Notes
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[1]
Historien, directeur du Musée d’État de Majdanek à Lublin.
-
[2]
Voir à ce propos Victor Klemperer, LTI, Notizbuch eines Philologen, Berlin, Aufbau Verlaf, 1947 (1re édition) ; en français LTI, la langue du IIIe Reich. Carnets d’un philologue, traduit et annoté par Élisabeth Guillot, présenté par Sonia Combe et Alain Brossat, Paris, Albin Michel, 1996 (1re édition en français).
-
[3]
Sur les activités de Globocnik, voir Siegfried Pucher, « … in der Bewegung führend tätig. » Odilo Globocnik – Kämpfer für den « Anschluss », Klagenfurt, Drava, 1997 ; Joseph Poprzeczny, Odilo Globocnik. Hitler’s Man in the East, Jefferson et Londres, McFarland, 2004. La politique d’occupation allemande de la région de Lublin est abordée par Zygmunt Mankowski, Miedzy Wisla a Bugiem. Studium o polityce okupanta i postawach spolecznych, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1978 ; Dieter Pohl, Von der « Judenpolitik » zum Judenmord. Der Distrikt Lublin des Generalgouvernements 1939-1944, Francfort-sur-le-Main, Lang, 1993. Une étude générale : Tomasz Kranz, « Between Planning and Implementation : The Lublin District and Majdanek Camp in Nazi Policy », in Larry V. Thompson (dir.), Lessons and Legacies IV. Reflections on Religion, Justice, Sexuality, and Genocide, Evanston, Northwestern University Press, 2003, p. 215-235.
-
[4]
Archives du Musée d’État de Majdanek (APMM), Procès d’Oswald Pohl, vol. 11, p. 148.
-
[5]
Jozef Marszalek, « Geneza i poczatki budowy obozu koncentracyjnego na Majdanku », Zeszyty Majdanka, vol. 1, 1965, p. 15-75.
-
[6]
Vorläufiges Verzeichnis der Konzentrationslager und deren Aussenkommandos sowie anderer Haftstätten unter dem Reichsführer SS in Deutschland und deutsch besetzten Gebieten (1933-1945), Arolsen, Comité international de la Croix-Rouge, 1969, p. 140.
-
[7]
APMM, Actes administratifs du camp de concentration de Lublin, 1941-1944, I f 17, k. 81. Dans l’organigramme de la Kommandantur, le chef de la police et de la SS du district de Lublin est mentionné en deuxième position après l’Office central d’économie et d’administration SS (WVHA).
-
[8]
Cité dans : Tomasz Kranz, « Das KL Lublin – zwischen Planung und Realisierung », in Ulrich Herbert, Karin Orth et Christoph Dieckmann (dir.), Die nationalsozialistischen Konzentrationslager – Entwicklung und Struktur, Göttingen, Wallstein Verlag, 1998, p. 371-372.
-
[9]
Document de Nuremberg (Doc. Nbg.), NO-1903, Affidavit de Friedrich W. Ruppert du 6 août 1945.
-
[10]
« Zaglada Zydow w obozach na ziemach polskich », Biuletyn Glownej Komisji Badania Zbrodni Hitlerowskich w Polsce (Biuletyn GKBZHwP), vol. XIII, 1960, doc. 69, p. 148. Les mémoires de Höss contiennent un passage concernant Globocnik : « Il considérait le camp de concentration de Lublin comme le sien. Il donnait au commandant des ordres et des directives en totale contradiction avec les instructions de l’Inspection des camps de concentration ou celles de Pohl », Wspomnienia Rudolfa Hoessa komendanta obozu oswiecimskiego, Varsovie, 1960, p. 262. Ce texte est paru en français sous le titre Le commandant d’Auschwitz parle, Paris, La Découverte, 1995 [2005].
-
[11]
Doc. Nbg., NO-1903, Affidavit de Friedrich W. Ruppert du 6 août 1945.
-
[12]
L’ordre donné par Himmler le 16 février 1943 de modifier le nom de Majdanek en camp de concentration est mentionné dans une lettre du commandant aux départements qui lui étaient subordonnés. Toutefois, le RSHA ne donna d’instruction à ce sujet que le 9 avril 1943. Vorläufiges Verzeichnis der Konzentrationslager, op. cit., p. 140.
-
[13]
Une copie de cette lettre est reproduite dans : J. Marszalek, Geneza i poczatki budowy obozu, op. cit., p. 63-64.
-
[14]
Der Dienstkalender Heinrich Himmlers 1941-1942, édité par Peter Witte et al., Hambourg, Christians, 1999, p. 210 et 215 ; Jozef Marszalek, Majdanek. Oboz koncentracyjny w Lublinie, Varsovie, Wydawnictwo Interpress, 1981, p. 20 ; APMM, photocopies, XIX-164, k. 6.
-
[15]
En octobre 1941, 25 000 prisonniers de guerre soviétiques au total avaient été transférés dans des camps de concentration. Reinhard Otto, « SS i radzieccy jency wojenni w swietle badan w archiwach bylego Zwiazku Radzieckiego », Lambinowcki Rocznik Muzealny, vol. 26, 2003, p. 49 et sq.
-
[16]
Raul Hilberg, « Auschwitz and the Final Solution », in Yisrael Gutman et Michael Berenbaum (dir.), Anatomy of the Auschwitz Death Camp, Bloomington, Indiana University Press, 1994, p. 84.
-
[17]
APMM, Photocopies XIX-162, k. 2.
-
[18]
Voir Tatiana Berenstein et alii, Faschismus, Getto, Massenmord. Dokumentation über Ausrottung und Widerstand der Juden in Polen während des Zweiten Weltkrieges, Berlin, Rütten & Loening, 1961 (2e éd.), p. 268.
-
[19]
Cité par Edward Crankshaw, Gestapo – narzedzie tyranii, Varsovie, 1960, p. 195.
-
[20]
Les Juifs non-polonais furent également envoyés dans d’autres localités dont Belzyce, Bychawa, Krasniczyn, Lubartow, Opole Lubelskie et Zamosc. Cette question est abordée par Robert Kuwalek, « Getta tranzytowe w dystrikcie lubelskim », in Dariusz Libionka (dir.), Akcja Reinhardt. Zaglada Zydow w Generalnym Gubernatorstwie, Varsovie, Instytut Pamieci Narodowej, 2004, p. 138-160. Voir également les récits des survivants : Arnold Hindls, Einer kehrte zurück. Bericht eines Deportierten, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1965 ; Thomas Blatt, Z popiolow Sobiboru. (Skad nie bylo powrotu). Historia przetrwania, Wlodawa, Muzeum Pojezierza Leczynsko-Wlodawskiego, 2002.
-
[21]
Cité par Bogdan Musial, Deutsche Zivilverwaltung und Judenverfolgung im Generalgouvernement. Eine Fallstudie zum Distrikt Lublin 1939-1944, Wiesbaden, Harrassowitz, 1999, p. 223. Voir également Michael T. Allen, The Business of Genocide. The SS, Slave Labor, the Concentration Camps, Chapel Hill et Londres, University of North Carolina Press, 2002, p. 151.
-
[22]
Tatiana Berenstein, Artur Eisenbach et Adam Rutkowski, Eksterminacja Zydow na ziemiach polskich w okresie okupacji hitlerowskiej. Zbior dokumentow, Varsovie, Zydowski Instytut Historyczny, 1957, p. 280.
-
[23]
Tatiana Berenstein et alii, Faschismus, Getto, Massenmord, op. cit., p. 303.
-
[24]
Der Dienstkalender Heinrich Himmlers, op. cit., p. 68 ; Dieter Pohl, « Die großen Zwangsarbeitslager der SS- und Polizeiführer für Juden im Generalgouvernement 1942-1945 », in Herbert, Orth et Dieckmann (dir.), Die nationalsozialistischen Konzentrationslager, op. cit., vol. 1, p. 419.
-
[25]
APMM, Procès d’O. Pohl, vol. 5, p. 73.
-
[26]
Artur Eisenbach, Hitlerowska polityka zaglady Zydow, Varsovie, Ksiazka i Wiedza, 1961, p. 431-434 ; Helge Grabitz et Wolfgang Scheffler, Letzte Spuren. Ghetto Warschau, SS-Arbeitslager Trawniki, Aktion Erntefest, Fotos und Dokumente über Opfer des Endlösungswahns im Spiegel der historischen Ereignisse, Berlin, Hentrich, 1993, p. 179-260.
-
[27]
Berenstein, Eisenbach et Rutkowski, Eksterminacja Zydow na ziemiach polskich, op. cit., p. 249-250.
-
[28]
Ibid., p. 323.
-
[29]
Ibid., p. 246.
-
[30]
Tatiana Berenstein et Adam Rutkowski, « Zydzi w obozie koncentracyjnym Majdanek (1941-1944) », Biuletyn Zydowskiego Instytutu Historycznego, n° 58, 1966, p. 6-7.
-
[31]
Arnold Hindls, Einer kehrte zurück, op. cit., p. 12-13. Le 3 juin 1942, une sélection fut opérée de manière à peu près identique au passage d’un transport de Juifs allemands déportés de Kassel vers Izbica. Entre 98 et 115 hommes furent sélectionnés sur la rampe et emmenés à Majdanek. Parmi eux se trouvaient Robert Eisenstädt, alors âgé de 22 ans, et son frère Willi, de quatre ans son aîné. Sa mère, ses deux sœurs et Heinrich, son frère de 14 ans, continuèrent le voyage et furent probablement tués à Sobibor. Voir « Bericht von Robert Eisenstädt über die gewaltsame Verschleppung im Mai 1942 », in Helmut Burmeister et Michael Dohrs (éd.), Das achte Licht. Beiträge zur Kultur- und Sozialgeschichte der Juden in Nordhessen, Hofgeismar, Verein für Hessische Geschichte und Landeskunde, Zweigverein Hofgeismar, 2000, p. 243-247.
-
[32]
Pour plus d’information à ce sujet, voir J. Marszalek, Majdanek, op. cit., p. 63-66 ; Miroslav Kryl, « Deportacje wiezniow terezinskiego getta do obozu koncentracyjnego na Majdanku w 1942 roku », Zeszyty Majdanka, vol. XI, 1983, p. 23-27.
-
[33]
National Archives, Londres, Kew, HW 16/10, Décomptes du nombre de prisonniers au camp de Majdanek entre janvier 1942 et janvier 1943 établis sur la base des écoutes radio effectuées par les services britanniques ; Jozef Marszalek, « Zydzi warszawscy w Lublinie i na Lubelszczyznie w latach 1940-1944 », in Tadeusz Radzik (dir.), Zydzi w Lublinie. Materialy do dziejow spolecznosci zydowskiej Lublina, Lublin, Wydawnictwo Uniwersytetu Marii Curie-Sklodowskiej, 1995, p. 257-271 ; Krzysztof A. Tarkowski, « Transport Zydow z getta warszawskiego z 15 sierpnia 1942 roku », Zeszyty Majdanka, vol. XXI, 2001, p. 247-275 ; du même auteur, « Transporty wiezniow przybywajace do obozu na Majdanku jesienia 1942 roku. Analiza numeracji wiezniow », Zeszyty Majdanka, vol. XXII, 2003, p. 305-364 ; Robert Kuwalek, « Zydzi lubelscy w obozie koncentracyjnym na Majdanku », Zeszyty Majdanka, vol. XXII, 2003, p. 77-120.
-
[34]
Doc. Nbg. NO-5194, Rapport Korherr, p. 11-12.
-
[35]
Zofia Leszczynska, Kronika obozu na Majdanku, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1980, p. 136 ; J. Schelvis, Vernichtungslager Sobibor, Hambourg, Unrast Verlag, 2003, p. 261 et sq.
-
[36]
Le transport de Juifs grecs en provenance du camp d’Auschwitz arriva à Majdanek le 5 juin 1943 avec, à son bord, 542 hommes et 302 femmes âgés de 16 à 20 ans qui, d’après une note, étaient atteints de malaria. Ces prisonniers furent très probablement transférés dans le but de tester un nouveau médicament contre cette maladie. Les tests du traitement contre les maladies infectieuses étaient conduits par le médecin SS Heinrich Rindfleisch, qui plaça les Juives grecques dans une baraque séparée et ordonna de leur administrer le produit inconnu. En fait, beaucoup d’entre elles souffraient du typhus, qui les décima en peu de temps. Voir Rubeigh J. Minney (éd.), I Shall Fear No Evil. The story of Dr. Alina Brewda, Londres, Kimber, 1966, p. 91-92.
-
[37]
T. Berenstein et Adam Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 46-47 ; Zofia Leszczynska, « Transporty i stany liczbowe obozu », in Tadeusz Mencel (dir.), Majdanek 1941-1944, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1991, p. 93-128 ; Jerzy Kwiatkowski, 485 dni na Majdanku, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1966, p. 326 et 332 ; APMM, Procès-verbaux d’audition des témoins dans le cadre de l’instruction du procès de Düsseldorf (1961-1980), 1976, Photocopies/I, Sophia Engelsmann, procès-verbaux d’audition des témoins, f. 77-78.
-
[38]
APMM, KL Lublin, I c 2, vol. 1 ; Zofia Murawska, « Kobiety w obozie koncentracyjnym na Majdanku », Zeszyty Majdanka, vol. 4, 1969, p. 107-116 ; Zofia Leszczynska, « Stany liczbowe wiezniow obozu koncentracyjnego na Majdanku », Zeszyty Majdanka, vol. VII, 1973, p. 5-34.
-
[39]
NA, Kew, HW 16/10, Décomptes du nombre de prisonniers du camp de Majdanek de janvier 1942 à janvier 1943 établis sur la base des écoutes radiophoniques des services secrets britanniques, APMM, Photocopies XIX-595, Rapports sur l’état quotidien du nombre de prisonniers du camp de Majdanek du 1er avril au 16 juin 1943 ; Doc. Nbg, NO-5194, Rapport Korherr.
-
[40]
Janina Kielbon, Migracje ludnosci w dystrykcie lubelskim w latach 1939-1944, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku, 1995, p. 173-175.
-
[41]
Tatiana Brustin-Berenstein, « Martyrologia, opor i zaglada ludnosci zydowskiej w dystrykcie lubelskim », Biuletyn ZIH, n° 21, 1957, p. 60, 70, 73-75, 78 et 80.
-
[42]
Voir l’expertise de Wolfgang Scheffler au sujet de la persécution des Juifs du Gouvernement général dans Helge Grabitz (dir.), Täter und Gehilfen des Endlösungswahns. Hamburger Verfahren wegen NS-Gewaltverbrechen 1946-1996, Hambourg, Ergebnisse, 1999, p. 186.
-
[43]
Il s’agit de la moyenne arrondie des chiffres de Wolfgang Scheffler et Janina Kielbon.
-
[44]
J. Marszalek, Zydzi warszawcy w Lublinie, op. cit., p. 257-271.
-
[45]
On peut lire dans certaines publications que plus de onze mille Juifs ont été déportés de Bialystok à Majdanek. Ce chiffre a été calculé sur la base du nombre de wagons utilisés dans la composition des quatre trains ayant pour destination Lublin. Voir J. Kielbon, Migracje ludnosci, op. cit., p. 154 ; Biuletyn GKBZHwP, vol. XIII, 1960, doc. 37, p. 88. Cependant, une partie des wagons initialement dirigés vers Lublin ont été détachés du convoi à la gare de Malkinia et envoyés à Treblinka. Voir APMM, Mémoires et récits d’anciens prisonniers, VII-1314, Szamaj Kizelsztajn, p. 18. En outre, un certain nombre de Juifs déportés de Bialystok à Lublin ont été envoyés au camp de travail de Blizyn. Ce nombre est estimé à six mille cinq cents par Zofia Lesczynska (voir « Transporty wiezniow do obozu koncentracyjnego na Majdanku 1941-1944 », Zeszyty Majdanka, vol. IV, 1969, p. 197, note 96).
-
[46]
Une part importante des Juifs employés dans les ateliers DAW, Ostindustrie et Bekleidungswerke, et à la construction d’un stade (Sportplatz) provenaient du camp de Majdanek. Même s’ils n’étaient pas comptabilisés dans ses effectifs, ils étaient passés par le camp principal et ont été pris en compte dans le calcul du nombre de convois arrivés ; ils ne doivent donc pas être comptés deux fois. Par ailleurs, en 1942 et 1943, des hommes et des femmes juifs ont été envoyés dans les camps de la rue Lipowa et de l’aéroport sans passer par Majdanek. Il est difficile de calculer avec précision le nombre de ces prisonniers, mais nous ne commettons probablement pas une grande erreur en affirmant qu’ils étaient environ quatre mille au total, avec les prisonniers de guerre de la rue Lipowa. Plusieurs centaines de Juifs non-polonais faisaient probablement partie de ce groupe.
-
[47]
Yehoshua Büchler, « The Deportation of Slovakian Jews to the Lublin District of Poland in 1942 », Holocaust and Genocide Studies, vol. 6, 1991, p. 159.
-
[48]
Czeslaw Rajca a estimé le nombre de Juifs tchèques à quatre mille, tandis que Peter Witte l’évalue à deux mille. Czeslaw Rajca, « Die Häftlinge aus Theresienstadt im KZ Majdanek », in Miroslav Karny, Vojtech Blodig et Margita Karna (dir.), Theresienstadt in der Endlösung der Judenfrage, Prague, Edition Theresienstädter Initiative, Panorama-Verlag, 1992, p. 240-244 ; J. Schelvis, Sobibor, op. cit., p. 250.
-
[49]
Au moins deux mille trente-neuf Juifs allemands ont été tués à Majdanek. En outre, entre avril et juin 1942, plusieurs centaines de Juifs autrichiens sont arrivés au camp après avoir été sélectionnés dans des convois de Vienne en direction du district de Lublin. Voir Gedenkbuch. Opfer der Verfolgung der Juden unter der nationalsozialischen Gewaltherrschaft in Deutschland 1933-1945, Coblence, Bundesarchiv, 1986, p. 1746.
-
[50]
Il n’existe aucune source confirmant une information donnée dans certaines publications selon laquelle cinq mille Juifs auraient été déportés de Drancy vers Majdanek. Toutefois, d’après le témoignage d’un rescapé, le convoi du 25 mars 1943, dans lequel se trouvaient mille huit personnes, passa d’abord par Majdanek avant d’être dirigé vers Sobibor. J. Schelvis, Sobibor, op. cit., p. 262. Voir également Juliane Wetzel, « Frankreich und Belgien », in Wolfgang Benz (dir.), Dimension des Völkermords. Die Zahl der jüdischen Opfer des Nationalsozialismus, Munich, Oldenburg, 1991, p. 127-128.
-
[51]
Voir note 20.
-
[52]
APMM, KL Lublin, I c 2, v. 1.
-
[53]
Globocnik les définissait de la manière suivante : a) l’évacuation proprement dite [c’est-à-dire l’extermination], b) l’exploitation de la main d’œuvre, c) l’utilisation des liquidités, d) la saisie des biens immobiliers et des objets de valeur dissimulés. Stanislaw Piotrowski, Misja Odyla Globocnika. Sprawozdanie o wynikach finansowych zaglady Zydow w Polsce, Varsovie, Panstwowy Instytut Wydawniczy, 1949, p. 24.
-
[54]
M. Kryl, Deportacje wiezniow, op. cit., p. 33 ; J. Kielbon, « Ksiega wiezniow zmarlych na Majdanku w 1942. Analyza dokumentu », Zeszyty Majdanka, vol. XV, 1993, p. 113.
-
[55]
Archives de l’Institut historique juif de Varsovie (AZIH), Témoignages de Juifs rescapés, 301-6260, Témoignage d’Ignacy Wienarz, p. 7 et sq ; S. Zylberstein, « Pamietnik wieznia dziesieciu obozow koncentracyjnych », Bulletin de l’Institut historique juif, n° 68, 1968, p. 53-103.
-
[56]
L’administration de Majdanek n’ayant pas formellement pris le contrôle des bâtiments et des prisonniers du camp-complexe de la Flugplatz, qui dépendaient jusqu’alors du chef de la SS et de la police de Lublin, et les ateliers qui y étaient installées appartenant aux entreprises de la SS, on ne peut pas considérer la date de l’ordre de Pohl comme la date de la transformation du camp de l’aéroport en filiale de Majdanek. Sur ce sujet, voir G. Taube, Das SS Zwangsarbeitslager am alten Flughafen Lublin, Hambourg, 1973 (tapuscrit) ; Czeslaw Rajca, « Podobozy Majdanka », Zeszyty Majdanka, vol. IX, 1977, p. 83-103 ; Daniel Jonah Goldhagen, Hitlers willige Vollstrecker. Ganz gewöhnliche Deutsche und der Holokaust, Berlin, Siedler, 1996, p. 355-368.
-
[57]
APMM, Procès d’O. Pohl, t. 12, p. 94-98, note d’Odilo Globocnik du 21 juin 1943 concernant l’extension des camps de travail de la SS.
-
[58]
Cité dans Eberhard Fechner, Proces. Oboz na Majdanku w swietle wypowiedzi uczestnikow rozprawy przed Sadem Krajowym w Düsseldorfie, traduit de l’allemand, préfacé et commenté par T. Kranz, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku, 1996, p. 93.
-
[59]
Il n’existe malheureusement pas de listes qui permettraient d’établir des chiffres fiables. Des listes fragmentaires de rescapés, dont plusieurs anciens prisonniers du camp de Majdanek, se trouvent dans les documents collectés par le Comité central des Juifs polonais à Lublin, APMM, Photocopies, XIX-108. Le registre des rescapés de la Shoah créé par l’United State Holocaust Memorial Museum contient les noms de sept cents soixante-seize hommes et femmes, anciens prisonniers du camp de Majdanek. Il s’agit cependant surtout de personnes qui se sont installées aux États-Unis après la guerre. Voir Benjamin et Vladka Meed, Registry of Jewish Holocaust Survivors, Washington, USHMM, 2000 (CD-ROM).
-
[60]
Doc. Nbg., NO-1903, Affidavit de Friedrich Ruppert du 6 août 1945, APMM, Procès d’O. Pohl, vol. 5, p. 197-198.
-
[61]
APMM, Procès d’O. Pohl, vol. 18, p. 114-116. Dans le domaine du pillage, il faut se souvenir de différencier l’administration du camp de concentration de Lublin de l’administration de la garnison SS. Dans certains travaux, ces deux organes sont confondus l’un avec l’autre. Ce point a déjà été souligné par Bertrand Perz et Thomas Sandkühler dans « Auschwitz und die “Aktion Reinhardt”, 1942-1945. Judenmord und Raubpraxis in neuer Sicht. », Zeitgeschichte, cahier 5, 1999, p. 285. Le département « Abteilung IVa Aktion Reinhard », dirigé par Georg Wippern, était situé dans le bâtiment de la SS-Standortverwaltung, rue Dolna 3 Maja. Il y avait là un coffre dans lequel étaient entreposés l’argent et les bijoux. C’est là également que l’or était fondu. Au printemps 1943, une exposition des biens de valeur, qu’Himmler visita, y fut organisée. Toutes les choses provenaient de l’Aktion Reinhardt. Un Kommando de prisonniers juifs qui, formellement, comme il a déjà été mentionné, étaient des prisonniers de Majdanek, était employé à ces travaux. Le 3 novembre 1943, les 30 membres environ de ce Kommando furent transportés à Majdanek, où ils furent assassinés au cours de l’opération Erntefest.
-
[62]
Halina Birenbaum, Nadzieja umiera ostatnia, Varsovie, Czytelnik, 1971, p. 101-102.
-
[63]
Alexander Donat, The Holocaust Kingdom, Washington, Holocaust Library, 1999, p. 156.
-
[64]
De nombreux récits et mémoires de prisonniers, dont une partie a été publiée, témoignent de la situation tragique des Juifs au camp de Majdanek. En dehors de ceux qui ont déjà été cités, voir notamment : Thaddeus Stabholz, Siedem piekel, Stuttgart, 1947 ; Joseph Schupack, The Dead Years, New York, Holocaust Library, 1986, p. 121-136 ; D. Lenart, « Zydzi slowaccy », in Czeslaw Rajca et Anna Wisniewska, Przezyli Majdanek. Wspomienia bylych wiezniow obozy koncentracyjnego na Majdanku, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku, 1980, p. 51-77.
-
[65]
T. Berenstein et A. Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 3-57.
-
[66]
Doc. Nbg., NO-1903, Affidavit de Friedrich W. Ruppert du 6 août 1945.
-
[67]
Rainer Fröbe, « Hans Kammler. Technokrat der Vernichtung », in Ronald Smelser et Enrico Syring (dir.), Die SS : Elite unter dem Totenkopf, Paderborn, Schöningh, 2000, p. 310-311. Décrivant ses rencontres avec Christian Wirth, Konrad Morgen a déclaré à Nuremberg, qu’il lui avait parlé de ces quatre camps d’extermination. Bien qu’il n’ait pas cité Majdanek à cette occasion, il est évident que le quatrième camp – après Belzec, Sobibor et Treblinka – pouvait être le KL Lublin ou le camp de la Flugplatz, qui cependant ne remplissait pas typiquement des fonctions d’extermination. Voir Trial of the Major War Criminals, vol. XX, Nuremberg 1947-1949, p. 514.
-
[68]
APMM, Procès d’O. Pohl, vol. 18, p. 72 et 75. Voir Jürgen Schäfer, Kurt Gerstein, Zeuge des Holocaust. Ein Leben zwischen Bibelkreisen und SS, Bielefeld, Luther Verlag, 1999, p. 222.
-
[69]
Czeslaw Rajca, « Eksterminacja bezposrednia », in Majdanek 1941-1944, op. cit., p. 264-271 ; Adam Rutkowski, « Majdanek », in Eugen Kogon et al., Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas. Eine Dokumentation, Francfort, Fischer, 1983, p. 241-242 ; en français, Les Chambres à gaz, secret d’État, traduit de l’allemand par Henry Rollet, Paris, Seuil, 2000 [Minuit, 1984]. La question des chambres à gaz du camp de Majdanek a été discutée le plus largement par Jean-Claude Pressac, dont le travail constitue dans le même temps une tentative d’invalidation des arguments utilisés par les milieux négationnistes pour prouver que personne n’aurait été assassiné dans les chambres à gaz (le « rapport Leuchter »). Jean-Claude Pressac, « KL Lublin-Majdanek », in Shelly Shapiro (dir.), Truth Prevails. Demolishing Holocaust Denial : The End of « the Leuchter Report », New York, Beate Klarsfeld Foundation, 1990, p. 49-58.
-
[70]
Rapport de la commission polono-soviétique extraordinaire d’enquête sur les crimes allemands commis dans le camp d’extermination de Majdanek à Lublin, Moscou, 1945, p. 16-17. Il est question de la septième chambre à gaz notamment dans Obozy hitlerowskie na ziemach polskich 1939-1945. Informator encyklopedyczny, Varsovie, 1979, p. 308 ; Israel Gutman (dir.), Encyclopedia of the Holocaust, vol. 3, Londres et New York, Macmillan, 1990, p. 937-940 ; Robert Rozett et Shmuel Spector (dir.), Encyclopedia of the Holocaust, New York, Facts on File, et Jérusalem, Yad Vashem, 2000, p. 312-313.
-
[71]
Voir par exemple Tadeusz Kosibowicz, « Zdrowych bylo niewielu », in Czeslaw Rajca et al., Jestesmy swiadkami. Wspomnienia bylych wiezniow Majdanka, Lublin, Wydawnictwo lubelskie, 1969, p. 24-43 ; APMM, Mémoires et récits, VII-245, Edward Karabanik : Majdanek oboz zaglady Polakow i Zydow, p. 38, 92 et sq. Rudolf Vrba, un Juif slovaque déporté à Majdanek en juin 1942 sous le nom de Walter Rosenberg, qui, comme E. Karabanik, a pourtant décrit le Krematorium de manière détaillée, ne mentionne pas non plus les chambres à gaz. APMM, Mémoires et récits, VII-1020. Voir également Sprawozdanie R. Vrby dans H. Swiebocki (élaboration et annotations), Raporty uciekinierow z KL Auschwitz, Oswiecim, 1991, p. 196-208.
-
[72]
Jozef Marszalek, « Budowa obozu koncentracyjnego i osrodka masowej zaglady na Majdanku w latach 1942-1944 », Zeszyty Majdanka, vol. IV, 1969, p. 54.
-
[73]
APMM, Centralna Opieka Podziemia Armii Krajowej « Opus », XII-10, p. 137.
-
[74]
Voir notamment Andrzej Stanislawski, Pole smierci, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1969, p. 51-52 ; Feliks Siejwa, Wiezien III Pola, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1964, p. 29-30 ; Zacheusz Pawlak, Przezylem…, Varsovie, Pax, 1973, p. 133 ; APMM, Mémoires et récits, VII-245, Eward Karabanik, Majdanek oboz zaglady Polakow i Zydow, p. 92-93.
-
[75]
On voit clairement sur une photo de 1944 que les portes s’ouvraient vers l’intérieur. Voir également APMM, Photocopies, XIX-38, Procès-verbal de l’inspection menée sur le site du camp de concentration SS de Lublin, p. 129-133 ; APMM, Microfilms, XX-1730, J. Czernik, Opis techniczny do inwentaryzacji baraku lazni i komor gazowych na Majdanku w Lublinie.
