Notes
-
[1]
Raoul BLANCHARD, Les Alpes occidentales, t. III, Les grandes Alpes françaises du nord, Grenoble, Arthaud, 1943 ( 2 vol.), vol II, p. 324.
-
[2]
Leszek A. KOSI (ed.), People on the Move, Studies on Internal Migration, Londres, Commission on Population Geography, 1975. Ce livre rassemble les interventions du colloque de l’International Geographical Union Commission on Population Geography, août 1972 qui, à ma connaissance, a lancé ce concept.
-
[3]
Laurence FONTAINE, Histoire du colportage en Europe, Paris, Albin Michel, 1993.
-
[4]
Je voudrais remercier Jon Mathieu pour nos discussions et parce que j’ai pu, grâce à lui, accéder à l’historiographie sur le mercenariat.
-
[5]
R. BLANCHARD, « Le Haut-Dauphiné à la fin du XVIIe siècle, d’après les procès de la révision des feux de 1700 », Recueil des travaux de l’Institut de géographie alpine, t. 3,1915, p. 337-419 (p. 402) et Les Alpes occidentales, op. cit., vol. II, p. 324. Abel POITRINEAU, Remues d’hommes. Les migrations montagnardes en France, 17e-18e siècles, Paris, Aubier, 1983, p. 5-24.
-
[6]
Paul-André ROSENTAL, Espaces, familles et migrations. Les sentiers invisibles dans la France du XIXe siècle, Paris, Éditions de l’EHESS, 1999, p. 15.
-
[7]
Isabelle BACKOUCHE, « À la recherche de l’histoire urbaine. Jean-Claude Perrot : Genèse d’une ville moderne [ 1975]», in Bernard LEPETIT, Christian TOPALOV (dir.), La ville des sciences sociales, Paris, Belin, 2001, p. 267-305 (p. 292). Voir aussi les analyses de P-A. ROSENTAL, Espaces, familles et migrations…, op. cit., p. 85-101.
-
[8]
Pour reprendre le titre de Raul MERZARIO, Il Capitalismo nelle montagne. Strategie familiari nelle prima fase di industrializzazione nel comasco, Bologne, Il Mulino, 1989.
-
[9]
Michel FOUCAULT, Histoire de la sexualité, t. 1 : La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976.
-
[10]
P-A. ROSENTAL, « Treize ans de réflexions : de l’histoire des populations à la démographie historique française ( 1945-1958)», Population, 1996, n° 6, p. 1211-1238.
-
[11]
Voir les articles de François Walter et de Jon Mathieu dans ce volume.
-
[12]
A. POITRINEAU, Remues d’hommes…, op. cit., p. 6-24. Harriet G. ROSENBERG, A Negociated World. Three Centuries of Change in a French Alpine Community, Toronto, University of Toronto Press, 1988, reprend cette même thèse pour la période moderne de l’histoire des vallées du Queyras. Emmanuel LE ROY-LADURIE, Le siècle des Platter 1499-1628, Paris, Fayard, 1995.
-
[13]
L. FONTAINE, Histoire du colportage…, op. cit.
-
[14]
Marianne STUBENVOLL, « Patrons bernois, client vaudois au service étranger », in Gente ferocissima. Mercenariat et société en Suisse (XVe-XIXe siècle). Recueil offert à Alain Dubois, Zurich et Lausanne, 1997, p. 61-73 ( 68).
-
[15]
André CORVISIER, Armées et sociétés en Europe de 1494 à 1789, Paris, PUF, 1976. Plus spécifiquement sur les mobilités voir Daniel ROCHE, Humeurs vagabondes. De la circulation des hommes et de l’utilité des voyages, Paris, Fayard, 2004, p. 264-285.
-
[16]
J. STEINAUER, « Des migrants avec des fusils. Le service étranger dans le cycle de vie », in Gente ferocissima…, op. cit., p. 117.
-
[17]
M. STUBENVOLL, « Patrons bernois… », art. cit.
-
[18]
Jon MATHIEU, Bauern und Bären. Eine Geschichte des Unterengadins von 1650 bis 1800, Chur, Octopus Verlag, 1987, p. 231. Les chiffres sont de nouveaux comptages faits par Jon Mathieu à partir des sources indiquées dans l’ouvrage pour les besoins de cet article.
-
[19]
Urs KÄLIN, Die Urner Magistratenfamilien. Herrschaft, ökonomische Lage und Lebensstil einer ländlichen Oberschicht 1700-1850, Zurich, Chronos, 1991, tableau p. 281.
-
[20]
Laura DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », in Raffaello CESCHI (dir.), Storia della Svizzera italiana dal Cinquecento al Settecento, Bellinzona, Edizioni Casagrande, 2000, p. 289-312. R. CESCHI, « Rusticità e urbanità. Circolazione di uomini e mercato di devozione », in L. DAMIANI CABRINI (dir.), Seicento ritrovato. Presenze pittoriche « italiane » nella Lombardia Svizzera tra Cinquecento e Seicento, Milan, Skira, 1996, p. 13-23 (ici p. 15).
-
[21]
L. DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 307.
-
[22]
L’officier préposé aux magasins d’approvisionnement de la cour.
-
[23]
Porteur dans ces magasins d’approvisionnement de la cour.
-
[24]
ASL, Dogana, série 1°, 2, « Nuova Compagnia di Facchini e loro costituzione nel 1631 », cité par Chiara ORELLI, « Facchini “ticinesi” nelle dogane di Livorno, Firenze e Genova. Alla conquista di un monopolio », in L. DAMIANI CABRINI (dir.), Seicento ritrovato…, op. cit., p. 25-54 (p. 25).
-
[25]
C. ORELLI, « Facchini… », art. cit., p. 40.
-
[26]
R. CESCHI, « Rusticità e urbanità… », art. cit., p. 16.
-
[27]
C. ORELLI, « I migranti nelle città d’Italia », in R. CESCHI (dir.), Storia della Svizzeria italiana…, op. cit., p. 257-288 (p. 276).
-
[28]
Stefania BIANCHI, La casa Cantoni di Cabbio, Cabbio, Museo ethnografico Valle di Muggio, 2003, p. 38.
-
[29]
L. DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 300 qui cite aussi les principaux architectes issus de la parenté Fontana-Maderno, et p. 306,307; S. BIANCHI, La casa Cantoni di Cabbio, op. cit., p. 36.
-
[30]
C. ORELLI, « Facchini… », art. cit., p. 44 et 48 note 4
-
[31]
R. CESCHI, « Bleniesi milanesi. Note sull’emigrazione di mestieri dalla swizzeria italiana », in Col bastone e la bisaccia per le strade d’Europa. Migrazioni stagionali di mestiere dall’arco alpino nei secoli XVI-XVIII, Bellinzona, Edizioni Salvioni, 1991, p. 49-72 (p. 66-67). Carlo M. BELFANTI, «“E’ venuto per esercitare il suo mestiere… ” Immigrati e mestieri a Mantova e nel suo territorio tra Sei e Settecento », Le Migrazioni in Europa secc. XIII-XVIII, Atti della “Venticinquesima Settimana di Studi”, Istituto internazionale di storia economica « F. Datini » (Prato), Florence, Le Monnier, 1994, p. 683-689.
-
[32]
Anne-Lise HEAD, « Intégration ou exclusion : le dilemme des soldats suisses au service de la France », in Paul BAIROCH, Martin KÖRNER (dir.), La Suisse dans l’économie mondiale, Zurich, Société suisse d’histoire économique et sociale, 1990, p. 37-55 ( 51).
-
[33]
J. MATHIEU, Bauern und Bären…, op. cit., p. 231.
-
[34]
J. STEINAUER, « Des migrants avec des fusils… », art. cit., p. 122-123.
-
[35]
Hans CONRAD PEYER, « Die wirtschaftliche Bedeutung der fremden Dienste für die Schweiz vom 15 bis zum 18. Jahrhundert », in Könige, Stadt und Kapital, Aufsätze zu Wirtschafts – und sozialgeschichte des Mittelalters, Zurich, Verlag Neue Zürcher Zeitung, 1982, p. 219-231 (p. 225).
-
[36]
L. DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 298-299.
-
[37]
Voir le rôle du crédit aux princes dans la conquête des marchés par les colporteurs dans L. FONTAINE, Histoire du colportage…, op. cit., chap. 1.
-
[38]
L. DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 303.
-
[39]
C. ORELLI, « Facchini… », art. cit., p. 44; 48 note 10 et note 60.
-
[40]
A.-L. HEAD, « Intégration ou exclusion… », art. cit., p. 50-51.
-
[41]
M. STUBENVOLL, « Patrons bernois… », art. cit., p. 69. Voir aussi les exemples donnés par U. KÄLIN, Die Urner Magistratenfamilien…, op. cit., p. 119-122.
-
[42]
J. STEINAUER, « Des migrants avec des fusils… », art. cit., p. 122.
-
[43]
R. CESCHI, « Rusticità e urbanità… », art. cit., p. 13-23 (p. 15).
-
[44]
C. ORELLI, « I migranti nelle città d’Italia », art. cit., p. 277-278.
-
[45]
Voir les exemples dans L. DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 306-307 et p. 307,310.
-
[46]
R. CESCHI, « Artigiani migranti… », art. cit., p. 30.
-
[47]
C. ORELLI, « Facchini… », art. cit., p. 29.
-
[48]
H. C. PEYER, « Die wirtschaftliche Bedeutung… », art. cit., voir tableau p. 223-226.
-
[49]
A.-L. HEAD, « Intégration ou exclusion… », art. cit., p. 37.
-
[50]
L. DAMIANI-CABRIN i, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 312.
-
[51]
C. ORELLI, « Facchini… », art. cit., p. 46.
-
[52]
L. FONTAINE, Histoire du colportage…, op. cit.
-
[53]
Arjan DE HAAN, Unsettled Settlers. Migrant Workers and Industrial Capitalism in Calcutta, Verloren, Hilversum, 1994.
-
[54]
Numéro spécial de L’Ethnographe, « Les migrations d’Asie du Sud », 1978. Dans ce numéro, quatre études concernent le Népal et une s’attache à dresser le portrait de l’émigrant à Bombay.
-
[55]
Gérard TOFFIN, « Les migrations dans une vallée himalayenne du Népal central (district de Dhâding)», L’Ethnographe, n° spécial « Les migrations d’Asie du Sud », 1978, p. 121-140 (p. 121 et 133). Le thème de l’impôt et du besoin de numéraire est récurrent dans toutes les explications des causes de la migration; mais l’impact de l’impôt n’a jamais été sérieusement étudié comme le souligne justement François Machuelle dans son étude des migrants Soninke. F. MACHUELLE, Willing Migrants. Soninke Labor Diasporas, 1848-1960, Athens, Ohio University Press, 1997, p. 8.
-
[56]
G. TOFFIN, « Les migrations dans une vallée himalayenne… », art. cit., p. 121 et 133.
-
[57]
Structure sociale locale. Zafar KHAN, « Diasporic communities and identity formation : the post-colonial Kashmiri experience in Britain », Imperium Journal, vol. 1, déc. 2000, p. 1-9 (p. 6-7).
-
[58]
Jean AUBIN, Denis LOMBARD (dir.), Marchands et hommes d’affaires asiatiques, dans l’océan Indien et la mer de Chine, 13e-20e siècles, Paris, Éditions de l’EHESS, 1988.
-
[59]
Zhang LI, Strangers in the City, Reconfigurations of Space, Power and Social Networks within China Floating Population, Stanford, Stanford University Press, 2001, p. 61.
-
[60]
Steven VERTOVEC, Robin COHEN (dir.), Migration, Diaspora and Transnationalism, Northampton, Edward Elgar Publishing, 1999, p. XVII; R. COHEN, Global Diaspora : an Introduction, Londres, UCL Press, 1997, et Steven VERTOVEC, « Three meanings of “diaspora”, exemplified among South Asian religions », Diaspora, 6/3,1999 notent l’inflation de l’emploi du mot diaspora et la difficulté à le manier puisqu’il embrasse les catégories d’immigrants, de travailleurs, les minorités “raciales” et ethniques, les réfugiés, les expatriés et les voyageurs.
-
[61]
Voir leur site wwww. transcomm. ox. ac. uket leurs publications, en particulier le choix de textes qu’ils ont réuni dans Migration, Diaspora…, op. cit.
