Notes
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[1]
Giovanni et Girolamo Verrazano navigateurs de François Ier, Paris, Imprimerie nationale, 1982, p. 27. Cette terre correspond actuellement au Delaware et au New Jersey.
-
[2]
Des lettres de Jean de Lorraine sont conservées à la Bibliothèque nationale (désormais BnF), aux Archives Nationales (désormais AN), à la British Library (Londres; désormais BL), à la Bibliothèque d’Édimbourg (Écosse), à la Bibliothèque Municipale de Dijon, au musée Condé à Chantilly, aux archives de Meurthe-et-Moselle (désormais AD 54), aux archives communales et départementales d’Albi ( 81), à l’Archivio di Stato di Mantova (Mantoue) et à l’Archivio Segreto Vaticano (Rome, désormais ASV).
-
[3]
Notons dès à présent que Jean de Lorraine, frère de Claude, premier duc de Guise, ne s’est jamais appelé Jean de Guise, et qu’il n’a jamais été cardinal de Guise. Pourtant, c’est à cette entrée qu’il se trouve dans de très nombreux index. C’est le cas par exemple dans l’index des manuscrits du fonds français de la BnF.
-
[4]
A. COLLIGNON, Le mécénat artistique du cardinal de Lorraine, Nancy, Annales de l’Est, 1911.
-
[5]
Ainsi, Richard FREEDMANN, en conclusion d’un article sur le mécénat musical de Jean de Lorraine, écrit : « Exemple représentatif d’un prélat issu de la haute noblesse, Jean de Lorraine apparaît comme un homme qui a préféré, plutôt que d’exercer un pouvoir politique et économique, favoriser la création culturelle, laquelle lui a conféré le prestige mythique de l’ancien Mécène lui-même. », dans Yvonne BELLENGER (dir.), Le mécénat et l’influence des Guise, Paris, Honoré Champion, 1994, p. 173.
-
[6]
Guy CABOURDIN, Histoire de la Lorraine, Les Temps modernes, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1991, p. 11; René de BOUILLÉ, Histoire des ducs de Guise, Paris, Amyot, 1849, p. 46.
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[7]
State Papers (désormais SP ), Londres, 1832, VI, p. 55, le 26 mars 1520; p. 60, le 18 avril 1520.
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[8]
Sur ces questions, voir Michel PARISSE éd., Histoire de la Lorraine, Toulouse, Privat, 1978, p. 213; G. CABOURDIN, op. cit., p. 8-10. Malgré les bonnes relations de Jean de Lorraine avec son frère, on a la trace de quelques procès qui les opposent, précisément sur des questions de juridictions (AD 54, B 15, f° 53; B 16, f° 234; G. 1233).
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[9]
Cité par G. CABOURDIN, op. cit., p. 21.
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[10]
AD 54, B 17, en particulier f° 264 v° à 267 ( 26 septembre 1527) et AD 54, B 17, f° 2 v°. Le comte de Nassau-Sarrebruck fit appel à l’empereur, qui porta l’affaire devant le Reichskammergericht (tribunal impérial). Le verdict n’intervint qu’un siècle plus tard en 1629 (G. CABOURDIN, Histoire…, op. cit, p. 22).
-
[11]
AD 54,5 F 23 et B 365. Hattonchâtel revient sans doute ensuite, à nouveau à Jean de Lorraine, puisque son successeur Nicolas de Lorraine consent à échanger cette seigneurie avec le duc de Lorraine contre un abandon par ce dernier d’une créance de 120000 francs, le 11 décembre 1546 (AD 54,3 F 440). Jean de Lorraine confirme ce marché, le 16 décembre 1546, ibid., f° 529-532. Charles Quint consent à cet échange par lettres patentes, d’Augsbourg et de Bruxelles, les 14 novembre 1547 et 5 octobre 1548 ( ibid.; f° 533-534). Jean de Lorraine engage également son château de Nomeny à une date indéterminée (AD 54, B 840, Layette).
-
[12]
AD 54, B 13, f° 36 à 41 et 42 à 45 v°. Signalons toutefois que, depuis 1402, l’évêque de Metz et le duc de Lorraine sont associés pour l’exploitation en commun de leurs salines, avec partage égal des recettes et des dépenses, et qu’à partir de l’épiscopat de Georges de Bade ( 1459-1484) prévaut la forme du bail des salines de l’évêque, pris par les ducs. G. CABOURDIN, op. cit., p. 28-29. Il ne s’agit donc de la part de Jean de Lorraine que de la prolongation d’un mode d’exploitation des salines de l’évêque de Metz, qui remonte au XVe siècle.
-
[13]
AD 54,3 F 438, f° 39 : « il y a mis pres de Cinquante mil francs en deniers cleves receuz par nous pour nos particulieres necessitez et entretien de nostre estat. Oultre les frais par luy soustenus aux faitz de noz provisions, mesmes de notre dignité de cardinal, montant à plus de trente mil francs, sans autres frais et parties inopines de grande somme ».
-
[14]
AD 54,3 F 312, le 14 juin 1540.
-
[15]
AD 54, B 6158; B 6596 et B 8128; B 7224, f° 35 v°, f° 39 v.; AN, J 961 ( 8), n° 20, anc. J 962, n° 150 et LP, XIII, Ii, p. 290; AD 54, B 7629; Calendar of State Papers, Spanish (désormais CSPSp), 1546, Londres, 1904; AD 54, B 6176, B 8631 et B 4433.
-
[16]
Archivio di Stato di Modena, Cancelleria, Sezzione Estero, Carteggio Ambasciatori, Francia (désormais, Arch. di Stato di Modena), B. 21, f° 127-134, Alvarotto au duc de Ferrare, de Blois, le 7 mai 1545; Arch. di Stato di Mantova, A.G. 640, Tommaso Sandrini au cardinal et à la duchesse de Mantoue, le 6 mai 1546. Cf. aussi CSPSp, 1546, p. 195. Nicolas de Lorraine est le fils du duc Antoine, et le frère du duc François ( 1544-1545). Le cardinal est souvent présenté comme un patriarche qui emmène toute sa famille pour les réunions familiales en Lorraine ( Letters and Papers 1546 –désormais LP, Londres, 1910, I, p. 377. Lettre du duc de Longueville à sa mère, le 6 mai 1546.
-
[17]
ASV, Principi, vol. VII, f° 541, lettre de Jean de Lorraine à Clément VII, du 6 novembre 1532, qui demande l’attribution à Charles (fils de Claude de Guise, et futur cardinal de Lorraine), d’une abbaye vacante du fait de la mort de Robert de Lenoncourt. C’est lui qui présente ce même Charles, à peine sorti du collège de Navarre à François Ier. Charles WADDINGTON, Ramus, Paris, Meyrueis, 1855, p. 61. On trouve chez Bayle, l’idée que Charles de Lorraine l’a dépouillé de son vivant et chez Régnier de La Planche, l’idée que Charles de Lorraine pourrait ne pas être étranger à la mort de son oncle.
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[18]
Sur le mariage de son neveu : Acta nuntiaturae Gallicae (désormais A.N.G. ), t. I, Jean LESTOCQUOY éd., Paris, 1961, p. 570 (lettre du 23-24 juin 1540) et p. 597; A.N.G., t. III, Jean LESTOCQUOY éd., Paris, 1963, p. 9. Une dizaine des lettres de Jean de Lorraine à sa nièce ont été conservées à la bibliothèque d’Édimbourg. Cf. LP, XIII, p. 104,523 ( 1538); XV, Nos 789,1023 ( 1540); XVIII, Nos 30,536,537 ( 1543); XX, Nos 517,718 ( 1545); XXI, Nos 1077,1174 ( 1546). Sur le mariage de Madeleine de France : A.N.G., t. I, p. 209, lettre du 18 novembre 1536 et p. 210, lettre du 21 novembre 1536. LP, XI, p. 381. Jean de Lorraine est cependant témoin du contrat de mariage le 26 novembre 1536, cf. J. DU MONT, Corps universel du droit des gens, Amsterdam, 1726, IV, 2, p. 140.
-
[19]
La seule critique est formulée par Marguerite de Navarre, selon laquelle Poyet n’aurait dû sa faveur qu’« à cause des excessives importunités du cardinal de Lorraine qui avait besoin de lui au moment de la convention faite à Dijon entre le duc de Lorraine et le roi »: A.N.G., t. III, p. 109. Lettre du 11 janvier 1542.
-
[20]
Ordonnances de François Ier 1538-1539 (désormais Ordonnances… ), Paris, 1992, p. 390.
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[21]
LP, III, p. 937 ( 28 avril 1522), BL, Vesp. C II 7 et LP, III, p. 1069 ( 8 septembre 1522).
-
[22]
Chasse : BnF, ms Fr. 3635, f° 84 et BnF, Ms Fr. 3635, f° 52 où il se plaint de l’endurance du roi : « le roy ne fait autre mestyer que courrir les cers (… ) la peine mestoit plus grande que le plaisir car depuys le matin jusques au soir nous eusmes bon exercice ». Jeu de paume : Catalogue des actes de François Ier, Paris, 1887-1910, (désormais C.A.F. ), II, 18. La place des Lorraine comme compagnon du roi au jeu de paume traverse les générations. Ainsi, « François d’Aumale trouve la source de sa faveur dans son habileté à la paume où il est devenu le partenaire le plus habituel du dauphin (en 1538)», Ivan CLOULAS, Henri II, Paris, Fayard, 1985, p. 99. Élégance : Arch. di Stato di Mantova, A.G. 638 (Marcantonio Bendidio à la duchesse de Mantoue, le 23 janvier 1539. Le cardinal de Lorraine a participé à une fête royale déguisé en satyre); LP, IV, p. 1448-1449; janvier 1537, LP, XII, I, p. 11; juillet 1546 : SP, XI, p. 231. Débauche : Arch. di Stato di Mantova, A.G. 636, lettre du 4 février 1521, de G. Suardino au Marquis de Mantoue; Arch. di stato di Modena, busta 10, Alberto Sacrato au duc de Ferrare, le 18 février 1534 rapporte les modalités du mariage de la maîtresse de Jean de Lorraine et busta 15, Cavalerio Sacrato traite du même sujet dans une lettre au duc de Ferrare du 8 septembre 1539 (« una venetiana nominata Benevuta, che fu condutta da Monsr Rmo Lorena [a été mariée à un gentilhomme étranger à la cour] (… ) S. Mta le ha dato in Dote 1500 ducati, Monsr Rmo Lorena 500 »); SP, VII, Bryan à Henri VIII, le 23 mars 1531.
-
[23]
BL, Add Ms 8715, f° 131, le 27 octobre 1535; SP, VIII, p. 108; Bonner à Cromwell, de Rome, le 6 décembre 1538; A.N.G., t. I, p. 81; Arch. di stato di Modena, busta 11, Hieronymo Feruffino au duc de Ferrare, le 3 novembre 1535. BnF, Ms Fr., 3635, f° 50 (compagnon unique). Il le suit même dans les guerres. Il est ainsi présent à Pavie : ASV, Lettere di Principi, III, f° 306, lettre de Jean de Lorraine à Clément VII, du 3 novembre 1524. Au lendemain du désastre, il écrit au pape pour lui demander d’intervenir en faveur de François Ier (ASV, Lettere di Principi, III, f° 57, lettre de Lyon, du 12 mars 1525).
-
[24]
MONTFAUCON, L’ordre de l’entrevue et visitation des rois de France et d’Angleterre (Monuments de la monarchie française, t. IV, p. 164-180). Signalons toutefois qu’en janvier 1523, il participe en compagnie des cardinaux de Bourbon et de Clermont à des négociations avec les ambassadeurs d’HenriVIII et de Charles Quint ( C.A.F, I, 368,1962).
-
[25]
En revanche, il est auprès du roi dès sa libération : il entre ainsi à ses côtés à Bordeaux, le 9 avril 1526 (Archives départementales de la Gironde, G. 286, f° 121).
-
[26]
CSPSp, 1509-1525, p. 387,588,590. SP, VI, p. 188. Richard COOPER, « Le rêve italien des premiers Guise », in Y. BELLENGER, op. cit., p. 120; L. VON PASTOR, Histoire des Papes depuis la fin du Moyen Âge, Paris, 1925-1934, XI, 8,13,219-220,549,552; F. de ROSIÈRE, Stemmatum Lotharingiae avec Barri ducum tomi septem, Paris, G. Chaudière, 1580, in-f°, f° 346.
-
[27]
Francesco GUICCIARDINI, Histoire d’Italie, J.-L. FOURNEL et J.-C. ZANCARINI éd, Paris, Robert Laffont, 1996, II, 522. Voir aussi BnF, Ms Fr., 3635, f° 82.
-
[28]
BnF, Ms Fr. 6637, f° 12.
-
[29]
Calendar of State Papers, Venitian (désormais CSPVen), 1527-1533, Londres, 1873 p. 81-83, 86-87,169. SP, I, p. 218-223,235-253; LP, III, p. 1497-1498; LP, IV, p. 1492-1493.
-
[30]
On connaît la présence des différents cardinaux à Amiens par une lettre écrite au Pape Clément VII en captivité et signée des cardinaux Wolsey, de Bourbon, Salviati, de Lorraine et de Sens. BnF, Ms Fr. 20929, f° 145-146.
-
[31]
Et uniquement sur ce troisième plan : il ne joue aucun rôle dans les négociations de la Convention d’Amiens, et ne figure même pas parmi les garants de l’accord. Ordonnances…, p. 89 et 96.
-
[32]
David STARKEY, « Representation through intimacy : A study in the symbolism of monarchy and Court office in early modern England », 1977, repris in The Tudor Monarchy, John GUY (ed.), Londres, Arnold, 1997, p. 42-78.
-
[33]
PRO, SP 1/19, f° 200, LP III, I, 629. D. STARKEY, art. cit., p. 56.
-
[34]
BnF, Ms Fr. 3635, f° 82 : il affirme « ses parolles (de Wolsey) sont tousiours fort honnestes et semblent proceder du fond de lestomac ».
-
[35]
Processions royales : Ordonnances…, p. 157-158. Entrée dans Paris : Journal d’un bourgeois de Paris sous François Ier ( 1515-1536), éd. V.L. BOURRILLY, Paris, 1910, p. 267,292,293 et passim. Entrée dans Toulouse : Archives communales de Toulouse, AA 3, f° 346. Affaire des Placards : FONTAINE, Histoire catholicque de nostre temps, Paris, Fremy, 1560, p. 190 v°.
-
[36]
Trêve d’Hampton Court : Ordonnances…, p. 158-164. Présence au conseil : X 1a 8612, f° 109-110 v° (janvier 1528); Ordonnances…, p. 264,282,285, séances du 11 septembre, et 10 décembre 1529; Ordonnances… 1530-1532, p. 122,285, séances du 16 octobre 1530 et du 6 septembre 1532; Ordonnances… 1533-1535, p. 206,403, séances du 27 février 1534 et d’octobre 1535; A.N., X 1a 8613, f° 400 ( 4 juin 1536).
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[37]
BnF, Ms Fr. 3067, f° 63. Lettre du 15 avril 1530.
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[38]
Sur cette rencontre, voir CSPVen, 1527-1533, p. 361-368; BL, Add. Ms 20030, f° 134 b; LP, V, p. 760-761; P.A. HAMY, Entrevue de François premier avec Henry VIII à Boulogne sur mer en 1532, Paris, 1898, p. 68.
-
[39]
CSPVen 1527-1533, p. 371,376-377.
-
[40]
LP, VI, n° 324 (p. 150), CSPS, IV, ii, n° 1058. M. DOWLING, Fisher of Men : a Life of John Fisher, 1469-1535, Londres, MacMillan, 1999, p. 144. La raison de son arrestation, est en fait sa défense ferme et résolue du pape et de la reine Catherine d’Aragon ( ibid., p. 144).
-
[41]
Arch. di stato di Modena, busta 11. Pour 1535, lettres de Hieronymo Feruffino, des 9,20 et 30 avril; 5 et 13 mai, 14 et 24 juin; 10 et 26 juillet etc.
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[42]
E. ALBERI, Relazioni degli ambasciatori veneti al Senato, ser. I, I, 192. A.N.G., t. I, p. 44, lettre du 24 juin 1535; p. 184, lettre du 29 juin 1536
-
[43]
Dom MARLOT, Histoire de la ville, cite et université de Reims, Reims, 1846, t. IV, p. 297. Archives communales de Narbonne, Histoire manuscrite des archevêques de Narbonne, par Guillaume LAFFONT, 1719, tomeII, page 572 (désormais Histoire manuscrite… ).
-
[44]
A.N.G., t. I, p. 80.
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[45]
A.N.G., t. I, p. 193, lettre du 2 septembre 1536, de Valence.
-
[46]
Jean de Lorraine arrive au camp de Chabot en Italie le 18 avril et, selon certaines sources, lui apporte l’ordre de se fortifier sur la défensive et de ne rien entreprendre tant qu’une solution pacifique peut être envisagée ( CSPSp 1536-1538, p. 103-104). L’empereur donne l’ordre à ses troupes d’avancer, ce qui est fait le 8 mai 1536, sans que Chabot, qui n’a pas reçu d’ordres du roi, ne s’y oppose. Selon Brantôme, « Il (Brion) fit une grande faute à Versel, où le trouvant M. le cardinal de Lorraine (… ) luy dict et luy conseilla de ne passer point plus outre de peur d’altérer les choses lesquelles il alloit traicter. M. l’admiral le creut, et arresta son flux de victoire court; enquoy il faillit grandement, pour un grand capitaine, d’adjouster foy si librement à M. le cardinal (… ) pensant qu’il parlast de la part du Roy, envers lequel il avoit plus de crédit que seigneur de la Court (… ) Tant y a que le Roy voulut un grand mal audit sieur admiral, pour luy avoir fort desbauché ses affaires qui estoient en tres bon estat », Œuvres complètes de Brantôme, LALANNE éd., Paris, 1864-1882, III, p. 197.
-
[47]
Les Mémoires de Martin et Guillaume Du Bellay expliquent ainsi son choix pour la mission de 1536 : « pour estre prince et si prochain du Roy que nul autre pourroit lestre davantage, ledit seigneur empereur adjousteroit foy » ; Mémoires de Martin et Guillaume Du Bellay, éd. PETITOT, Paris, 1822, livre VI.
-
[48]
Arch. di stato di Modena, busta 12, Hieronymo Feruffino au duc de Ferrare, les 15 avril et 18 mai 1536. Cette mission est révélatrice de la situation de Jean de Lorraine. Il est envoyé à la suite de la grogne de Charles Quint qui affirme ne pas vouloir traiter des affaires avec un personnage aussi modeste que Dodieu de Vély (R. de BOUILLÉ, op. cit., p. 97). Il s’agit ici d’une mission éclair comme les prélats du roi en remplissent très rarement : parti le 15 avril 1536 de Lyon, Jean de Lorraine est auprès du roi à Saint-Rambert-en-Bugey le 16 mai suivant. Il ne peut donc être victime du paradoxe du diplomate, cette hantise des ambassadeurs, qui, envoyés à l’étranger parce qu’ils ont la confiance du roi ou de ses ministres, sont précarisés durant leur absence de la cour par leurs ennemis restés sur place. Enfin, la brièveté de sa mission est signe que le roi ne veut pas se passer de lui longtemps.
-
[49]
Négociations de Salces : R.J. KNECHT, Un prince de la Renaissance, Paris, Fayard, 1999, p. 341. Sur cette mission, voir : A.N.G., t. I, p. 321,333; C.A.F., III, 417,430; VIII, 69,73; SP, VIII, p. 5-6). Leurs pouvoirs ont été publiés par G. RIBIER, Lettres et Mémoires d’État. Paris, 1666, I, p. 73; DECRUE, op cit., p. 335. Trêve de Nice : Jean de Lorraine y prononce un discours en latin, dans lequel il remercie le pape Paul III, d’être venu à Nice négocier la paix (BnF, Ms Fr., 3916, f° 344). Montmorency fait également un discours, en français (BnF, Ms Fr. 3916, f° 346 sqq.). Sur cette mission, voir CSPSp, 1536-1538, p. 485,531-554; C.A.F., VIII, 249,31595). Réception de la reine de Hongrie : A.N.G., t. I, p. 406. Lettre à l’empereur : AN, K 1484, B. 3. Entrée de l’empereur dans Paris : BnF, Ms Fr., 3050, f° 31; Clairambault, 337,6947; Dupuy, 357, f° 67, F. DECRUE, op. cit., p. 379, et Mémoires de Du Bellay, pièces justificatives, cité par R. de BOUILLÉ, op. cit., p. 122; Arch. di Stato di Mantova, A.G. 639, pour la discussion avec le roi. Au lendemain de la visite de l’empereur, Jean de Lorraine le raccompagne jusqu’à Valenciennes, en compagnie du dauphin et de Montmorency (Arch. di stato di Modena, busta 15, Cavalerio Sacrato au duc de Ferrare, le 18 janvier 1540).
