Notes
-
[1]
Voir David BEAURAIN, « La fabrique du portrait royal », in Thomas W. GAEHTGENS, Christian MICHEL, Daniel RABREAU, Martin SCHIEDER (éd.) L’art et les normes sociales au XVIIIe siècle, Paris, Éditions de la MSH, 2002, p. 251-256.
-
[2]
Cromot du Bourg de 1771 à 1786, puis son fils, Cromot de Fougy, de 1786 à 1790, exercèrent ces fonctions. Ils sont l’objet de notre thèse de doctorat en cours. Leur successeur, Pétigny, n’est pas l’objet de cette étude car son action prend place durant la Révolution française.
-
[3]
Charles-Robert Cromot était fils de Jean Cromot, mort en 1686, dont la famille était alliée, entre autres, aux Clugny. Voir Sylvie NICOLAS, Les derniers maîtres des requêtes de l’Ancien Régime (1771-1789). Dictionnaire prosopographique, Paris, Mémoires et documents de l’Ecole des chartes n° 51,1998, p. 151.
-
[4]
Détail significatif, lorsque l’on sait que Cromot du Bourg mourut visiblement prématurément, à l’âge de soixante et un ans.
-
[5]
Jean-François MARMONTEL, Mémoires, édition de Maurice Tourneux, Paris, 1891, t. II, 5, p. 10-11.
-
[6]
Ibidem, p. 13.
-
[7]
Voir Michel ANTOINE, Le Cœur de l’État. Surintendance, contrôle général et intendances des finances.1552-1791, Paris, Fayard, 2003, p. 472.
-
[8]
Gustave SCHELLE, Du Pont de Nemours et l’école physiocratique, Paris, 1888, p. 32-35.
-
[9]
D’HOZIER, Armorial général ou Registres de la noblesse de France, Paris, 1754, Firmin - Didot reprint, Paris, 1908.
-
[10]
Duc de CHOISEUL, Mémoires, Paris, rééd., Mercure de France, 1987, p. 203.
-
[11]
Sur la carrière de Cromot du Bourg au Contrôle général, voir Joël FÉLIX : Finances et politiques au siècle des Lumières. Le ministère L’Averdy,1763-1768, Paris, Comité pour l’Histoire Économique et Financière de la France, 1999, p. 208,343,350,454,457,473.
-
[12]
13. Voir entre autres, PETIT DE BACHAUMONT, Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres en France depuis MDCCLXII jusqu’à nos jours ou Journal d’un amateur, etc., Londres, 1781, t. XV, p. 188-189,17 juin 1780. Et t. XVI, p. 15-16,6 octobre 1780, ou encore t. XXV, 24 février 1782.
-
[13]
Archives Nationales, Paris (désormais AN), R5 56, Nomination des officiers de Monseigneur le Comte de Provence faite par le Roy le 15 décembre 1770.
-
[14]
AN, R5 523, Etat du prix des charges de la Maison de Monsieur, sans date.
-
[15]
AN, R5 56, voir note 14 supra.
-
[16]
Dieter GEMBICKI, Histoire et politique à la fin de l’Ancien Régime. Jacob-Nicolas Moreau (1717-1803), Paris, Nizet, 1979.
-
[17]
Voir Sandrine BULA, L’Apanage du comte d’Artois (1773-1790), Paris, Mémoires et Documents de l’École des Chartes n° 38,1993.
-
[18]
AN, R5 10, p. 297, Mémoire du 20 mars 1779.
-
[19]
AN, R5 3, p. 386, Mémoire du 31 octobre 1774.
-
[20]
AN, R5 488, Correspondance, 4 février 1776.
-
[21]
AN, R5 430, p. 75, Mémoire du premier juillet 1780. Voir aussi les multiples projets de reconstruction tout au long des Décisions et Ordonnances de Monsieur, R5 12-28, passim.
-
[22]
AN, R5 141, Décisions et Bons de Monsieur, Vendôme, réparations du Château, au Conseil tenu à Versailles le 18 mars 1780. Mémoire.
-
[23]
AN, R5 8, p. 508,28 mars 1778; les réparations de l’église de Sénart demandées par les ermites (sic) de la ville sont accordées par Monsieur.
-
[24]
AN, R5 2, pp.90-102, Mémoire du 28 mars 1773.
-
[25]
Nommé le 5 juin 1773, AN, R5 2, Mémoire du 5 juin 1773.
-
[26]
AN, R5 431, p. 3, Travail du 7 janvier 1781.
-
[27]
AN, R5 218, pp.45-47, Conseil tenu au Luxembourg, Monseigneur étant présent, du 9 mai 1785.
-
[28]
Baron de LAMOTTE-LANGON, op. cit., t. II, 85-87.
-
[29]
AN, R5 218, p. 45-47, Conseil tenu au Luxembourg, Monseigneur étant présent, du 9 mai 1785.
-
[30]
AN, R5 1, p. 39-144
-
[31]
32 AN, M.C., Et. / XCIX/701, Testament de M. Cromot, 2 octobre 1786.
-
[32]
AN, R5 7, p. 435,1er novembre 1777, Règlement qui assigne à chacun des serviteurs de Monsieur à Brunoy les fonctions de leurs places et que le Gouverneur veut et ordonne être observés dans les châteaux du Prince.
-
[33]
Baron de LAMOTTE-LANGEON (attribué au), Mémoires de Louis XVIII, Paris, 1832, chap. VI, p. 58.
-
[34]
AN, R5 38, Mémoire du 17 juillet 1779.
-
[35]
Cromot conseille à ses enfants de s’en rapporter « à la décision de personnes sages et éclairées, et dans le choix de ces personnes, je leur prescris notamment celui de M. le comte d’Angiviller mon respectable ami […] », AN, M.C., Et./XCIX/701, Testament de M. Cromot, 2 octobre 1786.
-
[36]
Lors des célébrations données à Brunoy en 1776 et 1780, il est gratifié en échange de ses peines d’une « magnifique boîte enrichie de diamants remise de la part du roi et de la reine, à l’occasion de la fête que Monsieur a donné à Brunoy à la Reine », Papillon de la Ferté, op. cit., note 7, 19 novembre 1776, p. 401.
-
[37]
AN, R5 21, p. 237, Mémoire du 26 août 1784.
-
[38]
AN, R 5523, État du prix des charges de la Maison de Monsieur, s.d.
-
[39]
AN, R5 41,42, Comptes généraux.