-
[62]
Arjun APPADURAI, Modernity at Large. Cultural Dimensions of Globalization, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1996; James Clifford, « Diasporas », Cultural Anthropology, 9/3,1994, p. 302-338.
-
[63]
Stuart HALL, « Cultural Identity and Diaspora », in Jonathan RUTHERFORD (ed.), Identity : Community, Culture, Difference, Londres, Lawrence & Wishart, p. 222-237.
-
[64]
A. APPADURAI, « The production of locality », in Richard FARDON (dir.), Counterworks : Managing the Diversity of Knowledge, Londres, Routledge, 1995, p. 204-225 (p. 213). Gabriel SHEFFER, « The emergence of New Etho-National Diasporas », Migration, t. 28,1995, p. 5-28.
-
[65]
S. VERTOVEC et R. COHEN, Migration, Diaspora…, op. cit., p. XVI.
-
[66]
R. COHEN, Global Diaspora…, op. cit., p. 16. Paul GILROY, « Diaspora », Paragraph, t. 17, n°1, 1994, p. 207-212.
-
[67]
Gabriel SHEFFER, « A new field of study : modern diasporas in international politics », in Gabriel SHEFFER (dir.), Modern Diasporas in International Politics, Londres, Croom Helm, 1986, p. 1-15. Yossi SHAIN, « Multicultural foreign policy », Foreign Policy, n° 100,1995, pp. 69-87. Roger ROUSE, « Mexican migration and the social space of postmodernism », Diaspora, 1/1,1991, p. 8-23.
-
[68]
Dans les études actuelles sur les migrations chinoises, certains comme Orlando Paterson peuvent souligner la diversité des formes de migration, comme celle des petits commerçants en Jamaïque qui conservent des liens avec leurs régions d’origine et celle des cultivateurs en Guyane qui se créolisent. Mais le possible rôle de la formation du capital de départ pour les épiciers de la Jamaïque et pour les élites qui ont organisé la migration en Guyane n’est pas posé, de même que les localités de départ sont totalement imprécises. O. PATERSON, « Context and choice in Ethnic allegiance : a theoretical framework and Caribbean study », in Nathan GLAZER, Daniel P. MOYNIHAN (eds), Ethnicity :Theory and Experience, Harvard, Harvard University Press, 1975, p. 305-349. D’autres, confrontés à cette diversité des migrations chinoises, les lisent sur l’unique modèle du réseau et expliquent les différences entre les récentes migrations du Nord et celles des régions du Sud, qui connaissent de longue date des migrations de métier, comme étant des étapes diverses dans le cycle de vie des réseaux, les migrations du Nord renvoyant à l’étape de leur formation. Une prise en compte de la spécificité des montagnes conduirait sans doute à la reconnaissance de modèles radicalement différents entre migrations du Sud et du Nord. Voir Eric GUERASSIMOFF, Carine PINA-GUERASSI et Nora WANG, « La circulation des nouveaux migrants économiques chinois en France et en Europe », Ministère de l’emploi et de la solidarité, convention n°22/99 MIRE/SEDET, mars 2002, p. 86. Je remercie Paul-André Rosental qui m’a prêté le dossier d’habilitation d’Eric Guerassimoff.
-
[69]
Patricia ELLIS et Zafar KHAN, « Diasporic mobilisation and the Kashmir issue in British politics », Journal of Ethnic and Migration Studies, 24/3,1998, p. 471-488 (ici p. 472-473).
-
[70]
Z. KHAN, « Diasporic communities… », art. cit., p. 1-9.
-
[71]
Ali Ahmad qui prête attention à la différence entre Pakistanais des plaines et des montagnes dans les interviews qu’il conduit pour sa thèse note une grande réticence des montagnards à répondre aux questions et chez eux une fermeture beaucoup plus grande sur la communauté. A. AHMAD, « Pakistanis in Europe : critical and comparative perspectives on contemporary migration and transantionalism », thèse en cours à l’Institut Universitaire Européen (Florence).
-
[72]
Z. KHAN, « Diasporic communities… », art. cit., p. 7 et Pnina WERBNER, Imagined Diaspora among Manchester Muslims, Oxford, James Currey, 2002.
-
[73]
L. FONTAINE, Histoire du colportage…, op. cit.
-
[74]
Barbara SCHMITTER HEISLER, « Sending countries and the politics of emigration and destination », International Migration Review, XIX/3,1985, p. 469-484. Une remise en question de ces catégories commence toutefois à se faire entendre. Voir, par exemple, A. GUPTA et J. FERGUSON, « Beyond “Culture”: space, identity and the politics of difference », Cultural Anthropology, 7/1,1992, p. 6-23.
-
[75]
P. WERBNER, The Migration Process : Capital, Gifts, and Offerings among British Pakistanis, Oxford, Berg, 1990.
-
[76]
Johanna LESSINGER, « Nonresident-Indian investment and India’s drive for industrial modernization », in Frances Abrahamer ROTHSTEIN, Michael L. BLIM (dir.), Anthropology and the Global Factory : Studies of the New Industrialisation in the Late Century, New York, Bergin et Garvey, 1992, p. 62-82 (p. 70).
-
[77]
Aihwa ONG, « Chinese transnationalisms an alternative modernity », in Id., Donald NONINI (dir.), Ungrounded Empires : The Cultural Politics of Modern Chinese Transnationalism, New York, Routledge, 1997, p. 3-33; Pierre TROLLIET, La diaspora chinoise, Paris, PUF, 1994.
-
[78]
Aihwa Ong montre qu’il est impossible de comprendre de tels phénomènes transnationaux si l’on n’étudie pas les stratégies d’accumulation capitalistique des Chinois car elles influencent ces phénomènes ( A. ONG, « Chinese Transnationalisms… », art. cit., p. 4).
-
[79]
P. WERBNER, Imagined Diaspora…, op. cit. Voir en particulier le chapitre 1 qui décrit les lieux d’installation des différentes communautés de Pakistanais à Manchester et le rôle des entrepreneurs Arain de l’Est du Penjab.
-
[80]
Andreas STEINHAUF, Ludwig HUBER, « Redes sociales y desarrollo economico en el Perù : los nuevos actores », manuscrit inédit, p. 14. Je remercie les auteurs de m’avoir communiqué leur manuscrit qui expose les résultats préliminaires du projet d’enquête sur les réseaux sociaux et le développement économique du Pérou qu’ils conduisent à l’Université libre de Berlin; Charles TILLY, « Transplanted networks », in Virginia YANS-MC LAUGHLIN (dir.), Immigration Reconsidered. History, Sociology and Politics, Oxford, Oxford University Press, 1990, p. 92.
-
[81]
Nina GLICK SCHILLER, Linda BASCH et Cristina BLANC-SZANTON, « Transnationalism : a new analytic framework for understanding migration », Annals of the New York Academy of Sciences, t. 645, 1992, p. 1-24.
-
[82]
Charles W. STAHL, Fred ARNOLD, «“Overseas workers” remittances in Asian development », International Migration Review, XX/4,1986, p. 899-925.
-
[83]
« Most migrants are workers, not risk-taking entrepreneurs, and they feel a need to be cautious in their investments. Once they return, they do not have substantial resources to fall back on if they undertake an investment which proves to be a failure. [… ] Under the circumstances it is naive to expect that the overseas work experience will transform a poor working peasant into an industrial entrepreneur », C. W. STAHL, F. ARNOLD, «“Overseas workers” remittances… », art. cit., p. 914.
-
[84]
Ibidem, p. 808-809.
-
[85]
Joel KOTKIN, Tribes : How Race, Religion and Identity Determine Success in the New Global Economy, New York, Random House, 1993. Mark GRANOVETTER, « Les institutions économiques comme constructions sociales : un cadre d’analyse », in André ORLÉAN (dir.), Analyse économique des conventions, Paris, 1994, p. 79-94.
-
[86]
Robin COHEN, « Rethinking “Babylon”: iconoclastic conceptions of the diasporic experience », New Community, vol 21, n° 1,1995, p. 5-18 ( 11-12), qui cite A. HOURANI, N. SHEHADI (eds), The Lebanese in the World : A Century of Emigration, Londres, I. B. Tauris, 1993.
-
[87]
Marc GABORIEAU, « Les marchands musulmans kashmírí au Tibet, au Népal et en Inde du Nord », in Marchands et hommes d’affaires asiatiques…, op. cit., p. 195-198.
-
[88]
Marchands et hommes d’affaires asiatiques…, op. cit.
-
[89]
Erdmute ALBER, Migración o movilidad en Huayopampa ? Nuevos temas y tendencias en la discusión sobre la comunidad campesina de los Andes, Lima, Instituto de Estudios Peruanos, 1999.
-
[90]
A. STEINHAUF et L. HUBER, « Redes sociales… », op. cit. À côté d’un récit « rose » du développement des entreprises ethniques, quelques interviews font ressortir des réalités différentes et, en particulier, une possible exploitation de la main-d’œuvre chez les entrepreneurs au passé rural individualiste qui délaissent les solidarités ethniques quand elles ne leur sont plus utiles, ce qui contraste avec l’attente des Andins qui ont derrière eux une longue histoire de traditions communautaires et qui n’agiraient pas ainsi.
-
[91]
P. WERBNER, « Business on trust : Pakistani entrepreneurship in the Manchester garment trade », in Robin WARD et Richard JENKINS (dir.), Ethnic Communities in Business. Strategies for Economic Survival. Cambridge, Cambridge University Press, 1984, p. 187.
-
[92]
J. KOTKIN, Tribes…, op. cit.
-
[93]
James T. FAWCETT, « Networks, linkages and migration systems », International Migration Review, XXII/3,1989, p. 671-680. P. WEBNER, The Migration Process…, op. cit.
-
[94]
A. STEINHAUF et L. HUBER, « Redes sociales », art. cit.
-
[95]
J. CLIFFORD, « Diasporas », art. cit. p. 304. Nancy L. GREEN, Repenser les migrations, Paris, PUF, 2002.
-
[96]
Voir la note 60
-
[97]
E. GUERASIMOFF et C. PINA-GUERASSIMOFF, « Dynamiques des réseaux chinois en Asie du Sud-Est », in Christian TAILLARD, Philippe PELLETIER (dir.), Nouvelles organisations régionales en Asie orientale, vol. 2, Paris, Indes Savantes, 2003; les auteurs adoptent la théorie du tout-réseau et analysent le cycle de vie des réseaux : ils se forment après un apport suffisamment grand de migrations individuelles et disparaissent avec l’assimilation. Cette théorie est contredite par les analyses empiriques qui montrent à la fois des migrants chinois sans réseaux et des réseaux de migrants qui ne faiblissent pas pendant plusieurs siècles.
-
[98]
Voir l’exemple des Écossais et des Normands dans L. FONTAINE, Histoire du colportage…, op. cit. Les zones de migrations de la Chine du Sud cumulent, comme l’Écosse, les deux particularités énoncées.
-
[99]
F. MACHUELLE, Willing Migrants…, op. cit.
1Nul doute que les migrations sont une spécificité montagnarde. Des Alpes à l’Himalaya, historiens, géographes et anthropologues font leurs la « loi de transhumance » qui toucherait hommes et bêtes selon Raoul Blanchard [1], tout comme ils s’approprient la célèbre formule de Fernand Braudel qui décrit les montagnes comme des terres de « migrations à usage d’autrui ». Toutes les matrices explicatives s’emboîtent et se renforcent. Elles se fondent d’abord sur l’écosystème montagnard qui conjugue à de maigres récoltes un important besoin de main-d’œuvre pendant la très brève saison agricole. L’oisiveté forcée due à la longueur des hivers ainsi que la fiscalité s’ajoutent à ces données structurelles pour pousser les hommes au départ. La théorie des pull et des push factors a systématisé cette image d’une migration temporaire de pauvres qui trouvent dans l’absence de quelques mois une solution à la crise de l’écosystème montagnard, tout en préservant l’attachement à la terre et à la vallée; le passage de la migration temporaire à la migration définitive renvoyant aux hasards du voyage et aux attraits du plat pays [2]. Cette lecture bien connue des historiens pour les montagnes européennes est partagée par les anthropologues qui travaillent sur l’Asie ou l’Amérique latine.
