Couverture de RHSHO_213

Article de revue

II.4/ Traces de pratiques musicales dans quelques bibliothèques spoliées par les nazis

Pages 175 à 190

Notes

  • [1]
    BnF, NAF 28313.
  • [2]
    Jenny Delsaux, responsable de la sous-commission des livres, dans son petit recueil de souvenirs, La Sous-Commission des livres à la récupération artistique, 1944-1950 (61 pages dactylographiées), estime que les livres revenus en France ou retrouvés sur le territoire national représentent 20 % à peine des vols.
  • [3]
    Willem De Vries, Commando Musik. Comment les nazis ont spolié l’Europe musicale, Paris, Buchet-Chastel, 2020 ; édition originale anglaise : Sonderstab Musik : music confiscations by the Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg under the Nazi occupation of Western Europe, Amsterdam, Amstedam University Press, 1996. Voir aussi par exemple Carla Shapreau et Florence Gétreau, The Loss of French Musical Property During World War II, Post-War Repatriations, Restitutions, and 21st Century Ramifications, https://www.lootedart.com/web_images/pdf2014/Shapreau.pdf
  • [4]
    Parfois, le caractère exceptionnel de certaines bibliothèques les a paradoxalement protégées car elles furent entreposées intactes dans des centres du pouvoir nazi. Mais pas toujours… Seuls 54 volumes sur plus de 10 000 livres et partitions, parfois anciennes, qui constituaient sa bibliothèque et une dizaine d’instruments de musique anciens sur plus d’une soixantaine furent restitués à la célèbre claveciniste Wanda Landowska. De Vries étudie sa spoliation et celle de Darius Milhaud (Commando Musik, op cit., p. 336-353 et p. 328-336).
  • [5]
    L’Office des biens et intérêts privés (OBIP) est créé par décrets des 2 juillet 1917 et 30 décembre 1919 pour recueillir les déclarations de personnes physiques et morales dont les biens étaient tombés aux mains de l’ennemi. Réactivé lors du second conflit mondial (décrets du 1er octobre et du 20 novembre 1939), il est chargé à la Libération de recueillir les déclarations de biens spoliés et transférés par l’ennemi en dehors du territoire national (décret du 13 novembre 1944 et arrêté du 16 avril 1945).
  • [6]
    Rose Valland (1898-1980) était attachée de conservation au musée du Jeu de Paume en 1940. Pendant toute la guerre, elle consigna les mouvements et déplacements d’œuvres spoliées par les nazis passées par le musée.
  • [7]
    Dès la fin des années 1940 et à la demande du Bureau central des restitutions français à Berlin, afin que ce dernier puisse repérer et faire rapatrier certains dépôts de biens culturels français, est publiée une série en 9 volumes, le Répertoire des biens spoliés en France durant la guerre 1939-1945. Le chapitre 7 du volume 3 consacré aux Meubles répertorie les pianos et clavecins et 3 suppléments des volumes 3 et 4 répertorient des instruments de musique quels qu’ils soient. Le volume 7 propose une liste des Archives, manuscrits et livres rares. Son chapitre 6 est consacré aux partitions. Un supplément paraîtra ultérieurement.
    Sur les spoliations d’archives, voir Sophie Cœuré, La mémoire spoliée. Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique, Paris, Payot, 2007 et 2013. Sur les spoliations de livres, voir Martine Poulain, Livres pillés, lectures surveillées. Les bibliothèques françaises sous l’Occupation, Paris, Gallimard, 2008 et 2013. Une base de données recensant 2 250 personnes et 400 institutions spoliées de leurs bibliothèques, réalisée par Martine Poulain, est accessible sur le site du Mémorial de la Shoah :
    http://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/bibliotheques_spoliees/
  • [8]
    La Commission de récupération artistique (CRA), créée par l’arrêté du 24 novembre 1944 (JO du 23 janvier 1945), est organisée par le décret du 28 août 1945 (JO du 30 août 1945), puis dissoute par le décret du 30 septembre 1949 (JO du 2 octobre 1949).
  • [9]
    Les archives de la Récupération artistique sont principalement conservées au ministère des Affaires étrangères sous la cote AMAE 209 SUP. Les archives concernant spécifiquement les bibliothèques spoliées y représentent quelque 56 cartons, conservés sous les cotes 921 à 927, 1060 à 1065, 1100 à 1145. Aux archives nationales, 26 cartons sont consacrés à la restitution des bibliothèques spoliées sous les cotes F 17 974 à F 17 996, les plus souvent doubles des précédents.
  • [10]
    Patricia Kennedy Grimsted a décrit ces migrations dans de nombreux articles, par exemple : « The Road to Minsk for Western “Trophy” Books: Twice Plundered but Not Yet “Home from the War” », 39(4), septembre 2004, p. 351-404 ; « Roads to Ratibor. Library and Archival Plunder by the Einsatzstab Reichleiter Rosenberg », Holocaust and Genocide studies, 19(3), 2005 ; « Twice Plundered, but Still Not Home from the War : The Fate of Three Slavic Libraries Confiscated by the Nazis from Paris », Solanus, 16 juillet 2002. La chronologie, les acteurs et l’estimation quantitative des retours des livres spoliés sont analysés dans Martine Poulain, Livres pillés, lectures surveillées, op. cit. (2013), chap. X.
  • [11]
    Patricia Kennedy Grimsted, « Les pistes paneuropéennes des livres pillés par les nazis : trop d’ouvrages encore en exil », in Martine Poulain (dir.), Où sont les bibliothèques françaises spoliées par les nazis ?, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2019, p. 44.
  • [12]
    Voir par exemple Martine Poulain, « Des livres spoliés durant la Seconde Guerre mondiale déposés dans les bibliothèques : une histoire à connaître et à honorer », Bulletin des bibliothèques de France, 2015, n° 4, p. 176-190, http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2015-04-0176-001
  • [13]
    Le chapitre 6 du volume 7 du Répertoire des biens spoliés est ainsi presque exclusivement constitué des partitions anciennes de la collection (exceptionnelle) de Gaston Calmann-Lévy.
  • [14]
    Ces noms et les quelques données présentées ici sont issus de la base de données de Martine Poulain, citée plus haut.
  • [15]
    Marie Goldstein à la SCL, le 9 février 1946, Archives du ministère des affaires étrangères (ci-après AMAE), 209 SUP 700. Les dates de naissance et de mort de la plupart des spoliés sont inconnues. Elles ont été indiquées ici lorsque leur notoriété a fait l’objet d’une documentation ou de travaux qui les fournissent.
  • [16]
    Marie Goldstein à la CRA le 9 février 1946, AMAE, 209 SUP 700.
  • [17]
    Dossier Marie Goldstein, AMAE, 209 SUP 700.
  • [18]
    Dossier Marie Goldstein, AMAE, 13 BIP 12. Il est délicat de donner un équivalent en euros 2020, tant le prix des biens culturels évoqués ici (livres, partitions, instruments de musique, marginalement tableaux ou mobilier) obéit à des critères qui ne sont pas exclusivement financiers : en effet, leur valeur relève aussi d’une socio-histoire et d’une économie de ces segments de production culturelle et de leurs pratiques. Sans prendre en compte les effets de la révolution numérique et en restant dans le seul cadre de l’imprimé, on pourrait ici faire l’hypothèse que le prix des livres par exemple a encore baissé au xxe siècle en raison de la baisse des coûts de production et de sa diffusion à plus large échelle à travers la société, mais que cette baisse ne fut sans doute pas aussi forte dans le secteur des partitions, dont la vente est moins répandue. La courbe des prix des instruments de musique est certainement moins univoque, et encore plus dépendante du type d’instrument.
  • [19]
    Lettre de Marie Goldstein à l’OBIP, 31 janvier 1951, AMAE, 13 BIP 12.
  • [20]
    L’Office des biens et intérêts privés (OBIP) est créé par décrets des 2 juillet 1917 et 30 décembre 1919 pour « recueillir les déclarations de personnes physiques et morales dont les biens étaient tombés aux mains de l’ennemi ». Il est placé sous la tutelle du ministre des Affaires étrangères. Réactivé au moment de l’entrée dans le second conflit mondial (décrets du 1er octobre et du 20 novembre 1939), l’OBIP prend en charge les restitutions des biens appartenant à des Français ou leur indemnisation s’ils ont été transférés hors du territoire national.
  • [21]
    Germaine Kuczynski à M. Salley, MAE, Service des spoliations, le 8 mars 1949, AMAE, 34 BIP 37. Il lui a été attribué environ 80 romans et 540 partitions, un Guide du concert comprenant à lui seul quelque 500 partitions.
  • [22]
    Germaine Kuczynski à M. Salley, doc. cité.
  • [23]
    Il s’agit ici de l’espace de stockage des livres retrouvés en France ou en Allemagne situé avenue Rapp, dans le 7e arrondissement de Paris.
  • [24]
    Germaine Kuczynski à M. Salley, 27 mai 1949, AMAE, 34 BIP 37.
  • [25]
    Attribution de livres de littérature à Germaine Kuczynski, le 25 avril 1950, AMAE, 34 BIP 37.
  • [26]
    Restitution de livres retrouvés en Autriche à Germaine Kuczynski, sans date, AMAE, 34 BIP 37.
  • [27]
    Chef d’orchestre à l’Opéra et à l’Opéra Comique ; voir https://www.artlyriquefr.fr/dicos/Orchestre.html
  • [28]
    Cupidon, opérette représentée pour la première fois au théâtre du Gymnase à Marseille le 5 mars 1904 ; Jovial marche, en 1909 ; Cortège princier, de 1919 ; La Déodatienne, Gavotte Régence et Intermezzo en 1925 ; Fièvre sur une poésie de Marcel Luguet, en 1926 ; et d’autres œuvres jusqu’en 1932, puis Les Perles en 1942.
  • [29]
    Sans doute Paul de Choudens, 1850-1925, compositeur et grand éditeur de partitions.
  • [30]
    Dossier Félix Hesse, AMAE, 13 BIP 148, 37010.
  • [31]
    Lettre de Félix Hesse à l’OBIP, 16 mai 1949, AMAE, 13 BIP 148.
  • [32]
    Déclaration manuscrite de Félix Hesse, reçue le 26 septembre 1946, AMAE, 13 BIP 726.
  • [33]
    Dossier Félix Hesse. Liste des partitions retrouvées en Autriche le 3 février 1950, AMAE, 13 BIP 148.
  • [34]
    STO : Service du travail obligatoire. Paul Arma à Jenny Delsaux, 25 janvier 1947, AMAE, 209 SUP 732.
  • [35]
    Attestation en date du 3 décembre 1946, transmis à la SCL le 14 octobre 1949, AMAE, 13 BIP 15, 28603.
  • [36]
    Paul Arma à Mme Delsaux, SCL, 25 janvier 1947, AMAE, 209 SUP 597.
  • [37]
    Dossier Paul Arma, AMAE, 209 SUP 732.
  • [38]
    Petit instrument composé de lames de fer fixées à une boîte de résonance, que l’on tient à deux mains et dont on joue au moyen des pouces.
  • [39]
    Dossier Paul Arma, AMAE, 209 SUP 597.
  • [40]
    Dossier Paul Arma, AMAE, 209 SUP 732.
  • [41]
    Dossier Georges Beaucaire, AMAE, 13 BIP 45.
  • [42]
    Georges Beaucaire [à Jenny Delsaux], 7 août 1945, AMAE, 209 SUP 697.
  • [43]
    Le ministre plénipotentiaire, directeur de l’Office à Mme G. Beaucaire, le 24 avril 1951, AMAE, 13 BIP 45, dossier 31 111.
  • [44]
    [Georges Beaucaire à la SCL, 5 août 1946], AMAE, 209 SUP 697.
  • [45]
    Albert Delvaille, dit Trébla (1970-1943).
  • [46]
    Lettre à Louis Beauduc, 31 mars 1941, BnF, NAF 28313. Les « deux petits machins » sont Du mensonge, Lyon, Confluence, 1942, et Le Nocturne : Fauré, Chopin et la nuit, Satie et le matin, Lyon, Marius Audin, 1942.
  • [47]
    Lettre sans date [à la SCL], AMAE, 209 SUP 604 et 209 SUP 699.
« Je n’ai plus un Discours de la méthode ni un Cahier de Chopin. »
Vladimir Jankélévitch, lettre à Louis Beauduc, 31 mars 1941 [1]