-
[50]
SP, VIII, p. 255, Norfolk à Henri VIII, d’Abbeville, le 17 février 1540; p. 448 Wallop à HenriVIII, le 11 octobre 1540;A.N.G., t. I, p. 285, lettre du 7 juillet 1537; p. 366, lettre du 6 mai 1538; p. 613, lettre du 17 novembre 1540.
-
[51]
Jean de Lorraine centralisateur : BnF, Ms Fr. 3005, f° 90., Ms Fr. 3916, f° 242. Instructions de l’empereur : CSPSp 1538-1542, p. 77. Lettres de créances : LP, XIII, II, p. 22,9 août 1538; A.N.G., t. I, p. 424,24 décembre 1538; SP, VIII, instructions d’Henri VIII à Lord William Howard, envoyé en France, le 18 janvier 1541, p. 512.
-
[52]
De la même façon le cardinal Pole s’adresse à lui et au connétable pour régler les affaires d’Angleterre en mars 1539 ( LP, XIV, I, p. 236, le 25 mars 1539).
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[53]
LP, XII, II, p. 203,18 août 1537; LP, XIII, 20 août 1538, p. 54; LP, XIV, II, p. 229; A.N.G., t. I, p. 285,290,294,502,510,511,523,614.
-
[54]
LP 1539, II, p. 228-229,2 décembre 1539.
-
[55]
Attestations pour février 1539 (AN, X 1a 8613, f° 77v°-79 et Ordonnances… 1538-1539, p. 45; AN, X 1a 8613, f° 143-144v°), avril 1539 ( Ordonnances…, p. 390) ; 9 février 1540 (AN, X 1a 8613, f° 232); avril 1540 ( SP VIII, Wallop à Essex, de Rouen, le 26 avril 1540 (p. 329); A.N.G., t. I, p. 561, lettre du nonce, du 22 mai 1540; 7 novembre 1541 (AN, X 1a 8613, f° 299v°-301).
-
[56]
SP VIII, Wallop à Essex, de Rouen, le 26 avril 1540 (p. 329). Cavalerio Sacrato, de son côté (Arch. di stato di Modena, busta 15, lettre du 24 mai 1540) rapporte comment François Ier s’est retiré dans sa chambre avec ses fils, Montmorency et Lorraine, puis a fait appeler les cardinaux Tournon et Du Bellay.
-
[57]
SP VIII, p. 259, Norfolk à Henri VIII, Abbeville, le 17 février 1540. Il est toujours aussi proche du roi, comme en témoigne symboliquement la procession de la Pentecôte 1539. Tandis que les différents courtisans et officiers occupent une place officielle dans la procession, Jean de Lorraine, en compagnie du cardinal d’Este, encadre le souverain (Arch. di stato di Modena, busta 15, Cavalerio Sacrato au duc de Ferrare, le 13 juin 1539).
-
[58]
De la même façon que dans le duo Claude D’Annebault-François de Tournon, c’est l’amiral qui a la prééminence.
-
[59]
CSPSp 1538-1542, p. 203. Toutefois, Montmorency entend conserver intactes ses prérogatives. Il précise à l’ambassadeur de l’empereur que durant son voyage aucune tentative ne doit être faite pour traiter d’aucun point de la paix à venir. Déjà, en juillet 1537, en l’absence du grand maître, le cardinal de Lorraine, s’occupait de toutes les affaires (Arch. di stato di Modena, busta 14, Alberto Turco au duc de Ferrare, lettre du 29 juillet 1537).
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[60]
Ordonnances… 1538-1539, p. 45. Lors de la cérémonie d’investiture de Montmorency, Jean de Lorraine est, avec les fils du roi, le plus proche de François Ier (Arch. di stato di Modena, busta 14, Alberto Turco au duc de Ferrare, 11 février 1538).
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[61]
Saint-Médard : C.A.F. III, 403. Exemption : BnF, Fds Latin des nouvelles acquisitions, ms 2268, n° 42. Cadeaux de l’empereur : Arch. di Stato di Mantova, A.G. 638, lettre du 22 juin 1538 de Marcantonio Bendidio à la marquise de Mantoue pour la coupe d’or; pour la pension, Antoine de Castelnau, évêque de Tarbes, à Anne de Montmorency, de Tolède, le 13 avril 1539. G. RIBIER, op.cit., I, p. 432 : « Monseigneur, hier M. de Granvelle me dict qu’il envoyoit ce courrier pour faire entendre à M. le cardinal de Lorraine que l’empereur lui a donné 6000 ducats de pension sur l’archevêché de Saragosse ». L’ambassadeur de l’Empereur invite son maître à témoigner sa reconnaissance au connétable et au cardinal, AN, K, 1484, B, 3,86,97,99. Cf. aussi DECRUE, op. cit., p. 364. Les pensions ou cadeaux somptueux aux courtisans par les souverains étrangers sont chose courante et ne peuvent être interprétés comme un signe de trahison. Ainsi, au lendemain de la paix de Crépy, Charles-Quint, satisfait de Tournon, lui offre un cadeau de 8000 écus d’or (M. FRANÇOIS, op. cit., p. 200, qui cite une lettre d’un ambassadeur florentin du 20 février 1545). Il semble toutefois que ce cadeau ait été fait non pas en espèces, mais sous la forme de vases et de vaisselle en or massif (Arch. di stato di Modena, busta 20, lettres des 5 et 22 février 1545).
-
[62]
BnF, Ms Fr. 3033, f° 5 et 3635, f° 52,64,90.
-
[63]
BnF, Ms Fr. 3635, f° 50
-
[64]
BnF, Ms Fr. 3033, f° 5, f° 28 et 3635, f° 1,3. Lettres non datées, sans doute de la fin de la décennie 1520.
-
[65]
BnF, Ms Fr. 2979, f° 25; Portefeuilles de Fontanieu, vol. 207, cité par R. de BOUILLÉ, op. cit., p. 88 : « ne vous souciés de rien, car il (le roi) vous est tel que vous pensez et ma commandé le vous escripre » ; BnF, Ms Fr. 3635, f° 7,52 : « soyez seur que lavez pour tel amy que ne debvez riens craindre » ; BnF, Ms Fr. 3095, f° 72 : « ne vous souciez de rien car il vous (aime) tel que vous pansez et ma commande le vous escripre »
-
[66]
A.N.G., t. I, p. 193.
-
[67]
Pour la décennie 1540, par exemple, on a conservé des lettres à Jean Du Bellay de François Errault, Claude Cottereau, le cardinal Sadolet, Claude Danzay, François Olivier, Gilbert Bayard, Antoine Delyon et des seigneurs d’Yversay, de La Planche et Sarges, ainsi que de bien d’autres, qui l’informent de la situation à la cour, en Italie et en Allemagne; BnF, ms Fr. 3921, f° 51, lettre de François Errault au cardinal du Bellay, le 9 juin 1543; f° 104, lettre de Claude Cottereau, le 5 avril 1544; f° 121, lettre du cardinal Sadolet, le 11 mars 1546; f° 62, lettre de C. de Danzay, le 28 avril (début de la décennie 1540); f° 43, lettre de François Olivier, le 11 décembre 1543; f° 52, lettre de Gilbert Bayard, le 1er avril 1544; f° 88, lettre d’Antoine Delyon, du 2 mars 1542; f° 68, lettre du Sr d’Yversay, le 15 mars ( 1546 ?) ; f° 76, lettre du Sr de La Planche, le 9 mars 1546; f° 82, lettre du Sr de Sarges, le 27 avril 1545).
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[68]
SP X, Wallop à Henri VIII, de Paris, le 24 décembre 1540, p. 501. Jamais Lorraine ne se mettrait en position d’essuyer un tel reproche.
-
[69]
BnF, Ms Fr. 3635, f° 35, f° 88, f° 94.
-
[70]
Arch. di stato di Modena, busta 14, Alberto Turco au duc de Ferrare, 12 avril 1538.
-
[71]
G. RIBIER, op. cit., I, 158-159, le 14 mai 1538.
-
[72]
G. RIBIER, op. cit., I, p. 503-504, lettre du 22 février 1539, et p. 551, lettre du 21 décembre 1540.
-
[73]
LP, XVI, p. 442-443. Chapuys à la reine de Hongrie, le 18 juin 1541. Cette lettre est médiatisée au troisième degré au moins (une rumeur à Rome, un messager qui écrit de Rome à Chapuys, ou de Rome à la cour impériale, qui transmet l’information à Chapuys, qui la transmet à la reine de Hongrie).
-
[74]
Arch. di Stato di Modena, busta 22, lettre de Giulio Alvarotti au duc de Ferrare, Paris, 17 janvier 1546;A.N.G., t. III, p. 441, lettre de Guidiccione au cardinal Farnèse, Melun, 7 juillet 1546.
-
[75]
R. de BOUILLÉ, op. cit, p. 122.
-
[76]
Voir sur cette question la thèse de l’École des Chartes de François NAWROCKI, L’Amiral Claude d’Annebault, 2002, p. 459.
-
[77]
Sur Toussaint d’Hocédy et Lorraine : SP, IX, p. 674; sur Lenoncourt et Lorraine : Arch. di Stato di Mantova, A.G. 638, G.B. da Gambara au duc de Mantoue, 28 août 1539; C.A.F., II, 436, 5920; SP, IX, p. 565; Lenoncourt passe du service de l’oncle à celui du neveu, et cela du vivant même de Jean de Lorraine. Cf. Daniel CUISAT, Correspondance de Charles de Lorraine, Genève, Droz, 1977; Marguerite de Navarre, quant à elle, le qualifie de « maestro di casa » (majordome) de Jean de Lorraine, A.N.G., t. III, p. 115, lettre du 23 janvier 1542; sur Lazare de Baïf et Lorraine : C.A.F., II, 290,314; C.A.F. VII, 221; COLLIGNON, op. cit., p. 40, et L. PINVERT, Lazare de Baïf, 1496 (?)-1547, Paris, Albert Fontemoing, 1900, p. 14-18,21,39,55-57; sur Paule Porte et Lorraine : Arch. di stato di Modena, busta 11, Hieronymo Feruffino au duc de Ferrare, les 19 et 30 janvier et 4 février 1535; A.N.G., t. I, p. 4,20,215,282; A.N.G., t. III, p. 295; AN, Trésor des Chartes, JJ 246, n° 176, f° 53 ( 1531), id., JJ 250, n° 44, f° 16 v° ( 1537), JJ 245 ( 1), n° 66, f° 10 v°.
-
[78]
A.N.G., t. I, p. 63,66,67,93,216,228; A.N.G., t. III, p. 35; Fra Paolo SARPI, Histoire du concile de Trente, p. 681, note 1 (année 1535), traduction de Amelot de LA HOUSSAIE, Amsterdam, 1686. Rémy SCHEURER, Correspondance de Jean Du Bellay, Paris, 1975, (désormais Correspondance JDB II), p. 78-79,93-95.
-
[79]
A.N.G., t. I, p. 21,25,45,67,73,78,93,115,142,183,216,226,228,236,294,356,414, 419,424,431. Correspondance JDB II, p. 93-95; LP 1538, II, p. 474.
-
[80]
A.N.G., t. I, p. 419 et 435 et Cooper, art. cit., p. 123
-
[81]
BnF, Dupuy, 263, f° 28.
-
[82]
Nuntiaturberichte Aus Deutschland 1533-1559 (désormais NbD ), W. Friedensburg éd., Berlin, 1910, I, t. 5, p. 53,69.
-
[83]
Pour les premiers, voir F. BUISSON, Sébastien Castellion, Paris, 1892, I, p. 65 et 76. Pour les seconds, voir Franco GIACONE, in Y. BELLENGER, op. cit., p. 353.
-
[84]
P. Toussaint : HERMINJARD, Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française, Genève, 1866. Pierre Toussaint (Tossanus) connaissait sans doute Jean de Lorraine par ses fonctions, puisqu’il était chanoine de la cathédrale de Metz. Guillaume Farel ( 1489-1565), réformateur français actif auprès de Guillaume Briçonnet dans la décennie 1520, puis à Bâle, Genève et Neuchâtel. Capiton, Ibid., II, p. 4.
-
[85]
De Lyon, le 11 décembre 1533. Correspondance JDB I, p. 335. Ce discours, d’inspiration évangélique, auquel Jean Calvin a peut-être participé, engendre une réaction très violente de la faculté de théologie.
-
[86]
Clément Marot, désireux d’obtenir les revenus qui vont avec son titre de valet de chambre du roi, écrit à la fin de mars 1527 une Épistre au reverendissime cardinal de Lorraine, dans laquelle il affirme : « En m’asseurant qu’une seule parolle/De vous me peult faire coucher au rolle » (Clément MAROT, Œuvres complètes, Paris, 1931, p. 150). L’intervention de Jean de Lorraine fut efficace comme en témoigne une lettre de François Ier (BnF, Ms. fr. 3012, f° 47). Pour les liens entre Jean de Lorraine et Érasme, voir l’article « Jean de Lorraine » dans Contemporaries of Erasmus, P.G. Bietenholz et T.B. Deutscher éd., Toronto, University of Toronto Press, 1985.
-
[87]
Jean Sturm ( 1507-1589) humaniste allemand qui adhère à la réforme; Martin Bucer ( 1491-1551), réformateur allemand, actif dans l’Empire et en Angleterre. HERMINJARD, op. cit., III, p. 364. Rappelons que l’année 1535 voit un adoucissement de la politique de François Ier à l’égard des hérétiques après le durcissement de l’affaire des Placards, et que l’édit de Coucy du 16 juillet 1535 ordonne la libération des prisonniers religieux à condition qu’ils abjurent leur hérésie dans les six mois.
-
[88]
ASV, Lettere di Principi 14 A, f° 176 v°, copie non datée.
-
[89]
Étienne Dolet ( 1508-1546), imprimeur et humaniste, proche des évangéliques. Noel Béda ( 1470 ?-1537), syndic de la faculté de théologie de Paris, incarnation du parti hostile aux nouveautés religieuses. Jean de Lorraine était lié à beaucoup d’auteurs de l’assemblée de Melun comme Claude d’Espence ou Jean de Gaigny. J.K. FARGE, Biographical Register of Paris Doctors of Theology, Toronto, 1980, p. 180, cité par A. TALLON, op. cit., p. 142.
-
[90]
A.N.G., t. I, p. 210. Il assiste d’ailleurs au marriage (Arch. di stato di Modena, busta 13, Hieronymo Feruffino au duc de Ferrare, le 20 octobre 1536).
-
[91]
ASV, Lettere di Principi, III, f° 159 et 159 v° et IX, f° 239. Cette lettre (originale) de Jean de Lorraine, du 4 juin 1525, est, par un hasard de conservation, conservée dans deux registres différents des Lettere di Principi. L’index du tomeIX donne d’ailleurs par erreur la date du 4 juin 1529, au lieu du 4 juin 1525.
-
[92]
Acta nuntiaturae Gallicae, t. I, p. 31. De Rome, le 14 avril 1535.
-
[93]
A. TALLON, op. cit., p. 101, qui cite A.N.G., t. I, p. 288 (Melun le 10 juillet 1537) et F. de BEAUCAIRE -PÉGUILLON, 1625, p. 665.
-
[94]
Jean de Lorraine est attaché à une institution qui défend les intérêts des cardinaux. Devant la perspective du concile, en 1540, il déclare au légat Marcello Cervini, « Marcello, io ti parlero come cardinale. In Germania si trattarà la ruina de nostri bonetti et bisogna tenerci l’ochio aperto » (« Marcello, je te parlerai en cardinal. En Allemagne, on s’occupera de la ruine de nos chapeaux et il nous faut garder l’œil ouvert ».) NbD, I, t. 5, p. 267. Traduction d’Alain Tallon, op. cit., p. 110.
-
[95]
Lorraine connaît le succès dans son entreprise de séduction du Saint-Siège puisque le nonce propose sa candidature à la légation d’Avignon en affirmant que « pour le bien de l’Église gallicane, il faut à sa tête un homme ayant à la fois la confiance du Saint-Siège et celle du roi et du conseil, comme le cardinal de Lorraine » ( A.N.G., t. I, 1er septembre 1540). De la même façon, le nonce, les 4-5 décembre 1543, le présente agissant « sur le roi en faveur du Saint-Siège » et ajoute « le S.S. pourrait lui plaire en ayant des attentions pour Paolo della Porta, son gentilhomme » ( A.N.G., t. III, p. 295).
-
[96]
Cf. sur ces questions les travaux de Retha M. WARNICKE, « Family and kinship relations at the Henrician court : the Boleyns and Howards », in Dale HOAK éd., Tudor Political Culture, Cambridge, 1995, p. 46-48, qui montrent comment le duc de Norfolk, lorsqu’il affirme à l’ambassadeur de l’em-pereur qu’il est hostile au mariage de sa nièce Anne Boleyn avec Henri VIII ne fait que dire à celui-là ce que le roi veut lui faire croire, et ce qu’il est tout disposé à entendre.
-
[97]
SP X, p. 675, lettre de Gardiner, Thirlby et Carne, du 11 novembre 1545.
-
[98]
Philippe HAMON, L’argent du roi, Paris, Comité pour l’Histoire économique et financière de la France, 1994, p. 187.
-
[99]
Procès : Histoire manuscrite…, p. 567 ; Archives de Haute Garonne(désormais AD 31), B 21, f° 102 (arrêt du 16 février 1526 du Parlement de Toulouse); Archives communales d’Albi, FF 91. Il intente également un procès à l’évêque de Mirepoix qui conteste des redevances. Le parlement de Toulouse lui donne raison en 1541 ( Histoire manuscrite…, page 576 ; AD 31, B 34, f° 399, arrêt du 21 juillet 1541). Foires : C.A.F., II, 512,6266 ; C.A.F., II, V; C.A.F., III, 11,7498. Thérouanne : BL, Calig E II, f° 143; BL, Calig E II, f° 144 (ancienne pagination : 180); BnF, Ms Fr. 3635, f° 52.
-
[100]
BnF, Ms Fr. 3635, f° 88 et 3095, f° 20 et 22.
-
[101]
Julio Alvarotto, ambassadeur du duc de Ferrare, diffusant la rumeur d’une grave maladie de Jean de Lorraine, écrit plaisamment, le 20 novembre 1546 : « Dalla sua morte nasceria una grà vacantia de beneficii in Francia » (Arch. di stato di Modena, busta 23).
-
[102]
D’après Hieronymo Feruffino, Jean de Lorraine s’attend en 1535 à des revenus d’au moins 30000 ducats (Arch. di stato di Modena, busta 11, lettre au duc de Ferrare, du 24 juin 1535).
-
[103]
En 1532, il offre à Calais un repas aux princes anglais. CSPVen, 1527-1533, p. 361-368.
-
[104]
Nicholas HARRIS NICOLAS, The Privy Purse Expences of King Henry the Eighth, from November MDXXIX to December MDXXXII, Londres, 1827, p. 268-269.
-
[105]
On sait qu’il paie au cardinal Salviati une pension de 1000 écus. A.N.G., t. I, p. 397. Cette pension s’arrête en 1538, lorsque François Ier procure à Salviati l’évêché de St Papoul qui rapporte de 5000 à 6000 francs d’entrée. Il paie également une pension à Jean de Médicis (futur Clément VII) sur son évêché de Valence ( Correspondance de François de Tournon, Michel FRANÇOIS éd., Paris, 1946, p. 37), et une autre de 2000 livres tournois au cardinal de Bologne sur son évêché d’Albi (Eubel, Hierarchia Catholica).
