Couverture de RHMC_481

Article de revue

Les jésuites chassés de la cité. Violences pour un retour : Mauriac, 6-7 septembre 1762

Pages 50 à 70

Notes

  • [1]
    Dix-neuf confesseurs jésuites de 1604 à 1764 (vingt en comprenant Edmond Auger, confesseur de Henri III); le dernier en date : Philippe Onuphre Desmaretz, confesseur de Louis XV depuis 1753. Cf. Georges MINOIS, Le confesseur du roi. Les directeurs de conscience sous la monarchie française, Paris, Fayard, 1988, p. 507-508, 531-532.
  • [2]
    Roger CHARTIER, Marie-Madeleine COMPÈRE, Dominique JULIA, L’éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, SEDES, 1976, p. 210 n. 10, 211,212 (carte 11).
  • [3]
    Guy CHAUSSINAND -NOGARET, Choiseul (1719-1785). Naissance de la gauche, Paris, Perrin, 1998, p. 104-112.
  • [4]
    Comme en témoigne l’accueil fait à l’édit de mars 1762.
  • [5]
    Paul DUDON, « De la suppression de la compagnie de Jésus ( 1758-1773) », Revue des questions historiques, 66e a., n° 3-4, mai-septembre 1938, p. 82, 85, 87-88. Sur l’expulsion des jésuites, voir, outre Edmond PRÉCLIN et Eugène JARRY, Les luttes politiques et doctrinales au XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Bloud et Gay, 1956, p. 686-696 (« Histoire de l’Église », XIX 1) qui donne la bibliographie ancienne, Jean EGRET, « Le procès des jésuites devant les parlements de France ( 1761-1770) », Revue historique, 74e a., t. CCIV/1,juillet-septembre 1950, p. 1-27; Dale K. VAN KLEY, The Jansenists and the Expulsion of the Jesuits from France, 1757-1765, New-Haven, Yale University Press, 1975; D. Gillian THOMPSON, « The persecution of French Jesuits by the Parlement of Paris, 1761-1771 » dans William J. Sheils éd., Persecution and Toleration, Oxford, B. Blackwell, 1984, p. 289-302 (« Studies in Church History », XXI).
  • [6]
    Michel LEROY, Le mythe jésuite. De Béranger à Michelet, Paris, PUF, 1992, p. 15. Voir aussi Geoffrey CUBITT, The Jesuit Myth. Conspiracy Theory and Politics in Nineteenth-Century France, Oxford, Clarendon Press, 1993.
  • [7]
    À Dijon, le 15 juillet 1762, éclate une espèce d’émeute (classe saccagée, bancs cassés) dont le projet paraît incertain : simple explosion sans signification particulière ou manifestation pour ou contre l’éviction des jésuites ? (Dominique DINET, Religion et société : les réguliers et la vie régionale dans les diocèses d’Auxerre, Langres et Dijon, fin XVIe-fin XVIIIe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, t. I, p. 180). À Lyon, en 1768, la foule se rue sur le collège de laTrinité et le vandalise : à travers un accès de colère contre les oratoriens, successeurs mal reçus, la possible expression d’une fidélité populaire aux jésuites; mais, à la différence de Mauriac, bien après leur départ (Maurice GARDEN, Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 1970, p. 585-586).
  • [8]
    À Rouen, dont le parlement se porte aux avant-postes du combat contre les jésuites : Olivier CHALINE, « L’expulsion des jésuites du collège de Rouen », Études normandes, t. 42, n° 4, 1993, p. 71-81.
  • [9]
    B.M.I.U., Clermont-Ferrand, A 10 554/6 : Mémoire pour les administrateurs du collège de la ville de Billom en Auvergne et les habitans de la même ville, Clermont-Ferrand, Pierre-Louis Boutaudon, 1763, p. 7.
  • [10]
    Sur le collège de Mauriac, fondé en 1563 (sept ans après Billom) : Étienne DEJOUX, « Monographie du collège de Mauriac », Revue de la Haute-Auvergne, t. I, 1899, n° 2, 3 et 4, p. 114-136, 203-225, 313-326; Pierre DELATTRE, art. « Mauriac », dans Les établissements des jésuites en France depuis quatre siècles…, t. III, Enghien, Institut supérieur de théologie – Wetteren, Impr. De Meester frères, 1957, col. 145-196; Marie-Madeleine COMPÈRE et Dominique JULIA, Les collèges français, XVIe-XVIIIe siècles, t. I, Paris, INRP – Éd. du CNRS, 1984, p. 430-435.
  • [11]
    Henri BALDIT, Paroisses et communes de France. Dictionnaire d’histoire administrative et démographique. Cantal, Paris, Éditions du CNRS, 1991,p. 218. Michel LEYMARIE, « Jean-Baptiste Lacoste, conventionnel cantalien méconnu ( 1753-1821) », Revue de la Haute-Auvergne, 59e a., t. XXXV, 1,janvier~juin 1957, p. 93.
  • [12]
    Archives Municipales (désormais AM) Aurillac, GG 76, « Memoire sur les trois colleges de la Haute-Auvergne… », f° 22 v°, Archives Départementales (désormais AD) Cantal, D 1,1763.
  • [13]
    MARMONTEL, Mémoires, éd. John Renwick, t. I, Clermont-Ferrand, Éd. Georges de Bussac, 1972, p. 7-8, 9-10.
  • [14]
    M. LEYMARIE, « Les effectifs du collège de Mauriac en 1763 », Revue de la Haute-Auvergne, 80e a., t. XLVI, 2, avril-décembre 1978, p. 520-533.
  • [15]
    AD Cantal, 1 B 734 ( 2), Supplique d’Antoine Sedillot, prêtre filleul de Mauriac, professeur de philosophie au collège, 20 octobre 1763. AM Aurillac, GG 76, « Mémoire sur les trois collèges de la Haute-Auvergne… », f° 22 v°, 11 mai 1763.
  • [16]
    Émile DELALO, art. « Mauriac », dans Dictionnaire statistique, ou histoire, description et statistique du département du Cantal, t. IV, Aurillac, Impr. Ve Picut et Bonnet, M. DCCC LVI, p. 282.
  • [17]
    AD Puy-de-Dôme, 1 C 7012, 3 juin 1750.
  • [18]
    Marcel JUILLARD, « Violences et rébellion en Haute-Auvergne au XVIIIe siècle » [Artense et pays mauriacois], Revue de la Haute-Auvergne, 32e a., 1930, p. 221-223. Dans un siècle réputé plus calme, malgré la centaine d’émeutes recensées en France de 1715 à 1787 (Daniel MORNET, Les origines intellectuelles de la Révolution française, 1715-1787, Paris, Armand Colin, 1934, p. 444-446).
  • [19]
    « Mémoire des Habitans de Mauriac », 3 janvier 1762, dans Barthélemy-Gabriel Rolland d’Erceville, Recueil de plusieurs ouvrages de Monsieur le Président Rolland…, À Paris, chez P. G. Simon et N.H. Nyon, 1783, p. 553-554.
  • [20]
    Ibidem, p. 554.
  • [21]
    Ibidem, p. 555.
  • [22]
    Jean EGRET, « Le procès des jésuites… », 1950, p. 9-10.
  • [23]
    Léon MENTION, Documents relatifs aux rapports du clergé avec la royauté de 1705 à 1789, t. II, Paris, Picard, 1903, p. 215 (réimpr., Genève, Slatkine-Megariotis, 1976).
  • [24]
    AD Cantal, 1 B 1023 ( 2) : le dossier de la vente interrompue et de l’émeute. Seront surtout utilisés : la « requête en plainte… » du procureur du roi ( 9 septembre 1762), le « proces verbal de l’état des effractions… » ( 13 septembre 1762), les dépositions des vingt témoins ( 13 au 17 septembre, 23 septembre, 23 novembre 1762), les interrogatoires ( 22, 24 et 30 mars, 20 et 22 avril 1763).
  • [25]
    Louis LE GUILLOU, « Aperçus sur l’histoire d’un collège de province. Le collège de Mauriac et l’évolution de ses habitudes pédagogiques », Revue de la Haute-Auvergne, 80e a., t. XLVI, n° 2, avrildécembre 1978, p. 511.
  • [26]
    Bertrand Maurel, huissier royal à Aurillac. Témoin 1. Voir, en annexe, la liste des témoins.
  • [27]
    Témoin 3.
  • [28]
    Témoin 17. Opposition qui persiste bien au-delà des 6 et 7 septembre : le 9, deux amis de Rixain reprochent à un gendarme d’enchérir « quelques bois de barrique » des jésuites et soutiennent « quil ne les auroit pas » (témoin 9).
  • [29]
    Témoin 14 et 1.
  • [30]
    Léger Celerier (ou Celarier), jardinier du château de Drugeac. La Révolution venue, toujours au service de son maître, il se voit confier la garde du château après 1793.
  • [31]
    Jacques Rixain, marchand drapier à Mauriac, 50 ans. Témoin 10 (« avant qu’on emportat [les planches] il y auroit de la mort ») et témoin 3.
  • [32]
    AD Cantal, 1 B 1023, « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 2.
  • [33]
    Témoin 14. « Se faire écraser » (témoin 1); être « écrasé (témoins 3, 4) et mis en pièces » (témoin 4).
  • [34]
    Sept moines mauristes en 1696, huit en 1768, six en 1789. Léon LECESTRE, Prieurés et couvents d’hommes en France. Liste générale d’après les papiers de la commission des réguliers en 1768, Paris, Picard, 1902, p. 17. Louis de RIBIER, La chronique de Mauriac par Montfort, suivie de documents inédits sur la ville et le monastère, Paris, Champion – Mauriac, Becker-Lacassagne, 1903, p. 121-122, 127-128.
  • [35]
    AD Cantal, 1 B 1023 ( 2), « Proces verbal de l’etat des effractions… », 13 septembre 1762.
  • [36]
    Témoin 4. Marthe Destrudeles, « du faubourg de St Luc ».
  • [37]
    Témoins 1,2, 4. Chavignié, « cy-devant ecolier de philosophie habitant du fauxbourg appellé Barri neuf ».
  • [38]
    Témoins 3, 4. Guillaume Broussole, charpentier à Mauriac, 35 ans.
  • [39]
    Témoins 1 et 5.
  • [40]
    Témoins 1,2, 3, 4. Barthélemy Matheuf, cabaretier à Mauriac, 65 ans.
  • [41]
    Témoins 1 et 8.
  • [42]
    Témoin 7. Pour Rixain comme pour Matheuf, à vente abusive, achat précaire et restituable. À propos des planches adjugées à Lur Saluces : « Il faut que j’aille voir le nombre quil y en a afin que sil est obligé de les rendre on sasche cequ’il a pris » (témoin 14).
  • [43]
    Témoins 8, 10, 12.
  • [44]
    Témoins 7, 8, 12.
  • [45]
    Témoins 10, 12.
  • [46]
    Témoin 12. Même appel aux parents d’élèves de la part de Rixain : « Tout le monde devoit se reunir pour soutenir les Jesuites, aquoy tous ceux qui avoient des enfans étoient interessés » (témoin 10).
  • [47]
    Témoin 7. « Une seconde rebellion » (témoin 8).
  • [48]
    Antoine Crozet d’Hauterive, conseiller et procureur du roi au présidial d’Aurillac, consul d’Aurillac en 1746 et 1756 (AM Aurillac, BB 22, 24 septembre 1746 et BB 23, 29 septembre 1756).
  • [49]
    Témoin 18.
  • [50]
    Pierre-Joseph Colinet de Niossel ( 18 janvier 1726 – 12 mars 1792), lieutenant général criminel au présidial d’Aurillac depuis le 22 octobre 1757. Exerce, comme Crozet d’Hauterive, la charge consulaire : consul d’Aurillac en 1758 (AM Aurillac, BB 23, 30 septembre 1758).
  • [51]
    Témoins 2, 12.
  • [52]
    Témoins 1,3, 10.
  • [53]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 2, 3. Témoins 1,2, 4, 5, 8, 14, 16, 17, 20. Voir Daniel ROCHE, « Peuple des mots, peuple des images : les représentations du peuple de l’Ancien Régime à la Révolution », Revue française d’histoire du livre, 59e a., n.s., n° 66-67, janvier-juin 1990, p. 18-19.
  • [54]
    Jean Nicolas parle de « fourre-tout notionnel » (« Un chantier toujours neuf », dans Jean NICOLAS éd., Mouvements populaires et conscience sociale. XVIe-XIXe siècles, Paris, Maloine, 1985, p. 17).
  • [55]
    Témoins 10, 16, 17, 11,2 et 3.
  • [56]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 1.
  • [57]
    Le marchand Jacques Rixain; les cabaretiers Barthélemy Matheuf (témoins 7, 8, 10, 12), Pierre Croizet (témoins 17, 18), Fregeac (témoin 18), Lachassagne (témoin 8); l’armurier Dumé (témoin 8). Une belle densité de cabarets à Mauriac : quatorze en 1787 (AD Cantal, C 262).
  • [58]
    Chavignié, fils de Charles, habitant près du doyenné de Mauriac (témoins 2, 4).
  • [59]
    Guillaume Broussole (témoins 3, 4).
  • [60]
    Témoin 18; témoin 20.
  • [61]
    Thérèse Andrée Lambert, femme de Jacques Rixain, marchande, 48 ans.
  • [62]
    Témoins 3, 4, 14.
  • [63]
    Témoin 16.
  • [64]
    Yves-Marie BERCÉ, Histoire des croquants. Étude des soulèvements populaire au XVIIe siècle dans le Sud-Ouest de la France, t. II, Genève, Droz, 1974, p. 592-683; Id., Révoltes et révolutions dans l’Europe moderne. XVIe-XVIIIe siècles, Paris, PUF, 1980, p. 100-101.
  • [65]
    Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants…, t. II, 1974, p. 543; Révoltes et révolutions…, 1980, p. 125-126. Arlette FARGE, « Évidentes meurtrières », dans Natalie Z. DAVIS et A. FARGE dir., Histoire des femmes en Occident, t. III : XVIe-XVIIIe siècles, Paris, Plon, 1991,p. 481-496; « Proximité pensable et inégalités flagrantes Paris XVIIIe siècle », dans Cécile DAUPHIN et Arlette FARGE dir., De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997, p. 80-81.
  • [66]
    L’avocat grenoblois Letourneau note, en 1763, que les jésuites ont « surtout [la confiance] des femmes ». Cité par Jean EGRET, Le parlement de Dauphiné et les affaires publiques dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, t. I, L’opposition parlementaire (1756-1775), Grenoble, Impr. Allier, 1942, p. 124.
  • [67]
    Témoin 18.
  • [68]
    Témoins 4, 10, 14, 17, 18, 20.
  • [69]
    Témoin 18; témoin 17.
  • [70]
    Étienne DEJOUX, « Monographie du collège de Mauriac », 1899, p. 208-218. Pierre DELATTRE, art. « Mauriac », dans Les établissements des jésuites…, t. III, 1957, col. 157-162.
  • [71]
    Sur la personne de Henri IV, le 27 décembre 1594 : Roland MOUSNIER, L’assassinat d’Henri IV. Le problème du tyrannicide et l’affermissement de la monarchie absolue, Paris, Gallimard, 1964, p. 201-208.
  • [72]
    AD Cantal, D 5, 12 octobre 1605 (« On déploya pour les recevoir la même solennité dont on use à l’égard des plus grands prélats »).
  • [73]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 2. Témoins 1,3, 4.
  • [74]
    Témoin 18; témoin 17; témoin 10.
  • [75]
    Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants…, t. II, 1974, p. 608-611; Révoltes et révolutions…, 1980, p. 37-42.
  • [76]
    Sur le chemin d’inimitié entre Louis XV et son peuple et le « mauvais discours » contre le monarque : Arlette FARGE et Jacques REVEL, Logiques de la foule. L’affaire des enlèvements d’enfants. Paris. 1750, Paris, Hachette, 1988, p. 126-136; Roger CHARTIER, Les origines culturelles de la Révolution française, Paris, Seuil, 1990, p. 141-146; A. FARGE, « Les mots contre le roi… », dans Dire et mal dire. L’opinion publique au XVIIIe siècle, Paris, Seuil, 1992, p. 187-282 (en particulier, p. 268-271,« 1762, l’expulsion des jésuites »).