1Même s’il est hasardeux d’avancer un chiffre, on peut estimer qu’au moins cinq millions de livres ont été pillés en France par les forces nazies durant la Seconde Guerre mondiale [2]. Dès les premières semaines de l’Occupation, les nazis saisissent et envoient en Allemagne de nombreuses bibliothèques : celles des ministères français stratégiques, des émigrés allemands antinazis, des opposants politiques, des grandes institutions juives ou maçonniques, des grandes personnalités juives. Ces spoliations ne doivent rien au hasard. Grâce à leurs agents, parfois à leurs chercheurs, scientifiques, historiens, ou à leurs conservateurs, archivistes et bibliothécaires envoyés en France avant-guerre, les agences nazies ont repéré de longue date des collections et archives qu’ils estiment leur appartenir ou devoir leur revenir. Tout au long de la guerre, ces saisies se poursuivent et s’intensifient. À partir de la mi-1942, la poursuite et la déportation de la population juive s’accompagnent de la saisie de leur appartement et de leurs biens, dont les bibliothèques. La perte de leurs livres représenta pour les spoliés une souffrance durable. La spoliation des instruments de musique en France a fait l’objet de plusieurs recherches dont le livre de Willem de Vries reste, à ce jour, la référence pour la France [3]. Toujours, elle est accompagnée de la saisie de leur bibliothèque et de leurs partitions. Nous n’évoquerons pas ici les cas les plus connus des instrumentistes ou compositeurs célèbres en leur temps, tels Wanda Landowska ou Darius Milhaud, dont les spoliations, sans avoir révélé tous les mystères de leur exil américain et sans avoir toujours retrouvé leur domicile premier, ont fait l’objet de recherches [4]. Cet article s’intéresse à la place des livres sur la musique et des partitions dans les bibliothèques de quelques spoliés moins connus, que celle-ci soit marginale ou première, que les spoliés soient des amateurs anonymes ou des professionnels, enseignants, chefs d’orchestre ou compositeurs.