2Cet essai aimerait, avant de tenter une comparaison entre les Alpes et les autres montagnes non européennes, tester sur d’autres migrations de maind’œuvre le modèle mis en évidence dans la migration colporteuse [3], modèle caractérisé par le rôle d’entrepreneurs de main-d’œuvre que jouent les élites villageoises. Pour ce faire, je m’attacherai, dans un premier temps, à déconstruire l’historiographie pour montrer les partis pris, les imaginaires et les luttes de représentations qu’elle a incorporés et qui expliquent pourquoi un tel modèle n’a jamais pu être perçu. Ensuite, j’analyserai les migrations de mercenaires, de maçons et de porteurs originaires des Alpes pour voir en quoi elles sont comparables aux migrations marchandes [4]. Enfin, je montrerai que l’historiographie des migrations contemporaines des montagnes non européennes ne permet pas de comparer facilement car les catégories d’analyse utilisées rendent la montagne invisible. Je soulignerai toutefois un certain nombre de traits communs entre les migrations alpines et les migrations de ces montagnes qui permettent, malgré tout, de poser la question de la spécificité des montagnes – et plus généralement des zones de ruptures écologiques – dans l’ensemble des migrations de travail.
3L’ampleur du sujet m’oblige toutefois à insister sur l’aspect conjectural de cet article. Il est sûrement trop d’auteurs auxquels je ne rends pas justice. Malgré tout, au terme de nombreuses lectures, il me semble que les hypothèses que je propose sont loin d’être la doxa et qu’elles méritent d’être discutées.
CONSTRUCTION DU SAVOIR SUR LES MIGRATIONS DE MONTAGNE
4La matrice explicative générale, esquissée en introduction, porte avec elle un certain nombre de présupposés qui informent par avance les résultats.
- Elle pose que la nature impose à l’homme une manière de l’exploiter et une seule et renvoie au système agro-pastoral pratiqué dans les Alpes françaises au XIXe siècle [5].
- Elle envisage deux pôles géographiques, celui du départ et celui de l’arrivée, et deux moments dans la vie du migrant : l’avant et l’après. On est soit migrant, soit sédentaire et, jusqu’à très récemment, la multipolarité était impensable. L’accent mis sur la notion de résidence [6], qui réduit l’appartenance géographique à un seul lieu, est une des composantes essentielles de cette dichotomie qui a pour conséquence que les diverses formes de migrations sont déconnectées les unes des autres et ne sont jamais pensées comme pouvant appartenir à un ensemble articulé. Il y a, d’un côté, les migrations définitives, fruit du succès des migrations temporaires ou bien de la misère et, de l’autre, les migrations temporaires, salle d’attente d’une installation future au pays ou au loin.
- L’espace qui sert de support à ces analyses est un espace vide d’institutions, un paramètre très contraignant et, en même temps, un décor vide [7]. Cet imaginaire de l’espace, qui s’adosse à celui d’une paysannerie repliée sur son terroir, prise dans les tenailles de la faiblesse des récoltes et de l’excessive densité de population est tout à la fois un enfant de Malthus, de Braudel et de Chayanov. Ces partis pris, qui bornent la richesse des villages au finage et ne considèrent la terre que comme seule possibilité de richesse, ont empêché d’envisager que la migration puisse être une stratégie économique, une manière d’utiliser l’espace comme une ressource et d’élargir ainsi les frontières du terroir. Ces grilles d’analyses, qui adoptent le point de vue du centre, interdisent de penser qu’il puisse exister un capitalisme dans les montagnes comme chez les paysans [8]. De fait, le capitalisme braudélien s’inscrit dans un espace hiérarchisé, marqué par des vitesses différentes de rotation des marchandises et du capital. Au cœur, la ville qui est l’élément moteur et qui entraîne avec beaucoup de déperdition d’énergie des campagnes où tout circule plus lentement : l’argent, les marchandises et les idées. Dans ce schéma, la place et le rôle de la montagne sont définis d’avance; c’est la lenteur par excellence, l’immobilité : « La montagne ordinairement est un monde à l’écart des civilisations, création des villes et des bas pays. Son histoire, c’est de n’en point avoir, de rester en marge des grands courants civilisateurs qui cependant passent avec lenteur [… ]». Il fonde les analyses en termes de centre et périphérie.
- Ces modèles atomisent le corps social et adoptent sans les questionner les découpages que l’État cherche à imposer : la famille étroite et l’individu [9]. Ils épousent ainsi les découpages de la statistique administrative [10]. Le départ est pensé comme un choix individuel, même s’il rejaillit sur la famille et le groupe d’origine. La transparence, la rationalité et l’atomisation du corps social qui fondent ces analyses impliquent que les filières migratoires mises en évidence sont toutes analysées comme des chaînes de solidarité où circulent l’entraide et l’information. La question du pouvoir qui pourrait lier entre eux les migrants n’est jamais posée, pas plus que ne sont questionnés les régimes politiques des communautés de montagne. L’imaginaire politique des sociétés démocratiques dans lesquelles nous vivons domine ces interprétations et conforte la longue tradition d’adéquation entre l’homme et la nature que les philosophes des Lumières ont reprise et magnifiée [11] et qui présente les villages d’altitude comme des démocraties, des républiques de petits propriétaires égaux en pauvreté [12]. Une fois de plus, le point de vue est celui du centre.
- Enfin, les interrogations de l’histoire économique ont très peu pénétré les études sur les migrations et les questions qui renvoient aux institutions de l’économie et qui obligeraient à analyser le fonctionnement effectif du marché du travail, les modes de circulation de l’information, les formes de contrôle de la main-d’œuvre, la question de la construction de la confiance ne sont jamais posées dans leur complexité. L’image sous-jacente à ces modèles de migrations économiques est celle de l’économie libérale abstraite où offre et demande se rencontrent individuellement, dans la transparence.
5Délaisser le point de vue du centre pour analyser ces sociétés de montagne, sans en exclure a priori les migrants, en portant attention à toutes les formes de richesses et en s’attachant à la distribution et à la circulation du pouvoir à l’intérieur des communautés ainsi que dans les lieux où les hommes ont migré a permis de dessiner des visages tout à fait autres des villages alpins et des migrations qu’ils connaissaient. On a ainsi pu montrer que les villages montagnards avaient des systèmes de migrations complexes puisqu’aux départs dus à la misère – mouvements qui ne sont d’ailleurs pas spécifiques aux montagnes – s’ajoutent des migrations de main-d’œuvre contrôlées par des élites qui agissent en entrepreneurs de la force de travail, ces élites s’organisant comme des diasporas marchandes [13].
6Ce système migratoire est, à mon sens, une spécificité des montagnes. Certes non dans l’absolu, car il n’y a pas de déterminisme géographique rigide et il est facile de citer des époques et des massifs montagneux qui ne relèvent pas de ce schéma tout comme des régions de plaine qui l’ont connu. Toutefois, il est le produit de facteurs et de contextes qui, historiquement, se sont trouvés être durablement présents dans les pays de montagnes, en particulier en Europe entre XIVe et XIXe siècles. Pour tester la validité de ce modèle, je vais poser à d’autres migrations de métier, celle des soldats, des maçons, et des porteurs, les questions que j’avais posées au colportage.
SPÉCIFICITÉ DES MIGRATIONS DE MÉTIER ALPINES
7La force de ces migrations de métier alpines vient de l’organisation multilocale des familles des élites. Parce qu’elles vivent éclatées entre plusieurs pôles géographiques, tout en conservant un lien très fort avec les villages d’origine, ces familles ont un accès privilégié à l’information sur les besoins des divers pays, aussi bien que sur les membres de leur propre communauté. Cette organisation « ethnique » minimise les coûts de transaction et permet de réorienter les activités en fonction des besoins du marché et des politiques des États. Le contrôle de la main-d’œuvre, au plat pays comme au village, dans des contextes institutionnels où il est difficile de faire respecter la durée des engagements et d’assurer ainsi l’achèvement du travail, rend cette organisation de la force de travail, encadrée par des chefs issus des mêmes communautés, extrêmement performante.
8Ces formes entrepreneuriales sont soutenues par des chaînes de crédit en amont comme en aval. Elles lient commanditaires et travailleurs aux entrepreneurs montagnards assurant d’un côté la maîtrise des marchés et, de l’autre, celle du travail. Ces éléments, mis en évidence dans l’étude du colportage, sont également aux fondements du succès des autres migrations de métier alpines. Soldats, maçons et porteurs serviront d’exemples pour illustrer ces pratiques entrepreneuriales montagnardes qui se développent à partir de la Renaissance en Europe. J’en examinerai quatre éléments clefs. D’abord les entrepreneurs montagnards dont l’existence bouscule le modèle centre-périphérie. Puis je montrerai la plasticité géographique de ces réseaux qui savent utiliser l’espace à leur profit. Dans un troisième temps, j’analyserai l’utilisation qu’ils font de l’endettement pour conquérir de nouveaux marchés et pour tenir la main-d’œuvre qu’ils emploient. Je terminerai en montrant qu’ils ont su offrir aux différents employeurs et commanditaires une main-d’œuvre docile et efficace.
Des entrepreneurs issus des montagnes
9Compte tenu de la technologie des armées de l’Europe moderne, s’approvisionner en soldats est le premier des besoins militaires et toutes les capitales développent une intense activité pour enrôler le maximum d’hommes et assurer le remplacement des pertes. À titre d’exemple, dans la première moitié du XVIIIe siècle, alors que les compagnies comptent entre 130 et 200 hommes, 20 à 40 soldats par an sont nécessaires pour remplacer les départs, les décès et les désertions [14]. Certes, même si l’armée évolue au fil du temps [15], il n’en reste pas moins qu’avec la multiplication des guerres, la quête des hommes est un souci majeur entre XVIe et XVIIIe siècles. C’est à cette époque que la levée des compagnies de Suisses s’institutionnalise et que se met en place le système des capitulations qui assure aux États qui les signent un approvisionnement régulier. Mais à côté des levées régulières, contrôlées par les autorités des villes et des États suisses et qui font vivre en grande partie l’administration patricienne [16], des capitaines négocient directement, avec un roi ou un prince, la levée de compagnies. Ces levées illégales se font surtout aux marges des États suisses, à Rapperswill juste hors de Zurich, par exemple, ou autour du lac de Constance pour profiter de la frontière avec l’Allemagne. Dans les compagnies levées hors des capitulations, la somme que touchent les intermédiaires est d’autant plus élevée que le prince épargne tous les frais de la corruption et les pensions qu’il doit verser aux autorités des territoires et dont les montants sont tels que l’État de Lucerne, par exemple, en vit pratiquement au XVIe siècle. Reste que, dans les deux systèmes, la figure du capitaine est centrale même si chaque officier, du colonel au cadet, est tenu d’apporter des recrues et que leur capacité à le faire conditionne en partie leur avancement [17].
10Les analyses du recrutement montrent que ces officiers sont les pivots du système migratoire des villages dont ils sont originaires. De fait, les villages d’origine des officiers sont aussi ceux qui apportent le plus de soldats aux compagnies. Dans la Basse Engadine étudiée par Jon Mathieu, sur les 12 communes considérées, le pourcentage de recrues varie énormément, mais à Ftan seule, d’où viennent beaucoup d’officiers, il y a presque un tiers de recrues contre les 0-10% dans la plupart des villages [18]. Urs Kâlin confirme ces disparités entre les villages suisses dans son étude du mercenariat [19].
11Dans les métiers du bâtiment, la figure de l’architecte-entrepreneur a émergé dès la Renaissance. Ces architectes sont également les clefs de voûte du système migratoire des villages dont ils sont originaires. Leur succès vient de leur capacité à offrir une garantie d’achèvement de l’ensemble des travaux. Pour cela, ils s’entourent des maîtres des métiers nécessaires (maçons, tailleurs de pierre et de marbre, graveurs, stucateurs, etc.) pour assurer la livraison « clefs en main » de l’ouvrage. Ces maîtres confient ensuite le travail à des chefs de chantier qui apportent la main-d’œuvre et garantissent la bonne qualité d’exécution à des coûts concurrentiels [20]. Il s’agit d’une chaîne d’embauche et de spécialisation formée d’hommes originaires des mêmes vallées. Ils forment entre eux des associations flexibles qui mêlent parents et alliés et qui se nouent selon les nécessités des chantiers et les besoins en capital. Les liens entre architectes-entrepreneurs originaires des mêmes vallées sont renforcés par une stricte endogamie professionnelle. Leurs associations leur permettent ainsi de gérer plusieurs chantiers en même temps [21].