  • [77]
    Témoins 2, 3, 4.
  • [78]
    Témoin 1. « Le Roy peut mourir » (témoin 20).
  • [79]
    Témoin 4. À qui profite le crime ? Après l’attentat de Damiens ( 1757), des rumeurs mettent en cause les jésuites et le dauphin : « On ne peut ôter de la tête de personne que cet attentat n’ait été suggéré, et on l’impute aux jésuites à cause de l’ardeur qu’ils ont du règne du Dauphin qui est entièrement pour eux » (René-Louis de Voyer, marquis d’Argenson, 9 janvier 1757, cité par Pierre RÉTAT, L’attentat de Damiens. Discours sur l’événement au XVIIIe siècle, Paris, Éd. du CNRS – Lyon, PUL, 1979, p. 192; voir aussi p. 427). Écho parisien au Mauriacois Rixain, la femme Renaud, en 1765, souhaite « plutôt la mort du Roi que celle du Dauphin parce que si ce prince était roi, il ferait revenir les jésuites en France ». Citée par A. FARGE, Dire et mal dire…, 1992, p. 274, 311.
  • [80]
    S’alignent sur Rouen et Paris, et à de courtes majorités : Bordeaux ( 26 mai 1762), Rennes ( 27 mai), Perpignan ( 12 juin), Metz ( 20 septembre); mais huit cours souveraines n’ont pas encore pris position : Aix, Toulouse, Pau, Dijon, Grenoble, Besançon, Douai et Colmar. Paul DUDON, « De la suppression… », 1938, p. 83-85. Jean EGRET, Le parlement de Dauphiné…, t. I, 1942, p. 122-132; « Le procès des jésuites… », 1950, p. 10-21; Louis XV et l’opposition parlementaire. 1715-1774, Paris, Armand Colin, 1970, p. 88-89. D. K. VAN KLEY, The Jansenists and the Expulsion of the Jesuits…, 1975, p. 182-205. Maurice GRESSET, Le monde judiciaire à Besançon de la conquête par Louis XIV à la Révolution française (1674-1789), t. II, Lille, Service de reproduction des thèses, 1975, p. 1149-1151. Monique CUBELLS, La Provence des Lumières. Les parlementaires d’Aix au XVIIIe siècle, Paris, Maloine, 1984, p. 278-283.
  • [81]
    Le dauphin Louis ( 4 septembre 1729-20 décembre 1765). La dauphine a pour confesseur le jésuite Michel Kroust; la reine Marie Leczinska les jésuites polonais Radominski, puis Bieganski. G. MINOIS, Le confesseur du roi…, 1988, p. 509.
  • [82]
    Témoin 4.
  • [83]
    Témoin 14.
  • [84]
    Témoin 17.
  • [85]
    Témoin 17.
  • [86]
    Témoin 17; témoin 15.
  • [87]
    Eutrope Alexandre Hyacinthe de Lur, marquis de Saluces, baron de Drugeac (Drugeac, 6 mars 1736 – Salers, 5 décembre 1813). Jean-Baptiste BOUILLET, art. « Lur-Saluces », dans Nobiliaire d’Auvergne, t. III, Clermont-Ferrand, Impr. de Perol, 1848, p. 454. Jean-Baptiste SERRES, Histoire de Notre-Dame des Miracles de Mauriac, Aurillac, Impr. L. Bonnet-Picut, 1876, p. 31. Jean-Baptiste CHABAU, Pèlerinages et sanctuaires de la Sainte Vierge dans le diocèse de Saint-Flour, Paris, Librairie Saint-Paul – Aurillac, Chez l’auteur, 1888, p. 44. Henri DONIOL, « Le marquis de Saluces et le château de Drugheac. Extrait des papiers de François de Murat », Revue de la Haute-Auvergne, t. VIII, 1,janvier-mars 1906, p. 109-120. Ernest DELMAS, « Une journée révolutionnaire à Mauriac. La fin du château de Drugeac », Revue de la Haute-Auvergne, t. XVI, 3, juillet-septembre 1912, p. 311-317. Edouard JOUBERT, « Les épreuves du marquis de Lur-Saluces, seigneur de Drugeac », dans Scènes de la Révolution dans le Cantal, Aurillac, Impr. moderne, 1972, p. 173-177. Jean-Éric IUNG, « L’ex-voto de Lur-Saluces à Notre-Dame des Miracles (Mauriac) », Revue de la Haute-Auvergne, 97e a., t. LVIII, 1,janvier-mars 1996, p. 107-113. Marguerite FIGEAC -MONTHUS, Les Lur Saluces d’Yquem de la fin du XVIIIe siècle au milieu du XIXe siècle, Bordeaux, Fédération historique du Sud-Ouest – Mollat, 2000, p. 26-28, 70-73, 389-390, 404-406.
  • [88]
    Étrange « bienfaiteur de l’humanité » (Revue de la Haute-Auvergne, t. VIII, 1,1906, p. 111), objet, par trois fois à Mauriac, de la vindicte populaire : en 1762; le 28février 1790; de nouveau, le 5septembre 1791 (Revue de la Haute-Auvergne, t. VIII, 1,1906, p. 113-114; t. XIV, 3, 1912, p. 314-316). M. FIGEAC - MONTHUS, op. cit., p. 71-72. Revue de la Haute-Auvergne, t. VIII, 1,1906, p. 111,113.
  • [89]
    Revue de la Haute-Auvergne, t. VIII, 1,1906, p. 110, 111,119, 120 et 114; t. XIV, 3, 1912, p. 313. M. FIGEAC -MONTHUS, op. cit., p. 71-72, 389.
  • [90]
    Témoin 3. « Il etoit un petit j. f. » (témoin 4).
  • [91]
    Témoins 2, 11.
  • [92]
    Témoin 11.
  • [93]
    Témoin 17. Dans ces propos peu amènes, entre, peut-être, le souvenir d’une possible illégitimité du père du marquis, Jean-Baptiste-Étienne, obligé de justifier sa noblesse et ses titres (M. FIGEAC - MONTHUS, op. cit., p. 27-28).
  • [94]
    Étranger à la communauté d’habitants de Mauriac. Expression aussi d’une différence sociale et culturelle ?
  • [95]
    M. LEYMARIE, « Jean-Baptiste Lacoste… », 1957, p. 93.
  • [96]
    Témoin 18.
  • [97]
    Témoins 17, 19.
  • [98]
    Témoins 14, 17, 18, 19.
  • [99]
    Témoins 2, 3. Antoine Rixain, élève de rhétorique, seize ans, fils aîné du marchand drapier. En 1763, deux de ses frères suivent, en seconde et en cinquième, les cours du collège déjésuité (Arch. dép. Cantal, 467 F 4 et 7). Deux autres écoliers, sans compter les anonymes, assistent ou participent aux événements : Pierre Delmas et Chavignié.
  • [100]
    Témoins 17, 18. Pierre Croizet, cabaretier et chapelier à Mauriac, vingt-quatre ans.
  • [101]
    Témoins 18, 17, 18.
  • [102]
    Témoins 11,15.
  • [103]
    Joseph Danjolie, bourgeois, beau-frère de Jean-François Ternat (épouse, le 27 novembre 1753, Anne Ternat). L. de RIBIER, op. cit, p. 203.
  • [104]
    Jean-François Ternat, bourgeois, beau-frère de Danjolie (épouse, le 25 octobre 1760, Barbe Simon). Lignée de procureurs et d’avocats pour Danjolie et Ternat. L. de RIBIER, op. cit, p. 220.
  • [105]
    Témoin 11.
  • [106]
    Témoin 20.
  • [107]
    Interrogatoires, 3, 24 mars 1763.
  • [108]
    Jean Lacoste, bourgeois, « avocat en parlement et procureur d’office en la justice de Mauriac », père du futur conventionnel Jean-Baptiste Lacoste (épouse Élisabeth Delpeuch et, le 9 janvier 1764, la veuve de Joseph Danjolie. Voir note 103). L. de RIBIER, op. cit, p. 210. M. LEYMARIE, « Jean-Baptiste Lacoste… », 1957, p. 90, 93, 119.
  • [109]
    Le seul à pouvoir (le deuxième consul est absent de Mauriac) et à savoir signer (le troisième consul, le marchand Jean Bordier, déclare « ne le sçavoir »). Guillaume-Joseph Chevalier, bourgeois, médecin, premier consul en 1762 (épouse, le 2 octobre 1753, la sœur du futur constituant François Armand; meurt le 25 novembre 1771). L. de RIBIER, op. cit, p. 202.
  • [110]
    Témoins 1,2, 3.
  • [111]
    Interrogatoires, 9, 22 avril 1763.
  • [112]
    Interrogatoires, 7, 20 avril 1763.
  • [113]
    Témoin 2. Propos tenu en présence du témoin 4.
  • [114]
    Témoin 1.
  • [115]
    ROLLAND D ’ERCEVILLE, op. cit., p. 554.
  • [116]
    Ibidem, p. 555.
  • [117]
    Témoin 18 puis 14.
  • [118]
    Témoins 1,2, 3.
  • [119]
    Témoins 1,2.
  • [120]
    Témoin 2. « B. tu signeras et l’on te faira soutenir les interets de la ville » (témoin 1).
  • [121]
    AM Aurillac, BB 23, « Mémoire des consuls au Parlement et au procureur général », 2 mars 1762, f° 82.
  • [122]
    ROLLAND D ’ERCEVILLE, op. cit., p. 555.
  • [123]
    Ibidem, p. 556 (« Mémoire des Habitans de Mauriac », 14 septembre 1762).
  • [124]
    Ibidem, p. 556-7.
  • [125]
    Pierre DELATTRE, art. « Mauriac », dans Les établissements des jésuites…, t. III, 1957, col. 192.
  • [126]
    AD Puy-de Dôme, 1 C 7013 et 1 C 7014, Lettres patentes du roi portant confirmation du collège de Mauriac, 20 juin 1765.
  • [127]
    Reniement collectif mais aussi individuel. Dans l’espoir qu’une palinodie lui ouvre au plus tôt les portes de sa cellule, Rixain abjure toute fidélité ignacienne : « Il na jamais pu souffrir les jesuites… Il a meme refusé de signer un placet que certains presentoient pour signer » (Interrogatoires, 9, 22 avril 1763).
  • [128]
    AD Cantal, 1 B 1023 ( 2), « Requête en plainte… », 9 septembre 1762.
  • [129]
    Même appréciation de la part du témoin 4.
  • [130]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 1,2, 3.
  • [131]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 3.
  • [132]
    Attentat commis à Versailles, le 5 janvier 1757, sur la personne du roi Louis XV. Pierre RÉTAT dir., L’attentat de Damiens. Discours sur l’événement au XVIIIe siècle, Paris, Éd. du CNRS – Lyon, PUL, 1979, 440 p. (en particulier le chapitre XI, « La doctrine meurtrière », p. 267-284). D. K. VAN KLEY, The Damiens Affair and the Unraveling of the Ancien Régime. 1750-1770, Princeton, Princeton University Press, 1984. Pierre CHEVALLIER, Les régicides. Clément, Ravaillac, Damiens, Paris, Fayard, 1989, p. 289-388, 403-407, 411. Georges MINOIS, Le couteau et le poison. L’assassinat politique en Europe (1400-1800), Paris, Fayard, 1997, p. 340-378. Madeleine FOISIL, dans Pierre CHAUNU et alii, Le basculement religieux de Paris au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1998, p. 349-358.
  • [133]
    Sur les théories et les théoriciens du tyrannicide : DTC, art. « Tyrannicide » (A. BRIDE ), t. XV 2, 1950, col. 1990-2006; Joseph LECLERC, « Sur les doctrines du tyrannicide », Études, t. CCCXV, 3, novembre 1962, p. 226-231; R. MOUSNIER, L’assassinat d’Henri IV…, p. 47-90 (en particulier, p. 84-88), 238-240; P. CHEVALLIER, Les régicides…, 1989, p. 104-119. Bernard PLONGERON, Théologie et politique au siècle des Lumières (1770-1820), Genève, Droz, 1973, p. 79-89. G. MINOIS, Le couteau et le poison…, 1997, p. 117-151,219-244, 311-339. Voir aussi l’arrêt du parlement de Paris du 6 août 1762 (Léon MENTION, Documents relatifs…, t. II, 1903, p. 176-177).
  • [134]
    Le meurtre d’Henri III par Jacques Clément, 1er août 1589. R. MOUSNIER, L’assassinat d’Henri IV…, 1964, p. 197-199. P. CHEVALLIER, Les régicides…, 1989, p. 11-99, 391-396, 408-409.
  • [135]
    L’attentat de Jean Chastel, 27 décembre 1594. R. MOUSNIER, L’assassinat d’Henri IV…, 1964 , p. 201-208.
  • [136]
    Le régicide de Ravaillac, 14 mai 1610. R. MOUSNIER, L’assassinat d’Henri IV…, 1964, p. 36-42, 210-212. P. CHEVALLIER, Les régicides…, 1989, p. 101-287, 397-402, 409-410.
  • [137]
    AM Aurillac, BB 23, f° 84 r°, 5 mars 1762 (« Il lui [Hugues Maffré, premier consul et conseiller au présidial] etoit revenu par differentes lettres ecrites de paris que la ville d’Aurillac s’etoit revoltée et avoit fait rebellion de la signification [du 19 février] affin de prouver son attachement aux Jesuites, mais que ces bruits supposés et calomnieux sont trop injurieux a la façon de penser de cette ville… »). Sur les jésuites et l’esprit public à Aurillac avant 1762 : Edouard JOUBERT, « L’opinion publique vis à vis des jésuites à Aurillac au XVIIIe siècle », Revue de la Haute-Auvergne, 77e a., t. XLV, n° 1,janvier~mars 1975, p. 25-34.
  • [138]
    AM Aurillac, GG 76, f° 11 v°, 25 avril 1763.
  • [139]
    Le 28 décembre 1761 (Recueil de plusieurs ouvrages de Monsieur le Président Rolland…, 1783, p. 380) et le 2 mars 1762 (AM Aurillac, BB 23, f° 82. Recueil de plusieurs ouvrages de Monsieur le Président Rolland…, 1783, p. 381-382).
  • [140]
    ROLLAND D ’ERCEVILLE, op. cit., p. 556-558 (« Mémoire des Habitans de Mauriac… », 14 septembre 1762).
  • [141]
    B.M.I.U. Clermont-Ferrand, A 10554/8, Mémoire pour les Officiers Municipaux de la Ville de Mauriac, et les Administrateurs du Collége de la même Ville, [Clermont-Ferrand], Impr. L[ouis]-P[ierre] Boutaudon, [ 1763], p. 2.
  • [142]
    Jean NICOLAS, art. cit., p. 13.
  • [143]
    Alain Lottin en faisait déjà la remarque (Alain LOTTIN, Lille, citadelle de la Contre-Réforme ? 1598-1668, Dunkerque, Westhoek-Éditions, 1984, p. 131).
  • [144]
    « Congrégation des Habitans », « Congrégation des Écoliers » (ROLLAND D ’ERCEVILLE, op. cit., p. 557, et P. DELATTTRE, art. « Mauriac », dans Les établissements des jésuites…, t. III, 1957, col. 163-164). Sur la fin des sodalités : Paul DUDON, « De la suppression… », 1933, p. 85; Émile VILLARET, Les congrégations mariales, t. I, Des origines à la suppression de la compagnie de Jésus ( 1540-1773), Paris, Beauchesne, 1947, p. 553, 577; Louis CHÂTELLIER, L’Europe des dévots, Paris, Flammarion, 1987, p. 210.
  • [145]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 2. Témoin 3.
  • [146]
    « Genève des jésuites », expression citée par Pierre RÉTAT à propos d’Arras (L’attentat de Damiens…, 1979, p. 288), et qui pourrait être appliquée à Douai et à Lille. Usbek douaisien en terre normande, Louis Delattre découvre, en 1732, un Rouen jésuitophobe, bien différent de sa ville natale : « La plus grande partie de Rouen est ugno, et le petit reste est janseniste [… ] il n’y a icy que les jésuites qui sont du bon partie et qui sont regardé comme les diables a ce sujet, car les bourgeois et enfin tout le monde n’aime pas que l’on fréquente les jésuites quoy que je m’en soucie fort peu ». AM Douai, FF 1123, lettre de Louis Delattre à Georges-François Meignot, maître des forges de la province d’Artois à Douai, 4 septembre 1732; citée par Joël FOUILLERON, Aspects de la condition de la femme à Douai au XVIIIe siècle…, D.E.S. (Louis Trenard dir.), Université de Lille, 1961,p. 109.
English version