-
[76]
APMM, Photocopies, XIX-42, KL Lublin, Umbau der Entwesungsanlage.
-
[77]
APMM, Photocopies, XIX-42, c. 2-3. En réalité, le terme employé dans ce document est Blausäurevergasung (gazage à l’acide prussique), mais ce mot était souvent employé par les spécialistes allemands pour discuter des affaires concernant la désinfection. Voir Jürgen Kalthoff et Martin Werner, Die Händler des Zyklon B. Tesch & Stabenow. Eine Firmengeschichte zwischen Hamburg und Auschwitz, Hambourg, VSA Verlag, 1998. Compte tenu de la pratique allemande consistant à employer un langage codé dans les documents concernant l’extermination, il est peu probable que ce terme se réfère aux gazages homicides.
-
[78]
Czeslaw Skoraczynski, Zywe numery, Cracovie, Krajowa Agencja Wydawnicza w Krakowie, 1984, p. 93-94, 100-101. Voir également Konstantin M. Simonow, Oboz zaglady, Moscou, Wydawnictwo Ludowego Komisarjatu Obrony, 1944, p. 8-9.
-
[79]
J.-C. Pressac, K.L. Lublin – Majdanek, op. cit., p. 54.
-
[80]
Il n’est fait mention d’aucune fenêtre dans la description des bains contenue dans le compte-rendu de l’inspection du camp le 2 août 1944 par des membres de la commission polono-soviétique. Il semble impossible que la commission ait pu oublier un détail aussi essentiel après avoir reconnu que cette pièce avait servi à des gazages homicides.
-
[81]
Archives de l’Institut de la mémoire nationale à Varsovie (IPN), Verdicts et actes d’accusation, A.O./252, Anklageschrift gegen Hackmann und neun andere Angeschuldigte (Konzentrationslager Lublin/Majdanek), t. 2, pp. 187-188 ; A. Donat, The Holocaust Kingdom, op. cit., p. 172 ; Cz. Skoraczynski, Zywe numery, op. cit., p. 95. Il est certain qu’il y avait un véhicule de ce type à Majdanek. Il est désigné sous le nom de Desinfektionsauto, juste avant la chambre à gaz et les bains, dans un document du bureau du travail.
-
[82]
Doc. Nbg., NO-1903, Affidavit de Friedrich W. Ruppert du 6 août 1945.
-
[83]
Zofia Leszczynska affirme que la construction des chambres à gaz avait été planifiée du 1er juillet au 15 septembre 1942. Voir Kronika obozu na Majdanku, op. cit., p. 60. Elle s’appuie pour cela sur l’estimation du coût réalisée par la Zentralbauleitung. Cependant, cette affirmation est fausse, car l’estimation ne concernait pas Majdanek mais la Flugplatz. Voir Archiwum Panstwowe w Lublinie (APL), Zentralbauleitung, n° 141, Nachtrag zum Bauantrag der Pelz– und Bekleidungswekstätte Lublin. Errichtung einer Entwesungsanlage 5. Aufertigung. Le projet de construction à Majdanek de chambres de désinfection qui furent transformées en chambres à gaz homicides date d’août 1942. Voir également ibidem, n° 41, KGL Lublin. Entlausungsanlagen, Bauwerk XII A.
-
[84]
Voir APMM, Département des collections des musées et de la conservation, VII/16a, expertise réalisée par la faculté de Chimie et de Technologie des Matériaux de Construction de l’École olytechnique de Varsovie pour déterminer les facteurs à l’origine de la corrosion des murs des chambres à gaz du musée de Majdanek et établir des méthodes de protection, 26 mai 1961.
-
[85]
Archives de l’Institut Yad Vashem (AYV), Tr.-10/1172, Landgericht Düsseldorf, Urteil gegen Hackmann u.a., XVII 1/75 S, t. I, s. 102. Jozef Marszalek, qui a étudié en détail la construction du camp de Majdanek, considère que les chambres à gaz furent probablement achevées en septembre ou en octobre 1942, J. Marszalek, Budowa obozu, op. cit., p. 51.
-
[86]
Le toit au-dessus du bunker des chambres à gaz a été endommagé à deux reprises par une tempête en février et mars 1946, et démonté totalement peu de temps après. Sa reconstruction avait été prévue en 1959, à l’occasion d’importants travaux dans les chambres à gaz, mais le projet ne fut pas réalisé.
-
[87]
Hauptstaatarchiv Düsseldorf (HStAD), Ger. Rep. 432, n° 288, c. 43. Reinarzt a été interrogé pour la première fois en 1946. Il déclara alors notamment : « Une seule chambre à gaz, située dans un bâtiment en dur près des bains, était utilisée pour des assassinats de masse. Les autres ne servaient qu’à la désinfection. La petite pièce sombre de la baraque qui se trouvait entre les Champs I et II était un séchoir ». APMM, copies d’actes de procès, XX-13, p. 3.
-
[88]
T. Berenstein et A. Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 13. Voir APMM, Mémoires et récits, VII-643, Symcha Turkieltaub, p. 142-143 ; VII-1259, Julia Celinska, p. 15-16. Un membre du personnel SS du camp a déclaré le 12 août 1944 que 350 femmes et enfants avaient été gazés en octobre 1942, APMM, Photocopies, XIX-38, témoignage d’Heinz Stalp, p. 71-82. Tomaszek, un prisonnier autrichien, a indiqué en 1944 que 600 Juifs allemands environ, dont un certain nombre d’enfants, avaient été déportés à Majdanek et gazés en novembre 1942. Prawda o Majdanku, Lublin, Nakladem Resortu Informacji i Propagandy P.K.W.N., 1944, p. 38-39.
-
[89]
J. Kwiatkowski, 485 dni, op. cit., p. 110. Voir également F. Siejwa, Wiezien, op. cit., p. 67-68.
-
[90]
Adam Frydman, Majdanek. Recollections of an inmate No 14704 on his 7 weeks in the Majdanek extermination camp (tapuscrit).
-
[91]
Natan Zelechower, « Spychani na dno », in Przezyli Majdanek, op. cit., p. 224.
-
[92]
Doc. Nbg., NO-1903, Affidavit de Friedrich W. Ruppert du 6 août 1945.
-
[93]
Cité dans Günther Schwarberg, Der Juwelier von Majdanek. Geschichte eines Konzentrationslagers, Hambourg, Gruner und Jahr, 1981, p. 77.
-
[94]
J. Marszalek, Majdanek, op. cit., p. 128-131.
-
[95]
Rywka Rybak, A Survivor of the Holocaust, Cleveland, Tricycle Press, 1993, p. 26-27. Voir également APMM, Copies d’actes de procès, XX-26, Actes du procès d’Elsa Ehrich, Procès-verbal d’audition du témoin Aglaida Brudkowska, p. 149-150.
-
[96]
Z. Murawska, « Kobiety w obozie koncentracyjnym… », art. cit., p. 156 ; S. Blonska, « Pol wieku i pare dni », in Czeslaw Rajca et al., Jestesmy swiadkami, op. cit., p. 228-242.
-
[97]
Barbara Schwindt, « Dzieci Zydowskie w obozie koncentracyjnym na Majdanku w 1943 r. », Zeszyty Majdanka, vol. XXII, 2003, p. 64-67. Selon certains témoins, les enfants juifs n’étaient pas logés dans une, mais deux baraques. Des divergences existent aussi sur le nombre d’enfants. Ces descriptions se rapportant à différentes périodes, le nombre des baraques a pu évoluer selon la taille des convois.
-
[98]
A. Donat, The Holocaust Kingdom, op. cit., p. 170.
-
[99]
Jerzy Kwiatkowski, « Oskarzam », in Czeslaw Rajca et al., Jestesmy swiadkami, op. cit., p. 410 et sq.
-
[100]
APMM, Mémoires et récits, VII-234, Maria Bielicka-Szczpanska, procès-verbal d’audition de témoin, p. 5.
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[101]
AYV, Tr.-10/1172, Landgericht Düsseldorf, Urteil gegen Hackmann u.a., XVII 1/75 S, t. II, pp. 403-456. Les sélections d’enfants juifs détenus dans les baraques dites des enfants dans le Champ 5 sont assez largement décrites dans les mémoires d’anciennes prisonnières de Majdanek. Voir notamment Krystyna Tarasiewicz, My z Majdanka : wspomnienia bylych wiezniarek, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1988 ; APMM, Mémoires et récits, VII-376, Hanna Mierzejewska, procès-verbal d’audition de témoin, p. 2-3. Les gardiennes SS disaient aux prisonnières que les enfants étaient emmenés dans un autre camp, et même – comme certains l’ont affirmé – à l’école maternelle. Cependant, l’assassinat des enfants dans les chambres à gaz n’était pas spécialement un secret pour le personnel SS puisque le commandant du camp ne cherchait pas à le leur cacher. Voir E. Fechner, Proces. Oboz na Majdanku, op. cit., p. 106.
-
[102]
Voir notamment Danuta Brzosko-Medryk, Niebo bez ptakow, Varsovie, Wydawn. Ministerstwa Obrony Narodowej, 1968, p. 174 : « Mais les sélections continuent et personne ne peut y échapper. Leur fréquence augmente en mai et en juin. Une à deux fois par semaine, elles coûtent la vie à trois ou quatre cents Juives. »
-
[103]
APMM, Mémoires et récits, VII-382, Anna-Jadwiga Niedek, procès-verbal d’audition du témoin, p. 3 ; VII-327, Wanda Ossowska, procès-verbal d’audition du témoin, p. 3.
-
[104]
Voir Archives de l’United States Holocaust Memorial Museum de Washington (USHMM), RG-02.202 ; Sara Lew, From Bialystok to Brooklyn, Austin, Tzafnat Paneach Press, 2005, p. 69-72.
-
[105]
BAL, Barch, B162/407 AR-Z 297/60, Erhard Taubert, procès-verbal d’audition du témoin, t. 26, p. 5353.
-
[106]
Ceci est prouvé notamment par le témoignage d’A. Reinartz sur l’extermination dans les chambres à gaz, qui montre clairement que la chambre utilisée pour asphyxier les victimes avait une capacité de 240 à 250 personnes. Il s’agissait donc de la grande chambre, qui n’était pas équipée d’une ouverture pour jeter le Zyklon B. Le Kapo Otto Rehder emploie, quant à lui, des formulations du type « appareil introduisant le gaz » ou « introduire le gaz carbonique ». APMM, Copies d’actes de procès, XX-13, procès-verbal d’interrogatoire du 22 octobre 1945, p. 3 ; procès-verbal d’interrogatoire du 23 octobre 1945, p. 3. Il est indiqué, dans l’un des rapports du réseau « Opus » que nous avons déjà évoqué, que la chambre à gaz a été démontée et l’appareil supprimé. Il est aussi question du démontage des installations de la chambre à gaz dans les déclarations d’autres témoins concernant l’arrêt des opérations de gazage. Voir APMM, Microfilms, XX-2129, témoignage de Stanislaw Olszanski, p. V. Dans les deux cas, on peut supposer qu’il s’agit du démontage des bouteilles de monoxyde de carbone en acier, qui ne se trouvaient plus dans la cabine contiguë aux chambres à gaz le jour de la libération, le 23 juillet 1944.
-
[107]
BAL, Barch, B162/407 AR-Z 297/60, Ernst Fischer, procès-verbal d’audition du témoin, t. 24, p. 4997-5003. Georg Gröner, procès-verbal d’audition du témoin, t. 11, p. 1863.
-
[108]
Henia Korcz perdit sa mère de cette façon. Toute la famille fut déportée du ghetto de Varsovie à Lublin en octobre 1942. Dès l’arrivée à Majdanek, son père et son frère furent envoyés au camp de la rue Lipowa et sa mère à la Flugplatz. Deux mois plus tard, sa mère fut amenée à Majdanek et assassinée. Ce type de sélections avait lieu très souvent, généralement la nuit. APMM, Mémoires et récits, VII-1276, Henia Korcz. Voir également VII-1259, Julia Celinska, Témoignage, p. 28.
-
[109]
APMM, Copies d’actes de procès, XX-26, Actes du procès Elsa Ehrich, p. 131-133 ; B. Schwindt, Dzieci zydowskie, op. cit., p. 74-75.
-
[110]
APMM, « Opus », XII-9, Rapports concernant les prisonniers de Majdanek, août 1943-avril 1944, p. 17. Les infirmiers SS responsables des chambres à gaz quittèrent le camp avant. Anton Endres fut envoyé à Dachau le 1er août 1943 et Hans Perschon le 1er septembre 1943 au KL Warschau.
-
[111]
NA, Kew, WO 208/4673, Rapport d’interrogatoire du Gruppenführer SS Jakob Sporrenberg, p. 11.
-
[112]
AYV, Tr.-10/1172, Landgericht Düsseldorf, procès Hackmann et alii, XVII 1/75 S, t. I, p. 103.
-
[113]
APMM, Mémoires et récits, VII-131, Henryk Niescior, p. 11 et sq. L’odeur désagréable qui se dégageait du linge désinfecté a été décrite par Jan Michalak dans ses souvenirs : Nr 3273 mial szesnascie lat, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1979, p. 226-227. Voir également Mieczyslaw Panz, Prawo piesci, Varsovie, Pax, 1977, p. 177.
-
[114]
D’après les informations du mouvement de résistance, 23 personnes affectées aux bains et au Krematorium furent liquidées ce jour-là. Voir APMM, « Opus », XII-9, p. 16. On ignore en revanche si une partie des membres du Sonderkommando a été tuée pendant l’opération Erntefest. Cela concerne surtout les personnes employées à brûler les corps. Voir APMM, Mémoires et récits, VII-21, Kazimierz Wdzieczny : 3 XI 43, p. 19.
-
[115]
BAL, Barch, B162/407 AR-Z 297/60, Rudolf Ettrich, Procès-verbal d’audition du témoin, t. 20, p. 4182. L’expression « baraque des bains » (Badebaracke) était souvent employée pour désigner le bâtiment des chambres à gaz. Voir E. Fechner, Proces. Oboz na Majdanku, op. cit., p. 103 ; Heiner Lichtenstein, Majdanek. Reportage eines Prozesses, Francfort-sur-le-Main, Europäische Verlagsanstalt, 1979, p. 50-63 ; Dieter Ambach et Thomas Köhler, Lublin-Majdanek : das Konzentrations– und Vernichtungslager im Spiegel von Zeugenaussagen, Düsseldorf, Justizministerium des Landes NRW, 2003, p. 69, 77-79, 83, 87, 91-94.
-
[116]
APMM, Mémoires et récits, VII-296, Maria Bohdanowicz, Procès-verbal d’audition de témoin, p. 2. L’adjoint du chef du parc automobile, Udo Mennenga, indique également dans son témoignage que des véhicules étaient utilisés pour couvrir les cris des victimes. Voir Cz. Rajca, Eksterminacja, art. cit., p. 271.
-
[117]
A. Stanislawski, Pole smierci, op. cit., p. 139. Voir également J. Kwiatkowski, 485 dni, op. cit., p. 131.
-
[118]
Z. Pawlak, Przezylem…, op. cit., p. 193-194.
-
[119]
APMM, Mémoires et souvenirs, VII-409, Zygmunt Golewski, procès-verbal d’audition du témoin, p. 3. Des prisonniers polonais ont également été témoins de cela. Voir notamment APMM, Mémoires et récits, VII-352, Stefania Swiderska, procès-verbal d’audition du témoin, p. 2 ; Enregistrements vidéo, XXII-14, témoignage de Jan Buczek.
-
[120]
J. Kwiatkowski, « Oskarzam », art. cit., p. 409 et sq.
-
[121]
APMM, Mémoires et souvenirs, VII-917, Adolf Gorski, « Moje wspomnienia z obozu koncentracyjnego Majdanek », p. 6.
-
[122]
J. Kwiatkowski, 485 dni, op. cit., p. 111 ; D. Ambach et Th. Köhler, Lublin-Majdanek, op. cit., p. 94, 116.
-
[123]
APMM, Mémoires et récits, VII-643, Nathan elechower, p. 25.
-
[124]
A. Zmijewska-Wisniewska, « Zeznanie szefa krematorium Ericha Muhsfeldta na temat bylego obozu koncentracyjnego w Lublinie (Majdanek) », Zeszyty Majdanka, t. I, 1965, p. 133-148.
-
[125]
AIPNwW, Verdicts et actes d’accusation, 22. Urteil des Landesgerichts Wiesbaden in der Strafsache gegen Hermann Worthoff, n° 8Ks 1/70, t. II, p. 200 et sq. Il est question dans certains témoignages de douze cents personnes, et dans d’autres de trois mille Juifs emmenés au camp ce jour-là. Voir Robert Kuwalek, « Zbrodnie w lesie krepieckim w swietle zeznan swiadkow », Zeszyty Majdanka, t. XXI, 2001, p. 293, note 51.
-
[126]
A. Eisenbach, Hitlerowska polityka, op. cit., p. 544-546 ; Felicja Karay, « Spor miedzy wladzami nimieckimi o zydowskie obozy pracy w General Guberni », Zeszyty Majdanka, t. XVIII, 1997, p. 27-47.
-
[127]
NA, Kew, WO 208/4673, Rapport d’interrogatoire du SS-Gruppenführer Jakob Sporrenberg, p. 16.
-
[128]
APMM, « Opus », XII-10, p. 129. Martin Melzer était le chef du personnel de garde, mais remplissait également à cette époque la fonction d’adjoint du commandant.
-
[129]
Pour plus de détails sur le déroulement de l’exécution, voir : T. Berenstein, A. Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 40-44 ; Anna Zmijewska-Wisniewska, « Zeznanie szefa krematorium Ericha Muhsfeld na temat byłego obozu koncentracyjnego w Lublinie », Strona Glowna, t. 20, p. 133-148 ; Edward Dziadosz (choix et présentation), Masowe egzekucji Zydow 3 listopada 1943 roku. Majdanek, Poniatowa, Trawniki. Wspomnienia, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku/Uniwersytet Marii Curie-Sklodowskiej, 1988 ; H. Grabitz et W. Scheffler, Letzte Spuren, op. cit., p. 328 et sq ; Thomas Kranz, « Egzekucja Zydow na Majdanku 3 listopada 1943r. w swietle wyroku w procesie w Düsseldorfie », Zeszyty Majdanka, t. XIX, 1998, p. 139-150 ; Christopher Browning, Zwykli ludzie. 101. Policyjny Batalion Rezerwy i « ostateczne rozwi zanie » w Polsce, Varsovie, 2000, p. 150 et sq ; en français Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne, traduit de l’anglais par Élie Barnavi, préface de Pierre Vidal-Naquet, Paris, Les Belles Lettres, 1994.
-
[130]
Peuple mongol dont une tribu s’établit sur la Volga au xviie siècle. Par extension, terme péjoratif utilisé par les soldats allemands pour désigner les anciens prisonniers de guerre soviétiques, de type asiatique, ayant rejoint des unités de supplétifs de la Wehrmacht. (N.d.T.)
-
[131]
APMM, Mémoires et récits, VII-21, Kazimierz Wdzieczny : 3 XI 43, passim.
-
[132]
HStAD, Ger. Rep. 432, Johann Dierl, Procès-verbal d’audition de témoin, n° 266, f. 181-185 ; BAL, Barch B162/407 AR-Z 297/60, Henryk Wieliczanski, Procès-verbal d’audition de témoin, t. 41, f. 7947.
-
[133]
BAL, Barch B162/407 AR-Z 297/60, Rachel Blank, Procès-verbal d’audition de témoin, t. 21, f. 3552-3556 ; APMM, Procès-verbaux d’audition de témoins juives dans le cadre de l’instruction du procès de Düsseldorf (1961-1980), 1976, Photocopies/II, Shoshana Kliger, Procès-verbal d’audition de témoin, p. 247-254 ; D. Ambach et Th. Köhler, Lublin-Majdanek, op. cit., p. 130. Dans certains cas, les femmes juives qui dissimulèrent leur identité furent libérées de Majdanek. Luba Krugman-Gurdus a ainsi retrouvé la liberté au début de l’année 1943. Voir Luba Krugman-Gurdus, The Death Train. A Personal Account of a Holocaust Survivor, New York, National Council on Art in Jewish Life, 1978.
-
[134]
D. Ambach et Th. Köhler, Lublin-Majdanek, op. cit., p. 124.
-
[135]
Czeslaw Skoraczynski, Zywe numery, Cracovie, Krajowa Agencja Wydawnicza, 1984, p. 90.
-
[136]
APMM, Mémoires et récits, VII-239, J. Reznik, Témoignage. Voir également la retranscription de son audition à la barre du procès Eichmann dans The Trial of Adolf Eichmann. Record of Proceedings in the District Court of Jerusalem, vol. III, Jérusalem, 1993, audience n° 64.
-
[137]
AIPNwW, Verdicts et actes d’accusation, 22, Urteil des Schwurgerichts in Wiesbaden vom 1. März 1973 in der Strafsache gegen Hoffmann u.a. wegen Beihilfe zum Mord, 8 Ks 1/70, t. 1, p. 52.
-
[138]
On trouve parfois dans les témoignages des estimations plus élevées, dépassant largement 20 000 dans certains cas. On ne sait pas précisément combien de prisonniers ont été amenés de l’extérieur de Majdanek. Il existe de grandes divergences à ce sujet d’une publication à l’autre, et selon certains travaux, environ 14 000 Juifs auraient été conduits au camp le 3 novembre 1943. Ces chiffres paraissent toutefois un peu surévalués. Sur la base des documents allemands et des sources disponibles, on peut considérer que 12 000 Juifs à peu près, employés dans les fabriques et les ateliers DAW, Bekleidungswerke et Ostindustrie, sont arrivés ce jour-là à Majdanek. Voir Jozef Marszalek, Obozy pracy w Generalnym Gubernatorstwie w latach 1939-1945, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku, 1998, p. 109-112, et APMM, Photocopies, XIX-1242, Rapports sur l’activité de la société « Ostindustrie Gmbh » 1943-1944.
-
[139]
Raul Hilberg, Die Vernichtung der europäischen Juden, vol. 2, Francfort-sur-le-Main, Fischer-Taschenbuch-Verlag, 1994, p. 956 ; en français La Destruction des Juifs d’Europe, Paris, Gallimard, coll. Folio Histoire, 1999 [1988], p. 1045 ; Lucy Dawidowicz, The War Against the Jews 1933-1945, New York, Holt, Rinehart and Winston, 1975, p. 149.
-
[140]
Z. Lukaszkiewicz, « Oboz koncentracyjny i zaglady Majdanek », Biuletyn Glownej Komisji Badania Zbrodni Niemieckixh w Polsce, vol. 4, 1948, p. 85-91.
-
[141]
T. Berenstein et A. Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 18.
-
[142]
Aharon Weiss, « Categories of Camps – Their Caracter and Role in the Execution of the “Final Solution of the Jewish Question” », in The Nazi Concentration Camps, Structure and Aims. The image of the Prisoner. The Jews in the Camps, Actes du 4e colloque international d’histoire de Yad Vashem, Jérusalem, Yad Vashem, 1984, p. 132.
-
[143]
Jozef Marszalek, « Stan badan nad stratami osobowymi ludnosci zydowskiej Polski oraz nad liczba ofiar obozow zaglady w okupowanej Polsce », Dzieje Najnowsze, n° XXVI, t. 2, 1994, p. 38-40 ; Wolfgang Scheffler, « Chelmno, Sobibor, Belzec und Majdanek », in Eberhard Jäckel et J. Rohwer (dir.), Der Mord an den Juden im Zweiten Weltkrieg, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1985, p. 148.
-
[144]
Voir par exemple Wolfgang Benz (dir.) Dimension des Völkermordes. Die Zahl der jüdischen Opfer des Nationalsozialismus, Munich, Oldenburg, 1991, p. 17.
-
[145]
Peter Witte et Stephen Tyas, « A New Document on the Deportation and Murder of Jews during Einsatz Reinhardt 1942 », Holocaust and Genocide Studies, vol. 15, n° 3, hiver 2001, p. 469 et sq. Il vaut la peine de prêter attention à l’ordre dans lequel les camps sont mentionnés. Ils ne sont classés ni par ordre alphabétique, ni selon la hauteur des pertes. Si cet ordre n’est pas un hasard, on peut en conclure qu’ils sont énumérés selon leur date de mise en service, ce qui confirmerait que Majdanek fut considéré comme un centre lié à l’Aktion Reinhardt dès le printemps 1942.
-
[146]
En application d’une circulaire de l’Inspection des camps de concentration du 21 novembre 1942, ordonnant aux commandants d’enregistrer uniquement les décès des Juifs sous la forme d’une liste récapitulative. Voir Martin Broszat et al., Anatomie des SS-Staates, vol. 2, Munich, Deutscher Taschenbuch Verlag, 1967, p. 128-129.
-
[147]
Doc. Nbg., NO-5194, Rapport Korherr, p. 11-12.
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[148]
Il s’agit certainement des hommes et des femmes envoyés dans les camps de la rue Lipowa et de l’ancien aéroport, et des prisonniers transférés à Auschwitz.
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[149]
Dans son article sur le nombre de convois arrivés à Majdanek, Zofia Leszczynska affirme que 35 000 Juifs ont été déportés dans ce camp en 1942. En revanche, dans le chapitre consacré à ce sujet dans la monographie publiée sous la direction de Tadeusz Mencel, il est indiqué qu’ils furent environ 41 000. Z. Leszczynska, « Transporty wiezniow do obozu », art. cit., p. 183, 186, 189 ; T. Mencel (dir.), Majdanek 1941-1944, op. cit., p. 95-101.
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[150]
Ruppert affirme que 500 à 600 personnes étaient tuées chaque jour dans la chambre à gaz de Majdanek entre octobre et décembre 1942. Par conséquent, 6 000 à 7 200 personnes auraient été gazées au total dans le dernier quart de l’année. Ce nombre englobe certainement aussi les prisonniers polonais qui furent victimes d’une sélection au Revier pendant cette période. En outre, selon ce témoignage, environ 4 000 à 5 000 personnes auraient été gazées sur les 15 000 Juifs déportés du ghetto de Varsovie à l’été 1943.
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[151]
Selon Janina Kielbon, 12 330 prisonniers juifs ont été transférés à Auschwitz, Sachsenhausen et dans les camps de travail du district de Radom. Il faut ajouter à ce nombre 1 300 Juifs emmenés dans les convois d’évacuation en 1944, ainsi que 1 000 personnes qui, en mars 1943, ont très probablement été déportées vers le camp d’extermination de Sobibor via Majdanek. Il n’est pas exclu que davantage de victimes soient arrivées à Sobibor en provenance du camp de concentration de Lublin. Selon le témoignage d’un rescapé, 1 600 personnes y auraient été envoyées à la mort depuis Majdanek à l’automne 1942. Il est vrai que ce convoi n’apparaît pas dans les comptages des effectifs du camp, mais il pouvait s’agir de prisonniers juifs envoyés au travail à la Flugplatz, qui n’étaient pas pris en compte dans les rapports quotidiens de Majdanek. J. Kielbon, Migracje ludnosci, op. cit., p. 156 ; T. Berenstein et A. Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 48 ; J. Schelvis, Vernichtungslager Sobibor, op. cit., p. 104.
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[152]
Seule une partie des registres des décès de l’année 1942, couvrant la période du 18 mai au 29 septembre, a été conservée. Elle contient des informations sur la mort de 6 701 personnes, dont 6 001 Juifs. Voir Janina Kielbon et Krysztoph A. Tarkowski, Ksiega zmarlych wiezniow. The Book of Prisoner Deaths. Majdanek 1942, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku, Wydawnictwo UMCS, 2004. L’identité d’un petit nombre de victimes peut être déterminée sur la base d’autres documents du camp ou de la documentation établie après la guerre, par exemple les livres-mémoriaux édités en Allemagne. Voir Gedenkbuch. Opfer der Verfolgung der Juden, op. cit., passim.
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[153]
Yisrael Gutman, Social stratification in the concentration camps, Jérusalem, Yad Vashem, 1984, p. 149. Voir également son témoignage dans The Trial of Adolf Eichmann. Record of Proceedings in the District Court of Jerusalem, vol. III, Jérusalem, 1993, audience n° 63, p. 1153-1158.
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[154]
Elizabeth B. White, « Majdanek. Cornerstone of Himmler’s SS Empire in the East », Simon Wiesenthal Center Annual, vol. 7, 1990, p. 10.
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[155]
Barbara Schwindt, Das Konzentrations- und Vernichtungslager Majdanek. Funktionswandel im Kontext der « Endlösung », Würzburg, Königshausen und Neumann, 2005.
1L’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale est principalement associée aux chambres à gaz du camp d’Auschwitz-Birkenau, devenu pour de nombreuses raisons un symbole mondial de la Shoah. Mais sa place exceptionnelle, aussi bien dans l’histoire que dans la mémoire de ce crime monstrueux, ne change rien au fait que la très grande majorité des victimes ont été assassinées en dehors d’Auschwitz, et que presque la moitié d’entre elles sont mortes de faim, de maladies, de conditions de travail inhumaines et lors de fusillades massives. La « Solution finale de la question juive » ainsi que la lingua tertii imperii (la « langue du IIIe Reich » [2]) désignait le génocide des Juifs par les nazis, a en effet été réalisée de différentes manières : depuis la mise en place de conditions d’existence catastrophiques et « l’extermination par le travail » dans les ghettos et les différents types de camps jusqu’à l’assassinat au moyen de gaz toxiques dans des camions spéciaux et des chambres à gaz fixes, en passant par l’exécution par fusillade de communautés entières.