12S’agissant des porteurs, les entrepreneurs qui organisent la migration sont difficiles à mettre en évidence. Toutefois, les combats livrés autour de la conquête des marchés attestent de leur rôle. Ainsi, en 1631, Filippo di Pietro Mazzi, « canovaro » [22] del Granduca, et Jacopo di Jacopo Tosetti, « facchino in Dispensa » [23], « vassaux des Suisses », qui sont déjà implantés dans la douane de Florence, adressent une supplique au Grand-duc « offrant de trouver cinquante porteurs de leur pays et de maintenir toujours ce même chiffre et de payer la somme que les actuels porteurs payent et de servir en toute fidélité » [24]. Ils ont ainsi réussi à imposer les migrants de leurs vallées à Livourne [25].
Multipolarité et plasticité des réseaux
13Tous ces réseaux de migrants sont plastiques. L’histoire des vallées alpines est partout marquée par les réorientations des flux à la suite de fermetures de frontière, ou de créations d’institutions favorables aux migrants : les hommes ne recherchent d’ailleurs les divers droits de citoyenneté que pour les capacités économiques qu’ils offrent. Les réseaux sont alors très sensibles aux conjonctures et ils se fixent ou quittent les villes au gré des opportunités ou des nécessités de l’organisation du travail. Bref, ils utilisent l’espace comme une ressource.
14Les officiers qui recrutent des mercenaires changent de prince ou de roi selon les opportunités et les avantages offerts. Ainsi, quand les Pays-Bas ont offert de meilleurs contrats, les troupes suisses ont changé d’allégeance et délaissé la France sans état d’âme.
15Dans la construction, les architectes ont su défendre leurs intérêts en obtenant, selon les villes, soit le libre exercice du métier, soit l’entrée dans des corporations qu’ils ont ensuite noyautées, soit encore les privilèges d’un vrai corps de métier en fondant des compagnies et en payant impôts et charges requises. À Turin par exemple, tous les métiers de la construction, architectes, maîtres maçons, sculpteurs de pierre, stucateur et tuilier de la région de Lugano, se retrouvent dans la Compagnia di Sant’Anna. Ils se sont fait reconnaître comme une università obtenant des privilèges fiscaux et professionnels bien proches de ceux des corporations : exemption de l’impôt militaire, des taxes sur le grain moulu et sur le vin, de la patente pour exercer leurs métiers, monopole de la réparation des toits et droit de porter les armes, etc. [26]. À Rome, ils sont également regroupés dans l’università de’ Muratori dont les statuts sont régulièrement redéfinis au XVIe siècle pour tenir compte des conflits et des transformations du métier et maintenir leur suprématie sur l’institution : les consuls suisses font introduire, dans la dernière décennie du XVIe siècle, que dans le collège des électeurs dix-huit sur les vingt-huit électeurs doivent appartenir à leur nation et dix être d’autres nations [27].
16Les architectes achètent des biens dans les villes dans lesquelles ils travaillaient [28], mais cette fixation peut à tout moment être remise en cause : quand de nouveaux marchés s’ouvrent, les plus connus quittent la ville où ils sont implantés, laissant les marchés à leurs parents, pour aller s’investir dans d’autres villes. Quand l’architecte Fontana part pour Naples à la suite de la mort de Sixte V, sa réputation et son entreprise sont suffisamment solides pour que les commissions papales passent tout naturellement dans les mains des parents auxquels il a confié ses affaires, Flaminio Ponzio da Viggiú, puis son neveu Carlo Maderno. Au Nord des Alpes, les mêmes stratégies entrepreneuriales se retrouvent et les parents prennent les places laissées vacantes par les architectes attirés par de nouveaux chantiers ou, plus simplement, assurent leur succession. Au Nord comme au Sud on retrouve donc la même gestion très intégrée du travail, appuyée sur une grande spécialisation des divers maîtres appelés sur les chantiers. Enfin, tous conservent des biens dans leurs villages d’origine auxquels ils ne manquent jamais de manifester leur présence par des dons et des fondations de chapelle [29].
17Les porteurs ont également su développer des stratégies de conquête de marché, changer d’activité et de ville chaque fois qu’ils ont été évincés par un autre groupe régional. Ainsi à Livourne, les Suisses des vallées de Locarno ont réussi à prendre, en 1631, le marché du transport entre Pise et Livourne aux migrants de la Valtelline et aux Bergamasques; ils ont également réussi à accaparer le transport des marchandises à Livourne même, mais ils ont échoué à Gênes et ont dû se contenter d’être les porteurs d’huile [30]. À Milan, les Bergamasques ont évincé les montagnards de la vallée de Blenio et de la Levantine en 1679 en achetant pour 21300 lires le monopole du portage dans la ville; un siècle plus tard, les exclus acquéraient celui de la vente des fruits. Exclus à Milan, les Tessinois conservaient toutefois le monopole du transport à Gênes, Livourne, Pise et Mantoue [31].
Paiement et endettement à tous les niveaux
18Ces réseaux de migrants sont tous cimentés par des liens financiers. Comme toujours, ces derniers sont difficiles à mettre en évidence, peu connus et peu questionnés. Pourtant, ils sont au centre du système migratoire et de leur réussite sociale. De fait, une chaîne de crédit court à tous les niveaux, en amont comme en aval, pour conquérir les marchés comme pour tenir la maind’œuvre.
19Dans les compagnies de mercenaires, les officiers sont au cœur de l’articulation majeure du système financier : ils sont créanciers des princes et des rois qui tardent à payer leurs engagements et les soldats sont en grande majorité leurs débiteurs. Avec le soldat, la dette se noue dès l’engagement pour se terminer le plus souvent à sa mort. Le contrat d’engagement est toujours une négociation au coup par coup. Les frais de transport, par exemple, ne sont pas systématiquement payés par l’officier recruteur : selon les cas, ils sont intégralement, par partie, ou pas du tout pris en charge. Ils forment avec l’habillement la première dette du militaire qui sera prélevée sur les soldes à venir [32]. Des livres de compte des compagnies sont tenus par le capitaine et comportent une page par soldat dans laquelle sont inscrites toutes ses dépenses avec les compensations périodiques qu’il verse avec sa solde. Les examiner montre que plus des deux tiers des soldats sont continuellement en dette. Quand s’ajoutent, aux dépenses vestimentaires et aux frais quotidiens, les impondérables qu’occasionne la maladie, la balance de leur compte ne quitte que très rarement le rouge. Le soldat Valentin Taisch, d’une compagnie grisonne aux Pays-Bas, après dix-sept années de service se trouvait encore endetté en 1790 pour un veston et une paire de pantalons achetée peu avant. Tombé malade, il meurt l’année suivante. Toutefois, parce que l’entrepreneur a pris à son compte ses habits, il lui reste un petit quelque chose : il a pu léguer son « meilleur chapeau » à un compagnon d’armes de son village [33].
20Jean Steinauer a analysé pour la fin du XVIIIe siècle le régiment de Diesbach. Les sources permettent de connaître l’origine et l’âge des recrues et de suivre le nombre de contrats qu’ils signent. Alors que chaque contrat a une durée de 4 ans, beaucoup vieillissent sous l’uniforme. En septembre 1792, dans les compagnies fribourgeoises du régiment de Diesbach, ceux qui servent pour la première fois forment une petite moitié de l’effectif ( 45%) mais un homme sur cinq a plus de vingt ans de service et un homme sur trois plus de dix ans. Ces chiffres montrent que l’émigration militaire officiellement temporaire tend souvent à devenir viagère. Jean Steinauer montre que c’est le deuxième rengagement qui scelle le destin du militaire et en fera un soldat sa vie durant. À la question de savoir pourquoi le soldat choisit de rempiler pour la deuxième fois, l’analyse des dossiers montre qu’en réalité, il ne choisit pas mais reste coincé par son endettement auprès de son employeur. De fait, un instantané des registres fait en septembre 1790 montre que les trois quarts des hommes présents à la compagnie doivent de l’argent au capitaine. Entre le 1er septembre 1789 et le 30 août 1790, la compagnie de Werro a perdu sept hommes, régulièrement ou par désertion; un seul n’a pas laissé de dettes, les autres devaient 250 livres en moyenne alors que les soldats mutés ou congédiés n’avaient qu’une dette moyenne de 50 livres. Ces dettes sont une des grandes raisons de la désertion : ce n’est pas la vie militaire que le soldat fuit mais l’endettement [34].
21L’enrichissement des capitaines dépend alors de leur habileté à jouer entre ces deux sources de revenus : à négocier haut avec les rois et les princes la constitution d’une compagnie mais à donner le moins possible aux soldats embauchés. Ils agrandissent également leurs bénéfices en prenant un pourcentage sur toutes les marchandises qu’ils fournissent aux troupes. Les capitaines font entre 15 et 40% de bénéfice sur ce que les souverains leur donnent [35] et ils n’hésitent pas à changer d’employeur pour se mettre au service de qui les paye mieux quand les princes qui les emploient n’honorent pas leurs engagements. Et ce d’autant qu’ils se sont eux-mêmes endettés pour faire face aux frais du recrutement et du transport des soldats dans le pays où est établie la compagnie, car comme pour toute entreprise montée par des migrants, le capital de départ est fourni par le système bancaire familial : les parents forment entre eux des compagnies et y investissent dots, héritages et gains. Il va sans dire que la différence entre les revenus des soldats et ceux des officiers est énorme.
22Les architectes-entrepreneurs sont également le point central d’une toile de crédit qui les lie aux commanditaires comme aux maîtres qu’ils font travailler. Il est toutefois très difficile de retrouver trace de liens de crédit entre les architectes et leurs commanditaires d’autant que ceux-ci prennent souvent la forme du don. Ainsi, Domenico Fontana n’a pas hésité à finir avec ses propres fonds le chantier de la chapelle del Presepio de Santa Maria Maggiore que lui avait commandé le cardinal Montalto, futur pape Sixte V. Une fois élu pape, il le remercia en en faisant son architecte. Les documents de la famille Fontana à Rome et l’analyse des chantiers attestent également que les trois frères, Giovanni, Domenico et Marsilio, finançaient les maîtres tessinois qu’ils employaient et montrent le rôle prépondérant des maîtres issus de leur propre famille et de leur village d’origine [36]. La durée normale des contrats allait de mars à la Saint-Martin où l’activité s’arrêtait pour les mois d’hiver. Dons, crédits et avances de marchandises renvoient au rôle de financier que toutes ces élites assument vis-à-vis du pouvoir et grâce auquel elles s’assurent marchés et monopoles, comme à leur fonction de créancier de la main-d’œuvre qu’elles contrôlent [37]. Ces créances circulent également entre architectes [38].
23L’argent est aussi au cœur de la conquête des marchés par les porteurs et la concurrence est féroce entre les diverses compagnies. Elle se solde par des conditions toujours plus dures pour qui emporte le marché. Repérer les relations d’argent à l’intérieur des compagnies est mal aisé. Dans les statuts de 1492, les porteurs de Gênes doivent élire un consul et des conseillers qui sont chargés des comptes de la compagnie. Il est très difficile de savoir comment fonctionnaient réellement les comptes et les paiements. À Livourne, l’indication d’une convention faite entre eux en 1632 indique que les gains sont globalement accumulés puis divisés entre tous avec une part réservée pour assumer les frais de voyage; un autre document parle d’une somme forfaitaire pour le chef des porteurs qui est presque le double de ce que reçoit l’entière compagnie des porteurs [39].
Une main-d’œuvre docile et efficace
24Ce système qui reproduit les hiérarchies villageoises dans celle de la migration explique le succès des travailleurs migrants. L’encadrement de la main-d’œuvre assure régularité et efficacité du travail, deux qualités hautement prisées et alors difficiles à trouver.
25La diversification croissante des modes de recrutement des armées vise à toucher, dans cette époque de forte demande, les cibles potentielles les plus variées. Si mendiants et vagabonds présentent le double avantage de ne rien coûter puisqu’ils servent gratuitement pendant les quatre ou six années de leur condamnation et d’éloigner une population indésirable [40], les soldats recrutés à travers les filières villageoises forment les bataillons les plus sûrs et ceux qui désertent le moins [41]. De fait, l’étude du régiment de Diesbach en 1789 et 1790 montre que plus le recrutement est localisé, plus l’unité militaire est homogène et plus les taux de désertion sont bas. Les compagnies de Weck et Schalch qui sont très compactes (l’une est composée aux deux tiers de Fribourgeois et l’autre aux trois quarts de Schaffhousois) n’ont respectivement que 8% et 12% de déserteurs alors que la compagnie ambulante de Salis, qui a le recrutement le plus dispersé, a un taux de désertion de 41% [42].
