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Article de revue

Voir, combiner et décrire : la géographie physique selon Nicolas Desmarest

Pages 38 à 57

Notes

  • [1]
    Une version abrégée de ce texte a paru dans les Travaux du Comité français d’histoire de la géologie, Troisième série, tome XVI, 2002, p. 63-77.
  • [2]
    « GÉOGRAPHIE. s. f. Science qui enseigne la position de toutes les régions de la terre, les unes à l’égard des autres, et par rapport au ciel, avec la description de ce qu’elles contiennent de principal. La Géographie est nécessaire pour bien savoir l’Histoire. Cartes de Géographie. », Dictionnaire de l’Académie française, Paris, 1798. Toutes les citations respectent l’orthographe originale.
  • [3]
    Contrairement à ce qu’affirme Numa Broc, Nicolas Desmarest ne semble pas être l’auteur de l’article « Montagne », il s’agit vraisemblablement de d’Holbach. En revanche, pour le sixième volume des planches, il a composé les articles : « Troyes, blanc de », « fromage d’Auvergne », « fromage de gruieres », « fromage de Gérardmer ».
  • [4]
    Philippe MINARD, La fortune du colbertisme. État et industrie dans la France des Lumières, Paris, Fayard, 1998, p. 74. Frank KAFKER, The Encyclopedists as Individuals : a Biographical Dictionary of the Authors of the Encyclopedie, Oxford, The Voltaire Foundation, 1988, p. 106.
  • [5]
    Nicolas DESMAREST, « Géographie-physique », Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, (désormais : Encycl. ), volume VII, Paris, 1757, p. 613.
  • [6]
    François ELLENBERGER, Histoire de la géologie, tome 2, Paris, Tec & Doc, 1994, p. 234.
  • [7]
    « La description scientifique la plus strictement constative est toujours exposée à fonctionner comme prescription capable de contribuer à sa propre vérification en exerçant un effet de théorie propre à favoriser l’avènement de ce qu’elle annonce »: Pierre BOURDIEU, « Décrire et prescrire : les conditions de possibilité et les limites de l’efficacité politique », Langage et pouvoir symbolique, Paris, Points-Seuil, 2001, p. 195.
  • [8]
    Encycl., p. 613.
  • [9]
    Dans l’article « géographie » de l’Encyclopédie, composé par Robert de Vaugondy, la géographiephysique est présentée comme celle qui « considère le globe terrestre, non pas tant par ce qui forme sa surface, que par ce qui en compose sa substance », Didier ROBERT DE VAUGONDY, « Géographie », Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, volume VII, Paris, 1757, p. 613.
  • [10]
    Dans l’Encyclopédie méthodique, Masson de Morvilliers reconnaît lui aussi la singularité des objets de la géographie-physique, et lui attribue même des outils spécifiques : les bassins fluviaux de Buache, « ce sont, écrit-il, autant de bassins particuliers qui appartiennent à chaque pays et que la géographie physique doit d’abord faire connaître », Nicolas MASSON DE MORVILLIERS, Encyclopédie méthodique, Géographie moderne, volume I, Paris, 1782, p. VIII.
  • [11]
    Dans la notice qu’il consacre à Buache, Desmarest décrit de manière assez critique la conception de la géographie-physique de l’académicien, Encycl. méthod., p. 66.
  • [12]
    Numa BROC, « Un géographe dans son siècle : Philippe Buache ( 1700-1773)», Dix-Huitième Siècle, 1971, p. 223-235.
  • [13]
    Histoire de l’Académie royale des sciences, Paris, 1756, p. 124. Voir aussi Lucie LAGARDE, « Philippe Buache ( 1700-1773) cartographe ou géographe ?», in Danielle LECOQ, Antoine CHAMBARD (éd.), Terre à découvrir, terres à parcourir. Exploration et connaissance du monde XIIe-XIXe siècles, Paris, L’Harmattan, 1998, p. 153.
  • [14]
    Numa BROC, La géographie des philosophes. Géographes et voyageurs français au XVIIIe siècle, Paris, Ophrys, 1975, p. 432; Gabriel GOHAU, Les sciences de la Terre aux XVIIe et XVIIIe siècles. Naissance de la géologie, Paris, Albin Michel, 1990, p. 238-239.
  • [15]
    Vincent BERDOULAY, Des mots et des lieux, la dynamique du discours géographique, Paris, Éditions du CNRS, 1988, p. 39.
  • [16]
    Marie-Claire ROBIC évoque l’émergence d’une nouvelle intelligence du terrain qui se déploie dans l’ordre scientifique, sur le plan de la genèse du relief et qui révolutionne son interprétation par rapport aux anciennes doctrines des lignes de partage des eaux : « Carte et topographie : quand pédagogues, savants et militaires définissent l’intelligence du terrain ( 1870-1914)», in Catherine BOUSQUET-BRESSOLIER (dir.), L’œil du cartographe et la représentation géographique du Moyen Âge à nos jours, Paris, Éditions du CTHS, 1995, p. 250.
  • [17]
    Encycl., p. 613.
  • [18]
    Isabelle LABOULAIS -LESAGE, « Les géographes français de la fin du XVIIIe siècle et le terrain. Recherches sur une paradoxale absence », L’Espace géographique, XXX/2,2001, p. 97-110.
  • [19]
    Dans cette collection, Desmarest orthographie systématiquement « Géographie-physique » avec une majuscule à Géographie et un trait d’union entre le nom et l’adjectif qualificatif.
  • [20]
    George B. WATTS, « L’Encyclopédie méthodique », Publications of the Modern Language Association of America, LXXIII, n?1,1958, p. 366.
  • [21]
    Kenneth L. TAYLOR, « La genèse d’un naturaliste : Desmarest, la lecture et la nature », in De la géologie à son histoire, Paris, Éditions du CTHS, 1997, p. 64.
  • [22]
    Martin J. S. RUDWICK, « Smith, Cuvier et Brongniart et la reconstitution de la géohistoire », De la géologie à son histoire, Paris, Éditions du CTHS, p. 121,1997.
  • [23]
    « Dans les théories de la terre on suit d’autres vûes; tous les faits, toutes les observations sont rappelées à de certains agens principaux, pour remonter et s’élever de l’état présent et bien discuté à l’état qui a précédé; en un mot des effets aux causes. L’objet des théories de la terre est grand, élevé et pique davantage la curiosité; mais elles ne doivent être que les conséquences générales d’un plan de Géographie-physique bien complet ». Encycl., p. 626.
  • [24]
    F. ELLENBERGER, Histoire…, op. cit., p. 250.
  • [25]
    Jacques ROGER, « La théorie de la terre au XVIIe siècle », Pour une histoire des sciences à part entière, Paris, Albin Michel, 1995.
  • [26]
    N. DESMAREST, Encyclopédie méthodique. Géographie-physique, tome premier, Paris, Agasse, an III, p. 1. Par la suite, toutes les références à cet ouvrage seront indiquées comme ceci : Encycl. méthod.
  • [27]
    Encycl. méthod., p. 842.
  • [28]
    « Les langues spéciales que les corps de spécialistes produisent et reproduisent par une altération systématique de la langue commune sont, comme tout discours, le produit d’un compromis entre un intérêt expressif et une censure constituée par la structure même du champ dans lequel se produit et circule le discours. Plus ou moins « réussie » selon la compétence spécifique du producteur, cette « formation de compromis », pour parler comme Freud, est le produit de stratégies d’euphémisation, consistant inséparablement à mettre en forme et à mettre des formes : ces stratégies tendent à assurer la satisfaction de l’intérêt expressif, pulsion biologique ou intérêt politique (au sens large du terme), dans les limites de la structure des chances de profit matériel ou symbolique que les différentes formes de discours peuvent procurer aux différents producteurs en fonction de la position qu’ils occupent dans le champ, c’est-à-dire dans la structure de la distribution du capital spécifique qui est en jeu dans ce champ »: P. BOURDIEU, « Censure et mise en forme », Ce que parler veut dire, p. 167-205, repris in Langage…, op. cit., p. 343-344.
  • [29]
    Bien que Buache ait obtenu le 10 juin 1730 le titre « d’adjoint-géographe » à l’Académie royale des sciences, aucune classe de géographie ne fut créée au sein de cette institution, pas même après la réforme de 1785; pourtant cela n’empêche pas la géographie d’être présente dans les Mémoires de l’Académie, où les travaux de Buache ont été diffusés. Par ailleurs, il faut noter que la géographie ancienne était présente à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et cela notamment au travers des travaux de d’Anville. Pourtant, cette absence de la géographie au sein des institutions savantes porteuses de légitimité, ajoutée à sa position éditoriale très enviable, a instauré une frontière floue entre savant-géographe et géographe-amateur. Cette incertitude fut certes partiellement résolue avec les ingénieurs-géographes, mais partiellement seulement car, d’une part, leur domaine est circonscrit par la topographie et la géodésie et tous les « géographes » ne se reconnaissent donc pas dans ces pratiques; d’autre part le cursus de ces ingénieurs géographes ne s’est mis en place que de manière très progressive, voire laborieuse. Éric BRIAN, Catherine DEMEULENAERE -DOUYÈRE, Histoire et mémoire de l’Académie des Sciences. Guides de recherches, Paris, Lavoisie, Tec & Doc, 1996, p. 22. Patrice BRET, « Le Dépôt général de la Guerre et la formation scientifique des ingénieurs – géographes militaires en France ( 1789-1830)», Annals of Science, 48,1991, p. 113-157; Anne GODLEWSKA, Geography Unbound. French Geographic Science from Cassini to Humboldt, Chicago, The University of Chicago Press, 1999, p. 157-164.
  • [30]
    Sur la définition de la notion de discipline comme « domaine d’objets », voir Michel FOUCAULT, L’ordre du discours, Paris, Gallimard, 1992, p. 32 ( 1re éd. 1971).
  • [31]
    « Attentifs à saisir la singularité d’un genre, ces historiens de la lexicographie n’ont pas toujours traité en détail – et c’est normal – la question du contenu idéologique des dictionnaires. Pourtant, note Bernard Quemada, ces livres fournissent une « image des idées que les hommes se sont faites… du monde, d’eux-mêmes, des relations que les mots leur ont permis de nouer avec ce qui dans la nature est innomé ». Ils sont, a-t-on annoncé plus récemment – et plus crûment –, « description d’une culture et reflet d’une idéologie dominante ». Ils laissent entrevoir « derrière les conflits à propos des mots… des conflits à propos des choses ». [… ] Ils appellent donc des études ayant pour but de faire ressortir les préférences individuelles, les normes sociales, les choix intellectuels et les projets politiques qui les informent »: Jean-Claude WAQUET, La conjuration des dictionnaires. Vérité des mots et vérités de la politique dans la France moderne, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2000, p. 9.
  • [32]
    K. L. TAYLOR a consacré de très nombreux travaux à Nicolas Desmarest. Outre l’article déjà mentionné, on peut aussi citer « Nicolas Desmarest ( 1725-1815): Scientist and Industrial Technologist », thèse de Ph. D., Harvard University, juin 1968,454 pages (dactylographiées);« New light on Geological Mapping in Auvergne during the Eighteenth Century : The Pasumot-Desmarest Collaboration », Revue d’histoire des sciences, t. XLVII, n?1,1994, p. 129-136.
  • [33]
    M.-C. ROBIC, « Interroger le paysage ? L’enquête de terrain, sa signification dans la géographie humaine moderne ( 1900-1950)», in Claude BLANCKAERT (dir.), Le terrain des sciences humaines (XVIIIe-XXe siècle), Paris, L’Harmattan, 1996, p. 357-388.
  • [34]
    M.-C. ROBIC, « Territorialiser la nation. Le Tableau entre géographie historique, géographie politique, géographie humaine », in Idem (dir.), Le Tableau de la géographie de la France de Paul Vidal de la Blache. Dans le labyrinthe des formes, Paris, Éditions du CTHS, 2000, p. 184-185. Les travaux consacrés aux liens entre géographie et histoire naturelle, aux transferts de modèle d’une science à l’autre sont très nombreux, bien que les lectures divergent; on peut citer : Béatrice GIBLIN qui évoque la « vision naturaliste des rapports qui existent entre un groupe humain et son milieu » développée par les géographes, cf. « Le paysage, le terrain et les géographes », Hérodote, n?9,1978, p. 82; Jean-Marc BESSE, qui montre que les sciences de la nature apportent une représentation de la terre à la géographie de Vidal : « Idéologie pour une géographie. Vidal de la Blache », EspacesTemps, n?12,1979, p. 72; ou encore V. BERDOULAY et Olivier SOUBEYRAN qui montrent comment Vidal a emprunté des modèles aux sciences naturelles puis comment il a inscrit les progrès de la géographie humaine dans le même mouvement que celui de la science botanique, cf. « Lamarck, Darwin et Vidal : aux fondements naturalistes de la géographie humaine », Annales de géographie, n?561-562,1991, p. 623 et p. 626.
  • [35]
    « On peut réduire à trois classes générales les principes de la Géographie physique; la premiere comprend ceux qui concernent l’observation des faits; la seconde ceux qui ont pour objet leur combinaison; la troisieme enfin ceux qui ont rapport à la généralisation des résultats et à l’établissement de ces principes féconds, qui deviennent entre les mains d’un observateur des instrumens qu’il applique avec avantage à la découverte de nouveaux faits ». Encycl., p. 613.
  • [36]
    Jean-Marc DROUIN revient sur l’écart entre l’ambition théorique affichée par Geoffroy et Savigny pendant l’expédition d’Égypte et la méthode apparemment plus empirique et cependant complexe mise en œuvre par Rozière et Delile : « Récolter, décrire et raconter : Delile et Rozière », in P. BRET (dir.), L’expédition d’Égypte, une entreprise des Lumières, 1798-1801, (Paris, 8-10 juin 1998), Paris, Académie des Sciences, Tec & Doc, 1999, p. 262.
