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Article de revue

« Les faictz sont masles, les parolles femelles » : entre le Vocabulista (1542) et le Berlaimont (1558), la piquante répartie de la Bonne response a tous propos (1547)

Pages 171 à 191

Notes

  • [1]
    Le proverbe italien « I fatti sono mocschi (sic pour maschii), / Le parole femine » et sa traduction française figurent dans la Bonne response a tous propos. Liure fort plaisant et delectable, au quel est contenu grand nombre de Prouerbes, et sentences ioyeuses, et de plusieurs matieres, desquelles par honnesteté on peult user en toute compaignie. Traduict de la langue italiene (sic) et reduyt en nostre vulgaire françoys, par ordre d’alphabet, Paris, Gilles Corrozet, Arnoul L’Angelier et Étienne Roffet, 1547. On se reportera au fac-similé édité par Gesinus G. Kloeke, publié à Amsterdam par la Noord-Hollandsche Uitgevers Maatschappij, en 1960, p. 104. Désormais Bonne response 1547. Les formules seront reproduites à l’identique, sans que leur sens soit toujours accessible. Le proverbe énoncé en titre se trouve également dans le Tresor de sentences dorées, dicts, proverbes & dictons communs de Gabriel Meurier, paru à Lyon, chez Jean d’Ogerolles, en 1577 : « Paroles sont femelles, et les faits masles », p. 153. Un écho entre les deux œuvres se lit dans l’adresse au lecteur de Meurier, qui stipule que son livre servira « à promptement respondre à tous propos », p. 6. Le proverbe n’est pas répertorié dans le Nouveau dictionnaire historique des locutions de Giuseppe Di Stefano.
  • [2]
    Henri Estienne, Proiect du livre intitulé De la precellence du langage François, Paris, Mamert Patisson, 1579, p. 161.
  • [3]
    Jean Balsamo, « La France et sa relation à l’Italie au xvie siècle (bibliographie 1985-1994) », Nouvelle revue du xvie siècle, n° 13-2, 1995, p. 268.
  • [4]
    Ibid.
  • [5]
    Paola Cifarelli, « Fable et proverbe. L’exemple de la tradition ésopique française au xvie siècle », Tradition et créativité dans les formes gnomiques en Italie et en Europe du Nord (xive-xviie siècles), dir. Perrine Galand, Turnhout, Brepols, 2011, p. 57.
  • [6]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs (Jean-Antoine de Baïf, Pierre de L’Estoile et d’autres) », La lecture littéraire, 2003, t. 7, p. 98. L’attribution est confirmée par Magali Vène, dans ses travaux sur Gilles Corrozet (« “Pour ce qu’un bien caché […] ne peult proffiter à personne”, “j’ay prins d’aultruy la pierre et le ciment”. Gilles Corrozet, auteur et libraire, passeur de textes », Passeurs de textes. Imprimeurs et libraires à l’âge de l’humanisme, dir. Christine Bénévent, Anne Charon, Isabelle Diu et M. Vène, Paris, Publications de l’École nationale des chartes, 2012, p. 199-213 ; mis en ligne en 2018, < https://books.openedition.org/enc/543 >, voir § 34). Nos remerciements vont à Nicole Bingen pour ses précisions bibliographiques.
  • [7]
    Émile Droz, « Bonne response a tous propos (1547), édition en fac-similé by G. G. Kloeke », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, n° 25-2, Genève, Droz, 1963, p. 451.
  • [8]
    Voir Jean Vignes, « Pour une gnomologie : Enquête sur le succès de la littérature gnomique à la Renaissance », Seizième Siècle, n° 1, 2005, p. 175-211. Son introduction fait état du désintérêt moderne dont pâtissent injustement les recueils gnomiques, encore méconnus, dont il se propose de dresser un panorama.
  • [9]
    Jean Balsamo, Vito Castiglione Minischetti et Giovanni Dotoli, Les Traductions de l’italien en français au xvie siècle, Fasano/Paris, Schena editore/Hermann éditeurs, 2009, p. 138-141.
  • [10]
    Andrew Pettegree, Malcolm Walsby et Alexander Wilkinson, French vernacular books, Leyde/Boston, Brill, 2007, t. 1, p. 186.
  • [11]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 99.
  • [12]
    Jacques Bourgoing, De origine usu et ratione vulgarium vocum linguæ gallicæ, italicæ et hispanicæ, Paris, Étienne Prevosteau, 1583, f. 27 r°.
  • [13]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 99-100.
  • [14]
    Nicole Bingen, Philausone (1500-1660), Répertoire des ouvrages en langue italienne publiés dans les pays de langue française de 1500 à 1660, Genève, Droz, 1994, p. 396-397.
  • [15]
    Bonne response 1547, préface de Gesinus G. Kloecke, p. 4.
  • [16]
    Le Vocabulista et le Berlaimont sélectionnés paraissent dans un format plus grand, in-4, ce qui ne les empêche pas d’être maniables et facilement déplaçables.
  • [17]
    Bonne response 1547, f. A i v°.
  • [18]
    Ibid., f. A ii r°.
  • [19]
    Ibid., f. A iii r°.
  • [20]
    Ibid., Messine (p. 3), Venise (p. 5, 175), Bologne (p. 16), Padoue (p. 16, 19), Chypre (p. 38), Senegal (p. 68, 170-171), Sucagne (p. 44), Rome (p. 68, 147, 186), Marcon (p. 92), la Lombardie (p. 106, 159), la Bresse (p. 164), Gennes (p. 169), Tarles (p. 170), Ravenne (p. 175).
  • [21]
    Ibid., f. A iii r°.
  • [22]
    Ibid.
  • [23]
    Ibid., f. A iii v°.
  • [24]
    Les deux langues, l’italien puis le latin, sont conjointement utilisées dans une seule et même expression.
  • [25]
    Bonne response 1547, p. 6.
  • [26]
    Ibid., p. 14.
  • [27]
    Ibid., p. 68.
  • [28]
    Ibid., p. 8, 12-13, 105, 128 et 163.
  • [29]
    Ibid., p. 14.
  • [30]
    Ibid., p. 9.
  • [31]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 111.
  • [32]
    Émile Droz, « Bonne response a tous propos (1547)… », art. cit., p. 451.
  • [33]
    [Anonyme], Introductio quædam utilissima sive vocabularius quattuor linguarum latinæ, italicæ, gallicæ et alamanicæ, per mundum versari cupientibus summe utilis, Rome, Giacomo Mazzocchi, 1510.
  • [34]
    Terence Cave, Pré-Histoires II, Langues étrangères et troubles économiques au xvie siècle, Genève, Droz, 2001, p. 49.
  • [35]
    Le français est présent dans la série des Berlaimont dès l’édition de 1511, dans le Vocabulaire pour apprendre à bien lire, escripre et parler françoys et flameng, paru à Anvers chez Willem Vorsterman.
  • [36]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 110.
  • [37]
    Francesco Garrone, Quinque linguarum utilissimus vocabulista, Latine, Tusche, Gallice, Hyspane & Alemanice, Lyon, Jacques Moderne, 1542, f. A ij r°. Désormais Vocabulista 1542.
  • [38]
    Ibid., f. A ij r°.
  • [39]
    Jacques Pineaux, « Bonne response à tous propos (1547) by G. G. Kloeke », Revue d’Histoire littéraire de la France, n° 62-4, 1962, p. 596.
  • [40]
    Bonne response 1547, p. 48. Cette expression n’est pas répertoriée dans le dictionnaire de Di Stefano, qui mentionne uniquement au sujet de diable, sous l’entrée « grif, griffe, grau » : « On cognoist le diable a ses griffes ».
  • [41]
    Bonne response 1547, p. 23. Nous n’avons rien trouvé de semblable, ni même d’approchant, relatif à la cage, dans le dictionnaire de Di Stefano.
  • [42]
    Ces expressions italiennes ne figurent pas dans le Vocabolario degli Accademici della Crusca (1612), ni dans le Tesoro della Lingua Italiana delle Originihttp://tlio.ovi.cnr.it/TLIO/ > (désormais TLIO). Elles ne se trouvent pas davantage sous les entrées « griffe », « gallo » ou « magra » du Grande Dizzionario Della Lingua Italiana (désormais GRADIT). S’il ne s’agit pas d’expressions lexicalisées, elles n’en sont pas moins traduites mot à mot en français.
  • [43]
    Bonne response 1547, « Au pays des aueugles, qui n’a qu’un œil est appelle monsieur » (p. 11) : le dictionnaire de Di Stefano propose une expression approchante, mais différente, avec « Entre aveugles, borgnes sont esleuz roys », et il en va de même pour le Cotgrave, avec « un borgne est roy au païs des aveugles » ; « Il se noye dens une goutte deau » (p. 84) n’est présent ni dans le Di Stefano, ni dans les Proverbes français antérieurs au xve siècle de Joseph Morawski (Paris, Champion, 1925) ; le cas de figure est le même pour « Il promet mer et montaignes » (p. 85), « Il vend la peau deuant qui ayt prins lours » (p. 86-87) et « Per tout Apuril, ne te doibs descouurir » (p. 119) ; « Qui tout embrasse, rien nestraint » (p. 144) est proche mais différent des deux formules « Qui trop embrasse pou estreint » et « Qui trop embrasse peu mal estreint », proposées dans le Di Stefano ; « Tant va la cruche au puitz, quelle y laisse le manche » (p. 164) ne figure pas dans le Di Stefano, qui propose comme expression approchante « Tant va la cruche à l’eaue que le cul y demeure ». Ces exemples illustrent l’opération de calque opérée sur les expressions italiennes, traduites littéralement.