Organiser des restitutions dans les rets de l’après-guerre

2L’ampleur et la spécificité des pillages conduisirent à la création après la Libération, en sus des organismes existants depuis la Première Guerre mondiale [5], de nouvelles structures, dédiées à la recherche de ces biens et à la réparation de tel ou tel aspect des dommages subis par les spoliés. La Commission de récupération artistique (CRA), créée à la fin de 1944 et animée par Rose Valland [6], fut chargée de rechercher en Allemagne et dans les pays occupés par le IIIe Reich les mobiliers, œuvres d’art, livres et archives pillés dans les collections privées. En son sein fut créée une sous-commission des livres (SCL), chargée plus spécifiquement de retrouver et de restituer ouvrages et archives [7] et animée par Jenny Delsaux (1896-1977), bibliothécaire détachée de la Sorbonne [8]. Des instances équivalentes furent actives à Metz et à Strasbourg, dans l’Alsace-Moselle libérée, qui restituèrent plus de 200 000 livres. Privés souvent de tous leurs biens, les victimes de spoliations, si elles avaient échappé à l’extermination, ou leurs ayants-droit devaient remplir nombre de formulaires de demande à destination des différents organismes chargés de leur restitution ou de leur indemnisation [9]. On imagine sans peine la souffrance que ressentirent ces personnes, qui, après s’être vu arracher leurs biens par la force et dans la violence, durent justifier auprès d’administrations en être bien les propriétaires.

3Les livres spoliés représentaient de telles masses qu’il est extrêmement difficile d’en suivre les cheminements après leur saisie par les commandos d’Alfred Rosenberg (Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg), de la Gestapo ou d’autres organismes nazis. Comme d’autres objets du quotidien pillés, les volumes confisqués étaient soumis à de multiples tris qui les conduisirent, selon les cas, à être détruits, vendus au poids au prix du papier, cédés à des intermédiaires plus ou moins véreux, abandonnés sur place ou envoyés en Allemagne. Les bibliothèques et les livres les plus précieux comme les plus honnis (bibliothèques des institutions juives ou maçonniques, bibliothèques de grands bibliophiles juifs) prennent le chemin de l’Allemagne et rejoignent des organismes officiels du régime, ce qui, paradoxalement, rendit parfois leur retour possible car elles ne furent pas démembrées. Mais des bibliothèques plus « ordinaires » rejoignent elles aussi les territoires du Reich. Dans ce maelstrom, il est très difficile de savoir ce que sont devenus spécifiquement les livres sur la musique et les partitions, sauf lorsqu’ils appartenaient à des collectionneurs, ce qui parfois les protégea.

4Si les routes de leur premier exode sont difficiles à tracer, leur retour l’est plus encore [10]. Les commissions de restitution étaient fort dépendantes de ce que retrouvaient ou non leurs correspondants des forces alliées stationnées en Allemagne, mais elles furent plus encore confrontées aux conséquences du passage en zone d’occupation soviétique de nombre de pays d’Europe de l’Est, après que les avancées de l’Armée rouge furent accompagnées de la saisie et de l’envoi à Moscou les biens culturels saisis comme « trophées de guerre », dont au moins 12 millions de livres [11]. Et la progressive mise sous tutelle des pays d’Europe de l’Est s’accompagna le plus souvent d’un refus d’accepter les experts français sur leur sol.

5L’activité de la CRA et de la SCL se déploya sur seulement cinq années. Ces organismes furent dotés d’un personnel très réduit et durent mener leurs recherches dans les conditions extrêmement difficiles évoquées ci-dessus. La sous-commission des livres réussit à retrouver sur le sol français ou à faire revenir d’Allemagne ou d’Autriche 1,2 million de livres en de multiples convois entre 1945 et 1950. Elle put restituer ou attribuer aux organismes ou personnes privées spoliés près de 600 000 livres. En effet, devant les marées de livres ne portant aucune trace permettant d’en connaître le propriétaire et face à l’impatience légitime des spoliés – pour certains d’entre eux, les livres ne représentaient pas un « supplément d’âme », mais un instrument de travail nécessaire à leur exercice professionnel, comme nombre de médecins, de juristes, d’intellectuels et, ici de musiciens –, une formule d’attribution fut mise en place. Elle consistait à attribuer à une personne des livres ou partitions identiques à ceux qui lui avaient été spoliés, ne portant aucun signe de propriété particulier. La personne attributaire s’engageait à rendre le(s) livre(s) à la SCL si le véritable propriétaire se manifestait et apportait la preuve de sa propriété. Il ne semble pas qu’il y ait eu beaucoup de contestations de cette procédure d’attribution.

6Ni les recherches de livres, ni leur restitution ou attribution n’étaient achevées lors de la suppression de la CRA et de la SCL : les livres de deux des spoliés ici évoqués ont été retrouvés en Autriche en 1953, trois ans après la fin officielle du service, indiquant qu’une forme d’activité a pu être poursuivie, de manière très réduite… Près de 300 000 livres étaient en attente de restitution et leur affectation prit encore de longs mois [12].

7Il fut très complexe et fort fastidieux pour les spoliés d’établir la liste les livres présents dans leur bibliothèque, la plupart ne disposant évidemment pas d’un catalogue – dans les rares cas où il en existait un, il était d’ailleurs parti avec les livres. Tenter d’établir une telle liste est un exercice chronologiquement et sociologiquement contraint. Chronologiquement car la plupart des spoliés ayant tout perdu jusqu’à leur domicile (on en aura ici plusieurs exemples), la récupération de leurs livres n’est que rarement première dans leurs multiples pertes vitales, si l’on excepte une fois encore intellectuels et collectionneurs [13]. Sociologiquement, car toute tentative de faire la liste des livres ne relève pas d’une mémoire objective, mais ne peut être qu’une reconstruction faite par le spolié ou ses ayants droit à ce moment très particulier de leur existence. Destiner cette liste à un organisme chargé d’en estimer la vraisemblance et la valeur en constitue un deuxième biais. Ce qui explique que les spoliés envoient souvent plusieurs fois leurs listes, au fur et à mesure de l’exercice de leur mémoire. Certains se refusent à se livrer à cet exercice et ne décrivent que très succinctement leur bibliothèque. Vladimir Jankélévitch, dont on n’a pu qu’évoquer en fin d’article la double passion pour la philosophie et la musique, s’est refusé à établir la liste précise de ses 5 000 livres, reconstitution qu’il estimait sans doute impossible à faire et en a seulement mentionné les grandes orientations, rendant ainsi muettes les archives de sa spoliation.

8La sous-commission et les victimes de spoliation semblent obéir pour partie à des exigences inverses : la première est lente aux yeux des premiers, trop lente, puisqu’après des mois passés à rechercher les lieux de stockage des bibliothèques spoliées et à les faire revenir, elle doit ensuite classer cette marée de livres, y rechercher de marques éventuelles d’appartenance, les classer par domaine, mettre à part les documents précieux, vérifier la légitimité de la requête des spoliés, etc. ; les spoliés, eux, sont pressés de retrouver leurs biens, notamment – on en aura plusieurs exemples ici – lorsque leur absence les empêche d’exercer leur profession de musicien et qu’ils souhaiteraient accéder aux rayonnages pour y choisir les livres qui leur manquent. Et ils supportent très mal, après avoir été dépouillés dans la violence, d’avoir à en persuader une administration.