-
[40]
Sur Jean-François-Thérèse Chalgrin, voir Michel GALLET, Les Architectes parisiens du
-
[41]
Christian MICHEL, Charles-Nicolas Cochin et l’art des Lumières, Rome, École française de Rome, 1993
1Dans l’histoire du goût et des courants artistiques de la fin du XVIIIe siècle, le comte de Provence (1755-1824) est resté négligé. Pourtant, le futur Louis XVIII n’a pas été le personnage falot, superficiel et empoté que les caricaturistes se sont complus à décrier avant la Révolution française. Or, ce prince a mené une véritable action artistique qui pourrait à bon droit l’inscrire dans le vaste courant des mécènes de son temps. La diversité de ses intérêts le place cependant dans une catégorie particulière : l’amateur, plus que celle du collectionneur. C’est moins l’accumulation que la délectation qui ravit Monsieur. Lettres, bâtiments, peinture ou sciences suscitent sa curiosité, avec une prédilection très nette pour les arts appliqués. Avec son « Musée », sa manufacture de porcelaine et son propre mode de vie, le comte de Provence apparaît d’une originalité déconcertante : son éclectisme pourrait-il être une nouvelle forme d’encyclopédisme ? Entre les arts et les sciences, son cœur hésite. Dans cette perspective, il fait figure de prince plus éclairé qu’on ne l’a écrit. Il n’est ni conservateur ni avant-gardiste, mais se situe dans une juste mesure entre son rang, ses intérêts, son goût et ses finances. L’analyse de son administration laisse envisager l’influence capitale d’un personnage, le surintendant des Finances et des Bâtiments. Les relations particulières que Cromot du Bourg, puis son fils et successeur, Cromot de Fougy, entretinrent avec Monsieur, sont exceptionnelles. Complicité, confiance et fidélité restent hors du commun à une époque où les autres maisons princières connaissaient un renouvellement fréquent des personnels. Pendant vingt ans, le surintendant a pu exercer une vraie tutelle sur les choix princiers. Il est alors possible d’examiner l’ambiguïté des choix artistiques du comte de Provence. Les enjeux de pouvoir, de politique, de prestige et de libéralité le disputent alors aux aspirations intimes d’un prince qui se disait ami des arts. Monsieur et les Lumières, telle est l’image paradoxale que nous renvoie l’analyse de ses relations avec son surintendant.
ÉDUCATION ET GOÛT ARTISTIQUE DU COMTE DE PROVENCE
2D’une éducation sérieuse, Louis-Stanislas-Xavier ne semble pas avoir reçu une formation très poussée en matière artistique. Bien qu’épris des arts graphiques, il ne doit pas cette préférence à ses tuteurs ni à son père le Dauphin Louis, qui ne possède pas de collection de tableaux importante au regard de ses contemporains. Cependant, Provence a pu éveiller sa sensibilité en parcourant les habitations royales, Versailles en tête, qui fait aussi fonction de « musée » ouvert à un large public. Les œuvres, amassées par ses ancêtres, des plus talentueux peintres de leur temps, contribuent à aiguiser les affinités du jeune comte avec certains genres. Mais notre protagoniste a aussi compris les enjeux qui se cachent derrière l’entretien de peintres attachés à sa Maison. Il s’agit de prestige, de point d’honneur, et conséquemment de nécessité. Un prince de la famille royale doit pouvoir se faire peindre en des attitudes nobles, posées ou moins solennelles, afin de se faire connaître de ses obligés, de la province ou de personnalités plus importantes (rois, princes, ambassadeurs, etc.). Le portrait est l’occasion de faire des cadeaux, de remercier pour une faveur ou un moyen de découvrir les traits de sa future épouse [1]. Monsieur connaît les sous-entendus d’une protection accordée à des peintres et il va essayer d’attirer les talents de son époque.
3Mais il reste assez conformiste dans ses goûts picturaux. Par manque de formation particulière, il s’en remet à son surintendant des Bâtiments et des Finances [2] : Cromot du Bourg. Celui-ci lui propose des peintres modestes et célèbres, selon les circonstances. De1771 à1789, nous avons relevé au moins une vingtaine de noms, de l’artiste le plus renommé (Drouais, Vigée-Lebrun, Ducreux) au copiste le plus méconnu (Descarsins, Tiède). La peinture occupe ainsi une place importante dans l’action artistique du comte de Provence qui se détermine à passer commande suivant ses besoins immédiats.
4Le personnage du surintendant de Monsieur mérite toutefois qu’on s’y arrête. L’importance considérable qu’occupèrent les deux surintendants successifs du comte de Provence dans l’administration de la Maison de Monsieur, avant la Révolution française, laisse envisager l’originalité de l’action artistique de ce prince. En somme, on peut se demander si le mécénat exercé par Monsieur durant vingt ans n’a pas été ipso facto dicté par son brillant administrateur.
Les surintendants des Finances et des Bâtiments du comte de Provence
5D’une famille originaire de Bourgogne, Jules-David Cromot du Bourg représente le type même de l’administrateur travailleur et ambitieux. Né en 1725 à Avallon (Yonne), il est le fils de Charles-Robert Cromot, capitaine au régiment de Tavanes [3], anobli en février 1761. Il avait épousé en 1719 Marguerite-Charlotte Boudrey, fille d’Edme, conseiller du Roi, receveur au grenier à sel d’Avallon. De cette union, Jules-David sera l’aîné des treize enfants. A l’apogée de sa carrière, Cromot du Bourg cumulait les honneurs.« Écuyer, chevalier baron du Bourg et autres lieux, conseiller d’État et de Monsieur, frère du Roi, en tous ses Conseils, Surintendant de ses Maisons, Domaines, Finances, Bâtiments, Jardins, Arts et Manufactures, chevalier de l’Ordre du Roi, gouverneur des ville et château d’Alençon et gouverneur du château de Brunoy », Cromot apparaît d’abord comme l’indispensable responsable du comte de Provence. Sa carrière avait pourtant d’abord débuté dans le domaine financier.
La carrière de Cromot du Bourg et ses ambitions
6Commis des finances de Louis XV depuis 1745, en août 1751 il avait épousé Rose-Josèphe-Sophie Baudon (1729-1820), fille de François, écuyer et conseiller-secrétaire du Roi, l’un de ses fermiers généraux, et de Rose de Verneuil – ce qui permettait à Cromot de s’allier à des personnages de son milieu, celui des affaires financières et politiques. De ce mariage, Cromot eut deux fils : Marie-François-Joseph-Maxime, écuyer, né le 28 avril 1756, et Anne-David, écuyer, né le 7 août 1760. Ce dernier, Cromot de Fougy, succédera à la charge de son père, à sa mort en 1786, comme surintendant des Finances et des Bâtiments de Monsieur. Tandis que l’aîné, Cromot du Bourg, sera le gouverneur du château de Brunoy, propriété du comte de Provence.
7Homme compétent, à l’activité multiple, aux innombrables relations, Jules-David Cromot du Bourg avait déployé ses talents dans un milieu fermé, mais très influent sous le règne de Louis XV :le Contrôle général et ses secrets.
8Si l’on s’en tient aux Mémoires de Marmontel, il occupait une place de faveur au sein des affaires politiques de l’époque :
« Ma société journalière étoit celle de premiers commis, presque tous gens aimables et faisant a l’envi la meilleure chère du monde […] De ces laborieux sybarites, le plus vif, le plus séduisant, le plus voluptueux avec la santé la plus frêle [4] étoit ce Cromot qu’on a vu depuis si brillant sous tant de ministres. La facilité, l’agrément, la prestesse de son travail, et surtout sa dextérité, les captivoient en dépit d’eux-mêmes. Il étoit, quand je le connus, le secrétaire intime favori de M. de Machault » [5]. Lié au fermier général Bouret, Marmontel ajoute : « Je dînaî avec lui chez son ami Cromot. Difficilement aurait-on réuni deux hommes d’un esprit naturel plus preste, plus fertile en traits ingénieux, que ces deux hommes-là. Dans Cromot, cependant, l’on voyait plus d’aisance, de grâce habituelle et de facilité » [6].
10En effet, les premiers commis du Contrôle général sont ses proches. Cela n’était guère étonnant, si l’on se souvient que son père avait épousé un membre de la famille Boudrey. Or le frère d’Edme, Jean-François Boudrey – le grand-oncle maternel de Cromot du Bourg – était aussi premier commis au Contrôle général dans les années 1730-1760 [7].