  • [44]
    Vocabulista 1542, f. A ij r°.
  • [45]
    Ibid.
  • [46]
    Ibid., f. F iij r°.
  • [47]
    Ibid., f. A iij v°.
  • [48]
    Ibid., f. S iij v°.
  • [49]
    Ibid.
  • [50]
    Voir Maria Colombo Timelli, « Aspetti didattici nei dizionari plurilingui del xvi-xvii secolo : il “Berlaimont” », Quaderni del CIRSIL, 2, 2003, p. 1-11.
  • [51]
    Noël de Berlaimont, Vocabulario de quatro lingue, francese, latina, italiana, et spagnola, Louvain, Bartholomé de Grave, 1558, f. A ij v°. Désormais Berlaimont 1558.
  • [52]
    Ibid.
  • [53]
    Ibid.
  • [54]
    Ibid., f. A iij r°.
  • [55]
    Ibid.
  • [56]
    Ibid., f. L iiij v°.
  • [57]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 108.
  • [58]
    Berlaimont 1558, f. A iij r°.
  • [59]
    Ibid., f. F v°.
  • [60]
    Ibid., f. F ij r°.
  • [61]
    Ibid., f. B ii v°.
  • [62]
    Ibid., f. L iiii v°.
  • [63]
    Ibid., f. M. v° et sq.
  • [64]
    Ibid., f. T r°.
  • [65]
    Ibid., f. V ij r°.
  • [66]
    Ibid., f. B v°.
  • [67]
    Ibid., f. G v° et sq.
  • [68]
    Bonne response 1547, « A la chère on cognoist les gens » (p. 4), « Au menger et au chier, l’homme se doibt despecher » (p. 5), « Bon vin, longue fable » (p. 14), dont le proverbe italien correspondant « buon vino lunga favola » est répertorié sous l’entrée « vino » du GRADIT, « Demande a l’hoste s’il a bon vin » (p. 32), etc.
  • [69]
    Ibid., « A bonne heure au marche, et tard a la boucherie » (p. 2), dont l’italien correspondant n’est pas répertorié dans le GRADIT, ni dans le Vocabolario degli Accademici della Crusca (1612), ni dans le TLIO. Nous n’y avons pas davantage identifié les équivalents de « Elle prent marchandise en cachette » (p. 37), de « Femme, vin et cheuaux, marchandise de tare » (p. 42) et de « Iamais ne demeure chair en la boucherie. Quelque meschante quelle soit » (p. 55).
  • [70]
    Berlaimont 1558, f. K v°.
  • [71]
    Ibid., f. I iiij v°.
  • [72]
    Ibid., f. A iiii v°.
  • [73]
    Ibid.
  • [74]
    Ibid., f. D ij v°.
  • [75]
    Ibid., f. A iij v°.
  • [76]
    Bonne response 1547, p. 20.
  • [77]
    L’expression proposée ne figure pas dans le GRADIT, ni dans le Vocabolario degli Accademici della Crusca (1612), ni dans le TLIO, ni dans le Cinquecentine della Crusca.
  • [78]
    Berlaimont 1558, f. A iii v°.
  • [79]
    « Ie ne scay sil ira bien disoit la femme qui bailloit un chystere a son mary, auec une tuille ronde » (Bonne response 1547, p. 52).
  • [80]
    « Affin que la quinziesme ne te face tort, dit le marinier de la lune » (ibid., p. 10).
  • [81]
    « De qui ie me fie dieu me garde, / Qu’a qui ne me fie prendray garde. / Disoit S. Bernardin de feltre » (ibid., p. 30).
  • [82]
    « Et deux, disoit le merle » (ibid., p. 40).
  • [83]
    « Il y a par tout affaire, disoit celluy qui ferroit loye » (ibid., p. 71).
  • [84]
    « Nye tout, et tien bonne mine. / dit le meschant » (ibid., p. 114), « Ou de vray ou de menterie, fault entretenir sa mesgnie. dit le meschant » (ibid., p. 118).
  • [85]
    Ibid., p. 165.
  • [86]
    Nicole Bingen évoque une diffusion de la Bonne Response dans les milieux scolaires (Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 102). On suppose que le professeur aura écarté les formules les moins élégantes.
  • [87]
    Juan de Valdés, Dialogue de la langue, Diálogo de la lengua, trad. Anne-Marie Chabrolle-Cerretini, Paris, Champion, 2008, p. 29.
  • [88]
    Anne-Marie Chabrolle-Cerretini, « Les proverbes du Diálogo de la lengua de Juan Valdés au cœur d’un débat espagnol sur la norme de la langue vulgaire », Les Proverbes dans l’Europe des xvie et xviie siècles : réalités et représentations, dir. Mary-Nelly Fouligny et Marie Roig Miranda, Nancy, Université de Nancy II, 2013, p. 379.
  • [89]
    « Face donc chascun de vous, lecteurs, ainsi que les mousches es iardins, et prenne familierement ce que propre luy semblera, par ce moyen en goustant de l’un et de l’autre » (Bonne response 1547, f. A iii v°).
  • [90]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 107.
  • [91]
    Mary-Nelly Fouligny, « Avant-propos », Les Proverbes dans l’Europe des xvie et xviie siècles : réalités et représentations, Nancy, Université de Nancy II, 2013, p. 7
  • [92]
    Bonne response 1547, « Poissons et femmes / Sont meilleurs soubz le ventre » (p. 124), « Toute femme est chaste / S’elle n’a qui la pourchasse » (p. 165), « Un poil de con attire plus, / Que ne font cent paires de boeufz » (p. 178), « La femme qui se faict cheuaucher » (p. 182).
  • [93]
    Ibid., p. 152.
  • [94]
    Ibid., p. 28.
  • [95]
    Ibid., p. 42.
  • [96]
    Ibid.
  • [97]
    Ibid.
  • [98]
    « A gl huomini, dateli moglie, / A i putti, dateli pane » (ibid., p. 7). Les enfants ne sont guère représentés : comme pour les femmes, les rares expressions qui les concernent sont dépréciatives, à l’image de « Enfans et sotz sont deuins », « Enfans et pouletz chient par tout a la maison » et « Enfans sont abusez de parolles, et les hommes de serment » (ibid., p. 39).
  • [99]
    Ibid., p. 23. Expression déjà citée plus haut (voir note 41).
  • [100]
    Ibid., p. 27-28.
  • [101]
    Ibid., p. 37.
  • [102]
    Ibid., p. 104.
  • [103]
    Ibid., p. 105.
  • [104]
    Ibid., p. 112.
  • [105]
    Ibid., p. 119.
  • [106]
    Ibid., p. 156. Le fuseau désigne « aussi bien le pénis que les pudenda », selon le Dictionnaire érotique de Rose M. Bidler. On y trouve également l’expression « Tordre la fusée avec quelqu’un » (et non les fuseaux), sachant que la fusée est le phallus.
  • [107]
    Ibid., p. 136.
  • [108]
    Ibid., p. 156.
  • [109]
    Ibid., p. 132.
  • [110]
    Ibid., p. 133.
  • [111]
    Ibid., p. 152.
  • [112]
    Ibid., p. 34.
  • [113]
    Ibid., p. 156.
  • [114]
    Les phonèmes sont parfois exactement les mêmes dans les deux langues : « Attendre, et ne point venir, / Estre au lict, et ne poinct dormir, / N’estre a gré, pour bien seruir, / Sont trois choses pour mourir », correspondant aux verbes italiens « vegnir », « dormir », « aggradir » et « morir » (ibid., p. 10).
  • [115]
    Florence Dumora, « Sagesse et poésie : vers une définition poétique du proverbe », Les Proverbes dans l’Europe des xvie et xviie siècles : réalités et représentations, Nancy, Université de Nancy II, 2013, p. 540.
  • [116]
    Bonne response 1547, p. 8. Le même schéma rythmique se retrouve dans « Dame bien dressee, mule encheuestreé » (p. 28) et « Femme de larron, ne rit pas tousiours » (p. 43).
  • [117]
    Ibid., p. 15.
  • [118]
    Ibid., p. 7. Le « boucon » est un morceau (qui se mange), l’« étranguillon » est une angine (DMF 2015).
  • [119]
    Ibid., p. 119.
  • [120]
    Ibid., p. 93.
  • [121]
    Florence Dumora, « Sagesse et poésie : vers une définition poétique du proverbe », art. cit., p. 543.
  • [122]
    Pascal Debailly et Jean Vignes, « Fonction éthique et sociale (Quattrocento-xvie s.) », Poétiques de la Renaissance. Le modèle italien, le monde franco-bourguignon et leur héritage en France au xvie siècle, dir. Perrine Galand-Hallyn et Fernand Hallyn, Genève, Droz, 2001, p. 365.
  • [123]
    FEW X, 312b (attesté au xixe siècle).
  • [124]
    Bonne response 1547, p. 93.
  • [125]
    Giovanni A. Fenice, Dictionnaire françois et italien, dir. Pierre Canal, Paris, Jacques Chouet, 1998, page de titre. Désormais Fenice 1598.
  • [126]
    Giovanni A. Fenice, Dictionnaire François et Italien, Morges, Nicolas Nivelle, 1584, page de titre.
  • [127]
    Fenice 1598, f. 3 r°.
  • [128]
    Érasme, Adages, dir. Jean-Christophe Saladin, Paris, Les Belles Lettres, 2011, p. 31.

