Notes
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[*]
J’exprime ma reconnaissance envers le professeur Olivier Zeller de l’université de Lyon II pour avoir traduit de l’anglais le présent article, tiré de ma thèse de Maîtrise intitulée « Le développement urbain médiéval en Valachie » et réalisé en 1998-1999 dans le cadre du Département d’É tudes médiévales de l’Université d’Europe centrale à Budapest. Cette recherche a été menée sous la direction du professeur Neven Budak et avec le soutien et les encouragements constants du professeur Jozsef Laszlovsyky, responsable du Département.
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[1]
Selon Paul Bairoch, Craïova n’atteignit le millier d’habitants qu’en 1600, mais compta 11 000 habitants en 1800. Paul Bairoch et al., La population des villes européennes de 800 à 1850, Genève, Droz, 1988, p. 59 (N.D.L.R.).
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[2]
Tabula Peutingeriana, circa 250. Conradi Milleri Edition, Ravensburg, 1887-1888.
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[3]
Le ban, également nommé le grand ban, était le gouverneur de la région nommée Olténie et appartenant à la principauté de Valachie. Le prince de chaque principauté roumaine portait le titre de voïvode.
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[4]
Traduction roumaine de l’original slavon publié dans Documente privind Istoria Românilor, Veacurile XIII, XIV, ??i XV, B. ara Româneasc? (1247-1500). (Documents concernant l’histoire des Roumains : les XIIIe, XIVe et XVe siècles, B. Valachie, 1247-1500), Bucarest, Editura Academiei R. S. R., 1953, p. 152-153.
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[5]
Ibid., p. 154-155.
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[6]
« Le zhupan Neagoe de Kraleva » (sic).
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[7]
Traductions roumaines de l’original slavon publiées dans Documente privind Istoria Românilor, XIII, XIV, XV, B., op. cit., p. 220-222 et 239-240.
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[8]
Ibid., p. 222-223.
-
[9]
Cette charte a été datée d’après la composition du divan du voïvode Vlad le Moine.
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[10]
Traduction roumaine du XVIIIe siècle publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XIII, XIV, XV, B., op. cit., p. 206-207. Le document original en slavon a disparu.
-
[11]
Traduction roumaine de l’original slavon publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XIII, XIV, XV, B., op. cit., p. 266.
-
[12]
« Le zhupan Hamza, grand ban de Jiu et de Craïova ».
-
[13]
« La totalité de Craïova, avec tous ses villages et établissements, tsiganes, moulins, marécages et vignes ».
-
[14]
Original slavon publié dans Documenta Romaniae Historica, B. ara Româneasc? (B. Valachie), Bucarest, Editura Academiei R.S.R., 1975, vol. 3, pp. 196-198. Traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, Veacul XVI, B. ara Româneasc? (Documents concernant l’histoire des Roumains : le XVIe siècle, B. Valachie), Bucarest, Editura Academiei R.S.R., 1951, vol. 2, p. 104.
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[15]
Original slavon publié dans Documenta Romaniae Historica, B. ara Româneasc? (B. Valachie), Bucarest, Editura Academiei R.S.R., 1981, vol. 4, pp. 195-196. Traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op.cit., vol.2, p. 312.
-
[16]
«... et, à nouveau que ceci soit leur terre : le quart de Craïova et aussi bien de ses voisins (sic). Parce que les susdits villages appartiennent au souverain, (...) ».
-
[17]
Original slavon publié dans Documenta Romaniae Historica, B. ara Româneasc? (B. Valachie), Bucarest, Editura Academiei R.S.R., 1966, vol. 1, p. 427-428 et traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XIII, XIV, XV, B., op.cit., p. 238. Copie slavonne publiée dans Documenta Romaniae Historica, B., op. cit., vol. 3, p. 336-338 et traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit., vol. 2, p. 183-184.
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[18]
Les droits de propriété obtenus sous un voïvode étaient ultérieurement confirmés par ses successeurs.
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[19]
Original slavon publié dans Documenta Romaniae Historica, B., op.cit., vol. 4, p. 227-228. Traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit., vol. 2, p. 343-344.
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[20]
« au lieu merveilleux de Craïova ».
-
[21]
Le calendrier byzantin restait à cette époque d’un usage courant dans les principautés roumaines.
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[22]
Original slavon du contrat d’achat publié dans Documenta Romaniae Historica, B. ara Româneasc? (B. Valachie), Bucarest, Editura Academiei Române, 1996, vol. 8, p. 7-8 et traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit., vol. 4, p. 215. La charte originelle a disparu, mais une traduction roumaine est publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit., vol. 5, p. 142-143.
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[23]
« dans la ville de Craïova ».
-
[24]
« et ils appelèrent dans trois places de marché »
-
[25]
Copie slavonne dans Documenta Romaniae Historica, B, vol. 9, sous presse au moment de la recherche. Traduction roumaine dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit, vol 5, p. 55-56.
-
[26]
« Six magasins dans ma ville de Craïova ». Copie slavonne traduite en roumain au XVIIIe siècle et publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit., vol. 6, p. 63.
-
[27]
Foreign Sources on the Romanians (Sources étrangères sur les Roumains), traductrice Delia R?dulescu, Bucarest, Direction générale des archives d’état de R.S.R., 1980, p. 73-83.
-
[28]
Original latin publié dans Mihaly Hatvani (sous la direction de), Monumenta Hungariae Historica. Scriptores, Pest, Ferdinand Eggenberger, 1857-1859, vol. 3, p. 119-151.
-
[29]
Original italien publié de ??tefan Pascu dans « Petru Cercel ??i ara Româneasc? la sfâr??itul secolului al XVI-lea » (Pierre Boucle d’Oreille et Valachie à la fin du XVIe siècle), Cluj, Biblioteca Institului de Istorie na?ional? de la Cluj, 12/1944, p. 169. Traduction roumaine dans C?l?tori str?ini despre ?rile Române (Les voyageurs étrangers dans les principautés roumaines) Bucarest, Editura ??tiin?ific?, 1975, vol. 3, p. 1-6.
-
[30]
« Le grand ban ».
-
[31]
« grosses villes-marchés ».
-
[32]
Cette information se trouve confirmée par Anton-Maria del Chiaro dans Nicolae Iorga (éd.), Istoria delle moderne revolutioni della Valachia, Bucarest, 1914, p. 32, ainsi que par le prince Dimitrie Cantemir dans Gr. G. Tocilescu (éd.), Hronicul vechimei a româno-moldo-vlahilor (Chronique de l’ancienneté des roumaino-moldo-valaques), Bucarest, Carol Gö bl, 1901, p. 460.
-
[33]
Dan Simionescu, Cronica lui Balthasar Walter (Chronique de Balthazar Walter), Bucarest, Editura Academiei, 1965, p. 75.
-
[34]
Nicolae Iorga, Despre cronici ??i cronicari (Chroniques et chroniqueurs), Bucarest, Editura ??tiin?ific?, Enciclopedic?, 1988, p. 324-327.
-
[35]
« Sous la ville de Craglievo ».
-
[36]
C?l?tori str?ini despre T¸ ?rile Române (Les voyageurs étrangers dans les principautés roumaines), op. cit., vol. 3, p. 132-135.
