Au début de l’année 2023, un livre étrange, fort de 325 pages, a fait son apparition dans les librairies : Histoire d’une falsification. Vichy et la Shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif. Les auteurs : un professeur d’histoire émérite, Jean-Marc Berlière, 75 ans, connu pour ses travaux sur la police des années noires, et deux historiens amateurs, Emmanuel de Chambost (75 ans, ingénieur à la retraite) et René Fiévet (71 ans, ancien économiste), actifs au sein de l’association HSCO (Pour une histoire scientifique et critique de l’Occupation, p. 153-169). La maison d’édition : l’Artilleur, spécialisée dans la publication d’essais présentés comme « anticonformistes », dénonçant les supposés mensonges du GIEC sur le climat ou contestant la réalité du génocide des Tutsis, notamment.
L’idée d’Histoire d’une falsification serait née, lit-on, de la « stupéfaction » des auteurs lorsqu’ils ont pris connaissance du discours d’Emmanuel Macron prononcé dans le cadre des commémorations du 80e anniversaire de la grande rafle parisienne de juillet 1942 (dite du Vel d’Hiv) ayant entraîné la déportation et l’extermination, à Auschwitz-Birkenau, de plus de 12000 hommes, femmes et enfants juifs, préalablement internés et séparés dans des conditions abominables par les autorités françaises aux ordres d’un gouvernement collaborant avec l’occupant nazi.
Dans ce discours, le président de la République rappelait le calvaire subi par les victimes, flétrissait la politique criminelle « de l’État français de Pétain, Laval, Bousquet, Darquier de Pellepoix », et soulignait que « la République et l’esprit de la France n’étaient pas à Vichy » mais qu’ils s’incarnaient dans les policiers qui laissèrent échapper des juifs, dans les mots de Mgr Saliège (s’élevant publiquement, le 23 août 1942, contre les rafles de juifs étrangers), dans l’héroïsme des résistants Daniel Cordier ou Lucie Aubrac, sans oublier (curieuse hiérarchie) Londres et le général de Gaulle…