-
[106]
VARRILLAS, Histoire de François Ier, Paris, 1686, p. 498; repris par GAILLARD, Histoire de François Ier, Paris, 1766, III, IV, chap. IV, p. 301, puis par René BOUILLÉ, le Dictionnaire de Biographie Française et beaucoup d’autres.
-
[107]
A.N.G., t. III, p. 80.
-
[108]
A.N.G., t. I, p. 595, lettre du 8 août 1540 : Marguerite de Navarre favorise le projet de mariage Farnèse-Aumale en déclarant qu’elle considérera Vittoria Farnèse comme sa propre fille et ibid., t. III, p. 109 (cf. aussi, p. 115).
-
[109]
Jean de Lorraine se rend d’ailleurs au mariage de sa nièce (Arch. di Stato di Mantova, A.G. 639, G.B. Gambara à la duchesse de Mantoue, le 10 septembre 1539). Henri VIII de son côté se demande pourtant pourquoi Charles Quint a consenti au mariage de Chrétienne de Danemark, affirmant que le duc Antoine n’apporterait aucune aide contre la France, le cardinal de Lorraine et M. de Guise étant « both too partial to Francis ». LP, 1540-1541, p. 442-443; CSPSp, 1538-1542, VI, I, n° 167.
-
[110]
A.N.G., t. I, p. 211,21 novembre 1536.
-
[111]
SP, IX, Paget à Henri VIII, 9 août 1542.
-
[112]
SP, IX, p. 542-544, Paget à Henri VIII, le 5 septembre 1542.
-
[113]
R.J. KNECHT, op. cit., p. 479.
-
[114]
Arch. di Stato di Modena, busta 19. Alfonso Calcagnini au duc de Ferrare, Melun, 23 décembre 1543.
-
[115]
Arch. di Stato di Modena, busta 16 ( 6 février 1541); LP, XVI, p. 397 (le 11 mai 1541). En septembre 1541, Howard affirme qu’il est plus en faveur que jamais, le présentant avant tout comme un compagnon de plaisir du roi ( SP, VIII, p. 609, Howard à Henri VIII, de Lyon, le 24 septembre 1541) et Arch. di Stato di Modena, busta 16, lettre du 12 mars 1541 (Turc); Arch. di Stato di Modena, busta 17, lettre du 26 février 1542 (ours); Arch. di Stato di Mantova, A.G. 640, lettre du 3 août 1546 (ermite).
-
[116]
Cette tentative fut un échec. Catherine de Médicis rapporte comment, à la suite de cette décision, il arriva un jour au conseil et que constatant qu’aucune affaire n’avait été préparée, il s’en prit violemment à Claude d’Annebault et au cardinal de Lorraine. Il s’agit d’un propos tenu par Catherine de Médicis au cours des états généraux de Blois, cité par Charles-Joseph de MAYER, Des états généraux et autres assemblées nationales, Paris et La Haye, 1788-1789, t. XIII, p. 106, cité par R.J. KNECHT, op. cit., p. 617.
-
[117]
F. NAWROCKI, op. cit., p. 228,231,271.
-
[118]
Arch. di Stato di Modena, busta 23. Giulio Alvarotti au duc de Ferrare, Moulins, 29 août 1546. Cf. une analyse assez comparable de l’empereur in CSPSp 1544, p. 379 (lettre de l’empereur à ses ambassadeurs en Angleterre, le 1er octobre 1544).
-
[119]
Arch. di Stato di Modena, busta 22, lettre de Giulio Alvarotti au duc de Ferrare, Melun, le 12 avril 1546; BnF, ms Fr., 5150, f° 23, lettre de janvier 1546.
-
[120]
AN, X 1a 8613, f° 299-301 ( 7 novembre 1541); X 1a 8614, f° 285-296 (juillet 1544), f° 303-305 v° ( 22 février 1545); E. ALBERI, Relazioni degli ambasciatori veneti al Senato durante il secolo decimo sesto, Florence, 1839-1863, Série, I, IV, p. 34-35 (pour 1542); LP, XXI, I, 1078, le 16 juin 1546.
-
[121]
AD 54, G, 1338. Il existe une copie de ces lettres de neutralité aux Archives départementales de Moselle, G 13, f° 98. François Ier a lui même accordé des lettres de neutralité à Jean de Lorraine, le 15 juin 1542 (celles accordées par Charles Quint datent du 4 octobre 1542; AD 54,3 F, 438, f° 92-94 v°). Jean de Lorraine avait déjà obtenu le 12 juillet 1536 des « lettres de neutralité (… ) pour les évêchés de Metz, Toul et Verdun » ( C.A.F., VI, 21083). Antoine en avait déjà obtenu de François Ier, le 7 juillet 1536 (AD 54, collection Buvignier-Clouët). Il en obtient à nouveau en 1544 (AD 54,3 F 438 F° 94 v°-95v°), et son successeur, sous Henri II, le 12 septembre 1551. La négociation de lettres de neutralité pour neutraliser des pans entiers de frontière dans un contexte de guerre est chose courante au XVIe siècle. C’est le cas par exemple pour la Bourgogne dans la décennie 1520. Il y a aux Archives départementales de la Côte-d’Or, une succession de lettres de ratification et de prolongation de neutralité entre les deux Bourgognes, émanant de Marguerite, archiduchesse d’Autriche, de François Ier et de Charles Quint, datant de 1522,1527 et 1528 (B 12075, f° 6 v°-10, f° 12-13, f° 35-43v°, f° 44-45).
-
[122]
Arch. di Stato di Modena, busta 20, lettres du 25 janvier et 17 mars 1545.
-
[123]
Arch. di Stato di Mantova, A.G. 640, G.B. Gambara au cardinal et à la duchesse de Mantoue, le 19 septembre 1544; BnF, Ms Fr. 5617, Journal des voyages de Charles Quint (1514-1551), Jean de Vandenesse, f° 196 v°.
-
[124]
Un indice significatif est le volume des témoignages le concernant. La correspondance des nonces en France l’évoque à 153 reprises entre 1535 et 1540, mais à 22 reprises seulement entre 1541 et 1546; les Letters and Papers l’évoquent 113 fois pour la période 1536-1541 contre 44 fois pour la période 1542-1546; les ambassadeurs des ducs de Ferrare l’évoquent 70 fois entre 1535 et 1541 (Arch. di Stato di Modena, busta 11-16) contre 25 fois entre 1542 et 1547 (Arch. di Stato di Modena, busta 17-23).
-
[125]
BnF, Ms Fr. 3005, f° 109.
-
[126]
BnF, Ms Fr. 6616, f° 124-125.
-
[127]
Arch. di Stato di Modena, busta 24. Lettre du 25 mai 1547. On sait par ailleurs que Jean de Lorraine était à St Germain le 21 mai (busta 24, lettre du 21 mai 1547).
-
[128]
Deux mois après la mort de François Ier, la duchesse d’Étampes demande à Jean de Lorraine d’intervenir en sa faveur auprès d’Henri II. BnF, Ms It. 1716, f° 177,203-204.
-
[129]
Arch. di Stato di Modena, busta 24. Giulio Alvarotto au duc de Ferrare, Rambouillet, 31 mars 1547; Paris, le 15 avril 1547; Paris, 25 mai 1547; Paris, le 4 juillet 1547 (il rapporte que le cardinal de Guise a emmené son oncle pour dîner avec le roi.)
-
[130]
BnF, Ms Fr. 20532, f° 4,17,18 (toutes ces lettres sont de 1548); M. Fr. 20467, f° 43 ( 11 mai 1550). Dans l’Ordre du conseil faict par le roy Henry II a ladvenement de son regne, le 3 avril ( 1547), Henri II évoque Antoine de Navarre, le cardinal de Lorraine, le duc de Vendôme, l’archevêque duc de Reims, le connétable de Montmorency, François d’Aumale, le chancelier Olivier, le maréchal de La Marck, le sr d’Humières, Saint André, Jean Bertrand, Villeroy, BnF, ms Dupuy 86, f° 34v (et copie, ds BnF, Ms Fr 2831, f° 202 v°). Cf. aussi RIBIER, op. cit., II, p. 3.
-
[131]
Dès novembre 1540, une rumeur, rapportée par Charles Quint dit, qu’en cas d’élection pontificale, François Ier songe à faire élire le cardinal de Lorraine ( CSPSp 1538-1542, p. 288, lettre de Charles Quint au marquis d’Aguilar, le 3 novembre 1540). Sur l’élection de 1549, voir F.J. BAUMGARTNER, « Henri II and the conclave of 1549 », Sixteenth Century Journal, XVI, 1985, p. 301-315; G. RIBIER, op. cit., II, 257-258; L. PASTOR, op. cit., XIII, 20; Mémoires-journaux du duc de Guise, éd. MICHAUD et POUJOULAT, Paris, 1839, VI, 14,25 nov 1549; R. COOPER, art. cit., p. 133; D. CUISAT, op. cit., p. 138; NbD, p. 802 ( 27 juillet 1549).
-
[132]
On a conservé à la BnF une lettre du 11 mai 1550, de Jean de Lorraine à son neveu le duc de Guise, avec un rajout manuscrit de la main du cardinal, qui, à la différence des autres autographes connus de lui, est difficilement lisible et tout tremblé, ce qui permet de supposer que le cardinal était souffrant depuis plusieurs jours au moment de sa mort.
-
[133]
Montmorency est une parfaite illustration de la définition du favori donnée par Nicolas LE ROUX comme étant « le personnage qui se caractérise à un moment donné par la plus grande capitalisation de signes de l’exception, qu’il s’agisse de prérogatives symboliques, de dignités ou de récompenses » : La faveur du roi. M ignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, Champ Vallon, 2000, p. 12. Jean de Lorraine est l’incarnation d’une faveur plus personnelle.
-
[134]
Ibidem, p. 718, qui insiste sur la confusion entre les deux univers sous le règne d’Henri III.
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[135]
Cf. les analyses comparatives sur Henri III et Henri IV, ibidem., p. 719-720.
1 En 1524, Verrazzano, à bord de la Dauphine, procède à la reconnaissance de la côte nord américaine. Dans la relation de son voyage, il rapporte :
« Nous longeâmes une côte toute verte de forêts, dépourvue de ports, mais avec quelques agréables promontoires et de petites rivières. Nous la baptisâmes Côte de Lorraine à cause du Cardinal; le premier promontoire Alençon, le second Bonnivet, le plus grand fleuve Vendôme, et une colline proche de la mer Saint-Pol, à cause du comte » [1].
3 Ainsi, toute une côte est baptisée en l’honneur de Jean de Lorraine, contre des promontoires ou des collines pour d’autres proches du roi. Cette dénomination de terres inconnues ne peut être prise comme un révélateur absolu de la prépondérance du cardinal auprès de François Ier, puisque des noms tels que ceux de Brion ou de Montmorency sont absents; Verrazzano n’est peut-être pas parfaitement au courant des rapports de forces dans l’entourage royal.
4 Toutefois, la mise en avant du cardinal est un signe de sa visibilité auprès du souverain. On touche là l’une des spécificités du destin historiographique de Jean de Lorraine. Méconnu des historiens, il est abondamment évoqué par les contemporains, qu’ils soient mémorialistes, explorateurs, ou encore ambassadeurs du roi d’Angleterre, de l’empereur, du pape, des ducs de Ferrare ou de Mantoue.
5 Malgré sa réussite à la cour, on sait peu de choses sur lui. Cela s’explique sans doute en partie par la pauvreté des archives; on a conservé de sa correspondance (passive et active) moins de 100 lettres, dispersées, contre plus de 700 pour Tournon, près de 2000 pour Du Bellay [2]. Cela s’explique également par la postérité de la famille de Lorraine, en particulier dans sa branche cadette des Guise. Quitte à travailler sur un cardinal de Lorraine, les historiens ont préféré s’intéresser à Charles de Guise, neveu de Jean [3]. Cela s’explique enfin par un travail effectué au début du siècle par un érudit lorrain qui montre la place importante jouée par Jean de Lorraine dans la protection des humanistes et des poètes [4]. Dans cette brèche se sont engouffrés de nombreux historiens européens ou américains qui ont apporté bon nombre d’éléments nouveaux. Aujourd’hui, Jean de Lorraine est un Clemenceau dont on n’aurait retenu que l’amitié avec Monet [5]. Sa présence est pourtant avérée à la cour de France de 1520 à 1547; de nombreux indices attestent par ailleurs son rôle politique, en particulier dans la seconde moitié de la décennie 1530, et sa participation au conseil est avérée, de manière intermittente, entre 1525 et 1547.
6 L’objet de ce travail est d’essayer de définir la place exacte occupée par Jean de Lorraine dans l’entourage de François Ier, à une époque où la nature de l’État royal évolue. Sa carrière peut être lue à travers une ambivalence maîtresse : la ligne de fracture, ou de contact, entre le favori et le ministre, l’informel et l’institutionnel, la sphère des plaisirs et celle du gouvernement. Jean de Lorraine n’est pas de ces prélats d’État polyvalents, tour à tour conseiller, ambassadeur, polémiste, hôte, gouverneur de province, dont la carrière suit un cursus honorum variable dans ses modalités, mais fixe dans son principe, qui fait de nobles de province de puissants ministres. Il est, de façon informelle et pourtant essentielle, l’homme du roi. Là où d’autres justifient leur place par leurs compétences et leur monopole administratif, Jean de Lorraine ne doit sa place qu’à la seule faveur du roi qui, ne la lui retirant jamais, le déplace d’une sphère à l’autre. Il est l’incarnation de la pluralité des possibles dans l’entourage du roi, de l’impossibilité de rigidifier et de schématiser la cour et ses rapports de force.
L’ENTRÉE DANS L’ENTOURAGE ROYAL D’UN CADET DE LORRAINE
7 Son arrivée à la cour de France est difficile à dater. Son frère Antoine, futur duc de Lorraine, et son frère Claude, futur duc de Guise, sont envoyés jeunes dans l’entourage de Louis XII [6]. Jean est peut-être introduit auprès du roi lors des noces d’Antoine avec Renée de Bourbon le 26 juin 1515 à Amboise. En 1520, en tout cas, il est déjà un personnage important auprès de François Ier. Les ambassadeurs l’évoquent souvent, avec une valeur d’étalonnage. Ils signalent la présence du cardinal, et, dans un second temps, celle d’autres courtisans, conseillers, prélats ou hommes d’épée [7].
8 Si Jean de Lorraine est arrivé à la cour de France par ses frères, il est également un enjeu de la politique lorraine. Les ducs de Lorraine ont eu à pâtir dans la seconde moitié du XVe siècle de l’accession des clients de Bourgogne ou de l’empire aux sièges épiscopaux lorrains. À la même époque, les bourgeois de Toul, Verdun et Metz, en s’appuyant sur l’empereur, se sont opposés aux ducs. Le duché de Lorraine est par ailleurs fragilisé par sa constitution en mosaïque, qui ménage une interpénétration fragilisante de juridictions, en particulier dans le Toulois [8]. Jean de Lorraine est donc utilisé par son père et son frère pour atténuer ce danger potentiel. En 1505, il obtient l’évêché de Metz, en 1517, celui de Toul et en 1523 celui de Verdun. Il se livre ensuite à un jeu savant de cession et de récupération de ces évêchés avec ses neveux, ses frères ou des clients de la maison de Lorraine. À trois reprises, il les détient tous les trois ( 1523-1524; 1533-1537;
9 1542-1543). Les ducs de Lorraine profitant de l’effacement temporaire de la France accroissent ainsi, grâce au cardinal, leur contrôle sur les évêchés lorrains.
10 Jean Le Coullon ( 1526-1587), laboureur à Ancy, près de Metz, écrit dans son journal :
« En ce temps-là estoit Evesque de Metz Jean cardinal de Lorraine. C’est celuy que l’on dist avoir estez evesque au ventre de sa mère. Sy ce eust estez une fille, c’eust estez une evesqueresse » [9].
12 Jean de Lorraine est ainsi un élément-clé de la politique de consolidation du duché de Lorraine entreprise par son frère. Il joue d’ailleurs un rôle dans l’agrandissement du territoire contrôlé par le duc. Par exemple, à la mort de son vassal, le comte de Sarrewerden, décédé sans héritier mâle, les fiefs de ce dernier lui reviennent car il en est le seigneur éminent. Il en investit son frère le duc, le 26 septembre 1527. Le même jour, ce dernier lui prête hommage pour lesdites seigneuries [10]. À une autre date, inconnue, le duc de Lorraine acquiert sur Jean de Lorraine les châteaux et châtellenies d’Hattonchâtel et quelques villages [11]. Leur collaboration s’exprime également dans le domaine minier. Le 26 mai 1516, Jean de Lorraine, en tant qu’évêque de Metz, procède à l’amodiation, en faveur de son frère Antoine, des salines de Moyenvic et de Marsal [12].
13 En contrepartie, le duc représente pour le cardinal une garantie financière (qu’il lui monnaie d’ailleurs assez cher). En effet, Jean de Lorraine renonce le 14 août 1540, à Vatteville, à tous ses droits à la succession de Lorraine, et dans cette renonciation, la reconnaissance financière joue un rôle essentiel. Jean explique que son geste est motivé par les prêts généreusement accordés par son frère [13]. Deux mois plus tôt, le duc Antoine de Lorraine s’est encore porté garant auprès d’un marchand florentin pour une somme de 6000 ducats prêtés à Jean [14].
14 Jean de Lorraine est par ailleurs très attaché à ses racines comme en témoignent ses fréquents séjours lorrains, en 1521,1525,1532-1533,1536-1537,1538, 1540-1541,1545,1546-1547, ainsi qu’à plusieurs dates non déterminées [15]. Il remplit un peu des fonctions de patriarche, jouant un rôle de pacificateur dans le conflit pour la régence opposant Nicolas de Lorraine (parti français) et la duchesse Chrétienne de Danemark (parti impérial) à la mort du duc de Lorraine en 1545 [16]. Il est très soucieux des intérêts familiaux, et prend en charge la carrière de ses neveux, en obtenant pour eux des bénéfices ou des places de choix [17]. Il joue un rôle dans toutes les alliances flatteuses. Il s’occupe du mariage de son neveu avec Vittoria d’Este, la nièce du pape et correspond fréquemment avec sa nièce Marie, reine d’Écosse. Il est en revanche fort mécontent du mariage entre le roi d’Écosse et Madeleine ( 1520-1537), la fille de François Ier, car il aurait voulu que Madeleine épouse son neveu [18].
15 Il n’y a toutefois aucune trace d’un engagement de Jean de Lorraine en faveur de son frère, contre le roi [19]. D’ailleurs, sa situation est facilitée par la fine neutralité francophile dans laquelle se tient le duc Antoine. Ce dernier s’efforce de cette manière de préserver l’intégrité de son duché pris au milieu de la confrontation Valois-Habsbourg. Le cardinal défend les intérêts des Lorrains, mais il est fidèle au roi. Son destin est à Paris ou Fontainebleau, pas à Nancy ou Bar-le-Duc. Il siège d’ailleurs au conseil qui réaffirme les droits de la justice royale sur le duché de Lorraine [20].
16 Jean de Lorraine peut donc compter sur l’appui politique et financier du clan lorrain. Ce double appui, qu’il lui rend bien, joue sans doute un rôle déterminant dans la trajectoire exceptionnelle qu’il parcourt à la cour de François Ier. Néanmoins, avant de s’imposer quelque temps comme l’un des hommes les plus influents de la politique royale, il fait ses classes comme compagnon des plaisirs du roi.
Compagnon des plaisirs du roi
17 À partir du début de la décennie 1520, et jusqu’à la fin du règne, Jean de Lorraine est l’un des compagnons de plaisirs favori de François Ier [21]. Il chasse en sa compagnie, l’affronte au jeu de paume, participe à toutes les fêtes (où il se signale par son élégance), et l’accompagne dans la débauche [22]. Ce qui frappe, c’est la constance de sa présence solitaire aux côtés du roi.