1« Les beaux prouerbes, bien appliquez, ornent le langage de ceux qui d’ailleurs sont bien emparlez [2]. » Il peut sembler paradoxal de citer Henri Estienne, le pourfendeur du catholicisme et de l’influence italienne en France, en préambule d’une réflexion sur un recueil de formules italiennes. Lorsque Jean Balsamo établit qu’« une relation littéraire, savante, et politique, lie, durant tout le xvie siècle, la France à l’Italie [3] », il s’empresse d’en souligner les ambiguïtés. C’est donc un « italianisme complexe et dynamique [4] » qui a sans doute influencé la parution d’un opuscule aussi bigarré que populaire. Répondant à la « vogue du proverbe [5] » qui se déploie en France, aux xve et xvie siècles, Bonne response a tous propos est un petit livret anonyme d’expressions italiennes, traduites en français. Il paraît à Paris, chez Arnoul L’Angelier, en 1547. La sélection et la traduction française des proverbes sont attribuées par Nicole Bingen à Gilles Corrozet [6]. D’après Émile Droz, son succès est justifié par « la grossièreté de (s)es textes [7] » : ce jugement sévère incite à lire et à interroger le contenu de ces formules [8]. Le français et l’italien jouissent alors d’une considération nouvelle, qui les conduira à leur normalisation et à leur ennoblissement : dans quelle mesure la Bonne response participe-t-elle à leur valorisation ?

2La lecture divertissante de ce recueil bilingue invite à le situer dans la production polyglotte de son temps. Le dictionnaire français et italien n’existe pas encore, mais ces deux vernaculaires sont réunis dans d’autres ouvrages très prisés, deux en particulier, dont on sélectionnera une édition proche, en date, de la Bonne response : la série des lexiques polyglottes dénommés Vocabulista et celle des manuels de conversation recensés sous le nom de leur premier auteur, les Berlaimont. Comment ces ouvrages se situent-ils les uns par rapport aux autres ? Ces trois objets distincts, s’ils ont des traits communs, permettront d’appréhender la Bonne response, et, avec elle, une partie de la lexicographie franco-italienne, sous un nouvel angle critique. À moins que leurs dissemblances ne mettent en évidence la singularité de la Bonne response. C’est l’enquête que l’on souhaiterait mener, en commençant par une présentation de la Bonne reponse, avant de la confronter aux Vocabulista et Berlaimont a priori voisins : forment-ils un ensemble, fait de reprises et d’échos ? Qu’est-ce que la constitution de cette triade peut révéler du contenu et des usages de la Bonne response ? Que révèlent-ils de la lecture, de la pratique ou de l’apprentissage des vernaculaires émergents ?

Succès de la Bonne response, pour la concorde entre les langues

3Dix-sept éditions sont répertoriées dans Les Traductions de l’italien en français au xvie siècle[9]. L’ouvrage bibliographique French Vernacular books[10] mentionne une première édition à Paris, sans nom d’éditeur, en 1543, mais on n’en a trouvé aucune autre attestation. La publication s’étend donc vraisemblablement de la princeps de 1547 à l’édition rouennaise de 1610 [11]. Jacques Bourgoing, auteur d’un dictionnaire étymologique du français, de l’italien et de l’espagnol, affirme que l’usage de proverbes est fréquent, prisé des Italiens et estimé de tous [12] : le succès du recueil est justifié. Tous les titres sont en français, sauf dans l’édition lyonnaise de 1548, au titre italien : la proximité de Lyon et de l’Italie permet d’envisager aussi des lecteurs italiens. L’ouvrage s’enrichit au fil de ses éditions [13], témoignant certainement d’une rivalité entre éditeurs. Cette concurrence rappelle celle des imprimeurs de dictionnaires plurilingues, qui, au cours du même siècle, revendiquent la copia inédite de leurs collectes.

4Sept éditions sont parisiennes, huit sont lyonnaises, une édition est anversoise et une dernière rouennaise [14]. Tous ces ouvrages sortent en petits formats : les éditions parisiennes sont en in-16, tout comme l’anversoise, tandis que les lyonnaises offrent un peu plus de variété avec six in-16, une in-8 et une in-12. Gesinus G. Kloeke indique même avec précision que l’ouvrage produit en 1547 est particulièrement petit, puisqu’il mesure six centimètres sur dix [15]. Ces formats témoignent d’un livret aux dimensions suffisamment modestes pour être transporté avec soi, dans un format de poche ou de chevet. C’est également le cas de certains lexiques plurilingues qui paraissent à la même époque [16].

5Le sous-titre est précis car développé, mais paradoxalement généraliste. Il annonce un « liure fort plaisant et delectable » : cet argument commercial associe l’ouvrage au plaisir. Il contient des « prouerbes, et sentences ioyeuses, et de plusieurs matieres desquelles par honnesteté on peult user en toute compaignie » : la polysyndète accentue la profusion. Les « prouerbes », « sentences » et « matieres » composent une pluralité de dénominations, qui souligne l’absence d’un genre normé et la diversité des formules. L’unité de contenu tient à leur brevitas : elle concourt à leur efficacité et favorise leur mémorisation. Le syntagme « par honnesteté » est contradictoire avec les propos d’Émile Droz, et assez inattendu au vu du contenu trivial de nombreuses formules : peut-être est-ce déjà là une façon malicieuse de déjouer ce reproche. Enfin, le choix de l’ordre alphabétique, qui ne va pas encore de soi dans la première moitié du xvie siècle, s’affiche comme autre argument de vente et inscrit le livre dans le mouvement de son siècle.

6L’adresse au lecteur insiste sur la diversité des langues, mais aussi sur la variété propre à chacune [17]. Les phrases sont plus ou moins « plaisantes et recreatives, selon la dignité et préeminence de chascune langue » : il établit une généalogie hiérarchisée. L’éloge des trois anciennes consacre la supériorité de « la langue Romaine ou Latine, procedante en partie de la Grecque [18] », qui fait la valeur de l’italien : il en hérite « les propres sentences, et maniere de dire bien elegantes [19] », qui expliquent son incontestable succès. Le livret se réfère à différentes régions de sa nation d’origine [20], à laquelle est lié le français qui « depend pour la plus grande partie [21] » de l’italien. Une « grande affinité [22] » unit les deux vulgaires. Leur source commune nourrit leur « dependence merueilleuse [23] », entre elles et avec le latin, lui-même lié au grec. Dans le recueil, l’harmonie entre langues anciennes et modernes est illustrée par l’alternance codique [24] entre l’italien et le latin, dans « Al magnar, vita dulcedo : al pagar, ad te suspiramu », reprise dans la traduction, entre le français et le latin : « Au menger, vita dulcedo, au payer ad te suspiramus[25]. » On trouvera encore du latin puis de l’italien dans « Bona dies de curia », et du latin puis du français dans son équivalent traductionnel, « Bona dies de court [26] ». L’alternance italien / latin figure enfin dans « El sta su hic, hac et hoc » pour « Il est demeuré sur hic et hec (sic) et hoc[27] ».

7Le livret paraît dans un contexte plurilingue européen : des expressions sont attribuées à un locuteur espagnol [28], grec [29] ou même arabe [30], mais de façon très ponctuelle. Paradoxalement, les formulations françaises sont plus visibles que les italiennes : la taille de la police utilisée est supérieure. Pour autant, il ne s’agit pas d’un faux bilingue : il peut aussi intéresser ceux qui apprécient l’italien et veulent en parfaire leur connaissance [31]. On n’ira pas jusqu’à dire avec Émile Droz que ce livret « permettait d’apprendre les langues étrangères [32] », du moins il ne peut y parvenir seul. En remplissant partiellement ce rôle, il rejoint le caractère scolaire du Berlaimont, ou encore la visée pratique du Vocabulista, prisé des marchands et voyageurs. Tous trois illustrent l’émergence de vernaculaires dont l’apprentissage devient une nécessité. Le foisonnement des productions lexicographiques du siècle (dictionnaires, vocabulaires, lexiques et colloques) invite à questionner les possibles liens de la Bonne response avec ces deux séries.