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[37]
En fait, l’église Saint-Dumitru, édifiée par les boïars Craïove??ti, était maçonnée en briques.
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[38]
Texte arabe d’origine et traduction française de « Voyages de Makarios d’Alep, patriarche d’Antioche » dans Vasile Radu (sous la direction de), Patrologia Orientalis, Paris, Firmin Didot, 1930, vol. 21, p. 569-582, et traduction roumaine dans C?l?tori str?ini despre T¸ ?rile Române (Les voyageurs étrangers dans les principautés roumaines) Bucarest, Editura ??tiin?ific?, 1976, vol. 6, p. 212-214.
-
[39]
Pour un complément de références, voir Radu Cre?eanu, « Monumente istorice din Oltenia în relat?rile lui Paul de Alep » (Les monuments historiques d’Olténie dans les écrits de Paul d’Alep), Mitropolia Olteniei, 11 – 12 / 1967, p. 910-923.
-
[40]
Influencées par la tradition antique, ces cartes perpétuent les erreurs de longitude des cartes de Ptolémée.
-
[41]
Bibliothèque de l’Académie Roumaine, Bucarest.
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[42]
Kurze Erklä hrung und Bericht ü ber die Disseith des Alth-flusses gelegene fü nff Distrikte der Keiserlichen Valachey, sive Valachia Cis-Alutanae. Neuverfertigte Land-Charte verfasst von Friederich Schwantz, des Löbeichen Graf Heisterischen Regiments Hauptmann. 1722. Archives de la Guerre, Vienne.
-
[43]
Ana To??a Turdeanu, Oltenia : geografie istoric? în h?r?ile secolului XVIII (La géographie historique d’Olténie d’après les cartes du XVIIIe siècle), Craïova, Editura Scrisul Românesc, 1975, p. 23-30.
-
[44]
Bibliothèque de l’Académie Roumaine, Bucarest.
-
[45]
Citadelle, ville murée, ville non murée, oppidum, monastère avec village, village, ermitage et habitation isolée.
-
[46]
Archives de l’Histoire de la Guerre, Budapest.
-
[47]
À rapprocher des évolutions démographiques proposées par Paul Bairoch : expansion de Craïova, déclin de Târgovi??te (environ 10 000 habitants vers 1600, environ 3 000 vers 1800). Mais les indications sur Bucarest sont totalement discordantes (8000 habitants vers 1600, mais environ 50000 vers 1800). Cf. Paul Bairoch et al., op. cit., p. 59. (N.D.L.R.)
-
[48]
Archives de l’Histoire de la Guerre, Budapest.
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[49]
Carte topographique de Petite et de Grande Valachie, d’après les relevés de reconnaissances de l’É tat-major impérial réunis en 1791. Publiée en 1812.
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[50]
Villes, villes-marchés, village important avec église et château, village important avec église, village important sans église, petit village sans église, château habité.
-
[51]
Archives de la Guerre, Vienne.
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[52]
Carte militaire de la Valachie orientale ou Petite Valachie et de la Grande Valachie décrites ensemble en 349 sections durant la suspension d’armes intervenue entre l’armée impériale et l’armée turque entre septembre 1790 et la fin de mai 1791, levée géométriquement et dessinée au net par l’É tat-major sous la direction du colonel Specht. Cette carte est à la demi-échelle de 2 000 pas de la Douane de Vienne en un ensemble composé de 108 feuilles. Echelle de 10 000 pas.
-
[53]
Ana To??a Turdeanu, Oltenia, op. cit., p. 30-32.
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[54]
Izvoare privind istoria României (Sources de l’histoire roumaine), Bucarest, Editura Academiei, 1964, vol. 1, p. 740-741.
-
[55]
Le site archéologique le plus important dans la zone de la Craïova moderne est constitué par une habitation de la fin du IXe au XVe siècle située à F?c?i, au sud-est de la ville. Les fouilles de F?c?i ont porté sur des habitations englouties, des foyers, des dépotoirs, des gisements de céramiques, d’outils, sur un four pour céramiques de luxe, ainsi que sur plusieurs sépultures. Cf. O. Toropu et Onoriu Stoica, « A??ezarea de la F?c?i în secolele IX-X » (Le site de F?c?i aux IXe et Xe siècles), Historica, 1971 no 2, p. 53, et : O. Toropu, « Descoperirile de la F?c?i’» (Les découvertes de F?c?i), Mitropolia Olteniei, 1972, no 9-10, p. 707. Les fouilles archéologiques ont démontré l’existence d’un cimetière d’inhumation daté entre le XIIIe et le XVe siècle à proximité de la fontaine d’Obedeanu. Istoria Craiovei (Histoire de Craïova), Craïova, Editura Scrisul Românesc, 1977, p. 13. Ces trouvailles prouvent le caractère continu de l’occupation du site, même si elles ont toutes deux été opérées en dehors des limites assignées par les sources cartographiques à Craïova au XVIIe siècle.
-
[56]
Sanda Voiculescu propose une synthèse de ces études dans : « Organizarea religioas? – criteriu de structurare a a??ez?rilor urbane române??ti » (L’organisation religieuse : un critère structurel des établissements urbains roumains), Analele Arhitecturii (Annales d’architecture), 1998 no 1, p. 102-107.
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[57]
À Constantinople, ce noyau s’organisait autour de la place Augustéenne, bordée par le grand palais, la cathédrale métropolitaine de Sainte Sophie et le bâtiment du Sénat. Dans les capitales provinciales le noyau central se place au niveau hiérarchique correspondant et se centre sur le palais du dignitaire local et sur celui de l’évêque.
1Étude de cas consacrée à la ville de Craïova [1], dans la région roumaine d’Olténie, cet article se propose de définir les caractéristiques de son développement au cours du Moyen Âge et de la Modernité afin de les comparer à celles des autres villes de la région.
2Géographiquement, Craïova est située aux confins de la plaine danubienne et du plateau gétique, non loin du bassin d’inondation de la rivière Jiu. Même si le site n’a été continuellement occupé qu’à partir du IXe siècle, des traces d’habitation daces, puis romaines, démontrent l’aptitude de la zone à accueillir des implantations. Toutefois, les recherches archéologiques étant restées trop rares, les preuves matérielles font défaut pour la Craïova médiévale. Cette ville s’était développée sur le site de la Pelendava géto-dace, dont elle conserva le nom durant l’occupation romaine [2]. Elle constituait un jalon du vallum de Trajan, et le castrum romain construit tout à côté s’intégrait à la fois aux fortifications couvrant le rivage de la Jiu, et à la ligne de défense s’étendant de Drobeta à Romula via Ad Mutrium et Pelendava. Cet intérêt défensif assura son rôle stratégique durant l’Antiquité et le Moyen Âge.
3La phase heuristique de la recherche menée a consisté à synthétiser les sources écrites et iconographiques subsistantes. Ce sont des chartes médié-vales et modernes, des descriptions tirées de journaux de voyage, ainsi que des plans; leur analyse a pris en compte les conditions de leur production et le statut de leurs auteurs.