1 France panurgienne, celle qui assiste, consentante, ravie, consternée, stupéfiée, impuissante, à l’hallali des jésuites, pourtant de longue date proches du pouvoir et liés à la personne même du roi [1], pourtant meilleurs pédagogues du royaume, pourtant puissance religieuse et matérielle avec leurs 3500 membres (dont près de 2000 prêtres) et leurs 105 collèges [2] et aujourd’hui, pourtant, contraints de faire leurs valises. Du côté de l’agression, des adversaires acharnés, les parlements, les jansénistes, les philosophes qui, à force de calomnies, de partialités, de rumeurs, appuyées et amplifiées à souhait, rameutent un vieux fond de méfiance et de gallicanisme : et comment en France n’être pas gallican, n’être pas pour la patrie et pour le roi ? Du côté de la défense, dévote et jésuitique, rien ou presque. Au mieux, des discours; la personne du Dauphin, et l’espoir d’autres temps, d’autres mœurs; des manœuvres feutrées d’antichambre; une cabale tramée contre la favorite et sa créature, Choiseul [3] ; une tentative de médiation du gouvernement, mais qui, trop tardive, dessert ceux qu’elle voulait servir [4]. Pour calmer le jeu et brider les audaces des juges, il manque une volonté et une autorité, fortes et fédératrices, alors que le roi, hésitant, fait dans la mollesse [5].