Du Vocabulista à la Bonne response : l’hypothèse d’une filiation

8La Bonne response rappelle un autre petit ouvrage, qui connaît lui aussi un franc succès tout au long du siècle : le Vocabulista. C’est un lexique plurilingue, qui naît à Venise, en 1477, d’abord sous une forme bilingue ; il contient alors du vénitien et du bavarois. Le français y est introduit en 1510, lorsque l’ouvrage devient quadrilingue (latin, italien, français, allemand [33]). Selon Terence Cave, le Vocabulista aurait fait naître des concurrents, parmi lesquels la Bonne response[34]. Pour la suite de notre enquête, on choisira l’édition de Francesco Garrone, en 1542, pour trois raisons : sa date de parution est proche de celle de la Bonne response, elle est publiée à Lyon, comme de nombreuses éditions de la Bonne response, et elle comporte du français et de l’italien (en plus du latin, de l’espagnol et de l’allemand [35]) : ses destinataires pouvaient être ceux de la Bonne response, une partie d’eux à tout le moins. Nicole Bingen n’exclut pas du lectorat de la Bonne response les marchands, ni les artisans [36]. Or, ceux-ci sont des utilisateurs du Vocabulista, dont l’avant-propos quintilingue annonce un « tresutil vocabulaire pour ceux qui desirent aprendre : sans aller a lescole : comme artisans et femmes [37] ». Si un locuteur français peut apprendre l’italien avec la Bonne response, cela est également possible avec le Vocabulista puisque « le francoys peult apprendre Latin / Italien / Espagnol et Aleman [38] ». Dans la colonne réservée à l’italien, on lit que « Italiano puo imparare Latino / Franzoso / Spagnolo et Todescho ». Pareillement, même si elle ne paraît qu’en France, la Bonne response n’interdit pas aux Italiens de s’en servir pour apprendre des expressions en français, grâce à sa présentation strictement bilingue.

9La Bonne response propose une traduction littérale de l’italien, « et non […] une transposition ou […] une traduction-commentaire [39] ». Il existe tout de même quelques très brèves précisions, introduites par « cest a dire » (« cioe »), comme dans « Te recommando a griffe de gallo. Cioe, al diauolo » / « Ie te recommande a griffe de coq cest a dire, au diable [40] ». De brèves explications sont également annoncées par « d’un » et « d’une », dans le sens « se dit d’un(e) […] », comme dans « E una chebba. d’una donna magra » / « Cest une caige, dune femme maigre [41] ». Mais ces précisions sémantiques, qui jouent le rôle de définitions très synthétiques, font figure d’exception. Les expressions françaises peuvent être un calque des expressions italiennes présentées [42], traduites littéralement, de la même façon que les lignes du Vocabulista font sèchement correspondre chaque mot à un autre. Dans la Bonne response, la stricte corrélation est poussée à son comble, lorsque l’expression française analogue existe, mais n’est pas mentionnée [43]. Les deux ouvrages font donc correspondre les mêmes langues de la même façon : par un système de mot à mot. Et si l’organisation diffère, le Vocabulista étant thématique alors que la Bonne response est alphabétique, tous deux déroulent des listes.

10Le Vocabulista contient « tous les noms vocables et paroles que lon peult dire en plusieurs manieres [44] » : cette formulation trouve un écho dans les « plusieurs matieres » abordables « en toute compaignie » du sous-titre de la Bonne response. Plus étonnant, « ce liure se appelle entree et porte de ceulx qui veulent apprendre et apprendre (sic) francoys / ou Italien : le quel est de grande utilite pour ceux qui vont practicant par le monde [45] » : alors que l’ouvrage est quintilingue et organise sa préface en cinq colonnes de présentation (respectivement écrites en latin, italien, français, espagnol puis flamand), dans la colonne rédigée en français, ce sont tout d’abord ces deux seules langues, l’italien et le français, qui sont mentionnées et donc mises en valeur ; celles-là même qui composent la Bonne response. Le deuxième livre du Vocabulista traite des noms et verbes selon leur signification [46] : il propose des « verbes et parolles selon toute sa maniere [47] » au premier chapitre, dont la liste se clôt avec « response » (« riposta »). Le chapitre cinq s’intitule « des preceptes et des reponses » : l’empreinte locale italienne figure ponctuellement avec l’expression « il fault que tu portes une lettre a Milan [48] », mais il faut admettre qu’elle est rare et concurrencée par d’autres lieux non italiens. La co-présence du français et de l’italien, dont les équivalents sémantiques sont, dans les deux ouvrages, présentés sous forme de listes lexicales, constitue un point commun aux deux ouvrages, auquel s’ajoute un vocabulaire du quotidien. L’intention didactique, très explicite dans le Vocabulista, n’est pas étrangère à la Bonne response : ce sont deux outils d’expression et de promotion de la variété des langues.

11Mais ces quelques traits communs ne permettent pas d’établir de réelle filiation entre les deux œuvres. Les colonnes d’équivalents lexicaux du Vocabulista peuvent être des expressions plutôt que de simples mots, mais elles ne sont pas des formulations proverbiales. Ce sont plutôt des expressions ou phrases courantes, à insérer dans des dialogues quotidiens, sans recherche d’effet stylistique (« demain il te fault lever a bonne heure, […] iay mal a la jambe que ie ne puis cheminer », « prins ung cheval va men trouver ung [49] », etc.). Le commentaire de Terence Cave peut être révisé : ces ouvrages semblent moins « concurrents » que complémentaires. Tous deux permettent de s’imprégner du français et de l’italien, mais avec un vocabulaire trivial et courant dans le Vocabulista, ce dont ne témoignent pas nécessairement les tournures facétieuses et imagées de la Bonne response. Ils apportent donc deux types de réponses différents. Le Vocabulista vise l’efficacité de la communication, alors que la Bonne response permet d’acquérir le sens de la formule : en utilisant les expressions proposées, on montre que l’on a de l’esprit, de la répartie. Cela pourrait correspondre à deux stades différents de maîtrise de la langue : le Vocabulista vise à l’acquisition du sens littéral, propre à la communication quotidienne, tandis que la Bonne response offrirait dans un second temps, pour les plus curieux ou les plus habiles, la possibilité d’enrichir cette base d’ornements rhétoriques, français comme italiens. Le Vocabulista et la Bonne response convoquent des fonctions du langage différentes : expressive d’une part, conative et poétique d’autre part.

Questions et réponses : des liens avec le Berlaimont

12La Bonne response est-elle utile à la conversation ? C’est le cas des Berlaimont, manuels d’apprentissage plurilingues composés principalement de dialogues, suivis d’un dictionnaire [50]. Ils n’intègrent l’italien qu’à partir de 1558, raison pour laquelle on choisira cette édition quadrilingue. Son titre, décliné en quatre langues, est tout d’abord italien : le Vocabulario de quatro lingue, francese, latina, italiana, et spagnola paraît à Louvain, chez Bartholomé de Grave. Son lieu d’édition l’éloigne de Paris ou de Lyon, mais les locuteurs et leurs manuels voyagent : les Berlaimont sont largement diffusés en Europe. Notre choix est également motivé par l’adresse « a toutes ieunes gens qui desirent acquerre sauoir et honeur », qui précise en effet : « Apres nous auons au lieu du Flamen mis l’Italien, diligement reueu et corrigé par Maistre Antoin Maria Calabria [51]. » Et si la Bonne response lui est de plus de dix ans antérieure, le plaisir les réunit. L’adresse au lecteur du Berlaimont mentionne que les exemplaires vendus ont « esté bien aggreable(s) et profitable(s) [52] » : les deux ouvrages rencontrent l’agrément du lecteur.

13Le but de ce Berlaimont est didactique : les lecteurs sont priés « de rendre (sic) peine d’apprendre ces quatre langues [53] ». La table débute par des objectifs d’apprentissage quadrilingues : « Ce present Liure est tresutile pour aprendre à lyre, escripre, & parler Françoys, Latin, Italien, & Espaignol [54] », tandis que la Bonne response est bilingue. Néanmoins, la préface du Berlaimont, qui suit l’avertissement au lecteur et expose le contenu de l’ouvrage, se divise en deux colonnes, l’une française et la seconde italienne [55] ; elle n’est pas exprimée en latin, ni en espagnol : ce propos introductif est visiblement bilingue, avec d’une part « La Table de ce liure » et d’autre part, en regard, « La Tavola di questo libro ». Par ailleurs, la présentation du premier chapitre mentionne qu’il contient « beaucoup de communes deuises » ; ces « communi ragionamenti » rappellent les « matieres, desquelles par honnesteté on peult user en toute compaignie », du sous-titre de la Bonne response. La présentation du second livre du Berlaimont annonce « beaucoup de motz vulgaires, en ordre de l’A, b, c, d, lesquez motz vous seront comme matiere, pour former et composer aultres propos et sentences de vous mesmes [56] » : l’écho est patent avec les sentences de la Bonne response, mais le Berlaimont ne comporte pas d’expressions dans sa partie lexicale, uniquement des colonnes de mots.