Les sources médiévales
4Les chartes mentionnant Craïova aux XVe et XVIe siècles peuvent être classées en quatre catégories selon la nature des informations qu’elle fournissent. Un premier groupe est formé par celles qui ne s’intéressent qu’aux boyards et aux bans [3] de Craïova et qui montrent le rôle joué par ces derniers en tant que vice-rois de la Valachie féodale. Un deuxième concerne les terres de Craïova baillées aux boyards par les voïvodes, et définit le statut des propriétés foncières. Le troisième groupe rassemble les chartes octroyées à Craïova, avant tout relatives à son statut politique et administratif, mais qui livrent à l’occasion des éléments sur ses modes d’occupation. Le dernier regroupe les chartes données partout ailleurs en Valachie, renfermant des indications sur Craïova et fournissant en consé-quence des données sur ses structures d’habitat.
5Dans le premier groupe, les deux plus anciennes chartes mentionnant le nom de Craïova ont été données par le voïvode Basarab Laiot? l’Ancien [4] et remontent au 1er juin et au 15 juillet 1475, cette dernière ayant été donnée à Târgovi??te [5]. Parmi les boyards cités comme témoins figure un [6] D’autres chartes de la fin du XVe siècle portent trace parmi leurs témoins du zhupan Barbu de Craïova [7], ou Barbu Cralevski [8]. Un document datable entre le 1er septembre 1491 et le 31 août 1492 et donné par le voïvode Vlad le Moine [9] confirme les droits de propriété du monastère de Bistri?a sur plusieurs villages ainsi que sur leurs tsiganes, en considération de la donation faite par ses fondateurs, les boyards Craïove??ti [10], que la charte dénomme « le puissant zhupan Barbu de Craïova » et ses frères, ce qui laisse penser que les boyards Craïove??ti étaient à cette époque d’importants dignitaires. Par ailleurs, une charte octroyée par le voïvode Radu le Grand le 21 janvier 1500 mentionne en tant que témoins le zhupan Pârvu de Craïova et le zhupan Barbu donné comme grand ban de Craïova [11]. Dans les documents précités, les bans successifs portent les titres de « ban » et de « grand ban » associés à l’épithète « puissant ». En outre, les documents se référent à la fonction politique des boyards Craïove??ti, dont Craïova formait la résidence, ce qui permet de supposer que Craïova jouait également un rôle stratégique à l’échelle régionale.
6Le deuxième groupe de sources, qui est le plus intéressant pour l’étude
des établissements de Craïova, se résume à deux documents seulement.
Une charte du 23 avril 1532, donnée à Târgovi??te, indique que le voïvode
Vlad le Noyé donna au
[12] en
récompense de sa fidélité
[13]
, qui
avaient été confisqués au zhupan Barbu et au ban Preda [14]. La seconde
charte, donnée à Târgovi??te le 15 mars 1544, rapporte que le voïvode Radu
Paisie se défit d’une partie des villages de C?p??ânenii et de Hrastu ainsi
que d’une autre de Craïova et de ses villages environnants, au profit de
l’intendant Dr?ghici et du grand trésorier Udri??te, en considération de
services rendus [15]
.
(...) [16]
7Dans le troisième groupe de chartes provenant de Craïova même, les exemples remontent à la fin du XVe siècle [17], et traitent principalement de confirmations des droits possédés par des boyards et des monastères sur les villages et les territoires de la région d’Olténie [18]. Parmi ces documents, ceux qui émanent des bans de Craïova font des références plus ou moins subjectives à la ville. Dans une charte en date du 25 juillet 1545 [19] donnée à Craïova par le grand ban de Craïova Teodosie, le scribe déclare : « Et moi, le logothète Ivancea qui écrit [20], le 25 juillet 7054 [21] ».
8Dans le contrat d’achat d’une communauté tsigane du 15 février 1576, de même que dans une charte du 15 novembre 1583 donnée par Mihalcea, grand ban de Craïova, les rédacteurs précisèrent qu’ils écrivaient [22] Ce terme de « siège de Craïova » confirme l’hypothèse que la fonction administrative avait jouée un rôle déterminant dans le développement de Craïova.
9Le quatrième groupe de sources est représenté par le document produit à Bucarest par le voïvode Mihnea le Turquisé, confirmant les droits de propriété de quelques boyards à la suite de l’achat du village de Bohan, dont les témoins certifiaient [23] è [24] afin de trouver un acquéreur au bien en question [25]. L’information tirée de la source est particulièrement précieuse, car Craïova reçoit l’épithète de , un terme slave d’étymologie hongroise désignant une ville. D’ailleurs, le fait que trois places de marché soient mentionnées à Craïova ne suggère pas seulement le développement des activités commerciales, mais également que Craïova constituait une vaste agglomération à cette époque. Dans une autre charte, en date du 15 janvier 1593 et donnée à Bucarest, le voïvode Alexandre le Mauvais confirma à l’issue d’un procès le droit de propriété exercé par le monastère de St?ne??ti sur [26].
10Il est possible de déduire de ces chartes que Craïova était une agglomé-ration urbaine importante pour la Valachie, même si elles ne comportent que de trop rares données relatives à ses caractéristiques. En effet, Craïova constituait la résidence des vice-rois de l’état féodal de Valachie, et jouait de ce fait un rôle politico-administratif. Parallèlement, les informations livrées par les chartes étayent l’hypothèse d’une importante fonction commerciale. En outre, elles permettent d’approcher la connaissance de la propriété foncière à l’intérieur du territoire de l’agglomération. Dans une certaine mesure, ces indices permettent l’analyse des structures, même s’il n’est guère possible d’imaginer à partir des chartes conservées quelle pouvait être l’apparence de l’agglomération aux XVe et XVIe siècles sur le plan de l’architecture et sur celui de l’organisation spatiale.
Images occidentales ou images orientales ?
11Les minces indications données par les chartes médiévales sont enrichies par les chroniques et les notes de voyage écrites par les voyageurs étrangers qui ont visité la Valachie aux XVIe et XVIIe siècles. Elles fournissent un certain nombre d’indications portant sur les structures de Craïova et insistent sur la fonction politique et militaire qu’elle exerçait en tant que résidence des bans. Toutefois, l’information reste conditionnée par le trajet et la durée de séjour de chacun des voyageurs.
12Anton Veran?i? (Verantio) était un humaniste, fin connaisseur de son époque, et qui écrivit de nombreux travaux sur les hommes, les lieux et les évènements. Il effectua plusieurs missions diplomatiques en France, en Angleterre, en Italie, dans le Saint Empire romain germanique, ainsi que dans l’empire ottoman. Exerçant de hautes fonctions en Transylvanie, il rédigea en 1549 sa Descriptio Transylvaniae, Moldaviae et Vallachiae, traitant de la localité des Roumains, de leur origine, de leur langue, ainsi que de l’importance stratégique de leur pays; l’œuvre livre des indications relatives aux agglomérations valaques du milieu du XVIe siècle [27].
Urbes in illis nullae, nulla politia, nulla eximii operis aedificia. In Moldavia dumtaxat tres arces sunt lapideae : Zwchwa, imprimis, principum sedes in ripa fluminis Zereth, dein Hothyn et Nemuz, haec in finibus Siculiae, illa in Poloniae posita. Vicus ut pastoriciae casaehinc indesparsus, et oppida nullis sepibus communita, domos vero agrestes modice humo evectas, materia sylvestri compactas, limo illitas, et culmo sive paleis tectas inhabitant.