  • [37]
    Encycl., p. 613-614.
  • [38]
    Encycl., p. 617.
  • [39]
    Encycl. méthod., p. 813.
  • [40]
    Encycl. méthod., p. 804.
  • [41]
    « Autres suppositions bizarres. Philippe Buache, d’après la seule considération des glaces qu’on avoit vues dans le voisinage du pôle antarctique avoit imaginé d’abord qu’il n’existoit dans le prétendu continent austral qu’une suite de hautes montagnes et de grands fleuves qui y avoient leurs sources, et qui, répandus dans des plaines voisines d’un grand golfe s’y geloient, et au moyen d’une température plus douce dans l’été de ces contrées, y éprouvoient des débacles pendant lesquelles ces fleuves charioient ces glaçons dans une mer intérieure. Le bassin de cette mer qui se trouve tracé dans des cartes de géographie-physique a une décharge et un débouquement dans la mer des Indes, et les hautes montagnes s’y trouvent de même figurées pour qu’on ne pût pas douter de cet ensemble admirable. Ces montagnes, au reste, ces fleuves, ces glaçons, ces mers intérieures et grands golfes ont été imaginés d’après la fausse hypothèse que les glaçons qui flottent dans les mers, sont nécessairement formés à l’extrémité du lit des fleuves, et voiturés dans le bassin des mers par les fleuves. [… ] On sent bien maintenant que l’observation et les connoissances géographiques, bien constatées, devoient précéder les assertions de Buache, et les décisions de sa prétendue géographie-physique. Je pourrois citer encore plusieurs autres assertions erronées semblables, produites de même par le mépris des observations d’histoire naturelle et par la confiance accordée, sans discussion, à des navigations aventurées : et enfin par l’engouement pour un système qui n’étoit fondé sur aucune base ni sur aucun principe solide et raisonné. » Encycl. méthod., p. 813-814.
  • [42]
    M.-C. ROBIC, « Carte et topographie… », art. cit., p. 261.
  • [43]
    « un observateur intelligent ne se bornera pas tellement dans ses savantes discussions aux formes extérieures et à la structure d’un objet qu’il ne prenne aussi connaissance exacte des matières elles-mêmes qui par leurs divers assemblages ont concouru à le produire »; Encycl., p. 615,614,616.
  • [44]
    Gérard LENCLUD, « Quand voir, c’est connaître. Les récits de voyage et le regard anthropologique », Enquêtes. Anthologie, histoire, sociologie, n?1,1995, (Marseille, Éditions Parenthèses), p. 16.
  • [45]
    « Comme l’inspection attentive et réfléchie de notre globe nous promet une multitude infinie de lumières et de connoissances absolument neuves, un observateur qui commence à donner un ensemble systématique à la petite portion des faits qu’il a recueillis, semble regarder comme inutiles toutes les découvertes qu’on a lieu de se promettre de ceux qui partageront son travail. » Encycl., p. 615.
  • [46]
    « À mesure qu’on parcourra un plus grand nombre de ces objets, ces formes venant à s’offrir plus ou moins fréquemment à nos regards, elles produiront dans notre esprit des impressions durables, des caracteres reconnoissables qui ne nous échapperont plus, et qui nous donneront les premieres idées de la régularité de toutes ces choses. Nous tiendrons un compte exact des circonstances et des lieux où elles s’annonceront; et enfin nous serons, par une suite de la même attention, en état de remarquer les variétés et toutes leurs dépendances. » – Encycl., p. 614-615.
  • [47]
    « Lorsqu’on doit contempler des objets aussi compliqués que ceux qu’il faut étudier pour fonder sur l’observation les bases de la théorie de la terre, il est indispensable de se former à l’avance un plan, de se prescrire un ordre, et de minuter, pour ainsi dire, les questions que l’on veut faire à la nature », Horace-Bénédicte de SAUSSURE, Voyages dans les Alpes, vol. IV, 1796, §2304, cité dans Albert V. CAROZZI, « Symboles et codes pour la simplification et la standardisation des observations géologique de terrain », in De la géologie à son histoire, op. cit., p. 76.
  • [48]
    « Cette forme qu’on doit donner aux résultats des observations sur les cartes de géographiephysique, indique aux naturalistes la manière de les recueillir et de les rédiger sous des points de vue assortis à leur emploi ultérieur. [… ] Cette association de travaux fait que le naturaliste adopte, dans ses études, une manière particulière de voir et d’analyser les faits. Non seulement il les voit mieux, mais encore il les voit à différentes reprises et sous tous les rapports instructifs » Encycl. méthod., p. 808.
  • [49]
    Silvia COLLINI, « Conseils pratiques et orientations théoriques dans les instructions pour les voyageurs (XVIIIe siècle)», in Claude BLANCKAERT (dir.), Le terrain des sciences humaines, op. cit., p. 57-71; Antonella VANNONI, « Les instructions pour les voyageurs : voyage, expérience et connaissance au XVIIIe siècle », ibid., p. 73-87.
  • [50]
    Encycl., p. 614.
  • [51]
    Encycl. méthod., p. I.
  • [52]
    Encycl., p. 613 et p. 618-619.
  • [53]
    Alain CORBIN, Le territoire du vide. L’Occident et le désir du rivage, 1750-1840, Paris, Champs-Flammarion, 1997 ( 1re éd., 1988), p. 126.
  • [54]
    Encycl., p. 613.
  • [55]
    Nicolas DESMAREST, « fontaine », Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, volume VII, Paris, 1757, p. 81-101.
  • [56]
    Encycl. méthod., p. 792.
  • [57]
    Encycl., p. 615-616.
  • [58]
    P. MINARD, La fortune…, op. cit., p. 171-196.
  • [59]
    Bibliothèque municipale de Bordeaux, Ms 721, fol. 141, fol. 153.
  • [60]
    Jean-Marc DROUIN, « Bory de Saint-Vincent et la géographie botanique », in Marie-Noëlle BOURGUET, Bernard LEPETIT, Daniel NORDMAN, Maroula SINARELLIS (dir.), L’invention scientifique de la Méditerranée, Paris, Éditions de l’EHESS., 1998, p. 139-157.
  • [61]
    Bibliothèque municipale de Bordeaux, Ms 721, fol. 110,288 et suiv., fol 115, fol. 43-44, fol. 156-160.
  • [62]
    Paul VIDAL DE LA BLACHE, « Les caractères distinctifs de la géographie », Annales de géographie, 1913, p. 290, cité dans Jean-Marc BESSE, Voir la terre. Six essais sur le paysage et la géographie, Arles, Actes Sud – ENSP/Centre du paysage, 2000, p. 110.
  • [63]
    J.-M. BESSE, « Les grandeurs de la terre. Essai sur la transformation du savoir géographique au XVIe siècle », thèse de l’Université Parsis I, p. 248.
  • [64]
    N. DESMAREST, « Mémoire sur le Basalte », Mémoires de l’Académie royale des sciences, 1773, Paris, 1775, p. 649.
  • [65]
    « Les échantillons que je présente ici seroient bien des preuves fortuites qui n’autoriseroient pas la généralisation que je donne aux conséquences que j’en tire, si des observations suivies et représentées ne me mettoient en état d’indiquer dans les Monts-Dor des cantons de cinq à six cents toises d’étendue qui offrent en grand ces nuances si instructives de l’action du feu », N. DESMAREST, « Mémoire sur l’origine et la nature du basalte à grandes colonnes polygones », Mémoires de l’Académie royale des sciences, 1771, Paris, 1773, p. 723-724.
  • [66]
    Encycl., p. 616.
  • [67]
    Encycl., p. 614.
  • [68]
    « Cette étude des volcans, dirigée dans les vues de former des atlas volcaniques, a contribué singulièrement à perfectionner la géographie-physique, non seulement en soignant la figure du terrain, mais encore en rassemblant les matériaux altérés par le feu sous un point de vue plus méthodique et plus propre à faire distinguer ce qui peut être l’ouvrage du feu de celui des eaux courantes. D’après ce même plan de travail, la géographie physique peut aussi indiquer sur ces cartes les matières intactes et primitives, au milieu desquelles le feu s’est fait jour et dont il a recouvert de grandes parties par des courans de laves, qui ont pris naissance au pied des montagnes qui sont les centres d’éruption. » Encycl. méthod., p. 822.
  • [69]
    M.-N. BOURGUET, Christian LICOPPE, « Voyages, mesures et instruments. Une nouvelle expérience du monde au siècle des Lumières », Annales HSS, 52/5, sept.-oct. 1997, p. 1115-1151.
  • [70]
    Encycl., p. 614,615.
  • [71]
    M.-N. BOURGUET, « Voyage, collecte, collections. Le catalogue de la nature (fin XVIIe-début XIXe siècles)», in D. LECOQ, A. CHAMBARD, Terre à découvrir…, op. cit., p. 200.
  • [72]
    B. LEPETIT, « Missions scientifiques et expéditions militaires : remarques sur leurs modalités d’articulation », in M.-N. BOURGUET, B. LEPETIT, D. NORDMAN, M. SINARELLIS (dir.), L’invention…, op. cit., p. 111.
  • [73]
    Bibliothèque municipale de Bordeaux, Ms 721, fol. 110.
  • [74]
    « Comme un seul homme ne peut pas tout voir par soi-même, et que c’est la condition de nos connoissances de devoir leurs progrès aux découvertes et aux recherches combinées de plusieurs observateurs; il est nécessaire de s’en rapporter au témoignage des autres : mais parmi ces descriptions étrangeres, il y a beaucoup de choix; et dans ce discernement il faut employer une critique sérieuse et une discussion severe. » Encycl., p. 616.
  • [75]
    Bibliothèque nationale de France, Ms NAF 803, fol. 110,115.
  • [76]
    Dans ses carnets de terrain, Desmarest se réfère souvent à Rouelle, ainsi, dans son « Voyage dans une partie du Bordelais et du Périgord » ( 1761), il note : « M. Rouelle prétend être en état de faire voir que les pierres les plus brutes sont assujeties a une cristalisation masquée, il est vray par des matières brutes », Bibliothèque municipale de Bordeaux, Ms 721, fol. 166.
  • [77]
    Encycl. méthod., p. 410.
  • [78]
    Desmarest note ainsi : « Voilà quelle étoit la manière de philosopher de Buffon et de raisonner lorsqu’il s’agissoit de prendre une décision sur les points les plus importants de l’histoire de la terre. Opposons à cet échafaudage vague et sans principes, la lumière que les découvertes de Rouelle nous ont offerte depuis long-tems sur la distinction de l’ancienne et de la nouvelle terre, et sur la méthode qu’il convient de suivre pour les reconnoître à des caractères invariables et très apparens. » Encycl. méthod., p. 811.
  • [79]
    Encycl., p. 613,616.
  • [80]
    M. D’ANVILLE, Considérations générales sur l’étude et les connaissances que demande la composition des ouvrages de géographie, Paris, 1777.
  • [81]
    Encycl., p. 613,616,617.
  • [82]
    Encycl., p. 617.
  • [83]
    Encycl., p. 613,617.
  • [84]
    Encycl., p. 618.
  • [85]
    Encycl., p. 618,615.
  • [86]
    Encycl. méthod., p. 807.
  • [87]
    Christian JACOB, L’Empire des cartes. Approche théorique de la cartographie à travers l’histoire, Paris, Albin Michel, 1992.
  • [88]
    Encycl. Méthod., p. 807-808.
  • [89]
    Encycl., p. 615,617,618.
  • [90]
    Encycl. Méthod., p. 808,803,805.
  • [91]
    Encycl. Méthod., p. 177.
  • [92]
    « c’est d’après ces vues que les grands continents et les principaux bassins des mers seront figurés avec exactitude et décrits sur les récits des voyageurs les plus éclairés, en indiquant cependant ce qui reste à déterminer par de nouvelles recherches. » Encycl. Méthod., p. 810.
  • [93]
    Encycl., p. 616.
  • [94]
    Pablo Cesar DA COSTA GOMES, « Les deux pôles épistémologiques de la modernité. Une lecture des fondements de la géographie chez Kant et Herder », in Jean-François STASZAK, Les discours du géographe, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 212-213.
  • [95]
    M. FOUCAULT, L’Ordre…, op. cit., p. 70.
  • [96]
    Marc-Antoine KAESER, « Nationalisme et archéologie : quelle histoire ?», Revue d’Histoire des Sciences Humaines, n?2,2000, p. 161.
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1 Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le mot « géographie » désigne une description exhaustive de la terre [1]. C’est donc un domaine de savoir très englobant, si englobant que, le plus souvent, ce mot est suivi d’un adjectif qualificatif qui vient préciser le champ dans lequel s’inscrit le propos [2]. Ainsi, dans l’article « géographie » de l’Encyclopédie, le géographe du roi, Robert de Vaugondy, distingue la géographie naturelle, la géographie historique, civile ou politique, sacrée, ecclésiastique et enfin physique. Or, parmi toutes ces acceptions, la géographie physique est la seule qui, dans l’Encyclopédie, bénéficie d’un article spécifique. Ce texte fut rédigé par Nicolas Desmarest et publié en 1757. Outre cet article, Desmarest composa également l’article « Fontaine » qui parut dans le même volume, puis il écrivit quelques notices pour le sixième volume des planches; enfin, il contribua au commentaire sur le basalte d’Auvergne [3]. C’est lui aussi qui fut chargé par Panckoucke de donner, pour l’Encyclopédie méthodique, non plus un article, mais un dictionnaire de géographie physique qui venait compléter celui de géographie moderne, dirigé par Masson de Morvilliers et Robert, et celui de géographie ancienne, dirigé par Mentelle. Desmarest fit paraître les quatre premiers volumes de son Dictionnaire de géographie physique en 1795,1803,1809 et 1811; puis il mourut, en 1815, avant de parvenir au terme de l’alphabet. C’est donc sous la direction de Huot que ce dictionnaire fut achevé en 1828, avec la parution du cinquième et dernier volume.