18 Compagnon de tous les instants, il l’accompagne dans la joie des fêtes et de l’amour, comme dans la faiblesse de la maladie, l’aidant à se maintenir debout lorsque la fièvre l’en empêche. François Ier le choisit fréquemment comme compagnon unique lorsqu’il désire s’isoler des dames et de la cour. Il jouit avec son souverain d’une proximité physique sans équivalent [23].
19 Pendant dix ans toutefois, ces activités ne lui assurent aucune fonction politique d’importance. Présent au Camp du drap d’or, il n’intervient pas dans les négociations [24]. Lors de la captivité du roi, Jean de Lorraine est avec Louis de Bourbon parmi les cardinaux qui encadrent Louise de Savoie, mais il ne joue aucun rôle au Conseil, à la différence de son frère, Claude de Guise [25]. Le passage au service du roi ne se fait qu’insensiblement. Sa participation aux conclaves joue peut-être un rôle dans la transformation de son statut.
20 François Ier obtient le chapeau de cardinal pour Jean de Lorraine en 1518. Le nouveau cardinal participe aux conclaves de 1522,1523 et 1534. Il joue un rôle déterminant dans le dernier. C’est lui qui propose la candidature d’Alexandre Farnèse [26]. C’est peut-être sa défense des intérêts du roi à Rome qui contribue à renforcer son poids politique à la cour.
21 À partir de la fin de la décennie 1520, donc, la trajectoire de Jean de Lorraine s’infléchit, s’enrichit, et s’officialise, tandis que sa lisibilité s’accroît. Il passe insensiblement, en quelques années, du statut de compagnon des plaisirs du roi à celui de pièce maîtresse des rapports de force au cœur du pouvoir royal, et cela, sans passer par la polyvalence habituelle aux prélats du roi, à ces hommes d’Église au service de la royauté. De ce point de vue, son parcours est étranger à celui d’un François de Tournon, qui atteint comme lui les plus hautes responsabilités dans l’État royal, mais seulement après avoir multiplié les missions administratives et diplomatiques et les commissions financières.
22 Le cardinal de Lorraine reste avant tout l’incarnation du caractère informel du service du roi, d’un service qui ne passe pas seulement par des offices et des commissions d’importances croissantes.
La lente montée en puissance d’un homme d’influence
23 Guicciardini écrit que lorsqu’en « juillet [ 1527], le cardinal d’York [Wolsey] vint à Calais, avec mille deux cents cavaliers, le roi de France, désireux de le recevoir avec les plus grands honneurs, envoya à sa rencontre le cardinal de Lorraine » [27].
24 Dans la préparation de la venue du légat en 1527, ce dernier fait office d’homme à tout faire du roi. Il repère le trajet que doit suivre le légat, et ordonne la construction d’un pont léger dans une petite ville en promettant aux habitants, au nom du roi, qu’ils seront remboursés pour leurs dépenses [28]. Il est ensuite envoyé au-devant de Wolsey pour l’accompagner à Amiens.
25 C’est à ses côtés que le légat fait son entrée dans la ville et c’est lui qui le mène à son logis puis revient le chercher pour le mener auprès de Louise de Savoie.
26 Au terme de la rencontre, il le raccompagne à Calais [29]. Durant les négociations, il fait partie de toutes les réjouissances. Lorsque Wolsey organise un dîner, le roi, Louise de Savoie, le Grand maître et le cardinal de Lorraine sont conviés, mais pas Louis de Bourbon, Duprat ou Gabriel de Gramont [30]. Ces prélats jouent exclusivement un rôle d’apparat (pour le premier) ou de négociation (pour les deux suivants). Mais une rencontre royale n’est pas qu’une affaire de pourparlers et de décorum. C’est aussi l’occasion de donner libre cours à la sociabilité d’une élite exclusive qui rejette les techniciens et la noblesse décorative. C’est sur ce troisième plan que se situe Jean de Lorraine [31]. Son statut de favori est exploité par François Ier comme manifestation tangible d’amitié. Le roi parle là un langage susceptible d’être compris par Wolsey. En Angleterre, en effet, la Privy Chamber s’est développée au début du règne d’Henri VIII sur le modèle de la chambre privée du roi de France. Les gentlemen et les Knights de la Privy Chamber jouent parfois le rôle de « full royal alter ego » [32]. Ils représentent le roi, et leur parole vaut une commission signée de sa main. Parmi les cinq ambassadeurs d’Henri VIII à la cour de François Ier dans la décennie 1520, quatre sont issus de la Privy Chamber. Le premier d’entre eux, Sir Richard Wingfield, reçoit la mission de mettre en avant sa position de familier du roi, afin que son ambassade soit interprétée comme signe d’amitié [33]. L’emploi et l’attitude de Jean de Lorraine en août 1527 font de lui l’équivalent d’un gentleman of the Privy Chamber. Sa parole est parole royale, et sa compagnie est synonyme de présence royale. Guicciardini a parfaitement saisi le sens du choix du cardinal par François Ier pour escorter Wolsey. L’officialisation de la place de Jean de Lorraine est donc progressive, et passe par une exploitation de la place privilégiée qu’il occupe dans l’entourage royal. Le passage de la sphère des plaisirs à celle des affaires de l’État est progressif. On a le sentiment que François Ier a voulu, dans un premier temps, tester le cardinal dans une mission de familier et non de conseiller ou de négociateur. Les rapports de Lorraine sur ses contacts de 1527 avec Wolsey soulignent le côté officieusement politique et officiellement familier de sa mission [34]. Le cardinal s’étant bien acquitté de ce rôle, le roi peut ensuite le faire entrer progressivement en son Conseil.
27 C’est en effet autour de la rencontre d’Amiens que peut se lire la mutation de statut de Jean de Lorraine. Il continue alors à cumuler les signes d’une faveur exceptionnelle sur le plan personnel et commence à multiplier les manifestations de son implication, symbolique et concrète, dans les affaires de l’État. En juin 1528, un règlement concernant l’ordre de préséance à observer dans les processions royales accorde la deuxième place, après le roi, à Jean de Lorraine et au roi de Navarre. Ainsi, lorsque le roi entre dans Paris, ou processionne au jour de Pâques fleuries ou de la Fête-Dieu, Jean de Lorraine est à ses côtés. Lors de la restitution des clefs de la ville de Toulouse aux capitouls par François Ier, le 3 août 1533, Jean de Lorraine est également présent. Au lendemain de l’affaire des placards, il est plus proche du roi dans la procession que le comte de Saint Pol, Montmorency ou Chabot [35]. Ce n’est pas à sa naissance (qui le place après tous les Bourbons et après ses frères) qu’il doit cette place de choix, mais à la seule faveur du roi. À la même époque, il multiplie les signes de sa participation aux affaires. En juin 1528, il est désigné comme conservateur français de la trêve d’Hampton Court. En 1529, il participe aux négociations de la paix des Dames. À partir de cette année, il multiplie les participations au Conseil du roi [36]. Cette évolution est sanctionnée par l’affirmation sans appel de Chabot à Montmorency : « Je vous avertis que nous avons un compagnon de crue aux affaires du Roy qui est monsieur le cardinal de Loreigne » [37].
28 C’est donc tout naturellement qu’aux conférences de Calais (octobre 1532), Jean de Lorraine joue un double rôle de conseiller et de familier. Il constitue alors une synthèse des rôles remplis par Bourbon, Gramont et lui-même lors de l’entrevue d’Amiens [38]. Il est tour à tour négociateur, conseiller, compagnon de jeu d’Henri VIII et de ses favoris et élément d’apparat, là où Duprat, Louis de Bourbon ou François de Tournon sont cantonnés dans un seul domaine. Son rôle est d’une richesse sans équivalent. Il effectue la jonction entre la personne du prélat de haut rang et celle du favori, celle du conseiller et celle du compagnon des plaisirs. Il est un et multiple par la seule grâce royale. Les conférences de Calais sanctionnent aux yeux de tous la place nouvelle occupée par Jean de Lorraine dans l’entourage de François Ier. Elle est symbolisée par les rumeurs qui courent au terme de la rencontre. On raconte ainsi que le cardinal de Lorraine doit se rendre en Angleterre avant la chandeleur pour une conférence avec le roi d’Angleterre, puis qu’en compagnie de Melanchthon il est attendu au parlement de Londres pour traiter de l’annulation du mariage d’Henri VIII [39]. En avril 1533, Henri VIII justifie l’arrestation de John Fisher, évêque de Rochester, en l’accusant d’avoir répandu le bruit que le roi d’Angleterre a envoyé une forte somme d’argent au chancelier de France et au cardinal de Lorraine pour convaincre François Ier de ratifier par corruption le nouveau mariage d’Henri VIII (célébré en secret le 25 janvier 1533). On n’a aucune preuve d’une activité de Fisher allant dans ce sens [40]. Quoi qu’il en soit, cette affirmation non fondée est un signe éloquent de l’influence du cardinal à ce moment. Ce ne sont ni Bourbon, ni Grammont, ni Tournon qui sont évoqués, mais le chancelier (un office) et Lorraine (un nom).
29 Après les conférences de Calais, Jean de Lorraine ne cesse de renforcer sa place auprès de François Ier. Son nom apparaît de plus en plus souvent dans les dépêches des ambassadeurs [41]. Selon certains, il a l’oreille du roi dans toutes les affaires d’État, est « meza l’anima del Re» ou « proprio l’anima del Rè» [42]. Selon d’autres, la faveur du roi le désigne pour l’annonce au roi de la mort du dauphin, le 10 août 1536 [43]. Nombreux sont les poètes et prosateurs à exalter cette proximité du souverain. Quoi qu’il en soit, il laisse encore la première place à Montmorency et à Chabot. Lorsque le grand maître est absent en octobre 1535 (il est en Languedoc), c’est l’amiral qui a la charge des affaires [44]. Un an plus tard, en septembre 1536, en l’absence d’Anne de Montmorency, le cardinal de Lorraine « a quelque influence sur la conduite des affaires », mais le secrétaire Villandry « âme du Grand Maître » s’occupe de tout [45]. C’est pourtant cette même année 1536 qui marque l’accession de Lorraine aux premières places du gouvernement royal. Il profite de l’effacement progressif de Chabot à la suite de la campagne d’Italie. On peut d’ailleurs se demander dans quelle mesure il n’a pas joué un rôle dans l’éloignement de l’Amiral, avec peut-être l’idée de prendre sa place aux côtés de Montmorency à la tête de l’État [46]. Quoi qu’il en soit, sa position auprès du roi est exceptionnelle avant même la mise à l’écart de Brion [47].
UN MINISTRE FAVORI
30 Durant quatre années, Jean de Lorraine est un élément incontournable des relations franco-impériales. En avril 1536, il est envoyé pour une mission coup de poing en Italie auprès de l’empereur et du pape, pour voir si, au lendemain de l’invasion de la Savoie (février 1536), les discussions sur Milan sont toujours possibles [48]. En novembre 1537, au terme d’un an et demi d’une guerre extrêmement coûteuse, Jean de Lorraine est avec Anne de Montmorency le négociateur de Salces dans le Roussillon, où les deux hommes cherchent à convenir d’une trêve. En juin 1538, il est, toujours avec Montmorency, l’artisan de la trêve de 10 ans signée à Nice entre le roi et l’empereur, sous l’égide du pape. Un mois plus tard, il est au premier plan de la rencontre d’Aigues-Mortes entre les deux souverains. Le 15 octobre 1538, il reçoit la reine de Hongrie, à Compiègne, avec le connétable. À la demande du roi, il écrit une lettre à l’empereur pour l’engager à passer à travers la France pour se rendre à Gand. Enfin, il est auprès de son souverain lorsqu’il assiste, du balcon du palais de Montmorency, à l’entrée de l’empereur dans Paris et lors de la réception qui a lieu ensuite au Louvre, il est vu discutant près d’une fenêtre avec le roi, la duchesse d’Étampes et le comte de Saint-Pol [49]. C’est sans doute cette proximité de tous les instants qui fait de lui l’un des hommes les plus influents du moment [50].
31 Durant cette période, en effet, Jean de Lorraine joue également un rôle déterminant dans la gestion des rapports avec l’Espagne en tant que centralisateur, toujours avec Montmorency, de la correspondance sur les affaires impériales. De leur côté, les ministres de l’empereur reçoivent l’instruction d’écrire régulièrement au Grand maître, ainsi qu’au cardinal de Lorraine. Jean de Lorraine fait partie des hommes, avec Montmorency (et parfois le chancelier), auxquels les ambassadeurs étrangers présentent leurs lettres de créance [51]. Lorsqu’en mai 1540, l’empereur souhaite rencontrer le roi de France pour régler les différends qui les opposent, il demande à ses ambassadeurs d’essayer d’obtenir l’accord du roi, et pour cela tout faire pour que le cardinal de Lorraine, ou le connétable, fassent la proposition de l’empereur au roi [52]. Enfin, Jean de Lorraine est celui à qui il faut s’adresser, avec Montmorency et Villandry pour obtenir des audiences [53]. D’une façon significative, un rapport diplomatique le présente introduisant l’ambassadeur Wyatt auprès de François Ier, lors d’une fête à laquelle il ne participe pas, indice attestant qu’il travaille pendant que le roi s’amuse, contrairement à ce qui prévaut lors de la décennie 1520 [54]. Son influence au Conseil sur différentes affaires est attestée par de très nombreux témoignages [55]. En 1540, d’ailleurs, le roi semble avoir un Conseil étroit particulièrement restreint composé de lui-même, du connétable et de Jean de Lorraine. Il ne l’élargit que dans le contexte des tensions avec l’empereur sur les questions Italiennes en y adjoignant les cardinaux de Tournon, Du Bellay, Hémard de Denonville et l’évêque de Soissons [56]. L’influence de Lorraine sur le roi est considérable. Il est le seul, avec la duchesse d’Étampes, à pouvoir contrebalancer l’influence de Montmorency, comme en témoigne un propos de Marguerite de Navarre au duc de Norfolk [57].
32 Jean de Lorraine est donc, avec Montmorency, à partir de 1536, l’homme qui compte. Cette association entre les deux hommes maintient toutefois une hiérarchie claire. C’est indiscutablement Montmorency qui dirige le duo [58]. À la fin de 1539, alors que l’empereur est en route pour Paris, le roi malade ne peut se rendre au-devant de lui. Il envoie donc Anne de Montmorency et ses deux fils. Le connétable quitte la cour au début de novembre et laisse « derrière lui le cardinal de Lorraine pour le remplacer temporairement dans ses fonctions auprès du roi » [59].
33 On sait que l’activité de Montmorency durant la campagne de 1536-1537 a l’heur de plaire au roi, qui le récompense en lui attribuant l’office de connétable, vacant depuis la trahison de Bourbon. Jean de Lorraine est d’ailleurs présent au Conseil, à Moulins, à cette occasion [60]. Les activités de Jean de Lorraine reçoivent elles aussi leur récompense. Ainsi, en octobre 1537, il reçoit une remise sur ce qu’il aurait dû payer dans l’imposition de trois décimes sur tout le clergé, pour son abbaye de Saint-Médard de Soissons. En octobre 1539, les commissaires sur le fait de l’emprunt demandé en 1537 et 1538 aux prélats du royaume reçoivent mandement de l’exemption dont Jean de Lorraine a bénéficié. Il reçoit d’autre part l’archevêché de Lyon en 1537. Charles Quint également est satisfait de l’activité de Jean de Lorraine et après lui avoir offert une coupe d’or ornée de saphir lors de l’entrevue de Nice, il lui verse une pension sur l’archevêché de Saragosse [61].
Jean de Lorraine, hors de la faction, le choix du réseau
34 À l’apogée de son influence, le cardinal entretient des relations privilégiées avec Montmorency. Elles présentent un caractère d’égalité empreint d’une amicale courtoisie. La plupart des lettres de Jean de Lorraine adressées à Anne de Montmorency se terminent par des expressions telles que « votre meilleur parfait ami », « votre entierement bon amy » ou « votre bien bon et parfait amy ». Il partage avec le grand-maître une sociabilité nobiliaire évoquant souvent la « compagnie » et exprimant le désir de le voir dans les parties de chasse et les fêtes royales [62]. Au début de la décennie 1530, lorsque le roi s’isole avec lui, il est son informateur et le tient au courant des sentiments et des projets du monarque [63]. Il ne cesse par ailleurs de lui demander de ses nouvelles, et affirme sans cesse qu’il est son ami le plus fidèle, s’associant parfois avec son frère pour le lui rappeler [64]. Il n’y a jamais de déférence ostentatoire de la part de l’un ou de l’autre. Si un ton protecteur est parfois adopté, c’est par le cardinal, et non par le grand maître, le premier rassurant le second sur les bonnes dispositions du roi à son égard [65].
35 La situation de Lorraine dans le jeu politique est donc très différente de celle de Montmorency. Le cardinal est un favori présent, un homme proche du roi au sens propre. Il l’accompagne à la chasse, à la danse, aux fêtes, aux dîners.
36 Montmorency le fait également, mais c’est aussi un homme de dossiers et de pouvoir. Ses écrasantes responsabilités, la correspondance politique incroyablement volumineuse qu’il entretient, ne peuvent que l’éloigner du roi à la différence de Lorraine qui, s’il est un homme d’influence, n’est que marginalement un homme d’administration [66]. Là où Montmorency ou un prélat comme Jean Du Bellay entretiennent une correspondance très riche avec les ambassadeurs en Allemagne et en Italie, Jean de Lorraine échange très peu de lettres avec les envoyés du roi [67]. Tandis que ces hommes jouent la carte de la compétence et de l’information, Jean de Lorraine joue celle de l’affection royale. Cette carte est payante et lui assure une place de choix dans l’entourage du souverain. Le statut exceptionnel du cardinal l’amène même à occuper parfois une fonction d’intermédiaire entre le roi et Montmorency, dans les contextes de crise. Ainsi, en 1540, alors que le connétable est mécontent des critiques dont il est l’objet, il recourt au cardinal de Lorraine pour demander au roi la permission de se retirer dans ses terres. Jean de Lorraine fait la commission, et le roi prie Montmorency de rester en lui disant que le seul reproche qu’il a à lui faire est de ne pas aimer ceux qu’il aime [68]. Cet épisode illustre tout à fait le statut particulier de Jean de Lorraine, un homme qui jouit à la fois de la confiance du roi et de celle de son principal ministre. L’attitude du roi montre aussi sans doute qu’à ce moment-là, il a encore besoin de Montmorency. Il est indispensable, personne n’étant là pour le remplacer. Lorsqu’il disposera d’un groupe de conseillers prêts à remplacer le connétable, il le congédiera sans hésitation.
37 Jusqu’à cet épisode, l’influence d’Anne de Montmorency est bien plus importante que celle de Jean de Lorraine dans le quotidien des affaires, et dans l’attribution des grâces. Les innombrables requêtes adressées à Anne de Montmorency dont on a conservé la trace l’attestent. À l’inverse, elles sont très rares chez Jean de Lorraine qui, lui-même, lui demande fréquemment d’intervenir pour ses protégés, lui disant assez lourdement qu’il n’aura pas affaire à un ingrat [69]. Pourquoi cette situation ? D’abord sans doute parce que les fonctions de grand maître font d’Anne de Montmorency un pourvoyeur de grâce inégalable, du fait de la position stratégique qu’il occupe. Ensuite, pour une raison plus pragmatique. Si Jean de Lorraine est sans doute en position d’obtenir à peu près ce qu’il veut du roi, il faut tout de même une sanction juridique, administrative, pour la plupart des faveurs (office, pension, lettres de naturalité, anoblissement etc.) sollicitées pour un protégé. Par sa place dans l’administration royale, son contrôle des chanceliers Du Bourg et Poyet, Anne de Montmorency est à même d’obtenir ces sanctions administratives, ce qui n’est pas le cas de Jean de Lorraine. La nature de leur influence est donc différente. Jean de Lorraine a l’oreille du roi, Anne de Montmorency l’a également, mais il a surtout la puissance politique que lui confère sa maîtrise des dossiers et des hommes de l’État. Le premier est au contact permanent de la source des faveurs, le second dirige leur acheminement. Dans une monarchie déjà en partie administrative, l’influence de Jean de Lorraine est assez vite limitée. Le cardinal et le grand maître ont besoin l’un de l’autre. Ils se complètent et ne se concurrencent pas [70]. Ils n’ont rien à gagner à un affrontement, mais tout à gagner à une association. C’est ce qu’ils font entre 1536 et 1540, alors qu’ils sont les deux hommes les plus puissants du royaume. Montmorency prend ainsi, en 1538, la défense de Jean de Lorraine, critiqué par les ambassadeurs du roi à Rome [71]. De son côté, pourtant, Jean de Monluc affirme que les agents de Jean de Lorraine à Rome ont travaillé en 1539-1540 à la ruine du connétable [72].