In Transalpina Tergovistum unique insigne oppidum est, satis ingens, et caput provinciae, ac duae arces lapidae non tales, ut nominetur. Reliqua omnia pene ut in Moldavia. Nec alioqui licet apud eos, veterum atque adeo jam et Turcarum imperatorum decretis, fortalitia aut arces condere, neque civitates munitionibus et propugnaculis cingere, solam regni fortitudinem in militium numero ac robore ponentes [28].
14Cette affirmation posant l’absence de toute agglomération urbaine ou de toute vie urbaine en Valachie relève cependant d’une appréciation subjective qui s’éclaire dès que l’expérience cosmopolite de son auteur est connue. Néanmoins, la description brossée par Verantio reste pré-cieuse grâce aux indications portant sur les matériaux des maisons, sur les techniques, la structure des implantations et l’absence de remparts, bien que certains citadelles soient mentionnées.
15L’italien Franco Sivori arriva en Valachie en 1583 pour être secrétaire du souverain. Il tint un journal de voyage décrivant la société roumaine du temps [29]. Il rapporta sa rencontre avec « Bano Grande » [30] en qui il reconnut à la fois un représentant du prince et un gouverneur de « la province nommée Craïova » (sic). Plus tard, il dépeignit la Valachie comme une contrée divisée en seize vastes comtés comptant vingt et une « terra grosa de mercato [31] » dirigées chacune par un « governatore ». Cependant, les jugements étaient rendus par le prince, car les pouvoirs de ces gouverneurs étaient limités; nul d’entre eux ne possédait le droit de condamner à mort, sauf le grand ban, ensa qualité de premier dignitaire [32]. Si l’on encroit Sivori, la province placée sous l’autorité du ban couvrait la moitié de la Valachie.
16En 1597, Balthazar Walter le Silésien accompagna l’ambassadeur de Pologne en Valachie. Sa propre chronique, rédigée en latin depuis Târgovi??te et imprimée en 1599 à Gö rlitz, dépeignit Craïova, alors résidence du ban, premier des dignitaires du souverain, comme une ville étendue, populeuse et riche, mais dépourvue de remparts et de forteresse [33].
17Giacomo Luccari rédigea en 1601 un Copioso ristreto degli annali di Ragusa, chronique riche d’indications sur tous les endroits en relation avec Raguse, donc sur Craïova du fait de sa localisation sur la route commerciale utilisée par les marchands de cette ville se rendant en Transylvanie [34]. Il séjourna à Constantinople et effectua de longs voyages en Orient; de ce fait, il est le premier des chroniqueurs de Raguse à avoir fourni des informations sur les principautés roumaines. De la bataille de 1395 ayant mis aux prises Mircea le Vieux avec les Turcs, il raconte qu’elle se déroula « sotto la città di Craglievo [35] ». Luccari était fin connaisseur du caractère des villes orientales; il n’est donc pas surprenant qu’il ait qualifié de « città » une agglomération non fortifiée.
18Promu archevêque de Bulgarie après avoir étudié à Rome au monastère d’Ara Coeli, Petru Bogdan Baksiè visita Craïova en 1640. Il la décrivit comme une ville-marché située dans le bassin de la rivière Jiu, et dont la foire du vendredi voyait le bétail être acheté par des marchands venus d’aussi loin que de Turquie [36]. De nombreux catholiques fréquentant cette foire, ce fut dans la maison d’un habitant roumain que Baksiè eut à célébrer des messes puisqu’il lui était impossible de le faire dans un lieu de culte orthodoxe. Il nota que Craïova comptait deux cents foyers orthodoxes disposant de nombreuses églises en bois, et même d’une vaste et belle église de pierre [37] couverte de cinq dômes et flanquée d’un clocher portant deux grosses cloches. Baksiè attribuait l’importance de la ville à sa fonction de résidence d’un grand ban. Ce dernier était le second détenteur de pouvoir de Valachie, et possédait sa propre suite et sa propre juridiction; en effet, dans toute la Valachie, seuls le grand ban et le voïvode pouvaient prononcer des peines capitales.
19Entre 1653 et 1658, l’archidiacre Paul d’Alep et son père, le patriarche d’Antioche Makarios III, voyagèrent dans l’est de l’Europe. À partir de ses notes personnelles, Paul d’Alep composa un récit en arabe intitulé Rihlat al-Batrak al-Antaki Makarios al-Halabi [38]. Très familier des principautés roumaines, Paul d’Alep décrivit dans le détail les constructions et les monuments d’Olténie et, bien sûr, de Craïova, visitée au cours de trois voyages successifs en 1657-1658. La valeur documentaire de cette source a été contestée par les universitaires en raison de ses amphigouris rhétoriques, qui relèvent de la tradition orientale [39]. Pourtant, les informations portant sur l’aspect et les fondateurs de plusieurs monuments valaques restent de grande valeur, ce que confirment ceux de ces édifices qui ont conservé leur apparence d’origine. D’ailleurs, certains détails qui ont paru douteuxont été identifiés comme ne résultant que d’erreurs de traduction. Le passage dédié à la visite de Craïova est relativement court, car le voyageur n’y passa que la seule journée du 1er juillet 1657. Toutefois, il s’intéresse à l’église Saint-Dumitru et aux monastères de Jitianu et de Bucov??.
20Parmi les éléments de ces descriptions, trois relèvent de la morphologie urbaine : la mention des structures et de l’aspect de la localité, l’absence de remparts de pierre ou de briques et la mention du bois comme principal matériau de construction. Ils peuvent être considérés comme valides pour les périodes antérieures, même si l’hypothétique présence de fortifications de terre ou de bois ne peut être vérifiée que par des recherches archéologiques. À l’égard du caractère d’urbanité de l’implantation, comme à celui du mode de vie des habitants, les affirmations des différents voyageurs divergent notablement. La variété de leurs points de vue et de leurs expé-riences peut en rendre compte. Les chroniqueurs occidentaux ne voyaient pas une ville dans une agglomération démunie de remparts et de constructions en dur. En revanche, les orientaux s’attachaient à l’affluence engendrée par un rôle de ville-marché, considérée comme un caractère décisif de l’urbanité.
Sémiologie cartographique
21Les sources cartographiques concernant Craïova restituent sa place dans le réseau urbain valaque. Les premières cartes disponibles pour la Valachie remontent aux XVIe et XVIIe siècles. Toutefois, elles ne localisent qu’un très petit nombre de localités, généralement de manière erronée, quelques rivières, dont le nom n’est pas précisé; elles représentent des formations montagneuses qui séparent des bassins hydrographiques ou qui marquent des frontières politiques. Même si la cartographie occidentale recèle davantage d’indications, elle présente des lacunes et des impré-cisions semblables [40]. Ces sources cartographiques ne constituent donc pas le matériau idéal d’une étude de l’urbanisation.