2 Malgré ses contributions aux deux grandes encyclopédies de la fin du XVIIIe siècle – contributions qui toutes les deux concernent la géographie –, Nicolas Desmarest ( 1725-1815) n’est jamais regardé ni par ses contemporains, ni par les historiens, comme un géographe.

3 Il faut en effet rappeler qu’à partir des années 1750, Desmarest a concilié des fonctions d’administrateur – il fut notamment inspecteur des manufactures, puis inspecteur général – et des fonctions de savant – en 1771, il fut élu adjoint à l’Académie des Sciences; puis en 1785, il devint pensionnaire de la nouvelle classe d’histoire naturelle et de minéralogie, instaurée par la réforme de l’Académie [4]. Ce type de parcours, où se mêlent la posture de l’administrateur et celle du savant, complique l’identification du personnage et son assignation à un champ de savoir spécifique; cela peut expliquer que Desmarest ne soit jamais considéré comme « géographe » par les historiens des sciences alors qu’il a consacré à la géographie physique la plupart de ses travaux, sans jamais se contenter de compilations, d’états des lieux des savoirs, mais en rédigeant, au contraire, des textes au contenu épistémologique neuf.

4 Dans ses définitions de la géographie physique, Desmarest revient, en effet, sur les modalités de construction des savoirs géographiques et expose des méthodes spécifiques. L’article « géographie physique » rédigé pour l’Encyclopédie comporte deux parties; la première s’attache à « développer les principes de cette science capables de guider les observateurs qui s’occupent à en étendre de plus en plus les limites », la seconde présente « succinctement les résultats généraux et avérés qui forment le corps de cette science afin d’en constater l’état actuel » [5]. Desmarest y décrit les grandes chaînes de montagnes, les situations et les formes différentes dans les couches terrestres; il montre l’influence des eaux de pluie sur la surface extérieure, évoque volcans et tremblements de terre, et aborde très succinctement les phénomènes atmosphériques. François Ellenberger regarde cette seconde partie comme « un exposé prudent et sans originalité des grandes données de l’organisation du globe extérieure et intérieure » [6]. En revanche, la première partie de l’article consiste en un long exposé méthodologique dans lequel on peut déceler la volonté d’exercer ce que Pierre Bourdieu a nommé un « effet de théorie » [7].

5 Au tout début de cet article publié en 1757, Desmarest définit la géographie physique comme une

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« description raisonnée des grands phénomènes de la terre, et la considération des résultats généraux déduits des observations locales et particulières, combinées et réunies méthodiquementsous différentes classes et dans un plan capable de faire voir l’économie naturelle du globe, en tant qu’on l’envisage seulement comme une masse qui n’est ni habitée, ni féconde » [8].

7 L’originalité du propos ne réside pas ici dans l’usage de l’expression « géographie physique », mais plutôt dans l’acception qui est revendiquée. Par rapport aux définitions les plus courantes de la géographie, Desmarest change d’objet, il abandonne les États pour s’attacher aux phénomènes de la terre, il écarte aussi l’homme et la société de ses préoccupations. Par rapport aux définitions courantes de la géographie physique [9], il exclut les bassins fluviaux pourtant considérés comme l’apanage de cette forme de géographie depuis l’Essai de géographie physique de Buache [10]. En 1752, ce dernier avait présenté à l’Académie des Sciences un système cohérent qui expliquait de façon logique la diversité du globe terrestre grâce à la théorie des bassins fluviaux [11]; l’adjoint-géographe de l’Académie entendait ainsi faire de la géographie ce qu’il considérait comme une véritable science, fondée sur des théories et des principes explicatifs, et ne plus la réduire à la seule connaissance de la carte, c’est-à-dire à une forme de géographie descriptive et énumérative [12]. D’ailleurs, les membres de l’Académie jugèrent que « cette façon nouvelle de considérer notre globe ouvre une nouvelle carrière à la géographie »; et d’ajouter : « il est peut-être plus intéressant de connaître la direction des chaînes de montagne qui fournissent et dirigent les eaux des fleuves [… ] que de reconnaître les anciennes bornes d’un pays » [13]. Pourtant, les naturalistes de la deuxième moitié du XVIIIe siècle condamnèrent le système de Buache : Giraud Soulavie dans son Histoire naturelle de la France méridionale ( 1780-1784), Pallas dans ses Observations sur la formation des montagnes et les changements arrivés à notre globe ( 1779), Dolomieu dans son Voyage aux Iles de Lipari [… ] pour servir à l’histoire des volcans ( 1783), Ramond de Carbonnières dans ses Observations faites dans les Pyrénées ( 1789), Saussure dans ses Voyages dans les Alpes ( 1779-1796), tous lui reprochèrent de se contenter d’une approche superficielle et géométrique [14]. Dès 1757, Desmarest s’est lui aussi inscrit dans ce débat : en reprenant l’expression « géographie physique », il entendait désigner un savoir fondé sur une démarche empirique et capable de contrecarrer les dérives de l’esprit de système. Pour marquer sa différence, il s’attacha à exposer cette démarche avec beaucoup de précision [15].

8 Dans la première partie de l’article de l’Encyclopédie, Desmarest insiste tout d’abord sur les conditions de production des savoirs et sur le rôle heuristique du terrain. Il propose des procédés de collecte et une forme spécifique d’« intelligence du terrain » [16] qu’il associe à la géographie physique, investissant cette expression d’un sens nouveau. Il recommande d’observer, de combiner et de généraliser ces phénomènes pour parvenir non seulement à produire une description, mais pour rendre intelligible cette « économie naturelle du globe » [17]. Alors qu’à la fin du XVIIIe siècle l’absence du terrain dans la pratique des géographes – nous voulons parler ici des géographes du roi et des auteurs de Géographies – a contribué à les marginaliser face aux minéralogistes et aux botanistes [18], alors que les définitions les plus courantes associent la géographie physique au raisonnement systématique mis en œuvre par Buache, Desmarest, lui, conçoit dès 1757 un cadre méthodologique neuf.

9 En 1795, dans le premier volume de son dictionnaire de géographie physique, Desmarest reprend et étoffe l’article rédigé près de quarante ans plus tôt pour l’Encyclopédie, dans un texte qu’il intitule « Considérations générales et particulières sur la Géographie-physique », qui fixe les objets de ce dictionnaire, et par là même explique le titre retenu. En effet, parler de « Géographiephysique » [19] dans l’Encyclopédie méthodique ne peut en aucun cas être considéré comme un événement fortuit. Panckoucke avait bien prévu, pour sa collection, un dictionnaire d’« histoire naturelle de la terre » mais c’est Desmarest qui a choisi de le désigner comme dictionnaire de « Géographie-physique » [20]. Dans le texte qu’il publie en 1795, pour ouvrir ce volume, Desmarest opère certains réajustements par rapport au texte de 1757 et précise ce qu’il entend par « géographie physique ». D’une part, il cesse de situer la géographie physique par rapport à la physique et la situe plus volontiers par rapport à l’histoire naturelle [21]; d’autre part, il développe très largement sa réflexion cartographique, se montrant soucieux de se démarquer des théories de la terre et d’ancrer ses remarques dans des espaces spécifiques. Néanmoins, comme dans le texte précédent, c’est en insistant sur la place de l’expérience de terrain dans la production des savoirs que Desmarest pose un facteur discriminant entre la « géographie physique » de Buache et la « Géographie-physique » telle qu’il la conçoit, mais aussi entre la géologie et sa « Géographie-physique ».

10 Martin Rudwick a bien montré que la pratique de la géologie naissante avait dû se frayer un chemin entre deux traditions contradictoires : d’une part, les théories de la terre qui ignoraient l’importance du terrain; d’autre part, l’ensemble constitué par la minéralogie – présentée comme « science des échantillons » – et la géognosie – fondée par le travail sur le terrain et dans les mines –  [22]. Dans ce contexte, Desmarest apparaît comme acteur et défenseur de l’émergence d’une analyse empirique, émergence qu’il ne peut envisager qu’à l’extérieur du champ de la géologie. En effet, dans la conclusion de l’article de l’Encyclopédie, Desmarest comparait la géographie physique et les théories de la terre auxquelles, à cette époque, la géologie était encore associée; et son refus des hypothèses jugées hasardeuses le conduisait bien sûr à exclure toute parenté entre géologie et géographie physique [23]. On voit bien ici que le mot « géologie » a tardé à désigner de façon précise l’étude systématique et concrète de la terre, il resta longtemps utilisé pour marquer une « doctrine transcendant les faits » [24]. Ainsi, en 1757, comme en 1795, le recours de Desmarest à la « Géographie-physique » renvoie à ces incertitudes en matière de dénomination et aux ambiguïtés du mot « géologie » [25]. Toutefois, dans l’Encyclopédie méthodique, le discours semble s’infléchir.