2 Sur le terrain, l’opinion en province s’agite ou se tait. Comme si, seuls, la passion, l’intérêt ou la prudente raison la gouvernaient. Beaucoup attendent l’issue du combat pour rallier le courant dominant. Exhumée d’un vieux temps, forte de l’éternel retour des mêmes ressassements [6], la passion anti-jésuite gagne ceux-là mêmes qui, hier encore, vénéraient les bons pères et qui, aujourd’hui, les brocardent. Les jésuites sont-ils vraiment devenus infréquentables et vénéneux ? Avec une belle insouciance, et quelque inconséquence, la France se vide d’une partie d’elle-même sans que beaucoup de fièvres ou de dévouements publics ne plaident pour une fidélité. Où sont les théories d’anciens élèves, descendant dans les rues, hurlant des slogans pour les pères et la plus grande gloire de Dieu, brandissant pancartes et calicots ? L’éclat de Paris masque-t-il, comme souvent, les paroles et les dires de la province ? Les manuels ne disent rien de possibles réactions ou protestations locales. Peut-être parce qu’il n’y a rien à dire. Encore faudrait-il s’en assurer. Tant de liens tissés, tant de soins donnés, et tant d’indifférences, en l’état actuel de la documentation [7] : l’inventaire des départs des jésuites reste à faire, ville après ville [8]. Une au moins, Mauriac, fait exception en réclamant, sur les airs vociférants et menaçants d’une sédition, ses ci-devant bons pères.

UN COLLÈGE CULTE

3 Pourquoi Mauriac ? Parce que, un peu comme Billom  [9], sa consœur de Basse-Auvergne, la ville prospère par et grâce à la férule jésuitique [10]. Pour une ville petite, d’environ deux mille habitants, et à l’économie hésitante [11], un collège, c’est bien sûr un supplément d’âme, mais aussi de ressources. De la présence et de l’activité de cette pieuse bâtisse, de ses trois cents à trois cent cinquante écoliers [12], la ville tire profit, jusqu’aux marchands, aux artisans, aux logeurs des enfants forains [13]. Dans l’avaricieuse Auvergne, comme partout, on tient à ce pactole. Inlassable agitateur d’esprit, un collège dispense la civilité et les bonnes lettres, Cicéron et Virgile, des rêves d’ascension sociale, aux fils des robins et des gens mécaniques de Mauriac, des laboureurs du plat pays [14] : « Les écoliers sont tous fils de laboureurs, paysans, ouvriers, et artisans, et quelques-uns de la lie du peuple »  [15]. La petite ville se nourrit, économiquement, intellectuellement, spirituellement, du collège qui lui donne un air de capitale, une honorabilité, un prestige. Comme les parents choient un enfant malingre, Mauriac tient d’autant plus à ses jésuites et à son collège [16], que la maison, depuis sa fondation, survit, toujours menacée, toujours à court d’argent et écrasée de dettes, toujours pauvre et « misérable »  [17], toujours fragile, et comme provisoire.

4 Comment, dans ce contexte, les Mauriacois pourraient-ils accepter l’opprobre jeté sur les jésuites, et ce qu’il signifie pour un bourg qui leur doit tout ? Pour ramener les jésuites et sauver le collège, le peuple de Mauriac est prêt, si nécessaire, à transgresser la loi. Le discours administratif souligne volontiers l’« émeutivité » des populations d’entre Dordogne et Puy Mary [18] : psychologie de manches de lustrine enclines à distribuer à leurs gouvernés de bons et de mauvais points. En fait, sans être portés plus que d’autres à la sédition, les Mauriacois imaginent mal Mauriac sans collège et un collège performant sans jésuites. Dès lors qu’un intérêt vital de la communauté est menacé, les habitants peuvent avoir le bâton et la pierre faciles.

5 Sur ces deux termes, le collège et les jésuites, s’établit, au départ, un consensus entre les habitants et les officiers de justice pour, en deux mémoires distincts mais convergents, défendre le premier et louer les seconds. À contre-courant de l’esprit du temps, les uns et les autres décernent aux pères un vibrant satisfecit pour leurs soins, leurs prières et leurs bons exemples :
« Il n’y a pas un citoyen qui ne soit d’accord que tout ce qu’il sait, il le tient des jésuites, qu’il n’a reçu d’eux que d’excellens principes de Religion et d’éducation, que tous les tems, ils les a vus se comporter avec une édification salutaire et exemplaire; cette conduite de leur part, les secours qu’il prête journellement pour la prédication, pour les Confessions, pour l’instruction du peuple, et principalement pour la bonne éducation de la Jeunesse, donnent tout lieu de croire qu’ils ne sauroient être que très-imparfaitement remplacés »  [19].

6 Signe d’attachement et de fidélité aux jésuites, la ferme prise de position mauriacoise, tant du peuple que des notables, anticipe, sur le mode pacifique du discours, la violence populaire de septembre.

7 Passent les mois et avance la machination parlementaire contre la compagnie. Sans se désaffectionner encore des bons pères, les habitants de Mauriac, dans un nouveau mémoire, passent de l’attachement « extrême », souligné par l’université de Paris le 3 mars, à un certain détachement ou, du moins, à un prudent silence, plus en rapport avec les précautions nécessaires à la sauvegarde d’un collège menacé. Ils en viennent même, pour prouver « l’assez bon état » des bâtiments, et, peut-être aussi, pour faire chorus avec les accusateurs, à prêter, après d’autres, une hypocrisie, une habileté manœuvrière à leurs chers pères : « Ils prétendent que la Société n’avoit employé ces matériaux [une couverture de chaume] que pour faire croire qu’il falloit rebâtir le College que même les Jésuites avoient déjà acheté les bois, les pierres de taille, la chaux… »  [20]. Désormais, entre les jésuites et le collège, ils choisissent le collège :
« Nous espérons avec confiance que la Cour du Parlement, toujours animée des vues supérieures du bien public, et du soin de pourvoir à l’éducation des peuples, sera sensible à nos humbles représentations; qu’elle reconnoîtra l’utilité de notre College, et qu’elle n’aura aucun égard aux prétentions et représentations des Officiers d’Aurillac… ». Ils répugnaient aux « maîtres étrangers » qui ne pouvaient égaler les mérites des pédagogues de la compagnie; ils se déclarent enchantés de les accueillir, car il faut bien des enseignants pour qu’il y ait des enseignés et un collège :
« Des Maîtres étrangers n’ont absolument rien à craindre de notre prévention prétendue pour les Jésuites. Persuadés que ces nouveaux Maîtres rempliront exactement les devoirs de leur état, nous les chérirons, nous leur serons attachés autant que nous pouvons l’avoir été aux Jésuites, et nous rechercherons en corps et en particulier toutes les occasions de leur en donner des preuves;
nos enfants sont, pour les nouveaux Maîtres, des gages assurés de toute notre affection et de toute notre bienveillance »  [21].

8 Le nouveau mémoire laisse augurer un aggiornamentode la politique des notables prêts à renier une fidélité trop voyante et trop risquée pour les intérêts supérieurs de la ville et à adopter un discours plus conforme au dessein des parlementaires. Mais d’autres Mauriacois, autant que les textes le laissent entrevoir, enragent, sans rien comprendre à ces finasseries d’un autre monde. Tout, dans le mauvais parti fait aux jésuites, heurte leurs certitudes, les déroute et les enfièvre. Tout les indigne, et d’abord la fermeture du collège à compter du 1er avril 1762, décidée par le parlement de Paris [22] ; puis le départ des pères, à qui le même parlement de Paris enjoint, par un arrêt du 6 août, de vider les lieux, « et ce, dans la huitaine de la signification du présent Arrêt »  [23]. Et voilà qu’on annonce, pour le 6septembre, un nouveau départ, un nouveau malheur, non plus l’éloignement des personnes, qu’on peut toujours croire provisoire, mais la vente judiciaire du mobilier des pères [24], avec ce qu’elle représente d’irréversible. La nouvelle court les rues, exaspérante, impensable, impossible.

9 Boutiques et échoppes grondent et travaillent à se défendre contre cette agression. La violence est prête à prendre. Il suffit, pour que la ville s’ameute et « s’émeute », d’un incident minuscule, d’une étincelle triviale qui enflamme le cours ordinaire des choses.