38 Cette accusation du protonotaire Monluc permet de préciser l’usage qui doit être fait des rapports diplomatiques. Quel poids leur accorder ? Quel parti adopter entre la confiance béate et la crâne perplexité ? Pour déterminer le crédit que l’on peut concéder à ces sources, il faut s’efforcer de répondre à trois questions. L’information est-elle confirmée par ailleurs ? Quel est son degré de médiatisation ? Ne peut-elle être le fruit d’une stratégie politique ou personnelle ? Prenons le cas de la lettre de Monluc. On a un seul autre témoignage, très indirect, d’une hostilité de Lorraine à l’égard de Montmorency [73]. La source dont s’inspire Monluc est ambiguë. Monluc a entendu dire que les agents du cardinal de Lorraine à Rome avaient affirmé que le connétable était en difficulté. Monluc est sur place, mais il n’est pas sûr qu’il ne rapporte pas des propos qui lui ont été à lui-même rapportés. L’affirmation de Monluc peut obéir d’autre part à une logique partisane. Le protonotaire est un agent de Claude d’Annebault [74]. Ne peut-on penser qu’il se fait le détracteur de Lorraine pour fragiliser l’alliance entre Montmorency et le cardinal, ou pour fragiliser le cardinal lui-même, afin de substituer au couple connétable~cardinal un couple connétable-maréchal ou un couple totalement nouveau maréchalcardinal de Tournon ? On est donc en droit de se demander si Monluc, par la diffusion de ces bruits, ne cherche pas à aider la carrière de son patron, ce qui se traduirait par un nouvel élan pour la sienne. Enfin, il est envisageable que les agents du cardinal échappent au contrôle de ce dernier, et qu’effectivement, ils raillent le connétable, sans obéir pour autant à un ordre de leur patron. Autant d’hypothèses qui nous amènent à remettre en cause cette idée parfois mise en avant d’une activité de Lorraine contre le connétable [75]. Quoi qu’il en soit, le connétable, comme on l’a vu plus haut, demande à cette même époque, au cardinal, de jouer l’intermédiaire entre lui et le roi. Leur association leur est utile à l’un comme à l’autre. L’officier et le favori, le laïc et le clerc ne sont pas positionnés sur le même champ de faveurs, et ils ont besoin l’un de l’autre. Jean de Lorraine n’a aucune raison et surtout aucun intérêt à vouloir la chute de Montmorency, qui l’affaiblirait lui-même, à moins d’avoir quelqu’un à mettre à sa place, ce qui n’est pas le cas. Le statut différent de Montmorency et de Lorraine assure à leur collaboration une sérénité comparable à celle qui préside à l’association de Claude d’Annebault et de François de Tournon entre 1543 et 1547, quoi qu’en veuillent ou qu’en disent ceux qui lorgnent leur place [76].
39 Une autre différence entre les deux hommes apparaît lorsque l’on étudie les individus qui les entourent. S’il est possible de parler d’un groupe voire peut-être d’une faction autour de Montmorency (les frères Du Bellay, les frères Dinteville, Jean d’Albon de Saint-André, René de Cossé, Guillaume Poyet, Jean Breton), ce n’est pas possible de le faire pour Jean de Lorraine. Il n’a pas les moyens de se créer des clients nombreux, à des postes clés. Il peut certes avoir des obligés, mais en plus petit nombre. Plutôt que de faction et de clients, on parlera pour Jean de Lorraine de réseau et d’agents. On peut en effet considérer qu’il existe une différence de nature entre les associations qu’utilisent les membres de la cour pour défendre leurs intérêts. Une faction est une association d’individus, généralement groupés autour d’un leader et dont l’objectif est d’accéder à la plus grande influence politique. Dans ce but, elle trouve face à elle d’autres factions. Le chef de faction s’efforce d’imposer ses protégés (ou clients) dans les différents rouages de l’administration, de la diplomatie ou du pouvoir. On peut discuter ensuite de la perméabilité de ces factions, de la fidélité de ses membres, et du contrôle que le roi exerce sur elles.
40 Il est en effet très difficile de savoir dans quelle mesure ces factions parviennent à influencer la politique royale. Quoi qu’il en soit, définies comme telles, elles existent. La question du gouvernement par les factions est une autre question.
41 Cela dit, le système de la faction ainsi défini n’est pas le seul moyen de conforter une position à la cour. Des personnages, moins influents que les leaders de factions, disposent de réseaux d’agents, à un moindre niveau, dont la fonction, primordiale, est d’informer et, éventuellement, d’agir en sous-main.
42 Le réseau, ainsi défini, est une faction en miniature, qui n’a pas, loin de là, le même poids politique, mais qui permet à celui qui en est maître de bénéficier d’une structure qui renforce son influence à la cour et dans le gouvernement royal. Des hommes comme Jean Du Bellay ou Jean de Lorraine disposent d’un tel réseau. Nous avons déjà évoqué le réseau de Jean Du Bellay. Celui de Jean de Lorraine est constitué de Lorrains, de Français, ou d’Italiens, qui servent ses intérêts, mais qui ne servent pas une politique. Citons seulement Toussaint d’Hocédy, évêque de Toul, le cardinal Robert de Lenoncourt, qualifié par Charles Quint de « cardinal du cardinal de Lorraine », Lazare de Baïf et Paul Porte [77]. Tout comme les factions, les réseaux ne sont pas des mondes clos.
43 Ainsi, Lazare de Baïf, agent du cardinal de Lorraine, est également un agent du cardinal Du Bellay et de Montmorency. Il importe pour ces hommes de servir plusieurs maîtres, ce qui renforce leur position à la cour. Jean de Lorraine se sert de son réseau pour essayer d’obtenir la légation de France, voyant le peu de résultat qu’engendrent son insistance et celle du roi auprès du nonce et ses demandes directes à Paul III. Il fait pression sur les ambassadeurs du roi en place et envoie ses propres serviteurs à Rome [78]. Pour la promotion de son réseau, Jean de Lorraine n’hésite pas à s’opposer aux volontés du roi.
44 Ainsi, il défend la candidature de Robert de Lenoncourt auprès du nonce, de Jean Du Bellay et d’Anne de Montmorency contre les candidats du roi au cardinalat, et envoie ses agents à Rome dans ce but [79]. Lorsqu’en décembre 1538, Lenoncourt finit par être promu, c’est contre le choix du roi qui s’est porté sur l’évêque d’Orléans, qui n’est autre que l’oncle de la duchesse d’Étampes, le futur cardinal de Meudon [80]. Par cet acte, Jean de Lorraine n’hésite pas à affronter le courroux de la maîtresse du roi, preuve de sa puissance et de la solidité de sa place auprès du souverain.
45 Chef de réseau, Jean de Lorraine est au-dessus des factions dominantes à la cour, comme l’atteste une lettre de novembre 1537 qui symbolise son indépendance à l’égard des clans et illustre son effort pour jouer jeu égal entre les deux fils du roi [81]. Au lendemain de la mort du dauphin François, la cour se divise de façon plus ou moins nette entre les deux fils de François Ier, le dauphin Henri, et Charles, duc d’Orléans. Anne de Montmorency est du côté d’Henri, la duchesse d’Étampes, Chabot, Marguerite de Navarre sont du côté de Charles. La place de Jean de Lorraine est très difficile à déterminer. Il est l’homme de François Ier, et non celui de l’un de ses fils. Jean de Lorraine est avant tout l’homme du roi, et ne s’inscrit pas dans une logique de faction.
46 C’est peut-être ce qui explique sa longévité politique.
L’homme du roi
47 À la différence de Montmorency, Lorraine n’oriente pas la politique du royaume selon ses propres analyses. Il n’exprime pas une vision personnelle des événements et des rapports de force. Pour les affaires de l’État, Jean de Lorraine n’a d’autre volonté que celle du roi. Il convient d’établir une distinction assez nette entre la faveur de Jean de Lorraine et celle de Montmorency. Le grand maître, comme Wolsey en Angleterre, est trop puissant, trop indépendant sur le fond, pour conserver un pur statut de favori. La faveur d’Anne de Montmorency dépend de la justesse de ses choix politiques ou stratégiques. La faveur de Jean de Lorraine dépend du bon vouloir du roi. Comment la conserver si ce n’est en lui plaisant ? Lui plaire en étant un gai compagnon de chasse ou de fêtes, un habile défenseur de sa politique, et en faisant ce qu’il attend de lui, en matière religieuse, comme en matière diplomatique. Aussi, on ne peut que difficilement suivre le nonce auprès de l’empereur lorsqu’il affirme que le parti impérial en France compte Montmorency, le roi et la reine de Navarre, le duc de Guise et Jean de Lorraine [82]. Certes, Jean de Lorraine a œuvré pour la paix avec l’Empire, mais n’a pas intrigué dans ce sens. Il a été le serviteur de la politique royale, c’est tout. Le maintien de faveur après 1541 va dans ce sens.
48 Si Jean de Lorraine avait été l’incarnation de la politique philo-impériale, comme Anne de Montmorency, il aurait sans doute disparu de la cour. La porosité de la volonté est une nécessité constitutive de la nature même du favori. Elle est particulièrement bien illustrée par les positions religieuses du cardinal.
49 Certains historiens voient en lui un adversaire de la Réforme. D’autres privilégient l’image du catholique modéré, protecteur de Marot [83]. Pierre Toussain écrit à Guillaume Farel à Bâle, le 9 décembre 1526 : « J’ai souvent parlé au cardinal de Lorraine à la cour, et certainement, il n’est pas hostile à l’Évangile ». Capiton écrit à Zwingli de Strasbourg, le 1er janvier 1527 : « Le roi favorise l’Évangile. Le cardinal de Metz n’y est pas hostile; on dit qu’il serait désireux de se marier » [84]. Après le discours du recteur Cop ( 1er novembre 1533), Jean de Lorraine se propose d’intervenir en sa faveur, puis change d’avis [85]. Sa position de départ dans cette affaire révèle sans doute l’état de ses convictions sur la question. Son changement d’attitude, dans un contexte où le roi a ordonné la rigueur sur les questions d’hérésie est à interpréter comme une soumission à la volonté royale. Il est vraisemblable que le cardinal est sensible aux idées nouvelles. La protection qu’il accorde à Érasme ou à Marot est le signe d’une ouverture à l’évangélisme [86]. Ceci dit, la traduction politique de cette sensibilité personnelle n’est pas évidente. Ce que l’on sait de l’attitude religieuse officielle de Jean de Lorraine recoupe à peu près exactement celle de François Ier. Qu’importent les convictions du cardinal : elles n’influent pas sur ses positions officielles. En aucun cas sa sensibilité ne doit contrecarrer la position royale. La volonté de François Ier est celle de Jean de Lorraine. Une telle analyse est confirmée par une lettre du 18 novembre 1535, de Jean Sturm, qui, de Paris, s’adresse à Martin Bucer. Selon lui, la cause de l’Évangile est dans une situation meilleure que jamais, et « en tout ceci, le cardinal de Lorraine suit le roi » [87]. Jean Sturm a sans doute parfaitement saisi la logique des prises de positions religieuses de Jean de Lorraine. De la même façon, si Jean de Lorraine écrit une lettre à Melanchthon pour l’inviter à se rendre en France en juillet 1535, c’est en parfait accord avec François Ier qui envoie une ambassade pour inviter le réformateur humaniste [88].
50 Jean de Lorraine a sans doute une sensibilité religieuse, et celle-ci le pousserait plutôt vers Dolet que vers Béda, mais en aucun cas, elle ne pèse face à la volonté royale : dans quelque direction qu’elle aille, Jean de Lorraine la soutient et l’encourage [89]. De même, après s’être opposé au mariage du roi d’Écosse avec Madeleine, fille de François Ier, qu’il convoitait pour son neveu d’Aumale, il finit par se « contenter de ce qui satisfait le roi » [90]. Sa volonté est, en définitive, celle du roi. C’est la clé de la durée pour un favori. Lors de leur chute, Wolsey ou Montmorency ne sont plus des favoris du fait de leur indépendance dans l’énonciation de la politique. Ils sont éliminés à la suite de l’échec d’une politique à laquelle leur nom est associé. Ce n’est pas la politique de François Ier ou celle de Henri VIII, mais celle de Montmorency et de Wolsey. Après quinze ans de quasi monopole, ils sont éliminés. Le ministre est un fusible. Il est écarté quand sa politique a déplu à une opposition en formation ou au souverain. Montmorency et Wolsey sont presque des concurrents.
51 Jean de Lorraine n’est jamais le concurrent du roi et son nom ne peut être associé à une politique. Il est l’homme du roi.
52 Ce soutien à la politique royale n’exclut pas des gestes en direction de la papauté. Dès juin 1525, le cardinal écrit à Clément VII pour vanter les mérites de la famille de Lorraine qui vient d’écraser les Rustauds à Saverne [91]. Dix ans plus tard, le pape demande que Jean de Lorraine soit remercié pour sa proposition de bons offices dans la libération des théologiens de la Sorbonne et de Béda en particulier en 1535 [92]. En 1537, le nonce affirme que le cardinal l’a assuré de son soutien sur la question du concile [93]. Il est peu probable en fait que cette assertion ait une forte signification politique. C’est en effet la seule trace que l’on ait d’un engagement (qui n’est d’ailleurs que verbal) en faveur du concile.
53 Cependant, l’affirmation du nonce est directe, et nette, sans médiateur : l’information qu’il diffuse lui vient directement du cardinal. Si ce dernier a bien tenu ces propos, quels peuvent être ses objectifs ? Il a, en 1537, deux requêtes à l’égard de la papauté : la légation de France, pour lui, et le cardinalat, pour son protégé, l’évêque de Chalons. On peut penser avec quelque raison que cette promesse faite au détour d’une conversation au nonce n’a d’autre but que de complaire au pape pour avancer ses affaires. D’ailleurs, la faveur accordée au concile n’est pas facile à interpréter. Elle peut recouvrir une position pontificale, impériale ou même évangélique. Qu’en est-il pour Jean de Lorraine ?
54 Homme de paix et de conciliation, loin de toute idéologie, il ne peut être défini comme un évangélique, un impérial ou un ultramontain. Cependant, ses sympathies vont à la fois aux évangéliques, à l’empereur et à l’institution pontificale à laquelle il est manifestement attaché [94]. Quoi qu’il en soit, il ne prendrait jamais le risque de perdre la faveur du roi pour une de ces causes.
55 Enfin, on peut se demander dans quelle mesure les serviteurs du roi n’endossent pas un personnage qui n’est pas le reflet d’une position personnelle, mais plutôt le témoin d’un souverain metteur en scène distribuant les rôles pour chaque public. Il y a ainsi le philo-papal (Lorraine), le philo-protestant (Du Bellay), le philo-anglais (Du Bellay) etc. et quelques conseillers polyvalents (Chabot, Tournon, Annebault) [95]. Un tel fonctionnement rassure les interlocuteurs en les persuadant qu’ils disposent d’un cheval de Troie dans la place et leur permet d’entendre ce qu’ils désirent entendre [96]. Ce pseudo-allié envoie des signes favorables, même lorsque les positions défendues officiellement sont contraires. Il n’est pas pour autant un traître ou un indépendant. Il joue le rôle pour lequel le roi l’a engagé. Lorsque le souverain ou le contexte décident de réorienter la politique, le sérieux avec lequel il a joué son personnage le désigne pour reprendre les négociations. La situation est résumée de façon limpide dans le cadre de négociations franco-anglaises par le secrétaire Bayard dont les propos sont rapportés par Stephen Gardiner, évêque de Winchester :
« Comme je [Gardiner] leur parlais [aux envoyés de François Ier ] avec franchise, je fus (… ) qualifié de mauvais Français. Bayard me dit qu’il m’aimait d’autant plus pour ma franchise (… ) « on m’appelle le pire des impériaux, et je suis », ajouta-t-il, « uniquement le serviteur de mon maître » [« my masters servaunt oonly »] (… ) je ne peux pas supporter un homme qui favoriserait les affaires d’un autre prince que son maître » [97]
57 Un dernier moyen de servir son souverain consiste à lui ouvrir sa bourse. Le roi aime en effet à profiter du crédit gracieux de ses serviteurs et en particulier des prélats, qui ont la chance de jouir de revenus importants, dont ils lui sont, en partie, redevables. Jean de Lorraine, prélat cumulard, devrait donc être un modèle de prêteur. Il devrait d’ailleurs l’être doublement. En effet, selon l’hypothèse formulée par Philippe Hamon : « Le roi sollicite… ceux qu’il peut solliciter, c’est-à-dire ceux qui sont proches de lui au moment où l’argent est nécessaire ou ceux qui disposent alors de liquidités mobilisables » [98]. C’est le cas de Jean de Lorraine, ombre du roi et prélat montrant, dans la gestion de ses revenus, une application et une constance sacerdotales. Il refuse systématiquement toutes concessions d’argent à ses diocésains, n’hésitant pas à aller jusqu’au procès, à Narbonne comme à Albi. Il multiplie la création de foires et de marchés dans les territoires sous son contrôle, en tant qu’archevêque de Narbonne, abbé de Cluny ou archevêque de Reims. Lorsqu’au début de juillet 1528, il est dans l’impossibilité de jouir des revenus de son évêché de Therouanne, il s’adresse à la régente de Flandres, à Wolsey, à Jean Du Bellay, et à Anne de Montmorency, après avoir demandé au roi d’intervenir en sa faveur [99]. Pour jouir de ses revenus, il n’hésite donc pas à solliciter un souverain, une régente, un légat, un ministre et un ambassadeur. Enfin, il se montre particulièrement tenace dans la poursuite de bénéfices [100].
58 Au total, c’est douze évêchés et neuf abbayes qui passent entre ses mains [101]. Ses revenus sont donc considérables, il devrait donc figurer au premier rang des prêteurs de François Ier [102]. Or, il est absent des trois listes sur lesquelles figurent les noms de ceux à qui le roi a emprunté pour les années 1527-1531. Toutefois, on ne peut exclure que Jean de Lorraine soit présent sur d’autres listes aujourd’hui perdues, pour la même période ou pour des périodes antérieures ou postérieures. C’est en tout cas très vraisemblable. Une hypothèse est encore à formuler.
59 Jean de Lorraine a peut-être une générosité peu visible, il joue peut-être un rôle de prêteur solitaire. Accorde-t-il des prêts discrets ? Finance-t-il les fêtes royales [103] ?
60 Il participe par son faste au prestige de la cour. On sait par exemple qu’il entretient des musiciens et des chanteurs qui interviennent lors des grandes rencontres diplomatiques [104]. On sait également qu’il verse au nom du roi des pensions à des agents romains ou impériaux [105]. Quoi qu’il en soit, il faut se résigner au silence et aux hypothèses sur d’éventuels dons ou prêts accordés par Jean de Lorraine à François Ier.
