque n’est pas totalement convaincante, car elle entremêle une distinction juridique et des usages considérés par nous comme publics au sein de la sphère privée, il est évident que les choix de représentation sont significatifs et porteurs d’informations, non seulement sur les méthodes des techniciens romains, mais encore sur la façon d’envisager la ville propre aux dirigeants romains [24]. Ainsi, tout le monde a remarqué que le plan représentait tout le bâti quasi sans distinction de nature ou de statut, du temple à l’entrepôt, des domus aristocratiques aux taudis de la plèbe, mais sans approfondir cette question pourtant fondamentale.

L’ORGANISATION DE L’ESPACE ET LE PAYSAGE URBAIN

31L’approche topographique dominante des 25 dernières années s’est évidemment focalisée sur les édifices monumentaux, les seuls potentiellement localisables. Les études ont donc délaissé la majorité des fragments et les informations qu’ils apportaient sur l’organisation de l’espace et le paysage urbain. L’édition de 1960 fournissait une typologie succincte des édifices représentés, développée par Romolo Augusto Staccioli dans quelques articles pionniers. Malgré la masse de données extraordinaire que fournit le plan quant à la composition de l’espace urbain, cette voie ne fut pas reprise avant la thèse de D.W. Reynolds [7]. Ce dernier esquisse une taxinomie de l’architecture non monumentale et analyse finement les différentes formes d’insulae et de tabernae, suivant des détails tels que la présence d’un couloir ou d’une cour intérieure. À partir de la disposition des portes, il reconstitue les déplacements possibles dans les immeubles ou leurs cours, et en déduit leur possible fonction, commerciale ou résidentielle. Il procède de même pour les entrepôts et les bains de quartier. Il se lance enfin dans une entreprise plus ambitieuse de comparaison des données de la FUM avec celles des Régionnaires[25]. Ce document du IVe siècle, lui-même encore sous-exploité, est un catalogue de monuments de la ville de Rome et une statistique d’éléments moins grandioses comme le nombre d’immeubles, de bains, d’entrepôts, de boulangeries; toutes ces données sont classées par région (« arrondissements », au nombre de 14, qu’Auguste créa en 7 av. J.-C.), d’où le nom du document. En croisant les données du plan et les Régionnaires, on peut espérer comprendre la répartition dans la ville des logements, des commerces ou des équipements, mais aussi probablement mieux cerner la façon dont l’administration avait défini un système de repérage dans l’espace urbain. Ce dernier thème de réflexion s’impose d’autant plus que les conditions de conservation particulières d’un des nouveaux fragments ont permis la préservation de traces de peinture rouge sur le tracé d’une voie longeant le Grand Cirque (circus Maximus) au pied du Palatin [26]. Or il y a tout lieu de penser que cet axe correspondait à la limite de deux « régions ». Ainsi le plan visualisait-il certains des découpages administratifs urbains [27].

32Ce sont donc à de plus larges champs de recherche que ce document exceptionnel qu’est la Forma Urbis peut et doit amener. Ces nouvelles pistes, mises en avant principalement par Reynolds, entrent en résonance avec cet outil nouveau et formidable qu’est la base de données virtuelle de Stanford qui, selon ses concepteurs mêmes, a pour mission de multiplier les possibles. Et ce n’est pas un hasard si, tout récemment, c’est un géographe français, Brice Gruet [11], qui s’empare de ce plan – outil traditionnel de la géographie – comme d’une source majeure pour son ouvrage sur la rue à Rome à travers les âges. Son long chapitre sur la FUM s’inspire ouvertement des « suggestions heureuses » du travail de Reynolds et s’appuie sur le site Internet du projet de Stanford. Raisonnant en géographe, il étudie tout à la fois l’agencement des rues, et donc du bâti, leur perception et leur représentation graphique, abordant ainsi toutes les nouvelles approches dont nous avons fait mention; la ville devient un « presque paysage », caractérisé par son décor et sa disposition [28].