L’IMPOSSIBLE VENTE

10 Spectacle et occasion de rencontres, l’encan attire. La badauderie mobilise une foule de quidams, venus là pour voir, d’acheteurs flairant la bonne occasion (encore que le meilleur, les jésuites l’aient confié à des familles aisées en prévision d’un prochain retour [25]), d’anciens élèves à qui un objet banal rappelle un moment de leur propre histoire, quand ils ânonnaient rosa, la rose, et se frottaient de mythologie, et tous ceux qui ont entendu chuchoter, par un tiers bien informé, qu’il se passerait quelque chose d’inédit après une certaine enchère, et qui tiennent à en être. Dès huit heures carillonnées, dans la cour du collège, l’huissier Maurel ouvre la criée, sans réelle « opposition ny trouble »  [26]. Une fois, deux fois, trois fois… : défile l’inévitable bric-à-brac délaissé lors de départs précipités et contraints. À plusieurs reprises, les Mauriacois présents manifestent leur désapprobation à la vente de tables, de bois de lits, de chenets [27], d’une broche de fer [28]… La tension monte soudain quand, à la fin de la matinée, un gentilhomme, qui n’est pas un inconnu pour les Mauriacois, rafle, pour treize livres, un lot d’antiquailles, quinze « vieux tableaux » qu’il destine à son château de Drugeac. Le même noble, marquis de Saluces et baron de Drugeac, se fait adjuger, sur la lancée, « plusieurs douzaines de planches », que les jésuites avaient amassées pour de futures réparations aux bâtiments [29]. Une sévère déconvenue pour les enchérisseurs rivaux, moins déterminés ou moins fortunés, et comment, en Auvergne, résister à la séduction des ais, car on a toujours besoin d’une planche chez soi, pour une cloison, un toit, une cabane !

11 De plus, cet achat sacrilège compromet la restauration des jésuites, la survie des classes.

12 La « populace », comme ensauvagée par l’imminence du chargement des planches, se porte, hostile et tumultueuse, vers la « voiture » seigneuriale et son infortuné voiturier, un fidèle du marquis [30], pour s’opposer au rapt des matériaux. Un orateur improvisé, le marchand Jacques Rixain, incite et excite la foule de son verbe. Il dénonce l’accapareur, le menace de mort et promet le retour prochain des jésuites : rien n’est encore joué car l’unanimité des parlements est loin d’être faite et le roi, lui-même, peut mourir. La foule, unanime, aussitôt applaudit le tribun d’occasion [31]. Elle hurle menaces et quolibets, invective le marquis et, « la rage étincelant dans les yeux des révoltés »  [32], elle se rue sur le « gentilhâtre », l’huissier et les recors pour les lyncher « à coups de bâtons et de pierres »  [33]. Saluces et les auxiliaires de justice, accablés par le nombre, n’échappent à un funeste destin qu’en trouvant refuge dans un lieu sûr et saint, le monastère mauriste voisin, qui retrouve pour l’occasion, son rôle ancien de sauveté [34]. Les boucs émissaires de la « populace » tirés d’affaire, les émeutiers, insatisfaits, trouvent, à défaut de tuerie, une cible de substitution pour épancher leur colère. Sur sa lancée, la foule surchauffée et « mutinée » s’engouffre dans les bâtiments du collège, enfonce les portes, retrouve, à l’occasion de ce désordre, l’attrait réflexe du pillage et vandalise paradoxalement ce pour quoi elle se mobilisait [35]. Le nombre et la certitude de leur bon droit – les voleurs, ce sont les autres – donnent à chacun l’audace, et un sentiment d’impunité. La « populace » pille pour piller, pour s’enrichir, car le bas de laine auvergnat est toujours ouvert, mais surtout, pour dire, mieux qu’avec les seuls mots, son malaise et son désarroi. Elle pille le jour même où les portes sont forcées, mais aussi, parce que depuis elles sont toujours ouvertes et que les tentations sont grandes, le lendemain. Mais jusqu’où ne pas aller trop loin ? La liste des larcins et des chapardeurs identifiés est courte : un missel que la dévotieuse Marthe Destrudeles [36] fait sien pour le salut, ou la perte, de son âme, des livres de la bibliothèque que Chavignié attire à lui, avec une ingéniosité bien digne d’un ancien élève des jésuites, à travers la chatière de la porte par le moyen d’un croc de fer attaché au bout d’un bâton [37], un « grand tapis » levé par le charpentier Broussole [38], des portières, des rideaux de fenêtre et, presque immeubles par destination, les grilles du potager [39]. Maigre butin qui pourrait, après tout, relever d’une volonté de mémoire afin de garder du vieux temps, quelques épaves, quelques reliques significatives : à chacun, ses madeleines !

13 Après coup, comme si les révoltés entendaient habiller, d’un manteau de légalité, le bref recours à la violence et donner à « la rebellion » une légitimité, l’huissier Pierre Coltegeol vient remettre à son confrère du siège d’Aurillac qui procède aux enchères, un acte d’opposition, des consuls de Mauriac, à la vente et à la délivrance des matériaux du collège, mais un acte non signé, dont l’authenticité peut paraître douteuse [40].

14 Le calme revenu, le lendemain, 7 septembre, dans la même cour du collège, la vente reprend sur la promesse faite par le juge Lacoste qu’« on ne s’opposoit point à la vente des autres effets ». Mais une nouvelle fois, la faction pro-jésuite entend utiliser la recette éprouvée la veille pour réactiver l’émeute et contrarier les enchères. Cette fois, l’identité du provocateur change : au lieu du marchand Rixain, le cabaretier Barthélemy Matheuf, mais un cabaretier « pris de vin » et titubant [41]. Plus de deux heures durant, l’ivrogne discourt, insulte l’huissier et les recors, qu’il traite de « coquins » et de « voleurs », menace d’« écraser tous ceux qui achetteroient et qu’on les obligeroient bien a rendre »  [42], reproche aux Mauriacois amnésiques et consentants, de n’avoir « ny cœur ny honneur »  [43], dénonce le dessein satanique et mortifère du parlement qu’il accuse de vouloir « anéantir la religion », ressasse son attachement aux bons pères : « Les Jesuites étoient d’honnettes gens »  [44]…, ils « etoient absolument utiles et nécessaires »  [45]. Malgré, ou peut-être à cause de la violence et de l’impétuosité vineuses du propos, rien n’y fait : ni l’appel aux « pères de famille » soucieux de bonne éducation pour leur progéniture [46], ni les reproches, ni les menaces. La foule écoute, impassible. Trop de vin, moins de talents rhétoriques, ou une soudaine tiédeur de la « canaille », faite de raison et de prudence, ne parviennent pas à soulever, comme la veille, l’auditoire et à « susciter une nouvelle révolte »  [47].

15 Qu’a fait Mauriac pour mériter, dans la requête produite par le procureur Crozet d’Hauterive [48], l’épithète de « rebelle » ? La seditio ne dépasse pas l’attroupement séditieux, à peine une émeute, et de série, au scénario immuable, banal et répétitif. La ville est-elle entrée en dissidence ? Elle y entre, comme on écrase une larme. Par fidélité aux bons pères et aux saintes valeurs du collège, par peur du nouveau, par refus de couper le cordon ombilical [49] : mais où sont les jésuites d’antan ? Les sources opposent deux visions de l’affaire de Mauriac : le récit du procureur, partiel et partial, qui exagère la rébellion et répond au souci d’ordre d’un homme du roi; la narration éclatée des différents témoins et accusés, interrogés au cours de l’enquête, menée par le lieutenant général criminel Colinet de Niossel [50], qui, au ras de l’événement, focalise sur un détail et, malgré oublis et malvoyances, donne un écho plus coloré, plus expressif et, par là, permet une appréciation et une interprétation plus justes de la prétendue émotion populaire.

16 Magistrats et enquêtés parlent de « foule »  [51], de « troupe »  [52], et surtout de « populace »  [53] qui, à défaut d’identifier un milieu particulier [54], attestent du caractère populaire d’un soulèvement, où les rares bourgeois présents assistent, plus qu’ils ne participent, à l’agitation et au tumulte. Combien d’émeutiers ? Un écolier de quatrième juge la troupe « très considérable ».

17 Un autre parle d’une « populace très nombreuse »; un marchand chaudronnier d’Aurillac d’« un grand nombre ». Les seules estimations chiffrées varient du simple au triple : où l’un voit cent personnes, l’autre en voit plus de deux cents [55]. Et le procureur du roi, quant à lui, hausse le nombre des émeutiers à près de trois cents [56]. La sociologie des mutins se limite aux quelques noms cités, à l’économie, par des témoins prudents. La plupart appartiennent au monde de la boutique et de l’échoppe [57], à l’exception d’un charpentier, fils de charpentier [58], et d’un charpentier, qualifié aussi de journalier [59]. Un marchand et des cabaretiers, voilà les cadres et les porte-parole de la piétaille. Un témoin note aussi le rôle déterminant des femmes, qui « occasionnent » l’émeute par leurs vociférations, ou, si toutes remplissaient leur tablier de pierres pour lapider l’huissier et ses recors, en constitueraient le bras armé [60]. Sans oublier l’intrépide Madame Rixain [61] qui marche derrière ou à côté de son compère, féminité oblige, et pousse le marchand drapier à prendre une dimension épique [62] : est-elle l’amazone anonyme qui appelle la foule à tomber sur le marquis de Saluces et son domestique et à leur « couper le col »  [63] ? Certains métiers de sociabilité (hôtes et cabaretiers [64]), certain sexe [65], d’autant plus présent le 6 septembre 1762 que la survie du collège et le retour des jésuites intéresse au premier chef les mères et éducatrices chrétiennes [66], passent pour fomenter et nourrir le désordre;
ingrédients habituels des révoltes, ils et elles se retrouvent dans la mutinerie de Mauriac, comme dans les émotions populaires du XVIIe siècle.