11Maître des problèmes techniques et financiers, l’expérience de Cromot du Bourg au Contrôle général fut un puissant atout dans sa carrière auprès des princes et du Roi. Un regard jeté dans l’Almanach royal de 1770, juste avant la nomination de Cromot dans la Maison de Monsieur, en avril 1771, précise les fonctions et les départements financiers qu’il dirigeait alors :
« Chefs des bureaux et Premiers commis
Au département de Monsieur le Contrôleur général
M.Cromot du Bourg, hôtel du Contrôle général : le bureau des Dépêches, qui consiste
dans l’ouverture et le rapport au Ministre de toutes les lettres, Requêtes, Placets & Mémoires
dans le renvoi qui en est fait, soit aux Intendants des finances, soit aux autres Départements
dans l’expédition des affaires instantes et du Cabinet. Les Passeports donnés par le
Contrôleur général, les Mémoires pour le travail du Roi & décisions de sa Majesté, pour la
nomination aux surintendances et autres grâces qu’elle accorde en Finance. L’expédition de
toutes les affaires qui n’ont point de département fixe, ou que le Ministre traite directement ».
13Poste central donc dans l’administration financière du royaume, qui le rend indispensable pour chaque ministre concerné par les affaires économiques de l’époque. Il est aussi en relations avec les indispensables interlocuteurs royaux que sont les intendants de province. Cette fonction lui permet, en outre, d’apprendre les subtilités du métier de financier, à une époque où la monarchie a de plus en plus de mal à trouver des fonds pour mener sa politique. Ces années passées au Contrôle général furent donc pour Cromot du Bourg une occasion unique de tisser un solide réseau de connaissances et d’obligés, tout en se familiarisant avec les jeux d’équilibre au sein du pouvoir royal.
14Efficace et cauteleux, Cromot est connu au Contrôle général de Machault d’Arnouville,
« qu’il accompagna dans le département de la Marine avant de retourner au contrôle général en tant que l’un des premiers commis de Bertin, puis l’un des principaux collaborateurs de L’Averdy, qu’il suivit dans la disgrâce avant de réintégrer quelques temps le ministère de l’abbé Terray » [8].
16Là, « la manière dont il remplit les fonctions et surtout le zèle et la capacité » avec lesquels il servit le Roi l’eussent porté à le décorer de la noblesse « si elle ne lui étoit déjà acquise », lit-on dans les lettres patentes qui anoblirent son père, Charles-Robert [9]. Recommandé par le prince de Condé pour faire renvoyer Choiseul, il verra ses intrigues et son ambition dénoncées par ses contemporains [10].
17Exigeant, opiniâtre, Cromot se fait remarquer par sa dureté envers ses collaborateurs et subordonnés au Contrôle général [11], rudesse qu’il conservera au service de Monsieur, nous le verrons. Le portrait que le graveur Fessard livre de Cromot présente un homme aux traits durs et irréguliers – son air farouche démontre une détermination dépourvue d’indulgence.
18Sous L’Averdy, il est dans toutes les intrigues. Puis, au service du comte de Provence, il récidive sous Necker, au point que certains lui prêtent l’intention de lui succéder [12]. Ainsi, tour à tour Machault d’Arnouville, Bertin, l’Averdy puis Terray eurent l’occasion de travailler avec Cromot du Bourg. Son nom était donc reconnu, ses compétences établies, ses ambitions craintes Il n’aura pas à se donner tant de peine pour obtenir un poste brillant; même s’il demeure moins prestigieux que le Contrôle général, la Surintendance des Finances et des Bâtiments couronnait, somme toute, une carrière bien remplie.
LES FONCTIONS DE CROMOT DU BOURG AUPRÈS DE MONSIEUR
19Désigné en décembre 1770 surintendant des Finances du comte de Provence, poste primordial dans la vie d’une Maison princière, la tâche qui incombe à Cromot du Bourg semble adaptée à ses fines qualités de financier : aux affaires depuis les années 1750, il a suffisamment d’expérience pour paraître digne au roi de l’y faire nommer en avril 1771, à la création de la Maison de son petit-fils [13]. La charge de surintendant des Finances, fixée à 200000 livres, est la deuxième dans l’ordre hiérarchique après celle de chancelier [14]. Cromot est seulement nommé surintendant des Bâtiments, Manufacture, Arts et Jardins en 1774, car en 1770, « il ne paraît pas qu’on veuille remplir cette charge. Le Roi n’a plus de Surintendant des Bâtiments » [15].
20Appartenant au Conseil du prince, Cromot doit compter sur l’importance des personnes qui le composent : le Chancelier-garde des Sceaux, Orceau de Fontette, le Premier conseiller, Jacob-Nicolas Moreau [16], par exemple, demeurent des officiers influents sur Monsieur. Toutefois les affaires financières représentant l’un des problèmes essentiels dans l’administration d’une Maison et d’un apanage, Cromot semble pouvoir exercer un étroit contrôle sur la politique artistique du prince. La Maison disposait de 3,5 M. de livres par an. La somme est considérable, et à hauteur des ambitions princières. Tout comme son frère le comte d’Artois, le comte de Provence sait s’appuyer sur des revenus importants pour mener à bien ses projets. De1771 à1786, le surintendant reste déterminé à sauvegarder les prérogatives du frère du roi et à tenter d’accroître les revenus de Monsieur. L’entretien d’un vaste apanage et la gestion d’une Maison princière nécessitaient aussi de vastes capitaux. L’administration de cet ensemble engageait des responsabilités multiples et très délicates. Le succès avec lequel le surintendant acquitta cette mission traduit la capacité à surmonter les obstacles manifestes levés par le Trésor royal. Deux pôles d’activités sollicitaient l’attention de Cromot :les finances et les bâtiments. L’interaction entre ces deux domaines rendait la concentration des pouvoirs particulièrement importante pour l’efficacité d’une politique cohérente.
Finances
21La formation de la Maison de Monsieur ne se fit pas sans difficultés. La création des apanages était tombée en désuétude. On vit souvent la surintendance des finances faire appel à la Maison d’Orléans pour obtenir des renseignements sur des procédures complexes. De fait, c’est un ensemble compliqué de règles financières que doit parfaitement manier le surintendant. Il faut distinguer dans la comptabilité du Trésor de Monsieur la partie relevant de l’apanage de celle dépendant de la Maison. Les revenus à gérer sont le grand problème de l’administration de Cromot durant son travail pour le comte de Provence. Avec la crise financière de l’Ancien Régime, la difficulté de trouver des fonds pour suppléer aux dépenses de la Maison de Monsieur se fait de plus en plus pressante. Aussi Cromot du Bourg usa-t-il de son crédit personnel et de ses relations avec les Directeurs généraux des finances du roi pour obtenir délais, dons, prêts. Il manifesta un très grand pragmatisme et exerça l’art subtil de convaincre le Contrôleur général des Finances que les revenus de Monsieur sont médiocres. Les 3,5 M. de livres que reçoit le comte de Provence en 1771 vont vite se révéler insuffisants. Il est doté d’environ 2,2 M. de livres en moyenne par an. Cette manne royale baissera régulièrement. En 1789, les revenus royaux chutent, le Trésor royal ne pouvant plus verser la même somme et n’octroie plus au comte de Provence que 1949628 livres. Ce budget en diminution ne fait que traduire la réduction des effectifs de la Maison de Monsieur, selon les volontés du directeur du Trésor, Necker. La campagne d’économie décrétée par ce dernier affecte d’abord les Ecuries et les cuisines de Monsieur. D’où un conflit ouvert entre Cromot du Bourg et Necker – hostilité ostensible dans les pamphlets attribués à Cromot. Les dépenses extraordinaires, payées par le Trésor royal dès 1771, ne cessaient de s’accroître : achats de propriétés (Brunoy par exemple), commandes artistiques, fêtes… Le déséquilibre était inévitable.