33Il est entendu que ces considérations novatrices sur le plan de marbre sévérien ne peuvent que s’enrichir des progrès de la recomposition de ses fragments. Les deux approches, la plus traditionnelle et celle qui requiert encore bien des prolongements, sont hautement complémentaires. Le travail considérable en matière de topographie urbaine mené ce dernier quart de siècle, s’il a globalement moins fait progresser le puzzle que les éditions de 1960 et 1980, a nettement amélioré notre connaissance de la ville de Rome. En mettant en lumière des édifices (comme le temple de Tellus ou celui de Faustine divinisée), en reconstituant des quartiers entiers de Rome (le Transtiberim, grâce à F. Coarelli et P.-L. Tucci entre autres, est désormais fort mieux connu), ces travaux nous apprennent beaucoup sur l’espace de vie quotidien des Romains, les grands monuments impériaux et leurs sous-entendus idéologiques. Nul doute que les logiciels de plus en plus perfectionnés créés par l’équipe de Stanford Graphics vont permettre des progrès rapides dans cette voie ainsi qu’une efficace combinaison des différents enjeux du plan de marbre.

Bibliographie

Bibliographie[29]

  • ÉDITIONS DE LA FORMA URBIS ET DES NOUVEAUX FRAGMENTS
  • [1] Gianfilippo Carettoni, Antonio Colini, Lucos Cozza et Gugliemo Gatti, La Pianta Marmorea di Roma antica. Forma Urbis Romae, Rome, Graf. Danesi, 1960.
  • [2] Emilio Rodríguez Almeida, Forma Urbis Marmorea, Aggiornamento Generale 1980, Rome, Quasar, 1981.
  • [3] Stanford Digital Forma Urbis Romae Project : http ://formaurbis.stanford.edu
  • [4] Daniele Manacorda, « Un nuovo frammento della Forma Urbis e le calcare romane del Cinquecento nell’area della Crypta Balbi», MEFRA, no 114,2002, p. 693-715.
  • [5] Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae. Nuovi frammenti di piante marmoree dallo scavo dei Fori imperiali, Rome, L’Erma di Bretschneider, 2006.
  • TRAVAUX DE REFÉRENCE SUR LA FORMA URBIS
  • [6] Emilio Rodríguez Almeida, « La ricostruzione della Forma Urbis Marmorea: qualche proposta di metodo », JAT/RTA, no 4,1994, p. 109-118.
  • [7] David West Reynolds, Forma Urbis Romae. The Severan Marble Plan and the Urban Form of Ancient Rome, PhD, University of Michigan, 1996.
  • [8] Emilio Rodríguez Almeida, Topografia e vita romana da Augusto a Constantino, Rome, UIIASSAR, 2001.
  • [9] Emilio Rodríguez Almeida, Formae Urbis Antiquae : le mappe marmoree di Roma tra la Repubblica e Settimio Severo, Rome, EFR (CEFR, 305), 2002.
  • [10] Tina Najbjerg et Jennifer Trimble, « Ancient maps and mapping in and around Rome », JRA 17,2004, p. 577-583.
  • [11] Brice Gruet, La rue à Rome, miroir de la ville, Paris, PUPS, 2006.
  • [12] Lothar Haselberger et John Humphrey (ed.), Imaging Ancient Rome : Documentation – Visualisation – Imagination, Portsmouth (Rh. I.), JRA (Suppl. ser., 61), 2006.
  • SUR LES CARACTÉRISTIQUES DE LA FUM (ÉCHELLE, ORIENTATION, SYMBOLES)
  • [13] Robert B. Lloyd, « Three monumental gardens on the Marble Plan », AJA, no 86, 1982, p. 91-100.
  • [14] Laurence Richardson Jr., « A Note on the Architecture of the Theatrum Pompeii in Rome », AJA, no 91,1987, p. 123-126.
  • [15] Luigi Pedroni, « Per una lettura verticale della Forma Urbis Marmorea», Ostraka, no 1,1992, p. 223-230.
  • [16] Piero Maria Lugli, « Considerazioni urbanistiche sulla pianta marmorea del Foro della Pace », BArch, no 16-18,1992, p. 19-31.
  • [17] Filippo Coarelli, « L’orientamento e il significato ideologico della pianta marmorea severiana di Roma », dans Xavier Lafon et Gilles Sauron (édité par), Théorie et pratique de l’architecture romaine. Hommages à Pierre GROS, Aix-en-Provence, PUP, 2005, p. 61-68.