La musique dans les bibliothèques spoliées

9Il est difficile de savoir si la présence de documents musicaux est toujours associée à une pratique amateure, qu’elle soit le signe d’un investissement volontaire, d’un héritage familial, ou l’indice des apprentissages quelque peu contraints des enfants du foyer, censés marquer une bonne éducation. Afin que nul ne s’étonne de voir dans les profils évoqués une fréquence d’enseignants, d’intellectuels, de cadres supérieurs, bref de « privilégiés », rappelons qu’une sensible différence existe entre le nombre de personnes, juives pour la plupart, spoliées de tous leurs biens (des dizaines de milliers) et le nombre de personnes ayant fait une déclaration de spoliation de livres à la Libération (quelques milliers). Pour se sentir légitime à faire une telle demande (se voir restituer sa bibliothèque), il fallait entretenir une relation suffisamment forte à l’univers du livre pour que retrouver les siens soit une priorité. Beaucoup de personnes cherchent avant tout à réintégrer leur appartement ou à pouvoir exercer leur métier, nécessités vitales, et leurs livres représentent un investissement très secondaire dans leur vie. Par ailleurs, les lettres des spoliés accompagnant leurs listes sont souvent brèves, ces derniers s’attachant surtout à répondre aux copieux dossiers exigés par les commissions de restitution, elles-mêmes davantage intéressées à vérifier la véracité des possessions qu’à connaître les détails de la souffrance que causa leur perte.

10Nous évoquerons les traces d’intérêt pour la musique dans quelques foyers qui ne le commentent guère.

  • Raphael et Jeanne Dreyfus-Wertheimer [14], lui maître de conférences auxiliaire de grec à l’université de Paris, elle avocate, ont été spoliés d’une bibliothèque de littérature, langues anciennes, archéologie et art antique, art, géographie, guides, littératures étrangères, droit, musique et partitions. Jouaient-ils eux-mêmes d’un instrument ? Leur piano, leur violon ont-ils été volés en même temps que leurs partitions ? Les lettres ne le disent pas.
  • Henri, Jean et Jacqueline Durkheim, le premier magistrat, les deux autres médecins, ont été spoliés de leur bibliothèque spécialisée en médecine et droit. D’intérêt professionnel, cette bibliothèque cultivait aussi leur esprit et ils mentionnent également la présence de littérature classique et contemporaine, de musique, d’histoire et histoire littéraire, de philosophie, de géographie, de manuels scolaires (précision rarement donnée tant l’image des livres scolaires est peu « noble » dans certains milieux). On leur restitue des livres de musique. Quelle place avait la musique dans leur vie ? On ne le saura pas.
  • Marcel-Jean Dreyfous, dont on ignore la profession, possédait 300 livres de musique et de littérature et une collection de L’Illustration. Il avait donc avant-guerre une petite bibliothèque, si on la compare à celles d’autres spoliés. En quoi celle-ci était-elle essentielle dans sa vie ? Par la présence de la littérature ? De la musique ?
  • Wanda et Victor Hirsch ont été spoliés d’une bibliothèque de livres en allemand, polonais, français, anglais, ainsi que de partitions et livres de musique. Certains livres portent un ex-libris de Sonja Samuely ou celui de Gabryela Horowitz (qui ne semble pas voir de rapport avec le pianiste Vladimir Horowitz). On ignore leur profession : avait-elle un rapport avec la musique ?

Les partitions, outils de travail des professeurs de musique

11Après avoir évoqué ces traces muettes d’un intérêt pour la musique, on s’arrêtera aux itinéraires de quelques musiciens professionnels, professeurs d’instruments de musique ou chef d’orchestre. Les commentaires des spoliés dans leurs lettres aux organismes chargés de l’indemnisation et/ou de la restitution de leurs biens sont souvent plus précis puisque la pratique de la musique était leur instrument de travail et leur moyen de vivre. L’importance et l’urgence de leur retour sont alors beaucoup plus grandes.

Marie Goldstein

12« J’ai été déportée avec mes trois enfants et mon mari, et seule, hélas !, je suis rentrée [15] », écrit le 9 février 1946 Marie (ou Mary) Goldstein à la sous-commission des livres. Déportée le 10 mai 1944 à Auschwitz, elle en est rentrée « malade, ayant perdu la mémoire [16] ». Sa villa de Sannois en Seine-et-Oise a été entièrement pillée (elle note la participation de la compagnie des Déménageurs français réunis et d’un certain Henri Walbaum) et elle est alors domiciliée dans le 10e arrondissement de Paris. Elle est professeur de piano, après avoir été premier prix au Conservatoire.

13Bien sûr, on lui demande d’abord de faire la liste la plus précise possible des livres qui composaient sa bibliothèque, etc., ce pour quoi elle doit employer – à ses frais, souligne-t-elle – une dactylo. Elle possédait beaucoup de partitions, portant son nom ou celui d’autres membres de sa famille : des opéras (La fille du régiment de Donizetti, Les Contes d’Hoffman d’Offenbach par exemple), toutes reliées. Mais son métier conduisait Marie Goldstein à posséder surtout des œuvres pour piano : pour piano seul, des Préludes et Fugues de Bach, des œuvres de Beethoven, de Scarlatti, de Haydn, de Mendelssohn, de Liszt, de Brahms, ou, moins connus, de Johann Konrad Kessler, Camille Chevillard, Moritz Moszkowski ou John Field ; ou encore des œuvres pour trio avec violon et violoncelle. Toutes ces partitions étaient éditées chez Eschig, Sénart ou Durand [17].

14Marie Goldstein possédait aussi des livres de littérature parmi lesquels les grands noms de la littérature classique, de Montaigne à Rousseau, de Rabelais à Molière, de Shakespeare à Cervantès, des succès du xixe siècle (Zola, Hugo, Balzac, Anatole France, Dumas, mais aussi Maupassant ou Baudelaire) et du début du xxe (Valéry, Rostand, Mauriac, Maurois, Carco, Cocteau, Dorgelès, Octave Aubry, Aragon, Giraudoux, Tristan Bernard, d’Annunzio, mais aussi Gerlady, Richepin, Maurice Dekobra, aujourd’hui oubliés, très célèbres à l’époque). Les grands succès anglais et américains de la fin des années 1930, La Mousson (1937), Autant en emporte le vent (1937), romans les plus recherchés sur les marchés parallèles et les plus lus durant la guerre sont présents. D’origine russe, semble-t-il, la famille Goldstein, possédait les grands classiques russes en français (Tolstoï, Dostoïevski, Gorki), mais également des volumes en langue originale, tous reliés, précise-t-elle. Cette bibliothèque comprenait aussi les livres scolaires des enfants. Enfin Marie Goldstein cite aussi les biographies de musiciens, tels Moussorgski. Cette bibliothèque contenait également « le livre des livres », la Bible.

15Aucun de ses documents n’ayant été retrouvé, elle bénéficie de l’attribution d’une soixantaine de partitions et d’une cinquantaine de volumes (littérature classique française et russe) le 13 octobre 1948 (pour un montant de 1 300 F). Elle déclare aussi le mobilier qui lui a été ravi pour un montant de 1 255 500 F [18]. Sa « grande armoire bretonne » et une aquarelle intitulée Rue de village sont finalement retrouvés en Autriche en octobre 1948 et lui sont restituées. Ses relations avec les organismes chargés des restitutions sont parfois difficiles, lorsqu’on ne veut pas lui restituer des meubles dont elle affirme qu’ils lui appartiennent [19].

Germaine Kuczynski

16Aucun courrier des organismes chargés de la restitution ne réussit à orthographier correctement le nom de ce professeur de piano et accompagnatrice, dont l’appartement a été entièrement vidé en juin 1943. Il semble qu’elle n’avait pas de piano chez elle.