22La première source dont la valeur documentaire soit meilleure est celle que publia à Padoue en 1700 le grand intendant Constantin Cantacuzène : Index geographicus celsissimi Principatus Wallachiae in decem et septem themate divisa juxta accuratissimam descriptionem quam edidid sapientissimus vir Stolnicus D.D Constantinus Cantacuzenus studio Medici ac Philosophi D.D Ionnis Comnei, Nunc primus Graecis typis expositus et obsequoise dicatus serenissimo ac piissimo Principi ac Domino Totius Wallachiae D.D. Ioani Constantino Bassaraba Woevodae a Chrysantho Presb-o et Apostolici ac Sanctissimi Hierosolymarum Patriarc-tis Throni Archimandrita [41]. Cette carte est affectée des mêmes erreurs de longitude que ses devancières; néanmoins, le système de figuration des agglomérations livre de précieuses indications, puisque distinguant les oppida, les villae, les villae habitatae a Nobilibus et les loca Turcica, les monastères étant répartis en trois catégories : monasteria magna, monasteria minora et monasteria Virginum. Dans la région d’Olténie, la carte mentionne 122 agglomérations et 28 monastères. Au même rang que les résidences royales de Bucarest et de Târgovi??te, Craïova est classée comme oppidum, tandis que les monastères de Bucov?? et de Jitianu le sont comme monasteria magna.
23Il faut attendre la période d’occupation autrichienne entre 1718 et 1739 pour disposer de sources cartographiques solides sur la région d’Olténie. Les plus sûres et les plus détaillées d’entre elles ont été retenues pour l’étude de Craïova. La première a été réalisée par Friedrich Schwantz en 1722 sous le titre de Tabula valachiae Cis-Alutanae per Frieder. Schwantzium Heisteriani Capitaneum A., jointe à une description générale rédigée en allemand [42]. É tablie suivant les principes cartographiques alors les plus récents, la carte de Schwantz est d’une fiabilité surprenante et constitue une mine d’informations [43]. La représentation des agglomérations suit un système de symboles indiquant leur importance. À l’instar de plus vastes unités, Craïova est figurée par une petite façade d’église. Elle était donc la capitale, la plus importante agglomération de la région. D’ailleurs, sa propre figuration cartographique est significativement plus grande que celle de ses voisines; elle compte davantage de dômes. Le site naturel de Craïova, les collines, de même que la rivière Jiu et ses marécages sont figurés avec précision, fournissant les bases solides d’une étude de situation de l’agglomération, en dépit d’une échelle trop petite pour une analyse de détail. Si les monastères de Bucov?? et de Jitianu sont également figurés, seul le second se trouve nommé.
Constantin Cantacuzino,
Constantin Cantacuzino,
Friedrich Schwantz, Tabula valachiae
Friedrich Schwantz, Tabula valachiae
24Une carte plus récente de Valachie, dressée en 1788 par F. Jos. Ruhedorf, intitulée Mappa Specialis Walachiae ex acuratissimus Singulorum Districtuum Iconographus collecta, delineata, et dedicata Excelentissimo Domino Comiti de Hadik Sac. Caes. Reg. Apost. Mattis Consiliario intimo, Campi Mareschallo & supremi Consilii Aulae bellici Praesidenti per F. Jos. Ruhedorf in Offis Caes. Reg. ad suprem Armor Praefecturam, 1788, repré-sente les implantations de toute nature en les répartissant en huit classes [44] : Fortalitia, Urbes muris cinctae, Urbes muris destitutae, Oppida, Monasteria cum Pagis, Pagi, Kalugeriae seu Coenobia, et Habitationes dispersae [45]. Bucarest et Craïova sont représentées comme des Urbes muris destitutae, seule Târgovi??te étant Urbs muris cinctae. La figuration de cette dernière lui accorde moins prééminence en considération de sa taille. Malgré l’échelle choisie, cette carte introduit une nouvelle distinction entre les villes suivant qu’elles soient murées ou non. Anonyme, une Carta der Wallachei publiée en 1789 reprend les codes de représentation utilisés par Schwantz et symbolisant les villes par une maison d’un, deux ou trois étages suivant leur étendue [46]. On remarque que Craïova est figurée au bord de la Jiu par un symbole à trois étages, alors que Bucarest l’est par deux maisons de même hauteur se faisant face de part et d’autre de la rivière Dâmbovi?a, Târgovi??te n’étant plus représentée que par un unique symbole à deux niveaux [47].
F. Jos. Ruhedorf, Mappa Specialis
F. Jos. Ruhedorf, Mappa Specialis
Carta der Wallachei, 1789.
Carta der Wallachei, 1789.
Topographische Karte der grossen
Topographische Karte der grossen
25Une autre carte topographique [48] réalisée en 1790 mais publiée en 1812, intitulée Topographische Karte der grossen und kleinen Wallachey aus verschiedenen Reconoscirungs Planen des k.k. General Quartier Meister Staabs im Jahre 1790 zusammengetragen. Herausgegeben im Jahre 1812 [49], utilise différents modes de représentation selon la structure des agglomé-rations. Celles-ci sont réparties en Staedte, Marktflecken, grosses Dorf mit Schloss und Kirche, grosses Dorf mit Kirche, grosses Dorf ohne Kirche, kleines Dorf mit Kirche, kleines Dorf ohne Kirche, et bewohntes Schloss [50]. Craïova figure comme ville-marché avec un habitat dispersé dépourvu de limites précises. Târgovi??te est représentée de la même manière, à ceci près qu’elle est entourée par une ligne frontière, tandis que Bucarest apparaît sous forme d’une zone hachurée, ce qui suggère une plus forte densité de constructions. Quant à la localisation sur la carte, elle place Craïova dans la basse plaine de la Jiu, alors qu’elle était en réalité située plus haut, sur une terrasse fluviale.
26À partir de l’examen de ces cartes et de leurs différents systèmes de représentation graphiques, il est possible de situer Craïova au troisième rang des agglomérations urbaines valaques, juste après les résidences princières de Bucarest et de Târgovi??te. En même temps, Craïova est présentée comme la deuxième ville de Valachie sur celles des cartes qui décrivent la superficie de chaque implantation. Mais les représentations utilisées ne peuvent être considérées comme traduisant les structures topographiques de l’habitat, l’échelle et les moyens techniques des cartographes ne le permettant pas. Il reste cependant établi que Craïova est figurée comme une grande ville ouverte, donc à la texture urbaine disséminée.
Une interprétation spatio-temporelle
27Ceci étant, la carte la plus significative est une représentation graphique de la Valachie [51] réalisée par Specht en 1790-1791 jointe aux trois volumes manuscrits intitulés Militarische Carte der Kleinen oder Oesterreichischen und grossen Wallachei, welche beide zusammen aus 349 Sectionen bestehen, und wehrend dem Waffenstillstand zwischen der k; k; und der turkischen Armee vom Monat September 1790 bis Ende May 1791 durch den General-quartiermeisterstaab unter der Direktion des Obristen Specht geometrisch aufgenommen, und in das reine ausgezeichnet worden. Diese Carte ist in den halben Masstab der wiener Zoll zu 2 000 Schritt in 108 Blaetern Zusammengesetzet. Masstab von 10 000 Schritten [52]. Cette carte est la première qui ait représenté en détail l’organisation spatiale des villes valaques, fournissant au lecteur des indications sur leur taille, leur forme et leur texture urbaine. Par ailleurs, les zones forestières et le réseau routier sont représentés de manière fiable [53]. À l’égard des monastères, deux figurations sont utilisées pour distinguer ceux qui sont fortifiés de ceux qui ne le sont pas.