2Lublin a joué un rôle particulier dans la mise en œuvre du meurtre de masse des Juifs. L’occupant allemand y a installé le premier camp de travail forcé pour la population juive du Gouvernement général. C’est depuis cette ville que la liquidation des ghettos était dirigée et que l’activité meurtrière des camps d’extermination de Belzec, Sobibor et Treblinka était supervisée. C’est là que se situaient les entrepôts dans lesquels étaient entassés les biens volés aux victimes. C’est là, enfin, qu’a été construit l’un des plus grands camps de concentration du IIIe Reich.
3Ce camp, nommé d’abord officiellement Kriegsgefangenenlager puis Konzentrationslager Lublin (KL Lublin), mais communément appelé Majdanek, a rempli plusieurs fonctions dans la politique d’occupation allemande, de sorte qu’il ne peut être classé dans les centres de mise à mort au sens strict. Cependant, la majorité des Juifs qui y furent déportés a été tuée : une partie d’entre eux est morte de faim, de maladie et d’épuisement, une partie a été victime de meurtres et de mauvais traitements, les autres ont été fusillés ou gazés. L’histoire de Majdanek reflète ainsi les principales méthodes d’anéantissement des Juifs employées par les nazis dans le cadre de la « Solution finale ».
4Cette contribution est une version augmentée de l’article Eksterminacja Zydow na Majdanku i rola obozu w realizacji « Akcji Reinhardt » [« L’extermination des Juifs à Majdanek et le rôle du camp dans la réalisation de l’« Aktion Reinhardt »], paru en 2003 dans Zeszyty Majdanka [Les Cahiers de Majdanek]. Elle aborde plus largement les plans concernant l’utilisation de Majdanek comme camp de travail forcé pour les Juifs, les convois de prisonniers juifs vers le camp, et aussi les sélections organisées parmi eux pour les chambres à gaz. […] Cela n’a toutefois pas modifié le but fondamental de ce travail, qui est de présenter l’histoire de la persécution et du meurtre des Juifs au camp de concentration de Lublin de manière concise et synthétique. L’auteur espère que cette publication contribuera à perpétuer la mémoire des hommes, des femmes et des enfants juifs assassinés à Majdanek entre 1941 et 1944.
Le camp de concentration de Lublin dans les plans allemands d’exploitation de la main-d’œuvre juive
5Le Konzentrationslager Lublin a fonctionné d’octobre 1941 à juillet 1944. Son activité était largement subordonnée à la politique de terreur et d’extermination de l’appareil de la SS et de la police allemande de Lublin, en particulier à l’action hégémonique de son chef, Odilo Globocnik, qui appliquait les programmes politiques concernant les populations slave et juive à l’échelon local et suprarégional. En conséquence, Majdanek remplissait une fonction de camp pénal pour les habitants des villages des environs de Lublin, cibles d’une répression sévère et d’actions de représailles, et de camp de transit pour les familles de paysans polonais du sud de la région, victimes des politiques brutales de déportation et de pacification. Le camp est aussi devenu l’un des maillons de l’Aktion Reinhardt : l’assassinat en masse des Juifs du Gouvernement général (GG) sous la direction d’Odilo Globocnik du printemps 1942 à l’automne 1943, associé au vol des biens des victimes à une immense échelle [3].
6La création du camp de concentration de Lublin était étroitement liée au programme allemand de colonisation de l’Europe orientale, dont l’un des volets était la germanisation de Lublin et sa transformation en base économico-militaire SS. Heinrich Himmler donna un ordre à ce sujet lorsqu’il se rendit dans la ville le 20 juillet 1941. En application de cet ordre, Globocnik, en tant que plénipotentiaire du Reichsführer SS, devait créer un « camp de concentration pour vingt-cinq à cinquante mille prisonniers [4] ». Suivant les instructions données à cette époque, Majdanek devait remplir une fonction de réservoir de main-d’œuvre pour la réalisation des plans économiques et de colonisation allemands. Toutefois, sa mission ne consistait pas seulement à fournir des travailleurs forcés pour la construction des sites prévus, au premier rang desquels des « points d’appui » de la SS et de la police (SS und Polizeistützpunkte), mais aussi à fabriquer une partie de l’équipement des unités SS stationnant à l’Est [5].
7Pendant la phase de planification, entre juillet et septembre 1941, l’autorité à laquelle le camp de concentration de Lublin devait être subordonné n’avait pas encore été clairement établie. Les prérogatives qu’Himmler avaient attribuées à Globocnik incluant son organisation, celui-ci devait en avoir le contrôle, au moins de manière informelle. Toutefois, dès le mois de novembre 1941, peu de temps après le début des travaux, Majdanek fut placé sous l’autorité de l’Inspection générale des camps de concentration (Inspektion der Konzentrationslager – IKL) à Oranienburg. De ce fait, il fut formellement intégré au système des camps de concentration allemands administrés par des organes centraux : l’Office central de sécurité du Reich (Reichssicherheitshauptamt, RSHA), puis, à partir de mars 1942, l’Office central d’économie et d’administration SS (SSWirtschafts-Verwaltungshauptamt, WVHA) [6].
8La prise en main des affaires concernant la construction de Majdanek par l’IKL, puis sa subordination au WVHA montrent que, pendant sa phase de création, le camp changea partiellement de fonction. D’abord créé pour les besoins de Globocnik, il devint l’un des maillons de l’« État SS ». Cela ne signifie pas qu’il fut transformé en camp de concentration classique, car il était lié à l’appareil de la SS et de la police de Lublin et Globocnik en est resté le supérieur direct. Un courrier du 11 juin 1943 du commandant du camp de Majdanek, Hermann Florstedt, en témoigne. Il y est indiqué que Globocnik était le supérieur direct de Majdanek et qu’il avait le droit de pénétrer à l’intérieur du camp sans présenter de documents officiels [7].
9La subordination simultanée de Majdanek aux organes centraux de Berlin et au chef de la SS et de la police du district de Lublin est confirmée par d’autres sources. Le successeur de Globocnik, Jakob Sporrenberg, a déclaré au cours d’un interrogatoire concernant les camps situés à Lublin et dans ses environs que « les camps de travail et de concentration dépendaient de Globocnik et étaient placés sous l’autorité de l’Office central d’économie [8] ». La double tutelle de Majdanek est également attestée par les déclarations faites immédiatement après la guerre par le directeur du département technique de Majdanek, Friedrich W. Ruppert, qui souligne qu’elle fut à l’origine de nombreux malentendus [9]. Le témoignage déposé par le commandant du camp d’Auschwitz, Rudolf Höss, en 1947, montre aussi que le camp était étroitement lié à la politique antijuive menée par Globocnik. Nous pouvons y lire notamment :
Globocnik a organisé tous ces lieux comme s’il s’agissait de ses propres institutions, c’est-à-dire des institutions et des installations du chef de la SS et de la police du district de Lublin. […] Pendant l’été 1941, peu de temps après l’éclatement de la guerre avec la Russie, le camp de Globocnik à Lublin a été transformé en camp de concentration, dépendant hiérarchiquement du WVHA, pour uniformiser cette opération [la liquidation des Juifs] et lui donner une direction unifiée. Malgré ce changement organisationnel, le camp de Lublin à Majdanek est resté un site d’extermination des Juifs [10].
11Ainsi, dans le domaine de la politique économique et démographique, Majdanek dépendait de deux instances supérieures : le WVHA et le chef de la SS et de la police du district de Lublin. Cela conditionnait non seulement la situation dans le camp lui-même, mais aussi les missions qui lui étaient assignées. L’influence de Globocnik qui, entre 1941 et 1943 concentrait son attention sur l’extermination des Juifs et les plans de colonisation du sud de la région de Lublin (l’expulsion des paysans polonais de la région de Zamosc), était directe et prenait un caractère radical dans les affaires concernant les prisonniers juifs. L’extermination des Juifs à Majdanek s’est déroulée selon ses ordres et sous son contrôle [11].
12Le rôle de Majdanek comme camp de concentration échappe à une classification unique. Rappelons que jusqu’au printemps 1943, sa dénomination officielle était « camp de prisonniers de guerre de la Waffen SS à Lublin » (Kriegsgefangenenlager der Waffen SS Lublin) [12]. Pourtant, dans certains documents administratifs de 1942, il est désigné comme un camp de concentration, ce qui suscitait parfois des malentendus. En février 1942 par exemple, l’Inspection générale des constructions du Gouvernement général supposa que deux camps devaient être créés à Lublin : un camp de concentration et un camp de prisonniers de guerre. D’autres services avaient également des doutes sur la caractérisation du camp de Majdanek. Le Reichsführer SS ne les dissipa que dans une lettre adressée au ministère des Transports du Reich le 14 avril 1942, dans laquelle il indiquait que « le camp de prisonniers de guerre devait servir aussi de camp de concentration [13] ».
13Il est important toutefois de préciser qu’Himmler n’avait pas l’intention de construire un camp de prisonniers de guerre à Lublin. Il s’agissait pour lui avant tout d’utiliser les prisonniers de guerre soviétiques comme force de travail dans les industries et les entreprises de construction SS. Ainsi que nous l’avons déjà mentionné, la création d’une base militaire à Lublin était l’une des tâches les plus urgentes de la première phase de l’opération Barbarossa, c’est-à-dire l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne. Il était également en projet d’y construire d’immenses quartiers d’habitation pour les SS et d’étendre les entreprises SS déjà existantes.
14La décision d’utiliser les prisonniers de guerre soviétiques pour la construction du camp de Majdanek a probablement été prise en août 1941. Vers la fin de ce mois, le chef militaire du Gouvernement général a été informé que cent mille prisonniers de guerre devaient être mis progressivement à la disposition de Himmler dans les environs de Lublin. En septembre, ce dernier a discuté du transfert des prisonniers de guerre avec les services responsables des camps de concentration et conclu un accord avec le haut commandement de l’Armée de terre (Oberkommando des Heeres, OKH), selon lequel la SS devait prendre en charge un total de trois cent vingt-cinq mille prisonniers de guerre issus des stalags. Le 27 septembre 1941, le responsable des entreprises de construction SS, Hans Kammler, donna l’ordre de créer à Lublin et Auschwitz, le 1er octobre suivant, deux camps de prisonniers de guerre d’une capacité de cinquante mille détenus [14] chacun.
15En octobre 1941, les premiers groupes de prisonniers de guerre arrivèrent dans ces deux camps, mais les contingents prévus (cinquante mille personnes) ne furent jamais atteints. À l’automne 1941, alors que la construction de Majdanek avait déjà commencé, on savait que l’objectif de prise en charge d’un nombre plus important de soldats de l’Armée rouge par la SS n’avait aucune chance d’être atteint en raison de l’énorme mortalité qui régnait dans les camps de prisonniers de guerre, mais aussi à cause d’un ordre de Hitler du 31 octobre autorisant leur utilisation dans des usines d’armement à l’intérieur du Reich [15]. C’est probablement à cette période que le projet de remplacer les prisonniers de guerre soviétiques par des Juifs allemands commença à prendre forme. À la mi-septembre, Hitler prit la décision de les déporter à l’Est. Dès le 2 octobre, Himmler lui soumit la proposition de les transférer également dans le district de Lublin [16]. Toutefois, les déportations de Juifs du Reich vers le Gouvernement général ne débutèrent pas à l’automne 1941, pas plus que l’évacuation des Juifs slovaques vers la Pologne, négociée par le gouvernement slovaque avec les autorités allemandes. Les convois en provenance du Reich organisés à cette période furent dirigés vers Lodz, les Pays baltes et Minsk en Biélorussie. Quant aux déportations de Slovaquie, elles ne commencèrent qu’en mars 1942.
16À la fin de l’année 1941, il fut toutefois décidé de déporter à Majdanek les Juifs détenus dans les camps de concentration. C’est ce que prouve une lettre envoyée par l’IKL à leurs commandants, le 19 janvier 1942. Elle contient l’ordre de transférer immédiatement au camp de Lublin les prisonniers juifs aptes au travail. Le camp de Buchenwald prépara environ neuf cents prisonniers au transfert et commanda pour eux un train spécial pour le trajet Weimar-Lublin. Il était précisé dans la commande qu’il s’agissait d’une affaire urgente et que le convoi était organisé sur l’ordre du Reichsführer SS. Le transfert des prisonniers juifs à Majdanek fut cependant interrompu au dernier moment. Le 26 janvier, tous les camps de concentration reçurent un télex les informant que l’ordre du 19 janvier était immédiatement annulé et le départ des convois suspendu jusqu’à nouvel ordre [17].
17Le changement de plan était probablement la conséquence des décisions prises à Berlin pendant la conférence organisée le 20 janvier 1942 dans une villa située 56-58 Am Großen Wannsee. Lors de cette rencontre, à laquelle participèrent quinze hauts représentants des services les plus importants du IIIe Reich, il fut question des détails logistiques et organisationnels concernant la « Solution finale de la question juive », le plan d’assassinat de onze millions de Juifs européens qui – selon les formulations du protocole de la conférence – devaient être « évacués » à l’Est. Une partie d’entre eux devait être placée dans des ghettos de transit et utilisée pour des travaux de construction ; les personnes restantes seraient assassinées dans des camps d’extermination (elles recevraient « un traitement approprié » selon le texte du protocole). Il était prévu que « l’évacuation » commence par le Reich et le protectorat de Bohême-Moravie. Six jours plus tard, sans aucun doute en lien avec l’accord de la conférence de Wansee, Himmler informa Richard Glücks, l’Inspecteur général des camps de concentration, qu’au cours des quatre semaines suivantes, 150 000 Juifs allemands seraient déportés vers les camps de concentration à la place des prisonniers de guerre soviétiques [18].
18Le premier convoi de Juifs non-polonais déportés dans le cadre de la mise en œuvre des décisions de la conférence de Wannsee arriva dans le district de Lublin le 13 mars 1942 en provenance du camp-ghetto de Theresienstadt, dans le protectorat de Bohême-Moravie. Deux jours plus tard, des Juifs allemands arrivèrent à leur tour dans la région de Lublin. Ces déportations coïncidaient avec le début de l’extermination massive des Juifs dans le cadre de l’Aktion Reinhardt. Conformément aux décisions prises, les Juifs polonais devaient être envoyés à la mort les premiers, tandis que les Juifs des autres pays seraient placés dans des ghettos de transit ou des camps de travail. C’est la raison pour laquelle Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Reich, nota dans son journal le 27 mars 1942 que « les ghettos du Gouvernement général vidés des Juifs polonais [seraient] repeuplés avec des Juifs expulsés du Reich », et que « ce processus [devait] être répété régulièrement » [19].
19L’un des ghettos de transit était situé à Piaski, à 25 kilomètres au sud de Lublin. Les premiers Juifs allemands y étaient arrivés en février 1940 dans le cadre du projet, abandonné quelques semaines plus tard, de création d’une « réserve juive » dans la région de Lublin. En mars et avril 1942, plus de quatre mille Juifs allemands et tchèques y furent installés, pendant qu’au même moment près de cinq mille Juifs polonais étaient déportés vers le camp d’extermination de Belzec. Le ghetto d’Izbica dans la circonscription administrative de Krasnystaw, et celui de Rejowiec près de Chelm remplirent une fonction similaire de points de rassemblement pour des Juifs non-polonais (Hauptunterbringungs- und Umschlagpunkte) [20].
20Il fut décidé d’utiliser une partie des Juifs étrangers aux « grandes tâches de la SS » à l’Est – la construction d’autoroutes et de quartiers d’habitation pour les colons allemands. Le 3 mars 1942, Joseph Bühler, secrétaire d’État chargé du Gouvernement général, informa Ernst Zörner, le gouverneur du district de Lublin, que « dans le cadre de la Solution générale du problème juif dans l’espace européen, il est devenu nécessaire de créer à Lublin un camp de transit pour les Juifs évacués de parties déterminées du Reich [21] ». Il pensait sans aucun doute au camp de concentration de Majdanek qui devait, selon ces plans, servir de réservoir de main-d’œuvre juive. Cela est attesté par une conversation que Fritz Reuter, un employé du bureau du gouverneur du district de Lublin, eut deux semaines plus tard avec Hermann Höfle, le chef d’état-major de Globocnik, au sujet du triage des Juifs déportés dans la région de Lublin. Dans un compterendu de cette rencontre, Reuter indiquait que « Höfle commence la construction d’un grand camp, dans lequel les Juifs aptes au travail seront enregistrés par professions et auquel il sera possible de s’adresser lorsqu’on aura besoin d’eux [22] ».
21Tout indique que, même à une période tardive, Majdanek devait servir principalement pour les Juifs de camp de travail, de rassemblement et de transit. Quand Himmler, en visite à Lublin le 19 juillet 1942, ordonna que l’extermination des Juifs du Gouvernement général soit achevée le 31 décembre, il devint clair que la ville, et donc aussi Majdanek, serait l’un des cinq points de rassemblement prévus pour la population juive [23]. Le 2 septembre 1942, Hitler prit la décision d’épargner temporairement les spécialistes juifs du Gouvernement général. Himmler, qui projetait de rassembler les ouvriers juifs dans les camps de concentration SS, donna un ordre en ce sens au début du mois d’octobre [24]. Majdanek devait être l’un de ces camps, ce que confirma Gerhard Maurer, le chef de l’Amstgruppe D II du WVHA, chargé de l’emploi des prisonniers, le 5 octobre. Il fit savoir que, conformément à la volonté de Himmler, tous les camps de concentration du Reich devaient être vidés des Juifs et que ceux-ci seraient transférés vers les camps d’Auschwitz et de Lublin [25].
22Toutefois, ce projet ne fut pas réalisé. À cette époque, les Juifs ne représentaient qu’un faible pourcentage du total des prisonniers des camps. Pour cette raison sans doute, le transfert fut limité à Auschwitz, d’autant plus qu’à partir d’octobre 1942, un nouveau processus décisionnel se développa dans la politique nazie menée à l’encontre des Juifs, qui concernait la déportation des prisonniers juifs au camp de concentration de Lublin. Dès lors, la SS se préparait à prendre le contrôle des établissements industriels du ghetto de Varsovie et à les transférer, avec leur main-d’œuvre, dans les camps de travail de la région de Lublin et dans le camp de concentration de Majdanek. Globocnik s’efforça également de bâtir un immense « empire économique » dans son district. Il projetait de créer des camps de travail spéciaux au service de la production de guerre en utilisant d’abord les machines et les stocks de matières premières accumulés dans le ghetto de Varsovie, puis, à court terme, ceux des ghettos de Bialystok et Lodz. Ils devaient soulager l’industrie de guerre du Reich tout en constituant pour la SS une source de profits substantiels. Pour mettre ces plans à exécution, Globocnik fonda en mars 1943, conjointement avec le WVHA, la société Ostindustrie (« Osti »), dont l’un des objectifs était l’exploitation de la main-d’œuvre juive et l’utilisation des biens dérobés aux victimes de l’Aktion Reinhardt [26].
23Le transfert de l’équipement des usines du ghetto de Varsovie vers le district de Lublin s’étira cependant sur plusieurs mois. Au début de l’année 1943, Himmler ordonna de déporter seize mille Juifs de Varsovie à Majdanek et fixa au 15 février la date limite du démontage des fabriques. Le 2 février 1943, le chef de la SS et de la police du district de Varsovie lui assura que « non seulement les sociétés Többens et Schultz seraient transférées dans le camp de concentration de Lublin, mais également toutes les autres, c’est-à-dire au total huit fabriques comptant environ vingt mille ouvriers juifs [27] ». Cependant, la résistance armée du ghetto vint contrecarrer ces plans. Pour y faire face, Himmler modifia ses projets deux semaines plus tard. Il ordonna de créer un camp de concentration dans le ghetto de Varsovie et d’y transférer les établissements industriels privés. « Tout le camp avec ses ateliers et ses habitants devait ensuite, aussi vite que possible, être transféré à Lublin et dans ses environs [28]. »
24Jusqu’à la mi-avril 1943, seul l’équipement de certaines usines et quelques centaines d’ouvriers juifs qui s’étaient portés volontaires pour la déportation furent transférés. La SS entama la liquidation définitive du ghetto le 19 avril, mais le jour même un soulèvement éclata. Malgré une résistance acharnée, les Allemands réussirent à s’emparer de plusieurs dizaines de milliers de Juifs. Près de quarante mille personnes furent déportées dans la région de Lublin à la fin du mois d’avril et dans la première moitié de mai. Une majorité arriva à Trawniki où les ateliers de couture et de fourrure de la société Schultz avaient été installés, et au camp de Poniatowa, où les fabriques de textile Többens avaient été transférées de Varsovie. Les autres furent dirigés vers Majdanek et les camps de travail de Lublin et Budzyn. À la suite de ces déportations, environ quarante-cinq mille Juifs se trouvaient sous le contrôle de Globocnik en juin 1943. La majorité d’entre eux devaient rester en vie un certain temps et être utilisée comme main-d’œuvre dans les ateliers et les fabriques de la SS, mais le fait qu’ils seraient supprimés tôt ou tard était depuis longtemps une affaire réglée. Une lettre envoyée par Himmler au haut commandement des Forces armées le 9 octobre 1942 le démontre :
Notre objectif sera de remplacer ces ouvriers juifs par des Polonais et de réunir – dans la mesure du possible à l’Est du Gouvernement général – le plus grand nombre de camps de concentration juifs en quelques grands camps-usines. Cependant, il faudra qu’un jour, les Juifs disparaissent aussi de là, conformément au souhait du Führer [29].
Les convois de Juifs vers Majdanek
26Des Juifs furent déportés à Majdanek pendant toute la période de fonctionnement du camp, de l’automne 1941 à l’été 1944. En prenant en considération l’origine des convois, il est possible de distinguer les phases suivantes :
- Octobre 1941 – fin mars 1942 : groupes isolés de Juifs de Lublin et des environs.
- Fin mars-début avril à juin 1942 : déportations de Juifs de Slovaquie, de Bohême-Moravie, d’Allemagne ainsi que des ghettos de Lublin et de sa région.
- Juillet-décembre 1942 : déportations des ghettos de Lublin et de Varsovie ainsi que du district de Lublin.
4. Janvier-mars 1943 : déportations sporadiques du district de Lublin. - Fin avril-septembre 1943 : déportations du ghetto de Varsovie, du district de Lublin et du ghetto de Bialystok.
- Novembre 1943 : déportations des camps et Kommandos de travail de Lublin pendant l’opération Erntefest.
- Décembre 1943-juillet 1944 : quelques transferts de prisonniers en provenance d’autres camps.
27La construction du camp commença en octobre 1941. Au début, une partie des travaux fut réalisée par un groupe d’environ cinq cents prisonniers de guerre juifs, qui étaient amenés chaque jour d’un camp de travail situé 7 rue Lipowa, dans le centre de Lublin. Ceci prit fin au bout de quelques semaines en raison d’une épidémie de typhus qui avait éclaté parmi les prisonniers de guerre soviétiques de Majdanek, et, le 12 décembre, cent cinquante hommes du ghetto de Lublin remplacèrent les prisonniers de guerre juifs. Fin 1941 et début 1942, quelques rafles furent organisées à Lublin et dans les ghettos des environs à la recherche de main-d’œuvre pour la construction du camp. Le résultat fut que quelques centaines de personnes se retrouvèrent à Majdanek [30].
28Les déportations régulières de Juifs au Konzentrationslager Lublin ne débutèrent qu’à la fin du mois de mars 1942, à la suite des décisions prises lors de la conférence de Wannsee. Entre le 29 mars et le 7 avril, quatre convois partis de Slovaquie arrivèrent à Lublin. Ils transportaient au total quatre mille cinq cents personnes, uniquement des hommes, qui furent tous envoyés au camp. Dans les convois suivants de Juifs slovaques, déportés souvent par familles entières de villes comme Bratislava, Nitra, Presov, Trnava, Trebisov et Zilina, se trouvaient non seulement des hommes, mais aussi des femmes et des enfants. Les trains de déportés s’arrêtaient à Lublin, sur une voie de chemin de fer située rue Wronska, à deux kilomètres du camp environ, sur le terrain d’une usine d’aviation d’avant-guerre. À cet endroit, à plus d’une dizaine de reprises, une partie des hommes fut séparée du reste du convoi et emmenée sur le chantier du camp de Majdanek. Les autres, accompagnés des femmes et des enfants, furent dirigés vers des ghettos et des camps de travail, puis, à partir de juin 1942, conduits directement au camp d’extermination de Sobibor. Le même sort fut réservé aux nombreux convois de Juifs « évacués » du protectorat de Bohême-Moravie et du Reich. Les hommes aptes au travail étaient sélectionnés sur la voie de chemin de fer à Lublin, puis envoyés au camp de Majdanek. Environ quatre cents hommes furent ainsi sélectionnés sur la rampe les 25 et 29 avril, au passage de deux convois de Juifs tchèques en direction de Piaski et d’Izbica, et près de cent trente le 26 mai parmi des Juifs allemands déportés vers le ghetto d’Izbica. Arnold Hindls, qui arriva à Lublin le 25 avril 1942 dans un convoi en provenance de Terezin, se souvient :
À Lublin, nous eûmes une première surprise douloureuse. Avant que le train ne s’arrête, les portes des wagons s’ouvrirent et des SS armés jusqu’aux dents firent irruption à l’intérieur. Ils traversèrent les wagons en bousculant et en frappant les gens qui se trouvaient sur leur passage avec la crosse de leur fusil, et crièrent : « Tous les hommes de 18 à 50 ans, descendez immédiatement ! ». […] Cet ordre et la séparation tout à fait inattendue des familles provoquèrent une excitation, une confusion et un désespoir indescriptibles. Les femmes en pleurs imploraient en tendant les bras : « Laissez-nous au moins nos maris et nos enfants ! Qu’allons-nous faire seules ? ». On répondit aux femmes qu’on avait besoin des hommes pour des travaux urgents à Lublin et qu’ils les rejoindraient, c’était certain, dans quelques jours. Il s’avéra par la suite qu’on leur avait sciemment menti. Elles ne revirent plus leurs maris et leurs fils, qui furent emmenés au camp d’extermination de Majdanek près de Lublin, comme nous l’apprirent plus tard des prisonniers de guerre soviétiques. Mais à cet instant, les femmes s’agrippèrent avec espoir à cette promesse. […] Deux cent cinquante hommes descendirent de notre convoi et furent emmenés sous forte escorte par les SS. […] Nous poursuivîmes notre route vers l’est dans une atmosphère d’abattement extraordinaire [31].
30Au printemps 1942, des Juifs polonais furent également déportés à Majdanek depuis les ghettos de Lublin, Belzyce, Izbica, Miedzyrzec Podlaski et Zamosc. Il y avait parmi eux des Juifs non-polonais qui, en général, avaient été déplacés dans ces localités quelques semaines auparavant. Le 14 mai, trois cent vingt personnes déportées du ghetto de Belzyce furent enregistrées au camp, dont un certain nombre de Juifs allemands qui avaient déjà été expulsés de Szczecin en février 1940 [32].
31Les déportations de Juifs étrangers vers la région de Lublin furent interrompues à la mi-juin 1942. Aussi les convois qui furent dirigés vers Majdanek dans la seconde moitié de 1942 venaient-ils tous de Pologne. Le 15 août, environ mille six cents Juifs arrivèrent du ghetto de Varsovie, suivis à la mi-septembre par mille sept cents autres, dont cent cinquante membres du Service d’ordre juif (Jüdischer Ordnungsdienst). D’autres groupes plus réduits de Juifs de Varsovie arrivèrent à Majdanek en octobre. En outre, à l’automne 1942, des déportations furent organisées au départ de nombreuses localités de la région de Lublin, en lien avec la liquidation des ghettos qui s’y trouvaient, notamment Belzyce, Bychawa, Firlej, Izbica, Kamionka, Kurow, Lubartow, Markuszow, Miedzyrzec Podlaski, Ostrow Lubelski, Parczew et Zamosc. À la suite de ces opérations, en octobre et novembre, plusieurs centaines de personnes arrivèrent parfois au camp dans la même journée. Comme cela avait déjà été le cas au cours de la période précédente, outre des Juifs polonais, ces groupes comprenaient des Juifs allemands, slovaques et tchèques.
32En octobre 1942, les premières femmes juives, déportées de Belzyce, puis de Lublin et de Varsovie, furent enregistrées au KL Lublin. Les 24 et 25 octobre, plusieurs centaines d’hommes et de femmes juifs arrivèrent de Piaski et du ghetto de Majdan Tatarski, à Lublin. Lors de la liquidation définitive de celui-ci, le 9 novembre, trois mille personnes environ furent envoyées à Majdanek. Plus de deux mille entrèrent dans le camp, les autres furent assassinées. Deux semaines plus tard, le 24 novembre, près de sept cents Juifs furent enregistrés, puis, au début du mois de décembre, cinq cents personnes au total furent transférées du camp de la rue Lipowa et des Kommandos travaillant à Lublin pour les besoins de l’Aktion Reinhardt [33].