14Nicole Bingen précise qu’un des objectifs de la Bonne response est l’enrichissement de la langue française [57]. De la même façon, cette édition du Berlaimont semble accorder une place privilégiée au français. Il précise d’emblée que sa deuxième partie se termine par « l’art de parfaictement lire & parler François [58] », sans mention des autres langues, alors que l’ouvrage est quadrilingue. Le but n’est pas uniquement d’apprendre le français, mais ce dernier est, dans cette édition, une langue cible dont l’acquisition est favorisée. Le chapitre deux est proposé « pour aprendre à achepter & vendre en Françoys [59] », et ce, quelle que soit la métalangue (« Il Capitolo secondo. Per imparare à comprare & vendere in Francese[60] »). L’apprentissage du français est même mis en abyme lorsque l’un des personnages dit qu’il « aprent à parler Francoys [61] ». Quant au deuxième livre, il débute par un prologue certes quadrilingue, mais dont la première phrase mentionne explicitement, dans les quatre langues, que c’est un ouvrage « pour apprendre à parler Françoys [62] », qui présentera des listes lexicales par ordre alphabétique [63]. Le latin occupe la première colonne : il peut encore jouer le rôle de caution scientifique, voire servir de passerelle entre les vernaculaires, mais l’accès au français (qui occupe la deuxième colonne) se fait sans doute plus naturellement par l’italien ou l’espagnol. Le lectorat n’est pas nécessairement latiniste. Le français est de nouveau mis en évidence dans une section consacrée à sa prononciation : un propos bilingue, en latin et en italien, propose « De perfecta linguæ Gallicæ lectione » / « Per imparare leggere perfettamente Francese ». L’espagnol est exclu : l’objectif est de permettre aux Italiens de bien prononcer le français, en exposant une liste de règles, d’exceptions et d’exemples, en latin et en italien. Pareillement, le français est la langue cible lorsque l’ouvrage expose « La maniere d’orthographier la langue Françoyse, plus ample que parauant [64] » : le traité se présente uniquement en français. Seule la fin de l’ouvrage consacre une section à l’espagnol, avec « Modus legendi atque scribendi linguæ hispanicæ » / « La maniere d’escripre et de prononçer, la langue Espaignole [65] », mais le propos est très bref. Le français en premier lieu, l’italien en second, occupent une place de choix dans le Berlaimont ; ce sont ces deux mêmes langues qui constituent la Bonne response.

15Les deux ouvrages partagent un même registre, lorsque le Berlaimont met en scène le comique de la dispute. Dans le premier dialogue (« Ung convive de dix personaiges »), une mère s’adresse en ces termes à son fils : « mettez le sel premier, ne sauez vous retenier (sic) cela ? ie vous l’ay dict plus de vingt foys, vous n’aprenez riens, c’est grand honte [66] ». Le lecteur peut s’amuser de ces remontrances familiales. Dans le second, la querelle oppose une commerçante et son client [67]. Ces petites scènes de comédie prêtent à sourire, tout comme de nombreuses expressions de la Bonne response liées à la thématique du repas [68] ou du commerce [69]. Néanmoins, les lettres officielles du Berlaimont ne donnent pas l’occasion d’insérer des mots d’esprit. Une « response [70] » ou « riposta » suit la rédaction d’« Une lettre pour escrire à ses debteurs [71] », mais le ton est officiel et sobre, nullement facétieux.

16Les dialogues du Berlaimont proposent des expressions comme « Allez, Dieu vous conduyse [72] », « Dieu vous doint bon vespre [73] » ou « Il vault mieux se taire que mal parler [74] ». Ces dernières sont cependant assez rares et ce sont surtout des formules de salutation et de politesse. Les similitudes se situent plutôt du côté des questions usuelles échangées lors d’une rencontre : en témoigne le premier dialogue du Berlaimont [75], avec « Comment vous portez vous ? », « comment vous est-il ? bien ? », « N’est il point temps d’estre leué ? », « Ieunez vous encoire ? » ou « d’où venez vous ? » On en trouve aussi dans la Bonne reponse, qui propose la mise en scène d’un mini-dialogue. Le substantif « response » est mis en abyme : « Comment va ? Response : Comme la voyle au mylieu du maz, cest a dire moyennement [76] », qui traduit l’italien « Come stai ? Risposta. Come le vele in mezo à larboro, cioe mediocramente[77] ». Ce petit passage s’apparente au genre des dialogues, mais une double différence distingue les deux ouvrages : quantitative (avec seulement quatre occurrences de ce type dans la Bonne response) et rhétorique : la Bonne response ne propose que des formules, ici par comparaison marine à la voile d’un bateau, alors que les propos du Berlaimont (« Comment vous portez-vous ? Comment ie me porte, ie me porte bien, Dieu mercy [78] ») ne sont pas imagés.

17D’autres paroles rapportées ponctuent la Bonne response, au discours direct : le livret fait parler une femme [79], un marinier de la lune [80], saint Bernardin [81], un merle [82], celui qui ferait loi [83] et un méchant [84], mais il ne s’agit pas véritablement de dialogues. On pourra enfin s’amuser de la formule « Toute parolle, ne quiert response [85] », qui pourrait ironiquement remettre en cause l’utilité même du recueil. Là encore, les ouvrages sont moins ressemblants que complémentaires : le Berlaimont enseigne la conversation, la Bonne response apprend à l’enrichir. Cette hypothèse est confortée par le fait que tous deux circulent dans les milieux scolaires [86], sans empêcher, ni l’un ni l’autre, la possibilité d’un apprentissage autodidacte. Leur matériau moins savant que populaire l’encourage, au même titre que Juan de Valdés, à la même époque et dans des dialogues bilingues en français et en espagnol, privilégie l’apprentissage du castillan hors grammaire : les proverbes espagnols, « tirés de manière de dire populaires [87] », lui semblent plus adaptés « pour l’apprentissage d’une langue vulgaire, par essence vivante [88] ». Or, la Bonne response comme le Berlaimont peuvent accompagner une conception nouvelle de l’acquisition des vernaculaires, fondée sur les usages et le vocabulaire courants.

18Les traits communs qui réunissent les trois ouvrages sélectionnés ne suffisent pas à en faire un ensemble homogène, en termes de contenus comme d’objectifs. Et s’ils participent d’un même mouvement de démocratisation de l’écrit vernaculaire, leur comparaison révèle plutôt la singularité de la Bonne response, qui envisage les langues sous un angle moins didactique que divertissant : elle se distingue.

Spécificités de la Bonne response : ludique et mordante

19Qu’elle soit lue linéairement ou butinée à la manière d’une abeille [89], la Bonne response mélange les tons. Les expressions triviales, voire scatologiques côtoient des paroles d’inspiration biblique. Ce joyeux mélange a sans doute pour but de divertir, ce qui n’est pas l’objet premier du Berlaimont, et encore moins du Vocabulista. La Bonne response est un livret ludique d’amusement mondain, mais la distraction n’empêche pas l’attaque. Selon Nicole Bingen, « les proverbes de la Bonne Response n’ont pas, par exemple, l’ambition de désarçonner le lecteur pour l’induire à une réflexion sur le réel ni celle de s’en prendre, sous le masque du pur jeu verbal, à certaines personnalités ou groupes sociaux du temps [90] ». Or, si l’on reconnaît à ces proverbes leur fonction ornementale, des cibles sont identifiables. Certaines expressions sont des sarcasmes, des insultes plutôt que des proverbes. Et c’est particulièrement vrai au sujet de la femme : elle est très peu citée, au contraire des quelque deux cents expressions débutant par le masculin « il ». Sa représentativité est faible et lorsqu’elle est mentionnée, elle est toujours dépréciée, moquée, insultée. Si « le proverbe apparaît aussi comme le miroir d’une société [91] », il brosse ici de la femme un portrait particulièrement critique.