26Sur les chantiers, l’intégration d’équipes de maçons, sculpteurs, marbriers, stucateurs, sous la direction de chefs de chantier garantit la bonne qualité d’exécution à des coûts concurrentiels et libère les entrepreneurs de la gestion de la main-d’œuvre [43]. Maisons, palais, routes, aqueducs ont été ainsi confiés, dans la Rome du XVIe siècle, à des maîtres maçons tessinois qui prennent en charge une partie détaillée des travaux et qui avec les sommes qui leur sont allouées, distribuent le travail et le rémunèrent [44].
27Les ateliers mobiles à caractère familial, qui maîtrisent chacun une technique particulière de la construction et qui sont placés sous la direction d’un chef qui garantit la bonne exécution du travail, sont au cœur du dispositif des architectes. Ils permettent aux associations qu’ils forment entre eux de mener à bien plusieurs chantiers en s’appuyant sur cette mobilité de la main-d’œuvre et sur la possibilité de remplacer un maître et son équipe par un autre en cas de maladie ou de décès. L’apprentissage commence à dix ans et l’enfant suit la famille, ou son maître, dans ses pérégrinations à travers l’Europe. Un contrat écrit précise les obligations de chacun et le coût de l’enseignement [45]. Les contrats d’apprentissage engagent l’enfant ou l’adolescent pour une durée de trois à six ans : quatre ans en 1524 pour un sellier, cinq ans pour un sculpteur en 1695 et quatre ans pour les stucateurs au début du XVIIIe siècle [46]
28Dans les ports, comme dans les chantiers ou les armées, l’important est d’être sûr de pouvoir toujours compter sur le nombre de travailleurs nécessaires pour accomplir les tâches de chargement et déchargement. Dans un monde du travail très peu institutionnalisé, dans lequel les patrons se plaignent de l’irrégularité de l’embauche et de l’impossibilité de s’assurer de la fidélité des travailleurs, l’assurance que les compagnies de travailleurs migrants donnent en offrant toujours le nombre d’hommes requis pour le même coût est un avantage tel que nombre de villes ont souscrit des contrats avec eux. Avec des variantes, tous les contrats connus, ceux de Livourne, de Gênes ou de Florence, insistent précisément sur la nécessité de fournir un nombre de porteurs constant. Celui de Livourne précise que « pour mieux assurer leur travail à la Douane et auprès des marchands », les hommes doivent loger à la Douane, « venir seul, sans leur femme » et qu’ils ne peuvent s’absenter pour retourner au pays sans l’autorisation de leur supérieur. Le contrat qui les lie à la Douane de Florence précise que les absences autorisées pour retourner au pays doivent être de courte durée (de huit à quinze jours).
29Les autorisations d’absence montrent la longue durée des périodes de migration. Quand le peseur ( pesatore) Pietro Antonio Franci demande en 1780 à rentrer pour six mois au pays, l’administrateur lui donne l’autorisation « compte tenu du bon travail qu’il a fourni et des nombreuses années où il n’est pas retourné au pays » mais il ajoute que la compagnie doit lui trouver un remplaçant. Quand l’arrêt est définitif, les fils remplacent les pères. En l’absence de fils, les cousins, frères ou beaux-frères voire des hommes d’autres familles, mais toujours originaires du même village, peuvent venir temporairement [47].
Évolutions
30Avec l’institutionnalisation de l’économie, les conditions d’exercice des métiers de la migration évoluent et se redéfinissent. Certaines spécialités sont abandonnées quand d’autres apparaissent ou se développent. Cette capacité d’adaptation des réseaux de migrants, qui a fait leur force, explique aussi qu’ils ont duré si longtemps en Europe et durent encore dans d’autres régions du monde.
31La progressive prise en charge par les États du fonctionnement et de l’entretien des armées signe la tendance à la baisse des profits des recruteurs sur le long terme. Beaucoup se sont alors détachés d’une activité qui n’est plus lucrative d’autant qu’il est de plus en plus difficile de faire des recrues. Hans Conrad Peyer a comparé les gains moyens des mercenaires avec ceux des autres métiers. Au XVIe siècle, le mercenaire gagne deux fois plus que le maçon; au XVIIe siècle, il gagne sensiblement la même chose et à partir de 1650, le maçon se met à gagner un peu plus et toujours un peu plus jusqu’en 1790 où il gagne le double. L’analyse des livres des recrues montre parallèlement que si le mercenaire pouvait épargner au XVIe siècle, au XVIIIe siècle, il meurt dans les dettes. Stockalper, grand entrepreneur du Valais entre 1632 et 1675, a gagné malgré des pertes occasionnelles plus de 250000 livres en ces 43 ans; au XVIIIe siècle, la situation est tout autre : les officiers qui restent sous l’uniforme s’endettent dans les familles, voire chez les banquiers, pour assumer les charges du recrutement et ces derniers les aident pour maintenir une tradition honorifique plus que pour gagner de l’argent. Ce même déclin se lit dans l’architecture où les belles maisons, dans les cantons de montagne, sont construites par les officiers ce qui n’est plus le cas au XVIIIe siècle [48]. Au XVIIIe siècle, selon les régions, la construction et la protoindustrialisation concurrencent avec succès le recrutement mercenaire [49].
32Les compagnies d’architectes-entrepreneurs ont, elles, suivi l’ouverture et la fermeture des marchés. D’abord actives dans le Nord de l’Italie, et particulièrement à Venise et Milan, elles se développent au XVIe à Rome et Gênes et au Nord des Alpes à partir du Tyrol et de la Bavière. Au XVIIe siècle, les architectes tessinois sont les grands maîtres des chantiers de la Contre-Réforme et de la reconstruction après la guerre de Trente ans. Quand certaines spécialisations sont concurrencées avec succès par des artisans locaux, les Tessinois se déplacent alors vers d’autres chantiers; au début du XVIIIe siècle, les stucateurs ont ainsi quitté l’espace germanique pour la Russie [50]. Seules les compagnies de maçons sont restées actives jusqu’à la fin du XIXe siècle; chaque région acquérant un monopole de fait pour la construction d’une ville comme les Savoyards à Turin et Genève ou les Lombards du Biellese à Milan.
33L’évolution des porteurs est plus difficile à suivre. On observe que le système des compagnies qui était lié aux villages a été progressivement approprié par les familles. Le métier s’est alors transmis de père en fils et les droits de travail, entrés dans le patrimoine des familles, sont devenus promesse d’argent et monnaie d’échange qui se vendent et se mettent en gage, même par partie, comme toute composante de la richesse. Au début du XIXe siècle, par exemple, Gotardo Bastoria laisse à sa fille « le quart d’un poste dans la douane de l’huile de Gênes ». Enfin, le développement du libéralisme économique s’est attaché à lutter contre ces monopoles avant de les abolir. Ceux de Toscane le furent en 1854 mais celui de Gênes a duré jusqu’en 1940 [51].
ESSAI DE COMPARAISON
34Puisque ces caractéristiques des migrations alpines se retrouvent dans d’autres massifs européens [52], la question se pose de savoir si elles ne seraient pas une spécificité montagnarde plus générale, partagée également par les migrants des montagnes hors d’Europe. Cherchant dans l’historiographie des indices pour étayer cette hypothèse, il est apparu que la manière dont les migrations sont étudiées ne permet pas de répondre à la question, ni même de la poser. Cette dernière partie va donc s’attacher à montrer pourquoi la construction du savoir scientifique interdit de voir une quelconque spécificité des migrations de montagne hors d’Europe et elle tentera, ce faisant, de relever les indices qui montrent que l’hypothèse mériterait d’être travaillée.
Construction du savoir
35D’une manière générale, les cadres conceptuels sont les mêmes qu’il s’agisse des migrations européennes ou extra européennes et leurs évolutions sont parallèles. Les mêmes partis pris s’y retrouvent et la théorie des pull et des push factors règne en maître. En bref, il s’agit de migrations économiques de pauvres, nées de l’addition de volontés individuelles qui prennent place dans un espace social atomisé. À la longue, ces migrations forment des filières qui apportent aide et renseignement. Certaines études mettent toutefois l’accent sur le rôle central des familles dans la décision de migrer qui serait utilisée comme une ressource parmi d’autres dans une palette de stratégies de survie; la migration temporaire des hommes des régions montagneuses du Nord de l’Inde intervient ainsi comme un moyen d’autant plus nécessaire de diversifier les ressources que les familles sont étendues [53].
36Une série d’études sur l’Himalaya central et oriental publiées en 1978 [54] illustrent bien la similitude des schèmes explicatifs des migrations de montagne, qu’elles soient européennes ou non. Les causes de la migration y sont dues aux dégradations de l’écosystème qui « remettent en question la capacité des sociétés montagnardes à reproduire les bases matérielles de leur existence » et au besoin d’avoir un salaire d’appoint pour payer les taxes et les nécessaires achats de biens que la vallée ne fournit pas [55]. Le système agropastoral imposerait des contraintes collectives strictes afin de répartir les plantes sur le terroir de manière équilibrée et de régler la circulation du bétail : moutons, chèvres, bœufs et buffles qui jouent un rôle important. Le commerce du sel, essentiel à l’élevage, était jusqu’à la fermeture de la frontière sino-népalaise contrôlé par les quelques riches familles locales qui possédaient de grands troupeaux de moutons. Depuis les années 1960, ce commerce est passé dans les mains de riches boutiquiers néwâr qui achètent aussi les plantes médicinales dont la collecte est en pleine expansion [56]. Vannerie, collecte des plantes médicinales et collecte du lait clarifié des buffles sont les objets des échanges monétarisés. En outre, les migrations temporaires touchent la plus grande partie de la population masculine entre 18 et 55 ans. L’auteur note une augmentation de ces départs dans les vingt dernières années qu’il explique à la fois par le développement des voies de communication et par l’endettement chronique des villageois : ils empruntent auprès d’un prêteur ou en hypothéquant une parcelle de terrain. Selon les destinations, les hommes sont porteurs ou maçons. Ils partent à sept ou huit avec un chef de groupe à leur tête. Ils partent pour des raisons à la fois économiques et psychosociologiques (conflits familiaux et chasse au daim musqué). Les soldats qui fournissent l’autre grand contingent de la migration temporaire vont pour deux tiers dans l’armée indienne et pour un tiers dans l’armée anglaise. Ils s’engagent pour des raisons de prestige et de pouvoir. Quant aux départs définitifs, ils sont le fait des indigents. Récents et en constante augmentation, ces départs traduisent la pression démographique qui a brisé, compte tenu du système agropastoral, l’équilibre écologique que les hommes ont su maintenir jusqu’en 1950. Les réseaux de migrants forment des filières dans lesquelles circulent aide multiforme et informations utiles autour des familles ou des biraderi [57].
37Mutatis mutandis, on pourrait lire une telle description au sujet des migrations alpines. Comme la première partie de cet article l’a souligné, on y relève les mêmes partis pris et la même absence de questions sur le rôle des élites ou, comme ici, sur leur renouvellement, sur la circulation du pouvoir dans et hors des villages et sur les hiérarchies villageoises qui ne sont pas plus questionnées que les hiérarchies des migrants. Pourtant les éléments apportés par les études incitent à tenter une autre lecture, proche de celle que nous avons faite dans la seconde partie. D’abord, les riches sont bien présents : gros éleveurs, usuriers, commerçants qui achètent les produits de la vallée et on devine des hiérarchies. Elles se matérialisent dans l’existence de chefs qui conduisent et encadrent de petites équipes de travailleurs migrants. Les questions du pouvoir, du rôle des gros éleveurs dans l’affaissement des règles communautaires, de l’organisation du marché du travail, du rôle des intermédiaires et de leur enrichissement, de celui des prêteurs et de leur fonction sociale ainsi que de celui des élites émigrées mériteraient d’être envisagées. J’aurais pu prendre d’autres exemples pour montrer que l’histoire sociale des migrations néglige de poser ces questions fondamentales. En Chine, par exemple, les régions montagneuses du Sud (Fujian, Zhejiang, Wenzhou) sont les berceaux d’une migration de marchands [58] puis de main-d’œuvre masculine utilisée dans la marine, les mines et les plantations de l’Asie du Sud-Est. Elle est fermement encadrée par des entrepreneurs de même origine et les migrants sont pris dans des réseaux de dette qui les lient aux employeurs comme aux villages d’origine [59].