22En 1777, Cromot réussit à faire prêter à la Maison de Monsieur, à un taux très avantageux, la somme de trois millions de livres par un Génois, Durazzo.
23La chose fit quelque bruit à l’époque, mais Cromot était reconnu pour un habile manieur d’argent. L’opération fut renouvelée en 1783 et rapporta ainsi à Monsieur trois autres millions promis à rembourser l’emprunt génois… Tout au long de sa gestion jusqu’en 1786, Cromot du Bourg parvint à maintenir la Maison de Provence à flots. Les revenus de l’apanage, estimés à 200000 livres en 1771 atteignirent, selon Cromot du Bourg, 1 M. de livres en 1779. Les bénéfices du comte de Provence furent fluctuants selon les années, grâce à l’attention scrupuleuse de Cromot sur les dépenses, sur la relance des accensements ou sur les économies de fonctionnement – dès 1779, il fut décidé par Cromot de réduire les grâces annuelles du comte à 200000 livres « sans qu’on pût dépasser cette somme ». La rigueur budgétaire portait ses fruits.
24En définitive, Cromot du Bourg eut davantage de réussite que la maison concurrent de celle de Monsieur : le comte d’Artois, grand dépensier, eut les plus grandes difficultés pour conserver sa fortune et sa Maison connut faillite et déroute, avec le scandale des malversations de son surintendant des finances, Radix de Sainte-Foix et de son intendant des finances, Nogaret [17].
25Aussi, la lourde responsabilité qui incombe à Cromot se traduit par des lettres sévères à l’égard de ses subordonnés et dans le refus presque systématique de laisser le prince donner libre cours à sa libéralité. Cromot ne cesse de rappeler à l’ordre ce dernier et multiplie, de manière déférente, les mises en garde à son égard. Ainsi, en 1779, s’adresse-t-il au prince :
« Depuis trois ans que je ne cessois de faire à Monsieur mes respectueuses représentations sur sa trop grande facilité et son excessive générosité. Plein de cette confiance qui accompagne le rang auguste dans lequel il est né, Monsieur n’a jamais pu se persuader qu’un fils de France dut restraindre ses désirs et ses bienfaits, et qu’il dut jamais craindre de ces embarras d’argent qu’il ne croit faits que pour les particuliers. J’espérois toujours et du tems et de sa sagesse, qu’il daigneroit enfin mettre des bornes à ses dépenses; mais en serviteur fidèle, j’employois en attendant, toutes mes ressources et tous mes moyens pour y faire face pour dissimuler notre playe intérieure, et maintenir aux yeux du public, le crédit et la gloire de mon maître dans leur intégrité. J’avois eu le bonheur de remplir assés heureusement cette tâche, pour qu’aucune maison n’ait encore passé pour être mieux payée, ni plus exactement que celle de Monsieur; et en général, l’opinion sur l’ordre et l’arrangement de ses affaires étoit telle qu’au besoin je trouvois pour son service jusques dans l’Étranger de l’argent où les autres n’en trouvoient pas » [18].
27Cromot, par ses propos, manifeste l’intérêt particulier qu’il éprouve envers la bonne tenue des finances de son département et plus précisément, envers l’opinion publique. Attention très caractéristique des intentions sociales et politiques qui sous-tendent l’action et le train de vie du comte de Provence. Ce type d’avertissements se retrouve tout au long des Décisions et ordonnances prises entre 1771 et 1789, ce qui peut laisser croire à la poursuite des dépenses sans baisse significative des libéralités princières. L’analyse des comptes financiers permet, toutefois, de distinguer à partir de 1786 environ, une réduction des largesses envers les entreprises et les artisans que le comte protège.
28L’activité de Cromot est infatigable. Déterminé à marquer ostensiblement la supériorité hiérarchique qui le sépare de ses subordonnés, Cromot du Bourg n’entend pas voir remis en cause l’ordre immuable qu’il a instauré.
29Il peut toutefois reconnaître la valeur d’un employé. Malgré le travail harassant de la gestion de l’apanage, le surintendant est capable de discerner les qualités de ses collaborateurs. Les plus proches, Racine, De Bard ou Limon sont les plus soumis aux tracas de leur chef qui sait se montrer reconnaissant, bien que condescendant. De Geoffroy de Limon, alors qu’il compte quitter le comte de Provence, Cromot du Bourg écrit en 1774 :
« Monsieur vient d’obtenir le suplément d’apanage qu’il demandoit et des décisions aussi favorables qu’il pouvoit le désirer. Ne seroit-il pas de la justice et de la bonté de Monseigneur de marquer sa satisfaction à ceux de ses officiers qui ont montré du zèle dans cette circonstance ? M. de limon qui s’est parfaitement acquitté des détails dont il a été chargé seroit par exemple dans le cas de mériter une grâce particulière. Il fait faire dans ce moment une copie à ses frais du portrait de Monseigneur et il seroit sûrement comblé si Monseigneur lui faisoit dire qu’il la fera payer : il est d’autant plus susceptible de ce témoignage de bonté qu’il va incessamment accompagner le portrait de Monseigneur à Angers et qu’il fera dans cette occasion d’une manière très désintéressée les dépenses que la circonstance exige » [19].
31La demande sera satisfaite. Elle donne aussi à penser à l’octroi calculé du portrait princier. Faveur et récompense, il permet d’établir la renommée du frère du roi auprès des membres de sa Maison et par leur biais, à la province. La récompense princière n’est jamais exempte de ces stratégies de pouvoir. Mais l’entente entre Cromot et Limon sera de courte durée. Limon, entré au service du comte de Provence dès la formation de sa Maison, démissionne de sa place le 6 juillet 1777, à la suite d’une cabale de Cromot, semble-t-il. Il rejoindra la Maison du duc d’Orléans. Il en deviendra… surintendant des Finances ! Ses compétences avaient été donc vite appréciées par la Maison rivale.
32Avec un subordonné moins chanceux, Cromot sait employer le ton déplaisant qu’il veut imposer dans sa fonction. Le secrétaire des Bâtiments à Brunoy, le sieur Parison, va en faire les frais, le 4 février 1776 :
« Vous trouverez-ci jointe, Monsieur, une ordonnance de 748 livres 12 sols avec un état de distribution payable sur M. Favereau. Vous voudrez bien faire prendre cette somme chez lui et la distribuer aux journaliers et autres compris dans l’état que je vous envoye également;
mais vous aurez attention à l’avenir de ne faire aucune espèce de dépense relative aux Jardins et Bâtiments, de quelque nature qu’elle soit, sans y être préalablement autorisé par moi; et pour cela, toutes les fois qu’il y aura quelque dépense à faire, vous en remettrez un État circonstancié au Premier architecte, afin que je puisse juger si elles sont nécessaires, et donner des ordres en conséquence » [20].
34La détermination du surintendant se manifeste avec éclat envers un simple exécutant. Cromot du Bourg atteste ainsi sa prééminence, dans un strict partage des rôles qui assure son étroit contrôle de l’administration dont il est chargé.