33D’après les données allemandes contenues dans le rapport du statisticien SS Richard Korherr, 26 258 Juifs au total ont été déportés à Majdanek en 1942, mais ce chiffre ne tient pas compte des personnes qui ont été assassinées dès leur arrivée au camp [34].
34Quelques convois de déportés juifs arrivèrent au camp de concentration de Lublin dans les trois premiers mois de 1943. L’un des groupes les plus importants provenait de Hrubieszow. Certaines déportations avaient un caractère exceptionnel. Le 28 février, cent quatre femmes juives furent transférées de Treblinka, où elles avaient été envoyées à la mort depuis Bialystok et Grodno. Des cas similaires se produisirent en mars. Quelques petits groupes de Juifs, extraits des convois partis de France et des Pays-Bas en direction du camp d’extermination de Sobibor, arrivèrent à cette époque à Majdanek. Une quarantaine d’hommes furent sélectionnés pour travailler à Majdanek sur un convoi de mille trois personnes parti du camp d’internement de Drancy le 4 mars 1943, dans lequel se trouvaient trois cent soixante-dix-sept Juifs polonais, deux cent soixante-huit Juifs allemands, quatre-vingt-dix-neuf Juifs autrichiens, quatre-vingt-onze Juifs russes et quarante Juifs hollandais [35].
35Une augmentation brutale des déportations eut lieu à la fin du mois d’avril 1943. Environ trois mille cinq cents personnes furent déportées du ghetto de Varsovie en quelques jours, et quinze mille hommes, femmes et enfants au total jusqu’à la mi-mai. Près d’un millier d’hommes arrivèrent via Treblinka. Au même moment commença la liquidation des dernières concentrations de population juive de la région de Lublin : les ghettos secondaires (Restgettos) et les petits camps de travail forcé. Une partie des Juifs qui s’y trouvaient furent envoyés à Majdanek. Ils arrivèrent notamment de Miedzyrzec Podlaski, Rejowiec, et Suchowola près de Radzyn Podlaski. Le 31 mai, environ quatre cents personnes furent transférées du camp de travail de la Luftwaffe à Zamosc. Au début du mois de juin, plus de huit cents Juifs et Juives grecs en provenance d’Auschwitz furent enregistrés au camp, ainsi que plusieurs milliers d’habitants du ghetto de Bialystok fin août et début septembre. Sans parler des prisonniers d’Auschwitz, ces convois comprenaient principalement des personnes déclarées aptes au travail [36].
36Le 3 novembre 1943, le camp de concentration de Lublin fut le théâtre d’un des plus grands massacres de la Seconde Guerre mondiale. Ce jour-là, environ douze mille Juifs du complexe de la rue Wronska, appelé communément « camp de l’aéroport » (Flugplatz), du camp de travail de la rue Lipowa et de quelques autres Kommandos situés à Lublin furent conduits à Majdanek. Il s’agissait d’ouvriers travaillant pour des sociétés allemandes : Deutsche Ausrüstungswerke (DAW), Ostindustrie (« Osti ») et Bekleidungswerke. Ils partagèrent le sort tragique des prisonniers juifs du KL Lublin et furent fusillés.
37Des Juifs furent sporadiquement transférés au camp pendant ses derniers mois de fonctionnement. Plusieurs dizaines de prisonniers d’Auschwitz, dont certains avaient déjà été détenus à Majdanek auparavant, arrivèrent à la mi-décembre 1943. Au printemps 1944, plusieurs centaines de femmes juives accompagnées d’un petit groupe d’enfants ainsi que quelques centaines d’hommes juifs furent transférés des camps de travail forcé de Radom, Blizyn et Budzyn, de même qu’une cinquantaine de Juives employées au nettoyage du site de l’ancien camp de Trawniki [37].
Nombre de prisonniers juifs à Majdanek selon les rapports quotidiens du camp*,**
Nombre de prisonniers juifs à Majdanek selon les rapports quotidiens du camp*,**
* Les quelques centaines d’hommes et de femmes juifs qui furent laissés à Majdanek après le massacre du 3 novembre 1943 n’apparaissent pas dans les registres du camp. Ils n’étaient pas formellement prisonniers du KL Lublin. Les femmes provenaient du camp de l’aéroport, rue Wronska, et les hommes du camp de travail de la rue Lipowa.** Ces chiffres ne tiennent pas compte des prisonniers de guerre soviétiques détenus à l’infirmerie pour invalides de guerre créée à Majdanek en mai 1943 et qui n’étaient pas considérés comme des prisonniers du camp de concentration. On dénombra 1 530 personnes à l’infirmerie le 24 juillet 1943, et 2 539 à la fin de l’année.
38Comme le montre le tableau ci-dessus, la majorité des convois de déportés juifs arrivèrent à Majdanek entre mars et juin 1942, puis entre avril et juin 1943.
39L’absence d’archives complètes pour la seconde moitié de l’année 1943 rend difficile la tâche de déterminer avec précision l’évolution du nombre de prisonniers pendant cette période. On sait néanmoins, par exemple, que l’administration du camp a dénombré 4 730 hommes juifs le 21 juillet, 6 065 le 20 août et 4 287 deux mois plus tard, le 29 octobre. Le nombre de femmes juives s’élevait à 3 200 le 20 août et à 1 600 environ en octobre. Au milieu de l’année 1942, les détenus juifs représentaient 95 % du total des prisonniers de Majdanek, 88 % à la fin de l’année, 69 % en juin 1943 et près de la moitié en octobre. Pendant les deux premières années d’existence du camp, d’octobre 1941 à novembre 1943, les Juifs étaient donc le groupe de prisonniers le plus nombreux [38]. Il convient de mentionner que beaucoup d’entre eux étaient enregistrés à Majdanek, mais travaillaient à l’extérieur du camp et n’étaient pas pris en compte dans le calcul des effectifs.
40L’état des sources ne nous permet pas d’établir le nombre exact de Juifs qui furent déportés à Majdanek entre 1941 et 1944. En outre, les statistiques du camp ne prenaient pas en compte tous les Juifs déportés, puisqu’une partie d’entre eux étaient immédiatement liquidés dans les chambres à gaz, dès leur arrivée, sans être enregistrés. Le manque de documentation complète concernant le nombre de prisonniers juifs ne nous interdit pas de réaliser des estimations en additionnant les chiffres publiés dans des travaux scientifiques portant sur les Juifs déportés à Majdanek depuis différentes régions de Pologne et d’autres pays. Les données ainsi établies peuvent en outre être confrontées aux statistiques contenues dans les archives, en particulier les comptages de prisonniers effectués en 1942 et dans les rapports du camp, établis sur plusieurs mois de l’année 1943. Les données contenues dans le rapport Korherr sont également utiles [39].
41Pour déterminer le nombre total de Juifs qui passèrent par Majdanek, il est essentiel de savoir combien il y eut de Juifs polonais et, parmi eux, d’habitants du district de Lublin. Or de grandes divergences apparaissent dans la littérature concernant ce groupe. Selon Janina Kielbon, plus de vingt-cinq mille Juifs de la région de Lublin arrivèrent au camp en 1942 et environ trente-cinq mille au total en 1942 et 1943 [40]. Cependant, les chiffres qu’elle donne, selon lesquels près de douze mille Juifs auraient été déportés du district de Lublin à Majdanek pour le seul mois d’octobre 1942, ne trouvent confirmation ni dans les comptages du nombre de prisonniers réalisés par l’administration du camp, ni dans les synthèses sur les déportations vers les camps d’extermination opérées dans la région de Lublin [41]. Les calculs de Wolfgang Scheffler, qui affirme que 40 % de la population juive du district de Lublin a été déportée à Sobibor, 39 % à Belzec, 14 % à Treblinka et environ 7 % à Majdanek (c’est-à-dire plus ou moins dix-huit mille personnes), aboutissent également à des chiffres moindres [42].
42Nous avons tenté d’établir le nombre total de Juifs déportés à Majdanek entre 1941 et 1944 en prenant en considération les chiffres donnés dans la littérature scientifique pour les différents pays et, pour le cas de la Pologne, pour les districts de Lublin, de Varsovie et de Bialystok. Les résultats sont présentés dans les deux tableaux suivants :
43En additionnant l’estimation du nombre de Juifs polonais (56 500) à celle des Juifs non-polonais (17 500), nous obtenons un total de soixante-quatorze mille personnes déportées à Majdanek entre 1941 et 1944. Une partie d’entre elles, dont il sera encore question, a été ensuite transférée de Lublin vers d’autres camps.
44Parmi les Juifs déportés à Majdanek entre 1941 et 1944, les Juifs polonais étaient nettement majoritaires. Ils représentaient près des deux tiers du total. Le décompte officiel du camp des hommes du 23 août 1943, date à laquelle on dénombre quatre mille six cent sept Juifs polonais sur un total de six mille soixante-cinq prisonniers juifs, reflète précisément ces proportions. Les Juifs slovaques, qui faisaient partie des plus anciens prisonniers du camp, dominaient dans le groupe des Juifs étrangers. Malheureusement, aucun document du camp contenant des informations sur l’origine des prisonnières juives n’a été conservé. On sait que les Juives de Pologne étaient les plus nombreuses, mais qu’il y avait aussi des Juives allemandes, grecques, slovaques et hollandaises. Un rapport du camp du 23 juillet 1943 illustre la répartition des hommes juifs par nationalité. Ce jour-là, quatre mille sept cent dix prisonniers juifs, dont trois mille deux cent vingt et un Juifs polonais, huit cent quatre-vingt-trois slovaques, quatre cent quarante-neuf grecs, soixante-trois tchèques, cinquante et un français, vingt-huit lituaniens, onze allemands, huit hollandais et cinq serbes [52].
Les fonctions du camp de concentration de Majdanek dans la politique antijuive des nazis
45Comme nous l’avons déjà mentionné, les dirigeants nazis attribuaient principalement à Majdanek, dans le cadre de la politique antijuive, un rôle de réservoir de main-d’œuvre et de camp de travail. Relevant de la sphère d’influence d’Odilo Globocnik, le KL Lublin fut également lié à sa politique de persécution, d’exploitation et d’extermination des Juifs. Il contribua – à plus ou moins grande échelle – à la poursuite des quatre buts fondamentaux de l’Aktion Reinhardt [53], en remplissant les fonctions suivantes :
- camp de travail
- réservoir de main-d’œuvre
- lieu de pillage
- centre d’extermination
46La fonction de camp de travail pour Juifs de Majdanek englobe l’affectation de prisonniers juifs à la construction du camp, puis leur utilisation dans les entreprises et les entrepôts de la SS. Dans le premier cas, il s’agit avant tout du travail forcé d’hommes extraits des convois qui arrivaient dans le district de Lublin dans le cadre de l’Aktion Reinhardt. Le pourcentage de personnes sélectionnées était variable. Il s’élevait en règle générale à 20 % environ, soit deux cents prisonniers en moyenne, mais des groupes plus importants étaient parfois envoyés à Majdanek pour travailler. Les personnes sélectionnées avaient principalement entre 15 et 55 ans, mais il arrivait que des garçons de moins de 15 ans et des hommes de plus de 60 ans se retrouvent à Majdanek [54].
47Les ateliers et les sociétés de la SS employaient aussi bien des hommes que des femmes. La majorité d’entre eux étaient sélectionnés dans les convois de déportés envoyés à la mort, sur la rampe de chemin de fer de Lublin ou à l’Umschlagplatz de Varsovie. Dans quelques cas déjà évoqués, des prisonniers juifs arrivèrent directement des centres de mise à mort de Treblinka et de Sobibor.
48Une part importante des Juifs employés dans les entrepôts de Lublin où étaient stockés et triés les objets personnels et les biens volés aux victimes de l’Aktion Reinhardt était également constituée de prisonniers de Majdanek. Au début, ces personnes étaient cantonnées au camp, mais elles furent ensuite installées sur leurs lieux de travail. À la fin du mois d’avril 1943, plus de cinq mille hommes et femmes juifs, enregistrés au KL Lublin, travaillaient en dehors du camp. Ils subissaient régulièrement des sélections, à l’issue desquelles les plus faibles étaient renvoyés à Majdanek pour être assassinés [55].
49Les entrepôts du centre de tri de l’Aktion Reinhardt avaient été installés à Lublin, rue Wronska, dans un complexe de hangars qui appartenait avant la guerre à la première usine d’aviation polonaise : les Établissements mécaniques E. Plage et T. Laskiewicz. Ils se trouvaient à proximité d’une voie de chemin de fer où s’arrêtaient les trains de déportés envoyés à la mort. Les baraques des prisonniers avaient été construites sur le terrain de l’aéroport situé le long de la route de Chelm. C’est la raison pour laquelle l’endroit fut appelé « camp de l’aéroport » ou « camp de l’ancien aéroport » – en allemand, Flughafen ou Flugplatz. Plusieurs milliers d’hommes et de femmes juifs étaient employés là au déchargement, au tri et au nettoyage des vêtements et des chaussures acheminés en train depuis les ghettos et les camps d’extermination. Après avoir été désinfectés et triés, les biens volés étaient envoyés dans le Reich par voie de chemin de fer. Le camp de la Flugplatz dépendait de l’état-major de Globocnik, ainsi que son nom le refléta à partir de mars 1943 : Altsachenverwertungsstelle der SS-Standortverwaltung Lublin (Centre d’utilisation des effets usagés de l’administration de la garnison SS de Lublin). Il était lié à Majdanek pour deux raisons principales : des prisonniers du camp y travaillaient et une partie du personnel de garde en assurait la surveillance. Selon une directive du chef du WVHA du 22 octobre 1943, le camp de l’aéroport devait être rattaché au KL Lublin, mais le meurtre de masse des Juifs du 3 novembre 1943 ruina ce plan [56].
50Le camp principal de Majdanek n’était d’ailleurs pas en mesure d’employer tous les prisonniers marqués d’une étoile de David à des travaux utiles. En juin 1943, à peine 50 % du total des Juifs était utilisé. Conformément aux plans de Globocnik, le reste constituait une réserve pour les fabriques qui devaient être ajoutées au camp de concentration de Lublin [57]. À cette époque, près d’un millier de Juifs, hommes et femmes, accomplissaient un travail productif dans les ateliers de brosses de la société Ostindustrie. De petits Kommandos travaillaient également dans des ateliers de couture. La plupart des hommes et des femmes juifs détenus au camp étaient employés à des travaux de construction et de nettoyage, ou forcés d’effectuer des tâches totalement inutiles. L’une des rescapées juives raconte :
Ce n’était pas un travail productif. Un jour, nous portions des pierres d’un endroit à un autre, et le lendemain nous transportions les mêmes pierres dans un lieu complètement différent [58].
52Le rôle de Majdanek comme réservoir de main-d’œuvre juive était principalement dû à l’absence de grandes industries d’armement à Lublin et dans ses environs. Pour cette raison, il y avait un grand surplus de main-d’œuvre et de nombreux prisonniers étaient envoyés dans d’autres camps pour travailler. En juin et juillet 1943, neuf mille hommes et femmes juifs environ, dont un grand nombre avait été déporté du ghetto de Varsovie quelques semaines auparavant, furent transférés dans les camps de travail du district de Radom (Skarzysko-Kamienna, Radom, Blizyn) et dans le camp de concentration d’Auschwitz. Jusqu’en 1944, de petits groupes passèrent par Majdanek avant d’être redirigés vers d’autres camps. Grâce à ces transferts, une partie des prisonniers juifs ne furent pas exterminés dans le camp et plusieurs centaines au moins survécurent jusqu’à la fin de la guerre [59].
53La spécificité du rôle du KL Lublin est évidente également en ce qui concerne le pillage. Puisque le camp dépendait du WVHA, il devait expédier à Berlin une partie des biens des prisonniers juifs morts, mais il envoyait également de l’argent, de l’or, des bijoux et des textiles volés aux Juifs dans les entrepôts de l’Aktion Reinhardt, situés 27 rue Chopin, à Lublin. La procédure consistant à envoyer les effets volés dans deux directions a été décrite par Ruppert de la manière suivante :
Une partie des biens était transmise à l’Inspecteur des camps de concentration à Oranienburg et l’autre partie au bureau du chef de la SS et de la police de Lublin. À plusieurs reprises, l’administrateur des biens (Effektenverwalter) supervisa personnellement leur transport par chemin de fer jusqu’à Oranienburg. J’ai entendu également que le bureau du chef de la SS et de la police recevait des choses, et je sais précisément que cela se passait de cette manière lorsqu’il s’agissait d’argent liquide en zlotys [60].
55En juillet 1942, Globocnik donna l’ordre de créer un registre central pour recenser les biens accumulés pendant l’Aktion Reinhardt. Initialement – sans doute à partir de septembre 1942 –, l’argent et les objets de valeur qui étaient pris aux Juifs à leur arrivée à Majdanek n’étaient pas inscrits dans les registres du camp. Dans l’écrasante majorité des cas, ils ne les laissaient pas en dépôt, comme les autres prisonniers, mais les jetaient dans des boîtes plombées que l’administration du camp remettait à l’état-major de l’Aktion Reinhardt au siège de la garnison SS (Standortverwaltung Waffen-SS). Elle obtenait en retour un reçu sur lequel étaient notés le nombre de boîtes et leur contenu : argent et objets de valeur. À son tour, l’administration SS de Lublin était tenue de transmettre les biens des Juifs assassinés à Berlin (Reichsbank et WVHA), conformément à un ordre du 26 septembre 1942 du chef de l’Office central pour l’économie et l’administration [61].
56La dernière des fonctions évoquées – l’extermination en masse des Juifs – fut mise en œuvre de différentes manières. En premier lieu, il faut rappeler la situation sanitaire et les épouvantables conditions de vie qui, particulièrement en 1942, provoquèrent rapidement une énorme mortalité parmi les prisonniers. Ceux qui n’étaient pas tués par la faim et les maladies, mouraient souvent d’épuisement à cause du travail physique meurtrier qu’ils devaient réaliser sur le chantier du camp. La misère de Majdanek était aussi indissolublement liée à la terreur exercée par les gardiens, aussi bien les membres du personnel SS que certains prisonniers occupant des fonctions dans le camp. Halina Birenbaum, déportée du ghetto de Varsovie à Majdanek en mai 1943, raconte :
Tous les jours, à l’aube, les Kapos faisaient irruption dans les baraques, nous tiraient du sommeil en nous frappant avec des fouets ou des planches de leurs châlits dans le dos et sur la tête, et en nous injuriant, et nous chassaient dehors pour l’appel du matin. Le corps endolori d’avoir été allongés sur le sol, grelotant de froid, nous restions parfois des heures debout sur la grande place d’appel entre les baraques. Le premier rang était le plus visible, il était exposé aux matraques des SS et des kapos. Dans les rangs du milieu, on était un peu plus en sécurité et […] au chaud. Chacune d’entre nous s’efforçant de conquérir une place dans les rangs intérieurs, on se battait littéralement comme pour une place au paradis [62]…
58Les coups et le traitement bestial des prisonniers étaient quotidiens dans de nombreux Kommandos de travail et baraques d’habitation. Ils visaient particulièrement les Juifs, considérés dans les camps nazis comme des gens « en dehors des lois ». Un pourcentage assez important de tués fut victime du comportement arbitraire des Kapos allemands, qui souvent, sans la moindre raison ou dans le but d’extorquer de l’argent ou des objets précieux dissimulés, assassinaient les prisonniers juifs placés sous leur surveillance en les frappant à mort à coups de matraque, en les noyant dans les bassins d’eau contre les incendies ou dans les latrines, ou en les pendant sournoisement dans une baraque pour faire croire à un suicide. Les prisonniers qui n’étaient affectés à aucun Kommando de travail étaient particulièrement exposés aux excès des détenus qui occupaient une fonction. Alexander Donat se souvient :
Les premiers jours, j’ai reçu tellement de coups sur la tête que j’étais complètement démoli. Quand les Kommandos partaient, notre groupe restait dans le champ. Nous marchions et nous courions d’un bout du champ à l’autre, de la cuisine à la fontaine, aller et retour. Près de la fontaine, le Lagerältester s’amusait avec sa victime du jour. Il portait un triangle vert qui indiquait qu’il était un criminel de droit commun, ce qui ne l’empêchait pas de répéter avec fierté : « Ich bin ein Germanen » et de se comporter aimablement envers les SS. Souvent, il prenait quelqu’un au hasard et le jetait dans le bassin. Lorsque le prisonnier sortait la tête pour attraper un peu d’air, il lui donnait un coup de matraque et un coup de pied pour l’obliger à rester sous l’eau. Les mouvements convulsifs de la personne en train de se noyer le remplissaient d’une joie indescriptible. Il proposait aux SS et même aux autres prisonniers de se joindre au jeu, lequel se terminait souvent tragiquement. La victime était tuée sur place ou sortait si affaiblie de ces tortures qu’elle attrapait une pneumonie et mourait en quelques jours [63].
60Il y avait également beaucoup de pendaisons publiques. Des prisonniers juifs qui étaient soupçonnés d’avoir voulu s’évader du camp ou qui l’avaient réellement tenté étaient exécutés pendant les appels [64].
61Cependant, la majorité des Juifs déportés au camp de concentration de Lublin fut victime de formes organisées d’extermination : les gazages et les fusillades. Ces méthodes ont d’abord été utilisées pour liquider les prisonniers malades du typhus, puis les détenus de Majdanek ou de camps voisins épuisés par leur détention, plus tard des nouveaux arrivants jugés inaptes au travail ; dans la phase finale, pratiquement tous les Juifs se trouvant dans le camp ont été assassinés [65].
L’extermination dans les chambres à gaz
62Tout indique que les installations d’extermination de Majdanek ont été construites à l’instigation d’Odilo Globocnik, qui « a inspecté le camp à plusieurs occasions et s’est particulièrement intéressé aux chambres à gaz [66] ». On peut supposer, en outre, que la décision de construire des chambres à gaz homicides dans le camp était directement liée à l’ordre d’Himmler du 19 juillet 1942 fixant au 31 décembre le terme du « nettoyage » du Gouvernement général des Juifs. Selon cet ordre, Majdanek devait servir de camp de rassemblement, mais il était clair que seules les personnes de 16 à 35 ans aptes au travail échapperaient temporairement à l’extermination. Lorsque des familles entières étaient déportées, les personnes qui ne remplissaient pas ce critère étaient condamnées à mourir.
63Il existe aussi des indices montrant que la transformation des chambres de désinfection construites à Majdanek en chambres à gaz à partir de l’été 1942 était liée à la réorganisation des camps de l’Aktion Reinhardt. À compter du 1er août, Christian Wirth, qui commandait jusqu’alors le camp d’extermination de Belzec, exerça la fonction d’inspecteur de ces camps. Le 7 août, Hans Kammler, chef du Bureau des Constructions du WVHA, inspecta Majdanek. Il discuta des délais d’achèvement du camp avec Globocnik au cours d’une réunion spéciale. Le lendemain, il visita le camp de Belzec, et, le 11 août une rencontre consacrée à l’extermination des Juifs se déroula en présence de Himmler [67]. Le 17 août, Kurt Gerstein, expert en désinfection et en gaz toxiques à l’Institut d’hygiène de la SS à Berlin, vint à son tour visiter Majdanek. Son témoignage d’après-guerre montre que Globocnik le guida à travers le camp. Il précisa dans une déclaration écrite qu’il était également accompagné de Christian Wirth, comme à Belzec et Treblinka. Il appelle d’ailleurs celui-ci leur directeur. Dans ce document, Gerstein mentionne Majdanek en quatrième position après Belzec, Sobibor et Treblinka. Il n’y accorde pas une grande attention, notant laconiquement : « Majdanek près de Lublin – en préparation à cette époque [68] ».
Les chambres à gaz
64Alors que le processus de mise à mort lancé dans les camps directement supervisés par Christian Wirth, l’inspecteur des Kommandos spéciaux de l’Einsatz Reinhardt, est assez bien connu, on sait peu de choses sur l’extermination dans les chambres à gaz de Majdanek. Même les enquêtes méticuleuses du parquet allemand puis le procès de Düsseldorf, qui dura plusieurs années, n’ont pas permis d’éclaircir de nombreux points essentiels à ce sujet [69].
65On trouve en outre dans la littérature un certain nombre d’imprécisions qu’il est nécessaire de vérifier et de corriger. Elles concernent surtout des questions telles que la construction et l’emplacement des chambres à gaz, le fait de savoir quelles chambres étaient utilisées pour assassiner des gens, la longueur de la période au cours de laquelle les chambres à gaz ont servi d’installations de mise à mort, et aussi la fréquence et l’ampleur des sélections parmi les prisonniers.
66On peut lire dans certaines publications consacrées à Majdanek que sept chambres à gaz au total ont été construites dans le camp. Ce chiffre est apparu la première fois dans le rapport d’expertise de la commission polono-soviétique qui a enquêté en août 1944 sur les crimes allemands commis à Majdanek. D’après ses conclusions, une chambre à gaz se trouvait dans la baraque de bains n° 41, trois dans le bunker attenant, deux dans une baraque située dans « l’Entre-Champs I » (Zwischenfeld I) et une autre dans le « nouveau Krematorium », derrière le champ 5. Toutefois, dans un communiqué publié par cette commission en 1945, il est indiqué qu’il y avait six chambres à gaz en tout [70].
67Une partie des historiens attribue en outre une fonction exterminatrice à la chambre à gaz construite dans le « vieux Krematorium », dans la bande de terre située entre les champs de détention I et II (« Entre-Champs I »). On y aurait procédé à des gazages de prisonniers à l’été 1942. Cependant, le fonctionnement de chambres à gaz dans cette partie du camp n’est mentionné ni dans les mémoires des prisonniers polonais, ni dans les témoignages des Juifs qui se trouvaient au camp à cette époque [71]. Il est tout à fait invraisemblable que les personnes détenues dans les Champs I et II n’aient pas vu que des gazages de masse avaient lieu à proximité de leurs baraques. Jozef Marszalek attire l’attention sur ce point et considère que la localisation des chambres à gaz « à côté du Krematorium existant à l’époque dans “l’Entre-Champs I” n’était pas envisageable, car il y aurait eu un grand nombre de témoins du gazage des victimes. Une laverie, dans laquelle travaillait un Kommando important, se trouvait à proximité du Krematorium, et les prisonniers détenus dans les Champs I et II auraient pu aussi observer précisément les actes criminels commis par les autorités du camp [72] ».
68En outre, les archives montrent que les chambres à gaz conservées jusqu’à aujourd’hui dans le Krematorium de « l’Entre-Champs I » ont été construites beaucoup plus tard, sans doute à l’automne 1943, pour servir de chambres de désinfection. C’est ce qu’indique un passage d’un rapport du 13 octobre 1943 de la cellule de résistance Protection centrale clandestine « Opus », liée à l’AK, dans laquelle on peut lire :
La chambre à gaz qui était située près des bains a effectivement été démontée récemment, l’équipement enlevé et même sans doute transporté ailleurs, mais deux autres plus grandes sont en cours de construction près de la laverie, car l’épouillage des vêtements et de la lingerie est effectué, de même, avec du gaz [73].
70Il est question ici du vieux Krematorium. Après la mise hors service des fours, il servit à entreposer des cadavres et, parfois aussi, à tuer des détenus, ce qui arrivait également dans la remise adjacente. Les corps des prisonniers morts à l’infirmerie y étaient transportés, et quelques fois aussi les cadavres de ceux qui étaient assassinés dans les chambres à gaz. Ils étaient ensuite transportés en camions vers la forêt de Krepiec, à quelques kilomètres de Lublin [74].
71L’idée que la chambre à gaz de la baraque de bains n° 41, appelée chambre provisoire ou expérimentale, qui jouxtait directement la pièce avec les douches, aurait servi à tuer des personnes suscite également de sérieux doutes. La thèse selon laquelle des prisonniers y auraient été gazés est contredite par deux arguments. Le premier est le fait que les portes en bois reliant les bains à la chambre s’ouvraient vers l’intérieur, ce qui aurait significativement compliqué le déroulement des exécutions si des personnes y avaient été assassinées. Le second argument est la disposition de la chambre, qui avait une forme irrégulière, donnait non seulement vers les bains mais aussi vers deux autres pièces, et avait trois portes au total [75].
72Il existe en revanche des preuves que cette chambre à gaz a été utilisée pour désinfecter des vêtements au Zyklon B. Sur un plan de transformation des chambres à gaz, elle est désignée comme une salle d’habillage (Ankleideraum). Il ne s’agit certainement pas d’un terme de camouflage, car sur ce document, les chambres du bunker sont appelées « chambres à gaz existantes [76] ». Dans l’une des notes concernant les conditions sanitaires du camp, datée du 10 mai 1943, il est écrit que la désinfection « est pratiquée dans une salle d’habillage de l’aile est et que, pour augmenter le rendement, une chambre séparée doit être aménagée sous le toit [77] ». Il est question dans ce document de la chambre à gaz de la baraque n° 41. La manière dont la désinfection s’y déroulait a été décrite précisément dans ses mémoires par Czeslaw Skoraczynski, l’un des prisonniers qui, comme il l’indique, étaient employés au « gazage » des vêtements des prisonniers et des sous-vêtements des SS [78].
