Cet article interroge le double jeu du dispositif hyperbolique dans les œuvres de Bodin, Boguet, Le Loyer et De Lancre. S’il n’est pas surprenant que l’hyperbole soit utilisée dans ces exposés qui prétendent éclairer le mal, l’exagération a aussi tendance à mettre dangereusement en lumière Satan et ses sujets. En obscurcissant certaines informations et en ouvrant la porte au fantasme grâce à divers phénomènes linguistiques, le discours démonologique détourne les lecteurs vers les voies de l’irrationnel. On montrera donc que les auteurs s’essaient à un exercice de rhétorique ambigu dont le style dramatisant mime finalement ce que l’écriture exècre : l’abondance, l’absence de clarté ou encore la manipulation.
From the revelation of evil to trickery : hyperbolic devices in four demonologic essays at the turn of the 16th and 17th centuries (Bodin, Boguet, Le Loyer and De Lancre)
This paper questions the double role of hyperbolic devices in the works of Bodin, Boguet, Le Loyer and De Lancre. While it does not come as a surprise that hyperboles are used in those accounts which pretend to shed light on evil, exaggeration also tends to dangerously highlight Satan and his minions. As it overshadows some information and paves the way for fantasy through various linguistic phenomena, the demonologic essay diverts its readers towards the paths of the irrational. This paper will thus show how the authors dabble in an ambiguous rhetorical exercise whose very dramatic style comes to mimic what the writing so loathed : abundance, lack of clarity and manipulation.
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