Bâtiments et arts
35Sans développer davantage l’histoire d’une administration qui mériterait à elle seule une étude propre, on peut encore relever la présence d’un contrôleur des Bâtiments et de vérificateurs des bâtiments. Leurs rôles, bien qu’essentiels, sont moindres, puisqu’ils ne font qu’obéir aux ordres du surintendant et du premier architecte, François Chalgrin. Ils ne peuvent manifester d’initiatives trop personnelles et le comte de Provence ne tient bien évidemment pas compte de leurs avis dans son action artistique. Administrateurs locaux, ils ne participent que de loin aux desseins princiers. Leurs missions essentielles résident dans le relais des intentions de leur chef, le surintendant des Finances et des Bâtiments, Cromot, père puis fils.
36La variété de ces officiers demeure, en définitive, à l’image de l’administration de l’apanage de Monsieur : soumise aux nombreuses exigences de diverses situations, la surintendance des Bâtiments doit répondre rapidement aux problèmes locaux des régisseurs ou des officiers qui sollicitent des travaux urgents pour des édifices parfois anciens et en mauvais état; ainsi les hôtels particuliers du prince, ses demeures privées et ses châteaux demandent-ils fréquemment des réparations et des réfections pressées, imputables à l’administration des Bâtiments. Le château du Mans [21], par exemple, ou celui de Vendôme [22], requirent des soins spécifiques, vu l’état de délabrement de leur fondation et de leurs pièces de réception; le prestige d’appartenir à l’apanage du frère cadet du roi occasionne aussi une multiplication des réclamations de la part des habitants, notamment afin d’entretenir des palais en ruines ou de sauver une ancienne abbatiale menacée de destruction, si un prompt secours ne leur est pas offert par le comte [23]; et par l’importance de son rang, Monsieur se doit de tenter d’y répondre, dans la limite de ses possibilités financières.
37L’influence du surintendant dans les choix princiers est constante. De la nomination du premier peintre – Drouais puis Doyen en 1775 – à celle du premier sculpteur – Tassaert puis Pajou en 1775 – Cromot donne conseils et établit catégories distinctives. Il promeut l’un et écarte l’autre, réfute les artistes trop méconnus (Taraval, Durameau, Lagrénée) et protège ses amis – Cromot fut l’un des proches de Chalgrin et signa le contrat de mariage de celui-ci.
38L’achat d’une collection d’histoire naturelle, la surveillance des travaux architecturaux – Brunoy, Compiègne, Versailles, le Luxembourg – l’octroi d’une gratification aux artistes gravitant dans le cercle du comte de Provence rendent Cromot du Bourg omniprésent. Sa responsabilité multiple lui fait œuvrer sur toutes sortes d’objets et il déploie avec zèle son activité. Nous en montrerons un aspect révélateur : la commande d’un monument commémoratif à Henri IV. Dans cette occasion, le surintendant des Bâtiment incite très fortement le prince à suivre son avis. Le comte de Provence semble ainsi manifester une confiance très sûre envers son administrateur. Cette commande atteste aussi d’une certaine sensibilité artistique avant la Révolution française.
39Au cours du XVIIIe siècle, l’hommage rendu à la mémoire de Henri IV est fréquent. Figure paternaliste, garant des libertés et image d’une certaine bonhomie, le fondateur de la dynastie Bourbon jouit d’une renommée importante sous le règne de Louis XVI.De Vincent à Pajou, de nombreux artistes ont pris le roi débonnaire pour modèle. C’est dans ce contexte de popularité exceptionnelle que Cromot du Bourg se fait le chantre d’un monument destiné au cœur du roi déposé au collège de La Flèche, établissement fondé sous les auspices d’Henri IV.Dans un mémoire du 28 mars 1773, Cromot dans une envolée lyrique, s’exclame :
« Je n’oublierai de ma vie ce qui s’est passé dans l’âme de Monseigneur, lorsque M. de Limon lui a rendu compte de la situation où étoit réduit, à la Flèche, le cœur de Henry IV, enfermé dans une boëte de plomb mal soudée, traînant dans une sacristie sans nulle précaution et exposée à l’indiscrétion du premier venu. La confiance qu’il m’a témoignée à cette occasion, son attendrissement et ses intentions dignes également et de Henry IV, et de son petit-fils, m’ont pénétré de reconnaissance et d’admiration.
41La France et l’Europe entière éprouveront un jour le même sentiment, lorsqu’elles apprendront que Monseigneur m’a dit tout bas : “je n’ai que six mille livres dans ma cassette, prenés les, et faisons une autre demeure au Cœur de ce Grand Roy”. La postérité gravera sur l’airain qu’un jeune Prince qui devoit un jour égaler, et peut-être surpasser Henry IV, a commencé par honorer sa mémoire. Que Monseigneur me pardonne ces réflexions : elles pourroient paraître d’un courtisan, mais elles ne sont que d’un serviteur fidèle, qui ne peut renfermer en lui-même tout le plaisir qu’il éprouve de voir son Maître marcher dans le sentier de vertu ».
42Pour de si hauts desseins, Cromot expose ses intentions :
« Le monument que monseigneur veut lui consacrer toit être simple mais grand, mais
digne du cœur qu’il renfermera, et de la main qui l’aura élevé. Je voudrois le dégager d’orne-
mens frivoles, et de figures accessoires faites aux dépends de l’action principale ou pour en
masquer les défauts.
Quoi qu’on ait tout épuisé à la louange d’Henry IV, il faudroit cependant une idée neuve
qui fut bien caractérisée, et qui se fit sentir vivement; il faudroit sortir des lieux communs des
urnes, des génies larmoyans, des figures de la mort, tous les tombeaux en sont couverts, et un
Monument élevé par Monseigneur à Henry IV, ne peut souffrir de comparaison.[…]
On élèveroit un auteul rond de forme antique, au pied duquel seroient déposées la
Couronne, et les attributs des fils de France, à côté et appuyé sur cet autel, Monseigneur lui-
même, en figure de grandeur naturelle, dans une attitude caractérisée de douleur et d’atten-
drissement, seroit représenté serrant contre con cœur le Cœur d’Henry IV, dans l’instant où
il vient de le ramasser par terre pour le placer sur l’autel, ce cœur aujourd’huy dans une boete
de plomb, seroit revêtu d’une boete de vermeil avec cette inscription :Coeur d’Henry IV porté
par Louis-Stanislas-Xavier de France. On fait mal l’éloge des grands princes par de longues
descriptions, il ne faut que les nommer.
Je ne crois pas que Monseigneur puisse montrer plus de respect et de vénération pour le
Cœur d’Henry IV, qu’en le serrant contre son propre cœur d’un air attendri, les yeux
mouillés de larmes. C’est un hommage personnel que monseigneur lui rendroit aussi bien
au-dessus de toutes les allégories possibles Quelle différence n’y auroit-il pas entre cette atti-
tude auguste et touchante, et Louis XIV à la place Victoire, enchaînant à ses pieds les quatre
parties du monde; et quel est le prince qui ne préféroit aux monuments les plus fastueux, de
voir son cœur tendrement serré par son petit - fils ?» [24].