  • [18] Sophie Madeleine, « La troisième dimension des insulae d’après les symboles de la Forma Vrbis Romae», sous presse dans les actes du colloque Roma illustrata tenu à Caen du 6 au 8/10/2005, Presses universitaires de Caen, Caen, 2008.
  • ÉTUDES « TOPOGRAPHIQUES » SPÉCIALISÉES
  • Région II (Caelimontium)
  • [19] Laura Ferrea, Gli dei di terracotta. La ricomposizione del frontone da Via di San Gregorio, Rome, Electa, 2002.
  • [20] Antonio Insalaco, « Rilettura di un gruppo di frammenti della Forma Urbis», dans Alia Englen (a cura di), Caelius I. Santa Maria in Domnica, San Tommaso in Formis e il Clivus Scauri, Rome, L’Erma di Bretschneider, 2003, p. 106-112.
  • [21] Pier Luigi Tucci, « Ideology and technology in Rome’s water supply : castella, the toponym AQVEDVCTIUM, and supply to the Palatine and Caelian hills », JRA, no 19,2006, p. 95-120.
  • Région IV (Templum Pacis)
  • [22] Domenico Palombi, Tra Palatino ed Esquilino : Velia, Carinae, Fagutal. Storia urbana di tre quartieri di Roma antica, Rome, RIA (Suppl., 1), 1997.
  • Région VI (Alta Semita)
  • [23] Pier Luigi Tucci, « Tra il Quirinale e l’Acquedotto Vergine sulla pianta marmorea severiana : i frammenti 538 a-o », ARID, no 23,1996, p. 21-33.
  • [24] Filippo Coarelli, « The Odyssey frescos of the Via Graziosa : a proposed context », PBSR, no 66,1998, p. 21-37.
  • Région VIII (Forum Romanum)
  • [25] Lucos Cozza, « Sul frammento 212 della Pianta Marmorea », JRA, no 2,1989, p. 117-119.
  • [26] Eva Margareta Steinby, « Il frammento 18a della Forma Urbis Romae», dans E.M. Steinby (a cura di), Lacus Iuturnae I, Rome, De Luca, 1989, p. 24-33.
  • [27] Emilio Rodríguez Almeida, « Euristica materiale e Forma marmorea. Alcuni falsi problemi », RPAA, 68,1995-96, p. 3-20.
  • Région IX (Circus Flaminius)
  • [28] Pier Luigi Tucci, « Dov’erano il tempio di Nettuno e la nave di Enea », BCAR, no 98,1997, p. 15-42.
  • Région X (Palatium)
  • [29] Claudia Cecamore, « Apollo e Vesta sul Palatino fra Augusto e Vespasiano », BCAR, no 96,1994-95, p. 9-32.
  • [30] Claudia Cecamore, «Faustinae aedemque decernerent. Les fragments 69-70 de la Forma Urbis et la première dédicace du temple de la Vigna Barberini », MEFRA, no 111,1999, p. 311-349.
  • [31] Claudia Cecamore, « Le Curiae Veteres sulla FUM e il pomerio romuleo secondo Tacito », MDAI(R), 109,2002, p. 43-58.
  • Région XIII (Aventinus)
  • [32] Laura Ferrea, « Il monumento funerario del console Ser. Sulpicius Galba », BCAR, no 99,1998, p. 51-72.
  • [33] Steven Tuck, « A new identification for the Porticus Aemilia», JRA, no 13,2000, p. 175-182.
  • Région XIV (Trans Tiberim)
  • [34] Filippo Coarelli, «Aedes Fortis Fortunae, Naumachia Augusti, Castra Ravennatium. La via Campana Portuensis e alcuni edifici adiacenti nella Pianta Marmorea Severiana », Ostraka, no 1,1992, p. 39-54.
  • [35] Rabun Taylor, « Torrent or Trickle ? The Aqua Alsietina, the Naumachia Augusti, and the Transtiberim», AJA, no 101,1997, p. 465-492.
  • [36] Pier Luigi Tucci, « Eight fragments of the Marble Plan of Rome shedding new light on the Transtiberim», PBSR, no 72,2004, p. 185-202.
  • [37] Gérald Cariou, « Les Horti Caesaris de la rive droite du Tibre », Cahiers de la MRSH de Caen, no 46, Sur la Ville de Rome, octobre 2006, p. 51-78. Fragments de localisation inconnue ou incertaine
  • [38] Lucos Cozza, «Adonaea nella Pianta marmorea severiana », ARID, no 19,1990, p. 233-237.
  • [39] Emilio Rodríguez Almeida, « Novità minori dalla Forma Urbis Marmorea», Ostraka, no 1,1992, p. 55-80.
  • [40] Emilio Rodríguez Almeida, « Il frammento 565 della Forma Marmorea», Ostraka, no 3,1994, p. 417-426.