38La mondialisation de l’économie a fait profondément évoluer, dans les années 1990, l’approche des migrations. La diaspora [60], le transnationalisme et la multilocalité sont devenus les maîtres mots. Parallèlement à d’autres équipes, Steven Vertovec et Robin Cohen [61] ont coordonné un vaste projet autour des significations sociales et culturelles de la multilocalité et du transnationalisme. L’ensemble de ces études partent du constat que les migrations en général et les migrations de travail en particulier se sont développées et qu’elles se sont profondément transformées, grâce aux développements parallèles des transports et des communications électroniques qui ont permis aux migrants de s’établir dans de multiples lieux et de vivre dans plusieurs identités. Les recherches se sont donc focalisées sur ces aspects qui semblaient nouveaux et les études récentes réfléchissent sur la mémoire, l’histoire, les réseaux sociaux, la constitution de l’espace public et la subjectivité. La prise de conscience de la multilocalité de certains groupes de migrants a conduit les chercheurs à s’interroger sur ces identités construites sur la séparation entre le territoire, des relations sociales de plus en plus virtuelles et la subjectivité [62]. Les phénomènes de transfert et d’appropriation des flux d’objets matériels et culturels ont retenu l’attention dans ce contexte de globalisation [63]. Arjun Appadurai a proposé la notion de social fields pour saisir les nouvelles configurations sociales qui lient entre eux les acteurs dans des pays différents [64] et pour voir comment les identités sont assemblées et négociées dans des réseaux sociaux et familiaux denses [65]. Les diasporas, prises dans le sens large, sont alors lues comme le passé et le futur des nations [66] mais aussi comme un instrument au service des nations [67].
39On est loin des questionnements des années 1970 et 1980. Pourtant, les points de vue restent toujours très occidentaux, en particulier quand il s’agit d’analyser l’espace, la mondialisation et le pouvoir et ils ne permettent pas plus de mettre en évidence une spécificité des migrations de montagne : ils font comme si la globalisation avait tout homogénéisé. Je terminerai en questionnant ces analyses de l’espace, de la mondialisation et du pouvoir.
40L’espace n’est jamais pensé comme un lieu géographiquement spécifique, et même si les chercheurs entendent prendre en compte l’intégralité de la chaîne migratoire, les villages de départ sont très sommairement analysés. De fait, la nation est le cadre d’analyse omniprésent. Il reflète les découpages administratifs des États. Cette prégnance de la catégorie nationale ne permet pas de saisir les catégorisations ethniques signifiantes à l’intérieur de la nation, ni d’ailleurs aucun autre découpage géographique. Elle interdit de poser des questions sur la force des clans dans les villages d’origine, sur l’histoire du passage des migrations traditionnelles aux migrations contemporaines, et sur les possibles liens entre les diverses formes de migration [68]. Pour prendre un exemple dans l’Himalaya, les émigrés originaires du Cashemire sont comptés comme Pakistanais ou comme Indiens. Or, environ deux tiers des Pakistanais établis en Angleterre sont originaires de l’Himalaya [69] alors que très peu de Kashmírí indiens ont émigré [70]. Dans ces nouvelles études, l’identité kashmírí, comme l’origine montagnarde, sont effacées au profit de l’appartenance nationale, nivelant la diversité des identités et des structures sociales [71].
41Les problématiques tournées vers l’assimilation ont, quant à elles, surtout développé des enquêtes sur l’appareil politique et juridique des pays d’accueil, sur les politiques et les résultats de l’assimilation, mais elles ont également négligé les pays de départ pour n’en faire que des lieux d’investissements symboliques, des refuges de l’imaginaire. Pourtant, la force des liens entre pays d’origine et pays de la migration est telle que les Kashmírí émigrés en Angleterre, par exemple, utilisent les instances de la politique locale pour débattre des affaires du pays [72], tout comme les migrants des Alpes réglaient les leurs dans des assemblées villageoises tenues dans les pays de la migration [73]. L’espace dans ses caractéristiques physiques est d’ailleurs si peu important qu’articles et livres n’ont plus de carte des zones de départ – ou alors des cartes politiques – comme si ces régions étaient toutes interchangeables à l’intérieur de pays unifiés par la pauvreté et la globalisation.
42Si la mondialisation du système capitaliste a créé de nouveaux flux de migrants, elle a enrichi aussi la théorie des pull et des pushfactors d’une dimension étatique : les nouvelles migrations naissent de décisions délibérées, réglées par des accords bilatéraux, entre pays demandeurs de main-d’œuvre et pays fournisseurs. Pour autant, les analyses de la mondialisation restent simplistes, fonctionnant le plus souvent sur le modèle centre/périphérie [74]: de l’Occident vers le reste du monde. Partant, la possibilité que des groupes capitalistes transnationaux, jouant à partir de sites non européens, puissent exister est rarement examinée. Certes, Sweat Shop et travail à domicile sont mentionnés et stigmatisés, des mentions d’entrepreneurs pakistanais [75], indiens [76] ou chinois [77] se trouvent régulièrement, mais l’étude des structures entrepreneuriales créées par les migrants n’est pas faite [78], pas plus que ne sont analysées les conditions de l’emploi entre migrants, comme les relations de pouvoir entre entrepreneurs et employés et ce même dans les livres les plus attentifs à analyser au plus près les communautés d’émigrés. Le rôle d’évergète des élites pourra être souligné, mais non la manière dont ils gèrent leurs propres entreprises et leurs travailleurs [79]. L’exploitation des migrants par des employeurs de même origine pourra être soulignée, mais comme une déviance, le mécanisme fondamental restant l’entraide [80]. Bien sûr, ces mécanismes d’entraide existent et beaucoup de migrations sont structurées à partir d’eux. Mais la généralisation de ce modèle empêche de voir qu’il existe aussi communément d’autres structures de migration et d’autres formes de relation entre les migrants.
43Si la diversité des classes sociales au sein des migrants est une réalité qui n’est pas niée (la migration chinoise comporte de puissants capitalistes et la migration indienne des classes moyennes), ces identités de classe, en s’effaçant finalement dans les pays de la migration au profit de la race et de l’éthnicité, perdent leur valeur opératoire [81]. Les analyses des transferts d’argent des migrants signalent l’importance des dettes contractées pour accéder à l’emploi à l’étranger et ne négligent pas non plus celles qui avaient été contractées auparavant [82]. Mais ces études des circuits financiers ne posent pas la question du possible rôle des créanciers comme intermédiaire dans les marchés du travail, ni du rôle du crédit comme instrument d’accès et de contrôle du travail des migrants. De fait, les migrants sont toujours renvoyés du côté des paysans tels que les a théorisés Chayanov : des consommateurs prudents. « Il ne faut pas croire, écrivent Charles Stahl et Fred Arnold, que le travail au-delà des mers puisse transformer de pauvres travailleurs paysans en entrepreneurs industriels » [83]. Mais ces mêmes auteurs notent – et s’en étonnent – que les migrants pakistanais se distinguent de beaucoup d’autres en investissant 8,2% de l’argent qu’ils rapportent au pays dans l’industrie et le commerce plutôt qu’en épargne [84]…
44Certes, tout un courant d’anthropologie économique s’intéresse aux réussites entrepreneuriales des migrants [85]. Mais fort peu de ces recherches sont intégrées dans les études sur les migrations. Quand Robin Cohen cite les Libanais qui sillonnaient l’Égypte et servaient d’intermédiaire entre le commerce d’Europe et du Moyen-Orient, il s’attache aux trajectoires individuelles des hommes qui de colporteurs ont réussi à occuper, à la fin du XXe siècle, de hautes fonctions politiques et scientifiques dans les pays de la migration [86], non à l’organisation sociale qui a rendu possible ces migrations particulières. De la même manière, les établissements des réseaux kashmírí qui s’étendent entre XIVe et XVIIe siècles vers l’Afghanistan, l’Asie Centrale, le Bengale et la côte du Coromandel ont été étudiés, dans leur branche himalayenne, par Marc Gaborieau [87]. Toutefois, si celui-ci s’intéresse aux activités et aux routes marchandes, ainsi qu’à repérer les colonies de commerçants en gros et en détail que les Kashmírí forment dans les pays de la migration, il n’y a pas d’études sur la manière dont le village produit ces élites ni sur les raisons qui ont rendu possibles l’extension et la permanence de ces réseaux marchands. D’une manière générale, le lien des élites avec les migrations temporaires n’est pas un aspect traité dans les études des diasporas marchandes asiatiques [88].
45Ce n’est que quand le cadre d’analyse quitte l’échelle de la globalisation pour se concentrer sur les migrations à l’intérieur du même pays, que la composante montagne peut devenir visible. Les pays andins en sont un bon – et rare – exemple. Ainsi, Andreas Steinhauf et Ludwig Huberanalysent-ils les expériences entrepreneuriales des migrants péruviens originaires de zones différentes. Ils soulignent la différence entre les paysans pauvres, expulsés de leurs terres du Nord du Pérou, qui réussissent à devenir des entrepreneurs citadins grâce à la force des réseaux sociaux et à une impressionnante éthique du travail qui compense leur manque de capital et de formation. Ils notent aussi que ces entrepreneurs n’hésitent pas à se détacher de la communauté quand elle ne leur est plus profitable. Ils opposent à ce modèle celui des réussites entrepreneuriales des montagnards du village de Mache situé à 3200 m d’altitude dans la province d’Otuzco, qui est fondé sur des réussites familiales qui rejaillissent toujours sur les communautés d’origine. Ils décrivent ainsi l’essor de l’industrie de la chaussure à Trujillo-El Porvenir en montrant que les 3000 ateliers qui fabriquent 35% du marché national vivent du flux constant de marchandises, d’information et de main-d’œuvre qui court entre la ville et le village. L’appui des villageois et de la famille explique le succès des entreprises ethniques qui fédèrent en un grand réseau – « red de redes» – tous les réseaux familiaux et villageois. Crédit, solidarité et développement de l’apprentissage dans les communautés entretiennent ces flux. Famille et solidarité villageoise sont aussi les clefs du succès entrepreneurial des Andins du village de Huayopampa qui dominent le marché des pommes et des pêches cultivées dans les vallées et revendues à Lima [89]. La réussite des montagnards viendrait, selon ces auteurs, de la force des traditions communautaires [90].
46Sans se référer explicitement à la composante montagnarde, ce sont les mêmes mécanismes que Pnina Werbner met au crédit des entrepreneurs pakistanais [91]. Plus généralement, les études des diasporas mettent le succès de celles-ci sur le compte de leur forte identité, qui leur permet de se tenir à l’écart du monde et oblige à la solidarité et à l’emploi entre les membres, alors que le réseau de confiance permet aux capitaux de circuler librement [92].
47***
48Au terme de cet examen de l’historiographie, il apparaît que les réseaux sociaux sont peu analysés ou plus exactement qu’ils le sont, soit dans une version rose, soit dans leur version noire. D’un côté, on s’intéresse aux réseaux criminels, au trafic d’armes, à la prostitution, à la drogue et au terrorisme. De l’autre, on s’en tient à décrire des réseaux de parents et de « pays » où circulent aide et informations. S’ils répliquent les structures sociales des pays d’origine, l’accent est mis sur les cultures du don et de la réciprocité [93], sur la solidarité forcée des parents [94]. Une fois de plus, il faut souligner l’absence de prise en compte de l’économie politique des villages de départ et, tout particulièrement, des formes du pouvoir qui circule à l’intérieur des réseaux de migrants comme à l’intérieur des villages. Seule la question du genre s’aventure sur ce terrain en cherchant à savoir ce que la migration a apporté aux femmes en terme d’autonomie et de pouvoir [95].
49Si les effets de la mondialisation ont fait prendre conscience de la force des diasporas au point que le concept a perdu toute force heuristique [96], tant il est utilisé pour décrire des réalités différentes, un travail fin, par-delà le concept de nation, sur l’organisation sociale des villages d’origine et sur le rôle que la migration y joue en fonction des formes historiques de son existence, permettrait de donner un visage plus diversifié aux migrants contemporains, loin du tout-réseau qui les porterait [97] et loin aussi de l’image d’une accumulation de migrations individuelles de misère exploitée par les pays d’accueil.