44Le ton flagorneur, l’élan emphatique relèvent davantage d’une rhétorique
destinée à émouvoir que d’une simple recommandation artistique. Par-delà ces
aspects officiels, on peut noter une tendance à s’orienter vers le goût du jour :
simplicité des ornements, finesse des sentiments, attirance pour les vertus de
piété familiale. Ne peut-on y lire un éloge déguisé du néoclassicisme ? Les idées
de Rousseau - sensibilité et fidélité à la nature - se joignent à une apologie très
politique de « patriotisme » bourbonien. Le monument, placé au collège jésuite
accueillant de jeunes nobles de l’École militaire, est un manifeste esthétique et
politique. La somme allouée à son édification – mille louis, selon Cromot – est
importante. Le premier sculpteur de Monsieur, Jean-Pierre-Antoine Tassaert
(1727-1788), sera chargé de l’exécution de cette prestigieuse commande [25].
45Dans cette occasion, Cromot du Bourg ne se contente pas de conseiller le comte de Provence. Il exprime ses points de vue personnels, exalte un style, recommande une attitude :il crée le goût et l’œuvre. C’est peut-être dans cette imagination et l’appropriation d’une fonction que Cromot parvient à se montrer le plus indispensable pour son maître. Le comte de Provence sait trouver en lui un fidèle compagnon.
CONFIANCE ET TRANSMISSION DE CHARGES
46Louis-Stanislas-Xavier favorisa la famille de Cromot en accordant la charge de surintendant des Finances et des Bâtiments au fils cadet de Jules-David, Anne-David, Cromot de Fougy (1756-1845). Celui-ci, déjà Conseiller au parlement de Normandie [26] et Intendant des finances par commission du comte de Provence [27], succédera à son père à sa mort, en octobre 1786, et occupera ce poste jusqu’à la Révolution. Il émigrera en 1790. Cromot de Fougy a vingt-six ans et n’a failli ne jamais obtenir cette place car son père désirait céder sa place à un maître des requêtes, Valdec de Lessart :
« Son fils aîné suivait la carrière des armes. Je le vois encore, petit et chétif, vif et remuant, sorte de mouvement perpétuel. Le cadet, qui ne lui cédait en rien pour la petitesse de la taille, étoit beaucoup plus posé; il aimait les arts, la peinture, et tout ce qui procurait des plaisirs tranquilles. Dubourg aurait dû choisir celui-ci pour succéder à sa charge; mais point;
il lui prend un matin fantaisie de venir le trouver pour me prier d’accorder sa survivance à Valdec de Lessart, maître des requêtes, et qui depuis a été un instant ministre de Louis XVI.
Je me récriais sur une telle demande et crus même devoir solliciter en faveur du jeune de Fongy, auquel d’ailleurs je m’intéressais; mais ce fut inutile; le père demeura inflexible et je me vis forcé de lui complaire. Le 7 septembre 1777, je reçus donc la visite de M.de Lessart, qui vint me remercier de a grâce que je lui avais accordée. Le pauvre Fongy, de son côté, me fit parler en sa faveur et s’adressa même directement à moi pour défendre son droit. Je l’engageais à prendre patience, en lui disant que son père n’ayant aucun grief contre lui ne tarderait pas à revenir à de meilleurs sentimens. En effet, quelques années après, M. de Lessart se retira volontairement et Fongy succéda à Dubourg. Je le gardai jusqu’au moment de la révolution » [28].
48Si la narration prête à caution, elle n’en manifeste pas moins l’antipathie que Cromot du Bourg vouait à son fils cadet; en effet, on imagine mal le prince se faire dicter sa conduite par un de ses serviteurs, dût-il encourir le mécontentement de son surintendant.
49D’abord désigné surintendant en survivance et adjoint de son père, le 17 janvier 1781, aux appointements de 6000 livres, il est agrée au Conseil de Monsieur le 9 mai 1785,
« sans néanmoins que le dit S.de Fougy puisse donner aucune signature en la ditte qualité, jusqu’à ce qui et par moi ordonné puisse préjudicier au traité fait, avec mon Approbation, entre mon intendant et M.Delessart non plus qu’au rang et à la préséance que ce dernier aura dans mon Conseil, lorsqu’il entrera en exercice de la charge de Surintendant de mes Finances » [29].
COLLÈGUES, AMIS, RELATIONS
51Plus graves, les querelles que Cromot entretient régulièrement avec le chancelier de la Maison, Orceau de Fontette. Les sommations, les rappels incessants au respect de la hiérarchie font partie des méthodes de travail du surintendant. Dès 1772, le débat fut violent sur les préséances au Conseil sans que Cromot parvienne à instaurer sa prééminence face au chancelier [30]. Mais il sut apparemment lier des liens d’amitié assez fort avec la famille Orceau de Fontette pour demander, à Mme de Fontette, par le codicille de son testament « de choisir sur les différentes copies de peintures que j’ai faites deux de celles qui pourront lui convenir davantage dans l’espérance de produire en elle le même effet » [31]. Au soir de sa mort, il conservait donc de l’affection pour un membre de la famille Orceau de Fontette.
52De 1771 à sa mort, en 1786, Cromot du Bourg multiplie plans et avis, devis et ordonnances. En 1777, il ira même jusqu’à promulguer un plan qui délimite les rôles de chaque officier dans la Maison de Monsieur à Brunoy [32].
53Au regard des contemporains, le surintendant n’entretenait pas d’excellentes relations avec les membres de sa famille :
« Cromot-Dubourg, Surintendant de ma maison, joignait à une rare intelligence, je ne sais combien de manies bizarres qui le rendaient peu aimable dans son intérieur. Il était sévère et même dur envers ses enfans, qui ne paraissaient devant lui qu’en tremblant. Il ne se déridait qu’auprès de sa maîtresse Coraline des Italiens » [33].
55Le propos sera à nuancer à la fin de la vie de Cromot puisque les relations avec son fils Fougy semblèrent s’améliorer…
56Sphère publique et activité publique se confondaient donc dans la vie de Cromot du Bourg :la même ténacité était tempérée par une activité frénétique qui influençait ses rapports familiaux et amicaux.
57Le nom de Cromot fut souvent avancé pour remplacer Necker, le comte de Provence protégeant en sous-main, depuis Brunoy, le lancement de telles rumeurs. Cependant, Cromot échouera dans son dessein d’accéder au Contrôle général des finances. Comme consolation, il conservera tout au long de son service auprès de Monsieur, de solides amitiés, aussi bien dans l’entourage immédiat du prince que dans d’autres milieux plus ouverts.
58Ainsi, le 17 juillet 1779, le marquis de Montesquiou, Premier écuyer de Monsieur, s’adresse à Cromot pour obtenir une caution de la part du prince :
« Voulés vous, mon cher Cromot, me rendre un service essentiel ? Je n’ai que cette question à vous faire car je suis bien sur que si vous le pouvés, vous le voudrés :mes affaires sont embarrassées par quelques vieilles dettes que mes ouvrages de Maupertuis m’ont laissées, par la dépense du mariage de ma fille; et tout cela va âtre augmenté par celle du mariage de mon fils. Je voudrois sortir de cette position, et pour le faire entièrement, j’ai besoin de deux cent mille francs. Je ne demande pas d’engager Monsieur ni à me le donner ni à me le prêter;
mais seulement de lui donner assez bonne opinion de moi pour qu’il consente à le prêter son nom et à mes servir de caution pour dix ans […]. Voilà ma grande affaire, mon cher Cromot, je la recommande à votre amitié, et tous les cas, je vous demande le secret. Vous connoissés tous les sentiments qui m’attachent à vous […]» [34].
60Le marquis de Montesquiou obtint finalement satisfaction.
