1Il est toujours délicat de rendre compte d’un catalogue d’exposition. Ce type d’ouvrage, conçu pour être regardé, voire pour être feuilleté, au moins autant que pour être lu obéit à des contraintes spécifiques. Une esthétique soignée, une reproduction irréprochable des illustrations, la défense d’un parti-pris scénographique sont autant d’impératifs. Ce volume, catalogue d’une exposition tenue au Pavillon de l’Arsenal en 1999, ne déroge pas à ces règles. Les reproductions de plans parisiens sont d’excellente qualité, la mise en page joue sur les tailles, de la vignette parfois peu visible au dépliant qui permet une vision à la fois générale et précise de l’agglomération. Chaque image est accompagnée d’une notice, et chaque partie est introduite par une présentation, à la fois mise en perspective et essai d’explication généralisante de la thématique. La place principale, comme il se doit, est faite aux images, mais il convient de souligner le soin avec lequel les références bibliographiques et archivistiques ont été présentées. En conséquence, cet ouvrage constitue un outil documentaire précieux, même s’il ne prétend pas faire un inventaire exhaustif de la cartographie parisienne. Bien entendu, il n’en reste pas à ce premier niveau. Les auteurs se sont également attachés à proposer une lecture globale de cet « Atlas parisien ».
2L’ambition de cette exposition, et de ce livre, est de rendre compte, sur un temps long (le livre s’ouvre sur une reproduction de l’itinéraire de Londres à Rome de Matthiew Paris, qui date de 1250 et se clôt sur des évocations virtuelles contemporaines) des constructions mentales à l’œuvre dans la représentation cartographiée de Paris. L’ouvrage est structuré autour de cinq grands thèmes, selon une logique largement chronologique : le portrait, la mesure, l’empire des plans, l’abstraction, l’instantané. À travers ces scansions temporelles, deux idées dominantes peuvent se lire. Le plan est, d’abord, un organe et un signe du pouvoir. Les auteurs ont beau jeu de rappeler que le prince est bien souvent à l’origine du projet cartographique, à l’instar de François 1er faisant réaliser le premier (et l’un des plus grands) plan de Paris entre 1525 et 1530. Il s’agit à la fois de représenter l’espace pour mieux le contrôler et de diffuser, via le plan ou la carte, un discours idéologique de puissance et de paix. Conjointement, cet ouvrage peut être lu sous l’angle de l’histoire des techniques et des sciences. L’image de Paris est ainsi tributaire des modifications de la manière de percevoir et de représenter l’espace, le bâti, les réseaux. L’un des intérêts des notices est de faire apparaître d’ailleurs l’imbrication des modèles de pouvoir et des représentations graphiques menées au nom des pouvoirs. En bref, une réflexion stimulante.