LES MOTS DU DÉSAMOUR

18 Le côté bavard de la sédition haut-auvergnate s’éloigne, par contre, de la typologie coutumière des émeutes des règnes antérieurs. Les discours du marchand Rixain et du cabaretier Matheuf méritent analyse; le premier surtout qui, mieux que les propos envinés de Matheuf, va bien au delà de la pure violence verbale et expose les refus et les aspirations qui portent la populace en avant et alarment son courroux. Rixain part d’un postulat simple : « La ville de Mauriac ne pourroit pas vivre sans [les jésuites] »  [67]. Pour éviter l’irréparable et permettre la restauration de l’ordre ancien, Rixain presse les Mauriacois de ne rien laisser emporter des meubles et des matériaux qui, de près ou de loin, touchent aux pères [68]. Le retour des jésuites, pour le marchand, relève de l’espoir têtu (« il les désiroit avec ardeur »), de la militance (« ils feroient tous leurs efforts pour les remettre dans tous leurs droits »), de l’article de foi (« ils etoient des saintes ames que Dieu ne permettroit point qu’ils fussent toujours persecutés »)  [69]. Il martèle sa certitude, qui s’alimente peut-être au précédent du premier départ des pères, en 1595 [70], à la suite de l’attentat de Jean Chastel [71], suivi du retour triomphal de 1605 [72] : ils reviendront « infailliblement »  [73], « bientôt », « dans peu », « tôt ou tard »  [74]. Car le ciel, manichéen à souhait, ne peut abandonner les bons et laisser sans punition le mauvais, le roi infidèle à sa mission sacrée. On est loin du roi trompé et des autres écrans qui exonéraient le souverain de toute responsabilité personnelle [75]. Désormais, à Mauriac comme à Paris, le prince n’échappe plus à la mise en cause et au châtiment de sa personne [76]. Rixain en appelle à une mort naturelle de Louis XV, par quelque fièvre maligne qui manifesterait la réprobation divine : « si le roy pouvoit mourir »  [77], « si le roy venoit à mourir »  [78]. Il espère le roi mort, il le veut mort, pour que l’impiété cède la place à la piété et que monte, sur le trône, un héritier tout dévoué aux jésuites [79]. Hypothèse, supposition, attente, vœu, présage, prophétie : il y a un peu tout cela dans la prédication-prédiction de Rixain qui, bien comprise, veut persuader ses compatriotes, surtout les tièdes et les hésitants, que le retour des jésuites ne relève pas de la politique fiction, n’appartient pas au domaine de la chimère.

19 D’autant plus que la sainte cause dispose d’alliés de taille (nombre de parlements non alignés sur le prêt à penser parisien [80], le dauphin et l’entourage delphinal [81]) : « À cause que Mgr le dauphin les soutenoit et que d’ailleurs les autres parlemens ne pensoient pas comme celuy de Paris et qu’ils [les jésuites] etoient conserves en plusieurs endroits »  [82]. Rixain mêle à la main de Dieu, croyance d’un autre âge, des informations, bien réelles et bien contemporaines, sur l’actualité politique dans le royaume : qui tyrannise, et qui s’y refuse et agit bien dévotieusement. Preuve qu’un savoir politique pénètre un lointain de montagnes à vaches, qu’on croirait étranger aux meuglements du monde, et nourri les conversations cabaretières locales, d’avant ou d’après dîner, chez Matheuf, Croizet, Lachassagne et les autres. Avec des courroies de transmission qui pourraient être les bons pères eux-mêmes, et qui valent toutes les gazettes de France.

20 Avec le discours de Rixain, la foule entend ce qu’elle attend. Elle honore et félicite son héros par ses applaudissements. Des cris fusent de « plusieurs personnes de la lie du peuple » : Vive Rixain ! « Vive Rixain qui se montre comme il convient au lieu que les autres sont des gens timides qui n’osent rien dire »  [83]! Un vivat unanime assorti, en corollaire, de deux rejets : l’un presque dit (non au premier consul), l’autre implicite (à bas le roi, mort au roi).

21 Au-delà de leur contenu même, les paroles de Rixain tirent une partie de leur force agissante, des circonstances antécédentes et présentes qui les suscitent. Manifeste insurrectionnel, elles esquissent un projet politique, légitiment un refus collectif de la vente, aiguillonnent une indignation diffuse qui poigne les Mauriacois, bien avant les fatidiques onze heures : « tout de suite la populace commença de crier [… ] que rien ne se vendroit »  [84]. Car la ville se sent agressée. Par les arrêts iniques et l’insolente simarre des Messieurs du parlement. Par l’intrusion, à leur suite, d’un huissier exogène et de ses recors. Par ces acheteurs étrangers, les Joseph Ternat, Jean Bonal, Pierre Burg, eux aussi venus d’Aurillac, pour faire de bonnes affaires sur le dos du collège rival : la foule, une fois encore sans attendre la philippique de Rixain, menace les Aurillacois « de les maltraiter s’ils s’avisoient d’achetter quelqu’un des effets »  [85]. Le spectacle de tous ces marauds forains qui, tels des rapaces, s’abattent sur Mauriac, profitent du malheur public, de l’infortune des bons pères et privent la communauté d’une partie de son patrimoine, ravive une ancestrale méfiance de l’étranger. Chacun réprouve le principe d’une vente scélérate et frustratoire et refuse tout à fait qu’elle tourne à l’hémorragie de substance, à la dépossession : « Supposé que l’on dut vendre le mobilier, la ville de Mauriac devoit en avoir la preferance ». Rixain ne se déclare pas plus libre-échangiste que la foule attroupée : « Les gens de la ville devoient etre preférés »  [86].

22 Plus qu’aucun autre, Lur Saluces [87] concentre sur sa personne rancunes et rancœurs pour des raisons peu claires. Certes joue, dans un sens aggravant, la réputation du marquis, très porté sur la bonne table [88], les idées nouvelles, les sciences et les œuvres d’art, amateur d’écus et de procédure [89]. Menacer un gentilhomme de le fouler au pied et de le bastonner, l’obliger à une retraite précipitée et honteuse, voilà bien une plaisante inversion de rôle qui réjouit la populace, et à laquelle elle se prête volontiers. Avant que la foule ne s’engouffre dans la violence, le roturier Rixain provoque Monsieur de Lur Saluces et le nargue par l’injure et la brimade verbale. Il le traite, entre autres arrogances, de « petit j. f. [jean-foutre] etranger [qui] n’etoit pas fait pour leur faire la loi »  [90], de « petit foutriquet »  [91]. Sans plus de délicatesse, le marchand citadin fait de l’extrace drugeacoise du marquis, une tare et un délit : Mauriac « ne lui avoit pas grande obligation »  [92] ; « on ne le respectoit pas beaucoup »  [93]. On le menace, lui, l’étranger  [94], le tyranneau de village [95], de « mauvais tour »  [96], de « facheuses » vengeances, à l’occasion d’allées et venues diurnes et nocturnes; par exemple, d’« essuyer quelques coups de barre », assénés par « certaine quanaille » de la ville [97]. Mais que diable vient faire, « de nuit et de jour », dans Mauriac [98], le châtelain de Drugeac ? Autant que les tableaux et les planches, l’identité de l’acheteur électrise l’atmosphère et déclenche la turbulence. Lur Saluces présente la particularité d’être connu, reconnu et jalousé des Mauriacois. Une nouvelle fois, dans son cas, la violence ne frappe pas au hasard. Pour autant, on peut difficilement forcer le trait et voir, dans cette brève fête des fous, une révolte d’anticipation, une première lézarde de l’ancien régime social.

PALINODIES

23 Les événements de Mauriac résultent-ils d’une irritation sans invite, d’un accès de fièvre instinctif ? Faits et discours contredisent une interprétation spontanéiste de la violence. Les provocateurs sont nommés : Rixain, femme et fils [99], mais aussi Matheuf et Croizet [100], qualifiés de « complices »; et la machination, avouée : « … quoique rééllement ils fussent d’accord et d’intelligence pour ne pas encherir entr’eux ». L’entente préalable se borne-t-elle au refus concerté de participer aux enchères et, dans le cas où des étrangers auraient « le tort de s’opiniâtrer et d’acheter des matériaux du collège », à des mesures de rétorsion contre vendeurs et acquéreurs intrus [101] ? Dans un propos tenu à Saluces, Rixain fait allusion à des machinations de l’ombre, à une conspiration soigneusement ourdie au sujet de son interlocuteur, contre qui « on avoit tramé bien de choses »  [102]. Pour redoubler cris et huées, la foule attendait-elle les enchères portées par Lur Saluces comme un signal convenu entre initiés ?

24 Voulue, préparée, conduite, l’effervescence ne vient pas des imprécateurs successifs, Rixain et Matheuf, mais de plus haut. Colinet de Niossel et le présidial se satisfont, assez volontiers, de coupables apparents et ne souhaitent pas remonter de la piétaille aux vrais responsables, aux chefs secrets. Mieux vaut ne pas trop chercher les vrais criminels, de peur de les trouver et de bouleverser l’ordre socio-politique urbain, en mettant en cause des principaux, des notables. Et pourtant, les témoins livrent trois noms de complices de l’émeute, et qui pourraient être quelques-uns de ses instigateurs. À deux bourgeois, Danjolie [103] et Ternat fils [104], paladins du double langage, Rixain reproche leur audace boutonnée, leur cautèle de pleutres, leur mutisme, laissant à d’autres, à lui, la mission périlleuse d’entraîner et d’orienter la violence populaire : « Vous nétes que des politiques et de j. f. [jean-foutre] vous etés forts pour parler derriere et vous n’osés pas parler en face de personne, pour moy je dis ce que je pense »  [105]. Absence-présence qui n’est pas totale puisque Danjolie et Ternat participent à l’altercation entre le marquis de Saluces et Rixain, que Danjolie tient au marquis des « propos assez vifs »  [106], que l’un et l’autre soutiennent, mais dans leur cas sans référence aux jésuites, « qu’on vouloit conserver [les planches] dans lesperance que le college de lad. ville subsisteroit et qu’on attendoit une descision du parlement »  [107]. L’enquête livre un troisième nom, impensable et paradoxal : celui d’un serviteur de la loi et de l’ordre. Arlésienne tapie dans l’ombre et le calme de son cabinet, le juge Lacoste [108] pourrait mener l’ire populaire; il tente un coup de force légal en fabriquant un acte d’opposition à la vente et en forçant, par auxiliaire interposé, la main et la signature du premier consul, le médecin Chevalier [109], contraint de l’authentifier [110]. Rixain, pourtant avaricieux d’aveux et de confidences, lui attribue la paternité de l’acte [111] et Coltegeol, celle de l’émotion [112]. Le premier consul Chevalier ne confond pas l’exécutant (Coltegeol) et le commanditaire : « Tout ce quil avoit fait et signé a ce sujet c’étoit qu’il y avoit ete forcé par le sr Lacoste juge »  [113]. Le lendemain, le deus ex machinade l’émeute, Lacoste, promet, bon apôtre, le calme; alors que la veille, il levait la tempête [114]. Si manigances et intrigues du « turbulent » juge de Mauriac il y a, et elles ne paraissent pas douteuses, il échappe, lui aussi, comme Danjolie et Ternat, au bras de la justice, immunité sociale oblige.