73Jean-Claude Pressac, qui a analysé le problème des chambres à gaz de Majdanek, affirme que la question la plus importante à résoudre pour savoir si la chambre à gaz provisoire était utilisée pour tuer est de déterminer si la fenêtre visible aujourd’hui dans cette pièce s’y trouvait déjà pendant l’existence du camp [79]. On ne voit effectivement pas cette fenêtre sur une photographie des bains prise en 1942. Elle a sans doute été percée après la guerre, au cours des premiers travaux de restauration, lorsque la baraque des bains a été reliée au bunker adjacent et l’ensemble couvert d’un même toit [80].
74Un autre problème n’a pas été définitivement éclairci : des personnes ont-elles été assassinées à Majdanek dans un camion spécialement adapté à cette fin ? Cela a été évoqué par Alexander Donat, qui a vu sur le terrain du parc automobile du camp (Fahrbereitschaft), un camion couvert ayant, selon lui, été utilisé pour tuer des gens avec du monoxyde de carbone. L’acte d’accusation de Hackmann et de neuf membres du personnel de Majdanek mentionne également le gazage dans un véhicule de soixante femmes juives de Majdanek, sélectionnées entre janvier et mai 1943 [81].
75Les chambres à gaz pour l’extermination des prisonniers ont été aménagées dans un bâtiment en béton – un bunker situé à droite de l’entrée du camp des prisonniers, à l’arrière de la baraque de bains n° 41. Le chef du service technique de Majdanek, Friedrich Ruppert s’en souvient comme d’une « construction massive en pierre d’environ 6 mètres sur 6 et de plus ou moins 2 mètres de haut avec deux portes, dont une n’était ouverte que pour aérer. À l’extérieur du bâtiment, il y avait un petit local, où était conservée la bouteille de gaz [82] ».
76Les chambres à gaz du bunker ont été créées à la suite d’une modification des plans de construction des installations de désinfection. Le premier projet connu date d’août 1942. C’est une copie fidèle des plans concernant la construction des installations de désinfection des ateliers textile de la Waffen SS à Dachau (Bekleidungswerke der Waffen-SS) du 20 mai 1942. Il prévoyait la construction d’un bunker avec deux chambres à gaz, dotées chacune de deux portes, et d’une annexe dans laquelle il était prévu d’installer les fours. Au-dessus devait s’élever un toit soutenu par des piliers en bois [83].
77Au cours de la construction du bunker, qui dura probablement d’août à septembre 1942, quelques modifications ont été apportées au plan, en raison de la décision qui avait été prise d’utiliser les chambres à gaz pour exterminer des prisonniers. La chambre à gaz de la partie est (du côté du camp des prisonniers) a été divisée en deux plus petites. L’une a été adaptée pour l’utilisation du Zyklon B et du monoxyde de carbone, mais l’autre est sans doute restée inutilisée, puisqu’à la différence de la première, aucun éclairage n’y fut installé et qu’après la guerre, on n’y constata pas la présence de composés de fer de cyanure témoignant de l’usage de Zyklon B [84]. Une autre pièce contiguë aux deux précédentes, appelée la « grande chambre », a été aménagée uniquement pour l’usage du monoxyde de carbone. Toutes les chambres étaient équipées de portes hermétiques en fer avec un œilleton.
78De nombreuses questions essentielles demeurent sans réponse du fait de l’absence de documentation sur la construction des chambres à gaz. On ne sait pas précisément si les deux chambres ont été prêtes simultanément. On peut supposer qu’elles ont été mises en service à des périodes différentes, car les tuyaux d’émission du monoxyde de carbone n’y sont pas installés de la même façon et qu’une seule comporte une ouverture pour déverser le Zyklon B. Le fait que la « cabine du SS », c’est-à-dire l’annexe avec les bouteilles en acier, n’était connectée qu’à l’une des « petites chambres » n’est pas non plus sans signification. De même, les témoignages de Kapos allemands employés aux bains montrent indirectement que les chambres à gaz n’ont pas été construites au même moment [85].
79Le bunker avec les chambres à gaz mesurait 10,7 x 8,8 x 2,4 mètres. Il était entouré de fil de fer barbelé et d’une clôture en bois. Au sud se trouvait un portail dans la palissade dont la largeur ne permettait pas l’entrée des camions. La sortie de la baraque de bains des femmes (n° 42) et les portes des deux chambres du bunker étaient reliées par un plancher en bois d’une largeur d’1,5 mètre. Le bunker était recouvert d’un toit de 60 mètres sur 18, soutenu par des poteaux en bois renforcés par des socles en béton. Il avait été projeté – ainsi que nous l’avons déjà indiqué – comme une partie du complexe de désinfection. Il devait protéger de la pluie le linge désinfecté étendu en plein air. Cette toiture avait aussi une fonction de camouflage car, avec la clôture, elle masquait efficacement les chambres. Le bunker lui-même n’était pas (comme on peut le voir aujourd’hui) relié à la baraque de bains des hommes (n° 41) par des murs en bois. Ils ont été ajoutés après-guerre, au cours de travaux de conservation [86].
80Dans son témoignage, l’infirmier SS August Reinarzt a décrit les installations d’extermination de Majdanek de la manière suivante :
Devant les bains, du côté droit, se dressait un bâtiment entouré d’une clôture qui ressemblait à un bunker. Il mesurait environ 8 mètres sur 10. En août ou en septembre 1943, je suis entré à l’intérieur avec Benden. Devant, à l’entrée, il y avait un porche avec un équipement et un œilleton. Cet équipement était doté de connecteurs à bouteille, c’est-à-dire de tuyaux avec des raccords, qu’il était possible de relier à quelque chose. D’après Benden, des gens devaient être assassinés avec le contenu de ces bouteilles. Je ne suis pas entré à l’intérieur même de la chambre à gaz. J’ai regardé simplement par le judas. Je n’ai pas remarqué dans cette pièce de tuyaux ou quelque chose de semblable. Comme il faisait sombre dedans, je n’ai aperçu aucun détail. À cette époque, la clôture autour du bâtiment avait déjà été démontée. On l’appelait auparavant le jardin des roses (Rosengarten). Lorsque je suis allé là-bas, il n’y avait que des poteaux d’angle [87].
Les sélections
82L’assassinat par gazage concernait les Juifs déportés au camp qui, à l’arrivée du convoi, avaient été jugés inaptes au travail, ainsi que les prisonniers malades et affaiblis par les conditions de vie qui prévalaient à Majdanek. À une fréquence variable, les SS organisaient des sélections à l’hôpital du camp et pendant des appels spéciaux. En 1942, la majeure partie des Juifs envoyés au camp avait déjà subi une sélection sur la rampe de chemin de fer de Lublin ou à l’Umschlagplatz de Varsovie. Pour cette raison, les sélections d’entrée, frappant des convois entiers à leur arrivée au camp, n’avaient lieu que de manière sporadique. Elles ne furent organisées régulièrement qu’à partir du printemps 1943, et leurs premières victimes furent des Juifs déportés du ghetto de Varsovie.
83On sait peu de choses au sujet des sélections subies par les prisonniers qui arrivèrent au camp pendant l’automne et l’hiver 1942. La première action connue de ce type eut lieu le 9 novembre 1942, date de la liquidation définitive du ghetto de Majdan Tatarski. Ce jour-là, environ trois mille personnes ont été emmenées au camp. Les enfants, mais aussi une partie des hommes et des femmes, ont été assassinés dans la chambre à gaz et leurs corps brûlés dans la forêt de Krepiec. En novembre, des familles juives du ghetto de Miedzyrzec Podlaski ont apparemment subi le même sort. Les déclarations de plusieurs témoins montrent qu’au cours de cette période, des enfants juifs déportés au camp depuis différentes localités de la région de Lublin ont également été assassinés. Il pourrait néanmoins s’agir là de convois envoyés en totalité à la mort [88].
84En 1943, l’essentiel des sélections se déroulait sur la place appelée Rosengarten (« le jardin des roses »). Il s’agissait d’un petit rectangle jouxtant la baraque de bains n° 42, clôturé avec du fil de fer barbelé. Jerzy Kwiatkowski a décrit ce qui arrivait aux gens entassés dans le Rosengarten :
Ils étaient laissés là toute la nuit sous le ciel nu. Le matin, la procédure de réception du convoi commençait. D’abord, les hommes étaient séparés des femmes et des enfants. Les Allemands prenaient les valises et les paquets devant l’entrée des bains. Ils ordonnaient aux déportés de se déshabiller et les tondaient. Ensuite, une commission spéciale procédait à une fouille, ordonnait d’ouvrir la bouche et de lever les mains pour vérifier si personne n’essayait par hasard de cacher des bijoux. Cette commission triait les prisonniers : elle dirigeait ceux qui étaient jeunes et en bonne santé vers une baraque de bains et les personnes âgées, les malades et les mineurs (à l’exception des mères) vers une autre [89].
86Les Juifs déportés à Majdanek étaient également retenus et sélectionnés sur la « place du charbon » dans « l’Entre-Champs II », situé entre les Champs de détention 4 et 5. De telles situations se sont produites à plusieurs reprises à la fin du mois d’avril et dans la première moitié du mois de mai 1943, à une période où de grands convois arrivaient du ghetto de Varsovie. Il s’agissait souvent de familles nombreuses, qui jusqu’alors avaient échappé à la déportation vers le camp d’extermination de Treblinka et qui, pendant le soulèvement du ghetto, s’étaient cachées dans des abris et des bunkers. Il arrivait que les prisonniers amenés sur la place retrouvent dans la foule des proches et des connaissances, dont ils avaient été séparés à Varsovie. Adam Frydman, déporté à Majdanek avec son père et son frère après un court arrêt à Treblinka, a rencontré sa sœur et quelques proches dans de telles circonstances [90]. Agglutinés dans « l’Entre-Champs », les gens campaient littéralement à ciel ouvert jour et nuit en attendant leur « admission » au camp. Pour la majorité des familles, il s’agissait des dernières heures passées ensemble. Natan Zelechower se souvient :
Nous avons passé la nuit sur la place. Nous étions assis, serrés les uns aux autres, accablés par la première vision du camp de concentration. Notre situation désespérée nous ôtait toute envie de discuter et nous empêchait de dormir. Cette nuit, pleine des pires pressentiments, était la nuit la plus pénible depuis le moment de notre départ de Varsovie. Tous étaient dévorés de remords, pensant qu’il aurait mieux valu se cacher dans le ghetto ou se faire tuer plutôt que de se laisser mener sur un chemin de torture, qui finirait tragiquement d’une manière ou d’une autre. On se débarrassait de l’argent, on déchirait les billets de banque si pieusement cachés jusque-là. On enterrait les objets précieux dans la terre ou on les cachait sous un tas de charbon situé à côté de notre campement [91].
88La sélection des prisonniers juifs ne se déroulait pas toujours de cette manière à l’arrivée au camp. Les hommes et les femmes jeunes étaient destinés au travail. En revanche, les enfants et les femmes âgées, malades et amaigries, avec des plaies visibles sur le corps, étaient emmenés à la chambre à gaz.
89Le spectre de la sélection ne se limitait pas au tri réalisé à l’arrivée du convoi. D’autres sélections étaient organisées régulièrement parmi les prisonniers juifs du camp. À partir de l’été 1942, très régulièrement, à quelques jours d’intervalle, on emmenait de l’hôpital du camp, le Revier, les prisonniers malades « qui ne présentaient aucun espoir de guérison » [92]. En décembre, une épidémie de typhus fit ordonner une désinfection des baraques du Champ I et les prisonniers juifs furent conduits au Champ III. Un prisonnier slovaque, Jack Schwartz, évoque cet épisode :
Il faisait un temps affreux. Neige, vent glacé. Les baraques dans lesquelles on nous avait poussés étaient pleines de poux et de lentes, et remplies au triple de leur capacité. Il n’y avait matériellement pas de place pour dormir. Personne ne pouvait s’endormir, les poux nous dévoraient. Au petit jour, on nous jeta dehors, par ce temps horrible, épuisés et engourdis par le froid et l’humidité. L’odeur de la chair brûlée nous heurtait les narines. Nous restâmes debout en frissonnant jusqu’à l’appel du matin, qui dura exceptionnellement longtemps, à peu près jusqu’à midi. Tout à coup, on nous fit passer une sélection. Un groupe de SS en bel uniforme fit son apparition avec des chiens féroces, assoiffés de sang, la laisse dans une main et dans l’autre une cravache. Ils nous ordonnèrent d’enlever nos vêtements et de passer nus, un par un, à côté d’eux. Celui qui, marchant dans la neige, trébuchait ou avait la moindre blessure sur le corps, était envoyé directement à la chambre à gaz. Ceux qui avaient survécu pouvaient remettre leurs vêtements et vivre encore un peu. Nous survécûmes, mais des milliers moururent [93].
91En 1943, les sélections parmi les prisonniers étaient organisées à une fréquence variable. Jusqu’à la fin du printemps, dans les Champs des hommes, des prisonniers d’autres nationalités, surtout des Polonais, en furent aussi victimes. Régulièrement, des commissions de sélection procédaient à une inspection des prisonniers pour contrôler leur aptitude au travail. En général, pour identifier rapidement les plus faibles, ils organisaient une « course ». Ceux qui n’étaient pas en état de courir ou qui étaient les derniers à atteindre l’arrivée étaient envoyés à la chambre à gaz. En outre, de fréquentes sélections avaient lieu à l’hôpital du camp. Toutes les deux semaines, les médecins SS condamnaient à mort une partie des prisonniers sur la base de leur aspect ou de leur fiche de malade. Ceux qu’ils avaient sélectionnés étaient emmenés dans des baraques spéciales appelées Gammelblocks. Dans le Champ III, cette fonction fut d’abord remplie par la baraque 15, puis par la 19. Dans les Gammelblocks, une partie des prisonniers mouraient d’épuisement. Certains étaient assassinés par les Kapos allemands. À la fin de la semaine, les autres étaient chargés sur des camions et emmenés à la chambre à gaz [94].
92Jusqu’au printemps 1943, les femmes détenues à Majdanek n’étaient pas soumises aux sélections. Celles-ci ne débutèrent qu’avec les déportations en masse depuis les ghettos, et ne concernèrent que les femmes juives. Elles étaient souvent organisées pendant les appels du matin, en général le dimanche. C’était systématiquement les médecins SS Max Blancke et Heinrich Rindfleisch qui procédaient à ce type d’inspections. Ils envoyaient surtout à la mort les femmes qui avaient des problèmes aux jambes. Déportée à Majdanek depuis Miedzyrzec Podlaski, Rywka Rybak raconte :
Ils ont commencé à sélectionner les gens, c’est-à-dire les gens destinés aux chambres à gaz. Certaines filles étaient malades parce qu’elles ne mangeaient rien. […] Beaucoup de gens avaient des plaies sur les jambes. Ils ne pouvaient pas survivre avec quelque chose comme ça. Tous les jours, ils nous emmenaient dans un endroit où nous devions nous tenir debout et où nous étions comptés. Un médecin arrivait et regardait les pieds. Ceux qui avaient des plaies étaient emmenés aux chambres à gaz. C’était de pire en pire. Ils ont commencé à organiser des sélections de plus en plus souvent. Ils nous emmenaient aux bains et nous ordonnaient de nous déshabiller. Il y avait là quatre assassins en uniforme allemand qui nous indiquaient quelle direction nous devions prendre [95].
94Il arrivait aussi que les gardiens notent au cours de la journée les numéros des prisonnières qui avaient l’air malade ou semblaient particulièrement épuisées, et qu’ils les emmènent le soir à la chambre à gaz [96].
95Bien que les petits enfants fussent les principales victimes des sélections organisées à l’arrivée au camp, il arriva, dans certains cas, qu’ils ne soient pas tués immédiatement, mais laissés dans le camp un certain temps. Ainsi, en mai 1943, à l’arrivée d’un convoi en provenance du ghetto de Varsovie, trois cents enfants environ furent enfermés dans une baraque entourée de fil de fer barbelé dans le Champ 5. Un certain nombre de femmes les accompagnaient. Il s’agissait en majorité de leurs mères. La vue de la baraque était effrayante. Il n’y avait pas de châlits à l’intérieur. Les femmes et les petits enfants dormaient sur le sol sale. Ils n’avaient pas le droit de sortir. Ils faisaient donc leurs besoins physiologiques à l’intérieur. Il n’était pas possible de changer les bébés, qui furent rapidement couverts d’excréments des pieds à la tête [97].
96Les prisonniers interprétèrent le fait que des enfants soient laissés dans le camp comme un espoir de survie. La rumeur que Majdanek allaient être transformé en camp de travail commença même à circuler parmi les Juifs [98]. Malheureusement, les autorités du camp étaient guidées par d’autres raisons. Jerzy Kwiatkowski, déjà cité, écrit à ce sujet :
Il n’était possible de tuer chaque jour dans la chambre à gaz qu’un nombre relativement faible de personnes. Florstedt ordonna donc de renvoyer les prisonniers vers les Champs après le bain. De nouvelles sélections furent organisées, à quelques jours d’intervalle, pour tenir compte de la capacité de la chambre à gaz. Les enfants de moins de 12 ans, laissés avec leurs mères dans le Champ V, partirent les premiers. Si une mère ne voulait pas donner son enfant, elle pouvait choisir de mourir avec lui [99].
98Quelques jours après que les enfants eurent été installés dans le Champ V, une Kinderaktion eut lieu. Les enfants et les femmes qui les accompagnaient furent chargés sur des camions, emmenés en dehors du champ et assassinés dans les chambres à gaz :
Les enfants partant à la mort regardaient autour, dans la foule des femmes entourant les camions. Ils cherchaient leur mère en sanglotant, comme si l’hystérie maternelle les étonnait. Les camions avec les petites têtes chevelues et les rubans noués disparurent derrière le portail, et quelques heures plus tard le bûcher du Champ 6 engloutissait leurs petits corps engourdis, jaunis par le gaz [100].
100Les archives nous apprennent que trois actions de ce type eurent lieu entre mai et août 1943. Les victimes de la première furent des enfants du ghetto de Varsovie, celles de la deuxième des enfants de Rejowiec et celles de la troisième des enfants déportés du ghetto de Bialystok [101].
101Sur la base des témoignages des anciens prisonniers, on peut affirmer que les plus grandes sélections de femmes et d’enfants juifs à Majdanek se sont déroulées au cours de la seconde moitié du mois de mai et des premiers jours du mois de juin 1943 [102]. De nombreuses sélections furent également organisées parmi les femmes en août. Anna-Jadwiga Niedek raconte qu’entre juin et août, elle a assisté à plusieurs dizaines de sélections pour la chambre à gaz au Champ V et qu’elles avaient lieu alors presque chaque jour, tandis que, selon Wanda Ossowska, les sélections de Juifs n’étaient pas organisées régulièrement mais à une fréquence variable, selon le nombre de convois de déportés juifs qui arrivaient au camp [103]. Aussi existe-t-il de sérieuses divergences dans les récits des prisonniers en ce qui concerne la fréquence et l’ampleur des sélections. Il arrivait d’ailleurs que les prisonnières ne voient que le moment du chargement du groupe de Juives sélectionnées sur des camions ; or, dans certains cas, elles n’étaient pas emmenées aux chambres à gaz, mais transférées vers un autre camp [104].
Les gazages
102On sait peu de choses sur le déroulement des assassinats par gazage au camp de Majdanek, aussi bien en ce qui concerne les aspects techniques que l’organisation du processus d’extermination. Sur la base des rares archives dont on dispose, on peut affirmer que deux produits étaient utilisés pour tuer : le monoxyde de carbone (CO) sous forme gazeuse, livré au camp dans des bouteilles en acier, et le Zyklon B, composé de granulés de terre de silice saturés de cyanure d’hydrogène et conditionné dans des boîtes métalliques. L’un des membres du personnel aurait été le témoin d’une conversation entre des sous-officiers SS qui s’interrogeaient sur la meilleure manière de répandre le gaz : « le jeter ou l’injecter [105] ». Il est presque certain qu’en 1942, seul le monoxyde de carbone était employé pour tuer dans les chambres à gaz, et sans doute est-il resté le principal moyen utilisé pour les gazages au cours de la période suivante [106].
103Il est très difficile de déterminer quand a débuté l’extermination dans les chambres à gaz. Certains témoignages évoquent la mi-1942. Il paraît néanmoins plus probable que les premières exécutions par gazage aient eu lieu en septembre 1942, après la construction du bunker comprenant les chambres à gaz. Sans même mentionner les informations que fournit le récit de Kurt Gerstein, c’est ce que montre le témoignage d’un des prisonniers allemands, qui travaillait dans les bains à cette époque ; c’est aussi ce que suggèrent indirectement les indications d’autres prisonniers qui affirment que jusqu’à la fin du mois d’août et au début du mois de septembre, les malades du Revier étaient fusillés à Krepiec [107].
104L’extermination par le gaz prit de l’ampleur en octobre et novembre 1942, lorsque les Juifs commencèrent à être déportés des ghettos de la région de Lublin en cours de liquidation. Une partie des déportés étaient assassinés sans être inscrits dans les registres du camp. En outre, à partir de l’automne 1942, des hommes juifs du camp de la rue Lipowa et des femmes juives sélectionnées au camp de la Flugplatz étaient amenés à Majdanek pour être assassinés [108].
105Au cours des premiers mois de l’année 1943, comme nous l’avons indiqué, les chambres à gaz servirent principalement à tuer des malades. À compter du printemps, elles furent aussi utilisées pour assassiner les victimes des sélections pratiquées à l’arrivée des convois de déportés juifs. Plusieurs dizaines de membres du Sonderkommando du camp d’Auschwitz furent liquidés de cette manière fin août.
106Les gazages homicides dans le camp de concentration de Lublin durèrent probablement jusqu’aux premiers jours de septembre 1943 lorsque, pendant le transfert des femmes du Champ V au Champ I, une partie des prisonniers juifs malades du Revier des hommes et environ trois cents enfants de moins de 7 ans du ghetto de Bialystok furent gazés [109]. Le contenu des rapports du mouvement de résistance du camp montre que l’arrêt de l’extermination par gazage eut lieu à peu près à cette époque. Le rapport du 16 octobre 1943 stipule que la « liquidation des Juifs a cessé, car il n’y a pas eu de sélection de Juifs pour le gazage depuis six semaines [110] ».
107Le chef de la SS et de la police, Jakob Sporrenberg, qui inspecta le camp de Lublin après le transfert de Globocnik à Trieste en septembre 1943, déclara après la guerre que Florstedt, le commandant du camp, lui avait montré les chambres de désinfection en prétendant qu’elles étaient prises à tort pour des chambres à gaz. Sporrenberg savait pourtant lui-même qu’une extermination de masse avait été commise dans les chambres à gaz de Majdanek [111].
108En revanche, il est certain que les chambres à gaz ne remplirent plus une fonction d’extermination après le massacre du 3 novembre 1943 [112], et que la chambre jouxtant les locaux de douche de la baraque 41 ainsi que la chambre de la partie ouest du bunker furent utilisées pour désinfecter des couvertures et des vêtements, dont certains avaient appartenu aux Juifs assassinés. Ils étaient désinfectés avec du Zyklon B. La pièce était d’abord chauffée à l’air chaud, puis, une fois la désinfection terminée, le gaz était évacué par une ouverture dans le toit à l’aide d’un ventilateur. Cette procédure a été décrite précisément par Czeslaw Skoraczynski, déjà cité. Henryk Niescior était également employé à travail :
Au bout de quelques jours, j’ai été affecté au Kommando de désinfection des vêtements ayant appartenu à des Juifs. Nous étions seize à travailler dans ce Kommando. Les vêtements des Juifs assassinés étaient apportés du Champ V à la chambre à gaz, qui était située à côté des bains, là même où les Allemands empoisonnaient des gens au Zyklon. Nous suspendions à des cintres ceux qui étaient de bonne qualité et en bon état. Après avoir étendu le linge, nous préparions les portes de la chambre à gaz à la fermeture. L’un de nous recevait une boîte de Zyklon, la posait sur le sol, et plaçait au-dessus, la tête en bas, un morceau de tube en fer de 6 à 8 centimètres de diamètre. L’autre empoignait un marteau assez lourd et donnait un coup pour percer une ouverture dans la boîte de Zyklon. À ce moment-là, il fallait rapidement prendre la boîte, déverser son contenu d’un seul geste et fuir immédiatement, parce que rester même quelques secondes de plus pouvait provoquer la mort [113].
110Sans même faire état des descriptions et des remarques générales qu’on peut trouver dans la littérature mémorielle, seuls quelques récits de prisonniers et témoignages de membres du personnel du camp apportent des informations plus détaillées sur l’extermination dans les chambres à gaz. La pauvreté des sources sur cette question est notamment la conséquence du fait que les prisonniers juifs employés dans les chambres à gaz furent assassinés peu de temps après l’arrêt des gazages, le 21 septembre 1943 [114]. En outre, les membres du personnel du camp qui ont témoigné devant des procureurs allemands, ou bien savaient en effet peu de choses sur l’extermination dans les chambres à gaz, ou bien ne voulaient pas en parler. Les témoignages explicites, comme celui d’un SS qui travaillait dans les entrepôts des biens des prisonniers, à quelques dizaines de mètres du bunker des chambres à gaz, sont rares :
Me tenant devant l’Effektenkammer [la baraque des biens des prisonniers], j’ai vu souvent des prisonniers emmenés à la baraque des bains. Il y avait une ouverture en forme de cheminée sur le toit. Un infirmier arrivait avec une échelle, la posait contre la baraque et montait sur le toit. Il déversait le contenu d’une boîte dans la cheminée. Ensuite, je voyais que des corps nus étaient retirés de la baraque et chargés sur une charrette en bois [115].
112Les prisonniers du camp n’avaient généralement pas la possibilité d’observer de près les événements survenant à proximité des chambres à gaz, sans parler de l’intérieur des chambres à gaz elles-mêmes, car la direction de Majdanek s’efforçait de garder les gazages homicides secrets. Pour cette raison, ils avaient lieu surtout le soir ou pendant la nuit, et des moteurs de tracteurs ou de camions étaient mis en marche durant les exécutions pour couvrir les cris des personnes assassinées. Une détenue polonaise, employée dans l’atelier de couture situé près de la route menant des Champs de détention aux baraques de bain et aux chambres à gaz, a déclaré : « Je me souviens que lorsque je travaillais à l’atelier de couture avec l’équipe de nuit, les Allemands couvraient les cris des gazés en mettant un tracteur en marche [116]. »
113Dans le contexte de Majdanek, il n’était pas possible de cacher complètement l’extermination dans les chambres à gaz, d’autant plus qu’à partir de mai 1943, lorsque plus d’une dizaine de milliers de Juifs arrivèrent au camp, les opérations de meurtre avaient parfois lieu en pleine journée. Andrzej Stanislawski écrit à ce sujet : « Pendant la période où le nombre de convois de Juifs a augmenté, les hitlériens ne se gênaient pas et emmenaient de grands groupes de Juives en plein jour à la chambre à gaz [117]. » Pendant l’été 1943, Zacheus Pawlak a observé le gazage d’enfants juifs [118]. Quelques témoins ont vu également les corps des victimes dans les chambres à gaz. Zygmunt Godlewski, qui a été forcé de vider l’une des chambres à gaz, raconte :
Les cadavres avaient un aspect horrible. Les hommes, les femmes et les enfants, tous nus, avaient les bras enchevêtrés. Les femmes, peut-être les mères, tenaient les enfants par le cou, et les serraient contre elles. […] Ces cadavres étaient à l’intérieur de la chambre d’où s’échappait encore du gaz [119].
115En outre, différentes informations étaient transmises aux prisonniers par le Kommando Bad und Gaskammer. Jerzy Kwiatkowski, que nous avons cité plus haut, a eu ainsi connaissance de nombreux détails. Il écrit :
La chambre à gaz était située en face de l’entrée du Champ I. Elle était utilisée une fois par jour. Les cadavres des victimes étaient chargés de nuit sur des remorques automobiles et transportés au Krematorium avec des tracteurs. Chaque fois que des tracteurs traversaient le camp la nuit, on savait qu’un gazage avait eu lieu dans la journée [120].
117Le plus souvent, ainsi que nous l’avons évoqué, les prisonniers assistaient à la sélection elle-même ou au chargement des victimes sur des camions. Certains témoins ont observé l’évacuation des corps après le gazage. Adolf Gorski, qui installait des tuyaux près du portail principal du camp, se souvient :
Le tracteur dont la remorque était remplie des corps de ceux qui étaient arrivés la veille fait partie des choses les plus macabres que j’ai vues. Ces corps étaient recouverts avec des couvertures, mais souvent le vent en soulevait une partie et on apercevait dessous un membre. Ce tracteur faisait trois ou quatre allers-retours par jour. Il sortait par le portail du camp et prenait la direction de Kazimierzowka. Même s’il était soigneusement recouvert, on devinait le contenu de la remorque, car tout le chargement bougeait pendant que le tracteur montait la colline en cahotant. Les assassins hitlériens se débarrassaient des preuves de leurs crimes de cette manière. Ce que le Krematorium du camp ne pouvait pas brûler était transporté dans la forêt d’à côté [121].