17Dès avril 1945, Germaine Kuczynski dépose un dossier de demande de restitutions, mais on lui explique que les modalités d’exécution du décret chargeant l’OBIP des restitutions trouvées hors de France sont en cours de rédaction et qu’elle doit attendre [20]. En septembre 1946, elle est bénéficiaire d’une attribution de livres et de partitions, « cette attribution étant tout à fait insuffisante : manque total de musique moderne pour piano et piano et chant », regrette-t-elle [21]. De plus « toutes les partitions de Wagner m’ont été attribuées en réduction pour piano seul, ce qui est inutilisable pour moi, étant donné ma profession non seulement de professeur de musique mais aussi d’accompagnatrice [22] ». Et malgré ses demandes réitérées et plusieurs visites dans l’entrepôt de livres de la sous-commission [23], elle n’a rien pu obtenir quant à sa bibliothèque littéraire.

18Fin mai 1949, elle n’a été bénéficiaire d’aucune nouvelle mesure et ne le supporte plus : « Chaque fois que j’ai essayé d’obtenir satisfaction, j’ai reçu une réponse aussi invraisemblable, soit que l’été il n’y avait personne, soit que l’hiver il faisait trop froid […]. Je me demande […] si je pourrai jamais reconstituer ma bibliothèque [24]. » Finalement, elle est attributaire en juillet 1950 (six mois après la suppression officielle de la sous-commission) d’une centaine de livres de littérature : des auteurs classiques (Racine, Corneille, La Fontaine, Rousseau, Voltaire, Hugo, les œuvres complètes de Musset, Verlaine, ou encore – moins fréquemment présents dans les bibliothèques des spoliés – Boileau et Boccace), mais surtout des contemporains du xxe siècle : Romains, Bloy, Gide, Guéhenno, Larbaud, Némirovsky, Schwob… [25].

19Alors qu’elle avait sans doute perdu tout espoir, ses partitions (une centaine ?) sont retrouvées en Autriche et lui sont restituées [26]. Peu de « grands auteurs » dans ces partitions, à part quelques titres de César Franck, Debussy, Ravel, Schumann pour ses sonates, fantaisies et études symphoniques, Prokofiev pour ses pièces courtes (Marches gavottes, Visions fugitives, Cartes de la vieille grand-mère), les œuvres pour enfants de Villa-Lobos. On y trouve surtout des danses et par exemple des mazurkas hongroises de Gregh, Lack, Hérard, des partitions de chansons, des pièces pour enfant apprenant le piano ou destinées à les accompagner dans leur croissance : Chanson pour bercer de Samuel-Rousseau, Berceuse et autres pièces de Petitot, Pour deux petits amis de Soubeyran, peut-être François Soubeyran, cofondateur en 1944 des Frères Jacques, des Rondes des scouts, un « Guide du concert » avec des pièces des xviie et xviiie siècles, ou encore un Chant des soldats de Beaumont pour soutenir les grands frères partant à la guerre. Soit un ensemble de morceaux brefs, légers le plus souvent, destinés à accompagner la vie quotidienne, collective ou privée (la danse, l’éducation des enfants, les fiançailles ayant droit à un Menuet de Kesler-Weyler, etc.).

20Germaine Kuczynski possédait par ailleurs quelques estampes (« d’époque », et dont une qu’elle attribue à Boucher), trois petits tapis (deux d’Orient, un indochinois), un carton de tapisserie, dont on lui reproche de ne les avoir jamais fait estimer et qu’elle n’a, semble-t-il, jamais revus.

Des outils indispensables aux chefs d’orchestre et aux compositeurs

21Les partitions sont indispensables également aux chefs d’orchestre, qui se doivent de posséder un large répertoire, de leur goût ou du goût de leurs employeurs. Quant aux compositeurs, ils ajoutent à leur large répertoire leurs propres compositions, le plus souvent manuscrites. Uniques, ces manuscrits sont d’autant plus précieux à leur créateur. Sans doute leurs créations avaient-elles été déjà reproduites, car ni Paul Arma (1904-1987), ni Georges Beaucaire (1859-1949) n’en soulignent la perte.

Félix Hesse

22Félix Hesse est chef d’orchestre et compositeur. S’il est mentionné dans quelques répertoires de musiciens, on ne sait que peu de choses de sa carrière. À l’Opéra Comique, il dirige en 1918 une Manon et en 1919 Le mariage aux lanternes d’Offenbach dont il donne 39 représentations [27]. À partir de la même date, il est chef d’orchestre de l’Opéra du Casino de Nice, où il dirige une œuvre de Marcel Bertrand, Plus que reine, drame lyrique en quatre actes, puis, en 1931, Le roi d’Ys, Les Contes d’Hoffman et Marouf (Le Sultan). Il est crédité au catalogue de la Bibliothèque nationale de France d’une vingtaine d’œuvres [28], dont la musique accompagnant un poème d’Albert Ménard, dit Louis Payen, librettiste et secrétaire général de la Comédie-Française : Lettre des petits enfants de France au Bon Dieu.

23Domicilié à Paris, il est spolié fin novembre 1943 de tous ses biens. Sa bibliothèque de partitions, dont il estime le préjudice à 150 000 F, comprenait des œuvres de tous les grands compositeurs, de Mozart à Beethoven et de Wagner à Brahms, Moussorgski, Saint-Saëns, Berlioz, etc., et des contemporains comme André Messager (qui fut lui aussi chef d’orchestre à l’Opéra Comique). Il possédait aussi « toutes les séries du répertoire de Choudens [29] et toutes les fantaisies d’opéra ou d’opérette [30] ». Bien que spolié sans doute de tout son mobilier, c’est pour ses seules partitions qu’il demande restitution. Mais il n’a aucune nouvelle de la sous-commission des livres pendant deux ans et ne plus disposer de ses partitions le « prive d’être engagé dans les casinos d’été […]. Privé de mon instrument de travail, la lutte pour la vie devient plus pénible de jour en jour [31] ». Son appartement est toujours occupé par des habitants illégitimes, comme ce fut le cas pour tous les spoliés évoqués dans cet article, et il est hébergé chez des amis. Toutes ses partitions portaient son cachet « Félix Hesse directeur de la musique du Casino municipal de Nice [32] ».

24C’est sans doute à cette précaution qu’il doit d’être avisé, après cinq années d’une très longue attente, que « 1 316 volumes contenant 30 000 fascicules [33] » ont été retrouvés en Autriche le 3 février 1950 et qu’il rentre en possession de ce qui avait accompagné et fait sa vie.