Specht, Militairische Carte der Kleinen oder Oesterreichischen und grossen Walllachei, 1790-1791. (Détail.)
Specht, Militairische Carte der Kleinen oder Oesterreichischen und grossen Walllachei, 1790-1791. (Détail.)
28Sur cette carte, Craïova est placée sur la rive orientale de la Jiu au point de convergence de plusieurs routes. Les marécages de la plaine d’inondation de la rivière sont représentés, ce qui montre à quel point ils pouvaient interdire toute extension de la ville vers l’ouest. La carte permet au lecteur de constater que la localisation des lieux administratifs et commerciaux sur une terrasse élevée, dominant immédiatement les marécages, a déterminé la forme semi-circulaire de l’implantation. C’est en couleurs qu’elle représente le site naturel à l’intérieur des limites de la ville, indiquant les tènements entourés de clôtures, les différentes largeurs de la voirie, la variété de taille des maisons, et jusqu’à leur forme. Ces éléments ont donc été utilisés pour une analyse morphologique séquentielle de la texture urbaine destinée à identifier les éléments permanents pouvant jalonner une restitution du développement médiéval.
29L’analyse multicritères a associé quatre démarches afin de répondre aux exigences d’une tentative de reconstitution de l’évolution de Craïova au Moyen Âge : analyse diachronique du développement urbain par rapport au territoire et au réseau urbain de la région, analyse synchrone des éléments morphologiques de l’implantation suivant le premier plan de ville, analyse des programmes architecturaux et analyse du caractère de sa structure urbaine.
30Le premier niveau d’analyse diachronique du développement a souligné le caractère organique des traits spontanés de l’urbanisation intérieure, aussi bien conditionnés par le paysage naturel que par l’intervention humaine sur le site. Sa morphologie, qui comprend des éléments tels que la rivière Jiu, sa zone d’inondation et ses chapelets de marécages, ou encore l’alternance des monts et des vaux, définit la contingence fondamentale liée au site naturel de Craïova.
31Le deuxième niveau d’analyse, portant sur les éléments morphologiques de l’agglomération du XVIIIe siècle, a dégagé les règles intrinsèques régissant son organisation, compte tenu de la stabilité et de la solidité des structures urbaines, ainsi que de la lenteur de l’urbanisation régionale en raison du contexte historique. Lors du développement régional, la convergence d’importantes routes commerciales – la route du sel, la route du miel, le transit commercial entre la Transylvanie et Vidin ou Raguse – a créé les conditions de l’émergence quasi-inéluctable d’une ville-marché. Le réseau viaire présente un caractère organique spontané à la fois déterminé par la topographie du site et par le réseau des routes commerciales. Un trait spécifique des villes byzantines se retrouve : l’insertion d’espaces ouverts irréguliers voués aux marchés dans le système des rues. La part prise par les espaces ouverts était importante à Craïova, ce qui renseigne sur un mode d’usage du territoire à l’intérieur du périmètre urbain correspondant à la mise en culture. La plus grande partie de la superficie intérieure appartenait au ban; de ce fait, peu de propriétés privées se trouvent décrites. Il paraît néanmoins significatif que les églises aient eu leurs propres tènements. Ceux-ci sont relativement vastes dans le cœur de l’espace urbain, plus réduits dans la zone commerciale, encore plus rares et plus étriqués en périphérie, pour redevenir très vastes au-delà des limites de la zone construite. Dépourvu d’enceinte, ainsi que le remarquaient les voyageurs étrangers, le système défensif de l’agglomération reposait apparemment sur les monastères fortifiés de Bucov?? et de Jitianu que contrôlaient les forces armées du Banat d’Olténie [54].
32Le troisième niveau d’analyse, portant sur l’espace construit, a porté sur les programmes architecturaux et sur les techniques et les matériaux de construction. En ce qui concerne l’habitat, des maisons englouties et des constructions de bois ont été portées au jour par les recherches archéologiques menées dans la région [55]; quant aux voyageurs, ils ont noté que la plupart des constructions étaient en bois, à l’exception de certaines églises et de la résidence des bans, qui utilisaient les matériaux les plus précieux et les plus durables mis en œuvre selon les meilleures techniques. D’ailleurs, elles se conformaient au modèle byzantin d’organisation de l’espace et de technique de construction, même si des parpaings remplaçaient la pierre de taille introuvable sur place. Il reste que les conclusions de ce niveau d’analyse ne pourraient être confirmées ou infirmées que par de nouvelles fouilles portant sur le site que l’étude morphologique a défini.
33Le quatrième niveau d’analyse a concerné la forme d’organisation des structures de l’agglomération. Il semble que la Craïova médiévale ait eu un double pôle situé sur la plus haute terrasse du site et correspondant d’une part à l’église Saint-Dumitru et à la maison du B?nie et d’autre part à un noyau commercial. La fonction de polarisation exercée par le double noyau est soulignée par le réseau viaire tel que le révèlent les cartes du XVIIIe siècle. La convergence des rues vers les églises paroissiales montre une structure radioconcentrique traduisant une organisation religieuse fondée sur la centralité. C’est ici un trait structurel courant pour les établissements situés hors de l’arche des Carpates, et les études architecturales confirment l’hypothèse attribuant un rôle déterminant à l’organisation religieuse dans le modelage de leur développement urbain [56].
34Le fait que les principautés roumaines aient appartenu à la sphère byzantine se solda ultérieurement par un ensemble de particularités constitutives de la spécificité des implantations urbaines roumaines par rapport à la ville médiévale occidentale. Bien que n’ayant pas été suivi de manière délibérée, le « modèle » venu de Constantinople se retrouve dans les villes de Valachie et de Moldavie à travers des similitudes marquées sur le plan politique, économique et religieux. La principale caractéristique des villes byzantines qui peut être rapprochée des villes roumaines est l’existence d’un noyau central associant la résidence du souverain à l’église, une formule qui peut symboliser la dualité des pouvoirs [57]. Tout comme dans la ville byzantine, le territoire de Craïova était structuré en quartiers appelés mahalale calqués sur le découpage paroissial, chacun disposant de son propre centre autour de son église. Il n’existait pas de géographie urbaine de type social : dans chaque district, les résidences des boyards voisinaient avec les demeures ordinaires. Le réseau viaire avait un caractère organique, non géométrique, commandé par le relief du site et par les relations fonctionnelles avec les autres zones intérieures de la ville. Ceci créait une tendance à la convergence des rues vers le centre urbain, de tout temps espace d’attraction de la vie urbaine. Des réseaux viaires secondaires étaient en place à l’échelle du quartier, focalisés par l’église paroissiale.