119Les corps des victimes des gazages étaient aussi brûlés dans le camp à ciel ouvert. Les bûchers étaient dressés à plusieurs endroits : derrière le Champ V, dans l’ancien manège près du bunker des chambres à gaz, ou dans un ravin sur le terrain d’une ferme horticole (Gärtnerei), à 200 mètres environ des baraques des bains et des chambres à gaz. Lorsque des Juifs arrivèrent du ghetto de Varsovie et que l’assassinat dans les chambres à gaz s’intensifia, certains prisonniers se souviennent que les bûchers dans le ravin flambaient jour et nuit. Dans le camp, on voyait des colonnes de fumée et on sentait la puanteur des corps brûlés [122]. Natan Zelechower a été le témoin visuel de l’effacement des traces des crimes de cette manière :
Nous pouvions clairement voir devant nous une petite place entourée d’une palissade, sur la gauche de laquelle se trouvaient des bâtiments. Devant eux, il y avait un grand feu entouré d’un petit remblai. De grands nuages de fumée grise et noire, que le vent dispersait dans différentes directions, s’élevaient du feu. L’odeur de brûlé nous heurtait et nous empêchait de respirer. À droite du feu, il y avait un tas de plusieurs centaines de cadavres. Nous voyions clairement des corps humains émaciés, couverts de bleus et déformés, totalement noirs par endroits, certainement à cause d’hémorragies ou des coups qu’ils avaient reçus. Les corps étaient alignés dans différentes directions. Ceux des hommes étaient mélangés avec ceux des femmes et des enfants. Deux hommes les tiraient par un bras ou une jambe pour les extraire de la pile, les faisaient se balancer et les jetaient à deux autres hommes qui se tenaient sur le remblai près du feu [123].
121Avant de brûler les corps, le Kommando retirait les dents en or, et comme l’a indiqué dans son témoignage le chef du Krematorium, Erich Mussfeld, les cheveux des femmes gazées étaient coupés. Une partie des corps des prisonniers tués et assassinés à Majdanek était aussi brûlée au Krematorium : d’abord au « vieux Krematorium » dans « l’Entre-Champs I », qui fonctionna quelques mois en 1942, puis au Krematorium situé derrière le Champ V, qui fut mis en service à l’automne 1943 [124].
Erntefest, le meurtre de masse du 3 novembre 1943
122L’assassinat des prisonniers juifs de Majdanek dans le cadre de l’opération Erntefest (« Fête des Moissons ») fut l’un des événements les plus terribles de l’histoire du camp, mais aussi la plus grande exécution de l’histoire des camps de concentration allemands.
123Des exécutions de Juifs par fusillade avaient déjà eu lieu en 1942. Les premières victimes en furent des Juifs de Lublin, amenés du ghetto de Majdan Tatarski à Majdanek le 20 avril. Sur mille à trois mille personnes environ, cent vingt hommes furent laissés dans le camp, une partie d’entre eux furent réclamés par des entreprises allemandes, les autres assassinés en deux jours avec les femmes et les enfants dans la forêt de Krepiec [125]. Jusqu’en septembre 1942, les prisonniers de Majdanek atteints du typhus étaient liquidés sur place. Il s’agissait principalement de Juifs et de Polonais. Par la suite, ces personnes furent tuées dans les chambres à gaz.
124Le meurtre des Juifs du 3 novembre 1943, le « mercredi sanglant », est assez largement décrit dans les travaux historiques sur Majdanek. Il existe des divergences entre les chercheurs sur le processus ayant conduit à l’exécution dont furent victimes non seulement les prisonniers de Majdanek, mais aussi les Juifs détenus dans les camps de travail forcé de Lublin. La majorité des chercheurs considèrent que la cause principale du massacre fut la volonté d’empêcher l’extension des révoltes armées qui avaient eu lieu en août et en octobre 1943 à Treblinka, à Sobibor et dans le ghetto de Bialystok. La sécurité ne fut certainement pas sans importance, surtout dans les camps de travail forcé. Néanmoins, cet argument ne paraît pas applicable aux détenus juifs de Majdanek.
125De nombreux indices montrent que la raison principale de la décision de Himmler d’assassiner la majorité des Juifs des camps des districts de Lublin, de Galicie et, en partie, de Cracovie en novembre 1943, fut un conflit au sein des autorités nazies dont l’enjeu était le contrôle des résidus de main-d’œuvre juive du district de Lublin. Leur utilisation intéressait autant des sociétés privées que le WVHA, qui en septembre 1943, commença à préparer formellement la transformation des camps de travail pour Juifs en filiales du camp de concentration de Majdanek. L’opération Erntefest anéantit ces plans, ce qui tend à prouver que la SS a très probablement préféré liquider ses entreprises dans les camps de travail forcé et assassiner les Juifs qui y étaient employés plutôt que les mettre à la disposition d’autres administrations et sociétés d’armement. Himmler lui-même était mû principalement dans cette affaire par des questions d’ambition [126].
126Le Reichsführer SS a probablement pris la décision de liquider les derniers Juifs de la région de Lublin dès l’été 1943. Le renvoi de Globocnik, son homme de confiance et son proche collaborateur pour tout ce qui relevait de l’extermination des Juifs, du vol de leurs biens et de l’exploitation de leur force de travail, du poste de chef de la SS et de la police du district de Lublin laissait présager un changement dans le cours de la politique antijuive. Le remplaçant de Globocnik, Jakob Sporrenberg, dut recevoir l’ordre d’assassiner les Juifs à la fin du mois d’août. Son supérieur direct, le chef de la SS et de la police (Höherer SS- und Polizeiführer) du Gouvernement général, Wilhelm Krüger, lui a montré à cette période un courrier de Himmler affirmant que : « Le problème des Juifs du district de Lublin a pris des dimensions inquiétantes. Cette situation doit être réglée une fois pour toutes [127]. »
127Ceci est confirmé indirectement par le cours des événements à Majdanek. En septembre 1943, les prisonniers juifs ont commencé à être relevés des postes en rapport avec l’administration du camp. Le même mois, les gazages de prisonniers ont été interrompus et les Juifs du Kommando qui travaillait dans les chambres à gaz ont été fusillés. Il semble néanmoins que la date définitive de l’opération n’ait été fixée qu’à la mi-octobre, immédiatement après la révolte et l’évasion en masse des prisonniers du camp d’extermination de Sobibor. Cette révolte eut lieu le 14 octobre, et deux jours plus tard la résistance polonaise reçut du camp l’information suivante : « Majdanek nous informe que Melzer, le commandant du camp, a été subitement convoqué à Berlin. Pour cette raison, on s’attend dans le camp à de graves événements [128]. »
128À la fin du mois d’octobre, à l’arrière du camp, près du Krematorium, trois fossés de 100 mètres de long sur 1,5 à 3 mètres de profondeur, furent creusés en grande hâte. Tard dans la soirée du 2 novembre, une réunion se déroula à l’état-major du chef de la SS et de la police de Lublin, à laquelle participèrent les chefs des unités qui devaient prendre part à l’opération (des détachements de Waffen SS, de la police de sécurité de Lublin et des bataillons de police 22 et 25). Le lendemain matin, ces unités encerclèrent étroitement le camp et l’exécution commença. Les prisonniers juifs furent isolés dans des champs séparés et conduits progressivement au Champ V, directement situé à côté des fosses d’exécution, qui fit office de point de rassemblement. Presque simultanément, les hommes et les femmes juifs des autres camps (rue Lipowa, Flugplatz et Kommandos extérieurs) prirent la direction de Majdanek. Ceux qui tentaient de s’enfuir en chemin étaient repris et abattus sur place, puis leurs corps chargés sur des charrettes. Dans le Champ V, dans une baraque d’angle sur le côté droit, les victimes devaient déposer les objets précieux qu’elles possédaient encore et se déshabiller entièrement. De là, elles étaient poussées vers les fosses par une ouverture dans la clôture de fil de fer barbelé et passaient au milieu d’une haie de policiers armés. Une dizaine de personnes était dirigée dans chaque fosse, les hommes d’un côté, les femmes et les enfants de l’autre. Les premières victimes s’allongèrent par terre, les suivantes sur les corps de celles qui avaient déjà été fusillées. Elles étaient assassinées d’une balle dans la nuque ou à l’arrière de la tête. Une partie d’entre elles furent tuées d’une rafale d’arme automatique. Toutes ne mouraient pas immédiatement. Beaucoup n’étaient que blessées. Pour couvrir le bruit des tirs, deux véhicules radio diffusaient à plein volume des marches et de la musique de danse. La fusillade dura à peu près neuf heures. Les exécuteurs étaient des SS et des policiers de détachements spéciaux, aidés par des fonctionnaires de la Kommandantur du service de sécurité de Lublin [129].
129L’une des descriptions les plus effrayantes de la tuerie du 3 novembre 1943 est le récit d’un prisonnier polonais, Kazimierz Wdzieczny, rédigé quatre ans après les faits à partir des indications de témoins visuels des événements, dont plusieurs rescapés juifs et un membre du personnel SS. On y lit notamment :
Tout le camp est encerclé par une masse de SS. Il y a des mitrailleuses dans tout le Gärtnerei, des véhicules équipés de batteries anti-aériennes à quatre canons avec leur équipage prêt à tirer. […] Les colonnes de Juives sont dirigées du camp des femmes vers le Champ V. Trois mille jeunes femmes juives sélectionnées marchent bruyamment. À la fin, elles portent sur des brancards les malades et deux cadavres dont les bras pendent. On entend des cris et des tirs venant des bains de la chambre à gaz. Entouré d’un double cordon de SS, le Kommando du camp de la Flugplatz s’avance au complet. […] Environ deux mille deux cents prisonniers de guerre juifs de l’Armée polonaise sont amenés des ateliers DAW avec les spécialistes et les ouvriers professionnels. […] Il est dix heures. Un haut-parleur de forte puissance qui a été installé crépite, et l’air se remplit des notes d’une valse, comme pendant une fête. Des étendards noirs de la SS, portant l’insigne de leur nation, flottent sur le camp. Avec l’aide des Kapos et des gardiens du camp (Lagerschutz), les SS font sortir de la première dizaine des groupes de deux cents personnes qu’ils emmènent vers une baraque en forme de L, où ils retirent leurs vêtements de manière aussi ordonnée que possible. Une fois nus, ils sont poussés le long d’une double rangée de fil de fer barbelé électrifié reliée à la fosse, où attendent déjà des Kalmouks [130], des Lettons, des Lituaniens, des Croates aux visages impassibles. Un sur dix seulement est de pur sang allemand. Le premier groupe sélectionné de Tchécoslovaques arrive en courant. […] Les premières détonations résonnent. Les Allemands ouvrent le feu les premiers avec leurs armes automatiques, suivis des Kalmouks et des autres. Un feu brûlant s’abat sur les corps nus. Cela a commencé pour de bon [131].
131Presque tous les prisonniers juifs de Majdanek, de ses Kommandos extérieurs et des camps de travail de Lublin furent assassinés le 3 novembre 1943. Seuls six cents hommes et femmes furent épargnés. Quatre Juifs furent probablement sauvés et emmenés hors du camp le jour de l’exécution par le médecin de la garnison SS, mais on ignore ce qui leur arriva par la suite. Après le massacre, quelques prisonniers juifs se cachèrent à Majdanek, mais ils furent progressivement retrouvés et assassinés. Le médecin slovaque Otto Reich et le médecin polonais Wlodzimierz Zadziewicz trouvèrent la mort au cours de ces événements [132]. Seuls les Juifs qui étaient pris pour des prisonniers non-juifs, des « aryens », avaient une chance de se tirer de ce piège et de survivre, mais il ne s’agissait que de cas isolés. Les Juives polonaises Rachel Blank, Shoshana Kliger et Maryla Reich, par exemple, survécurent grâce à de faux papiers [133].
132Une équipe de travail appelée Filzkommando fut constituée avec les femmes juives dont la vie avait été épargnée. Elles venaient du camp de l’aéroport. Leur tâche consistait à fouiller et à trier les vêtements des victimes, dans lesquels étaient cachés de l’or, des diamants et de l’argent liquide. Pour cette raison, leur baraque était strictement surveillée. En avril 1944, elles furent transférées au camp d’Auschwitz et assassinées dans une chambre à gaz. Pendant le trajet, une dizaine de femmes sautèrent du train et réussirent à s’enfuir. Ida Mazower et Henrika Mitron eurent ainsi la vie sauve [134].
133Les hommes du camp de la rue Lipowa étaient d’anciens soldats de l’armée polonaise. Ils furent utilisés pour brûler les corps des victimes de l’opération Erntefest. L’incinération des corps, desquels était d’abord retiré l’or dentaire, dura plus de deux mois. Un prisonnier polonais raconte :
Lorsque l’incinération des tas de cadavres a commencé, de nouveaux jours de souffrance se sont abattus sur Majdanek. D’épais nuages de fumée blanche d’une puanteur monstrueuse de corps brûlés recouvraient tous les champs. L’odeur était insupportable. Elle rendait la respiration impossible, provoquait des vomissements chez de nombreux prisonniers, et chaque aliment mis à la bouche puait le cadavre [135].
135Les hommes juifs furent aussi utilisés pour faire disparaître les traces des crimes dans d’autres camps et lieux d’exécution, principalement dans la forêt de Borek près de Chelm. Ils ouvraient des fosses communes et brûlaient les corps qui en étaient extraits. Les membres de ce Kommando, appelé Sonderkommando 1005 ou Himmelskommando étaient régulièrement assassinés. Seuls quelques rares prisonniers, comme Joseph Reznik, parvinrent à s’échapper et à survivre [136].
136L’opération Erntefest marqua l’apogée de l’extermination des Juifs à Majdanek, mais n’en fut pas le dernier acte. Comme nous l’avons déjà mentionné, quelques groupes de Juifs furent amenés au camp à partir de la mi-décembre 1943. À cette époque, le traitement des prisonniers juifs évolua. Ils n’étaient plus l’objet de persécutions constantes de la part du personnel SS. En outre, les conditions de détention et le niveau sanitaire s’améliorèrent nettement, ce que ressentirent aussi les prisonniers juifs. À partir d’avril 1944, lorsque débuta l’évacuation du KL Lublin, ils furent progressivement transférés vers d’autres camps, plus éloignés de la ligne de front. Toutefois, pendant ses derniers mois de fonctionnement, Majdanek fut le théâtre d’exécutions, dont une partie des victimes était juive. Le 26 février 1944, deux cent vingt-sept prisonniers juifs furent transférés du camp d’Auschwitz, puis fusillés. Une grande partie d’entre eux avaient travaillé dans les Krematoriums de Birkenau. Au cours de cette période, et jusqu’à l’été 1944, de nombreuses personnes extérieures au camp furent emmenées à Majdanek pour y être exécutées. Il s’agissait principalement de résistants polonais. Ils arrivaient fréquemment de la prison du château de Lublin. Peu de temps avant l’entrée de l’Armée rouge dans la ville, le 23 juillet 1944, près de neuf cents personnes furent fusillées, en plusieurs fois, à proximité du Krematorium de Majdanek. Il y avait parmi eux des Juifs, dont une trentaine environ d’artisans, appelés Hofjuden, qui avaient été épargnés jusque-là, parce qu’ils étaient employés à des travaux réalisés sur l’ordre des plus hauts gradés de la SS et de la police de sécurité de Lublin [137].
Le bilan des victimes juives
137Il est impossible de déterminer le nombre exact de personnes qui ont été fusillées au camp de Majdanek pendant l’opération Erntefest, les statistiques et les listes de prisonniers des différents camps n’ayant pas été conservées. Le bilan des victimes du massacre est estimé à environ 18 000. Ce chiffre englobe les prisonniers juifs du Konzentrationslager Lublin, ainsi que les hommes et les femmes juifs employés dans les camps de la rue Lipowa, de la Flugplatz et dans quelques Kommandos plus petits d’où ils ont été emmenés à Majdanek [138].
138Les archives existantes ne permettent pas non plus d’établir combien de prisonniers juifs sont morts au camp de concentration de Lublin entre 1941 et 1944. Différents calculs ont été publiés. Les estimations des historiens américains offrent un exemple flagrant des divergences autour de cette question. Raul Hilberg a estimé le nombre de victimes juives de Majdanek à 50 000 au minimum, alors que selon Lucy Dawidowicz, il s’élèverait à 1 380 000 personnes [139].
139En 1948, le juge Zdzislaw Lukaszkiewicz a publié un article de fond sur le camp de Majdanek, dans lequel il a réalisé des calculs fondés en partie sur les archives alors disponibles. Toutefois, ne pouvant s’appuyer sur aucune source, il a considérablement surévalué le nombre des prisonniers (notamment celui des Juifs polonais déportés en 1942), les pertes concernant les prisonniers non-enregistrés (notamment parmi les Juifs du ghetto de Varsovie déportés en 1943), et les effectifs moyens du camp. Il est arrivé à la conclusion que 360 000 personnes étaient mortes au camp, dont 200 000 prisonniers enregistrés. Selon ses calculs, les deux principaux groupes de victimes étaient les Juifs (200 000) et les Polonais (100 000) [140].
140Dans un article consacré aux prisonniers juifs du KL Lublin publié en 1966, Tatiana Berenstein et Adam Rutkowski ont proposé de nouveaux calculs selon lesquels 120 000 Juifs environ auraient perdu la vie à Majdanek. Cependant, ils ont largement surévalué le nombre de personnes déportées des ghettos de Varsovie et Bialystok pendant l’été 1943 [141].
141Ces deux estimations sont reprises dans de nombreuses publications, tant scientifiques que grand public. L’historien israélien Aharon Weiss s’y réfère dans un article dans lequel il affirme que le nombre de victimes juives de Majdanek se situe entre 120 000 et 200 000 [142].
142D’autres auteurs avancent des chiffres nettement plus réduits. Ainsi, Wolfgang Scheffler considère qu’environ 50 000 à 60 000 Juifs ont été tués à Majdanek, et Jozef Marszalek fixe le bilan à 80 000 morts [143]. Le plus souvent, dans les publications allemandes, les chiffres indiqués sont du même ordre [144].
143En 2001, la découverte d’un télégramme d’Hermann Höfle, donnant le nombre total de Juifs exterminés en 1942 pendant l’Aktion Reinhardt dans les quatre camps de Lublin, Belzec, Sobibor et Treblinka a permis de faire la lumière sur le problème des victimes juives de Majdanek [145]. Ce document indique que 24 733 Juifs ont été tués au KL Lublin jusqu’à la fin de l’année 1942, dont 12 761 au cours des deux dernières semaines du mois de décembre. En comparaison avec le bilan de l’année entière, ce second chiffre paraît étonnamment élevé, ce que Peter Witte et Stephen Tyas s’efforcent d’expliquer en formulant l’hypothèse qu’il s’agirait des déportés juifs tués dès leur arrivée au camp pendant la deuxième quinzaine de décembre. Cette supposition, toutefois, n’est pas convaincante. Si des convois aussi importants avaient été dirigés vers Majdanek en un temps aussi restreint, ils auraient à coup sûr été remarqués par les autres prisonniers ; or aucune source ne les mentionne. En outre, selon les données contenues dans le télégramme, 11 972 Juifs ont été tués à Majdanek avant la mi-décembre. Ce bilan est très proche du nombre de prisonniers juifs dont la mort a été notée jusqu’à cette date dans le registre des décès (Totenbuch). Jusqu’à la fin novembre, l’administration de Majdanek n’informait probablement la garnison SS que du nombre de décès parmi les prisonniers enregistrés. Ces rapports étaient régulièrement envoyés à l’IKL à Oranienburg. À compter de décembre, les décès de prisonniers juifs ne furent plus notés dans les registres du camp, mais comptabilisés séparément (2 505 Juifs sont morts à Majdanek en décembre) [146]. Pour ce mois, l’administration du camp (ou Höfle lui-même) a probablement calculé le nombre total de Juifs exterminés en 1942 à Majdanek ou dans la forêt de Krepiec après être passés par le camp. Comme il s’agissait de victimes d’opérations menées par la police et le service de sécurité de Lublin, elles n’étaient pas prises en compte dans les statistiques du camp. Le nombre de 12 761 ne correspond donc pas aux Juifs assassinés au cours des deux dernières semaines de décembre, mais à la somme de toutes les victimes des exécutions ayant eu lieu dans le camp en 1942 et des Juifs morts à l’intérieur du camp pendant les deux dernières semaines de décembre. Ceci est confirmé directement par le rapport Korherr, qui précise que les données concernant les Juifs morts à Auschwitz et à Majdanek n’incluent pas ceux qui furent déportés au cours des « opérations d’évacuation », c’est-à-dire immédiatement tués à leur arrivée au camp [147].
144La comparaison entre le nombre de victimes juives de Majdanek indiqué dans le télégramme et celui de déportés juifs à Majdanek en 1942 apporte une confirmation supplémentaire de l’exactitude de cette hypothèse. Si l’on additionne au nombre des Juifs assassinés (24 733) l’effectif des prisonniers juifs au 31 décembre 1942 (7 342) et des détenus qui, d’après Korherr, ont été « libérés » (4 568) [148], on obtient un total de 36 643 personnes. Ce chiffre est comparable au nombre de Juifs déportés à Majdanek en 1942 selon les estimations des historiens [149].
145Deux méthodes peuvent être employées pour calculer le bilan global des victimes juives de Majdanek. La première consiste à additionner le nombre de morts parmi les prisonniers enregistrés au total des personnes fusillées et gazées, dont certaines dès leur arrivée. Les sources conservées permettent de suivre assez précisément l’évolution de la mortalité parmi les Juifs en 1942. Il est possible également d’établir une estimation du nombre de morts en 1943 en analysant les rapports quotidiens des mois d’avril, mai et juin. En ce qui concerne le nombre de fusillés, c’est-à-dire principalement de victimes du massacre du 3 novembre 1943, il n’existe pas de grandes divergences entre historiens si bien que le chiffre que nous avons indiqué peut être considéré comme proche de la réalité. En revanche, nous ne disposons pas de suffisamment de documents fiables pour établir le nombre de Juifs assassinés dans les chambres à gaz [150]. Pour ces raisons, la méthode par addition n’est pas d’un grand secours.
146La seconde méthode, qui consiste à soustraire du total des prisonniers juifs déportés à Majdanek le nombre de ceux qui furent transférés vers d’autres camps, présente davantage d’intérêt. Elle permet de calculer le nombre approximatif des Juifs qui furent assassinés au KL Lublin. D’après ce que nous savons aujourd’hui, près de 15 000 prisonniers juifs ont été transférés hors de Majdanek entre 1942 et 1944 [151]. En retirant ce nombre du total des Juifs (74 000), nous obtenons un peu plus de 59 000. On peut donc affirmer que 60 000 hommes, femmes et enfants juifs ont perdu la vie au Konzentrationslager Lublin. Près de la moitié est morte en 1942, et un tiers en une seule journée, le 3 novembre 1943.
147La majorité des victimes juives de Majdanek restera toujours anonyme parce que les décès des prisonniers juifs ne furent plus inscrits dans les registres du camp à partir du mois de décembre 1942, que la plus grande partie des documents administratifs contenant des informations personnelles sur les prisonniers fut brûlée peu de temps avant la liquidation du camp, et que de nombreuses personnes furent assassinées dans les chambres à gaz dès leur arrivée, sans que leurs noms et prénoms ne soient notés. On connaît l’identité d’à peine quelques milliers d’entre elles [152]. Toutefois, même dans ces cas, on sait rarement ce que fut leur vie avant la guerre et ce qui leur arriva à Majdanek. Les témoignages des rescapés et les informations rudimentaires contenues dans les documents du camp ne permettent de mieux caractériser qu’un petit nombre de personnes. Malgré ce contexte, il faut souligner que des industriels, des médecins, des journalistes, des avocats, des militaires sont morts à Majdanek, de même qu’un grand nombre de personnes qui avaient contribué à l’essor de la science, de la culture et de la vie religieuse juive en Pologne, en Slovaquie et dans d’autres pays d’Europe. Parmi eux, la poétesse de Varsovie Pola Braun, le chantre supérieur de la grande synagogue de Varsovie Pinchas Szerman, le chantre de Brezno Salomon Haberfeld, le rabbin en chef Sered Mojzis Eckstein, les acteurs Andrzej Marek et Ajzik Samberg ainsi que l’éminent historien et député de la Diète de la IIe République de Pologne Ignacy Schiper.
Conclusion
148En majorité, les prisonniers juifs du camp de concentration de Lublin ont été déportés afin de servir de main-d’œuvre esclave. Ils furent employés d’abord à la construction du camp lui-même, puis dans les ateliers et entrepôts de l’Aktion Reinhardt. Toutefois, la mortalité élevée, conséquence des conditions de vie des détenus et d’un travail au-dessus de leurs forces, ne laisse aucun doute sur le fait que Majdanek était, dans une large mesure, un lieu d’extermination des Juifs – d’autant plus que beaucoup furent tués dans les chambres à gaz dès leur arrivée au camp, et que l’un des plus grands massacres dans l’histoire de la « Solution finale », mais aussi de la Seconde Guerre mondiale, y fut perpétré.
149En réalité, il faut considérer que le KL Lublin ne fut pas exclusivement ni un camp de travail, ni un camp d’extermination. Dans son cas, l’exploitation de la main-d’œuvre et le meurtre de masse étaient deux objectifs fortement imbriqués. Le professeur Yisrael Gutman, déporté du ghetto de Varsovie à Majdanek en mai 1943, a donc raison d’affirmer qu’il s’agissait d’un camp au régime très sévère, destiné en partie à une extermination progressive [153]. La chercheuse américaine Elisabeth B. White arrive à une conclusion similaire :
La fonction première de Majdanek, en tant qu’outil de la politique antijuive des nazis, était la constitution d’une réserve d’ouvriers juifs, qui devaient être employés jusqu’à leurs dernières forces, et plus tard seulement liquidés par des moyens « naturels » – la faim, l’épuisement, les maladies – ou en utilisant des méthodes fondées sur la violence, comme les fusillades ou les gazages [154].
151Barbara Schwindt, qui a publié en 2005 un livre sur le rôle du camp de concentration de Lublin dans le processus d’extermination des Juifs, défend sur cette question un point de vue légèrement différent. Selon elle, la fonction dévolue à Majdanek dans le cadre de la « Solution finale » a changé au cours du temps. Jusqu’à l’été 1942, il s’agissait d’un camp de travail. Ensuite, d’autres missions lui ont été assignées, liées non seulement à l’exploitation mais aussi à l’extermination des prisonniers juifs. Enfin, de mai à novembre 1943, il a fonctionné à plein régime comme un camp d’extermination. Schwindt soutient qu’un point de non-retour dans la transformation du KL Lublin en centre d’assassinat systématique a été franchi avec l’arrivée massive de convois en provenance du ghetto de Varsovie au printemps 1943 [155]. Cependant, cette thèse est contredite par les faits et les sources disponibles. L’afflux d’un grand nombre de prisonniers juifs du ghetto de Varsovie lors de sa liquidation ne représentait qu’une partie des nombreuses déportations en direction du district de Lublin. Il avait principalement pour origine des projets économiques : le transfert des ateliers et des ouvriers du ghetto de Varsovie à Lublin et l’extension des entreprises contrôlées par la société SS Ostindustrie. Dans les faits, ces plans ne furent qu’en partie réalisés, notamment à cause du renvoi de Globocnik du poste de chef de la SS et de la police du district de Lublin. Toutefois, la majorité des prisonniers juifs envoyés à Majdanek à l’été 1943 n’y furent pas assassinés, mais transférés quelques semaines plus tard vers des camps de travail. Par conséquent, pendant cette période aussi, le camp remplit une double fonction de réservoir de main-d’œuvre et de lieu d’extermination.
152Lorsqu’on analyse la place du KL Lublin dans la politique d’extermination nazie, il faut garder en mémoire qu’en septembre 1942, au moment où l’Aktion Reinhardt atteignit son apogée, la construction des chambres à gaz de Majdanek n’était pas encore achevée. Rien ne prouve d’ailleurs qu’il fût envisagé de les utiliser à grande échelle. À la fin de l’année 1942, lorsque la construction de la majorité des baraques d’habitation et des bâtiments économiques du camp fut terminée, moins de 10 % des Juifs du district de Lublin étaient encore en vie. La fonction du camp de concentration de Lublin comme centre de mise à mort immédiate fut plutôt un effet secondaire de la politique de Globocnik, tandis que le meurtre de masse organisé à une énorme échelle et avec des méthodes quasi industrielles à Belzec ou Treblinka apparaît comme une extermination sui generis.
153Compte tenu des réflexions qui précèdent, une question se pose : le KL Lublin faisait-il partie des camps de l’Aktion Reinhardt ? À n’en pas douter, le problème de ses liens avec l’opération d’extermination des Juifs du Gouvernement général dirigée par le chef de la SS et de la police de Lublin est une question complexe. Bien que Majdanek fût un camp de concentration, que les Juifs n’y aient constitué qu’un groupe de prisonniers parmi d’autres, et qu’il ait, par conséquent, rempli d’autres fonctions, il ne fait aucun doute qu’il était entièrement intégré à l’Aktion Reinhardt. La preuve en est non seulement que Majdanek était subordonné à Globocnik pour les affaires concernant les Juifs et que leur extermination dans les chambres à gaz y fut mise en œuvre selon ses ordres, mais également que les victimes juives du camp furent comptabilisées dans le bilan global du meurtre de masse dont il était l’organisateur et le coordinateur.