61Déjà ami de Papillon de la Ferté, Trésorier de Monsieur, graveur et célèbre collectionneur, Cromot du Bourg sait s’appuyer sur de solides amitiés dans le domaine des finances. Dans sa correspondance, il appelle Radix de Sainte-Foix son « estimable collègue » et Bertin, son « très cher ami ». Il entretenait un degré d’intimité étonnant avec ce ministre, faisant une subtile distinction entre lettres officielles et correspondance privée. Le comte d’Angiviller est l’un de ses proches. Dernier directeur des Bâtiments de l’Ancien Régime, le comte d’Angiviller fut un ami intime du surintendant de Monsieur. Cromot ira même jusqu’à le conseiller à ses enfants, à sa mort, en cas de problème [35]. Il faisait figure de caution morale. Travailleur énergique, Cromot parvient par son esprit et ses bonnes manières à égayer son maître et sa famille qui le récompense parfois avec largesse [36].
62Nommé sans appointements à la charge de gouverneur de Brunoy, Cromot du Bourg est récompensé de sa fidélité au comte de Provence puisqu’il est décidé le 26 août 1784 :
« Monsieur a daigné me dire à deux reprises qu’il se rappelloit que depuis six ans que je suis Gouverneur de Brunoy, je m’étais deffendu de recevoir des appointements en cette qualité, mais que sa volonté étoit que cette générosité déplacée cessât, et qu’il m’ordonnoit de toucher désormais à son Trésor annuellement quatre mille livres de traitement qu’il attachait à cette place il a bien voulu ajouter que c’étoit un moyen de venir au secours de mon fils aîné, survivancier de ce gouvernement, dont il savoir les embarras, et qu’il étoit bien aise que je pusse aider par ce moyen :pénétré des bontés de mon maître, plus précieuses mille fois à mes yeux que tout l’or du monde, il me semble que j’en perds quelque chose quand il me paye aussi généreusement, mon âme en souffre, mais comme je fois obéir avant tout, et que Monseigneur m’a encore renouvelé cet ordre de la manière la plus précise au dernier voyage qu’il a fait ici, je le supplie de manifester ses intentions par écrit et de fixer la date dont il entend faire partir ce traitement. S’il ne faut pas que la femme de Caesar puisse être soupçonnée, un Surintendant des finances doit être plus chatouilleux encore sur tout ce qui a rapport au Trésor » [37].
64Le ton emphatique laisse toutefois présager du vrai attachement de Cromot du Bourg envers le comte de Provence. Les gratifications extraordinaires pouvaient ainsi sceller une longue amitié et témoigner de la valeur que portait le prince envers son homme de confiance. La réciproque est vraie et l’on trouve témoignages d’affection pour le prince dans l’hôtel particulier du surintendant :on dénombre ainsi trois portraits de Monsieur dans la demeure de Cromot. Donnés par le prince, ils ne seront pas prisés lors de l’inventaire après décès et seront conservés « pour mémoire » – tout comme d’ailleurs un buste en marbre du roi Louis XVI, donné personnellement par le souverain explique la veuve de Cromot. L’attachement de la famille Cromot pour le comte de Provence semble donc être réel et durable.
UN MODE DE VIE FASTUEUX
65Quant aux revenus de Cromot du Bourg, ils paraissent élevés et lui permettent de mener grand train : fixée à 200000 [38] livres, la charge de surintendant des Finances du comte de Provence lui rapporte en tout, de 1771 à 1786, chaque année,26692 livres 10 sous, dont 8000livres de gages,10392,10 livres sous sur l’argenterie,7200 livres sur le menu général et 800 livres sur le logement [39]. Mais la charge de surintendant des Bâtiments du comte de Provence, conformément au souhait de Louis XV, n’est pas achetable, ni rétribuée.
66Cependant, le surintendant peut rivaliser en faste avec quelques-uns de ses collègues, tel le célèbre collectionneur Papillon de la Ferté, qui touche en tant que Trésorier général de la Maison de Monsieur,34035 livres 2 sous 6 deniers par an, alors que sa charge n’est fixée qu’à 100000 livres, soit la moitié de celle du surintendant.
67Mais Cromot peut s’offrir le luxe d’habiter à Paris, rue Cadet, un bel hôtel construit vers 1750, où étaient aussi établis les bureaux de la surintendance.
68Meublés par les œuvres de l’ébéniste Georges Jacob ou d’une petite collection de peintures (Fragonard, Vernet, Hubert Robert), les salons de la demeure de Cromot témoignent de l’opulence de ce commis distingué, qui réside dans le quartier de la Chaussée d’Antin, alors à la mode et en pleine restructuration foncière. L’hôtel de Cromot, encore visible de nos jours, appartient au type d’habitations bâties pour les riches spéculateurs et les fermiers généraux du dernier tiers du XVIIIe siècle qui s’installent alors dans ce quartier campagnard, au charme discret. Ainsi, le choix de cette habitation n’est-il pas un hasard.
69Coquet et courtisan, Cromot suit les goûts du jour : ceux de ses amis de jeunesse et qui appartiennent au monde financier ou mondain de la capitale. Les plus célèbres architectes de l’époque tels Boullée, Brongniart et Chalgrin remodèlent toute cette partie de Paris en y édifiant de somptueuses demeures pour les princes et l’aristocratie parisienne. Brongniart et Chalgrin travailleront pour le comte de Provence, le premier en construisant ses écuries à Paris, rue Monsieur, le second en tant que Premier architecte de Monsieur, en élevant un pavillon pour la comtesse de Balbi à Versailles, un théâtre à Brunoy pour le comte de Provence ou en réaménageant, à Versailles, les anciennes écuries de Mme du Barry achetées par le prince [40].
70Cromot paraît donc sensible aux modes et aux artistes célèbres appréciés par la haute société de la décennie 1770. Toutefois, peut-on tenter d’évaluer l’influence globale du surintendant sur les goûts et les réalisations de Monsieur ? La tâche semble délicate, tant le commis s’efface respectueusement derrière son maître. Pourtant, c’est souvent à son initiative que sont prises les ultimes décisions du comte de Provence. Conseiller écouté et confident de Monsieur, Cromot du Bourg, saura mettre en valeur ses capacités de financier – pour autoriser ou refuser une commande, selon l’état du trésor de Monsieur – mais encore la sûreté de ses connaissances en matière artistique, du moins, dans certains domaines précis. Sa carrière et ses relations de jeunesse l’ont mis à portée du monde cultivé de l’aristocratie parisienne; ses bonnes manières et son relatif prestige lui ont permis de côtoyer artistes et écrivains. C’est pourquoi l’appel à des artistes renommés pour exécuter les commandes ordonnées par Monsieur et pour remplir les charges de la Maison du prince n’est-il pas un hasard :ces derniers savent tous les avantages qu’ils peuvent espérer d’une telle protection. Tel Chalgrin, qui contrôle en collaboration avec le surintendant l’administration des Bâtiments du comte de Provence.