50Comprendre comment les réseaux traditionnels de migrants ont su s’adapter à la mondialisation et comment ils ont su également tirer parti d’autres migrations plus récentes venant d’autres régions, ajouterait également à notre compréhension des dynamiques et des effets des mobilités contemporaines. Cette démarche montrerait sans doute que les dynamiques de la mondialisation sont plus complexes que les analyses en termes de centre et de périphérie ne l’enseignent.
51Les montagnes sont donc bien au cœur des réseaux de migrations de main-d’œuvre traditionnelles. De ce fait, elles ont fabriqué plus que les autres régions, comme l’écrivait Braudel, des migrations à usage d’autrui, mais cet autrui n’est pas d’abord le citadin auquel il pensait : il est un autre montagnard, un homme issu des élites des villages d’origine. Toutefois, ces migrations traditionnelles de main-d’œuvre ne sont pas l’apanage des seules montagnes et on les retrouve dans d’autres zones de rupture écologique comme les bords de mer [98] ou les confins de désert [99] avec des caractéristiques similaires. C’est vers l’ensemble de ces zones que l’attention des chercheurs devrait se tourner pour affiner les analyses des migrations de main-d’œuvre et de la globalisation.
Notes
-
[1]
Raoul BLANCHARD, Les Alpes occidentales, t. III, Les grandes Alpes françaises du nord, Grenoble, Arthaud, 1943 ( 2 vol.), vol II, p. 324.
-
[2]
Leszek A. KOSI (ed.), People on the Move, Studies on Internal Migration, Londres, Commission on Population Geography, 1975. Ce livre rassemble les interventions du colloque de l’International Geographical Union Commission on Population Geography, août 1972 qui, à ma connaissance, a lancé ce concept.
-
[3]
Laurence FONTAINE, Histoire du colportage en Europe, Paris, Albin Michel, 1993.
-
[4]
Je voudrais remercier Jon Mathieu pour nos discussions et parce que j’ai pu, grâce à lui, accéder à l’historiographie sur le mercenariat.
-
[5]
R. BLANCHARD, « Le Haut-Dauphiné à la fin du XVIIe siècle, d’après les procès de la révision des feux de 1700 », Recueil des travaux de l’Institut de géographie alpine, t. 3,1915, p. 337-419 (p. 402) et Les Alpes occidentales, op. cit., vol. II, p. 324. Abel POITRINEAU, Remues d’hommes. Les migrations montagnardes en France, 17e-18e siècles, Paris, Aubier, 1983, p. 5-24.
-
[6]
Paul-André ROSENTAL, Espaces, familles et migrations. Les sentiers invisibles dans la France du XIXe siècle, Paris, Éditions de l’EHESS, 1999, p. 15.
-
[7]
Isabelle BACKOUCHE, « À la recherche de l’histoire urbaine. Jean-Claude Perrot : Genèse d’une ville moderne [ 1975]», in Bernard LEPETIT, Christian TOPALOV (dir.), La ville des sciences sociales, Paris, Belin, 2001, p. 267-305 (p. 292). Voir aussi les analyses de P-A. ROSENTAL, Espaces, familles et migrations…, op. cit., p. 85-101.
-
[8]
Pour reprendre le titre de Raul MERZARIO, Il Capitalismo nelle montagne. Strategie familiari nelle prima fase di industrializzazione nel comasco, Bologne, Il Mulino, 1989.
-
[9]
Michel FOUCAULT, Histoire de la sexualité, t. 1 : La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976.
-
[10]
P-A. ROSENTAL, « Treize ans de réflexions : de l’histoire des populations à la démographie historique française ( 1945-1958)», Population, 1996, n° 6, p. 1211-1238.
-
[11]
Voir les articles de François Walter et de Jon Mathieu dans ce volume.
-
[12]
A. POITRINEAU, Remues d’hommes…, op. cit., p. 6-24. Harriet G. ROSENBERG, A Negociated World. Three Centuries of Change in a French Alpine Community, Toronto, University of Toronto Press, 1988, reprend cette même thèse pour la période moderne de l’histoire des vallées du Queyras. Emmanuel LE ROY-LADURIE, Le siècle des Platter 1499-1628, Paris, Fayard, 1995.
-
[13]
L. FONTAINE, Histoire du colportage…, op. cit.
-
[14]
Marianne STUBENVOLL, « Patrons bernois, client vaudois au service étranger », in Gente ferocissima. Mercenariat et société en Suisse (XVe-XIXe siècle). Recueil offert à Alain Dubois, Zurich et Lausanne, 1997, p. 61-73 ( 68).
-
[15]
André CORVISIER, Armées et sociétés en Europe de 1494 à 1789, Paris, PUF, 1976. Plus spécifiquement sur les mobilités voir Daniel ROCHE, Humeurs vagabondes. De la circulation des hommes et de l’utilité des voyages, Paris, Fayard, 2004, p. 264-285.
-
[16]
J. STEINAUER, « Des migrants avec des fusils. Le service étranger dans le cycle de vie », in Gente ferocissima…, op. cit., p. 117.
-
[17]
M. STUBENVOLL, « Patrons bernois… », art. cit.
-
[18]
Jon MATHIEU, Bauern und Bären. Eine Geschichte des Unterengadins von 1650 bis 1800, Chur, Octopus Verlag, 1987, p. 231. Les chiffres sont de nouveaux comptages faits par Jon Mathieu à partir des sources indiquées dans l’ouvrage pour les besoins de cet article.
-
[19]
Urs KÄLIN, Die Urner Magistratenfamilien. Herrschaft, ökonomische Lage und Lebensstil einer ländlichen Oberschicht 1700-1850, Zurich, Chronos, 1991, tableau p. 281.
-
[20]
Laura DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », in Raffaello CESCHI (dir.), Storia della Svizzera italiana dal Cinquecento al Settecento, Bellinzona, Edizioni Casagrande, 2000, p. 289-312. R. CESCHI, « Rusticità e urbanità. Circolazione di uomini e mercato di devozione », in L. DAMIANI CABRINI (dir.), Seicento ritrovato. Presenze pittoriche « italiane » nella Lombardia Svizzera tra Cinquecento e Seicento, Milan, Skira, 1996, p. 13-23 (ici p. 15).
-
[21]
L. DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 307.
-
[22]
L’officier préposé aux magasins d’approvisionnement de la cour.
-
[23]
Porteur dans ces magasins d’approvisionnement de la cour.
-
[24]
ASL, Dogana, série 1°, 2, « Nuova Compagnia di Facchini e loro costituzione nel 1631 », cité par Chiara ORELLI, « Facchini “ticinesi” nelle dogane di Livorno, Firenze e Genova. Alla conquista di un monopolio », in L. DAMIANI CABRINI (dir.), Seicento ritrovato…, op. cit., p. 25-54 (p. 25).
-
[25]
C. ORELLI, « Facchini… », art. cit., p. 40.
-
[26]
R. CESCHI, « Rusticità e urbanità… », art. cit., p. 16.
-
[27]
C. ORELLI, « I migranti nelle città d’Italia », in R. CESCHI (dir.), Storia della Svizzeria italiana…, op. cit., p. 257-288 (p. 276).
-
[28]
Stefania BIANCHI, La casa Cantoni di Cabbio, Cabbio, Museo ethnografico Valle di Muggio, 2003, p. 38.
-
[29]
L. DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 300 qui cite aussi les principaux architectes issus de la parenté Fontana-Maderno, et p. 306,307; S. BIANCHI, La casa Cantoni di Cabbio, op. cit., p. 36.
-
[30]
C. ORELLI, « Facchini… », art. cit., p. 44 et 48 note 4
-
[31]
R. CESCHI, « Bleniesi milanesi. Note sull’emigrazione di mestieri dalla swizzeria italiana », in Col bastone e la bisaccia per le strade d’Europa. Migrazioni stagionali di mestiere dall’arco alpino nei secoli XVI-XVIII, Bellinzona, Edizioni Salvioni, 1991, p. 49-72 (p. 66-67). Carlo M. BELFANTI, «“E’ venuto per esercitare il suo mestiere… ” Immigrati e mestieri a Mantova e nel suo territorio tra Sei e Settecento », Le Migrazioni in Europa secc. XIII-XVIII, Atti della “Venticinquesima Settimana di Studi”, Istituto internazionale di storia economica « F. Datini » (Prato), Florence, Le Monnier, 1994, p. 683-689.
-
[32]
Anne-Lise HEAD, « Intégration ou exclusion : le dilemme des soldats suisses au service de la France », in Paul BAIROCH, Martin KÖRNER (dir.), La Suisse dans l’économie mondiale, Zurich, Société suisse d’histoire économique et sociale, 1990, p. 37-55 ( 51).
-
[33]
J. MATHIEU, Bauern und Bären…, op. cit., p. 231.
-
[34]
J. STEINAUER, « Des migrants avec des fusils… », art. cit., p. 122-123.
-
[35]
Hans CONRAD PEYER, « Die wirtschaftliche Bedeutung der fremden Dienste für die Schweiz vom 15 bis zum 18. Jahrhundert », in Könige, Stadt und Kapital, Aufsätze zu Wirtschafts – und sozialgeschichte des Mittelalters, Zurich, Verlag Neue Zürcher Zeitung, 1982, p. 219-231 (p. 225).
-
[36]
L. DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 298-299.
-
[37]
Voir le rôle du crédit aux princes dans la conquête des marchés par les colporteurs dans L. FONTAINE, Histoire du colportage…, op. cit., chap. 1.
-
[38]
L. DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 303.
-
[39]
C. ORELLI, « Facchini… », art. cit., p. 44; 48 note 10 et note 60.
-
[40]
A.-L. HEAD, « Intégration ou exclusion… », art. cit., p. 50-51.
-
[41]
M. STUBENVOLL, « Patrons bernois… », art. cit., p. 69. Voir aussi les exemples donnés par U. KÄLIN, Die Urner Magistratenfamilien…, op. cit., p. 119-122.
-
[42]
J. STEINAUER, « Des migrants avec des fusils… », art. cit., p. 122.
-
[43]
R. CESCHI, « Rusticità e urbanità… », art. cit., p. 13-23 (p. 15).
-
[44]
C. ORELLI, « I migranti nelle città d’Italia », art. cit., p. 277-278.
-
[45]
Voir les exemples dans L. DAMIANI-CABRINI, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 306-307 et p. 307,310.
-
[46]
R. CESCHI, « Artigiani migranti… », art. cit., p. 30.
-
[47]
C. ORELLI, « Facchini… », art. cit., p. 29.
-
[48]
H. C. PEYER, « Die wirtschaftliche Bedeutung… », art. cit., voir tableau p. 223-226.
-
[49]
A.-L. HEAD, « Intégration ou exclusion… », art. cit., p. 37.
-
[50]
L. DAMIANI-CABRIN i, « Le migrazioni d’arte », art. cit., p. 312.
-
[51]
C. ORELLI, « Facchini… », art. cit., p. 46.
-
[52]
L. FONTAINE, Histoire du colportage…, op. cit.
-
[53]
Arjan DE HAAN, Unsettled Settlers. Migrant Workers and Industrial Capitalism in Calcutta, Verloren, Hilversum, 1994.
-
[54]
Numéro spécial de L’Ethnographe, « Les migrations d’Asie du Sud », 1978. Dans ce numéro, quatre études concernent le Népal et une s’attache à dresser le portrait de l’émigrant à Bombay.
-
[55]
Gérard TOFFIN, « Les migrations dans une vallée himalayenne du Népal central (district de Dhâding)», L’Ethnographe, n° spécial « Les migrations d’Asie du Sud », 1978, p. 121-140 (p. 121 et 133). Le thème de l’impôt et du besoin de numéraire est récurrent dans toutes les explications des causes de la migration; mais l’impact de l’impôt n’a jamais été sérieusement étudié comme le souligne justement François Machuelle dans son étude des migrants Soninke. F. MACHUELLE, Willing Migrants. Soninke Labor Diasporas, 1848-1960, Athens, Ohio University Press, 1997, p. 8.
-
[56]
G. TOFFIN, « Les migrations dans une vallée himalayenne… », art. cit., p. 121 et 133.
-
[57]
Structure sociale locale. Zafar KHAN, « Diasporic communities and identity formation : the post-colonial Kashmiri experience in Britain », Imperium Journal, vol. 1, déc. 2000, p. 1-9 (p. 6-7).