20En sélectionnant le corpus de citations sur les femmes, on souhaiterait appréhender les possibles spécificités de la Bonne response. Outre les nombreuses occurrences de « putains », la femme fait l’objet d’allusions grivoises [92]. L’hypozeuxe formée par la formule « Qui veult auoir bien un moys, tue son pourceau » immédiatement suivie de « Qui veult auoir bien un an, prenne femme [93] » rapproche la femme de l’animal. C’est également le cas avec « Dame bien dressee, mule encheuestree [94] », « Femmes et gellines, par trop aller dehors sesgarent [95] », « Femmes et chatz [96] » et « Femme, vin et cheuaulx, marchandise de tare [97] ». Moins qu’un animal, elle est une chose, dans le parallèle qu’établissent les deux expressions suivantes : « Aux hommes on baille des femmes, / Aux enfans baillez leur du pain », qui réunit moglie et pane à la rime [98]. La métaphore « Cest une caige, dune femme maigre [99] », n’est pas plus flatteuse. La femme a tous les défauts : elle est insincère (« Dame Bietrix, qui porte les patenostres (i pater nostri) et iamais ne les dit [100] »), voleuse (« Elle prent marchandise en cachette [101] »), sotte (« Les femmes de bien, nont n’yeulx n’oreilles [102] »), menteuse (« Les femmes quand elles se confessent disent tousiours ce quelles nont pas faict [103] ») et inconstante (« N’adiouste foy a femme aucune, / Elle change comme la lune [104] »). Elle est également bavarde (« Ou y a femmes a oysons / y a parolles et foisons [105] »), lascive (« Sa femme luy a faict les fuseaulx tortuz [106] »), infidèle (« Qui a belle femme, nest pas toute a luy [107] ») et colérique (« Sans le mauuais vent, et femme enraigee. / N’aurions mauuais temps, ne male iournee [108] »). Le mariage est une calamité (« Qui femme prend, ennuy prend [109] » et « Qui a haste se marie, sen repend a laise [110] ») ou un bonheur de courte durée (« Qui veult auoir bien un an, prenne femme [111] »). On ne regrette même pas la mort d’une épouse, puisque « Dueil de femme morte, dure iusques a la porte [112] ». Notre sélection grossit le trait, puisque le livret ne propose pas ces expressions les unes à la suite des autres. Par ailleurs, la place et la considération de la femme au xvie siècle ne sont évidemment pas les nôtres : la violence des propos doit être nuancée. Le recueil ne manque néanmoins ni de sel, ni de mordant, traits propres à la Bonne response.

21La vivacité des moqueries est particulièrement incisive lorsque le traducteur prend soin de reproduire en français l’homéotéleute italienne. L’expression « Sans le mauuais vent, et femme enraigee. / N’aurions mauuais temps, ne male iournee [113] » déprécie la femme, mais surtout décalque, avec d’autres phonèmes concordants, l’assonance italienne que composent « vento » / « tempo » et la rime que forment « matta » / « giornata[114] ». Ce n’est pas systématique, mais en tant que « forme-pensée aboutie [115] », une sentence peut être considérée dans sa dimension esthétique. Ce caractère à la fois ludique et prosodique démarque La Bonne Response du Vocabulista ou du Berlaimont : ils ne considèrent du langage que le sens premier, dans son acception la plus courante, alors que dans ce corpus consacré à la femme, plusieurs expressions sont rythmées. Certaines, binaires, présentent un nombre de syllabes identique dans chaque segment. « Amour de putain, et vin de flascon, sil vault au matin, le soir n’est plus bon [116] » fournit l’exemple de segments réguliers de cinq syllabes. D’autres expressions sont cadencées par un redoublement de sept, huit ou neuf syllabes, tandis que certaines forment des alexandrins, comme « Bon cheual et mauuais cheual veult lesperon. / Bonne femme et mauuaise femme veult baston [117] ». Cette stricte correspondance ne se retrouve pas systématiquement dans la formule italienne : c’est en français que l’on entend la régularité rythmique. Elle double l’agrément de la lecture d’une facilité de mémorisation. L’isocolie est également renforcée par une symétrie syntaxique dans « A ces ieunes, les bons boccons, / Aux vieilles les estranguillons [118] » : la rime italienne que forment « bocchoni » et « strangoloni » ne se perd pas, elle se transforme en rime en [õ] en français. La cadence de la formule est préservée. Le principe est le même pour « oysons » et « foisons [119] » qui reprennent « ocche » et « poche », dans une variante respectueuse de l’homéotéleute. On relèvera en souriant l’écriture mimétique de la formule suivante : « Les femmes diminuent comme faict la casse, a cinq pour cent [120] » ; les segments « diminuent » eux aussi, en passant de six, à cinq puis quatre syllabes. Il n’est pas possible de prouver que le procédé est volontaire de la part du traducteur, mais il est certain qu’il peut séduire un lecteur attentif au rythme du français. En cela, la Bonne response promeut sans doute moins l’italien que le français, mais participe au rayonnement des deux. Elle fait entendre la musique du français, audible grâce à celle de l’italien, sous le patronage implicite de leur racine latine. Quant au caractère parfois énigmatique des formules, il participe de leur attrait, pour confiner aux jeux de sons plus encore qu’aux jeux de mots, quand le sens lui-même échappe au lecteur. Une « syntaxe resserrée et (une) disposition phonique frappante [121] », habituelles dans les proverbes, caractérisent l’immense majorité des formules : elles soulignent la dimension ludique du propos.

22Ainsi, le livret vise à plaire, si l’on applique au verbe deux sujets distincts : d’une part, le recueil plaît, et d’autre part, il se destine à un lecteur qui peut chercher à plaire par son discours, notamment par l’invective. L’attirance opère à deux niveaux, ce qui conforte l’idée d’une « séduction proprement esthétique exercée par le discours gnomique, à la fois ornement et caution du discours [122] », ici imagé et caustique.

23Le Vocabulista, la Bonne response et le Berlaimont permettent tous trois un apprentissage vernaculaire, en apportant trois « réponses » différentes, mais complémentaires. En usant du lexique du Vocabulista pour construire les dialogues du Berlaimont, potentiellement enrichis des formules de la Bonne response, un lecteur qui posséderait les trois ouvrages pourrait sans doute assez habilement s’exprimer en société. Ces trois livres permettent de circuler d’une langue à l’autre, ils participent de la visibilité et du développement du français et de l’italien. Ils encouragent la démocratisation de leur lecture et de leur pratique, ils contribuent à renforcer le polyglottisme européen. Les deux derniers se rejoignent même dans une acception plus tardive de « réponse » au sens de « jeu en dialogue [123] ». Si la teneur satirique de la Bonne response en fait un recueil singulier, sévère envers les femmes, il revêt en outre une dimension esthétique. Sans doute ces trois ouvrages se retrouvent-ils sur l’idée que « Les lettres sont aux studieux, / Les richesses aux conuoiteux [124] ». Les formules propres à la Bonne response sont plaisantes à lire autant qu’à dire, mais le Vocabulista et le Berlaimont font eux aussi entendre les vernaculaires, fait neuf et remarquable : ces ouvrages accélèrent leur expansion, d’autant plus sûrement que tous trois rencontrent un réel succès.

24La Bonne response n’a pas fourni de matériau aux dictionnaires bilingues français/italien qui paraissent dans le dernier quart du siècle : en 1598, Pierre Canal augmente le Dictionnaire François et Italien de Giovanni A. Fenice d’une « infinité de mots et manieres de parler tirees de Bocace, Petrarque, Dante, Ariosto […] [125] ». Néanmoins, ces ouvrages se retrouvent sur le thème de l’agrément : le Fenice est « profitable et necessaire à ceux qui prenent plaisir en ces deux langues [126] ». En toute fin de siècle, Pierre Canal témoigne encore des accointances liant les deux peuples et leurs langues, « à bon droit recerchees par ceux qui non seulement desirent de conuerser és cours des grands de ce temps, mais de tous ceux qui prennent plaisir à bien et disertement parler [127] ». Ce portrait peut définir les lecteurs de la Bonne response. Quelque quarante ans avant le Fenice, elle répond à l’envie de se divertir et de s’instruire, par la fantaisie de ses formules : sans doute doit-on veiller, comme le dit Érasme, à en user non pas « comme d’aliments, mais comme de condiment, c’est-à-dire non pas à satiété, mais pour l’agrément [128] ».