Paul Arma

25Il est recherché pour « activité antinazie, raison raciale et abstention au STO [34] » et ses biens sont saisis le 4 avril 1944, ce dont atteste la concierge du 77, rue de l’Ouest, précisant qu’ont été emportés « divers objets, papiers, livres, musique, documents, gravures [35] ». Il ne contacte la sous-commission des livres qu’en janvier 1947, en envoyant une liste de ses livres et partitions et précisant qu’ils ne portent pas de trace distinctive, mis à part sur quelques-uns le nom de sa femme Edmée Louin ou son propre nom sur quelques partitions [36]. Il relance le service plusieurs fois et finit par envoyer une liste manuscrite de ses livres et partitions disparus. Cette première liste laisse à voir une bibliothèque modeste, comprenant une soixantaine d’ouvrages, dont des romans de Romain Rolland, Balzac, Anatole France, Dostoïevski, Gogol, George Sand, Stendhal, Le Spleen de Paris de Baudelaire et des textes des philosophes du xviii siècle (Voltaire, Rousseau, Diderot) ou plus anciens (Montesquieu, Montaigne), ou encore allemands (Kant et Schopenhauer). La liste des partitions est plus importante et mentionne des recueils de chansons du xviie siècle (éditions Ballard et Le Roy), les œuvres complètes pour orgue de Bach, les œuvres pour piano ou piano et violons de Haydn, Bach, Mozart, Beethoven, Schumann, Liszt, les œuvres pour piano de Debussy, Ravel, Bartok, Schoenberg, Kodaly, Josef Hauer, Hindemith ou, plus contemporains encore, de son ami Darius Milhaud et, a contrario une collection de partitions de musique ancienne ou de la Renaissance. Sa bibliothèque comprenait aussi des partitions de poche. Il possédait des collections importantes de revues comme Mélusine ou la Revue des traditions populaires, ainsi que nombre d’ouvrages sur le folklore français et étranger, des recueils de contes populaires en toutes langues – dont le hongrois bien sûr, mais aussi le tchèque, l’allemand, l’espagnol, etc. Plus tard, il a étoffé la liste des livres de sa bibliothèque qui comprenait de nombreux romans en français, hongrois, anglais et allemand [37]. Son horizon de lectures est sensiblement plus important que ne le laissait entrevoir la première déclaration et témoigne bien des intérêts d’Arma et de sa double culture, hongroise et – récemment – française. Le couple fait également la liste du mobilier saisi, très modeste. On y apprend qu’Arma collectionnait l’art « nègre africain » ; il avait ainsi acquis une trentaine de statues, boucliers, masques, fétiches, et instruments de musique : mbichis [38], tambours, sifflet, harpe, cistre, sanza.

26Sans nouvelles de ses demandes, Arma relance régulièrement la sous-commission des livres et peut enfin bénéficier de l’attribution le 17, puis le 23 novembre 1948 de partitions et de 117 livres, notamment en hongrois ou concernant le folklore. Très tard, en 1950, lui sont restitués « deux boucliers d’art nègre » retrouvés en Allemagne [39]. Et la plupart de ses partitions, recueils de chansons populaires, livres sur la musique, livres de fiction sont retrouvés en Autriche et lui sont rendus, alors qu’il avait sans doute perdu tout espoir, les 28 avril, 15 septembre et 19 décembre 1950, là encore bien après la suppression officielle de la SCL [40]. On ne sait rien de son mobilier, parmi lesquels lui-même n’avait pas fait mention d’instruments de musique, hors les pièces africaines. Paul Arma, un musicien et compositeur sans instrument ?

Georges Beaucaire

27Georges Daniel Salomon Beaucaire fut fonctionnaire dans le corps préfectoral. Conseiller de diverses préfectures de 1885 à 1894, il devint secrétaire général du Puy-de-Dôme en 1898, des Bouches-du-Rhône en 1900 et mit fin à sa carrière dès 1905, ce qui paraît assez prématuré. Il composa parfois sous le pseudonyme de Georges Anglebel. Son domicile du 3, place Malesherbes à Paris, dans le 17e arrondissement, est vidé par les Allemands, d’abord en octobre 1942 puis en mars 1943, ainsi que le précisent le propriétaire de l’immeuble et son avocat [41]. Le vol de ses biens est estimé à 934 000 F, puis revu à la baisse à 792 650 F. Il fournit à la sous-commission des livres un inventaire détaillé de sa bibliothèque. Domicilié un temps à Neuilly après-guerre, il s’installe ensuite à Pau.

28Tout son mobilier et ses œuvres d’art sont saisis. Il possédait un certain nombre de peintures : Marie-Antoinette dans sa prison (panneau sur bois) et Femme tenant un chat dans ses bras de Guiraud de Scevola, un Delatour (prénom non précisé) Bohémienne avec un chien au bord d’une route estimé à 2 500 F, des statues chinoises, etc., des tapisseries, son piano à queue Harmonium et sa bibliothèque, qu’il estime à 28 000 F, et ses 150 partitions à 5 450 F. Total qui, dans les listes les plus détaillées est évaluée à 106 000 F. Lors de ses échanges avec la SCL, évoquant « la barbarie d’un peuple féroce inter alles [sic] », il écrit, le 7 août 1945, à propos de la centaine de partitions qui lui ont été ravies : « Il aurait fallu y ajouter divers manuscrits de ma composition, mais ceux-là sont à jamais perdus [42]. » Ses listes témoignent d’une bibliothèque d’importance modeste, d’auteurs classiques (75 volumes reliés de Hugo, plusieurs de Zola, Voltaire, Verlaine, France, Flaubert), une place particulière étant accordée au théâtre et aux biographies de compositeurs. Il mentionne également la littérature dite pour enfants (Ségur, Fleuriot, Verne, Galland). Le compositeur a surtout voulu citer les ouvrages reliés selon les goûts de différentes époques : quelques livres anciens, dont une édition in quarto de Pope et trois volumes en « très petit format » de Shakespeare, une grande Bible dite « hollandaise », dont la date d’édition n’est pas précisée, riche de « très belles gravures », les œuvres d’Antoinette Deshoulières avec leur reliure du xviie siècle ; un volume de chansons provençales relié, avec des plats « façon provençale ». Un volume fut peut-être hérité de sa famille juive : une Description du Temple de Jérusalem en grand format, avec gravures et plans, dont la date n’est pas non plus précisée. Georges Beaucaire fait aussi la liste des partitions disparues : Offenbach, Auber, Bizet, Lecoq, Audran ou encore Wagner, Verdi, Mozart, etc., ainsi que des partitions de mélodies de Gounod, Massenet, Fauré, Hahn, etc., et des traités d’harmonie ou d’instrumentalisation.

29Ses relations avec les organismes chargés de la restitution semblent ne pas avoir été faciles, au point qu’une lettre de l’OBIP l’informe en 1951, alors qu’il avait déjà été bénéficiaire de plusieurs restitutions que « la Commission de contrôle chargée d’examiner vos revendications n’a pas pu statuer favorablement, les biens réclamés ne correspondant pas aux descriptions figurant sur votre inventaire de spoliation [43] ». Il s’étonne qu’une 4e administration soit en charge des indemnisations et restitutions, à laquelle il faut à nouveau envoyer en 6 exemplaires le détail de ses pertes, expliquant qu’établir ces listes demande beaucoup de travail et de temps. Le 5 août 1946, il demande à la SCL si un piano demi-queue et un harmonium peuvent lui être attribués [44]. Il bénéficie le 14 novembre 1946 d’une attribution de 28 volumes de partitions, le plus souvent reliés, de toutes époques mais surtout des xixe et xxe siècles (pour une valeur de 6 300 F), plus tard de 45 autres ensembles. Le 16 décembre 1947 lui reviennent d’Allemagne quatre livres (!) : un volume des Fables de Florian, Vivre en Dieu de Paul Fort, Madame la vie, pièce de 1920 de Trébla [45], Notre batterie, 21 janvier 1916-2 mai 1917, de Pierre Arnoult, paru en 1931. C’est bien peu. Lui sont restitués aussi le 16 février 1948 un harmonium Mustel, le 9 mars 1948 quelques objets de vaisselle (pichet en étain, plats), un « petit cabinet italien en ébène incrusté d’or » et des meubles retrouvés en Allemagne : une commode Louis XVI et une panetière provençale, un tapis d’Orient le 18 mai 1948, un buffet alsacien et un verrier provençal le 22 mars 1950.