11 Désormais, Desmarest différencie les théories de la terre et la géologie. Bien sûr, les théories de la terre restent condamnées et Desmarest continue de penser qu’elles « ont une marche entièrement opposée aux principes de la géographiephysique » [26]. En revanche, la géologie est brièvement évoquée et Desmarest la présente comme une science nouvelle, mais distincte de la géographie physique.

12 Desmarest termine ses « Considérations générales et particulières sur la Géographie-physique » par ce constat :

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« Ce seroit ici l’occasion de parler de la géologie comme d’une science nouvelle : mais ne connoissant pas les principes de cette science, ni les observations qu’elle a pu diriger, je ne puis en faire mention de manière à comparer sa marche et ses moyens avec ceux de la Géographie-physique. Quoi qu’il en soit, la géologie ne peut offrir tout au plus qu’un plan d’observations et d’analyse différent de celui que la géographie physique adopte; et cette concurrence, si elle est raisonnée, ne pourroit qu’accélérer les progrès de l’histoire de la terre.
Mais il est bien important, en tout cas, que la géologie ne soit livrée, ni à la dispute ni aux assertions vagues et systématiques » [27].

14 Si Desmarest feint quasiment d’ignorer la géologie, peut-être est-ce en raison de la jeunesse de ce domaine et de la méfiance encore éprouvée par plusieurs de ses contemporains face à cette science qui, à l’encontre des principes qu’il énonce, tend à cette période à s’appuyer sur des spéculations plus que sur des faits positifs, mais peut-être est-ce aussi parce qu’il entend s’imposer en défendant un nouveau champ du savoir autonome : « la Géographie-physique ».

15 En effet, rédiger un texte quasi programmatique, le publier dans l’Encyclopédie et conserver le même parti pris quelque quarante années plus tard dans l’Encyclopédie méthodique peut s’apparenter à la volonté de délimiter un domaine de savoir, de fonder une discipline.

16 Or, si le pari sur la géographie physique reste concevable en 1795, à la fin des années 1820 en revanche, la « Géographie-physique » de Desmarest a vécu.

17 Ainsi, en 1828, lorsque paraît le dernier volume du Dictionnaire de géographie physique sous la direction de Huot, le projet de considérer la géographiephysique et la géologie comme deux sciences différentes et concurrentes paraît résolument vain; il semble désormais évident que la géographie physique doit être absorbée par la géologie, et plus encore aux yeux du fondateur de la Société de géologie qu’est Huot. Selon lui, c’est en effet un ensemble très ample qui constitue le domaine de la géologie, il parle de « l’étude entière du règne minéral et [de] l’histoire des innombrables races éteintes du règne animal et du règne végétal », étude obligatoirement fondée désormais sur l’observation. Si les principes demeurent et tout particulièrement le primat de l’observation, le mode de désignation – la « Géographie-physique » – a disparu. Faut-il pour autant ignorer cette configuration de savoir spécifique qui n’a pas survécu ? Nous ne le pensons pas et suggérons de voir là ce que Pierre Bourdieu nomme le « produit de stratégies d’euphémisation » [28], liées à un contexte épistémologique spécifique.

18 À une période où la géologie est en train de se construire, la géographie est un savoir diffus et il est à la fois très difficile de circonscrire le groupe des géographes, faute d’instances qui viendraient baliser leur parcours et légitimer leur travail, et très difficile de définir les formes d’un discours géographique qui cherche encore à produire une description exhaustive de la terre [29]. Or, les textes de Desmarest semblent tenter d’imposer un domaine d’objets, un ensemble de méthodes et un corpus de propositions explicitement désignés comme « géographiques » [30]. C’est pourquoi, en poursuivant notre parti pris de saisir la géographie moderne par le biais de la désignation [31], il nous a semblé utile d’observer la manière dont Desmarest, au travers de ses contributions encyclopédiques, a construit le domaine d’objectivité de la géographie physique, et cela, non pas dans la perspective qui est celle des historiens de la géologie, comme cela a déjà été fait, mais dans une perspective d’histoire de la géographie [32]. La démarche de Desmarest se trouve en effet aux antipodes de celle des géographes du roi, et pourtant cet emprunt du mot « géographie » conjugué au regard neuf sur la pratique de terrain nous semble révélateur du moment d’incertitude qui caractérise la géographie du XVIIIe siècle. Cette désignation imaginée par Desmarest permet enfin de replacer l’histoire de la géographie dans la longue durée, en transposant la construction du savoir géographique dans l’horizon de l’expérience [33] et en évoquant l’historicité des liens tissés entre géographie et histoire naturelle, considérée comme la « famille légitimante » de la géographie vidalienne [34]. À partir du programme suggéré par Desmarest, dans un contexte épistémologique spécifique, nous verrons comment il a proposé d’articuler l’observation, la combinaison et la description pour construire et affirmer le champ de sa « géographie physique » [35].

VOIR, OU LES RÈGLES DE L’OBSERVATION

19 Dans ses définitions de la géographie physique, Desmarest ne se contente pas d’afficher un empirisme simple et réducteur; certes il accorde une grande place à l’observation et entend donner à voir les formes du terrain, mais il utilise avant tout ses observations pour chercher à comprendre, et tâche ainsi de concilier collecte des faits et construction théorique [36]. Il propose que l’expérience de terrain permette d’observer les « phénomènes singuliers ou uniformes [… ] la forme, la disposition, les rapports des différents objets », d’« apprécier l’étendue des effets », de « fixer leurs limites en suppléant à l’observation par l’expérience [… ] pour parvenir jusqu’aux principes généraux constants et réguliers » [37]. Tel est le point de départ de sa méthode.

Se méfier du visible, ou le bon usage des systèmes

20 Au moment de la révolution épistémologique qui, selon François Dagognet, se profile dès le XVIIIe et s’épanouit au XIXe siècle en s’attachant aux modalités de la distribution dans l’espace et en rejetant les apparences, Desmarest invite les observateurs à se méfier de l’imagination; il considère qu’il faut « savoir découvrir » [38], c’est-à-dire bannir les méthodes de Buache et Buffon qui avaient estimé que le « continent austral étoit nécessaire pour maintenir l’équilibre entre les deux hémisphères » [39]. Desmarest note qu’il ne faut pas se hasarder à deviner la nature, à partir d’un « système qui n’était fondé sur aucune base ni sur aucun principe solide et raisonné ». Dans sa manière de stigmatiser la géographie et plus encore les « géographes ignorans » [40], Desmarest vise plus particulièrement Buache dont il associe les travaux à des « suppositions erronées dont on a fait un corps de doctrines sous le titre de géographie physique » [41].

21 Pour autant, il ne s’agit pas pour Desmarest de prôner seulement les mérites de l’empirisme, il affirme au contraire à plusieurs reprises que la science doit s’imposer entre l’œil de l’observateur et le terrain [42]. Desmarest tente ainsi de mettre en garde l’observateur contre l’évidence du visible. Il rappelle qu’il faut se méfier des « observateurs ou ignorans, ou prévenus, ou peu attentifs, qui voyent les objets rapidement, sans dessein, et sans discussion »; et il regrette que « les personnes en état de mettre à profit leurs connaissances voyagent peu, ou pour des objets étrangers aux progrès de la géographie physique ». Pour suppléer l’absence des savants sur le terrain, Desmarest estime que l’homme de terrain doit accumuler des lectures préalables, des lectures censées le protéger des dangers du visible, ce qui exclut les travaux des compilateurs et ceux des auteurs qui ont écrit avant le renouvellement des Sciences. Selon lui, « on puise dans l’observation habituelle de la nature l’heureux secret d’admirer sans être ébloui; mais la lecture réfléchie et attentive forme de solides préventions qui dissipent aisément le prestige du premier coup-d’œil » [43]. Si les lectures préalables sont indispensables, Desmarest bannit toutefois ce que Gérard Lenclud nomme les « lunettes théoriques qui forcent la vision » [44] et annonce qu’un « système déjà concerté » efface le profit des observations [45]. Comme d’Holbach, dans l’article « minéralogie » publié en 1765 dans le volume X de l’Encyclopédie, Desmarest estime que l’expérience de terrain doit permettre à l’observateur d’affiner son regard.

22 Cependant, cette valeur que Desmarest attache à l’observation ne nie pas totalement l’importance des systèmes, il précise : « nous convenons que l’on peut avoir un objet déterminé dans ses recherches, mais avec une sincère disposition de l’abandonner dès que la nature se déclarera contre le parti que l’on avoit embrassé provisionnellement ». Plus qu’un système de géographie physique, Desmarest propose donc de suivre « un plan méthodique où l’on présente les faits avérés et constans, et où on les rapproche pour tirer de leur combinaison des résultats généraux » [46]. Cette conception est assez semblable à celle mise en œuvre par Saussure dans son travail de codification des observations géologiques [47]. Un tel plan d’observation préalable est censé à la fois prémunir contre les évidences trop flagrantes du visible, et faciliter le traitement ultérieur des données [48]. Desmarest considère que l’on doit savoir pourquoi on observe, et ce que l’on observe. Il envisage explicitement une médiation théorique qui doit donner du sens aux résultats des expériences de terrain.

Des choses vues aux données à collecter

23 À l’image des instructions de voyage qui se multiplient à cette période [49], Desmarest énumère ce qu’il faut voir, il note « qu’il faut s’attacher aux configurations extérieures, aux formes apparentes : ainsi l’on saisira d’abord la forme des continens, des mers, des montagnes, des couches, des fossiles » [50]. Une partie de ces objets peut être regardée comme semblable à ceux du géographe. Cependant, pour éviter toute confusion, Desmarest rappelle que

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« la géographie physique embrasse deux objets également importants et fortement liés ensemble : la structure intérieure du globe et la forme extérieure; tous objets qui peuvent être présentés par des cartes géographiques, tous objets qui tiennent aux causes physiques qui ont concouru en différents tems à la constitution actuelle de la terre » [51].

25 Alors que le géographe s’occupe de la forme extérieure et le minéralogiste de la structure intérieure, le géographe physicien s’attache à ces deux objets et doit

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« saisir les résultats généraux des observations que l’on a faites et recueillies sur les éminences, les profondeurs, les inégalités du bassin de la mer, sur les mouvements et les balancemens de cette masse d’eau immense qui couvre la plus grande partie du globe; sur les substances terrestres qui composent les premières couches des continens qu’on a pû sonder;
sur leur disposition par lits; sur la disposition des montagnes, etc. enfin sur l’organisation du globe » [52].

27 Alors que le géographe inventorie les principales formes du relief qu’il définit rapidement, Desmarest montre que c’est en étudiant l’articulation entre l’extérieur et l’intérieur que le géographe physicien peut faire apparaître ce qu’Alain Corbin a nommé « l’autobiographie de la croûte terrestre » [53]; et là encore, il se démarque de Buache qui différenciait la géographie physique intérieure et la géographie physique extérieure. Les faits du géographe, les faits du géographe-physicien, et ceux du naturaliste ne sont donc pas semblables; l’un se contente d’observer la surface de la terre alors que l’autre s’attache à la liaison entre la forme extérieure et la structure intérieure. De plus, les méthodes sont elles aussi diamétralement opposées puisque le géographe s’attache à des « détails secs et décharnés », il produit une « nomenclature ennuyeuse de mots bizarres… » [54]. L’article « Fontaine » offre à Desmarest une autre occasion de conspuer les géographes : « Nous ne croyons donc pas devoir nous astreindre à l’ancienne distribution des Géographes sur cet article. C’est une supposition révoltante que d’attribuer aux mouvemens des marées les accès des fontaines que l’on trouve au milieu des continens » [55]. Dans l’Encyclopédie méthodique, le propos est cependant moins catégorique, Desmarest ne parle plus de « détails secs et décharnés » mais de « positions nettes et précises » [56]. Cependant, pour lui, la seule tâche de la géographie reste d’identifier des ensembles territoriaux. Non seulement la géographie physique de Desmarest n’a rien à voir avec les objets du géographe, mais l’espace pris en compte diffère lui aussi.