Date de mise en ligne : 07/06/2021

https://doi.org/10.3917/rhren.092.0171

Notes

  • [1]
    Le proverbe italien « I fatti sono mocschi (sic pour maschii), / Le parole femine » et sa traduction française figurent dans la Bonne response a tous propos. Liure fort plaisant et delectable, au quel est contenu grand nombre de Prouerbes, et sentences ioyeuses, et de plusieurs matieres, desquelles par honnesteté on peult user en toute compaignie. Traduict de la langue italiene (sic) et reduyt en nostre vulgaire françoys, par ordre d’alphabet, Paris, Gilles Corrozet, Arnoul L’Angelier et Étienne Roffet, 1547. On se reportera au fac-similé édité par Gesinus G. Kloeke, publié à Amsterdam par la Noord-Hollandsche Uitgevers Maatschappij, en 1960, p. 104. Désormais Bonne response 1547. Les formules seront reproduites à l’identique, sans que leur sens soit toujours accessible. Le proverbe énoncé en titre se trouve également dans le Tresor de sentences dorées, dicts, proverbes & dictons communs de Gabriel Meurier, paru à Lyon, chez Jean d’Ogerolles, en 1577 : « Paroles sont femelles, et les faits masles », p. 153. Un écho entre les deux œuvres se lit dans l’adresse au lecteur de Meurier, qui stipule que son livre servira « à promptement respondre à tous propos », p. 6. Le proverbe n’est pas répertorié dans le Nouveau dictionnaire historique des locutions de Giuseppe Di Stefano.
  • [2]
    Henri Estienne, Proiect du livre intitulé De la precellence du langage François, Paris, Mamert Patisson, 1579, p. 161.
  • [3]
    Jean Balsamo, « La France et sa relation à l’Italie au xvie siècle (bibliographie 1985-1994) », Nouvelle revue du xvie siècle, n° 13-2, 1995, p. 268.
  • [4]
    Ibid.
  • [5]
    Paola Cifarelli, « Fable et proverbe. L’exemple de la tradition ésopique française au xvie siècle », Tradition et créativité dans les formes gnomiques en Italie et en Europe du Nord (xive-xviie siècles), dir. Perrine Galand, Turnhout, Brepols, 2011, p. 57.
  • [6]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs (Jean-Antoine de Baïf, Pierre de L’Estoile et d’autres) », La lecture littéraire, 2003, t. 7, p. 98. L’attribution est confirmée par Magali Vène, dans ses travaux sur Gilles Corrozet (« “Pour ce qu’un bien caché […] ne peult proffiter à personne”, “j’ay prins d’aultruy la pierre et le ciment”. Gilles Corrozet, auteur et libraire, passeur de textes », Passeurs de textes. Imprimeurs et libraires à l’âge de l’humanisme, dir. Christine Bénévent, Anne Charon, Isabelle Diu et M. Vène, Paris, Publications de l’École nationale des chartes, 2012, p. 199-213 ; mis en ligne en 2018, < https://books.openedition.org/enc/543 >, voir § 34). Nos remerciements vont à Nicole Bingen pour ses précisions bibliographiques.
  • [7]
    Émile Droz, « Bonne response a tous propos (1547), édition en fac-similé by G. G. Kloeke », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, n° 25-2, Genève, Droz, 1963, p. 451.
  • [8]
    Voir Jean Vignes, « Pour une gnomologie : Enquête sur le succès de la littérature gnomique à la Renaissance », Seizième Siècle, n° 1, 2005, p. 175-211. Son introduction fait état du désintérêt moderne dont pâtissent injustement les recueils gnomiques, encore méconnus, dont il se propose de dresser un panorama.
  • [9]
    Jean Balsamo, Vito Castiglione Minischetti et Giovanni Dotoli, Les Traductions de l’italien en français au xvie siècle, Fasano/Paris, Schena editore/Hermann éditeurs, 2009, p. 138-141.
  • [10]
    Andrew Pettegree, Malcolm Walsby et Alexander Wilkinson, French vernacular books, Leyde/Boston, Brill, 2007, t. 1, p. 186.
  • [11]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 99.
  • [12]
    Jacques Bourgoing, De origine usu et ratione vulgarium vocum linguæ gallicæ, italicæ et hispanicæ, Paris, Étienne Prevosteau, 1583, f. 27 r°.
  • [13]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 99-100.
  • [14]
    Nicole Bingen, Philausone (1500-1660), Répertoire des ouvrages en langue italienne publiés dans les pays de langue française de 1500 à 1660, Genève, Droz, 1994, p. 396-397.
  • [15]
    Bonne response 1547, préface de Gesinus G. Kloecke, p. 4.
  • [16]
    Le Vocabulista et le Berlaimont sélectionnés paraissent dans un format plus grand, in-4, ce qui ne les empêche pas d’être maniables et facilement déplaçables.
  • [17]
    Bonne response 1547, f. A i v°.
  • [18]
    Ibid., f. A ii r°.
  • [19]
    Ibid., f. A iii r°.
  • [20]
    Ibid., Messine (p. 3), Venise (p. 5, 175), Bologne (p. 16), Padoue (p. 16, 19), Chypre (p. 38), Senegal (p. 68, 170-171), Sucagne (p. 44), Rome (p. 68, 147, 186), Marcon (p. 92), la Lombardie (p. 106, 159), la Bresse (p. 164), Gennes (p. 169), Tarles (p. 170), Ravenne (p. 175).
  • [21]
    Ibid., f. A iii r°.
  • [22]
    Ibid.
  • [23]
    Ibid., f. A iii v°.
  • [24]
    Les deux langues, l’italien puis le latin, sont conjointement utilisées dans une seule et même expression.
  • [25]
    Bonne response 1547, p. 6.
  • [26]
    Ibid., p. 14.
  • [27]
    Ibid., p. 68.
  • [28]
    Ibid., p. 8, 12-13, 105, 128 et 163.
  • [29]
    Ibid., p. 14.
  • [30]
    Ibid., p. 9.
  • [31]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 111.
  • [32]
    Émile Droz, « Bonne response a tous propos (1547)… », art. cit., p. 451.
  • [33]
    [Anonyme], Introductio quædam utilissima sive vocabularius quattuor linguarum latinæ, italicæ, gallicæ et alamanicæ, per mundum versari cupientibus summe utilis, Rome, Giacomo Mazzocchi, 1510.
  • [34]
    Terence Cave, Pré-Histoires II, Langues étrangères et troubles économiques au xvie siècle, Genève, Droz, 2001, p. 49.
  • [35]
    Le français est présent dans la série des Berlaimont dès l’édition de 1511, dans le Vocabulaire pour apprendre à bien lire, escripre et parler françoys et flameng, paru à Anvers chez Willem Vorsterman.
  • [36]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 110.
  • [37]
    Francesco Garrone, Quinque linguarum utilissimus vocabulista, Latine, Tusche, Gallice, Hyspane & Alemanice, Lyon, Jacques Moderne, 1542, f. A ij r°. Désormais Vocabulista 1542.
  • [38]
    Ibid., f. A ij r°.
  • [39]
    Jacques Pineaux, « Bonne response à tous propos (1547) by G. G. Kloeke », Revue d’Histoire littéraire de la France, n° 62-4, 1962, p. 596.
  • [40]
    Bonne response 1547, p. 48. Cette expression n’est pas répertoriée dans le dictionnaire de Di Stefano, qui mentionne uniquement au sujet de diable, sous l’entrée « grif, griffe, grau » : « On cognoist le diable a ses griffes ».
  • [41]
    Bonne response 1547, p. 23. Nous n’avons rien trouvé de semblable, ni même d’approchant, relatif à la cage, dans le dictionnaire de Di Stefano.
  • [42]
    Ces expressions italiennes ne figurent pas dans le Vocabolario degli Accademici della Crusca (1612), ni dans le Tesoro della Lingua Italiana delle Originihttp://tlio.ovi.cnr.it/TLIO/ > (désormais TLIO). Elles ne se trouvent pas davantage sous les entrées « griffe », « gallo » ou « magra » du Grande Dizzionario Della Lingua Italiana (désormais GRADIT). S’il ne s’agit pas d’expressions lexicalisées, elles n’en sont pas moins traduites mot à mot en français.
  • [43]
    Bonne response 1547, « Au pays des aueugles, qui n’a qu’un œil est appelle monsieur » (p. 11) : le dictionnaire de Di Stefano propose une expression approchante, mais différente, avec « Entre aveugles, borgnes sont esleuz roys », et il en va de même pour le Cotgrave, avec « un borgne est roy au païs des aveugles » ; « Il se noye dens une goutte deau » (p. 84) n’est présent ni dans le Di Stefano, ni dans les Proverbes français antérieurs au xve siècle de Joseph Morawski (Paris, Champion, 1925) ; le cas de figure est le même pour « Il promet mer et montaignes » (p. 85), « Il vend la peau deuant qui ayt prins lours » (p. 86-87) et « Per tout Apuril, ne te doibs descouurir » (p. 119) ; « Qui tout embrasse, rien nestraint » (p. 144) est proche mais différent des deux formules « Qui trop embrasse pou estreint » et « Qui trop embrasse peu mal estreint », proposées dans le Di Stefano ; « Tant va la cruche au puitz, quelle y laisse le manche » (p. 164) ne figure pas dans le Di Stefano, qui propose comme expression approchante « Tant va la cruche à l’eaue que le cul y demeure ». Ces exemples illustrent l’opération de calque opérée sur les expressions italiennes, traduites littéralement.