La double perte de Vladimir Jankélévitch (1903-1985)

30On évoquera enfin le cas emblématique de Vladimir Jankélévitch, révoqué de son poste d’enseignant en 1940. Professeur de philosophie morale, Jankélévitch écrit aussi des livres sur la musique et les musiciens. Réfugié à Toulouse, il écrit à son ami Louis Beauduc le 31 mars 1941 : « Je sais aussi, sans avoir osé le dire à mes parents, que l’appartement de la rue de Rennes avait été vidé par les pillards avec toute ma bibliothèque musicale et mes livres, que mes parents avaient transportés chez eux. C’est encore à mon beau-frère [le résistant Jean Cassou] qu’on en veut, mais bien sûr les pillards n’ont pas distingué. Je n’ai plus un Discours de la méthode ni un Cahier de Chopin. » Plus loin dans la même lettre à Beauduc, il ajoute, toujours modeste : « Deux petits machins de moi vont bientôt paraître à Lyon. C’est le seul côté positif de ma vie pour l’instant […]. L’un sur le Mensonge, l’autre, en édition de luxe, sur le Nocturne[46]. » Jankélévitch, Juif et résistant, a été spolié deux fois, car son appartement du quai aux Fleurs est lui-même vidé le 22 février 1944 « sans doute par la Gestapo de l’avenue Hoche [47] », ce que son gestionnaire immobilier atteste. Les dossiers qu’il envoie à la SCL sont malheureusement succincts et ne donne que peu de détails sur sa bibliothèque et celle de ses parents. Après avoir signalé la perte de ses œuvres complètes d’écrivains russes, il précise quelque peu les centres d’intérêt des 5 000 volumes de sa bibliothèque « principalement philosophique, russe, grecque et musicale ». Le 24 août 1946, il se voit attribuer 247 volumes de musique et 71 volumes de philosophie. C’est bien peu. Le philosophe a sans doute été contraint de reconstituer entièrement sa bibliothèque et ses collections de partitions, qui lui permirent dans l’après-guerre la poursuite d’une œuvre philosophique et musicologique majeure.

31***

32Qu’elles fussent modestes ou plus conséquentes, bien rares furent les bibliothèques qui échappèrent aux conséquences de la violence avec laquelle elles avaient été soustraites à leurs légitimes propriétaires, dont elles avaient façonné et éclairé l’existence. Les partitions et livres sur la musique n’ont pas échappé aux filets des organismes nazis en charge des spoliations, ni aux méandres de leurs exodes ultérieurs. Les dossiers des demandes de restitution constituent bien souvent la seule trace mémorielle, mais muette, de la spoliation. C’est dans les lettres accompagnant la demande de restitution des spoliés que des traces de leurs pratiques musicales apparaissent et que s’exprime, avec pudeur, l’intensité de leur perte dans leur vie bien difficile à reconstruire.