28 À la différence de la « géographie » qui est présentée dans les définitions les plus courantes comme une simple description dépourvue de tout ordre autre que topographique, la géographie physique, telle que la définit Desmarest, dépasse la question « où ?» et l’importance donnée à la seule localisation, et tente au contraire de spatialiser les informations et de rendre l’espace intelligible. Desmarest note que l’observateur « contemplera les ouvrages de la nature, tantôt dans l’ensemble de leur structure, tantôt dans le rapport des pièces », car, précise-t-il, « un coupd’œil général et rapide n’apprend rien que de vague; un mince détail épuise souvent sans présenter rien de suivi; il faut donc soûtenir une observation par l’autre;

29 et c’est en les faisant succéder alternativement, que les vûes s’affermissent, même en s’étendant ». La grille d’observation implicitement proposée par Desmarest est déterminée par l’ambition explicative qu’il confère à la « Géographie-physique ».

30 Ainsi, lorsqu’il recommande à l’observateur de relever les « irrégularités », ce n’est pas parce qu’il est guidé par l’esprit de curiosité mais parce que, selon lui, « la nature se décèle souvent par un écart qui montre son secret au grand jour ».

31 D’ailleurs, il s’agit pour l’observateur de saisir « si ces écarts relevés affectent l’essentiel ou l’accessoire », et l’on retrouve là l’importance des connaissances préalables et de l’expérience, toutes deux indispensables à l’homme de terrain qui entend conduire des observations efficaces. Desmarest s’attache tout particulièrement à la nature des roches et à la disposition des couches lithologiques, c’est pourquoi « un corps étranger qui se trouve placé au milieu des substances de nature différente; un amas de talc au milieu de matieres calcaires; des blocs de grès au milieu des marnes; des sables au milieu des glaises; toutes ces observations sont très-essentielles pour connaître la distribution générale ». Il ne s’agit plus seulement ici de l’espace newtonien de la position, ni même de la délimitation des phénomènes mais de leur « distribution générale » [57], expression qu’utilisent également de Candolle et Humboldt.

La collecte de terrain

32 Philippe Minard a souligné l’importance de l’enquête de terrain et de la tenue des carnets de route dans la pratique des inspecteurs des manufactures [58]. Le carnet de voyage de Desmarest dans le Bordelais et le Périgord témoigne de cette attention portée à la collecte des faits observés et censés être réutilisés ensuite au profit du bon gouvernement. Dans ses carnets de voyage, Desmarest indique même les lieux d’observation retenus [59], rappelant ainsi l’importance de relever les conditions locales de l’observation [60]. Il s’efforce en effet de consigner avec précision les indications topographiques, de « circonscrire les limites, déterminer la profondeur… » des phénomènes observés, de repérer les mouvements du terrain, de relever la succession des couches [61]. Bien que le concept ne se trouve pas formalisé, les carnets témoignent de l’importance que prennent « les expressions changeantes que revêt, suivant les lieux, la physionomie de la terre » [62]. Cette extrême vigilance attachée aux conditions d’observation apparaît aussi dans le « Mémoire sur le basalte », publié dans les Mémoires de l’Académie royale des Sciences. Desmarest, que l’on peut regarder ici comme « l’autorité fondatrice et légitime de la description qu’il donne à lire » [63], propose pendant une vingtaine de pages le « précis des observations qui ont servi à former les résultats exposés dans l’article III de ce mémoire » [64]. Pour justifier cette manière de faire, Desmarest avait souligné, dans la première partie du mémoire, l’absence de signification d’échantillons détachés de leur cadre de collecte [65].

33 La place tenue par la collecte de terrain dans la pratique de Desmarest se retrouve aussi dans ses textes théoriques. Dans l’Encyclopédie, il insiste sur l’importance de l’expérience. D’un ton très assuré, il affirme :

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« Alors l’expérience est indispensable; il faut se résoudre à suivre les opérations de la nature avec une constance et une opiniâtreté que rien ne décourage, surtout lorsqu’on est assûré qu’on est sur la voie. Sans cette ressource, on ne peut être fondé à raisonner sur les faits avec connoissance de cause. Tous les détails de l’observation ne pourront se réunir avec cette précision si desirable dans les Sciences, et ne porteront que sur des conséquences vagues, sur des suppositions gratuites, qui présentent plûtôt nos décisions que celles de la nature » [66].

35 Au-delà de cette affirmation de principe, Desmarest s’attarde sur la manière dont il entend aborder l’espace de l’observation, sur la manière dont il faut choisir les lieux de l’observation, sur les délimitations qu’il convient d’opérer. Le choix du « point de vue favorable » constitue l’une des qualités des observateurs expérimentés que Desmarest décrit [67]. Les développements, qui dans l’Encyclopédie méthodique, sont consacrés aux volcans, insistent également sur l’articulation entre les conditions de la collecte des matériaux sur le terrain et leur mise en ordre méthodique [68]. L’émergence d’une éthique de l’exactitude [69] transparaît enfin dans la manière qu’a Desmarest de décrire le voyageur obligé de forcer la nature « à se déceler par des expériences ». Il énumère ainsi les mesures qui doivent être faites : il suggère de mesurer « telle avance angulaire dans une montagne », « telle profondeur dans les vallons », de prendre « les dimensions des fentes perpendiculaires, l’épaisseur des couches » [70]; il propose également de distinguer la nature des roches par « des réductions chimiques » de manière à pouvoir identifier chaque couche lithologique. On retrouve, dans cette liste des faits à observer, son souci de saisir l’articulation entre la constitution intérieure et la forme extérieure de la terre.

36 Dans son programme, Desmarest insiste donc pour que les observateurs voient beaucoup, sans chercher à interpréter immédiatement ce qu’ils ont observé, sans soumettre leur regard à un système préalablement admis, il est attaché à ce qu’ils collectent des échantillons, mais aussi à ce qu’ils sachent soutenir une observation par une autre. Il suggère ainsi une observation intensive conduite sur une surface réduite car ces observations sont des matériaux bruts que le géographe-physicien doit ensuite savoir combiner pour passer de l’enquête locale à l’élaboration théorique. Ce n’est en aucun cas sur le terrain que la « pensée de l’espace géologique » peut être élaborée [71].

COMBINER OU LES PRINCIPES DE MISE EN ORDRE DES DONNÉES

37 Le passage d’une observation linéaire à l’appréhension d’une configuration générale [72] suppose tout d’abord d’avoir recours non seulement à la collecte directe d’échantillons et d’observations, mais aussi à la collecte par personne interposée [73], c’est-à-dire à la collaboration entre savants. Or, quelques hommes ne peuvent suffire, car la précision des observations qu’exige la géographie physique empêche toute pratique extensive. Dans l’Encyclopédie, Desmarest recommande donc à ses lecteurs une grande vigilance vis-à-vis de ses informations collectées par une tierce personne [74]. Les données brutes doivent en effet être fiables si l’on veut les intégrer dans la configuration générale de la terre.

38 Contrairement aux pratiques nomenclaturales pour lesquelles aucun tri, ni aucun agencement spatial ne sont requis, Desmarest estime nécessaire de mettre en ordre les éléments recueillis avant de construire la description, c’est ce qu’il nomme « combiner les faits », ce qu’à ses yeux les géographes comme Buache n’ont pas su faire [75]. Desmarest condamne en effet la légèreté des géographes qui, comme Buache, n’ont pas su fonder leurs conclusions sur des observations avérées, et fait de savants comme le chimiste Rouelle un personnage qui a profondément contribué aux progrès de la géographie physique [76]. Desmarest souligne ainsi que son maître a proposé « beaucoup plus qu’une simple nomenclature, en leur montrant la distribution de ces mêmes matières par grandes masses à la surface du globe » [77]. Il met aussi dos à dos Buffon – présenté comme acteur des théories de la terre – et le même Rouelle – toujours présenté comme initiateur des méthodes de la géographie physique [78]. Desmarest plaide donc pour une « description raisonnée des grands phénomènes de la terre », et souligne qu’il lui semble « aussi important de mettre de l’ordre dans les découvertes que d’en faire » [79].

39 Savoir ranger par ordre les observations signifie pour lui savoir distinguer l’essentiel de l’accessoire. Au tri effectué sur le terrain vient donc s’ajouter une sélection conduite cette fois au stade de l’élaboration théorique. Les cartographes comme Bourguignon d’Anville revendiquaient ce recours à la critique des données [80]; mais Desmarest ici va plus loin, cherchant non seulement à confronter les informations, mais surtout à combiner les observations de terrain. Sélectionner permet en effet de dépasser les apories de la juxtaposition des faits isolés qui constituaient la matière des nomenclatures géographiques. Il précise d’ailleurs qu’« un fait isolé en un mot n’est pas un fait physique ». Une fois encore, Desmarest met dos à dos les « détails secs et décharnés » de la géographie et « les principes lumineux de la physique » qui, eux, permettent de dépasser l’image de la terre, caractérisée par une suite d’irrégularités et de désordres apparents pour, au contraire, faire saisir les « rapports généraux ». La combinaison des faits doit permettre de dépasser l’évidence du visible et de découvrir les « rapports cachés », de dépasser le descriptif et de chercher à rendre intelligible ce qui a été vu. Pour cela, Desmarest distingue deux procédés : « une combinaison d’ordre et de collection » et « une combinaison d’analogie ».

40 Desmarest considère cette première modalité comme une classification thématique des données. Selon lui, le progrès des connaissances ne peut pas émaner d’une simple accumulation des découvertes, il juge indispensable de « les réduire à certaines classes déterminées plutôt par le sujet que par leur enchaînement naturel », c’est-à-dire leur localisation. C’est donc de manière thématique, plutôt que spatiale, qu’il suggère de conserver « les archives des découvertes » en opérant, là encore, une sélection. Cependant, Desmarest reste très évasif quant à l’ordre en question, il évoque tantôt « un certain ordre », « un ordre naturel », « un ordre méthodique », sans être jamais plus explicite [81]. Ici, chaque observation devient un élément qui doit trouver à s’intégrer dans une grille. Il ne s’agit pas d’inscrire spatialement les observations mais d’identifier certaines correspondances, certains mécanismes observés en différents lieux.

41 Dans l’Encyclopédie, Desmarest propose une illustration de sa méthode :

42

« Ainsi nous nous attacherons d’abord aux analogies des formes extérieures, ensuite à celles des masses ou des configurations intérieures; enfin nous discuterons celles des circonstances. J’ai suivi les contours de deux montagnes qui courent parallelement; j’ai remarqué la correspondance de leurs angles saillans et rentrans; je pénetre dans leur masse, et je découvre avec surprise que les couches qui par leur addition forment la solidité de ces avances angulaires, sont assujetties à la même régularité que les couches extérieures. Je conclus la même analogie de régularité par rapport aux directions extérieures et mutuelles des chaînes, et par rapport à l’organisation correspondante des masses. Je vais plus loin : je dis que la forme extérieure des montagnes prise absolument, a un rapport marqué de dépendance avec la disposition des lits qui entrent dans leur structure intérieure. Je pousserai même mes analogies sur la nature des substances, leurs hauteurs correspondantes, et j’observerai, comme une circonstance très-remarquable, que les angles sont plus fréquens et plus aigus dans les vallons profonds et resserrés, etc. »  [82].

43 Cette démarche proposée par Desmarest exige de s’en tenir aux faits, de ne négliger aucune exception qui viendrait infirmer les résultats du raisonnement analogique, au risque sinon de retrouver les travers des théories de la terre.