71Le surintendant des Bâtiments du comte de Provence semble bien jouer un rôle de première importance dans l’élaboration et l’exécution des projets et commandes artistiques ordonnés par Monsieur. Contrôlée par l’omniprésent Cromot, l’administration des Bâtiments demeure sous la gouverne d’officiers aussi vigilants que leur supérieur. La compétence de Cromot puis de Fougy, l’expérience de Chalgrin, le zèle des employés secondaires, malgré quelques négligences immédiatement réprimées par Cromot, permettent d’envisager une conception cohérente d’achats et de travaux dans le domaine artistique, qu’il s’agisse d’œuvres architecturales ou d’objets d’art. Dès lors, l’étude de l’action artistique de ce prince doit tenir compte de l’influence occultée mais active de Cromot. Ce personnage se révèle alors l’essentiel conseiller artistique du comte, son mentor et son indéfectible compagnon. Il tenait ainsi auprès du prince un rôle assez semblable, sur ce point, à celui de Charles-Nicolas Cochin auprès du dernier directeur général des Bâtiments, le comte d’Angiviller [41]. Les deux hommes, Cromot du Bourg et d’Angiviller, étaient amis, comme le relate leur correspondance, et cette complicité peut ainsi expliquer certains aspects de la politique artistique du comte de Provence, menée sous l’égide de son curieux surintendant des Finances et des Bâtiments.
Notes
-
[1]
Voir David BEAURAIN, « La fabrique du portrait royal », in Thomas W. GAEHTGENS, Christian MICHEL, Daniel RABREAU, Martin SCHIEDER (éd.) L’art et les normes sociales au XVIIIe siècle, Paris, Éditions de la MSH, 2002, p. 251-256.
-
[2]
Cromot du Bourg de 1771 à 1786, puis son fils, Cromot de Fougy, de 1786 à 1790, exercèrent ces fonctions. Ils sont l’objet de notre thèse de doctorat en cours. Leur successeur, Pétigny, n’est pas l’objet de cette étude car son action prend place durant la Révolution française.
-
[3]
Charles-Robert Cromot était fils de Jean Cromot, mort en 1686, dont la famille était alliée, entre autres, aux Clugny. Voir Sylvie NICOLAS, Les derniers maîtres des requêtes de l’Ancien Régime (1771-1789). Dictionnaire prosopographique, Paris, Mémoires et documents de l’Ecole des chartes n° 51,1998, p. 151.
-
[4]
Détail significatif, lorsque l’on sait que Cromot du Bourg mourut visiblement prématurément, à l’âge de soixante et un ans.
-
[5]
Jean-François MARMONTEL, Mémoires, édition de Maurice Tourneux, Paris, 1891, t. II, 5, p. 10-11.
-
[6]
Ibidem, p. 13.
-
[7]
Voir Michel ANTOINE, Le Cœur de l’État. Surintendance, contrôle général et intendances des finances.1552-1791, Paris, Fayard, 2003, p. 472.
-
[8]
Gustave SCHELLE, Du Pont de Nemours et l’école physiocratique, Paris, 1888, p. 32-35.
-
[9]
D’HOZIER, Armorial général ou Registres de la noblesse de France, Paris, 1754, Firmin - Didot reprint, Paris, 1908.
-
[10]
Duc de CHOISEUL, Mémoires, Paris, rééd., Mercure de France, 1987, p. 203.
-
[11]
Sur la carrière de Cromot du Bourg au Contrôle général, voir Joël FÉLIX : Finances et politiques au siècle des Lumières. Le ministère L’Averdy,1763-1768, Paris, Comité pour l’Histoire Économique et Financière de la France, 1999, p. 208,343,350,454,457,473.
-
[12]
13. Voir entre autres, PETIT DE BACHAUMONT, Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres en France depuis MDCCLXII jusqu’à nos jours ou Journal d’un amateur, etc., Londres, 1781, t. XV, p. 188-189,17 juin 1780. Et t. XVI, p. 15-16,6 octobre 1780, ou encore t. XXV, 24 février 1782.
-
[13]
Archives Nationales, Paris (désormais AN), R5 56, Nomination des officiers de Monseigneur le Comte de Provence faite par le Roy le 15 décembre 1770.
-
[14]
AN, R5 523, Etat du prix des charges de la Maison de Monsieur, sans date.
-
[15]
AN, R5 56, voir note 14 supra.
-
[16]
Dieter GEMBICKI, Histoire et politique à la fin de l’Ancien Régime. Jacob-Nicolas Moreau (1717-1803), Paris, Nizet, 1979.
-
[17]
Voir Sandrine BULA, L’Apanage du comte d’Artois (1773-1790), Paris, Mémoires et Documents de l’École des Chartes n° 38,1993.
-
[18]
AN, R5 10, p. 297, Mémoire du 20 mars 1779.
-
[19]
AN, R5 3, p. 386, Mémoire du 31 octobre 1774.
-
[20]
AN, R5 488, Correspondance, 4 février 1776.
-
[21]
AN, R5 430, p. 75, Mémoire du premier juillet 1780. Voir aussi les multiples projets de reconstruction tout au long des Décisions et Ordonnances de Monsieur, R5 12-28, passim.
-
[22]
AN, R5 141, Décisions et Bons de Monsieur, Vendôme, réparations du Château, au Conseil tenu à Versailles le 18 mars 1780. Mémoire.
-
[23]
AN, R5 8, p. 508,28 mars 1778; les réparations de l’église de Sénart demandées par les ermites (sic) de la ville sont accordées par Monsieur.
-
[24]
AN, R5 2, pp.90-102, Mémoire du 28 mars 1773.
-
[25]
Nommé le 5 juin 1773, AN, R5 2, Mémoire du 5 juin 1773.
-
[26]
AN, R5 431, p. 3, Travail du 7 janvier 1781.
-
[27]
AN, R5 218, pp.45-47, Conseil tenu au Luxembourg, Monseigneur étant présent, du 9 mai 1785.
-
[28]
Baron de LAMOTTE-LANGON, op. cit., t. II, 85-87.
-
[29]
AN, R5 218, p. 45-47, Conseil tenu au Luxembourg, Monseigneur étant présent, du 9 mai 1785.
-
[30]
AN, R5 1, p. 39-144
-
[31]
32 AN, M.C., Et. / XCIX/701, Testament de M. Cromot, 2 octobre 1786.
-
[32]
AN, R5 7, p. 435,1er novembre 1777, Règlement qui assigne à chacun des serviteurs de Monsieur à Brunoy les fonctions de leurs places et que le Gouverneur veut et ordonne être observés dans les châteaux du Prince.
-
[33]
Baron de LAMOTTE-LANGEON (attribué au), Mémoires de Louis XVIII, Paris, 1832, chap. VI, p. 58.
-
[34]
AN, R5 38, Mémoire du 17 juillet 1779.
-
[35]
Cromot conseille à ses enfants de s’en rapporter « à la décision de personnes sages et éclairées, et dans le choix de ces personnes, je leur prescris notamment celui de M. le comte d’Angiviller mon respectable ami […] », AN, M.C., Et./XCIX/701, Testament de M. Cromot, 2 octobre 1786.
-
[36]
Lors des célébrations données à Brunoy en 1776 et 1780, il est gratifié en échange de ses peines d’une « magnifique boîte enrichie de diamants remise de la part du roi et de la reine, à l’occasion de la fête que Monsieur a donné à Brunoy à la Reine », Papillon de la Ferté, op. cit., note 7, 19 novembre 1776, p. 401.
-
[37]
AN, R5 21, p. 237, Mémoire du 26 août 1784.
-
[38]
AN, R 5523, État du prix des charges de la Maison de Monsieur, s.d.
-
[39]
AN, R5 41,42, Comptes généraux.
-
[40]
Sur Jean-François-Thérèse Chalgrin, voir Michel GALLET, Les Architectes parisiens du
-
[41]
Christian MICHEL, Charles-Nicolas Cochin et l’art des Lumières, Rome, École française de Rome, 1993