35D’une part, la similitude de ces traits des villes roumaines avec ceux de leurs homologues byzantines résultait d’une pluralité de caractéristiques communes. La première était liée à des organisations politicoadministratives et religieuses comparables et entretenant la même relation fondamentale entre institutions de l’état médiéval. La seconde caractéristique tenait au droit de propriété exercé par le souverain sur le territoire urbain. Ces biens fonciers pouvaient être donnés à des hauts dignitaires ou à des monastères, ou encore être baillés à des tenanciers contre un droit seigneurial appelé embatic.
36D’autre part, des singularités distinguaient les principautés roumaines par rapport au modèle byzantin. Selon les sources contemporaines, l’absence de remparts dans la grande majorité des cas étudiés était compensée par l’existence d’un dispositif particulier de défense composé des monastères fortifiés rejetés aux alentours de la ville, à l’exemple des monastères de Bucov?? et de Jitianu. N’étant pas limitée par une frontière matérialisée, la croissance spatiale de la ville n’était contrôlée que par le tracé de son pourtour, sans cesse repoussé par l’absorption de nouvelles zones construites en périphérie, généralement alignées au bord des principales voies d’accès. Le développement urbain se réalisait par intégration progressive de zones rurales et par l’accensement de la partie urbaine ou périurbaine des terres appartenant aux monastères, au souverain, aux compagnies marchandes ou aux boyards.
37Si l’on se réfère à ces processus, le développement de Craïova fut donc celui d’un oppidum situé au carrefour de routes commerciales importantes et amené à jouer en tant que résidence d’un ban un rôle essentiel sur le plan politico-administratif, et, par suite, sur le plan religieux, ce qui devait assurer l’affirmation de son urbanisation.
38Traduit par Olivier Zeller
Notes
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[*]
J’exprime ma reconnaissance envers le professeur Olivier Zeller de l’université de Lyon II pour avoir traduit de l’anglais le présent article, tiré de ma thèse de Maîtrise intitulée « Le développement urbain médiéval en Valachie » et réalisé en 1998-1999 dans le cadre du Département d’É tudes médiévales de l’Université d’Europe centrale à Budapest. Cette recherche a été menée sous la direction du professeur Neven Budak et avec le soutien et les encouragements constants du professeur Jozsef Laszlovsyky, responsable du Département.
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[1]
Selon Paul Bairoch, Craïova n’atteignit le millier d’habitants qu’en 1600, mais compta 11 000 habitants en 1800. Paul Bairoch et al., La population des villes européennes de 800 à 1850, Genève, Droz, 1988, p. 59 (N.D.L.R.).
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[2]
Tabula Peutingeriana, circa 250. Conradi Milleri Edition, Ravensburg, 1887-1888.
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[3]
Le ban, également nommé le grand ban, était le gouverneur de la région nommée Olténie et appartenant à la principauté de Valachie. Le prince de chaque principauté roumaine portait le titre de voïvode.
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[4]
Traduction roumaine de l’original slavon publié dans Documente privind Istoria Românilor, Veacurile XIII, XIV, ??i XV, B. ara Româneasc? (1247-1500). (Documents concernant l’histoire des Roumains : les XIIIe, XIVe et XVe siècles, B. Valachie, 1247-1500), Bucarest, Editura Academiei R. S. R., 1953, p. 152-153.
-
[5]
Ibid., p. 154-155.
-
[6]
« Le zhupan Neagoe de Kraleva » (sic).
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[7]
Traductions roumaines de l’original slavon publiées dans Documente privind Istoria Românilor, XIII, XIV, XV, B., op. cit., p. 220-222 et 239-240.
-
[8]
Ibid., p. 222-223.
-
[9]
Cette charte a été datée d’après la composition du divan du voïvode Vlad le Moine.
-
[10]
Traduction roumaine du XVIIIe siècle publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XIII, XIV, XV, B., op. cit., p. 206-207. Le document original en slavon a disparu.
-
[11]
Traduction roumaine de l’original slavon publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XIII, XIV, XV, B., op. cit., p. 266.
-
[12]
« Le zhupan Hamza, grand ban de Jiu et de Craïova ».
-
[13]
« La totalité de Craïova, avec tous ses villages et établissements, tsiganes, moulins, marécages et vignes ».
-
[14]
Original slavon publié dans Documenta Romaniae Historica, B. ara Româneasc? (B. Valachie), Bucarest, Editura Academiei R.S.R., 1975, vol. 3, pp. 196-198. Traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, Veacul XVI, B. ara Româneasc? (Documents concernant l’histoire des Roumains : le XVIe siècle, B. Valachie), Bucarest, Editura Academiei R.S.R., 1951, vol. 2, p. 104.
-
[15]
Original slavon publié dans Documenta Romaniae Historica, B. ara Româneasc? (B. Valachie), Bucarest, Editura Academiei R.S.R., 1981, vol. 4, pp. 195-196. Traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op.cit., vol.2, p. 312.
-
[16]
«... et, à nouveau que ceci soit leur terre : le quart de Craïova et aussi bien de ses voisins (sic). Parce que les susdits villages appartiennent au souverain, (...) ».
-
[17]
Original slavon publié dans Documenta Romaniae Historica, B. ara Româneasc? (B. Valachie), Bucarest, Editura Academiei R.S.R., 1966, vol. 1, p. 427-428 et traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XIII, XIV, XV, B., op.cit., p. 238. Copie slavonne publiée dans Documenta Romaniae Historica, B., op. cit., vol. 3, p. 336-338 et traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit., vol. 2, p. 183-184.
-
[18]
Les droits de propriété obtenus sous un voïvode étaient ultérieurement confirmés par ses successeurs.
-
[19]
Original slavon publié dans Documenta Romaniae Historica, B., op.cit., vol. 4, p. 227-228. Traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit., vol. 2, p. 343-344.
-
[20]
« au lieu merveilleux de Craïova ».
-
[21]
Le calendrier byzantin restait à cette époque d’un usage courant dans les principautés roumaines.
-
[22]
Original slavon du contrat d’achat publié dans Documenta Romaniae Historica, B. ara Româneasc? (B. Valachie), Bucarest, Editura Academiei Române, 1996, vol. 8, p. 7-8 et traduction roumaine publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit., vol. 4, p. 215. La charte originelle a disparu, mais une traduction roumaine est publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit., vol. 5, p. 142-143.
-
[23]
« dans la ville de Craïova ».
-
[24]
« et ils appelèrent dans trois places de marché »
-
[25]
Copie slavonne dans Documenta Romaniae Historica, B, vol. 9, sous presse au moment de la recherche. Traduction roumaine dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit, vol 5, p. 55-56.
-
[26]
« Six magasins dans ma ville de Craïova ». Copie slavonne traduite en roumain au XVIIIe siècle et publiée dans Documente privind Istoria Românilor, XVI, B., op. cit., vol. 6, p. 63.
-
[27]
Foreign Sources on the Romanians (Sources étrangères sur les Roumains), traductrice Delia R?dulescu, Bucarest, Direction générale des archives d’état de R.S.R., 1980, p. 73-83.
-
[28]
Original latin publié dans Mihaly Hatvani (sous la direction de), Monumenta Hungariae Historica. Scriptores, Pest, Ferdinand Eggenberger, 1857-1859, vol. 3, p. 119-151.