44 Puis, pour passer des observations locales à la connaissance de ce qu’il nomme « l’économie naturelle du globe », Desmarest propose de recourir, « avec prudence », à l’analogie. Selon lui, elle doit permettre de parvenir à un « plan d’explication » et de comprendre les agencements spécifiques; il s’agit pour cela de restituer « l’ordre naturel des faits » en fonction des « analogies des formes extérieures » et « celles des masses ou des configurations intérieures » [83]. C’est là, selon lui, l’objet de la géographie physique. Toutefois, s’il se plaît à utiliser le mot « analogie » – on dénombre six occurrences dans l’article « Géographie physique », à l’intérieur du seul chapitre consacré à la combinaison des faits –, il ne le définit pas, il parle d’« analogies des formes extérieures », d’« analogie de régularité », d’« analogies sur la nature des substances » et semble vouloir désigner ainsi de simples similitudes. Soucieux de trouver un moyen de passer du local au global, Desmarest a l’intuition que l’analogie apparaît comme un recours possible, mais à la différence des techniques d’observation et de mesure qu’il a longuement décrites, il se montre très peu prolixe pour caractériser la combinaison d’analogies. L’importance qui était accordée à la mise en ordre des données dans le processus de construction des savoirs contraste donc avec le manque d’indications concrètes, utiles pour donner sens aux observations de terrain. Ce classement des faits est pourtant censé permettre de parvenir ensuite au stade de la généralisation d’où l’« on tire avec avantages des principes constants qu’on peut regarder comme le suc extrait d’un riche fonds d’observations qui leur tiennent lieu de preuves et de raisonnements » [84].

DÉCRIRE OU LA GÉNÉRALISATION DES RAPPORTS

45 Si Desmarest reste très approximatif quand il expose les techniques de combinaison des faits, il est aussi très bref quand il aborde la généralisation des rapports, consacrant à peine une page à cette étape ultime de la formulation des savoirs. Il regarde en effet la généralisation comme une finalité et considère que les « recherches doivent avoir pour but de vérifier, d’apprécier tous les faits et de donner sur-tout une forme de précision aux résultats : sans cette attention, point de connoissance certaine, point de généralisation, point de résultats généraux ». Il se montre donc hostile aux généralisations hâtives et aux systèmes posés a priori.

46 Au contraire, il entend concilier la compréhension globale sans pour autant plier une réalité complexe à quelques schémas simples.

47 Desmarest vante donc les mérites de la généralisation, mais quand il en expose les principes, c’est, comme pour l’analogie, de manière assez vague. Il note ainsi : « La généralisation consiste donc dans l’établissement de certains phénomenes étendus, qui se tirent du caractere commun et distinctif de tous les rapports apperçûs entre les faits de la même espece »; et il ajoute :

48

« On part de ces principes, comme d’un point lumineux, pour éclaircir de nouveau certains sujets par l’analogie; et en conséquence de la régularité des opérations de la nature, on en voit naître de nouveaux faits qui se rangent eux-mêmes en ordre de système. Ces principes sont pour nous les lois de la nature, sous l’empire desquelles nous soûmettons tous les phénomenes subalternes ».

49 Desmarest a toutefois la prudence d’ajouter que cette méthode qui s’appuie sur des observations rigoureuses, doit éviter la précipitation, « les inductions imparfaites, [… ] toutes vues fixes et dépendantes d’un système déjà concerté ».

50 Pourtant, les conditions de mise en œuvre de cette généralisation restent obscures, Desmarest dit se méfier du risque de ne produire que des abstractions trop générales mais il se contente cependant d’évoquer « une suite nombreuse et variée de faits liés étroitement, et continuée sans interruption », au risque sinon de ne produire que des abstractions générales. Entre 1757 et 1795, Desmarest ne progresse guère en la matière puisqu’il reprend dans l’Encyclopédie méthodique un extrait de l’article composé pour l’Encyclopédie:

51

« Par rapport à ses procédés, elle les dirige sur la marche de la nature elle-même, qui est toûjours tracée par une progression non interrompue de faits et d’observations, rédigés dans un ordre dépendant des combinaisons déjà apperçûes et déterminées. Ainsi les faits se trouvent (par les précautions indiquées dans les deux articles précédens) disposés dans certaines classes générales, avec ce caractere qui les unit, qui leur sert de lien commun; caractere qu’on a saisi en détail, et qu’on contemple pour-lors d’une seule vûe; caractere enfin qui rend palpable l’ensemble des faits, de maniere que le plan de leur explication s’annonce par ces dispositions naturelles » [85].

52 Toutefois, en 1795, Desmarest ajoute au texte rédigé pour le septième volume de l’Encyclopédie, un chapitre intitulé « Des cartes propres à la Géographie-physique », chapitre qui suit celui consacré aux « principes de la généralisation des rapports » et dans lequel il explique que la géographie physique est étroitement liée à la cartographie. Ce lien est tellement étroit que tous les travaux qui devront contribuer au progrès de la géographie physique « consisteront à faire figurer sur des cartes exactes, les résultats des observations rapprochées et liées ensemble par une analyse sévère », et Desmarest ajoute « qu’aucune observation ne peut appartenir à la géographie physique qu’autant qu’elle sera de nature à être présentée sur des cartes » [86].

53 La carte semble offrir un outil de combinaison, un ordre de classification des faits, en ce qu’elle permet leur agencement spatial [87]. Pour que les cartes puissent être utilisées ainsi, Desmarest rappelle quelques règles essentielles.

54 Tout d’abord, il souligne qu’elles doivent être construites à partir des observations de terrain et pas depuis le fond d’un cabinet. Il note ainsi :

55

« Comment a-t-on pu s’imaginer que des cartes construites dans le fond d’un cabinet, d’après le simple aperçu de la distribution des eaux courantes sur la superficie du globe, aient pu procurer une connoissance positive de sa constitution intérieure, surtout dans les points de partage de ces eaux, et autoriser un géographe à y tracer des arrêtes suivies, sans que l’observation ait fait connoître la nature particulière du sol chargé de ces arrêtes. C’est aux seuls observateurs naturalistes à fixer les limites et déterminer l’étendue des massifs de la terre, et de les présenter au géographe pour en faire l’usage que ces observateurs désirent, en assujettissant ces faits aux vues d’après lesquelles ils ont été rassemblés » [88].

56 Ce passage fait songer à la querelle qui a opposé Guettard et Desmarest à propos du basalte. Desmarest reprochait en effet à Guettard de n’avoir pas tiré toutes ses conclusions d’observations et de ne pas avoir adapté l’échelle de ses cartes à la dimension des espaces parcourus. Il estimait que cette négligence avait conduit le minéralogiste à « donner un ensemble systématique à la petite portion de faits qu’il a recueillis ». Or, pour lui, la généralisation ne prenait du sens qu’à condition de combiner des faits observés. Ainsi, pour éviter de « lier des faits sans avoir parcouru tous ceux qui occupent l’intervalle », Desmarest suggérait de choisir une échelle adaptée [89]. Pour lui, en effet, les cartes devaient être réalisées suivant des échelles variées « de manière à présenter tous les objets qui y figureront avec autant de netteté que de précision ». S’il suggérait de recourir à des mappemondes pour figurer les recherches qui concernent la variété de l’espèce humaine, en revanche il recommandait d’utiliser des cartes topographiques pour figurer les bassins des grandes rivières; il mentionnait même les coupes qui devaient compléter ces cartes, cartes qui ne devaient pas simplement chercher à localiser les substances [90], mais devaient représenter « le système de distribution des substances minérales et autres fossiles » [91]. Enfin, cette manière cartographique d’ordonner les observations, était non seulement censée permettre de parvenir à une connaissance de la terre, mais elle devait aussi susciter d’autres recherches [92]. Le processus de construction des savoirs qui relève de la géographie-physique part donc de l’observation pour parvenir à l’explication des phénomènes, mais les résultats de la généralisation doivent, à leur tour, être confirmés et précisés par de nouvelles observations.

57 Contrairement aux méthodes des géographes français du XVIIIe siècle qui regardent la carte comme un document de synthèse permettant de représenter les résultats des mesures de position réalisées par les voyageurs, contrairement à Guettard qui en avait fait un outil de localisation, la cartographie apparaît à Desmarest comme un recours possible pour saisir ce qu’il nomme en 1757 « la correspondance mutuelle qui pourra quelque jour en former une suite non interrompue » [93]. La carte apparaît comme un moyen de rendre intelligibles ces combinaisons d’ordre et de collection, elle permet à la fois de dépasser les apories de la nomenclature des géographes et les invraisemblances issues des généralisations hâtives pratiquées par les tenants des théories de la terre.

58 Dans ce moment épistémologique spécifique, alors que la géographie est encore un savoir aux objets et aux méthodes mal définis, alors que la géologie est en train de mettre en place les siens, c’est en conciliant savoir empirique et souci de rationalisation, description et volonté d’explication [94] que Desmarest fait de la « géographie physique » une issue pour sortir la connaissance de la terre de l’esprit de système qui nuisait à sa crédibilité. Finalement, ce que suggère Desmarest, dans le cadre plus large d’une réflexion générale sur l’appréhension de l’espace, c’est une désignation atypique pour ce qui deviendra la géologie. Faut-il pour autant balayer les liens qui ont existé entre la géographie moderne et cette géographie physique-là ? Cette géographie physique-là a-t-elle seulement participé à l’émergence de la géologie ? N’a-t-elle pas contribué à l’apparition de ce que Michel Foucault nomme une « nouvelle régularité », une régularité qui serait géographique [95] ? Ce sont autant de questions qui ne doivent pas être éludées, car la géographie vidalienne ne s’est pas construite ex nihilo et nous savons que pour saisir « la complexité et la richesse des commerces savants qui précèdent la vraie naissance d’une discipline », il faut accepter de se déprendre des seuls cadres académiques [96]. Cette relecture des textes programmatiques consacrés à la géographie physique souligne la difficulté pour l’historien des sciences humaines de saisir un objet qui échappe parce qu’il est trop diffus. Le personnage de Desmarest vient par ailleurs rappeler le rôle décisif que joue l’expérience de l’espace chez les hommes de la pratique, soucieux de concevoir un mode de compréhension pertinent et d’envisager une représentation adéquate.