25 Après le tourbillon du 6 septembre et le ratage du 7, le calme revient; le quotidien reprend son cours; les boutiquiers regagnent leurs boutiques, les artisans leurs échoppes, les disciples de Bacchus les cabarets, et la lie du peuple, au terme d’un bref happening, reprend un anonymat couleur de muraille. Une soudaine explosion de colère, un simple fait divers, comme beaucoup d’autres, mais qui laisse un sillage. Bien avant l’explosion populaire de septembre, Mauriac cesse de présenter un front uni, dans une même action pour les jésuites et le collège, entre modérés et extrémistes, entre notables et gens de peu. Le 14 avril, pour répondre à l’avis de l’université de Paris du 3 mars [115], une partie du corps de ville rédige un mémoire, que signent le premier consul, un homme « de la meilleure bourgeoisie », les officiers de la justice de Mauriac et « plusieurs Habitans ». Les deux autres consuls, des marchands, avec d’autres « Habitans », envoient, le même jour, un autre mémoire, assez peu différent, au même destinataire. Cette dualité révèle, dans le camp mauriacois, des discussions, des dissensions, des querelles de personnes. Les officiers de justice s’offusquent du « grand nombre de gens de tout état qui ont voix aux assemblées de ville » et exigent, par malthusianisme politique, la réduction du nombre des votants aux trois consuls en charge, aux quinze consuls précédents, au juge et au procureur [116]. La béance, entre les fidèles qui ne lâchent pas, et les ventres habiles et mous, prêts à toutes les opportunités, la révolte ne la crée pas; mais elle la creuse. Les premiers, qui s’opiniâtrent dans l’ultracisme jésuite, condamnent le modérantisme gestionnaire du médecin Chevalier. Des femmes, dans la populace attroupée, « crioient hautement qu’on avoit un consul qui ne se donnoit aucun mouvement pour soutenir les interets de la ville », confirmant le dire de la « lie du peuple » : « les autres sont des gens timides qui n’osent rien dire »  [117]. L’huissier Coltegeol, en service commandé, accable, lui aussi, le controversé premier consul. Les témoins le décrivent, saisi au collet par l’huissier [118], traîné dans la salle de la congrégation [119], et irrévérencieusement tutoyé par un Coltegeol à l’assignation plutôt musclée : « J.

26 F. [Jean-foutre] tu soutiendras malgré toi les interets de lad. ville »  [120]. Qui soutient les vrais intérêts de la ville ? Chevalier, le politique, décrié par les pasionariasde la cause jésuite pour servir le seul collège et oublier les pères, ou Rixain, le champion de la résistance A.M.D.G. ?

27 Incomprise, contestée, vilipendée, le temps d’une émeute, l’autorité légale reprend l’initiative. Pour contrer les intrigues d’Aurillac [121], éloigner le discrédit qui pèse sur la ville et conserver un collège menacé par les autres et par eux-mêmes, les « habitants » de Mauriac, assemblés dès le 14 septembre [122], se voltairianisent, s’inventent une inclination pour les parlements et les parlementaires, se façonnent une aversion pour les bons pères. Au prix d’un ralliement de conviction, de sagesse ou de résignation, et de bien des rancœurs chez les vaincus de septembre, ils chargent ceux que, hier, ils révéraient et cajolent ceux dont ils dénonçaient l’injuste vindicte. Le pouvoir municipal change de camp et de discours et, dans un troisième mémoire, déposé le 30 septembre, il aboie avec les loups :
« Dans notre délibération du 3 janvier dernier, nous avons fait l’éloge le plus flatteur des ci-devants soi-disans Jésuites qui avoient habité et composé notre College. Nous étions dans la bonne foi, les apparences étoient pour eux; nous ne connoissions ni la méchanceté, ni la perversité de leur doctrine et morale, ni la leur. Leur conduite nous oblige à tenir un langage bien différent; elle justifie parfaitement leur proscription, et que ce n’est que dans les occasions que l’on connoît les hommes. Depuis le premier moment qu’ils ont perdu l’espoir de leur conservation, ils ne se sont tous occupés que du soin de ruiner et piller le College »  [123].

28 Toujours par attachement à leur collège, les « habitants » forcent le trait et accusent les disciples d’Ignace de Loyola d’avoir dilapidé l’argent et les matériaux réunis pour relever les bâtiments et d’avoir soustrait, dérobé, emporté, grains, livres, bouteilles. Mais que n’ont-ils pris, et jusqu’aux vases sacrés, aux ornements, au « grand calice ciselé et en vermeil avec sa patene », aux « nappes de Flandre à personnages, ramages et autres »  [124] ? Au père jésuite Pierre Delattre de commenter, désabusé, en 1957 : « De telles volte face ne sont guère honorables, mais elles sont très humaines »  [125]. Mais, pour la plus grande gloire de Mauriac, le maintien du collège récompense, deux ans plus tard, le 20 juin 1765 [126], le reniement opportun des « habitants »  [127] et les efforts inlassés de la ville.

MAIN BASSE SUR UN COLLÈGE

29 Et si tout cela n’était qu’un mauvais rêve ? Une ombre fugace qu’un procureur du roi, sûr de lui-même et de ses informations, travestit en « rebellion des plus vives », dans la « requête en plainte », quelque peu sujette à caution, qu’il remet, trois jours après les faits, au lieutenant général criminel Colinet de Niossel [128]. Quel dessein, quel mobile le poussent à donner, en majorant les chiffres, plus de corps à la foule, à faire du soulèvement un fait majoritaire (« la majeure partie des habitants »  [129]), à embourgeoiser une partie des manifestants pour accréditer une presque unanimité, à grossir, à force d’enflures verbales (« rebellion », « populace mutinée », « attroupement seditieux », « revolte seditieuse »  [130]), une manifestation illicite qui verse dans la violence. Et, surtout, il charge un coupable collectif, la « populace tumultueusement assemblée conduite par des gens seditieux », qui s’aventure, sans grandes précautions oratoires sur un thème, la mort possible du souverain, où toute mauvaise parole prononcée se retourne implacablement contre son auteur, sans peut-être savoir qu’on ne doit pas, en public, préférer un fils à son père quand il s’agit du « successeur au trone » et du roi. « Ils ont eu laudace et la temerite d’interessér la personne sacrée du roy et pour ainsi dire de fondér leur esperance sur sa mort qu’ils paroissent souhaiter affin de conserver les cy devant soi disant jesuites nest ce pas la un crime des plus graves et des plus attroces qui doit faire fremir tout bons français ? nest ce pas la un veritable crime de leze majesté et une approbation certaine de la moralle des cy devant soi disant jesuites ? en un mot nest ce pas un de ces crimes dont l’attrocité est plus aisee a sentir qu’a exprimer ? »  [131] Crozet d’Hauterive se serait-il livré à un tel effet de manches sans le forfait de Damiens [132] ? Depuis cinq ans, le coup de canif porté à Louis XV ravive, dans l’opinion et dans le monde de la basoche, des petits juges jusqu’aux parlementaires, la hantise du régicide et rameute les vieilles accusations contre la compagnie de Jésus [133]. Par le poignard de leurs impudences verbales, le procureur rattache les séditieux de Mauriac à la grande famille des Jacques Clément [134], des Jean Chastel [135], des Ravaillac [136] et des Damiens, plus ou moins manipulés par les funestes pères. Il hume, derrière ces propos sacrilèges, un relent jésuite et, sur la ville tout entière, il voit planer, méphitique, une tenace nuée loyolesque.

30 Ville tumultueuse, mal pensante, mal disante, mal agissante, qui appelle, au delà du châtiment des coupables, une punition collective. Mais qui requiert, instruit et juge ? Un procureur, un lieutenant général criminel et des conseillers qu’on voudrait croire insensibles aux pressions, mais dont le zèle pour la cause d’Aurillac pourrait l’emporter sur les scrupules de l’officier du roi. Immergés dans une ville qui se veut, elle, indemne de tout péché jésuitique et rébellionnaire [137], et cumulant un service de justice et des fonctions consulaires [138], les hommes du présidial soutiennent-ils, dans l’affaire de Mauriac, le grand dessein des municipaux d’Aurillac, qui tentent de faire main basse sur le collège rival [139] ? La réponse des Mauriacois, dans sa brutalité, a le mérite d’être claire :
les officiers du bailliage d’Aurillac « nous sont suspects, parce qu’ils font les derniers efforts pour obtenir la réunion de notre College au leur… [et voient] avec complaisance tout ce qui tend à la destruction de notre College, et à nous mettre dans l’impuissance de le conserver ». Les tenants de la cause mauriacoise étayent leur plainte sur le caractère abusif de la vente du 6 septembre et des jours suivants, qui contrevient à l’arrêt du parlement du 6 août; ils accusent le présidial d’Aurillac d’avoir fait vendre à l’huissier Maurel, d’intention délibérée, pour « dégrader » les bâtiments et « faire supprimer » le collège, non seulement les délaissés des « ci-devants soi disans Jésuites » mais « les meubles meublans les classes » et « même une marmite de cuivre enchassée dans le mur de la cuisine, qu’il a fallu, pour cet effet, démolir en partie »  [140].

31 Le collège forcé, pillé, l’a-t-il été par la « populace » effrénée de Mauriac ou par les juges casseurs d’Aurillac ? Le mémoire des habitants de Mauriac redistribue les rôles et ramène l’émeute à une manipulation, à une intrigue ourdie à Aurillac, à laquelle quelques mauvais drôles, quelques agités, quelques ambitieux et une population alarmée par des enlèvements excessifs et provocateurs ont donné corps. La brève déraison collective du 6 septembre, les officiers royaux d’Aurillac, dévoués à la ruine du collège concurrent, la déguisent, quant à eux, en révolte inquiétante et grave. De la ville « émeutée », ils font une ville défaillante qui ne mérite pas la confiance du roi, et où un collège ne peut vivre dans l’ordre et dans la tranquillité. « Il est aisé de s’apercevoir, protestent les habitants de Mauriac, que c’est moins l’amour du bien public qui dirigent leurs démarches, que le desir de contribuer au bien et à l’avantage particulier de leur Ville »  [141]. Le présidial d’Aurillac n’a pas inventé la révolte, et pas davantage, la fascination de Mauriac pour les jésuites, mais il a su les interpréter, les assombrir, au mieux des intérêts de la principale ville du haut-pays.