Date de mise en ligne : 23/03/2021

https://doi.org/10.3917/rhsho.213.0175

Notes

  • [1]
    BnF, NAF 28313.
  • [2]
    Jenny Delsaux, responsable de la sous-commission des livres, dans son petit recueil de souvenirs, La Sous-Commission des livres à la récupération artistique, 1944-1950 (61 pages dactylographiées), estime que les livres revenus en France ou retrouvés sur le territoire national représentent 20 % à peine des vols.
  • [3]
    Willem De Vries, Commando Musik. Comment les nazis ont spolié l’Europe musicale, Paris, Buchet-Chastel, 2020 ; édition originale anglaise : Sonderstab Musik : music confiscations by the Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg under the Nazi occupation of Western Europe, Amsterdam, Amstedam University Press, 1996. Voir aussi par exemple Carla Shapreau et Florence Gétreau, The Loss of French Musical Property During World War II, Post-War Repatriations, Restitutions, and 21st Century Ramifications, https://www.lootedart.com/web_images/pdf2014/Shapreau.pdf
  • [4]
    Parfois, le caractère exceptionnel de certaines bibliothèques les a paradoxalement protégées car elles furent entreposées intactes dans des centres du pouvoir nazi. Mais pas toujours… Seuls 54 volumes sur plus de 10 000 livres et partitions, parfois anciennes, qui constituaient sa bibliothèque et une dizaine d’instruments de musique anciens sur plus d’une soixantaine furent restitués à la célèbre claveciniste Wanda Landowska. De Vries étudie sa spoliation et celle de Darius Milhaud (Commando Musik, op cit., p. 336-353 et p. 328-336).
  • [5]
    L’Office des biens et intérêts privés (OBIP) est créé par décrets des 2 juillet 1917 et 30 décembre 1919 pour recueillir les déclarations de personnes physiques et morales dont les biens étaient tombés aux mains de l’ennemi. Réactivé lors du second conflit mondial (décrets du 1er octobre et du 20 novembre 1939), il est chargé à la Libération de recueillir les déclarations de biens spoliés et transférés par l’ennemi en dehors du territoire national (décret du 13 novembre 1944 et arrêté du 16 avril 1945).
  • [6]
    Rose Valland (1898-1980) était attachée de conservation au musée du Jeu de Paume en 1940. Pendant toute la guerre, elle consigna les mouvements et déplacements d’œuvres spoliées par les nazis passées par le musée.
  • [7]
    Dès la fin des années 1940 et à la demande du Bureau central des restitutions français à Berlin, afin que ce dernier puisse repérer et faire rapatrier certains dépôts de biens culturels français, est publiée une série en 9 volumes, le Répertoire des biens spoliés en France durant la guerre 1939-1945. Le chapitre 7 du volume 3 consacré aux Meubles répertorie les pianos et clavecins et 3 suppléments des volumes 3 et 4 répertorient des instruments de musique quels qu’ils soient. Le volume 7 propose une liste des Archives, manuscrits et livres rares. Son chapitre 6 est consacré aux partitions. Un supplément paraîtra ultérieurement.
    Sur les spoliations d’archives, voir Sophie Cœuré, La mémoire spoliée. Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique, Paris, Payot, 2007 et 2013. Sur les spoliations de livres, voir Martine Poulain, Livres pillés, lectures surveillées. Les bibliothèques françaises sous l’Occupation, Paris, Gallimard, 2008 et 2013. Une base de données recensant 2 250 personnes et 400 institutions spoliées de leurs bibliothèques, réalisée par Martine Poulain, est accessible sur le site du Mémorial de la Shoah :
    http://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/bibliotheques_spoliees/
  • [8]
    La Commission de récupération artistique (CRA), créée par l’arrêté du 24 novembre 1944 (JO du 23 janvier 1945), est organisée par le décret du 28 août 1945 (JO du 30 août 1945), puis dissoute par le décret du 30 septembre 1949 (JO du 2 octobre 1949).
  • [9]
    Les archives de la Récupération artistique sont principalement conservées au ministère des Affaires étrangères sous la cote AMAE 209 SUP. Les archives concernant spécifiquement les bibliothèques spoliées y représentent quelque 56 cartons, conservés sous les cotes 921 à 927, 1060 à 1065, 1100 à 1145. Aux archives nationales, 26 cartons sont consacrés à la restitution des bibliothèques spoliées sous les cotes F 17 974 à F 17 996, les plus souvent doubles des précédents.
  • [10]
    Patricia Kennedy Grimsted a décrit ces migrations dans de nombreux articles, par exemple : « The Road to Minsk for Western “Trophy” Books: Twice Plundered but Not Yet “Home from the War” », 39(4), septembre 2004, p. 351-404 ; « Roads to Ratibor. Library and Archival Plunder by the Einsatzstab Reichleiter Rosenberg », Holocaust and Genocide studies, 19(3), 2005 ; « Twice Plundered, but Still Not Home from the War : The Fate of Three Slavic Libraries Confiscated by the Nazis from Paris », Solanus, 16 juillet 2002. La chronologie, les acteurs et l’estimation quantitative des retours des livres spoliés sont analysés dans Martine Poulain, Livres pillés, lectures surveillées, op. cit. (2013), chap. X.
  • [11]
    Patricia Kennedy Grimsted, « Les pistes paneuropéennes des livres pillés par les nazis : trop d’ouvrages encore en exil », in Martine Poulain (dir.), Où sont les bibliothèques françaises spoliées par les nazis ?, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2019, p. 44.
  • [12]
    Voir par exemple Martine Poulain, « Des livres spoliés durant la Seconde Guerre mondiale déposés dans les bibliothèques : une histoire à connaître et à honorer », Bulletin des bibliothèques de France, 2015, n° 4, p. 176-190, http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2015-04-0176-001
  • [13]
    Le chapitre 6 du volume 7 du Répertoire des biens spoliés est ainsi presque exclusivement constitué des partitions anciennes de la collection (exceptionnelle) de Gaston Calmann-Lévy.
  • [14]
    Ces noms et les quelques données présentées ici sont issus de la base de données de Martine Poulain, citée plus haut.
  • [15]
    Marie Goldstein à la SCL, le 9 février 1946, Archives du ministère des affaires étrangères (ci-après AMAE), 209 SUP 700. Les dates de naissance et de mort de la plupart des spoliés sont inconnues. Elles ont été indiquées ici lorsque leur notoriété a fait l’objet d’une documentation ou de travaux qui les fournissent.
  • [16]
    Marie Goldstein à la CRA le 9 février 1946, AMAE, 209 SUP 700.
  • [17]
    Dossier Marie Goldstein, AMAE, 209 SUP 700.
  • [18]
    Dossier Marie Goldstein, AMAE, 13 BIP 12. Il est délicat de donner un équivalent en euros 2020, tant le prix des biens culturels évoqués ici (livres, partitions, instruments de musique, marginalement tableaux ou mobilier) obéit à des critères qui ne sont pas exclusivement financiers : en effet, leur valeur relève aussi d’une socio-histoire et d’une économie de ces segments de production culturelle et de leurs pratiques. Sans prendre en compte les effets de la révolution numérique et en restant dans le seul cadre de l’imprimé, on pourrait ici faire l’hypothèse que le prix des livres par exemple a encore baissé au xxe siècle en raison de la baisse des coûts de production et de sa diffusion à plus large échelle à travers la société, mais que cette baisse ne fut sans doute pas aussi forte dans le secteur des partitions, dont la vente est moins répandue. La courbe des prix des instruments de musique est certainement moins univoque, et encore plus dépendante du type d’instrument.
  • [19]
    Lettre de Marie Goldstein à l’OBIP, 31 janvier 1951, AMAE, 13 BIP 12.
  • [20]
    L’Office des biens et intérêts privés (OBIP) est créé par décrets des 2 juillet 1917 et 30 décembre 1919 pour « recueillir les déclarations de personnes physiques et morales dont les biens étaient tombés aux mains de l’ennemi ». Il est placé sous la tutelle du ministre des Affaires étrangères. Réactivé au moment de l’entrée dans le second conflit mondial (décrets du 1er octobre et du 20 novembre 1939), l’OBIP prend en charge les restitutions des biens appartenant à des Français ou leur indemnisation s’ils ont été transférés hors du territoire national.
  • [21]
    Germaine Kuczynski à M. Salley, MAE, Service des spoliations, le 8 mars 1949, AMAE, 34 BIP 37. Il lui a été attribué environ 80 romans et 540 partitions, un Guide du concert comprenant à lui seul quelque 500 partitions.
  • [22]
    Germaine Kuczynski à M. Salley, doc. cité.
  • [23]
    Il s’agit ici de l’espace de stockage des livres retrouvés en France ou en Allemagne situé avenue Rapp, dans le 7e arrondissement de Paris.
  • [24]
    Germaine Kuczynski à M. Salley, 27 mai 1949, AMAE, 34 BIP 37.
  • [25]
    Attribution de livres de littérature à Germaine Kuczynski, le 25 avril 1950, AMAE, 34 BIP 37.
  • [26]
    Restitution de livres retrouvés en Autriche à Germaine Kuczynski, sans date, AMAE, 34 BIP 37.
  • [27]
    Chef d’orchestre à l’Opéra et à l’Opéra Comique ; voir https://www.artlyriquefr.fr/dicos/Orchestre.html
  • [28]
    Cupidon, opérette représentée pour la première fois au théâtre du Gymnase à Marseille le 5 mars 1904 ; Jovial marche, en 1909 ; Cortège princier, de 1919 ; La Déodatienne, Gavotte Régence et Intermezzo en 1925 ; Fièvre sur une poésie de Marcel Luguet, en 1926 ; et d’autres œuvres jusqu’en 1932, puis Les Perles en 1942.
  • [29]
    Sans doute Paul de Choudens, 1850-1925, compositeur et grand éditeur de partitions.
  • [30]
    Dossier Félix Hesse, AMAE, 13 BIP 148, 37010.
  • [31]
    Lettre de Félix Hesse à l’OBIP, 16 mai 1949, AMAE, 13 BIP 148.
  • [32]
    Déclaration manuscrite de Félix Hesse, reçue le 26 septembre 1946, AMAE, 13 BIP 726.
  • [33]
    Dossier Félix Hesse. Liste des partitions retrouvées en Autriche le 3 février 1950, AMAE, 13 BIP 148.
  • [34]
    STO : Service du travail obligatoire. Paul Arma à Jenny Delsaux, 25 janvier 1947, AMAE, 209 SUP 732.
  • [35]
    Attestation en date du 3 décembre 1946, transmis à la SCL le 14 octobre 1949, AMAE, 13 BIP 15, 28603.
  • [36]
    Paul Arma à Mme Delsaux, SCL, 25 janvier 1947, AMAE, 209 SUP 597.
  • [37]
    Dossier Paul Arma, AMAE, 209 SUP 732.
  • [38]
    Petit instrument composé de lames de fer fixées à une boîte de résonance, que l’on tient à deux mains et dont on joue au moyen des pouces.
  • [39]
    Dossier Paul Arma, AMAE, 209 SUP 597.
  • [40]
    Dossier Paul Arma, AMAE, 209 SUP 732.
  • [41]
    Dossier Georges Beaucaire, AMAE, 13 BIP 45.
  • [42]
    Georges Beaucaire [à Jenny Delsaux], 7 août 1945, AMAE, 209 SUP 697.
  • [43]
    Le ministre plénipotentiaire, directeur de l’Office à Mme G. Beaucaire, le 24 avril 1951, AMAE, 13 BIP 45, dossier 31 111.
  • [44]
    [Georges Beaucaire à la SCL, 5 août 1946], AMAE, 209 SUP 697.
  • [45]
    Albert Delvaille, dit Trébla (1970-1943).
  • [46]
    Lettre à Louis Beauduc, 31 mars 1941, BnF, NAF 28313. Les « deux petits machins » sont Du mensonge, Lyon, Confluence, 1942, et Le Nocturne : Fauré, Chopin et la nuit, Satie et le matin, Lyon, Marius Audin, 1942.
  • [47]
    Lettre sans date [à la SCL], AMAE, 209 SUP 604 et 209 SUP 699.

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