Date de mise en ligne : 01/10/2005

https://doi.org/10.3917/rhmc.512.0038

Notes

  • [1]
    Une version abrégée de ce texte a paru dans les Travaux du Comité français d’histoire de la géologie, Troisième série, tome XVI, 2002, p. 63-77.
  • [2]
    « GÉOGRAPHIE. s. f. Science qui enseigne la position de toutes les régions de la terre, les unes à l’égard des autres, et par rapport au ciel, avec la description de ce qu’elles contiennent de principal. La Géographie est nécessaire pour bien savoir l’Histoire. Cartes de Géographie. », Dictionnaire de l’Académie française, Paris, 1798. Toutes les citations respectent l’orthographe originale.
  • [3]
    Contrairement à ce qu’affirme Numa Broc, Nicolas Desmarest ne semble pas être l’auteur de l’article « Montagne », il s’agit vraisemblablement de d’Holbach. En revanche, pour le sixième volume des planches, il a composé les articles : « Troyes, blanc de », « fromage d’Auvergne », « fromage de gruieres », « fromage de Gérardmer ».
  • [4]
    Philippe MINARD, La fortune du colbertisme. État et industrie dans la France des Lumières, Paris, Fayard, 1998, p. 74. Frank KAFKER, The Encyclopedists as Individuals : a Biographical Dictionary of the Authors of the Encyclopedie, Oxford, The Voltaire Foundation, 1988, p. 106.
  • [5]
    Nicolas DESMAREST, « Géographie-physique », Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, (désormais : Encycl. ), volume VII, Paris, 1757, p. 613.
  • [6]
    François ELLENBERGER, Histoire de la géologie, tome 2, Paris, Tec & Doc, 1994, p. 234.
  • [7]
    « La description scientifique la plus strictement constative est toujours exposée à fonctionner comme prescription capable de contribuer à sa propre vérification en exerçant un effet de théorie propre à favoriser l’avènement de ce qu’elle annonce »: Pierre BOURDIEU, « Décrire et prescrire : les conditions de possibilité et les limites de l’efficacité politique », Langage et pouvoir symbolique, Paris, Points-Seuil, 2001, p. 195.
  • [8]
    Encycl., p. 613.
  • [9]
    Dans l’article « géographie » de l’Encyclopédie, composé par Robert de Vaugondy, la géographiephysique est présentée comme celle qui « considère le globe terrestre, non pas tant par ce qui forme sa surface, que par ce qui en compose sa substance », Didier ROBERT DE VAUGONDY, « Géographie », Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, volume VII, Paris, 1757, p. 613.
  • [10]
    Dans l’Encyclopédie méthodique, Masson de Morvilliers reconnaît lui aussi la singularité des objets de la géographie-physique, et lui attribue même des outils spécifiques : les bassins fluviaux de Buache, « ce sont, écrit-il, autant de bassins particuliers qui appartiennent à chaque pays et que la géographie physique doit d’abord faire connaître », Nicolas MASSON DE MORVILLIERS, Encyclopédie méthodique, Géographie moderne, volume I, Paris, 1782, p. VIII.
  • [11]
    Dans la notice qu’il consacre à Buache, Desmarest décrit de manière assez critique la conception de la géographie-physique de l’académicien, Encycl. méthod., p. 66.
  • [12]
    Numa BROC, « Un géographe dans son siècle : Philippe Buache ( 1700-1773)», Dix-Huitième Siècle, 1971, p. 223-235.
  • [13]
    Histoire de l’Académie royale des sciences, Paris, 1756, p. 124. Voir aussi Lucie LAGARDE, « Philippe Buache ( 1700-1773) cartographe ou géographe ?», in Danielle LECOQ, Antoine CHAMBARD (éd.), Terre à découvrir, terres à parcourir. Exploration et connaissance du monde XIIe-XIXe siècles, Paris, L’Harmattan, 1998, p. 153.
  • [14]
    Numa BROC, La géographie des philosophes. Géographes et voyageurs français au XVIIIe siècle, Paris, Ophrys, 1975, p. 432; Gabriel GOHAU, Les sciences de la Terre aux XVIIe et XVIIIe siècles. Naissance de la géologie, Paris, Albin Michel, 1990, p. 238-239.
  • [15]
    Vincent BERDOULAY, Des mots et des lieux, la dynamique du discours géographique, Paris, Éditions du CNRS, 1988, p. 39.
  • [16]
    Marie-Claire ROBIC évoque l’émergence d’une nouvelle intelligence du terrain qui se déploie dans l’ordre scientifique, sur le plan de la genèse du relief et qui révolutionne son interprétation par rapport aux anciennes doctrines des lignes de partage des eaux : « Carte et topographie : quand pédagogues, savants et militaires définissent l’intelligence du terrain ( 1870-1914)», in Catherine BOUSQUET-BRESSOLIER (dir.), L’œil du cartographe et la représentation géographique du Moyen Âge à nos jours, Paris, Éditions du CTHS, 1995, p. 250.
  • [17]
    Encycl., p. 613.
  • [18]
    Isabelle LABOULAIS -LESAGE, « Les géographes français de la fin du XVIIIe siècle et le terrain. Recherches sur une paradoxale absence », L’Espace géographique, XXX/2,2001, p. 97-110.
  • [19]
    Dans cette collection, Desmarest orthographie systématiquement « Géographie-physique » avec une majuscule à Géographie et un trait d’union entre le nom et l’adjectif qualificatif.
  • [20]
    George B. WATTS, « L’Encyclopédie méthodique », Publications of the Modern Language Association of America, LXXIII, n?1,1958, p. 366.
  • [21]
    Kenneth L. TAYLOR, « La genèse d’un naturaliste : Desmarest, la lecture et la nature », in De la géologie à son histoire, Paris, Éditions du CTHS, 1997, p. 64.
  • [22]
    Martin J. S. RUDWICK, « Smith, Cuvier et Brongniart et la reconstitution de la géohistoire », De la géologie à son histoire, Paris, Éditions du CTHS, p. 121,1997.
  • [23]
    « Dans les théories de la terre on suit d’autres vûes; tous les faits, toutes les observations sont rappelées à de certains agens principaux, pour remonter et s’élever de l’état présent et bien discuté à l’état qui a précédé; en un mot des effets aux causes. L’objet des théories de la terre est grand, élevé et pique davantage la curiosité; mais elles ne doivent être que les conséquences générales d’un plan de Géographie-physique bien complet ». Encycl., p. 626.
  • [24]
    F. ELLENBERGER, Histoire…, op. cit., p. 250.
  • [25]
    Jacques ROGER, « La théorie de la terre au XVIIe siècle », Pour une histoire des sciences à part entière, Paris, Albin Michel, 1995.
  • [26]
    N. DESMAREST, Encyclopédie méthodique. Géographie-physique, tome premier, Paris, Agasse, an III, p. 1. Par la suite, toutes les références à cet ouvrage seront indiquées comme ceci : Encycl. méthod.
  • [27]
    Encycl. méthod., p. 842.
  • [28]
    « Les langues spéciales que les corps de spécialistes produisent et reproduisent par une altération systématique de la langue commune sont, comme tout discours, le produit d’un compromis entre un intérêt expressif et une censure constituée par la structure même du champ dans lequel se produit et circule le discours. Plus ou moins « réussie » selon la compétence spécifique du producteur, cette « formation de compromis », pour parler comme Freud, est le produit de stratégies d’euphémisation, consistant inséparablement à mettre en forme et à mettre des formes : ces stratégies tendent à assurer la satisfaction de l’intérêt expressif, pulsion biologique ou intérêt politique (au sens large du terme), dans les limites de la structure des chances de profit matériel ou symbolique que les différentes formes de discours peuvent procurer aux différents producteurs en fonction de la position qu’ils occupent dans le champ, c’est-à-dire dans la structure de la distribution du capital spécifique qui est en jeu dans ce champ »: P. BOURDIEU, « Censure et mise en forme », Ce que parler veut dire, p. 167-205, repris in Langage…, op. cit., p. 343-344.
  • [29]
    Bien que Buache ait obtenu le 10 juin 1730 le titre « d’adjoint-géographe » à l’Académie royale des sciences, aucune classe de géographie ne fut créée au sein de cette institution, pas même après la réforme de 1785; pourtant cela n’empêche pas la géographie d’être présente dans les Mémoires de l’Académie, où les travaux de Buache ont été diffusés. Par ailleurs, il faut noter que la géographie ancienne était présente à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et cela notamment au travers des travaux de d’Anville. Pourtant, cette absence de la géographie au sein des institutions savantes porteuses de légitimité, ajoutée à sa position éditoriale très enviable, a instauré une frontière floue entre savant-géographe et géographe-amateur. Cette incertitude fut certes partiellement résolue avec les ingénieurs-géographes, mais partiellement seulement car, d’une part, leur domaine est circonscrit par la topographie et la géodésie et tous les « géographes » ne se reconnaissent donc pas dans ces pratiques; d’autre part le cursus de ces ingénieurs géographes ne s’est mis en place que de manière très progressive, voire laborieuse. Éric BRIAN, Catherine DEMEULENAERE -DOUYÈRE, Histoire et mémoire de l’Académie des Sciences. Guides de recherches, Paris, Lavoisie, Tec & Doc, 1996, p. 22. Patrice BRET, « Le Dépôt général de la Guerre et la formation scientifique des ingénieurs – géographes militaires en France ( 1789-1830)», Annals of Science, 48,1991, p. 113-157; Anne GODLEWSKA, Geography Unbound. French Geographic Science from Cassini to Humboldt, Chicago, The University of Chicago Press, 1999, p. 157-164.
  • [30]
    Sur la définition de la notion de discipline comme « domaine d’objets », voir Michel FOUCAULT, L’ordre du discours, Paris, Gallimard, 1992, p. 32 ( 1re éd. 1971).
  • [31]
    « Attentifs à saisir la singularité d’un genre, ces historiens de la lexicographie n’ont pas toujours traité en détail – et c’est normal – la question du contenu idéologique des dictionnaires. Pourtant, note Bernard Quemada, ces livres fournissent une « image des idées que les hommes se sont faites… du monde, d’eux-mêmes, des relations que les mots leur ont permis de nouer avec ce qui dans la nature est innomé ». Ils sont, a-t-on annoncé plus récemment – et plus crûment –, « description d’une culture et reflet d’une idéologie dominante ». Ils laissent entrevoir « derrière les conflits à propos des mots… des conflits à propos des choses ». [… ] Ils appellent donc des études ayant pour but de faire ressortir les préférences individuelles, les normes sociales, les choix intellectuels et les projets politiques qui les informent »: Jean-Claude WAQUET, La conjuration des dictionnaires. Vérité des mots et vérités de la politique dans la France moderne, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2000, p. 9.
  • [32]
    K. L. TAYLOR a consacré de très nombreux travaux à Nicolas Desmarest. Outre l’article déjà mentionné, on peut aussi citer « Nicolas Desmarest ( 1725-1815): Scientist and Industrial Technologist », thèse de Ph. D., Harvard University, juin 1968,454 pages (dactylographiées);« New light on Geological Mapping in Auvergne during the Eighteenth Century : The Pasumot-Desmarest Collaboration », Revue d’histoire des sciences, t. XLVII, n?1,1994, p. 129-136.
  • [33]
    M.-C. ROBIC, « Interroger le paysage ? L’enquête de terrain, sa signification dans la géographie humaine moderne ( 1900-1950)», in Claude BLANCKAERT (dir.), Le terrain des sciences humaines (XVIIIe-XXe siècle), Paris, L’Harmattan, 1996, p. 357-388.
  • [34]
    M.-C. ROBIC, « Territorialiser la nation. Le Tableau entre géographie historique, géographie politique, géographie humaine », in Idem (dir.), Le Tableau de la géographie de la France de Paul Vidal de la Blache. Dans le labyrinthe des formes, Paris, Éditions du CTHS, 2000, p. 184-185. Les travaux consacrés aux liens entre géographie et histoire naturelle, aux transferts de modèle d’une science à l’autre sont très nombreux, bien que les lectures divergent; on peut citer : Béatrice GIBLIN qui évoque la « vision naturaliste des rapports qui existent entre un groupe humain et son milieu » développée par les géographes, cf. « Le paysage, le terrain et les géographes », Hérodote, n?9,1978, p. 82; Jean-Marc BESSE, qui montre que les sciences de la nature apportent une représentation de la terre à la géographie de Vidal : « Idéologie pour une géographie. Vidal de la Blache », EspacesTemps, n?12,1979, p. 72; ou encore V. BERDOULAY et Olivier SOUBEYRAN qui montrent comment Vidal a emprunté des modèles aux sciences naturelles puis comment il a inscrit les progrès de la géographie humaine dans le même mouvement que celui de la science botanique, cf. « Lamarck, Darwin et Vidal : aux fondements naturalistes de la géographie humaine », Annales de géographie, n?561-562,1991, p. 623 et p. 626.
  • [35]