UN FAVORI EN RÉSERVE DE LA ROYAUTÉ
61 Les rares historiens qui ont travaillé sur Lorraine affirment, sans citer de sources, que Jean de Lorraine connaît une disgrâce définitive à partir de 1542 [106]. Plusieurs témoignages vont en effet dans le sens d’un éloignement de Jean de Lorraine au tournant de 1541-1542, dans le contexte de tensions qui suit la disgrâce de Montmorency au lendemain du 15 juin 1541. Ainsi, selon le nonce, dès le 27 août 1541, Jean de Lorraine et Robert de Lenoncourt, mécontents de l’état d’esprit régnant à la cour, souhaitent ne pas y rester [107]. Il apparaît d’autre part que Marguerite de Navarre, qui lui était jusque-là favorable, s’est éloignée de lui [108]. Le 11 janvier 1542, elle a de durs propos à son égard, l’accusant d’avoir été le soutien de Poyet pour les affaires de son frère le duc de Lorraine lors des conventions de Dijon. Enfin, l’attitude d’Antoine de Lorraine a pu mécontenter le roi et fragiliser son frère à la cour. À partir de 1539 en effet, le duc s’éloigne progressivement de François Ier, et se rapproche de Charles Quint. Le 10 juillet 1540, François, son fils aîné, épouse Chrétienne de Danemark (élevée à la cour de sa tante Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, sœur de Charles Quint) et en août 1540, sa fille Anne, épouse René de Châlon, favori de l’empereur [109]. Signalons toutefois qu’en novembre 1536, alors que Jean de Lorraine est au cœur du pouvoir royal, François Ier est déjà mécontent de la neutralité du duc Antoine, sans répercussions pour le cardinal [110].
62 De nombreux témoignages prouvent d’ailleurs que Jean de Lorraine reste l’un des premiers familiers de François Ier jusqu’à la fin du règne. On le présente souvent comme l’un des deux mignons de François Ier (le second étant le cardinal de Ferrare), dans un gouvernement dirigé par l’Amiral en l’absence du cardinal de Tournon, d’Annebault et du chancelier en prison [111]. Il est le seul avec la reine de Navarre a pouvoir calmer les ardeurs belliqueuses du roi [112]. Lorsque le roi rend son jugement dans l’affaire des révoltés de la gabelle de LaRochelle, le 31 décembre 1542, il est présent [113]. Sa présence est significative dans un contexte où la royauté entend se montrer dans toute sa majesté et sa puissance. Il fait toujours partie des quelques hommes qui comptent dans l’entourage du roi. L’ambassadeur du duc de Ferrare rapporte à son maître comment il a rendu visite le 18 décembre 1543 au duc d’Orléans, à Annebault, Mme d’Etampes, et aux cardinaux de Lorraine, Tournon et Du Bellay [114]. Au début de juillet 1544, François Ier est resté alité avec de la fièvre, et personne n’entre dans sa chambre à l’exception du cardinal de Lorraine, de Mme d’Etampes, de la reine de Navarre et de M. de Boisy. Dans la sphère des plaisirs, le cardinal occupe toujours le premier rang. Il participe fréquemment à des dîners et à des fêtes. À chaque fois, son arrivée est éclatante. Il apparaît ainsi aux côtés du roi déguisé en Turc enturbanné, en ours ou en ermite couvert de feuilles et de branchages [115].
63 Cela dit, le cardinal de Lorraine a-t-il pour autant conservé toute son influence politique ? Il semble bien que non. Mais, son poids politique exact est très difficile à déterminer en raison de la structure même du gouvernement après la disgrâce de Montmorency. En effet, au lendemain du départ du connétable, François Ier tente d’établir un gouvernement collégial qui ne soit plus entre les mains d’un ministre tout puissant [116]. Si par la suite, Claude d’Annebault s’impose comme le principal ministre du roi, il n’occupe jamais une position aussi prééminente que celle de Montmorency [117]. Dans cette organisation nouvelle, la collaboration aux affaires du cardinal de Lorraine est bien moindre que celle d’Annebault et de Tournon. Il n’est que le troisième personnage de l’État loin derrière eux et avant le cardinal de Ferrare [118]. Il semble entretenir de bons rapports avec l’Amiral, à la table duquel il se trouve souvent, et auprès duquel le cardinal Du Bellay lui demande d’intervenir à la suite d’un conflit qui l’a opposé au ministre [119]. Entre 1541 et 1546, il participe régulièrement au Conseil pour des affaires de justice ou de finances [120]. En octobre 1542, le roi, exploitant l’emplacement stratégique des bénéfices de son prélat lui fait négocier des lettres de neutralité avec l’empereur [121]. Dans la même logique, il l’utilise en 1545 pour régler le différend qui oppose la France et la Lorraine dans le contexte des tensions avec l’empereur [122]. Son envoi comme hôte/otage auprès de l’empereur en septembre 1544 au lendemain de la paix de Crépy atteste toutefois de la place secondaire qu’il occupe au cœur de l’État [123]. En effet, les otages sont des gens importants mais dont, par définition, on peut se passer. Jean de Lorraine retrouve, dans un contexte de tension, la place qu’il occupait, dans un contexte de détente, à Amiens en 1527. Il est l’homme du roi, gage d’honneur et garantie de sincérité, mais il n’est plus qu’un conseiller annexe. La roue a tourné [124].
64 Il est possible toutefois que Jean de Lorraine ait réellement perdu pendant quelques semaines ou quelques mois la faveur royale. La disgrâce passagère est une pratique courante sous François Ier ou Henri VIII. Montmorency, Duprat, François de Tournon ou Chabot l’ont expérimentée à leurs dépens, ainsi que Dudley ou Stephen Gardiner en Angleterre. C’est une façon pour le roi de rappeler qu’il est la source de toute influence. Quoi qu’il en soit, étant donnée l’importance de Lorraine, une disgrâce éclatante ne serait pas passée inaperçue. Devant le silence des ambassadeurs du roi d’Angleterre, de l’empereur, de Venise, de Ferrare, de Mantoue ou du pape on est forcé de remettre en cause cette affirmation si souvent répétée. Cette disgrâce passagère, si elle a eu lieu, se situerait d’ailleurs plutôt en 1543. Il est en effet exclu d’un rôle de ceux qui doivent faire partie du Conseil ( 26 février 1543) [125]. Il est peut-être toute-fois simplement absent de la cour à ce moment.
65 La situation de Jean de Lorraine dans le gouvernement de François Ier des années 1543-1547 est donc originale. Il occupe une place de conseiller de seconde zone, prêt à remplacer Tournon ou Annebault si nécessaire. D’une façon insensible, ou en tout cas difficile à préciser, Jean de Lorraine a perdu progressivement une partie de son influence politique, au début de la décennie 1540, de la même façon qu’il l’avait gagnée progressivement à la fin de la décennie 1520. Il est clair en tout cas qu’à la mort de François Ier, son influence est vraiment secondaire. Dans la lettre que Guillaume Bochetel écrit à son gendre L’Aubespine pour l’informer des changements au Conseil, le 4 avril 1547, il évoque les poids politiques de Montmorency, Tournon, Annebault et Bayard, mais ne parle pas de Lorraine [126]. Pourtant, jusqu’au bout, le cardinal conserve parallèlement le statut de mignon de François Ier.
66 Lors des funérailles de François Ier, il se distingue. Tandis que tous les cardinaux français sont présents, il a préféré ne pas venir ce qui « non e stato trovato buono » [127]. Malgré cela, son statut ne change pas sous Henri II [128]. L’ambassadeur du duc de Ferrare résume sans doute assez bien la situation lorsqu’il écrit que le cardinal de Lorraine devrait s’en tirer grâce à ses neveux [129]. Si l’on ajoute que son statut de vieux conseiller au courant des affaires joue un rôle dans son maintien dans l’entourage du roi, on a sans doute dit l’essentiel. Sous le règne d’Henri II, pas plus qu’à la fin du règne de François Ier, Jean de Lorraine n’est un conseiller déterminant et s’il conserve une place au conseil, ses lettres à ses neveux François et Charles le montrent quémandeur d’informations et de faveurs [130]. Sa dernière émotion politique est la tentative d’Henri II de le faire élire pape à la mort de Paul III. Charles de Guise se rend à Rome avec une liste de candidats choisis par le roi, dont son oncle occupe la tête sous le nom de code de Foursoulou [131]. Sa candidature échoue. C’est à son retour de Rome qu’il meurt le 18 mai 1550 [132].
67 La trajectoire de Jean de Lorraine montre un individu qui jouit sans discontinuité de la faveur du roi de 1522 à 1547. Elle apporte des précisions essentielles sur le statut de favori à travers les réalités du familier et du conseiller.
68 Sous le règne de François Ier, la faveur n’est pas univoque et frappe par la richesse de ses modes d’expression. Au regard de la place du cardinal auprès du souverain, on est en droit de se demander si Montmorency, formellement le premier favori du roi par sa « capitalisation des signes de l’exception », ne vient pas en fait après Jean de Lorraine dans la liste des plus proches compagnons du roi. Incarnation du règne de l’informel, Lorraine est simplement l’homme du roi. Il fait le choix de la toute puissance royale, s’abandonnant à la gratuité de la grâce du souverain, ne cherchant pas à se rendre indispensable et ne jouant ni la carte de la compétence technique, ni celle de la faction. Montmorency, lui, par sa dimension d’homme de gouvernement, de ministre tout puissant et de chef de faction, a une stratégie différente. Si la faveur royale est le point de départ de sa carrière, son omnipotence finit par lui garantir une certaine indépendance. Sa puissance est sa faiblesse. C’est pour cela qu’il a besoin du cardinal et que le cardinal a besoin de lui. Ils incarnent la dépendance mutuelle du ministre-favori et du favori-ministre et illustrent la richesse de la faveur sous le règne de François Ier. Cette situation s’éclaire si l’on établit une distinction, pas nécessairement exclusive d’ailleurs, entre les faveurs politique et privée [133].
69 Sous François Ier, à la différence de ce qui se passe sous Henri III, il n’y a pas confusion entre les sphères du politique et du privé à la tête de l’État, mais subtil chevauchement, parfaitement maîtrisé par un souverain suffisamment maître du jeu pour joindre ou disjoindre à volonté les deux univers selon ses intérêts [134]. C’est ce qui se passe pour Jean de Lorraine, compagnon des plaisirs devenu ministre puis à la fois renvoyé aux plaisirs et conservé en réserve.
70 Le favori peut donc être, au choix, et successivement, simple compagnon des plaisirs, ministre, puis conseiller de second plan. Paradoxalement, l’usage que fait François Ier de la faveur fait de lui un intermédiaire entre Henri III et Henri IV [135]. Là où Henri III unit les sphères privée et politique, Henri IV les dissocie, tandis que François Ier les mêle et les démêle à volonté.
Notes
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[1]
Giovanni et Girolamo Verrazano navigateurs de François Ier, Paris, Imprimerie nationale, 1982, p. 27. Cette terre correspond actuellement au Delaware et au New Jersey.
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[2]
Des lettres de Jean de Lorraine sont conservées à la Bibliothèque nationale (désormais BnF), aux Archives Nationales (désormais AN), à la British Library (Londres; désormais BL), à la Bibliothèque d’Édimbourg (Écosse), à la Bibliothèque Municipale de Dijon, au musée Condé à Chantilly, aux archives de Meurthe-et-Moselle (désormais AD 54), aux archives communales et départementales d’Albi ( 81), à l’Archivio di Stato di Mantova (Mantoue) et à l’Archivio Segreto Vaticano (Rome, désormais ASV).
-
[3]
Notons dès à présent que Jean de Lorraine, frère de Claude, premier duc de Guise, ne s’est jamais appelé Jean de Guise, et qu’il n’a jamais été cardinal de Guise. Pourtant, c’est à cette entrée qu’il se trouve dans de très nombreux index. C’est le cas par exemple dans l’index des manuscrits du fonds français de la BnF.
-
[4]
A. COLLIGNON, Le mécénat artistique du cardinal de Lorraine, Nancy, Annales de l’Est, 1911.
-
[5]
Ainsi, Richard FREEDMANN, en conclusion d’un article sur le mécénat musical de Jean de Lorraine, écrit : « Exemple représentatif d’un prélat issu de la haute noblesse, Jean de Lorraine apparaît comme un homme qui a préféré, plutôt que d’exercer un pouvoir politique et économique, favoriser la création culturelle, laquelle lui a conféré le prestige mythique de l’ancien Mécène lui-même. », dans Yvonne BELLENGER (dir.), Le mécénat et l’influence des Guise, Paris, Honoré Champion, 1994, p. 173.
-
[6]
Guy CABOURDIN, Histoire de la Lorraine, Les Temps modernes, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1991, p. 11; René de BOUILLÉ, Histoire des ducs de Guise, Paris, Amyot, 1849, p. 46.
-
[7]
State Papers (désormais SP ), Londres, 1832, VI, p. 55, le 26 mars 1520; p. 60, le 18 avril 1520.
-
[8]
Sur ces questions, voir Michel PARISSE éd., Histoire de la Lorraine, Toulouse, Privat, 1978, p. 213; G. CABOURDIN, op. cit., p. 8-10. Malgré les bonnes relations de Jean de Lorraine avec son frère, on a la trace de quelques procès qui les opposent, précisément sur des questions de juridictions (AD 54, B 15, f° 53; B 16, f° 234; G. 1233).
-
[9]
Cité par G. CABOURDIN, op. cit., p. 21.
-
[10]
AD 54, B 17, en particulier f° 264 v° à 267 ( 26 septembre 1527) et AD 54, B 17, f° 2 v°. Le comte de Nassau-Sarrebruck fit appel à l’empereur, qui porta l’affaire devant le Reichskammergericht (tribunal impérial). Le verdict n’intervint qu’un siècle plus tard en 1629 (G. CABOURDIN, Histoire…, op. cit, p. 22).
-
[11]
AD 54,5 F 23 et B 365. Hattonchâtel revient sans doute ensuite, à nouveau à Jean de Lorraine, puisque son successeur Nicolas de Lorraine consent à échanger cette seigneurie avec le duc de Lorraine contre un abandon par ce dernier d’une créance de 120000 francs, le 11 décembre 1546 (AD 54,3 F 440). Jean de Lorraine confirme ce marché, le 16 décembre 1546, ibid., f° 529-532. Charles Quint consent à cet échange par lettres patentes, d’Augsbourg et de Bruxelles, les 14 novembre 1547 et 5 octobre 1548 ( ibid.; f° 533-534). Jean de Lorraine engage également son château de Nomeny à une date indéterminée (AD 54, B 840, Layette).
-
[12]
AD 54, B 13, f° 36 à 41 et 42 à 45 v°. Signalons toutefois que, depuis 1402, l’évêque de Metz et le duc de Lorraine sont associés pour l’exploitation en commun de leurs salines, avec partage égal des recettes et des dépenses, et qu’à partir de l’épiscopat de Georges de Bade ( 1459-1484) prévaut la forme du bail des salines de l’évêque, pris par les ducs. G. CABOURDIN, op. cit., p. 28-29. Il ne s’agit donc de la part de Jean de Lorraine que de la prolongation d’un mode d’exploitation des salines de l’évêque de Metz, qui remonte au XVe siècle.
-
[13]
AD 54,3 F 438, f° 39 : « il y a mis pres de Cinquante mil francs en deniers cleves receuz par nous pour nos particulieres necessitez et entretien de nostre estat. Oultre les frais par luy soustenus aux faitz de noz provisions, mesmes de notre dignité de cardinal, montant à plus de trente mil francs, sans autres frais et parties inopines de grande somme ».
-
[14]
AD 54,3 F 312, le 14 juin 1540.
-
[15]
AD 54, B 6158; B 6596 et B 8128; B 7224, f° 35 v°, f° 39 v.; AN, J 961 ( 8), n° 20, anc. J 962, n° 150 et LP, XIII, Ii, p. 290; AD 54, B 7629; Calendar of State Papers, Spanish (désormais CSPSp), 1546, Londres, 1904; AD 54, B 6176, B 8631 et B 4433.
-
[16]
Archivio di Stato di Modena, Cancelleria, Sezzione Estero, Carteggio Ambasciatori, Francia (désormais, Arch. di Stato di Modena), B. 21, f° 127-134, Alvarotto au duc de Ferrare, de Blois, le 7 mai 1545; Arch. di Stato di Mantova, A.G. 640, Tommaso Sandrini au cardinal et à la duchesse de Mantoue, le 6 mai 1546. Cf. aussi CSPSp, 1546, p. 195. Nicolas de Lorraine est le fils du duc Antoine, et le frère du duc François ( 1544-1545). Le cardinal est souvent présenté comme un patriarche qui emmène toute sa famille pour les réunions familiales en Lorraine ( Letters and Papers 1546 –désormais LP, Londres, 1910, I, p. 377. Lettre du duc de Longueville à sa mère, le 6 mai 1546.
-
[17]
ASV, Principi, vol. VII, f° 541, lettre de Jean de Lorraine à Clément VII, du 6 novembre 1532, qui demande l’attribution à Charles (fils de Claude de Guise, et futur cardinal de Lorraine), d’une abbaye vacante du fait de la mort de Robert de Lenoncourt. C’est lui qui présente ce même Charles, à peine sorti du collège de Navarre à François Ier. Charles WADDINGTON, Ramus, Paris, Meyrueis, 1855, p. 61. On trouve chez Bayle, l’idée que Charles de Lorraine l’a dépouillé de son vivant et chez Régnier de La Planche, l’idée que Charles de Lorraine pourrait ne pas être étranger à la mort de son oncle.
-
[18]
Sur le mariage de son neveu : Acta nuntiaturae Gallicae (désormais A.N.G. ), t. I, Jean LESTOCQUOY éd., Paris, 1961, p. 570 (lettre du 23-24 juin 1540) et p. 597; A.N.G., t. III, Jean LESTOCQUOY éd., Paris, 1963, p. 9. Une dizaine des lettres de Jean de Lorraine à sa nièce ont été conservées à la bibliothèque d’Édimbourg. Cf. LP, XIII, p. 104,523 ( 1538); XV, Nos 789,1023 ( 1540); XVIII, Nos 30,536,537 ( 1543); XX, Nos 517,718 ( 1545); XXI, Nos 1077,1174 ( 1546). Sur le mariage de Madeleine de France : A.N.G., t. I, p. 209, lettre du 18 novembre 1536 et p. 210, lettre du 21 novembre 1536. LP, XI, p. 381. Jean de Lorraine est cependant témoin du contrat de mariage le 26 novembre 1536, cf. J. DU MONT, Corps universel du droit des gens, Amsterdam, 1726, IV, 2, p. 140.
-
[19]
La seule critique est formulée par Marguerite de Navarre, selon laquelle Poyet n’aurait dû sa faveur qu’« à cause des excessives importunités du cardinal de Lorraine qui avait besoin de lui au moment de la convention faite à Dijon entre le duc de Lorraine et le roi »: A.N.G., t. III, p. 109. Lettre du 11 janvier 1542.
-
[20]
Ordonnances de François Ier 1538-1539 (désormais Ordonnances… ), Paris, 1992, p. 390.
-
[21]
LP, III, p. 937 ( 28 avril 1522), BL, Vesp. C II 7 et LP, III, p. 1069 ( 8 septembre 1522).
-
[22]
Chasse : BnF, ms Fr. 3635, f° 84 et BnF, Ms Fr. 3635, f° 52 où il se plaint de l’endurance du roi : « le roy ne fait autre mestyer que courrir les cers (… ) la peine mestoit plus grande que le plaisir car depuys le matin jusques au soir nous eusmes bon exercice ». Jeu de paume : Catalogue des actes de François Ier, Paris, 1887-1910, (désormais C.A.F. ), II, 18. La place des Lorraine comme compagnon du roi au jeu de paume traverse les générations. Ainsi, « François d’Aumale trouve la source de sa faveur dans son habileté à la paume où il est devenu le partenaire le plus habituel du dauphin (en 1538)», Ivan CLOULAS, Henri II, Paris, Fayard, 1985, p. 99. Élégance : Arch. di Stato di Mantova, A.G. 638 (Marcantonio Bendidio à la duchesse de Mantoue, le 23 janvier 1539. Le cardinal de Lorraine a participé à une fête royale déguisé en satyre); LP, IV, p. 1448-1449; janvier 1537, LP, XII, I, p. 11; juillet 1546 : SP, XI, p. 231. Débauche : Arch. di Stato di Mantova, A.G. 636, lettre du 4 février 1521, de G. Suardino au Marquis de Mantoue; Arch. di stato di Modena, busta 10, Alberto Sacrato au duc de Ferrare, le 18 février 1534 rapporte les modalités du mariage de la maîtresse de Jean de Lorraine et busta 15, Cavalerio Sacrato traite du même sujet dans une lettre au duc de Ferrare du 8 septembre 1539 (« una venetiana nominata Benevuta, che fu condutta da Monsr Rmo Lorena [a été mariée à un gentilhomme étranger à la cour] (… ) S. Mta le ha dato in Dote 1500 ducati, Monsr Rmo Lorena 500 »); SP, VII, Bryan à Henri VIII, le 23 mars 1531.