  • [44]
    Vocabulista 1542, f. A ij r°.
  • [45]
    Ibid.
  • [46]
    Ibid., f. F iij r°.
  • [47]
    Ibid., f. A iij v°.
  • [48]
    Ibid., f. S iij v°.
  • [49]
    Ibid.
  • [50]
    Voir Maria Colombo Timelli, « Aspetti didattici nei dizionari plurilingui del xvi-xvii secolo : il “Berlaimont” », Quaderni del CIRSIL, 2, 2003, p. 1-11.
  • [51]
    Noël de Berlaimont, Vocabulario de quatro lingue, francese, latina, italiana, et spagnola, Louvain, Bartholomé de Grave, 1558, f. A ij v°. Désormais Berlaimont 1558.
  • [52]
    Ibid.
  • [53]
    Ibid.
  • [54]
    Ibid., f. A iij r°.
  • [55]
    Ibid.
  • [56]
    Ibid., f. L iiij v°.
  • [57]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 108.
  • [58]
    Berlaimont 1558, f. A iij r°.
  • [59]
    Ibid., f. F v°.
  • [60]
    Ibid., f. F ij r°.
  • [61]
    Ibid., f. B ii v°.
  • [62]
    Ibid., f. L iiii v°.
  • [63]
    Ibid., f. M. v° et sq.
  • [64]
    Ibid., f. T r°.
  • [65]
    Ibid., f. V ij r°.
  • [66]
    Ibid., f. B v°.
  • [67]
    Ibid., f. G v° et sq.
  • [68]
    Bonne response 1547, « A la chère on cognoist les gens » (p. 4), « Au menger et au chier, l’homme se doibt despecher » (p. 5), « Bon vin, longue fable » (p. 14), dont le proverbe italien correspondant « buon vino lunga favola » est répertorié sous l’entrée « vino » du GRADIT, « Demande a l’hoste s’il a bon vin » (p. 32), etc.
  • [69]
    Ibid., « A bonne heure au marche, et tard a la boucherie » (p. 2), dont l’italien correspondant n’est pas répertorié dans le GRADIT, ni dans le Vocabolario degli Accademici della Crusca (1612), ni dans le TLIO. Nous n’y avons pas davantage identifié les équivalents de « Elle prent marchandise en cachette » (p. 37), de « Femme, vin et cheuaux, marchandise de tare » (p. 42) et de « Iamais ne demeure chair en la boucherie. Quelque meschante quelle soit » (p. 55).
  • [70]
    Berlaimont 1558, f. K v°.
  • [71]
    Ibid., f. I iiij v°.
  • [72]
    Ibid., f. A iiii v°.
  • [73]
    Ibid.
  • [74]
    Ibid., f. D ij v°.
  • [75]
    Ibid., f. A iij v°.
  • [76]
    Bonne response 1547, p. 20.
  • [77]
    L’expression proposée ne figure pas dans le GRADIT, ni dans le Vocabolario degli Accademici della Crusca (1612), ni dans le TLIO, ni dans le Cinquecentine della Crusca.
  • [78]
    Berlaimont 1558, f. A iii v°.
  • [79]
    « Ie ne scay sil ira bien disoit la femme qui bailloit un chystere a son mary, auec une tuille ronde » (Bonne response 1547, p. 52).
  • [80]
    « Affin que la quinziesme ne te face tort, dit le marinier de la lune » (ibid., p. 10).
  • [81]
    « De qui ie me fie dieu me garde, / Qu’a qui ne me fie prendray garde. / Disoit S. Bernardin de feltre » (ibid., p. 30).
  • [82]
    « Et deux, disoit le merle » (ibid., p. 40).
  • [83]
    « Il y a par tout affaire, disoit celluy qui ferroit loye » (ibid., p. 71).
  • [84]
    « Nye tout, et tien bonne mine. / dit le meschant » (ibid., p. 114), « Ou de vray ou de menterie, fault entretenir sa mesgnie. dit le meschant » (ibid., p. 118).
  • [85]
    Ibid., p. 165.
  • [86]
    Nicole Bingen évoque une diffusion de la Bonne Response dans les milieux scolaires (Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 102). On suppose que le professeur aura écarté les formules les moins élégantes.
  • [87]
    Juan de Valdés, Dialogue de la langue, Diálogo de la lengua, trad. Anne-Marie Chabrolle-Cerretini, Paris, Champion, 2008, p. 29.
  • [88]
    Anne-Marie Chabrolle-Cerretini, « Les proverbes du Diálogo de la lengua de Juan Valdés au cœur d’un débat espagnol sur la norme de la langue vulgaire », Les Proverbes dans l’Europe des xvie et xviie siècles : réalités et représentations, dir. Mary-Nelly Fouligny et Marie Roig Miranda, Nancy, Université de Nancy II, 2013, p. 379.
  • [89]
    « Face donc chascun de vous, lecteurs, ainsi que les mousches es iardins, et prenne familierement ce que propre luy semblera, par ce moyen en goustant de l’un et de l’autre » (Bonne response 1547, f. A iii v°).
  • [90]
    Nicole Bingen, « La Bonne Response à tous propos (1547) et ses lecteurs… », art. cit., p. 107.
  • [91]
    Mary-Nelly Fouligny, « Avant-propos », Les Proverbes dans l’Europe des xvie et xviie siècles : réalités et représentations, Nancy, Université de Nancy II, 2013, p. 7
  • [92]
    Bonne response 1547, « Poissons et femmes / Sont meilleurs soubz le ventre » (p. 124), « Toute femme est chaste / S’elle n’a qui la pourchasse » (p. 165), « Un poil de con attire plus, / Que ne font cent paires de boeufz » (p. 178), « La femme qui se faict cheuaucher » (p. 182).
  • [93]
    Ibid., p. 152.
  • [94]
    Ibid., p. 28.
  • [95]
    Ibid., p. 42.
  • [96]
    Ibid.
  • [97]
    Ibid.
  • [98]
    « A gl huomini, dateli moglie, / A i putti, dateli pane » (ibid., p. 7). Les enfants ne sont guère représentés : comme pour les femmes, les rares expressions qui les concernent sont dépréciatives, à l’image de « Enfans et sotz sont deuins », « Enfans et pouletz chient par tout a la maison » et « Enfans sont abusez de parolles, et les hommes de serment » (ibid., p. 39).
  • [99]
    Ibid., p. 23. Expression déjà citée plus haut (voir note 41).
  • [100]
    Ibid., p. 27-28.
  • [101]
    Ibid., p. 37.
  • [102]
    Ibid., p. 104.
  • [103]
    Ibid., p. 105.
  • [104]
    Ibid., p. 112.
  • [105]
    Ibid., p. 119.
  • [106]
    Ibid., p. 156. Le fuseau désigne « aussi bien le pénis que les pudenda », selon le Dictionnaire érotique de Rose M. Bidler. On y trouve également l’expression « Tordre la fusée avec quelqu’un » (et non les fuseaux), sachant que la fusée est le phallus.
  • [107]
    Ibid., p. 136.
  • [108]
    Ibid., p. 156.
  • [109]
    Ibid., p. 132.
  • [110]
    Ibid., p. 133.
  • [111]
    Ibid., p. 152.
  • [112]
    Ibid., p. 34.
  • [113]
    Ibid., p. 156.
  • [114]
    Les phonèmes sont parfois exactement les mêmes dans les deux langues : « Attendre, et ne point venir, / Estre au lict, et ne poinct dormir, / N’estre a gré, pour bien seruir, / Sont trois choses pour mourir », correspondant aux verbes italiens « vegnir », « dormir », « aggradir » et « morir » (ibid., p. 10).
  • [115]
    Florence Dumora, « Sagesse et poésie : vers une définition poétique du proverbe », Les Proverbes dans l’Europe des xvie et xviie siècles : réalités et représentations, Nancy, Université de Nancy II, 2013, p. 540.
  • [116]
    Bonne response 1547, p. 8. Le même schéma rythmique se retrouve dans « Dame bien dressee, mule encheuestreé » (p. 28) et « Femme de larron, ne rit pas tousiours » (p. 43).
  • [117]
    Ibid., p. 15.
  • [118]
    Ibid., p. 7. Le « boucon » est un morceau (qui se mange), l’« étranguillon » est une angine (DMF 2015).
  • [119]
    Ibid., p. 119.
  • [120]
    Ibid., p. 93.
  • [121]
    Florence Dumora, « Sagesse et poésie : vers une définition poétique du proverbe », art. cit., p. 543.
  • [122]
    Pascal Debailly et Jean Vignes, « Fonction éthique et sociale (Quattrocento-xvie s.) », Poétiques de la Renaissance. Le modèle italien, le monde franco-bourguignon et leur héritage en France au xvie siècle, dir. Perrine Galand-Hallyn et Fernand Hallyn, Genève, Droz, 2001, p. 365.
  • [123]
    FEW X, 312b (attesté au xixe siècle).
  • [124]
    Bonne response 1547, p. 93.
  • [125]
    Giovanni A. Fenice, Dictionnaire françois et italien, dir. Pierre Canal, Paris, Jacques Chouet, 1998, page de titre. Désormais Fenice 1598.
  • [126]
    Giovanni A. Fenice, Dictionnaire François et Italien, Morges, Nicolas Nivelle, 1584, page de titre.
  • [127]
    Fenice 1598, f. 3 r°.
  • [128]
    Érasme, Adages, dir. Jean-Christophe Saladin, Paris, Les Belles Lettres, 2011, p. 31.

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