Notes

  • [1]
    La valeur est contestée, comme nous le verrons plus loin (p. 165).
  • [2]
    Ce nombre est celui indiqué par le site de l’université de Stanford, mais il convient de le prendre comme un ordre de grandeur.
  • [3]
    Les références complètes sont données dans la bibliographie finale. L’ouvrage republie aussi les autres fragments de plans romains (p. 26-37 et p. 157-200).
  • [4]
    Voir aussi la contribution de Tina Najbjerg et Jennifer Trimble, « The Severan Marble Plan since 1960 », dans Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae. Nuovi frammenti di piante marmoree dallo scavo dei Fori imperiali, Rome, L’Erma di Bretschneider, 2006, p. 75-101 et cf. Philippe Fleury et Sophie Madeleine, « Réalité virtuelle et restitution de la Rome antique », HU, no 18,2007, p. 157-165.
  • [5]
    Riccardo Santangeli Valenzani, « Distruzione e dispersione della Forma Urbis severiana alla luce dei dati archeologici », dans Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae..., op. cit., p. 53.
  • [6]
    Par exemple, les incisions plus épaisses dans le marbre sont rendues dans le dessin par du grisé. Or, vu l’état de conservation de certains fragments, certaines de ces restitutions sont problématiques.
  • [7]
    La dernière vue synthétique (planche XII, hors texte, d’Emilio Rodríguez Almeida, Formae Urbis Antiquae : le mappe marmoree di Roma tra la Repubblica e Settimio Severo, Rome, EFR (CEFR, 305), 2002, reprise dans Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae..., op. cit., fig. 8, p. 88-89) n’était déjà plus à jour lors de sa publication.
  • [8]
    L’actualité bibliographique de la FUM est enregistrée dans l’Année épigraphique, dans les chroniques du Bullettino della Commissione Archeologica Comunale di Roma et dans la bibliographie en ligne du site de Stanford.
  • [9]
    Cf. figure 2 et voir aussi infra n. 14.
  • [10]
    Pour tous les nouveaux fragments, voir la publication collective « Nuovi frammenti dagli scavi del Templum Pacis (1998-2002) », dans Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae..., op. cit., p. 14-26 et Addenda p. 37-39.
  • [11]
    Notons toutefois que ce « vide » diffère de la représentation d’autres jardins : voir infra, p. 163.
  • [12]
    Pour le détail, voir David Koller et Marc Levoy, « Computer-aided Reconstruction and new matches in the Forma Urbis Romae», dans Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae..., op. cit., p. 103-125.
  • [13]
    Tina Najbjerg et Jennifer Trimble, « The Severan Marble Plan... », op. cit., p. 92 et 97 ; pour une défense et illustration de la méthode « traditionnelle », voir Pier Luigi Tucci, « Eight fragments of the Marble Plan of Rome shedding new light on the Transtiberim», Papers of the British School at Rome, no 72,2004, p. 187, et « L’Arx Capitolina : tra mito e realtà », dans Lothar Haselberger et John Humphrey (ed.), Imaging Ancient Rome : Documentation – Visualisation – Imagination, Portsmouth (Rh. I.), JRA (Suppl. ser., 61), 2006, p. 71-73.
  • [14]