154De 1941 à 1944, le camp de concentration allemand de Lublin remplit différentes fonctions dans la politique antijuive et ne servit pas exclusivement de camp d’extermination. Grâce à cela, une partie des Juifs qui y furent déportés ont survécu à l’enfer de la Seconde Guerre mondiale. Il n’en demeure pas moins qu’il joua un rôle tragique dans leur persécution et qu’il s’agit d’un lieu d’une particulière importance dans l’histoire de la Shoah.
Notes
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[1]
Historien, directeur du Musée d’État de Majdanek à Lublin.
-
[2]
Voir à ce propos Victor Klemperer, LTI, Notizbuch eines Philologen, Berlin, Aufbau Verlaf, 1947 (1re édition) ; en français LTI, la langue du IIIe Reich. Carnets d’un philologue, traduit et annoté par Élisabeth Guillot, présenté par Sonia Combe et Alain Brossat, Paris, Albin Michel, 1996 (1re édition en français).
-
[3]
Sur les activités de Globocnik, voir Siegfried Pucher, « … in der Bewegung führend tätig. » Odilo Globocnik – Kämpfer für den « Anschluss », Klagenfurt, Drava, 1997 ; Joseph Poprzeczny, Odilo Globocnik. Hitler’s Man in the East, Jefferson et Londres, McFarland, 2004. La politique d’occupation allemande de la région de Lublin est abordée par Zygmunt Mankowski, Miedzy Wisla a Bugiem. Studium o polityce okupanta i postawach spolecznych, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1978 ; Dieter Pohl, Von der « Judenpolitik » zum Judenmord. Der Distrikt Lublin des Generalgouvernements 1939-1944, Francfort-sur-le-Main, Lang, 1993. Une étude générale : Tomasz Kranz, « Between Planning and Implementation : The Lublin District and Majdanek Camp in Nazi Policy », in Larry V. Thompson (dir.), Lessons and Legacies IV. Reflections on Religion, Justice, Sexuality, and Genocide, Evanston, Northwestern University Press, 2003, p. 215-235.
-
[4]
Archives du Musée d’État de Majdanek (APMM), Procès d’Oswald Pohl, vol. 11, p. 148.
-
[5]
Jozef Marszalek, « Geneza i poczatki budowy obozu koncentracyjnego na Majdanku », Zeszyty Majdanka, vol. 1, 1965, p. 15-75.
-
[6]
Vorläufiges Verzeichnis der Konzentrationslager und deren Aussenkommandos sowie anderer Haftstätten unter dem Reichsführer SS in Deutschland und deutsch besetzten Gebieten (1933-1945), Arolsen, Comité international de la Croix-Rouge, 1969, p. 140.
-
[7]
APMM, Actes administratifs du camp de concentration de Lublin, 1941-1944, I f 17, k. 81. Dans l’organigramme de la Kommandantur, le chef de la police et de la SS du district de Lublin est mentionné en deuxième position après l’Office central d’économie et d’administration SS (WVHA).
-
[8]
Cité dans : Tomasz Kranz, « Das KL Lublin – zwischen Planung und Realisierung », in Ulrich Herbert, Karin Orth et Christoph Dieckmann (dir.), Die nationalsozialistischen Konzentrationslager – Entwicklung und Struktur, Göttingen, Wallstein Verlag, 1998, p. 371-372.
-
[9]
Document de Nuremberg (Doc. Nbg.), NO-1903, Affidavit de Friedrich W. Ruppert du 6 août 1945.
-
[10]
« Zaglada Zydow w obozach na ziemach polskich », Biuletyn Glownej Komisji Badania Zbrodni Hitlerowskich w Polsce (Biuletyn GKBZHwP), vol. XIII, 1960, doc. 69, p. 148. Les mémoires de Höss contiennent un passage concernant Globocnik : « Il considérait le camp de concentration de Lublin comme le sien. Il donnait au commandant des ordres et des directives en totale contradiction avec les instructions de l’Inspection des camps de concentration ou celles de Pohl », Wspomnienia Rudolfa Hoessa komendanta obozu oswiecimskiego, Varsovie, 1960, p. 262. Ce texte est paru en français sous le titre Le commandant d’Auschwitz parle, Paris, La Découverte, 1995 [2005].
-
[11]
Doc. Nbg., NO-1903, Affidavit de Friedrich W. Ruppert du 6 août 1945.
-
[12]
L’ordre donné par Himmler le 16 février 1943 de modifier le nom de Majdanek en camp de concentration est mentionné dans une lettre du commandant aux départements qui lui étaient subordonnés. Toutefois, le RSHA ne donna d’instruction à ce sujet que le 9 avril 1943. Vorläufiges Verzeichnis der Konzentrationslager, op. cit., p. 140.
-
[13]
Une copie de cette lettre est reproduite dans : J. Marszalek, Geneza i poczatki budowy obozu, op. cit., p. 63-64.
-
[14]
Der Dienstkalender Heinrich Himmlers 1941-1942, édité par Peter Witte et al., Hambourg, Christians, 1999, p. 210 et 215 ; Jozef Marszalek, Majdanek. Oboz koncentracyjny w Lublinie, Varsovie, Wydawnictwo Interpress, 1981, p. 20 ; APMM, photocopies, XIX-164, k. 6.
-
[15]
En octobre 1941, 25 000 prisonniers de guerre soviétiques au total avaient été transférés dans des camps de concentration. Reinhard Otto, « SS i radzieccy jency wojenni w swietle badan w archiwach bylego Zwiazku Radzieckiego », Lambinowcki Rocznik Muzealny, vol. 26, 2003, p. 49 et sq.
-
[16]
Raul Hilberg, « Auschwitz and the Final Solution », in Yisrael Gutman et Michael Berenbaum (dir.), Anatomy of the Auschwitz Death Camp, Bloomington, Indiana University Press, 1994, p. 84.
-
[17]
APMM, Photocopies XIX-162, k. 2.
-
[18]
Voir Tatiana Berenstein et alii, Faschismus, Getto, Massenmord. Dokumentation über Ausrottung und Widerstand der Juden in Polen während des Zweiten Weltkrieges, Berlin, Rütten & Loening, 1961 (2e éd.), p. 268.
-
[19]
Cité par Edward Crankshaw, Gestapo – narzedzie tyranii, Varsovie, 1960, p. 195.
-
[20]
Les Juifs non-polonais furent également envoyés dans d’autres localités dont Belzyce, Bychawa, Krasniczyn, Lubartow, Opole Lubelskie et Zamosc. Cette question est abordée par Robert Kuwalek, « Getta tranzytowe w dystrikcie lubelskim », in Dariusz Libionka (dir.), Akcja Reinhardt. Zaglada Zydow w Generalnym Gubernatorstwie, Varsovie, Instytut Pamieci Narodowej, 2004, p. 138-160. Voir également les récits des survivants : Arnold Hindls, Einer kehrte zurück. Bericht eines Deportierten, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1965 ; Thomas Blatt, Z popiolow Sobiboru. (Skad nie bylo powrotu). Historia przetrwania, Wlodawa, Muzeum Pojezierza Leczynsko-Wlodawskiego, 2002.
-
[21]
Cité par Bogdan Musial, Deutsche Zivilverwaltung und Judenverfolgung im Generalgouvernement. Eine Fallstudie zum Distrikt Lublin 1939-1944, Wiesbaden, Harrassowitz, 1999, p. 223. Voir également Michael T. Allen, The Business of Genocide. The SS, Slave Labor, the Concentration Camps, Chapel Hill et Londres, University of North Carolina Press, 2002, p. 151.
-
[22]
Tatiana Berenstein, Artur Eisenbach et Adam Rutkowski, Eksterminacja Zydow na ziemiach polskich w okresie okupacji hitlerowskiej. Zbior dokumentow, Varsovie, Zydowski Instytut Historyczny, 1957, p. 280.
-
[23]
Tatiana Berenstein et alii, Faschismus, Getto, Massenmord, op. cit., p. 303.
-
[24]
Der Dienstkalender Heinrich Himmlers, op. cit., p. 68 ; Dieter Pohl, « Die großen Zwangsarbeitslager der SS- und Polizeiführer für Juden im Generalgouvernement 1942-1945 », in Herbert, Orth et Dieckmann (dir.), Die nationalsozialistischen Konzentrationslager, op. cit., vol. 1, p. 419.
-
[25]
APMM, Procès d’O. Pohl, vol. 5, p. 73.
-
[26]
Artur Eisenbach, Hitlerowska polityka zaglady Zydow, Varsovie, Ksiazka i Wiedza, 1961, p. 431-434 ; Helge Grabitz et Wolfgang Scheffler, Letzte Spuren. Ghetto Warschau, SS-Arbeitslager Trawniki, Aktion Erntefest, Fotos und Dokumente über Opfer des Endlösungswahns im Spiegel der historischen Ereignisse, Berlin, Hentrich, 1993, p. 179-260.
-
[27]
Berenstein, Eisenbach et Rutkowski, Eksterminacja Zydow na ziemiach polskich, op. cit., p. 249-250.
-
[28]
Ibid., p. 323.
-
[29]
Ibid., p. 246.
-
[30]
Tatiana Berenstein et Adam Rutkowski, « Zydzi w obozie koncentracyjnym Majdanek (1941-1944) », Biuletyn Zydowskiego Instytutu Historycznego, n° 58, 1966, p. 6-7.
-
[31]
Arnold Hindls, Einer kehrte zurück, op. cit., p. 12-13. Le 3 juin 1942, une sélection fut opérée de manière à peu près identique au passage d’un transport de Juifs allemands déportés de Kassel vers Izbica. Entre 98 et 115 hommes furent sélectionnés sur la rampe et emmenés à Majdanek. Parmi eux se trouvaient Robert Eisenstädt, alors âgé de 22 ans, et son frère Willi, de quatre ans son aîné. Sa mère, ses deux sœurs et Heinrich, son frère de 14 ans, continuèrent le voyage et furent probablement tués à Sobibor. Voir « Bericht von Robert Eisenstädt über die gewaltsame Verschleppung im Mai 1942 », in Helmut Burmeister et Michael Dohrs (éd.), Das achte Licht. Beiträge zur Kultur- und Sozialgeschichte der Juden in Nordhessen, Hofgeismar, Verein für Hessische Geschichte und Landeskunde, Zweigverein Hofgeismar, 2000, p. 243-247.
-
[32]
Pour plus d’information à ce sujet, voir J. Marszalek, Majdanek, op. cit., p. 63-66 ; Miroslav Kryl, « Deportacje wiezniow terezinskiego getta do obozu koncentracyjnego na Majdanku w 1942 roku », Zeszyty Majdanka, vol. XI, 1983, p. 23-27.
-
[33]
National Archives, Londres, Kew, HW 16/10, Décomptes du nombre de prisonniers au camp de Majdanek entre janvier 1942 et janvier 1943 établis sur la base des écoutes radio effectuées par les services britanniques ; Jozef Marszalek, « Zydzi warszawscy w Lublinie i na Lubelszczyznie w latach 1940-1944 », in Tadeusz Radzik (dir.), Zydzi w Lublinie. Materialy do dziejow spolecznosci zydowskiej Lublina, Lublin, Wydawnictwo Uniwersytetu Marii Curie-Sklodowskiej, 1995, p. 257-271 ; Krzysztof A. Tarkowski, « Transport Zydow z getta warszawskiego z 15 sierpnia 1942 roku », Zeszyty Majdanka, vol. XXI, 2001, p. 247-275 ; du même auteur, « Transporty wiezniow przybywajace do obozu na Majdanku jesienia 1942 roku. Analiza numeracji wiezniow », Zeszyty Majdanka, vol. XXII, 2003, p. 305-364 ; Robert Kuwalek, « Zydzi lubelscy w obozie koncentracyjnym na Majdanku », Zeszyty Majdanka, vol. XXII, 2003, p. 77-120.
-
[34]
Doc. Nbg. NO-5194, Rapport Korherr, p. 11-12.
-
[35]
Zofia Leszczynska, Kronika obozu na Majdanku, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1980, p. 136 ; J. Schelvis, Vernichtungslager Sobibor, Hambourg, Unrast Verlag, 2003, p. 261 et sq.
-
[36]
Le transport de Juifs grecs en provenance du camp d’Auschwitz arriva à Majdanek le 5 juin 1943 avec, à son bord, 542 hommes et 302 femmes âgés de 16 à 20 ans qui, d’après une note, étaient atteints de malaria. Ces prisonniers furent très probablement transférés dans le but de tester un nouveau médicament contre cette maladie. Les tests du traitement contre les maladies infectieuses étaient conduits par le médecin SS Heinrich Rindfleisch, qui plaça les Juives grecques dans une baraque séparée et ordonna de leur administrer le produit inconnu. En fait, beaucoup d’entre elles souffraient du typhus, qui les décima en peu de temps. Voir Rubeigh J. Minney (éd.), I Shall Fear No Evil. The story of Dr. Alina Brewda, Londres, Kimber, 1966, p. 91-92.
-
[37]
T. Berenstein et Adam Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 46-47 ; Zofia Leszczynska, « Transporty i stany liczbowe obozu », in Tadeusz Mencel (dir.), Majdanek 1941-1944, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1991, p. 93-128 ; Jerzy Kwiatkowski, 485 dni na Majdanku, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1966, p. 326 et 332 ; APMM, Procès-verbaux d’audition des témoins dans le cadre de l’instruction du procès de Düsseldorf (1961-1980), 1976, Photocopies/I, Sophia Engelsmann, procès-verbaux d’audition des témoins, f. 77-78.
-
[38]
APMM, KL Lublin, I c 2, vol. 1 ; Zofia Murawska, « Kobiety w obozie koncentracyjnym na Majdanku », Zeszyty Majdanka, vol. 4, 1969, p. 107-116 ; Zofia Leszczynska, « Stany liczbowe wiezniow obozu koncentracyjnego na Majdanku », Zeszyty Majdanka, vol. VII, 1973, p. 5-34.
-
[39]
NA, Kew, HW 16/10, Décomptes du nombre de prisonniers du camp de Majdanek de janvier 1942 à janvier 1943 établis sur la base des écoutes radiophoniques des services secrets britanniques, APMM, Photocopies XIX-595, Rapports sur l’état quotidien du nombre de prisonniers du camp de Majdanek du 1er avril au 16 juin 1943 ; Doc. Nbg, NO-5194, Rapport Korherr.
-
[40]
Janina Kielbon, Migracje ludnosci w dystrykcie lubelskim w latach 1939-1944, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku, 1995, p. 173-175.
-
[41]
Tatiana Brustin-Berenstein, « Martyrologia, opor i zaglada ludnosci zydowskiej w dystrykcie lubelskim », Biuletyn ZIH, n° 21, 1957, p. 60, 70, 73-75, 78 et 80.
-
[42]
Voir l’expertise de Wolfgang Scheffler au sujet de la persécution des Juifs du Gouvernement général dans Helge Grabitz (dir.), Täter und Gehilfen des Endlösungswahns. Hamburger Verfahren wegen NS-Gewaltverbrechen 1946-1996, Hambourg, Ergebnisse, 1999, p. 186.
-
[43]
Il s’agit de la moyenne arrondie des chiffres de Wolfgang Scheffler et Janina Kielbon.
-
[44]
J. Marszalek, Zydzi warszawcy w Lublinie, op. cit., p. 257-271.
-
[45]
On peut lire dans certaines publications que plus de onze mille Juifs ont été déportés de Bialystok à Majdanek. Ce chiffre a été calculé sur la base du nombre de wagons utilisés dans la composition des quatre trains ayant pour destination Lublin. Voir J. Kielbon, Migracje ludnosci, op. cit., p. 154 ; Biuletyn GKBZHwP, vol. XIII, 1960, doc. 37, p. 88. Cependant, une partie des wagons initialement dirigés vers Lublin ont été détachés du convoi à la gare de Malkinia et envoyés à Treblinka. Voir APMM, Mémoires et récits d’anciens prisonniers, VII-1314, Szamaj Kizelsztajn, p. 18. En outre, un certain nombre de Juifs déportés de Bialystok à Lublin ont été envoyés au camp de travail de Blizyn. Ce nombre est estimé à six mille cinq cents par Zofia Lesczynska (voir « Transporty wiezniow do obozu koncentracyjnego na Majdanku 1941-1944 », Zeszyty Majdanka, vol. IV, 1969, p. 197, note 96).
-
[46]
Une part importante des Juifs employés dans les ateliers DAW, Ostindustrie et Bekleidungswerke, et à la construction d’un stade (Sportplatz) provenaient du camp de Majdanek. Même s’ils n’étaient pas comptabilisés dans ses effectifs, ils étaient passés par le camp principal et ont été pris en compte dans le calcul du nombre de convois arrivés ; ils ne doivent donc pas être comptés deux fois. Par ailleurs, en 1942 et 1943, des hommes et des femmes juifs ont été envoyés dans les camps de la rue Lipowa et de l’aéroport sans passer par Majdanek. Il est difficile de calculer avec précision le nombre de ces prisonniers, mais nous ne commettons probablement pas une grande erreur en affirmant qu’ils étaient environ quatre mille au total, avec les prisonniers de guerre de la rue Lipowa. Plusieurs centaines de Juifs non-polonais faisaient probablement partie de ce groupe.
-
[47]
Yehoshua Büchler, « The Deportation of Slovakian Jews to the Lublin District of Poland in 1942 », Holocaust and Genocide Studies, vol. 6, 1991, p. 159.
-
[48]
Czeslaw Rajca a estimé le nombre de Juifs tchèques à quatre mille, tandis que Peter Witte l’évalue à deux mille. Czeslaw Rajca, « Die Häftlinge aus Theresienstadt im KZ Majdanek », in Miroslav Karny, Vojtech Blodig et Margita Karna (dir.), Theresienstadt in der Endlösung der Judenfrage, Prague, Edition Theresienstädter Initiative, Panorama-Verlag, 1992, p. 240-244 ; J. Schelvis, Sobibor, op. cit., p. 250.
-
[49]
Au moins deux mille trente-neuf Juifs allemands ont été tués à Majdanek. En outre, entre avril et juin 1942, plusieurs centaines de Juifs autrichiens sont arrivés au camp après avoir été sélectionnés dans des convois de Vienne en direction du district de Lublin. Voir Gedenkbuch. Opfer der Verfolgung der Juden unter der nationalsozialischen Gewaltherrschaft in Deutschland 1933-1945, Coblence, Bundesarchiv, 1986, p. 1746.
-
[50]
Il n’existe aucune source confirmant une information donnée dans certaines publications selon laquelle cinq mille Juifs auraient été déportés de Drancy vers Majdanek. Toutefois, d’après le témoignage d’un rescapé, le convoi du 25 mars 1943, dans lequel se trouvaient mille huit personnes, passa d’abord par Majdanek avant d’être dirigé vers Sobibor. J. Schelvis, Sobibor, op. cit., p. 262. Voir également Juliane Wetzel, « Frankreich und Belgien », in Wolfgang Benz (dir.), Dimension des Völkermords. Die Zahl der jüdischen Opfer des Nationalsozialismus, Munich, Oldenburg, 1991, p. 127-128.
-
[51]
Voir note 20.
-
[52]
APMM, KL Lublin, I c 2, v. 1.
-
[53]
Globocnik les définissait de la manière suivante : a) l’évacuation proprement dite [c’est-à-dire l’extermination], b) l’exploitation de la main d’œuvre, c) l’utilisation des liquidités, d) la saisie des biens immobiliers et des objets de valeur dissimulés. Stanislaw Piotrowski, Misja Odyla Globocnika. Sprawozdanie o wynikach finansowych zaglady Zydow w Polsce, Varsovie, Panstwowy Instytut Wydawniczy, 1949, p. 24.
-
[54]
M. Kryl, Deportacje wiezniow, op. cit., p. 33 ; J. Kielbon, « Ksiega wiezniow zmarlych na Majdanku w 1942. Analyza dokumentu », Zeszyty Majdanka, vol. XV, 1993, p. 113.
-
[55]
Archives de l’Institut historique juif de Varsovie (AZIH), Témoignages de Juifs rescapés, 301-6260, Témoignage d’Ignacy Wienarz, p. 7 et sq ; S. Zylberstein, « Pamietnik wieznia dziesieciu obozow koncentracyjnych », Bulletin de l’Institut historique juif, n° 68, 1968, p. 53-103.
-
[56]
L’administration de Majdanek n’ayant pas formellement pris le contrôle des bâtiments et des prisonniers du camp-complexe de la Flugplatz, qui dépendaient jusqu’alors du chef de la SS et de la police de Lublin, et les ateliers qui y étaient installées appartenant aux entreprises de la SS, on ne peut pas considérer la date de l’ordre de Pohl comme la date de la transformation du camp de l’aéroport en filiale de Majdanek. Sur ce sujet, voir G. Taube, Das SS Zwangsarbeitslager am alten Flughafen Lublin, Hambourg, 1973 (tapuscrit) ; Czeslaw Rajca, « Podobozy Majdanka », Zeszyty Majdanka, vol. IX, 1977, p. 83-103 ; Daniel Jonah Goldhagen, Hitlers willige Vollstrecker. Ganz gewöhnliche Deutsche und der Holokaust, Berlin, Siedler, 1996, p. 355-368.
-
[57]
APMM, Procès d’O. Pohl, t. 12, p. 94-98, note d’Odilo Globocnik du 21 juin 1943 concernant l’extension des camps de travail de la SS.
-
[58]
Cité dans Eberhard Fechner, Proces. Oboz na Majdanku w swietle wypowiedzi uczestnikow rozprawy przed Sadem Krajowym w Düsseldorfie, traduit de l’allemand, préfacé et commenté par T. Kranz, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku, 1996, p. 93.
-
[59]
Il n’existe malheureusement pas de listes qui permettraient d’établir des chiffres fiables. Des listes fragmentaires de rescapés, dont plusieurs anciens prisonniers du camp de Majdanek, se trouvent dans les documents collectés par le Comité central des Juifs polonais à Lublin, APMM, Photocopies, XIX-108. Le registre des rescapés de la Shoah créé par l’United State Holocaust Memorial Museum contient les noms de sept cents soixante-seize hommes et femmes, anciens prisonniers du camp de Majdanek. Il s’agit cependant surtout de personnes qui se sont installées aux États-Unis après la guerre. Voir Benjamin et Vladka Meed, Registry of Jewish Holocaust Survivors, Washington, USHMM, 2000 (CD-ROM).
-
[60]
Doc. Nbg., NO-1903, Affidavit de Friedrich Ruppert du 6 août 1945, APMM, Procès d’O. Pohl, vol. 5, p. 197-198.
-
[61]
APMM, Procès d’O. Pohl, vol. 18, p. 114-116. Dans le domaine du pillage, il faut se souvenir de différencier l’administration du camp de concentration de Lublin de l’administration de la garnison SS. Dans certains travaux, ces deux organes sont confondus l’un avec l’autre. Ce point a déjà été souligné par Bertrand Perz et Thomas Sandkühler dans « Auschwitz und die “Aktion Reinhardt”, 1942-1945. Judenmord und Raubpraxis in neuer Sicht. », Zeitgeschichte, cahier 5, 1999, p. 285. Le département « Abteilung IVa Aktion Reinhard », dirigé par Georg Wippern, était situé dans le bâtiment de la SS-Standortverwaltung, rue Dolna 3 Maja. Il y avait là un coffre dans lequel étaient entreposés l’argent et les bijoux. C’est là également que l’or était fondu. Au printemps 1943, une exposition des biens de valeur, qu’Himmler visita, y fut organisée. Toutes les choses provenaient de l’Aktion Reinhardt. Un Kommando de prisonniers juifs qui, formellement, comme il a déjà été mentionné, étaient des prisonniers de Majdanek, était employé à ces travaux. Le 3 novembre 1943, les 30 membres environ de ce Kommando furent transportés à Majdanek, où ils furent assassinés au cours de l’opération Erntefest.
-
[62]
Halina Birenbaum, Nadzieja umiera ostatnia, Varsovie, Czytelnik, 1971, p. 101-102.
-
[63]
Alexander Donat, The Holocaust Kingdom, Washington, Holocaust Library, 1999, p. 156.
-
[64]
De nombreux récits et mémoires de prisonniers, dont une partie a été publiée, témoignent de la situation tragique des Juifs au camp de Majdanek. En dehors de ceux qui ont déjà été cités, voir notamment : Thaddeus Stabholz, Siedem piekel, Stuttgart, 1947 ; Joseph Schupack, The Dead Years, New York, Holocaust Library, 1986, p. 121-136 ; D. Lenart, « Zydzi slowaccy », in Czeslaw Rajca et Anna Wisniewska, Przezyli Majdanek. Wspomienia bylych wiezniow obozy koncentracyjnego na Majdanku, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku, 1980, p. 51-77.
-
[65]
T. Berenstein et A. Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 3-57.
-
[66]
Doc. Nbg., NO-1903, Affidavit de Friedrich W. Ruppert du 6 août 1945.
-
[67]
Rainer Fröbe, « Hans Kammler. Technokrat der Vernichtung », in Ronald Smelser et Enrico Syring (dir.), Die SS : Elite unter dem Totenkopf, Paderborn, Schöningh, 2000, p. 310-311. Décrivant ses rencontres avec Christian Wirth, Konrad Morgen a déclaré à Nuremberg, qu’il lui avait parlé de ces quatre camps d’extermination. Bien qu’il n’ait pas cité Majdanek à cette occasion, il est évident que le quatrième camp – après Belzec, Sobibor et Treblinka – pouvait être le KL Lublin ou le camp de la Flugplatz, qui cependant ne remplissait pas typiquement des fonctions d’extermination. Voir Trial of the Major War Criminals, vol. XX, Nuremberg 1947-1949, p. 514.
-
[68]
APMM, Procès d’O. Pohl, vol. 18, p. 72 et 75. Voir Jürgen Schäfer, Kurt Gerstein, Zeuge des Holocaust. Ein Leben zwischen Bibelkreisen und SS, Bielefeld, Luther Verlag, 1999, p. 222.
-
[69]
Czeslaw Rajca, « Eksterminacja bezposrednia », in Majdanek 1941-1944, op. cit., p. 264-271 ; Adam Rutkowski, « Majdanek », in Eugen Kogon et al., Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas. Eine Dokumentation, Francfort, Fischer, 1983, p. 241-242 ; en français, Les Chambres à gaz, secret d’État, traduit de l’allemand par Henry Rollet, Paris, Seuil, 2000 [Minuit, 1984]. La question des chambres à gaz du camp de Majdanek a été discutée le plus largement par Jean-Claude Pressac, dont le travail constitue dans le même temps une tentative d’invalidation des arguments utilisés par les milieux négationnistes pour prouver que personne n’aurait été assassiné dans les chambres à gaz (le « rapport Leuchter »). Jean-Claude Pressac, « KL Lublin-Majdanek », in Shelly Shapiro (dir.), Truth Prevails. Demolishing Holocaust Denial : The End of « the Leuchter Report », New York, Beate Klarsfeld Foundation, 1990, p. 49-58.
-
[70]
Rapport de la commission polono-soviétique extraordinaire d’enquête sur les crimes allemands commis dans le camp d’extermination de Majdanek à Lublin, Moscou, 1945, p. 16-17. Il est question de la septième chambre à gaz notamment dans Obozy hitlerowskie na ziemach polskich 1939-1945. Informator encyklopedyczny, Varsovie, 1979, p. 308 ; Israel Gutman (dir.), Encyclopedia of the Holocaust, vol. 3, Londres et New York, Macmillan, 1990, p. 937-940 ; Robert Rozett et Shmuel Spector (dir.), Encyclopedia of the Holocaust, New York, Facts on File, et Jérusalem, Yad Vashem, 2000, p. 312-313.
-
[71]
Voir par exemple Tadeusz Kosibowicz, « Zdrowych bylo niewielu », in Czeslaw Rajca et al., Jestesmy swiadkami. Wspomnienia bylych wiezniow Majdanka, Lublin, Wydawnictwo lubelskie, 1969, p. 24-43 ; APMM, Mémoires et récits, VII-245, Edward Karabanik : Majdanek oboz zaglady Polakow i Zydow, p. 38, 92 et sq. Rudolf Vrba, un Juif slovaque déporté à Majdanek en juin 1942 sous le nom de Walter Rosenberg, qui, comme E. Karabanik, a pourtant décrit le Krematorium de manière détaillée, ne mentionne pas non plus les chambres à gaz. APMM, Mémoires et récits, VII-1020. Voir également Sprawozdanie R. Vrby dans H. Swiebocki (élaboration et annotations), Raporty uciekinierow z KL Auschwitz, Oswiecim, 1991, p. 196-208.
-
[72]
Jozef Marszalek, « Budowa obozu koncentracyjnego i osrodka masowej zaglady na Majdanku w latach 1942-1944 », Zeszyty Majdanka, vol. IV, 1969, p. 54.
-
[73]
APMM, Centralna Opieka Podziemia Armii Krajowej « Opus », XII-10, p. 137.
-
[74]
Voir notamment Andrzej Stanislawski, Pole smierci, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1969, p. 51-52 ; Feliks Siejwa, Wiezien III Pola, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1964, p. 29-30 ; Zacheusz Pawlak, Przezylem…, Varsovie, Pax, 1973, p. 133 ; APMM, Mémoires et récits, VII-245, Eward Karabanik, Majdanek oboz zaglady Polakow i Zydow, p. 92-93.