-
[23]
BL, Add Ms 8715, f° 131, le 27 octobre 1535; SP, VIII, p. 108; Bonner à Cromwell, de Rome, le 6 décembre 1538; A.N.G., t. I, p. 81; Arch. di stato di Modena, busta 11, Hieronymo Feruffino au duc de Ferrare, le 3 novembre 1535. BnF, Ms Fr., 3635, f° 50 (compagnon unique). Il le suit même dans les guerres. Il est ainsi présent à Pavie : ASV, Lettere di Principi, III, f° 306, lettre de Jean de Lorraine à Clément VII, du 3 novembre 1524. Au lendemain du désastre, il écrit au pape pour lui demander d’intervenir en faveur de François Ier (ASV, Lettere di Principi, III, f° 57, lettre de Lyon, du 12 mars 1525).
-
[24]
MONTFAUCON, L’ordre de l’entrevue et visitation des rois de France et d’Angleterre (Monuments de la monarchie française, t. IV, p. 164-180). Signalons toutefois qu’en janvier 1523, il participe en compagnie des cardinaux de Bourbon et de Clermont à des négociations avec les ambassadeurs d’HenriVIII et de Charles Quint ( C.A.F, I, 368,1962).
-
[25]
En revanche, il est auprès du roi dès sa libération : il entre ainsi à ses côtés à Bordeaux, le 9 avril 1526 (Archives départementales de la Gironde, G. 286, f° 121).
-
[26]
CSPSp, 1509-1525, p. 387,588,590. SP, VI, p. 188. Richard COOPER, « Le rêve italien des premiers Guise », in Y. BELLENGER, op. cit., p. 120; L. VON PASTOR, Histoire des Papes depuis la fin du Moyen Âge, Paris, 1925-1934, XI, 8,13,219-220,549,552; F. de ROSIÈRE, Stemmatum Lotharingiae avec Barri ducum tomi septem, Paris, G. Chaudière, 1580, in-f°, f° 346.
-
[27]
Francesco GUICCIARDINI, Histoire d’Italie, J.-L. FOURNEL et J.-C. ZANCARINI éd, Paris, Robert Laffont, 1996, II, 522. Voir aussi BnF, Ms Fr., 3635, f° 82.
-
[28]
BnF, Ms Fr. 6637, f° 12.
-
[29]
Calendar of State Papers, Venitian (désormais CSPVen), 1527-1533, Londres, 1873 p. 81-83, 86-87,169. SP, I, p. 218-223,235-253; LP, III, p. 1497-1498; LP, IV, p. 1492-1493.
-
[30]
On connaît la présence des différents cardinaux à Amiens par une lettre écrite au Pape Clément VII en captivité et signée des cardinaux Wolsey, de Bourbon, Salviati, de Lorraine et de Sens. BnF, Ms Fr. 20929, f° 145-146.
-
[31]
Et uniquement sur ce troisième plan : il ne joue aucun rôle dans les négociations de la Convention d’Amiens, et ne figure même pas parmi les garants de l’accord. Ordonnances…, p. 89 et 96.
-
[32]
David STARKEY, « Representation through intimacy : A study in the symbolism of monarchy and Court office in early modern England », 1977, repris in The Tudor Monarchy, John GUY (ed.), Londres, Arnold, 1997, p. 42-78.
-
[33]
PRO, SP 1/19, f° 200, LP III, I, 629. D. STARKEY, art. cit., p. 56.
-
[34]
BnF, Ms Fr. 3635, f° 82 : il affirme « ses parolles (de Wolsey) sont tousiours fort honnestes et semblent proceder du fond de lestomac ».
-
[35]
Processions royales : Ordonnances…, p. 157-158. Entrée dans Paris : Journal d’un bourgeois de Paris sous François Ier ( 1515-1536), éd. V.L. BOURRILLY, Paris, 1910, p. 267,292,293 et passim. Entrée dans Toulouse : Archives communales de Toulouse, AA 3, f° 346. Affaire des Placards : FONTAINE, Histoire catholicque de nostre temps, Paris, Fremy, 1560, p. 190 v°.
-
[36]
Trêve d’Hampton Court : Ordonnances…, p. 158-164. Présence au conseil : X 1a 8612, f° 109-110 v° (janvier 1528); Ordonnances…, p. 264,282,285, séances du 11 septembre, et 10 décembre 1529; Ordonnances… 1530-1532, p. 122,285, séances du 16 octobre 1530 et du 6 septembre 1532; Ordonnances… 1533-1535, p. 206,403, séances du 27 février 1534 et d’octobre 1535; A.N., X 1a 8613, f° 400 ( 4 juin 1536).
-
[37]
BnF, Ms Fr. 3067, f° 63. Lettre du 15 avril 1530.
-
[38]
Sur cette rencontre, voir CSPVen, 1527-1533, p. 361-368; BL, Add. Ms 20030, f° 134 b; LP, V, p. 760-761; P.A. HAMY, Entrevue de François premier avec Henry VIII à Boulogne sur mer en 1532, Paris, 1898, p. 68.
-
[39]
CSPVen 1527-1533, p. 371,376-377.
-
[40]
LP, VI, n° 324 (p. 150), CSPS, IV, ii, n° 1058. M. DOWLING, Fisher of Men : a Life of John Fisher, 1469-1535, Londres, MacMillan, 1999, p. 144. La raison de son arrestation, est en fait sa défense ferme et résolue du pape et de la reine Catherine d’Aragon ( ibid., p. 144).
-
[41]
Arch. di stato di Modena, busta 11. Pour 1535, lettres de Hieronymo Feruffino, des 9,20 et 30 avril; 5 et 13 mai, 14 et 24 juin; 10 et 26 juillet etc.
-
[42]
E. ALBERI, Relazioni degli ambasciatori veneti al Senato, ser. I, I, 192. A.N.G., t. I, p. 44, lettre du 24 juin 1535; p. 184, lettre du 29 juin 1536
-
[43]
Dom MARLOT, Histoire de la ville, cite et université de Reims, Reims, 1846, t. IV, p. 297. Archives communales de Narbonne, Histoire manuscrite des archevêques de Narbonne, par Guillaume LAFFONT, 1719, tomeII, page 572 (désormais Histoire manuscrite… ).
-
[44]
A.N.G., t. I, p. 80.
-
[45]
A.N.G., t. I, p. 193, lettre du 2 septembre 1536, de Valence.
-
[46]
Jean de Lorraine arrive au camp de Chabot en Italie le 18 avril et, selon certaines sources, lui apporte l’ordre de se fortifier sur la défensive et de ne rien entreprendre tant qu’une solution pacifique peut être envisagée ( CSPSp 1536-1538, p. 103-104). L’empereur donne l’ordre à ses troupes d’avancer, ce qui est fait le 8 mai 1536, sans que Chabot, qui n’a pas reçu d’ordres du roi, ne s’y oppose. Selon Brantôme, « Il (Brion) fit une grande faute à Versel, où le trouvant M. le cardinal de Lorraine (… ) luy dict et luy conseilla de ne passer point plus outre de peur d’altérer les choses lesquelles il alloit traicter. M. l’admiral le creut, et arresta son flux de victoire court; enquoy il faillit grandement, pour un grand capitaine, d’adjouster foy si librement à M. le cardinal (… ) pensant qu’il parlast de la part du Roy, envers lequel il avoit plus de crédit que seigneur de la Court (… ) Tant y a que le Roy voulut un grand mal audit sieur admiral, pour luy avoir fort desbauché ses affaires qui estoient en tres bon estat », Œuvres complètes de Brantôme, LALANNE éd., Paris, 1864-1882, III, p. 197.
-
[47]
Les Mémoires de Martin et Guillaume Du Bellay expliquent ainsi son choix pour la mission de 1536 : « pour estre prince et si prochain du Roy que nul autre pourroit lestre davantage, ledit seigneur empereur adjousteroit foy » ; Mémoires de Martin et Guillaume Du Bellay, éd. PETITOT, Paris, 1822, livre VI.
-
[48]
Arch. di stato di Modena, busta 12, Hieronymo Feruffino au duc de Ferrare, les 15 avril et 18 mai 1536. Cette mission est révélatrice de la situation de Jean de Lorraine. Il est envoyé à la suite de la grogne de Charles Quint qui affirme ne pas vouloir traiter des affaires avec un personnage aussi modeste que Dodieu de Vély (R. de BOUILLÉ, op. cit., p. 97). Il s’agit ici d’une mission éclair comme les prélats du roi en remplissent très rarement : parti le 15 avril 1536 de Lyon, Jean de Lorraine est auprès du roi à Saint-Rambert-en-Bugey le 16 mai suivant. Il ne peut donc être victime du paradoxe du diplomate, cette hantise des ambassadeurs, qui, envoyés à l’étranger parce qu’ils ont la confiance du roi ou de ses ministres, sont précarisés durant leur absence de la cour par leurs ennemis restés sur place. Enfin, la brièveté de sa mission est signe que le roi ne veut pas se passer de lui longtemps.
-
[49]
Négociations de Salces : R.J. KNECHT, Un prince de la Renaissance, Paris, Fayard, 1999, p. 341. Sur cette mission, voir : A.N.G., t. I, p. 321,333; C.A.F., III, 417,430; VIII, 69,73; SP, VIII, p. 5-6). Leurs pouvoirs ont été publiés par G. RIBIER, Lettres et Mémoires d’État. Paris, 1666, I, p. 73; DECRUE, op cit., p. 335. Trêve de Nice : Jean de Lorraine y prononce un discours en latin, dans lequel il remercie le pape Paul III, d’être venu à Nice négocier la paix (BnF, Ms Fr., 3916, f° 344). Montmorency fait également un discours, en français (BnF, Ms Fr. 3916, f° 346 sqq.). Sur cette mission, voir CSPSp, 1536-1538, p. 485,531-554; C.A.F., VIII, 249,31595). Réception de la reine de Hongrie : A.N.G., t. I, p. 406. Lettre à l’empereur : AN, K 1484, B. 3. Entrée de l’empereur dans Paris : BnF, Ms Fr., 3050, f° 31; Clairambault, 337,6947; Dupuy, 357, f° 67, F. DECRUE, op. cit., p. 379, et Mémoires de Du Bellay, pièces justificatives, cité par R. de BOUILLÉ, op. cit., p. 122; Arch. di Stato di Mantova, A.G. 639, pour la discussion avec le roi. Au lendemain de la visite de l’empereur, Jean de Lorraine le raccompagne jusqu’à Valenciennes, en compagnie du dauphin et de Montmorency (Arch. di stato di Modena, busta 15, Cavalerio Sacrato au duc de Ferrare, le 18 janvier 1540).
-
[50]
SP, VIII, p. 255, Norfolk à Henri VIII, d’Abbeville, le 17 février 1540; p. 448 Wallop à HenriVIII, le 11 octobre 1540;A.N.G., t. I, p. 285, lettre du 7 juillet 1537; p. 366, lettre du 6 mai 1538; p. 613, lettre du 17 novembre 1540.
-
[51]
Jean de Lorraine centralisateur : BnF, Ms Fr. 3005, f° 90., Ms Fr. 3916, f° 242. Instructions de l’empereur : CSPSp 1538-1542, p. 77. Lettres de créances : LP, XIII, II, p. 22,9 août 1538; A.N.G., t. I, p. 424,24 décembre 1538; SP, VIII, instructions d’Henri VIII à Lord William Howard, envoyé en France, le 18 janvier 1541, p. 512.
-
[52]
De la même façon le cardinal Pole s’adresse à lui et au connétable pour régler les affaires d’Angleterre en mars 1539 ( LP, XIV, I, p. 236, le 25 mars 1539).
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[53]
LP, XII, II, p. 203,18 août 1537; LP, XIII, 20 août 1538, p. 54; LP, XIV, II, p. 229; A.N.G., t. I, p. 285,290,294,502,510,511,523,614.
-
[54]
LP 1539, II, p. 228-229,2 décembre 1539.
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[55]
Attestations pour février 1539 (AN, X 1a 8613, f° 77v°-79 et Ordonnances… 1538-1539, p. 45; AN, X 1a 8613, f° 143-144v°), avril 1539 ( Ordonnances…, p. 390) ; 9 février 1540 (AN, X 1a 8613, f° 232); avril 1540 ( SP VIII, Wallop à Essex, de Rouen, le 26 avril 1540 (p. 329); A.N.G., t. I, p. 561, lettre du nonce, du 22 mai 1540; 7 novembre 1541 (AN, X 1a 8613, f° 299v°-301).
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[56]
SP VIII, Wallop à Essex, de Rouen, le 26 avril 1540 (p. 329). Cavalerio Sacrato, de son côté (Arch. di stato di Modena, busta 15, lettre du 24 mai 1540) rapporte comment François Ier s’est retiré dans sa chambre avec ses fils, Montmorency et Lorraine, puis a fait appeler les cardinaux Tournon et Du Bellay.
-
[57]
SP VIII, p. 259, Norfolk à Henri VIII, Abbeville, le 17 février 1540. Il est toujours aussi proche du roi, comme en témoigne symboliquement la procession de la Pentecôte 1539. Tandis que les différents courtisans et officiers occupent une place officielle dans la procession, Jean de Lorraine, en compagnie du cardinal d’Este, encadre le souverain (Arch. di stato di Modena, busta 15, Cavalerio Sacrato au duc de Ferrare, le 13 juin 1539).
-
[58]
De la même façon que dans le duo Claude D’Annebault-François de Tournon, c’est l’amiral qui a la prééminence.
-
[59]
CSPSp 1538-1542, p. 203. Toutefois, Montmorency entend conserver intactes ses prérogatives. Il précise à l’ambassadeur de l’empereur que durant son voyage aucune tentative ne doit être faite pour traiter d’aucun point de la paix à venir. Déjà, en juillet 1537, en l’absence du grand maître, le cardinal de Lorraine, s’occupait de toutes les affaires (Arch. di stato di Modena, busta 14, Alberto Turco au duc de Ferrare, lettre du 29 juillet 1537).
-
[60]
Ordonnances… 1538-1539, p. 45. Lors de la cérémonie d’investiture de Montmorency, Jean de Lorraine est, avec les fils du roi, le plus proche de François Ier (Arch. di stato di Modena, busta 14, Alberto Turco au duc de Ferrare, 11 février 1538).
-
[61]
Saint-Médard : C.A.F. III, 403. Exemption : BnF, Fds Latin des nouvelles acquisitions, ms 2268, n° 42. Cadeaux de l’empereur : Arch. di Stato di Mantova, A.G. 638, lettre du 22 juin 1538 de Marcantonio Bendidio à la marquise de Mantoue pour la coupe d’or; pour la pension, Antoine de Castelnau, évêque de Tarbes, à Anne de Montmorency, de Tolède, le 13 avril 1539. G. RIBIER, op.cit., I, p. 432 : « Monseigneur, hier M. de Granvelle me dict qu’il envoyoit ce courrier pour faire entendre à M. le cardinal de Lorraine que l’empereur lui a donné 6000 ducats de pension sur l’archevêché de Saragosse ». L’ambassadeur de l’Empereur invite son maître à témoigner sa reconnaissance au connétable et au cardinal, AN, K, 1484, B, 3,86,97,99. Cf. aussi DECRUE, op. cit., p. 364. Les pensions ou cadeaux somptueux aux courtisans par les souverains étrangers sont chose courante et ne peuvent être interprétés comme un signe de trahison. Ainsi, au lendemain de la paix de Crépy, Charles-Quint, satisfait de Tournon, lui offre un cadeau de 8000 écus d’or (M. FRANÇOIS, op. cit., p. 200, qui cite une lettre d’un ambassadeur florentin du 20 février 1545). Il semble toutefois que ce cadeau ait été fait non pas en espèces, mais sous la forme de vases et de vaisselle en or massif (Arch. di stato di Modena, busta 20, lettres des 5 et 22 février 1545).
-
[62]
BnF, Ms Fr. 3033, f° 5 et 3635, f° 52,64,90.
-
[63]
BnF, Ms Fr. 3635, f° 50
-
[64]
BnF, Ms Fr. 3033, f° 5, f° 28 et 3635, f° 1,3. Lettres non datées, sans doute de la fin de la décennie 1520.
-
[65]
BnF, Ms Fr. 2979, f° 25; Portefeuilles de Fontanieu, vol. 207, cité par R. de BOUILLÉ, op. cit., p. 88 : « ne vous souciés de rien, car il (le roi) vous est tel que vous pensez et ma commandé le vous escripre » ; BnF, Ms Fr. 3635, f° 7,52 : « soyez seur que lavez pour tel amy que ne debvez riens craindre » ; BnF, Ms Fr. 3095, f° 72 : « ne vous souciez de rien car il vous (aime) tel que vous pansez et ma commande le vous escripre »
-
[66]
A.N.G., t. I, p. 193.
-
[67]
Pour la décennie 1540, par exemple, on a conservé des lettres à Jean Du Bellay de François Errault, Claude Cottereau, le cardinal Sadolet, Claude Danzay, François Olivier, Gilbert Bayard, Antoine Delyon et des seigneurs d’Yversay, de La Planche et Sarges, ainsi que de bien d’autres, qui l’informent de la situation à la cour, en Italie et en Allemagne; BnF, ms Fr. 3921, f° 51, lettre de François Errault au cardinal du Bellay, le 9 juin 1543; f° 104, lettre de Claude Cottereau, le 5 avril 1544; f° 121, lettre du cardinal Sadolet, le 11 mars 1546; f° 62, lettre de C. de Danzay, le 28 avril (début de la décennie 1540); f° 43, lettre de François Olivier, le 11 décembre 1543; f° 52, lettre de Gilbert Bayard, le 1er avril 1544; f° 88, lettre d’Antoine Delyon, du 2 mars 1542; f° 68, lettre du Sr d’Yversay, le 15 mars ( 1546 ?) ; f° 76, lettre du Sr de La Planche, le 9 mars 1546; f° 82, lettre du Sr de Sarges, le 27 avril 1545).
-
[68]
SP X, Wallop à Henri VIII, de Paris, le 24 décembre 1540, p. 501. Jamais Lorraine ne se mettrait en position d’essuyer un tel reproche.
-
[69]
BnF, Ms Fr. 3635, f° 35, f° 88, f° 94.
-
[70]
Arch. di stato di Modena, busta 14, Alberto Turco au duc de Ferrare, 12 avril 1538.
-
[71]
G. RIBIER, op. cit., I, 158-159, le 14 mai 1538.
-
[72]
G. RIBIER, op. cit., I, p. 503-504, lettre du 22 février 1539, et p. 551, lettre du 21 décembre 1540.
-
[73]
LP, XVI, p. 442-443. Chapuys à la reine de Hongrie, le 18 juin 1541. Cette lettre est médiatisée au troisième degré au moins (une rumeur à Rome, un messager qui écrit de Rome à Chapuys, ou de Rome à la cour impériale, qui transmet l’information à Chapuys, qui la transmet à la reine de Hongrie).
-
[74]
Arch. di Stato di Modena, busta 22, lettre de Giulio Alvarotti au duc de Ferrare, Paris, 17 janvier 1546;A.N.G., t. III, p. 441, lettre de Guidiccione au cardinal Farnèse, Melun, 7 juillet 1546.
-
[75]
R. de BOUILLÉ, op. cit, p. 122.
-
[76]
Voir sur cette question la thèse de l’École des Chartes de François NAWROCKI, L’Amiral Claude d’Annebault, 2002, p. 459.