    Et non point, pour des raisons pratiques, celle préconisée par l’auteur en 1994. Il faut toutefois remarquer que chacune des 150 plaques de marbre est numérotée de façon légèrement différente et qu’il y a ainsi plusieurs numérotations pour chaque fragment.
  • [15]
    Par exemple les fragments 46 (Adonea) et 35 (Porticus Divorum).
  • [16]
    David Koller, Jennifer Trimble, Tina Najbjerg, Natasha Gelfand et Marc Levoy, « Fragments of the city : Stanford’s Digital Forma Urbis Romae Project », dans Lothar Haselberger et John Humphrey (ed.), Imaging Ancient Rome..., op. cit., p. 245-246.
  • [17]
    Jennifer Trimble et Marc Levoy « The Project », Stanford Digital Forma Urbis Romae Project, http ://formaurbis.stanford.edu/docs/FURproject.html, 15/09/07.
  • [18]
    Gianfilippo Carettoni, Antonio Colini, Lucos Cozza et Gugliemo Gatti, La Pianta Marmorea di Roma antica. Forma Urbis Romae, Rome, Graf. Danesi, 1960, p. 199-210.
  • [19]
    Les fouilles récentes ont invalidé cette hypothèse, en montrant qu’il s’agissait en fait de bassins. Voir Roberto Meneghini, « I Fori Imperiali : ipotesi ricostruttive ed evidenza archeologica », dans Lothar Haselberger et John Humphrey (ed.), Imaging Ancient Rome..., op. cit., p. 158-159.
  • [20]
    Cf. Sophie Madeleine, « Le complexe pompéien du Champ de Mars, une ville dans la Ville », HU, no 17,2006, p. 181-183.
  • [21]
    Je remercie S. Madeleine de m’avoir permis de lire son importante communication avant publication.
  • [22]
    Nous avons repris cette question dans notre mémoire Le plan de marbre sévérien (Forma Urbis Romae) : normes et écarts, rédigé sous la direction de Jean-Pierre Guilhembet et déposé à la bibliothèque Denis Diderot de Lyon.
  • [23]
    David West Reynolds, Forma Urbis Romae. The Severan Marble Plan and the Urban Form of Ancient Rome, PhD, University of Michigan, 1996, p. 131-134.
  • [24]
    Il faut aussi reprendre, dans cette optique, l’analyse exhaustive des mentions écrites du plan : leur hiérarchie, leur lisibilité, leur fonction, leur nature même (voir les problèmes soulevés par la nouvelle interprétation donnée par F. Coarelli dans Il Campo Marzio, Rome, Quasar, 1997, p. 359, de la mention NAVALEMFER, qui ne fait plus de cette dernière l’indication d’un lieu public).
  • [25]
    David West Reynolds, Forma Urbis Romae..., op. cit., respectivement chapitres 3 et 4.
  • [26]
    Fragment n. inv. 36395 : Roberto Meneghini et Riccardo Santangeli Valenzani (a cura di), Formae Urbis Romae..., op. cit., p. 15 et p. 127-141.
  • [27]
    Ibidem, p. 139-141 et la communication de R. Meneghini, « Il catasto e la localizzazione delle persone e delle proprietà nella Roma imperiale », à paraître dans les actes du colloque de la Sorbonne Rome des Quartiers, des vici aux rioni, mai 2005.
  • [28]
    Brice Gruet, La rue à Rome, miroir de la ville, Paris, PUPS, 2006, p. 140-160. Voir déjà l’intéressante approche comparatiste de Ray Laurence, Roman Pompeii : Space and Society, New York, Routledge, 1994, p. 95-96.
  • [29]
    Les abréviations de revues sont celles de l’Année philologique.
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