-
[58]
Jean AUBIN, Denis LOMBARD (dir.), Marchands et hommes d’affaires asiatiques, dans l’océan Indien et la mer de Chine, 13e-20e siècles, Paris, Éditions de l’EHESS, 1988.
-
[59]
Zhang LI, Strangers in the City, Reconfigurations of Space, Power and Social Networks within China Floating Population, Stanford, Stanford University Press, 2001, p. 61.
-
[60]
Steven VERTOVEC, Robin COHEN (dir.), Migration, Diaspora and Transnationalism, Northampton, Edward Elgar Publishing, 1999, p. XVII; R. COHEN, Global Diaspora : an Introduction, Londres, UCL Press, 1997, et Steven VERTOVEC, « Three meanings of “diaspora”, exemplified among South Asian religions », Diaspora, 6/3,1999 notent l’inflation de l’emploi du mot diaspora et la difficulté à le manier puisqu’il embrasse les catégories d’immigrants, de travailleurs, les minorités “raciales” et ethniques, les réfugiés, les expatriés et les voyageurs.
-
[61]
Voir leur site wwww. transcomm. ox. ac. uket leurs publications, en particulier le choix de textes qu’ils ont réuni dans Migration, Diaspora…, op. cit.
-
[62]
Arjun APPADURAI, Modernity at Large. Cultural Dimensions of Globalization, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1996; James Clifford, « Diasporas », Cultural Anthropology, 9/3,1994, p. 302-338.
-
[63]
Stuart HALL, « Cultural Identity and Diaspora », in Jonathan RUTHERFORD (ed.), Identity : Community, Culture, Difference, Londres, Lawrence & Wishart, p. 222-237.
-
[64]
A. APPADURAI, « The production of locality », in Richard FARDON (dir.), Counterworks : Managing the Diversity of Knowledge, Londres, Routledge, 1995, p. 204-225 (p. 213). Gabriel SHEFFER, « The emergence of New Etho-National Diasporas », Migration, t. 28,1995, p. 5-28.
-
[65]
S. VERTOVEC et R. COHEN, Migration, Diaspora…, op. cit., p. XVI.
-
[66]
R. COHEN, Global Diaspora…, op. cit., p. 16. Paul GILROY, « Diaspora », Paragraph, t. 17, n°1, 1994, p. 207-212.
-
[67]
Gabriel SHEFFER, « A new field of study : modern diasporas in international politics », in Gabriel SHEFFER (dir.), Modern Diasporas in International Politics, Londres, Croom Helm, 1986, p. 1-15. Yossi SHAIN, « Multicultural foreign policy », Foreign Policy, n° 100,1995, pp. 69-87. Roger ROUSE, « Mexican migration and the social space of postmodernism », Diaspora, 1/1,1991, p. 8-23.
-
[68]
Dans les études actuelles sur les migrations chinoises, certains comme Orlando Paterson peuvent souligner la diversité des formes de migration, comme celle des petits commerçants en Jamaïque qui conservent des liens avec leurs régions d’origine et celle des cultivateurs en Guyane qui se créolisent. Mais le possible rôle de la formation du capital de départ pour les épiciers de la Jamaïque et pour les élites qui ont organisé la migration en Guyane n’est pas posé, de même que les localités de départ sont totalement imprécises. O. PATERSON, « Context and choice in Ethnic allegiance : a theoretical framework and Caribbean study », in Nathan GLAZER, Daniel P. MOYNIHAN (eds), Ethnicity :Theory and Experience, Harvard, Harvard University Press, 1975, p. 305-349. D’autres, confrontés à cette diversité des migrations chinoises, les lisent sur l’unique modèle du réseau et expliquent les différences entre les récentes migrations du Nord et celles des régions du Sud, qui connaissent de longue date des migrations de métier, comme étant des étapes diverses dans le cycle de vie des réseaux, les migrations du Nord renvoyant à l’étape de leur formation. Une prise en compte de la spécificité des montagnes conduirait sans doute à la reconnaissance de modèles radicalement différents entre migrations du Sud et du Nord. Voir Eric GUERASSIMOFF, Carine PINA-GUERASSI et Nora WANG, « La circulation des nouveaux migrants économiques chinois en France et en Europe », Ministère de l’emploi et de la solidarité, convention n°22/99 MIRE/SEDET, mars 2002, p. 86. Je remercie Paul-André Rosental qui m’a prêté le dossier d’habilitation d’Eric Guerassimoff.
-
[69]
Patricia ELLIS et Zafar KHAN, « Diasporic mobilisation and the Kashmir issue in British politics », Journal of Ethnic and Migration Studies, 24/3,1998, p. 471-488 (ici p. 472-473).
-
[70]
Z. KHAN, « Diasporic communities… », art. cit., p. 1-9.
-
[71]
Ali Ahmad qui prête attention à la différence entre Pakistanais des plaines et des montagnes dans les interviews qu’il conduit pour sa thèse note une grande réticence des montagnards à répondre aux questions et chez eux une fermeture beaucoup plus grande sur la communauté. A. AHMAD, « Pakistanis in Europe : critical and comparative perspectives on contemporary migration and transantionalism », thèse en cours à l’Institut Universitaire Européen (Florence).
-
[72]
Z. KHAN, « Diasporic communities… », art. cit., p. 7 et Pnina WERBNER, Imagined Diaspora among Manchester Muslims, Oxford, James Currey, 2002.
-
[73]
L. FONTAINE, Histoire du colportage…, op. cit.
-
[74]
Barbara SCHMITTER HEISLER, « Sending countries and the politics of emigration and destination », International Migration Review, XIX/3,1985, p. 469-484. Une remise en question de ces catégories commence toutefois à se faire entendre. Voir, par exemple, A. GUPTA et J. FERGUSON, « Beyond “Culture”: space, identity and the politics of difference », Cultural Anthropology, 7/1,1992, p. 6-23.
-
[75]
P. WERBNER, The Migration Process : Capital, Gifts, and Offerings among British Pakistanis, Oxford, Berg, 1990.
-
[76]
Johanna LESSINGER, « Nonresident-Indian investment and India’s drive for industrial modernization », in Frances Abrahamer ROTHSTEIN, Michael L. BLIM (dir.), Anthropology and the Global Factory : Studies of the New Industrialisation in the Late Century, New York, Bergin et Garvey, 1992, p. 62-82 (p. 70).
-
[77]
Aihwa ONG, « Chinese transnationalisms an alternative modernity », in Id., Donald NONINI (dir.), Ungrounded Empires : The Cultural Politics of Modern Chinese Transnationalism, New York, Routledge, 1997, p. 3-33; Pierre TROLLIET, La diaspora chinoise, Paris, PUF, 1994.
-
[78]
Aihwa Ong montre qu’il est impossible de comprendre de tels phénomènes transnationaux si l’on n’étudie pas les stratégies d’accumulation capitalistique des Chinois car elles influencent ces phénomènes ( A. ONG, « Chinese Transnationalisms… », art. cit., p. 4).
-
[79]
P. WERBNER, Imagined Diaspora…, op. cit. Voir en particulier le chapitre 1 qui décrit les lieux d’installation des différentes communautés de Pakistanais à Manchester et le rôle des entrepreneurs Arain de l’Est du Penjab.
-
[80]
Andreas STEINHAUF, Ludwig HUBER, « Redes sociales y desarrollo economico en el Perù : los nuevos actores », manuscrit inédit, p. 14. Je remercie les auteurs de m’avoir communiqué leur manuscrit qui expose les résultats préliminaires du projet d’enquête sur les réseaux sociaux et le développement économique du Pérou qu’ils conduisent à l’Université libre de Berlin; Charles TILLY, « Transplanted networks », in Virginia YANS-MC LAUGHLIN (dir.), Immigration Reconsidered. History, Sociology and Politics, Oxford, Oxford University Press, 1990, p. 92.
-
[81]
Nina GLICK SCHILLER, Linda BASCH et Cristina BLANC-SZANTON, « Transnationalism : a new analytic framework for understanding migration », Annals of the New York Academy of Sciences, t. 645, 1992, p. 1-24.
-
[82]
Charles W. STAHL, Fred ARNOLD, «“Overseas workers” remittances in Asian development », International Migration Review, XX/4,1986, p. 899-925.
-
[83]
« Most migrants are workers, not risk-taking entrepreneurs, and they feel a need to be cautious in their investments. Once they return, they do not have substantial resources to fall back on if they undertake an investment which proves to be a failure. [… ] Under the circumstances it is naive to expect that the overseas work experience will transform a poor working peasant into an industrial entrepreneur », C. W. STAHL, F. ARNOLD, «“Overseas workers” remittances… », art. cit., p. 914.
-
[84]
Ibidem, p. 808-809.
-
[85]
Joel KOTKIN, Tribes : How Race, Religion and Identity Determine Success in the New Global Economy, New York, Random House, 1993. Mark GRANOVETTER, « Les institutions économiques comme constructions sociales : un cadre d’analyse », in André ORLÉAN (dir.), Analyse économique des conventions, Paris, 1994, p. 79-94.
-
[86]
Robin COHEN, « Rethinking “Babylon”: iconoclastic conceptions of the diasporic experience », New Community, vol 21, n° 1,1995, p. 5-18 ( 11-12), qui cite A. HOURANI, N. SHEHADI (eds), The Lebanese in the World : A Century of Emigration, Londres, I. B. Tauris, 1993.
-
[87]
Marc GABORIEAU, « Les marchands musulmans kashmírí au Tibet, au Népal et en Inde du Nord », in Marchands et hommes d’affaires asiatiques…, op. cit., p. 195-198.
-
[88]
Marchands et hommes d’affaires asiatiques…, op. cit.
-
[89]
Erdmute ALBER, Migración o movilidad en Huayopampa ? Nuevos temas y tendencias en la discusión sobre la comunidad campesina de los Andes, Lima, Instituto de Estudios Peruanos, 1999.
-
[90]
A. STEINHAUF et L. HUBER, « Redes sociales… », op. cit. À côté d’un récit « rose » du développement des entreprises ethniques, quelques interviews font ressortir des réalités différentes et, en particulier, une possible exploitation de la main-d’œuvre chez les entrepreneurs au passé rural individualiste qui délaissent les solidarités ethniques quand elles ne leur sont plus utiles, ce qui contraste avec l’attente des Andins qui ont derrière eux une longue histoire de traditions communautaires et qui n’agiraient pas ainsi.
-
[91]
P. WERBNER, « Business on trust : Pakistani entrepreneurship in the Manchester garment trade », in Robin WARD et Richard JENKINS (dir.), Ethnic Communities in Business. Strategies for Economic Survival. Cambridge, Cambridge University Press, 1984, p. 187.
-
[92]
J. KOTKIN, Tribes…, op. cit.
-
[93]
James T. FAWCETT, « Networks, linkages and migration systems », International Migration Review, XXII/3,1989, p. 671-680. P. WEBNER, The Migration Process…, op. cit.
-
[94]
A. STEINHAUF et L. HUBER, « Redes sociales », art. cit.
-
[95]
J. CLIFFORD, « Diasporas », art. cit. p. 304. Nancy L. GREEN, Repenser les migrations, Paris, PUF, 2002.
-
[96]
Voir la note 60
-
[97]
E. GUERASIMOFF et C. PINA-GUERASSIMOFF, « Dynamiques des réseaux chinois en Asie du Sud-Est », in Christian TAILLARD, Philippe PELLETIER (dir.), Nouvelles organisations régionales en Asie orientale, vol. 2, Paris, Indes Savantes, 2003; les auteurs adoptent la théorie du tout-réseau et analysent le cycle de vie des réseaux : ils se forment après un apport suffisamment grand de migrations individuelles et disparaissent avec l’assimilation. Cette théorie est contredite par les analyses empiriques qui montrent à la fois des migrants chinois sans réseaux et des réseaux de migrants qui ne faiblissent pas pendant plusieurs siècles.
-
[98]
Voir l’exemple des Écossais et des Normands dans L. FONTAINE, Histoire du colportage…, op. cit. Les zones de migrations de la Chine du Sud cumulent, comme l’Écosse, les deux particularités énoncées.
-
[99]
F. MACHUELLE, Willing Migrants…, op. cit.