-
[77]
Sur Toussaint d’Hocédy et Lorraine : SP, IX, p. 674; sur Lenoncourt et Lorraine : Arch. di Stato di Mantova, A.G. 638, G.B. da Gambara au duc de Mantoue, 28 août 1539; C.A.F., II, 436, 5920; SP, IX, p. 565; Lenoncourt passe du service de l’oncle à celui du neveu, et cela du vivant même de Jean de Lorraine. Cf. Daniel CUISAT, Correspondance de Charles de Lorraine, Genève, Droz, 1977; Marguerite de Navarre, quant à elle, le qualifie de « maestro di casa » (majordome) de Jean de Lorraine, A.N.G., t. III, p. 115, lettre du 23 janvier 1542; sur Lazare de Baïf et Lorraine : C.A.F., II, 290,314; C.A.F. VII, 221; COLLIGNON, op. cit., p. 40, et L. PINVERT, Lazare de Baïf, 1496 (?)-1547, Paris, Albert Fontemoing, 1900, p. 14-18,21,39,55-57; sur Paule Porte et Lorraine : Arch. di stato di Modena, busta 11, Hieronymo Feruffino au duc de Ferrare, les 19 et 30 janvier et 4 février 1535; A.N.G., t. I, p. 4,20,215,282; A.N.G., t. III, p. 295; AN, Trésor des Chartes, JJ 246, n° 176, f° 53 ( 1531), id., JJ 250, n° 44, f° 16 v° ( 1537), JJ 245 ( 1), n° 66, f° 10 v°.
-
[78]
A.N.G., t. I, p. 63,66,67,93,216,228; A.N.G., t. III, p. 35; Fra Paolo SARPI, Histoire du concile de Trente, p. 681, note 1 (année 1535), traduction de Amelot de LA HOUSSAIE, Amsterdam, 1686. Rémy SCHEURER, Correspondance de Jean Du Bellay, Paris, 1975, (désormais Correspondance JDB II), p. 78-79,93-95.
-
[79]
A.N.G., t. I, p. 21,25,45,67,73,78,93,115,142,183,216,226,228,236,294,356,414, 419,424,431. Correspondance JDB II, p. 93-95; LP 1538, II, p. 474.
-
[80]
A.N.G., t. I, p. 419 et 435 et Cooper, art. cit., p. 123
-
[81]
BnF, Dupuy, 263, f° 28.
-
[82]
Nuntiaturberichte Aus Deutschland 1533-1559 (désormais NbD ), W. Friedensburg éd., Berlin, 1910, I, t. 5, p. 53,69.
-
[83]
Pour les premiers, voir F. BUISSON, Sébastien Castellion, Paris, 1892, I, p. 65 et 76. Pour les seconds, voir Franco GIACONE, in Y. BELLENGER, op. cit., p. 353.
-
[84]
P. Toussaint : HERMINJARD, Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française, Genève, 1866. Pierre Toussaint (Tossanus) connaissait sans doute Jean de Lorraine par ses fonctions, puisqu’il était chanoine de la cathédrale de Metz. Guillaume Farel ( 1489-1565), réformateur français actif auprès de Guillaume Briçonnet dans la décennie 1520, puis à Bâle, Genève et Neuchâtel. Capiton, Ibid., II, p. 4.
-
[85]
De Lyon, le 11 décembre 1533. Correspondance JDB I, p. 335. Ce discours, d’inspiration évangélique, auquel Jean Calvin a peut-être participé, engendre une réaction très violente de la faculté de théologie.
-
[86]
Clément Marot, désireux d’obtenir les revenus qui vont avec son titre de valet de chambre du roi, écrit à la fin de mars 1527 une Épistre au reverendissime cardinal de Lorraine, dans laquelle il affirme : « En m’asseurant qu’une seule parolle/De vous me peult faire coucher au rolle » (Clément MAROT, Œuvres complètes, Paris, 1931, p. 150). L’intervention de Jean de Lorraine fut efficace comme en témoigne une lettre de François Ier (BnF, Ms. fr. 3012, f° 47). Pour les liens entre Jean de Lorraine et Érasme, voir l’article « Jean de Lorraine » dans Contemporaries of Erasmus, P.G. Bietenholz et T.B. Deutscher éd., Toronto, University of Toronto Press, 1985.
-
[87]
Jean Sturm ( 1507-1589) humaniste allemand qui adhère à la réforme; Martin Bucer ( 1491-1551), réformateur allemand, actif dans l’Empire et en Angleterre. HERMINJARD, op. cit., III, p. 364. Rappelons que l’année 1535 voit un adoucissement de la politique de François Ier à l’égard des hérétiques après le durcissement de l’affaire des Placards, et que l’édit de Coucy du 16 juillet 1535 ordonne la libération des prisonniers religieux à condition qu’ils abjurent leur hérésie dans les six mois.
-
[88]
ASV, Lettere di Principi 14 A, f° 176 v°, copie non datée.
-
[89]
Étienne Dolet ( 1508-1546), imprimeur et humaniste, proche des évangéliques. Noel Béda ( 1470 ?-1537), syndic de la faculté de théologie de Paris, incarnation du parti hostile aux nouveautés religieuses. Jean de Lorraine était lié à beaucoup d’auteurs de l’assemblée de Melun comme Claude d’Espence ou Jean de Gaigny. J.K. FARGE, Biographical Register of Paris Doctors of Theology, Toronto, 1980, p. 180, cité par A. TALLON, op. cit., p. 142.
-
[90]
A.N.G., t. I, p. 210. Il assiste d’ailleurs au marriage (Arch. di stato di Modena, busta 13, Hieronymo Feruffino au duc de Ferrare, le 20 octobre 1536).
-
[91]
ASV, Lettere di Principi, III, f° 159 et 159 v° et IX, f° 239. Cette lettre (originale) de Jean de Lorraine, du 4 juin 1525, est, par un hasard de conservation, conservée dans deux registres différents des Lettere di Principi. L’index du tomeIX donne d’ailleurs par erreur la date du 4 juin 1529, au lieu du 4 juin 1525.
-
[92]
Acta nuntiaturae Gallicae, t. I, p. 31. De Rome, le 14 avril 1535.
-
[93]
A. TALLON, op. cit., p. 101, qui cite A.N.G., t. I, p. 288 (Melun le 10 juillet 1537) et F. de BEAUCAIRE -PÉGUILLON, 1625, p. 665.
-
[94]
Jean de Lorraine est attaché à une institution qui défend les intérêts des cardinaux. Devant la perspective du concile, en 1540, il déclare au légat Marcello Cervini, « Marcello, io ti parlero come cardinale. In Germania si trattarà la ruina de nostri bonetti et bisogna tenerci l’ochio aperto » (« Marcello, je te parlerai en cardinal. En Allemagne, on s’occupera de la ruine de nos chapeaux et il nous faut garder l’œil ouvert ».) NbD, I, t. 5, p. 267. Traduction d’Alain Tallon, op. cit., p. 110.
-
[95]
Lorraine connaît le succès dans son entreprise de séduction du Saint-Siège puisque le nonce propose sa candidature à la légation d’Avignon en affirmant que « pour le bien de l’Église gallicane, il faut à sa tête un homme ayant à la fois la confiance du Saint-Siège et celle du roi et du conseil, comme le cardinal de Lorraine » ( A.N.G., t. I, 1er septembre 1540). De la même façon, le nonce, les 4-5 décembre 1543, le présente agissant « sur le roi en faveur du Saint-Siège » et ajoute « le S.S. pourrait lui plaire en ayant des attentions pour Paolo della Porta, son gentilhomme » ( A.N.G., t. III, p. 295).
-
[96]
Cf. sur ces questions les travaux de Retha M. WARNICKE, « Family and kinship relations at the Henrician court : the Boleyns and Howards », in Dale HOAK éd., Tudor Political Culture, Cambridge, 1995, p. 46-48, qui montrent comment le duc de Norfolk, lorsqu’il affirme à l’ambassadeur de l’em-pereur qu’il est hostile au mariage de sa nièce Anne Boleyn avec Henri VIII ne fait que dire à celui-là ce que le roi veut lui faire croire, et ce qu’il est tout disposé à entendre.
-
[97]
SP X, p. 675, lettre de Gardiner, Thirlby et Carne, du 11 novembre 1545.
-
[98]
Philippe HAMON, L’argent du roi, Paris, Comité pour l’Histoire économique et financière de la France, 1994, p. 187.
-
[99]
Procès : Histoire manuscrite…, p. 567 ; Archives de Haute Garonne(désormais AD 31), B 21, f° 102 (arrêt du 16 février 1526 du Parlement de Toulouse); Archives communales d’Albi, FF 91. Il intente également un procès à l’évêque de Mirepoix qui conteste des redevances. Le parlement de Toulouse lui donne raison en 1541 ( Histoire manuscrite…, page 576 ; AD 31, B 34, f° 399, arrêt du 21 juillet 1541). Foires : C.A.F., II, 512,6266 ; C.A.F., II, V; C.A.F., III, 11,7498. Thérouanne : BL, Calig E II, f° 143; BL, Calig E II, f° 144 (ancienne pagination : 180); BnF, Ms Fr. 3635, f° 52.
-
[100]
BnF, Ms Fr. 3635, f° 88 et 3095, f° 20 et 22.
-
[101]
Julio Alvarotto, ambassadeur du duc de Ferrare, diffusant la rumeur d’une grave maladie de Jean de Lorraine, écrit plaisamment, le 20 novembre 1546 : « Dalla sua morte nasceria una grà vacantia de beneficii in Francia » (Arch. di stato di Modena, busta 23).
-
[102]
D’après Hieronymo Feruffino, Jean de Lorraine s’attend en 1535 à des revenus d’au moins 30000 ducats (Arch. di stato di Modena, busta 11, lettre au duc de Ferrare, du 24 juin 1535).
-
[103]
En 1532, il offre à Calais un repas aux princes anglais. CSPVen, 1527-1533, p. 361-368.
-
[104]
Nicholas HARRIS NICOLAS, The Privy Purse Expences of King Henry the Eighth, from November MDXXIX to December MDXXXII, Londres, 1827, p. 268-269.
-
[105]
On sait qu’il paie au cardinal Salviati une pension de 1000 écus. A.N.G., t. I, p. 397. Cette pension s’arrête en 1538, lorsque François Ier procure à Salviati l’évêché de St Papoul qui rapporte de 5000 à 6000 francs d’entrée. Il paie également une pension à Jean de Médicis (futur Clément VII) sur son évêché de Valence ( Correspondance de François de Tournon, Michel FRANÇOIS éd., Paris, 1946, p. 37), et une autre de 2000 livres tournois au cardinal de Bologne sur son évêché d’Albi (Eubel, Hierarchia Catholica).
-
[106]
VARRILLAS, Histoire de François Ier, Paris, 1686, p. 498; repris par GAILLARD, Histoire de François Ier, Paris, 1766, III, IV, chap. IV, p. 301, puis par René BOUILLÉ, le Dictionnaire de Biographie Française et beaucoup d’autres.
-
[107]
A.N.G., t. III, p. 80.
-
[108]
A.N.G., t. I, p. 595, lettre du 8 août 1540 : Marguerite de Navarre favorise le projet de mariage Farnèse-Aumale en déclarant qu’elle considérera Vittoria Farnèse comme sa propre fille et ibid., t. III, p. 109 (cf. aussi, p. 115).
-
[109]
Jean de Lorraine se rend d’ailleurs au mariage de sa nièce (Arch. di Stato di Mantova, A.G. 639, G.B. Gambara à la duchesse de Mantoue, le 10 septembre 1539). Henri VIII de son côté se demande pourtant pourquoi Charles Quint a consenti au mariage de Chrétienne de Danemark, affirmant que le duc Antoine n’apporterait aucune aide contre la France, le cardinal de Lorraine et M. de Guise étant « both too partial to Francis ». LP, 1540-1541, p. 442-443; CSPSp, 1538-1542, VI, I, n° 167.
-
[110]
A.N.G., t. I, p. 211,21 novembre 1536.
-
[111]
SP, IX, Paget à Henri VIII, 9 août 1542.
-
[112]
SP, IX, p. 542-544, Paget à Henri VIII, le 5 septembre 1542.
-
[113]
R.J. KNECHT, op. cit., p. 479.
-
[114]
Arch. di Stato di Modena, busta 19. Alfonso Calcagnini au duc de Ferrare, Melun, 23 décembre 1543.
-
[115]
Arch. di Stato di Modena, busta 16 ( 6 février 1541); LP, XVI, p. 397 (le 11 mai 1541). En septembre 1541, Howard affirme qu’il est plus en faveur que jamais, le présentant avant tout comme un compagnon de plaisir du roi ( SP, VIII, p. 609, Howard à Henri VIII, de Lyon, le 24 septembre 1541) et Arch. di Stato di Modena, busta 16, lettre du 12 mars 1541 (Turc); Arch. di Stato di Modena, busta 17, lettre du 26 février 1542 (ours); Arch. di Stato di Mantova, A.G. 640, lettre du 3 août 1546 (ermite).
-
[116]
Cette tentative fut un échec. Catherine de Médicis rapporte comment, à la suite de cette décision, il arriva un jour au conseil et que constatant qu’aucune affaire n’avait été préparée, il s’en prit violemment à Claude d’Annebault et au cardinal de Lorraine. Il s’agit d’un propos tenu par Catherine de Médicis au cours des états généraux de Blois, cité par Charles-Joseph de MAYER, Des états généraux et autres assemblées nationales, Paris et La Haye, 1788-1789, t. XIII, p. 106, cité par R.J. KNECHT, op. cit., p. 617.
-
[117]
F. NAWROCKI, op. cit., p. 228,231,271.
-
[118]
Arch. di Stato di Modena, busta 23. Giulio Alvarotti au duc de Ferrare, Moulins, 29 août 1546. Cf. une analyse assez comparable de l’empereur in CSPSp 1544, p. 379 (lettre de l’empereur à ses ambassadeurs en Angleterre, le 1er octobre 1544).
-
[119]
Arch. di Stato di Modena, busta 22, lettre de Giulio Alvarotti au duc de Ferrare, Melun, le 12 avril 1546; BnF, ms Fr., 5150, f° 23, lettre de janvier 1546.
-
[120]
AN, X 1a 8613, f° 299-301 ( 7 novembre 1541); X 1a 8614, f° 285-296 (juillet 1544), f° 303-305 v° ( 22 février 1545); E. ALBERI, Relazioni degli ambasciatori veneti al Senato durante il secolo decimo sesto, Florence, 1839-1863, Série, I, IV, p. 34-35 (pour 1542); LP, XXI, I, 1078, le 16 juin 1546.
-
[121]
AD 54, G, 1338. Il existe une copie de ces lettres de neutralité aux Archives départementales de Moselle, G 13, f° 98. François Ier a lui même accordé des lettres de neutralité à Jean de Lorraine, le 15 juin 1542 (celles accordées par Charles Quint datent du 4 octobre 1542; AD 54,3 F, 438, f° 92-94 v°). Jean de Lorraine avait déjà obtenu le 12 juillet 1536 des « lettres de neutralité (… ) pour les évêchés de Metz, Toul et Verdun » ( C.A.F., VI, 21083). Antoine en avait déjà obtenu de François Ier, le 7 juillet 1536 (AD 54, collection Buvignier-Clouët). Il en obtient à nouveau en 1544 (AD 54,3 F 438 F° 94 v°-95v°), et son successeur, sous Henri II, le 12 septembre 1551. La négociation de lettres de neutralité pour neutraliser des pans entiers de frontière dans un contexte de guerre est chose courante au XVIe siècle. C’est le cas par exemple pour la Bourgogne dans la décennie 1520. Il y a aux Archives départementales de la Côte-d’Or, une succession de lettres de ratification et de prolongation de neutralité entre les deux Bourgognes, émanant de Marguerite, archiduchesse d’Autriche, de François Ier et de Charles Quint, datant de 1522,1527 et 1528 (B 12075, f° 6 v°-10, f° 12-13, f° 35-43v°, f° 44-45).
-
[122]
Arch. di Stato di Modena, busta 20, lettres du 25 janvier et 17 mars 1545.
-
[123]
Arch. di Stato di Mantova, A.G. 640, G.B. Gambara au cardinal et à la duchesse de Mantoue, le 19 septembre 1544; BnF, Ms Fr. 5617, Journal des voyages de Charles Quint (1514-1551), Jean de Vandenesse, f° 196 v°.
-
[124]
Un indice significatif est le volume des témoignages le concernant. La correspondance des nonces en France l’évoque à 153 reprises entre 1535 et 1540, mais à 22 reprises seulement entre 1541 et 1546; les Letters and Papers l’évoquent 113 fois pour la période 1536-1541 contre 44 fois pour la période 1542-1546; les ambassadeurs des ducs de Ferrare l’évoquent 70 fois entre 1535 et 1541 (Arch. di Stato di Modena, busta 11-16) contre 25 fois entre 1542 et 1547 (Arch. di Stato di Modena, busta 17-23).
-
[125]
BnF, Ms Fr. 3005, f° 109.
-
[126]
BnF, Ms Fr. 6616, f° 124-125.
-
[127]
Arch. di Stato di Modena, busta 24. Lettre du 25 mai 1547. On sait par ailleurs que Jean de Lorraine était à St Germain le 21 mai (busta 24, lettre du 21 mai 1547).
-
[128]
Deux mois après la mort de François Ier, la duchesse d’Étampes demande à Jean de Lorraine d’intervenir en sa faveur auprès d’Henri II. BnF, Ms It. 1716, f° 177,203-204.
-
[129]
Arch. di Stato di Modena, busta 24. Giulio Alvarotto au duc de Ferrare, Rambouillet, 31 mars 1547; Paris, le 15 avril 1547; Paris, 25 mai 1547; Paris, le 4 juillet 1547 (il rapporte que le cardinal de Guise a emmené son oncle pour dîner avec le roi.)
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[130]
BnF, Ms Fr. 20532, f° 4,17,18 (toutes ces lettres sont de 1548); M. Fr. 20467, f° 43 ( 11 mai 1550). Dans l’Ordre du conseil faict par le roy Henry II a ladvenement de son regne, le 3 avril ( 1547), Henri II évoque Antoine de Navarre, le cardinal de Lorraine, le duc de Vendôme, l’archevêque duc de Reims, le connétable de Montmorency, François d’Aumale, le chancelier Olivier, le maréchal de La Marck, le sr d’Humières, Saint André, Jean Bertrand, Villeroy, BnF, ms Dupuy 86, f° 34v (et copie, ds BnF, Ms Fr 2831, f° 202 v°). Cf. aussi RIBIER, op. cit., II, p. 3.
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[131]
Dès novembre 1540, une rumeur, rapportée par Charles Quint dit, qu’en cas d’élection pontificale, François Ier songe à faire élire le cardinal de Lorraine ( CSPSp 1538-1542, p. 288, lettre de Charles Quint au marquis d’Aguilar, le 3 novembre 1540). Sur l’élection de 1549, voir F.J. BAUMGARTNER, « Henri II and the conclave of 1549 », Sixteenth Century Journal, XVI, 1985, p. 301-315; G. RIBIER, op. cit., II, 257-258; L. PASTOR, op. cit., XIII, 20; Mémoires-journaux du duc de Guise, éd. MICHAUD et POUJOULAT, Paris, 1839, VI, 14,25 nov 1549; R. COOPER, art. cit., p. 133; D. CUISAT, op. cit., p. 138; NbD, p. 802 ( 27 juillet 1549).
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[132]
On a conservé à la BnF une lettre du 11 mai 1550, de Jean de Lorraine à son neveu le duc de Guise, avec un rajout manuscrit de la main du cardinal, qui, à la différence des autres autographes connus de lui, est difficilement lisible et tout tremblé, ce qui permet de supposer que le cardinal était souffrant depuis plusieurs jours au moment de sa mort.
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[133]
Montmorency est une parfaite illustration de la définition du favori donnée par Nicolas LE ROUX comme étant « le personnage qui se caractérise à un moment donné par la plus grande capitalisation de signes de l’exception, qu’il s’agisse de prérogatives symboliques, de dignités ou de récompenses » : La faveur du roi. M ignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, Champ Vallon, 2000, p. 12. Jean de Lorraine est l’incarnation d’une faveur plus personnelle.
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[134]
Ibidem, p. 718, qui insiste sur la confusion entre les deux univers sous le règne d’Henri III.
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[135]
Cf. les analyses comparatives sur Henri III et Henri IV, ibidem., p. 719-720.