-
[75]
On voit clairement sur une photo de 1944 que les portes s’ouvraient vers l’intérieur. Voir également APMM, Photocopies, XIX-38, Procès-verbal de l’inspection menée sur le site du camp de concentration SS de Lublin, p. 129-133 ; APMM, Microfilms, XX-1730, J. Czernik, Opis techniczny do inwentaryzacji baraku lazni i komor gazowych na Majdanku w Lublinie.
-
[76]
APMM, Photocopies, XIX-42, KL Lublin, Umbau der Entwesungsanlage.
-
[77]
APMM, Photocopies, XIX-42, c. 2-3. En réalité, le terme employé dans ce document est Blausäurevergasung (gazage à l’acide prussique), mais ce mot était souvent employé par les spécialistes allemands pour discuter des affaires concernant la désinfection. Voir Jürgen Kalthoff et Martin Werner, Die Händler des Zyklon B. Tesch & Stabenow. Eine Firmengeschichte zwischen Hamburg und Auschwitz, Hambourg, VSA Verlag, 1998. Compte tenu de la pratique allemande consistant à employer un langage codé dans les documents concernant l’extermination, il est peu probable que ce terme se réfère aux gazages homicides.
-
[78]
Czeslaw Skoraczynski, Zywe numery, Cracovie, Krajowa Agencja Wydawnicza w Krakowie, 1984, p. 93-94, 100-101. Voir également Konstantin M. Simonow, Oboz zaglady, Moscou, Wydawnictwo Ludowego Komisarjatu Obrony, 1944, p. 8-9.
-
[79]
J.-C. Pressac, K.L. Lublin – Majdanek, op. cit., p. 54.
-
[80]
Il n’est fait mention d’aucune fenêtre dans la description des bains contenue dans le compte-rendu de l’inspection du camp le 2 août 1944 par des membres de la commission polono-soviétique. Il semble impossible que la commission ait pu oublier un détail aussi essentiel après avoir reconnu que cette pièce avait servi à des gazages homicides.
-
[81]
Archives de l’Institut de la mémoire nationale à Varsovie (IPN), Verdicts et actes d’accusation, A.O./252, Anklageschrift gegen Hackmann und neun andere Angeschuldigte (Konzentrationslager Lublin/Majdanek), t. 2, pp. 187-188 ; A. Donat, The Holocaust Kingdom, op. cit., p. 172 ; Cz. Skoraczynski, Zywe numery, op. cit., p. 95. Il est certain qu’il y avait un véhicule de ce type à Majdanek. Il est désigné sous le nom de Desinfektionsauto, juste avant la chambre à gaz et les bains, dans un document du bureau du travail.
-
[82]
Doc. Nbg., NO-1903, Affidavit de Friedrich W. Ruppert du 6 août 1945.
-
[83]
Zofia Leszczynska affirme que la construction des chambres à gaz avait été planifiée du 1er juillet au 15 septembre 1942. Voir Kronika obozu na Majdanku, op. cit., p. 60. Elle s’appuie pour cela sur l’estimation du coût réalisée par la Zentralbauleitung. Cependant, cette affirmation est fausse, car l’estimation ne concernait pas Majdanek mais la Flugplatz. Voir Archiwum Panstwowe w Lublinie (APL), Zentralbauleitung, n° 141, Nachtrag zum Bauantrag der Pelz– und Bekleidungswekstätte Lublin. Errichtung einer Entwesungsanlage 5. Aufertigung. Le projet de construction à Majdanek de chambres de désinfection qui furent transformées en chambres à gaz homicides date d’août 1942. Voir également ibidem, n° 41, KGL Lublin. Entlausungsanlagen, Bauwerk XII A.
-
[84]
Voir APMM, Département des collections des musées et de la conservation, VII/16a, expertise réalisée par la faculté de Chimie et de Technologie des Matériaux de Construction de l’École olytechnique de Varsovie pour déterminer les facteurs à l’origine de la corrosion des murs des chambres à gaz du musée de Majdanek et établir des méthodes de protection, 26 mai 1961.
-
[85]
Archives de l’Institut Yad Vashem (AYV), Tr.-10/1172, Landgericht Düsseldorf, Urteil gegen Hackmann u.a., XVII 1/75 S, t. I, s. 102. Jozef Marszalek, qui a étudié en détail la construction du camp de Majdanek, considère que les chambres à gaz furent probablement achevées en septembre ou en octobre 1942, J. Marszalek, Budowa obozu, op. cit., p. 51.
-
[86]
Le toit au-dessus du bunker des chambres à gaz a été endommagé à deux reprises par une tempête en février et mars 1946, et démonté totalement peu de temps après. Sa reconstruction avait été prévue en 1959, à l’occasion d’importants travaux dans les chambres à gaz, mais le projet ne fut pas réalisé.
-
[87]
Hauptstaatarchiv Düsseldorf (HStAD), Ger. Rep. 432, n° 288, c. 43. Reinarzt a été interrogé pour la première fois en 1946. Il déclara alors notamment : « Une seule chambre à gaz, située dans un bâtiment en dur près des bains, était utilisée pour des assassinats de masse. Les autres ne servaient qu’à la désinfection. La petite pièce sombre de la baraque qui se trouvait entre les Champs I et II était un séchoir ». APMM, copies d’actes de procès, XX-13, p. 3.
-
[88]
T. Berenstein et A. Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 13. Voir APMM, Mémoires et récits, VII-643, Symcha Turkieltaub, p. 142-143 ; VII-1259, Julia Celinska, p. 15-16. Un membre du personnel SS du camp a déclaré le 12 août 1944 que 350 femmes et enfants avaient été gazés en octobre 1942, APMM, Photocopies, XIX-38, témoignage d’Heinz Stalp, p. 71-82. Tomaszek, un prisonnier autrichien, a indiqué en 1944 que 600 Juifs allemands environ, dont un certain nombre d’enfants, avaient été déportés à Majdanek et gazés en novembre 1942. Prawda o Majdanku, Lublin, Nakladem Resortu Informacji i Propagandy P.K.W.N., 1944, p. 38-39.
-
[89]
J. Kwiatkowski, 485 dni, op. cit., p. 110. Voir également F. Siejwa, Wiezien, op. cit., p. 67-68.
-
[90]
Adam Frydman, Majdanek. Recollections of an inmate No 14704 on his 7 weeks in the Majdanek extermination camp (tapuscrit).
-
[91]
Natan Zelechower, « Spychani na dno », in Przezyli Majdanek, op. cit., p. 224.
-
[92]
Doc. Nbg., NO-1903, Affidavit de Friedrich W. Ruppert du 6 août 1945.
-
[93]
Cité dans Günther Schwarberg, Der Juwelier von Majdanek. Geschichte eines Konzentrationslagers, Hambourg, Gruner und Jahr, 1981, p. 77.
-
[94]
J. Marszalek, Majdanek, op. cit., p. 128-131.
-
[95]
Rywka Rybak, A Survivor of the Holocaust, Cleveland, Tricycle Press, 1993, p. 26-27. Voir également APMM, Copies d’actes de procès, XX-26, Actes du procès d’Elsa Ehrich, Procès-verbal d’audition du témoin Aglaida Brudkowska, p. 149-150.
-
[96]
Z. Murawska, « Kobiety w obozie koncentracyjnym… », art. cit., p. 156 ; S. Blonska, « Pol wieku i pare dni », in Czeslaw Rajca et al., Jestesmy swiadkami, op. cit., p. 228-242.
-
[97]
Barbara Schwindt, « Dzieci Zydowskie w obozie koncentracyjnym na Majdanku w 1943 r. », Zeszyty Majdanka, vol. XXII, 2003, p. 64-67. Selon certains témoins, les enfants juifs n’étaient pas logés dans une, mais deux baraques. Des divergences existent aussi sur le nombre d’enfants. Ces descriptions se rapportant à différentes périodes, le nombre des baraques a pu évoluer selon la taille des convois.
-
[98]
A. Donat, The Holocaust Kingdom, op. cit., p. 170.
-
[99]
Jerzy Kwiatkowski, « Oskarzam », in Czeslaw Rajca et al., Jestesmy swiadkami, op. cit., p. 410 et sq.
-
[100]
APMM, Mémoires et récits, VII-234, Maria Bielicka-Szczpanska, procès-verbal d’audition de témoin, p. 5.
-
[101]
AYV, Tr.-10/1172, Landgericht Düsseldorf, Urteil gegen Hackmann u.a., XVII 1/75 S, t. II, pp. 403-456. Les sélections d’enfants juifs détenus dans les baraques dites des enfants dans le Champ 5 sont assez largement décrites dans les mémoires d’anciennes prisonnières de Majdanek. Voir notamment Krystyna Tarasiewicz, My z Majdanka : wspomnienia bylych wiezniarek, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1988 ; APMM, Mémoires et récits, VII-376, Hanna Mierzejewska, procès-verbal d’audition de témoin, p. 2-3. Les gardiennes SS disaient aux prisonnières que les enfants étaient emmenés dans un autre camp, et même – comme certains l’ont affirmé – à l’école maternelle. Cependant, l’assassinat des enfants dans les chambres à gaz n’était pas spécialement un secret pour le personnel SS puisque le commandant du camp ne cherchait pas à le leur cacher. Voir E. Fechner, Proces. Oboz na Majdanku, op. cit., p. 106.
-
[102]
Voir notamment Danuta Brzosko-Medryk, Niebo bez ptakow, Varsovie, Wydawn. Ministerstwa Obrony Narodowej, 1968, p. 174 : « Mais les sélections continuent et personne ne peut y échapper. Leur fréquence augmente en mai et en juin. Une à deux fois par semaine, elles coûtent la vie à trois ou quatre cents Juives. »
-
[103]
APMM, Mémoires et récits, VII-382, Anna-Jadwiga Niedek, procès-verbal d’audition du témoin, p. 3 ; VII-327, Wanda Ossowska, procès-verbal d’audition du témoin, p. 3.
-
[104]
Voir Archives de l’United States Holocaust Memorial Museum de Washington (USHMM), RG-02.202 ; Sara Lew, From Bialystok to Brooklyn, Austin, Tzafnat Paneach Press, 2005, p. 69-72.
-
[105]
BAL, Barch, B162/407 AR-Z 297/60, Erhard Taubert, procès-verbal d’audition du témoin, t. 26, p. 5353.
-
[106]
Ceci est prouvé notamment par le témoignage d’A. Reinartz sur l’extermination dans les chambres à gaz, qui montre clairement que la chambre utilisée pour asphyxier les victimes avait une capacité de 240 à 250 personnes. Il s’agissait donc de la grande chambre, qui n’était pas équipée d’une ouverture pour jeter le Zyklon B. Le Kapo Otto Rehder emploie, quant à lui, des formulations du type « appareil introduisant le gaz » ou « introduire le gaz carbonique ». APMM, Copies d’actes de procès, XX-13, procès-verbal d’interrogatoire du 22 octobre 1945, p. 3 ; procès-verbal d’interrogatoire du 23 octobre 1945, p. 3. Il est indiqué, dans l’un des rapports du réseau « Opus » que nous avons déjà évoqué, que la chambre à gaz a été démontée et l’appareil supprimé. Il est aussi question du démontage des installations de la chambre à gaz dans les déclarations d’autres témoins concernant l’arrêt des opérations de gazage. Voir APMM, Microfilms, XX-2129, témoignage de Stanislaw Olszanski, p. V. Dans les deux cas, on peut supposer qu’il s’agit du démontage des bouteilles de monoxyde de carbone en acier, qui ne se trouvaient plus dans la cabine contiguë aux chambres à gaz le jour de la libération, le 23 juillet 1944.
-
[107]
BAL, Barch, B162/407 AR-Z 297/60, Ernst Fischer, procès-verbal d’audition du témoin, t. 24, p. 4997-5003. Georg Gröner, procès-verbal d’audition du témoin, t. 11, p. 1863.
-
[108]
Henia Korcz perdit sa mère de cette façon. Toute la famille fut déportée du ghetto de Varsovie à Lublin en octobre 1942. Dès l’arrivée à Majdanek, son père et son frère furent envoyés au camp de la rue Lipowa et sa mère à la Flugplatz. Deux mois plus tard, sa mère fut amenée à Majdanek et assassinée. Ce type de sélections avait lieu très souvent, généralement la nuit. APMM, Mémoires et récits, VII-1276, Henia Korcz. Voir également VII-1259, Julia Celinska, Témoignage, p. 28.
-
[109]
APMM, Copies d’actes de procès, XX-26, Actes du procès Elsa Ehrich, p. 131-133 ; B. Schwindt, Dzieci zydowskie, op. cit., p. 74-75.
-
[110]
APMM, « Opus », XII-9, Rapports concernant les prisonniers de Majdanek, août 1943-avril 1944, p. 17. Les infirmiers SS responsables des chambres à gaz quittèrent le camp avant. Anton Endres fut envoyé à Dachau le 1er août 1943 et Hans Perschon le 1er septembre 1943 au KL Warschau.
-
[111]
NA, Kew, WO 208/4673, Rapport d’interrogatoire du Gruppenführer SS Jakob Sporrenberg, p. 11.
-
[112]
AYV, Tr.-10/1172, Landgericht Düsseldorf, procès Hackmann et alii, XVII 1/75 S, t. I, p. 103.
-
[113]
APMM, Mémoires et récits, VII-131, Henryk Niescior, p. 11 et sq. L’odeur désagréable qui se dégageait du linge désinfecté a été décrite par Jan Michalak dans ses souvenirs : Nr 3273 mial szesnascie lat, Lublin, Wydawnictwo Lubelskie, 1979, p. 226-227. Voir également Mieczyslaw Panz, Prawo piesci, Varsovie, Pax, 1977, p. 177.
-
[114]
D’après les informations du mouvement de résistance, 23 personnes affectées aux bains et au Krematorium furent liquidées ce jour-là. Voir APMM, « Opus », XII-9, p. 16. On ignore en revanche si une partie des membres du Sonderkommando a été tuée pendant l’opération Erntefest. Cela concerne surtout les personnes employées à brûler les corps. Voir APMM, Mémoires et récits, VII-21, Kazimierz Wdzieczny : 3 XI 43, p. 19.
-
[115]
BAL, Barch, B162/407 AR-Z 297/60, Rudolf Ettrich, Procès-verbal d’audition du témoin, t. 20, p. 4182. L’expression « baraque des bains » (Badebaracke) était souvent employée pour désigner le bâtiment des chambres à gaz. Voir E. Fechner, Proces. Oboz na Majdanku, op. cit., p. 103 ; Heiner Lichtenstein, Majdanek. Reportage eines Prozesses, Francfort-sur-le-Main, Europäische Verlagsanstalt, 1979, p. 50-63 ; Dieter Ambach et Thomas Köhler, Lublin-Majdanek : das Konzentrations– und Vernichtungslager im Spiegel von Zeugenaussagen, Düsseldorf, Justizministerium des Landes NRW, 2003, p. 69, 77-79, 83, 87, 91-94.
-
[116]
APMM, Mémoires et récits, VII-296, Maria Bohdanowicz, Procès-verbal d’audition de témoin, p. 2. L’adjoint du chef du parc automobile, Udo Mennenga, indique également dans son témoignage que des véhicules étaient utilisés pour couvrir les cris des victimes. Voir Cz. Rajca, Eksterminacja, art. cit., p. 271.
-
[117]
A. Stanislawski, Pole smierci, op. cit., p. 139. Voir également J. Kwiatkowski, 485 dni, op. cit., p. 131.
-
[118]
Z. Pawlak, Przezylem…, op. cit., p. 193-194.
-
[119]
APMM, Mémoires et souvenirs, VII-409, Zygmunt Golewski, procès-verbal d’audition du témoin, p. 3. Des prisonniers polonais ont également été témoins de cela. Voir notamment APMM, Mémoires et récits, VII-352, Stefania Swiderska, procès-verbal d’audition du témoin, p. 2 ; Enregistrements vidéo, XXII-14, témoignage de Jan Buczek.
-
[120]
J. Kwiatkowski, « Oskarzam », art. cit., p. 409 et sq.
-
[121]
APMM, Mémoires et souvenirs, VII-917, Adolf Gorski, « Moje wspomnienia z obozu koncentracyjnego Majdanek », p. 6.
-
[122]
J. Kwiatkowski, 485 dni, op. cit., p. 111 ; D. Ambach et Th. Köhler, Lublin-Majdanek, op. cit., p. 94, 116.
-
[123]
APMM, Mémoires et récits, VII-643, Nathan elechower, p. 25.
-
[124]
A. Zmijewska-Wisniewska, « Zeznanie szefa krematorium Ericha Muhsfeldta na temat bylego obozu koncentracyjnego w Lublinie (Majdanek) », Zeszyty Majdanka, t. I, 1965, p. 133-148.
-
[125]
AIPNwW, Verdicts et actes d’accusation, 22. Urteil des Landesgerichts Wiesbaden in der Strafsache gegen Hermann Worthoff, n° 8Ks 1/70, t. II, p. 200 et sq. Il est question dans certains témoignages de douze cents personnes, et dans d’autres de trois mille Juifs emmenés au camp ce jour-là. Voir Robert Kuwalek, « Zbrodnie w lesie krepieckim w swietle zeznan swiadkow », Zeszyty Majdanka, t. XXI, 2001, p. 293, note 51.
-
[126]
A. Eisenbach, Hitlerowska polityka, op. cit., p. 544-546 ; Felicja Karay, « Spor miedzy wladzami nimieckimi o zydowskie obozy pracy w General Guberni », Zeszyty Majdanka, t. XVIII, 1997, p. 27-47.
-
[127]
NA, Kew, WO 208/4673, Rapport d’interrogatoire du SS-Gruppenführer Jakob Sporrenberg, p. 16.
-
[128]
APMM, « Opus », XII-10, p. 129. Martin Melzer était le chef du personnel de garde, mais remplissait également à cette époque la fonction d’adjoint du commandant.
-
[129]
Pour plus de détails sur le déroulement de l’exécution, voir : T. Berenstein, A. Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 40-44 ; Anna Zmijewska-Wisniewska, « Zeznanie szefa krematorium Ericha Muhsfeld na temat byłego obozu koncentracyjnego w Lublinie », Strona Glowna, t. 20, p. 133-148 ; Edward Dziadosz (choix et présentation), Masowe egzekucji Zydow 3 listopada 1943 roku. Majdanek, Poniatowa, Trawniki. Wspomnienia, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku/Uniwersytet Marii Curie-Sklodowskiej, 1988 ; H. Grabitz et W. Scheffler, Letzte Spuren, op. cit., p. 328 et sq ; Thomas Kranz, « Egzekucja Zydow na Majdanku 3 listopada 1943r. w swietle wyroku w procesie w Düsseldorfie », Zeszyty Majdanka, t. XIX, 1998, p. 139-150 ; Christopher Browning, Zwykli ludzie. 101. Policyjny Batalion Rezerwy i « ostateczne rozwi zanie » w Polsce, Varsovie, 2000, p. 150 et sq ; en français Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne, traduit de l’anglais par Élie Barnavi, préface de Pierre Vidal-Naquet, Paris, Les Belles Lettres, 1994.
-
[130]
Peuple mongol dont une tribu s’établit sur la Volga au xviie siècle. Par extension, terme péjoratif utilisé par les soldats allemands pour désigner les anciens prisonniers de guerre soviétiques, de type asiatique, ayant rejoint des unités de supplétifs de la Wehrmacht. (N.d.T.)
-
[131]
APMM, Mémoires et récits, VII-21, Kazimierz Wdzieczny : 3 XI 43, passim.
-
[132]
HStAD, Ger. Rep. 432, Johann Dierl, Procès-verbal d’audition de témoin, n° 266, f. 181-185 ; BAL, Barch B162/407 AR-Z 297/60, Henryk Wieliczanski, Procès-verbal d’audition de témoin, t. 41, f. 7947.
-
[133]
BAL, Barch B162/407 AR-Z 297/60, Rachel Blank, Procès-verbal d’audition de témoin, t. 21, f. 3552-3556 ; APMM, Procès-verbaux d’audition de témoins juives dans le cadre de l’instruction du procès de Düsseldorf (1961-1980), 1976, Photocopies/II, Shoshana Kliger, Procès-verbal d’audition de témoin, p. 247-254 ; D. Ambach et Th. Köhler, Lublin-Majdanek, op. cit., p. 130. Dans certains cas, les femmes juives qui dissimulèrent leur identité furent libérées de Majdanek. Luba Krugman-Gurdus a ainsi retrouvé la liberté au début de l’année 1943. Voir Luba Krugman-Gurdus, The Death Train. A Personal Account of a Holocaust Survivor, New York, National Council on Art in Jewish Life, 1978.
-
[134]
D. Ambach et Th. Köhler, Lublin-Majdanek, op. cit., p. 124.
-
[135]
Czeslaw Skoraczynski, Zywe numery, Cracovie, Krajowa Agencja Wydawnicza, 1984, p. 90.
-
[136]
APMM, Mémoires et récits, VII-239, J. Reznik, Témoignage. Voir également la retranscription de son audition à la barre du procès Eichmann dans The Trial of Adolf Eichmann. Record of Proceedings in the District Court of Jerusalem, vol. III, Jérusalem, 1993, audience n° 64.
-
[137]
AIPNwW, Verdicts et actes d’accusation, 22, Urteil des Schwurgerichts in Wiesbaden vom 1. März 1973 in der Strafsache gegen Hoffmann u.a. wegen Beihilfe zum Mord, 8 Ks 1/70, t. 1, p. 52.
-
[138]
On trouve parfois dans les témoignages des estimations plus élevées, dépassant largement 20 000 dans certains cas. On ne sait pas précisément combien de prisonniers ont été amenés de l’extérieur de Majdanek. Il existe de grandes divergences à ce sujet d’une publication à l’autre, et selon certains travaux, environ 14 000 Juifs auraient été conduits au camp le 3 novembre 1943. Ces chiffres paraissent toutefois un peu surévalués. Sur la base des documents allemands et des sources disponibles, on peut considérer que 12 000 Juifs à peu près, employés dans les fabriques et les ateliers DAW, Bekleidungswerke et Ostindustrie, sont arrivés ce jour-là à Majdanek. Voir Jozef Marszalek, Obozy pracy w Generalnym Gubernatorstwie w latach 1939-1945, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku, 1998, p. 109-112, et APMM, Photocopies, XIX-1242, Rapports sur l’activité de la société « Ostindustrie Gmbh » 1943-1944.
-
[139]
Raul Hilberg, Die Vernichtung der europäischen Juden, vol. 2, Francfort-sur-le-Main, Fischer-Taschenbuch-Verlag, 1994, p. 956 ; en français La Destruction des Juifs d’Europe, Paris, Gallimard, coll. Folio Histoire, 1999 [1988], p. 1045 ; Lucy Dawidowicz, The War Against the Jews 1933-1945, New York, Holt, Rinehart and Winston, 1975, p. 149.
-
[140]
Z. Lukaszkiewicz, « Oboz koncentracyjny i zaglady Majdanek », Biuletyn Glownej Komisji Badania Zbrodni Niemieckixh w Polsce, vol. 4, 1948, p. 85-91.
-
[141]
T. Berenstein et A. Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 18.
-
[142]
Aharon Weiss, « Categories of Camps – Their Caracter and Role in the Execution of the “Final Solution of the Jewish Question” », in The Nazi Concentration Camps, Structure and Aims. The image of the Prisoner. The Jews in the Camps, Actes du 4e colloque international d’histoire de Yad Vashem, Jérusalem, Yad Vashem, 1984, p. 132.
-
[143]
Jozef Marszalek, « Stan badan nad stratami osobowymi ludnosci zydowskiej Polski oraz nad liczba ofiar obozow zaglady w okupowanej Polsce », Dzieje Najnowsze, n° XXVI, t. 2, 1994, p. 38-40 ; Wolfgang Scheffler, « Chelmno, Sobibor, Belzec und Majdanek », in Eberhard Jäckel et J. Rohwer (dir.), Der Mord an den Juden im Zweiten Weltkrieg, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1985, p. 148.
-
[144]
Voir par exemple Wolfgang Benz (dir.) Dimension des Völkermordes. Die Zahl der jüdischen Opfer des Nationalsozialismus, Munich, Oldenburg, 1991, p. 17.
-
[145]
Peter Witte et Stephen Tyas, « A New Document on the Deportation and Murder of Jews during Einsatz Reinhardt 1942 », Holocaust and Genocide Studies, vol. 15, n° 3, hiver 2001, p. 469 et sq. Il vaut la peine de prêter attention à l’ordre dans lequel les camps sont mentionnés. Ils ne sont classés ni par ordre alphabétique, ni selon la hauteur des pertes. Si cet ordre n’est pas un hasard, on peut en conclure qu’ils sont énumérés selon leur date de mise en service, ce qui confirmerait que Majdanek fut considéré comme un centre lié à l’Aktion Reinhardt dès le printemps 1942.
-
[146]
En application d’une circulaire de l’Inspection des camps de concentration du 21 novembre 1942, ordonnant aux commandants d’enregistrer uniquement les décès des Juifs sous la forme d’une liste récapitulative. Voir Martin Broszat et al., Anatomie des SS-Staates, vol. 2, Munich, Deutscher Taschenbuch Verlag, 1967, p. 128-129.
-
[147]
Doc. Nbg., NO-5194, Rapport Korherr, p. 11-12.
-
[148]
Il s’agit certainement des hommes et des femmes envoyés dans les camps de la rue Lipowa et de l’ancien aéroport, et des prisonniers transférés à Auschwitz.
-
[149]
Dans son article sur le nombre de convois arrivés à Majdanek, Zofia Leszczynska affirme que 35 000 Juifs ont été déportés dans ce camp en 1942. En revanche, dans le chapitre consacré à ce sujet dans la monographie publiée sous la direction de Tadeusz Mencel, il est indiqué qu’ils furent environ 41 000. Z. Leszczynska, « Transporty wiezniow do obozu », art. cit., p. 183, 186, 189 ; T. Mencel (dir.), Majdanek 1941-1944, op. cit., p. 95-101.
-
[150]
Ruppert affirme que 500 à 600 personnes étaient tuées chaque jour dans la chambre à gaz de Majdanek entre octobre et décembre 1942. Par conséquent, 6 000 à 7 200 personnes auraient été gazées au total dans le dernier quart de l’année. Ce nombre englobe certainement aussi les prisonniers polonais qui furent victimes d’une sélection au Revier pendant cette période. En outre, selon ce témoignage, environ 4 000 à 5 000 personnes auraient été gazées sur les 15 000 Juifs déportés du ghetto de Varsovie à l’été 1943.
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[151]
Selon Janina Kielbon, 12 330 prisonniers juifs ont été transférés à Auschwitz, Sachsenhausen et dans les camps de travail du district de Radom. Il faut ajouter à ce nombre 1 300 Juifs emmenés dans les convois d’évacuation en 1944, ainsi que 1 000 personnes qui, en mars 1943, ont très probablement été déportées vers le camp d’extermination de Sobibor via Majdanek. Il n’est pas exclu que davantage de victimes soient arrivées à Sobibor en provenance du camp de concentration de Lublin. Selon le témoignage d’un rescapé, 1 600 personnes y auraient été envoyées à la mort depuis Majdanek à l’automne 1942. Il est vrai que ce convoi n’apparaît pas dans les comptages des effectifs du camp, mais il pouvait s’agir de prisonniers juifs envoyés au travail à la Flugplatz, qui n’étaient pas pris en compte dans les rapports quotidiens de Majdanek. J. Kielbon, Migracje ludnosci, op. cit., p. 156 ; T. Berenstein et A. Rutkowski, Zydzi w obozie, op. cit., p. 48 ; J. Schelvis, Vernichtungslager Sobibor, op. cit., p. 104.
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[152]
Seule une partie des registres des décès de l’année 1942, couvrant la période du 18 mai au 29 septembre, a été conservée. Elle contient des informations sur la mort de 6 701 personnes, dont 6 001 Juifs. Voir Janina Kielbon et Krysztoph A. Tarkowski, Ksiega zmarlych wiezniow. The Book of Prisoner Deaths. Majdanek 1942, Lublin, Panstwowe Muzeum na Majdanku, Wydawnictwo UMCS, 2004. L’identité d’un petit nombre de victimes peut être déterminée sur la base d’autres documents du camp ou de la documentation établie après la guerre, par exemple les livres-mémoriaux édités en Allemagne. Voir Gedenkbuch. Opfer der Verfolgung der Juden, op. cit., passim.
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[153]
Yisrael Gutman, Social stratification in the concentration camps, Jérusalem, Yad Vashem, 1984, p. 149. Voir également son témoignage dans The Trial of Adolf Eichmann. Record of Proceedings in the District Court of Jerusalem, vol. III, Jérusalem, 1993, audience n° 63, p. 1153-1158.
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[154]
Elizabeth B. White, « Majdanek. Cornerstone of Himmler’s SS Empire in the East », Simon Wiesenthal Center Annual, vol. 7, 1990, p. 10.
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[155]
Barbara Schwindt, Das Konzentrations- und Vernichtungslager Majdanek. Funktionswandel im Kontext der « Endlösung », Würzburg, Königshausen und Neumann, 2005.