    « On peut réduire à trois classes générales les principes de la Géographie physique; la premiere comprend ceux qui concernent l’observation des faits; la seconde ceux qui ont pour objet leur combinaison; la troisieme enfin ceux qui ont rapport à la généralisation des résultats et à l’établissement de ces principes féconds, qui deviennent entre les mains d’un observateur des instrumens qu’il applique avec avantage à la découverte de nouveaux faits ». Encycl., p. 613.
  • [36]
    Jean-Marc DROUIN revient sur l’écart entre l’ambition théorique affichée par Geoffroy et Savigny pendant l’expédition d’Égypte et la méthode apparemment plus empirique et cependant complexe mise en œuvre par Rozière et Delile : « Récolter, décrire et raconter : Delile et Rozière », in P. BRET (dir.), L’expédition d’Égypte, une entreprise des Lumières, 1798-1801, (Paris, 8-10 juin 1998), Paris, Académie des Sciences, Tec & Doc, 1999, p. 262.
  • [37]
    Encycl., p. 613-614.
  • [38]
    Encycl., p. 617.
  • [39]
    Encycl. méthod., p. 813.
  • [40]
    Encycl. méthod., p. 804.
  • [41]
    « Autres suppositions bizarres. Philippe Buache, d’après la seule considération des glaces qu’on avoit vues dans le voisinage du pôle antarctique avoit imaginé d’abord qu’il n’existoit dans le prétendu continent austral qu’une suite de hautes montagnes et de grands fleuves qui y avoient leurs sources, et qui, répandus dans des plaines voisines d’un grand golfe s’y geloient, et au moyen d’une température plus douce dans l’été de ces contrées, y éprouvoient des débacles pendant lesquelles ces fleuves charioient ces glaçons dans une mer intérieure. Le bassin de cette mer qui se trouve tracé dans des cartes de géographie-physique a une décharge et un débouquement dans la mer des Indes, et les hautes montagnes s’y trouvent de même figurées pour qu’on ne pût pas douter de cet ensemble admirable. Ces montagnes, au reste, ces fleuves, ces glaçons, ces mers intérieures et grands golfes ont été imaginés d’après la fausse hypothèse que les glaçons qui flottent dans les mers, sont nécessairement formés à l’extrémité du lit des fleuves, et voiturés dans le bassin des mers par les fleuves. [… ] On sent bien maintenant que l’observation et les connoissances géographiques, bien constatées, devoient précéder les assertions de Buache, et les décisions de sa prétendue géographie-physique. Je pourrois citer encore plusieurs autres assertions erronées semblables, produites de même par le mépris des observations d’histoire naturelle et par la confiance accordée, sans discussion, à des navigations aventurées : et enfin par l’engouement pour un système qui n’étoit fondé sur aucune base ni sur aucun principe solide et raisonné. » Encycl. méthod., p. 813-814.
  • [42]
    M.-C. ROBIC, « Carte et topographie… », art. cit., p. 261.
  • [43]
    « un observateur intelligent ne se bornera pas tellement dans ses savantes discussions aux formes extérieures et à la structure d’un objet qu’il ne prenne aussi connaissance exacte des matières elles-mêmes qui par leurs divers assemblages ont concouru à le produire »; Encycl., p. 615,614,616.
  • [44]
    Gérard LENCLUD, « Quand voir, c’est connaître. Les récits de voyage et le regard anthropologique », Enquêtes. Anthologie, histoire, sociologie, n?1,1995, (Marseille, Éditions Parenthèses), p. 16.
  • [45]
    « Comme l’inspection attentive et réfléchie de notre globe nous promet une multitude infinie de lumières et de connoissances absolument neuves, un observateur qui commence à donner un ensemble systématique à la petite portion des faits qu’il a recueillis, semble regarder comme inutiles toutes les découvertes qu’on a lieu de se promettre de ceux qui partageront son travail. » Encycl., p. 615.
  • [46]
    « À mesure qu’on parcourra un plus grand nombre de ces objets, ces formes venant à s’offrir plus ou moins fréquemment à nos regards, elles produiront dans notre esprit des impressions durables, des caracteres reconnoissables qui ne nous échapperont plus, et qui nous donneront les premieres idées de la régularité de toutes ces choses. Nous tiendrons un compte exact des circonstances et des lieux où elles s’annonceront; et enfin nous serons, par une suite de la même attention, en état de remarquer les variétés et toutes leurs dépendances. » – Encycl., p. 614-615.
  • [47]
    « Lorsqu’on doit contempler des objets aussi compliqués que ceux qu’il faut étudier pour fonder sur l’observation les bases de la théorie de la terre, il est indispensable de se former à l’avance un plan, de se prescrire un ordre, et de minuter, pour ainsi dire, les questions que l’on veut faire à la nature », Horace-Bénédicte de SAUSSURE, Voyages dans les Alpes, vol. IV, 1796, §2304, cité dans Albert V. CAROZZI, « Symboles et codes pour la simplification et la standardisation des observations géologique de terrain », in De la géologie à son histoire, op. cit., p. 76.
  • [48]
    « Cette forme qu’on doit donner aux résultats des observations sur les cartes de géographiephysique, indique aux naturalistes la manière de les recueillir et de les rédiger sous des points de vue assortis à leur emploi ultérieur. [… ] Cette association de travaux fait que le naturaliste adopte, dans ses études, une manière particulière de voir et d’analyser les faits. Non seulement il les voit mieux, mais encore il les voit à différentes reprises et sous tous les rapports instructifs » Encycl. méthod., p. 808.
  • [49]
    Silvia COLLINI, « Conseils pratiques et orientations théoriques dans les instructions pour les voyageurs (XVIIIe siècle)», in Claude BLANCKAERT (dir.), Le terrain des sciences humaines, op. cit., p. 57-71; Antonella VANNONI, « Les instructions pour les voyageurs : voyage, expérience et connaissance au XVIIIe siècle », ibid., p. 73-87.
  • [50]
    Encycl., p. 614.
  • [51]
    Encycl. méthod., p. I.
  • [52]
    Encycl., p. 613 et p. 618-619.
  • [53]
    Alain CORBIN, Le territoire du vide. L’Occident et le désir du rivage, 1750-1840, Paris, Champs-Flammarion, 1997 ( 1re éd., 1988), p. 126.
  • [54]
    Encycl., p. 613.
  • [55]
    Nicolas DESMAREST, « fontaine », Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, volume VII, Paris, 1757, p. 81-101.
  • [56]
    Encycl. méthod., p. 792.
  • [57]
    Encycl., p. 615-616.
  • [58]
    P. MINARD, La fortune…, op. cit., p. 171-196.
  • [59]
    Bibliothèque municipale de Bordeaux, Ms 721, fol. 141, fol. 153.
  • [60]
    Jean-Marc DROUIN, « Bory de Saint-Vincent et la géographie botanique », in Marie-Noëlle BOURGUET, Bernard LEPETIT, Daniel NORDMAN, Maroula SINARELLIS (dir.), L’invention scientifique de la Méditerranée, Paris, Éditions de l’EHESS., 1998, p. 139-157.
  • [61]
    Bibliothèque municipale de Bordeaux, Ms 721, fol. 110,288 et suiv., fol 115, fol. 43-44, fol. 156-160.
  • [62]
    Paul VIDAL DE LA BLACHE, « Les caractères distinctifs de la géographie », Annales de géographie, 1913, p. 290, cité dans Jean-Marc BESSE, Voir la terre. Six essais sur le paysage et la géographie, Arles, Actes Sud – ENSP/Centre du paysage, 2000, p. 110.
  • [63]
    J.-M. BESSE, « Les grandeurs de la terre. Essai sur la transformation du savoir géographique au XVIe siècle », thèse de l’Université Parsis I, p. 248.
  • [64]
    N. DESMAREST, « Mémoire sur le Basalte », Mémoires de l’Académie royale des sciences, 1773, Paris, 1775, p. 649.
  • [65]
    « Les échantillons que je présente ici seroient bien des preuves fortuites qui n’autoriseroient pas la généralisation que je donne aux conséquences que j’en tire, si des observations suivies et représentées ne me mettoient en état d’indiquer dans les Monts-Dor des cantons de cinq à six cents toises d’étendue qui offrent en grand ces nuances si instructives de l’action du feu », N. DESMAREST, « Mémoire sur l’origine et la nature du basalte à grandes colonnes polygones », Mémoires de l’Académie royale des sciences, 1771, Paris, 1773, p. 723-724.
  • [66]
    Encycl., p. 616.
  • [67]
    Encycl., p. 614.
  • [68]
    « Cette étude des volcans, dirigée dans les vues de former des atlas volcaniques, a contribué singulièrement à perfectionner la géographie-physique, non seulement en soignant la figure du terrain, mais encore en rassemblant les matériaux altérés par le feu sous un point de vue plus méthodique et plus propre à faire distinguer ce qui peut être l’ouvrage du feu de celui des eaux courantes. D’après ce même plan de travail, la géographie physique peut aussi indiquer sur ces cartes les matières intactes et primitives, au milieu desquelles le feu s’est fait jour et dont il a recouvert de grandes parties par des courans de laves, qui ont pris naissance au pied des montagnes qui sont les centres d’éruption. » Encycl. méthod., p. 822.
  • [69]
    M.-N. BOURGUET, Christian LICOPPE, « Voyages, mesures et instruments. Une nouvelle expérience du monde au siècle des Lumières », Annales HSS, 52/5, sept.-oct. 1997, p. 1115-1151.
  • [70]
    Encycl., p. 614,615.
  • [71]
    M.-N. BOURGUET, « Voyage, collecte, collections. Le catalogue de la nature (fin XVIIe-début XIXe siècles)», in D. LECOQ, A. CHAMBARD, Terre à découvrir…, op. cit., p. 200.
  • [72]
    B. LEPETIT, « Missions scientifiques et expéditions militaires : remarques sur leurs modalités d’articulation », in M.-N. BOURGUET, B. LEPETIT, D. NORDMAN, M. SINARELLIS (dir.), L’invention…, op. cit., p. 111.
  • [73]
    Bibliothèque municipale de Bordeaux, Ms 721, fol. 110.
  • [74]
    « Comme un seul homme ne peut pas tout voir par soi-même, et que c’est la condition de nos connoissances de devoir leurs progrès aux découvertes et aux recherches combinées de plusieurs observateurs; il est nécessaire de s’en rapporter au témoignage des autres : mais parmi ces descriptions étrangeres, il y a beaucoup de choix; et dans ce discernement il faut employer une critique sérieuse et une discussion severe. » Encycl., p. 616.
  • [75]
    Bibliothèque nationale de France, Ms NAF 803, fol. 110,115.
  • [76]
    Dans ses carnets de terrain, Desmarest se réfère souvent à Rouelle, ainsi, dans son « Voyage dans une partie du Bordelais et du Périgord » ( 1761), il note : « M. Rouelle prétend être en état de faire voir que les pierres les plus brutes sont assujeties a une cristalisation masquée, il est vray par des matières brutes », Bibliothèque municipale de Bordeaux, Ms 721, fol. 166.
  • [77]
    Encycl. méthod., p. 410.
  • [78]
    Desmarest note ainsi : « Voilà quelle étoit la manière de philosopher de Buffon et de raisonner lorsqu’il s’agissoit de prendre une décision sur les points les plus importants de l’histoire de la terre. Opposons à cet échafaudage vague et sans principes, la lumière que les découvertes de Rouelle nous ont offerte depuis long-tems sur la distinction de l’ancienne et de la nouvelle terre, et sur la méthode qu’il convient de suivre pour les reconnoître à des caractères invariables et très apparens. » Encycl. méthod., p. 811.
  • [79]
    Encycl., p. 613,616.
  • [80]
    M. D’ANVILLE, Considérations générales sur l’étude et les connaissances que demande la composition des ouvrages de géographie, Paris, 1777.
  • [81]
    Encycl., p. 613,616,617.
  • [82]
    Encycl., p. 617.
  • [83]
    Encycl., p. 613,617.
  • [84]
    Encycl., p. 618.
  • [85]
    Encycl., p. 618,615.
  • [86]
    Encycl. méthod., p. 807.
  • [87]
    Christian JACOB, L’Empire des cartes. Approche théorique de la cartographie à travers l’histoire, Paris, Albin Michel, 1992.
  • [88]
    Encycl. Méthod., p. 807-808.
  • [89]
    Encycl., p. 615,617,618.
  • [90]
    Encycl. Méthod., p. 808,803,805.
  • [91]
    Encycl. Méthod., p. 177.
  • [92]
    « c’est d’après ces vues que les grands continents et les principaux bassins des mers seront figurés avec exactitude et décrits sur les récits des voyageurs les plus éclairés, en indiquant cependant ce qui reste à déterminer par de nouvelles recherches. » Encycl. Méthod., p. 810.
  • [93]
    Encycl., p. 616.
  • [94]
    Pablo Cesar DA COSTA GOMES, « Les deux pôles épistémologiques de la modernité. Une lecture des fondements de la géographie chez Kant et Herder », in Jean-François STASZAK, Les discours du géographe, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 212-213.
  • [95]
    M. FOUCAULT, L’Ordre…, op. cit., p. 70.
  • [96]
    Marc-Antoine KAESER, « Nationalisme et archéologie : quelle histoire ?», Revue d’Histoire des Sciences Humaines, n?2,2000, p. 161.

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