-
[29]
Original italien publié de ??tefan Pascu dans « Petru Cercel ??i ara Româneasc? la sfâr??itul secolului al XVI-lea » (Pierre Boucle d’Oreille et Valachie à la fin du XVIe siècle), Cluj, Biblioteca Institului de Istorie na?ional? de la Cluj, 12/1944, p. 169. Traduction roumaine dans C?l?tori str?ini despre ?rile Române (Les voyageurs étrangers dans les principautés roumaines) Bucarest, Editura ??tiin?ific?, 1975, vol. 3, p. 1-6.
-
[30]
« Le grand ban ».
-
[31]
« grosses villes-marchés ».
-
[32]
Cette information se trouve confirmée par Anton-Maria del Chiaro dans Nicolae Iorga (éd.), Istoria delle moderne revolutioni della Valachia, Bucarest, 1914, p. 32, ainsi que par le prince Dimitrie Cantemir dans Gr. G. Tocilescu (éd.), Hronicul vechimei a româno-moldo-vlahilor (Chronique de l’ancienneté des roumaino-moldo-valaques), Bucarest, Carol Gö bl, 1901, p. 460.
-
[33]
Dan Simionescu, Cronica lui Balthasar Walter (Chronique de Balthazar Walter), Bucarest, Editura Academiei, 1965, p. 75.
-
[34]
Nicolae Iorga, Despre cronici ??i cronicari (Chroniques et chroniqueurs), Bucarest, Editura ??tiin?ific?, Enciclopedic?, 1988, p. 324-327.
-
[35]
« Sous la ville de Craglievo ».
-
[36]
C?l?tori str?ini despre T¸ ?rile Române (Les voyageurs étrangers dans les principautés roumaines), op. cit., vol. 3, p. 132-135.
-
[37]
En fait, l’église Saint-Dumitru, édifiée par les boïars Craïove??ti, était maçonnée en briques.
-
[38]
Texte arabe d’origine et traduction française de « Voyages de Makarios d’Alep, patriarche d’Antioche » dans Vasile Radu (sous la direction de), Patrologia Orientalis, Paris, Firmin Didot, 1930, vol. 21, p. 569-582, et traduction roumaine dans C?l?tori str?ini despre T¸ ?rile Române (Les voyageurs étrangers dans les principautés roumaines) Bucarest, Editura ??tiin?ific?, 1976, vol. 6, p. 212-214.
-
[39]
Pour un complément de références, voir Radu Cre?eanu, « Monumente istorice din Oltenia în relat?rile lui Paul de Alep » (Les monuments historiques d’Olténie dans les écrits de Paul d’Alep), Mitropolia Olteniei, 11 – 12 / 1967, p. 910-923.
-
[40]
Influencées par la tradition antique, ces cartes perpétuent les erreurs de longitude des cartes de Ptolémée.
-
[41]
Bibliothèque de l’Académie Roumaine, Bucarest.
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[42]
Kurze Erklä hrung und Bericht ü ber die Disseith des Alth-flusses gelegene fü nff Distrikte der Keiserlichen Valachey, sive Valachia Cis-Alutanae. Neuverfertigte Land-Charte verfasst von Friederich Schwantz, des Löbeichen Graf Heisterischen Regiments Hauptmann. 1722. Archives de la Guerre, Vienne.
-
[43]
Ana To??a Turdeanu, Oltenia : geografie istoric? în h?r?ile secolului XVIII (La géographie historique d’Olténie d’après les cartes du XVIIIe siècle), Craïova, Editura Scrisul Românesc, 1975, p. 23-30.
-
[44]
Bibliothèque de l’Académie Roumaine, Bucarest.
-
[45]
Citadelle, ville murée, ville non murée, oppidum, monastère avec village, village, ermitage et habitation isolée.
-
[46]
Archives de l’Histoire de la Guerre, Budapest.
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[47]
À rapprocher des évolutions démographiques proposées par Paul Bairoch : expansion de Craïova, déclin de Târgovi??te (environ 10 000 habitants vers 1600, environ 3 000 vers 1800). Mais les indications sur Bucarest sont totalement discordantes (8000 habitants vers 1600, mais environ 50000 vers 1800). Cf. Paul Bairoch et al., op. cit., p. 59. (N.D.L.R.)
-
[48]
Archives de l’Histoire de la Guerre, Budapest.
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[49]
Carte topographique de Petite et de Grande Valachie, d’après les relevés de reconnaissances de l’É tat-major impérial réunis en 1791. Publiée en 1812.
-
[50]
Villes, villes-marchés, village important avec église et château, village important avec église, village important sans église, petit village sans église, château habité.
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[51]
Archives de la Guerre, Vienne.
-
[52]
Carte militaire de la Valachie orientale ou Petite Valachie et de la Grande Valachie décrites ensemble en 349 sections durant la suspension d’armes intervenue entre l’armée impériale et l’armée turque entre septembre 1790 et la fin de mai 1791, levée géométriquement et dessinée au net par l’É tat-major sous la direction du colonel Specht. Cette carte est à la demi-échelle de 2 000 pas de la Douane de Vienne en un ensemble composé de 108 feuilles. Echelle de 10 000 pas.
-
[53]
Ana To??a Turdeanu, Oltenia, op. cit., p. 30-32.
-
[54]
Izvoare privind istoria României (Sources de l’histoire roumaine), Bucarest, Editura Academiei, 1964, vol. 1, p. 740-741.
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[55]
Le site archéologique le plus important dans la zone de la Craïova moderne est constitué par une habitation de la fin du IXe au XVe siècle située à F?c?i, au sud-est de la ville. Les fouilles de F?c?i ont porté sur des habitations englouties, des foyers, des dépotoirs, des gisements de céramiques, d’outils, sur un four pour céramiques de luxe, ainsi que sur plusieurs sépultures. Cf. O. Toropu et Onoriu Stoica, « A??ezarea de la F?c?i în secolele IX-X » (Le site de F?c?i aux IXe et Xe siècles), Historica, 1971 no 2, p. 53, et : O. Toropu, « Descoperirile de la F?c?i’» (Les découvertes de F?c?i), Mitropolia Olteniei, 1972, no 9-10, p. 707. Les fouilles archéologiques ont démontré l’existence d’un cimetière d’inhumation daté entre le XIIIe et le XVe siècle à proximité de la fontaine d’Obedeanu. Istoria Craiovei (Histoire de Craïova), Craïova, Editura Scrisul Românesc, 1977, p. 13. Ces trouvailles prouvent le caractère continu de l’occupation du site, même si elles ont toutes deux été opérées en dehors des limites assignées par les sources cartographiques à Craïova au XVIIe siècle.
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Sanda Voiculescu propose une synthèse de ces études dans : « Organizarea religioas? – criteriu de structurare a a??ez?rilor urbane române??ti » (L’organisation religieuse : un critère structurel des établissements urbains roumains), Analele Arhitecturii (Annales d’architecture), 1998 no 1, p. 102-107.
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À Constantinople, ce noyau s’organisait autour de la place Augustéenne, bordée par le grand palais, la cathédrale métropolitaine de Sainte Sophie et le bâtiment du Sénat. Dans les capitales provinciales le noyau central se place au niveau hiérarchique correspondant et se centre sur le palais du dignitaire local et sur celui de l’évêque.