32 L’esprit de clocher réunit les émeutiers de Mauriac, comme il arme la plume des magistrats d’Aurillac. Il suffit d’un collège ou d’autres miettes de richesse et de prestige, pour déchaîner des rivalités entre communautés, qui tapissent de requêtes et de placets les lieux de pouvoir et, parfois, s’exaspèrent en turbulences. Le tumulte de Mauriac ne s’ancre pas, tout entier, dans la défense d’un intérêt urbain mais, comme toutes les contestations, il délivre « une pluralité de sens »  [142]. Il plaide pour l’efficacité d’une pastorale et du maillage du tissu social urbain par les sodalités jésuites. Preuve, s’il est besoin, que les pères ne visent, et n’atteignent, pas seulement l’élite [143], mais aussi le peuple [144]. Il révèle et réactive, à l’intérieur même de la ville, toute une latence de lignes de fracture : entre gens de peu et « principaux », envers les étrangers, contre la gentilhâtrie. Gestes et paroles dirigés contre l’accapareur Lur Saluces ont déjà un air fin de siècle; mais on aurait tort de lire une révolte fondamentalement passéiste à partir des événements révolutionnaires.

33 Car il s’agit, avant tout, pour les attroupés de Mauriac, de restauration, de rétablissement. À écouter Rixain et Matheuf, un même élan, un même projet politique élémentaire les unissent et les animent : que le passé redevienne présent. Ils souffrent de l’audace, novatrice et malfaisante, de juges qui éclaboussent la religion, judiciarisent l’Église et la monarchie. Ils abandonnent au glaive terrestre de Dieu, Louis XV, roi si peu saint qu’il laisse partir leurs chers jésuites. Seule, la mort du prince indigne peut renverser le cours des choses et opérer un salutaire retour en arrière. Même à Mauriac, on est loin, en 1762, de l’affection naturelle que les enfants, soumis ou polissons, portent à leur souverain et père, et tout proche, harangue [145] de Rixain et applaudissements unanimes aidant, des coups de canif langagiers de la capitale.

34 Les mutins du 6 septembre totalisent une belle somme d’indignations, de rancœurs et de nostalgies. Mais l’intolérable reste bien le mauvais coup porté contre un attachement dévotieux, la rupture provocante du vieux couple que formaient, depuis vingt décennies, la petite ville de Haute-Auvergne et les disciples de Loyola, et qui l’apparentait aux « Genève » septentrionales des jésuites [146].

tableau im1
LISTE DES TÉMOINS Numéro Nom Âge Profession Domicile Observations d’ordre ou état 1 Bertrand 37 « huissier Aurillac Maurel de la chancellerie presidiale » d’Aurillac 2 Joseph Libert 22 recors Aurillac 3 Pierre Lours 32 brassier et recors Aurillac 4 Barthélemy 25 brassier et pêcheur Aurillac Delpeuch 5 Antoine Dumas 52 brassier Mauriac 6 Henry Pomerie 34 ancien gendarme Mauriac Fils de Beauzire Pomerie,ancien maire de Boissières du roi perpétuel de Mauriac (Louis de RIBIER, La chronique de Mauriac…, 1905, p. 215-216). 7 Pierre Delmas 50 cavalier Mauriac de la maréchaussée 8 Joseph Carrau 73 marchand bourgeois Mauriac 9 Joseph Finiel 40 cavalier Mauriac de la maréchaussée 10 Pierre Delmas 12 « etudiant en quatrieme » Mauriac Fils du témoin 7 au collège de Mauriac. 11 Jean de Murat 37 « avocat en Parlement » Fontenilles Ste-Eulalie 12 Jean Cantuel 30 maître perruquier Mauriac 13 Jean-Louis 32 bourgeois Pommiers Fils de Guy Diernat, « bourgeois ». Diernat Ally 14 Bertrand 47 bourgeois Frugères « Homme d’affaires » du marquis de Ginestal Drugeac Saluces (Interrogatoires, 3, 24mars 1763. RHA,VIII, 1,1906, p. 111). 15 Guillaume 50 marchand Le Peuch Ginestal Ally 16 Léger Celerier 35 jardinier du marquis Drugeac Gardien du château de de Saluces au château Drugeac en 1793 (RHA, de Drugeac XIV, 3, 1912, p. 313). 17 Joseph Ternat 32 marchand chaudronnier Aurillac 18 Jean Bonal 35 maître maçon Aurillac 19 Pierre Burg 34 bourgeois Aurillac Fils de Jean Burg, procureur, consul d’Aurillac en 1756 (AMAurillac, BB 22, 29septembre 1756). 20 François 44 mauriste, prêtre Mauriac Procureur du monastère Saint-Pierre Chassagnon de Mauriac. RHA : Revue de la Haute-Auvergne


Date de mise en ligne : 01/10/2005

https://doi.org/10.3917/rhmc.481.0050

Notes

  • [1]
    Dix-neuf confesseurs jésuites de 1604 à 1764 (vingt en comprenant Edmond Auger, confesseur de Henri III); le dernier en date : Philippe Onuphre Desmaretz, confesseur de Louis XV depuis 1753. Cf. Georges MINOIS, Le confesseur du roi. Les directeurs de conscience sous la monarchie française, Paris, Fayard, 1988, p. 507-508, 531-532.
  • [2]
    Roger CHARTIER, Marie-Madeleine COMPÈRE, Dominique JULIA, L’éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, SEDES, 1976, p. 210 n. 10, 211,212 (carte 11).
  • [3]
    Guy CHAUSSINAND -NOGARET, Choiseul (1719-1785). Naissance de la gauche, Paris, Perrin, 1998, p. 104-112.
  • [4]
    Comme en témoigne l’accueil fait à l’édit de mars 1762.
  • [5]
    Paul DUDON, « De la suppression de la compagnie de Jésus ( 1758-1773) », Revue des questions historiques, 66e a., n° 3-4, mai-septembre 1938, p. 82, 85, 87-88. Sur l’expulsion des jésuites, voir, outre Edmond PRÉCLIN et Eugène JARRY, Les luttes politiques et doctrinales au XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Bloud et Gay, 1956, p. 686-696 (« Histoire de l’Église », XIX 1) qui donne la bibliographie ancienne, Jean EGRET, « Le procès des jésuites devant les parlements de France ( 1761-1770) », Revue historique, 74e a., t. CCIV/1,juillet-septembre 1950, p. 1-27; Dale K. VAN KLEY, The Jansenists and the Expulsion of the Jesuits from France, 1757-1765, New-Haven, Yale University Press, 1975; D. Gillian THOMPSON, « The persecution of French Jesuits by the Parlement of Paris, 1761-1771 » dans William J. Sheils éd., Persecution and Toleration, Oxford, B. Blackwell, 1984, p. 289-302 (« Studies in Church History », XXI).
  • [6]
    Michel LEROY, Le mythe jésuite. De Béranger à Michelet, Paris, PUF, 1992, p. 15. Voir aussi Geoffrey CUBITT, The Jesuit Myth. Conspiracy Theory and Politics in Nineteenth-Century France, Oxford, Clarendon Press, 1993.
  • [7]
    À Dijon, le 15 juillet 1762, éclate une espèce d’émeute (classe saccagée, bancs cassés) dont le projet paraît incertain : simple explosion sans signification particulière ou manifestation pour ou contre l’éviction des jésuites ? (Dominique DINET, Religion et société : les réguliers et la vie régionale dans les diocèses d’Auxerre, Langres et Dijon, fin XVIe-fin XVIIIe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, t. I, p. 180). À Lyon, en 1768, la foule se rue sur le collège de laTrinité et le vandalise : à travers un accès de colère contre les oratoriens, successeurs mal reçus, la possible expression d’une fidélité populaire aux jésuites; mais, à la différence de Mauriac, bien après leur départ (Maurice GARDEN, Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 1970, p. 585-586).
  • [8]
    À Rouen, dont le parlement se porte aux avant-postes du combat contre les jésuites : Olivier CHALINE, « L’expulsion des jésuites du collège de Rouen », Études normandes, t. 42, n° 4, 1993, p. 71-81.
  • [9]
    B.M.I.U., Clermont-Ferrand, A 10 554/6 : Mémoire pour les administrateurs du collège de la ville de Billom en Auvergne et les habitans de la même ville, Clermont-Ferrand, Pierre-Louis Boutaudon, 1763, p. 7.
  • [10]
    Sur le collège de Mauriac, fondé en 1563 (sept ans après Billom) : Étienne DEJOUX, « Monographie du collège de Mauriac », Revue de la Haute-Auvergne, t. I, 1899, n° 2, 3 et 4, p. 114-136, 203-225, 313-326; Pierre DELATTRE, art. « Mauriac », dans Les établissements des jésuites en France depuis quatre siècles…, t. III, Enghien, Institut supérieur de théologie – Wetteren, Impr. De Meester frères, 1957, col. 145-196; Marie-Madeleine COMPÈRE et Dominique JULIA, Les collèges français, XVIe-XVIIIe siècles, t. I, Paris, INRP – Éd. du CNRS, 1984, p. 430-435.
  • [11]
    Henri BALDIT, Paroisses et communes de France. Dictionnaire d’histoire administrative et démographique. Cantal, Paris, Éditions du CNRS, 1991,p. 218. Michel LEYMARIE, « Jean-Baptiste Lacoste, conventionnel cantalien méconnu ( 1753-1821) », Revue de la Haute-Auvergne, 59e a., t. XXXV, 1,janvier~juin 1957, p. 93.
  • [12]
    Archives Municipales (désormais AM) Aurillac, GG 76, « Memoire sur les trois colleges de la Haute-Auvergne… », f° 22 v°, Archives Départementales (désormais AD) Cantal, D 1,1763.
  • [13]
    MARMONTEL, Mémoires, éd. John Renwick, t. I, Clermont-Ferrand, Éd. Georges de Bussac, 1972, p. 7-8, 9-10.
  • [14]
    M. LEYMARIE, « Les effectifs du collège de Mauriac en 1763 », Revue de la Haute-Auvergne, 80e a., t. XLVI, 2, avril-décembre 1978, p. 520-533.
  • [15]
    AD Cantal, 1 B 734 ( 2), Supplique d’Antoine Sedillot, prêtre filleul de Mauriac, professeur de philosophie au collège, 20 octobre 1763. AM Aurillac, GG 76, « Mémoire sur les trois collèges de la Haute-Auvergne… », f° 22 v°, 11 mai 1763.
  • [16]
    Émile DELALO, art. « Mauriac », dans Dictionnaire statistique, ou histoire, description et statistique du département du Cantal, t. IV, Aurillac, Impr. Ve Picut et Bonnet, M. DCCC LVI, p. 282.
  • [17]
    AD Puy-de-Dôme, 1 C 7012, 3 juin 1750.
  • [18]
    Marcel JUILLARD, « Violences et rébellion en Haute-Auvergne au XVIIIe siècle » [Artense et pays mauriacois], Revue de la Haute-Auvergne, 32e a., 1930, p. 221-223. Dans un siècle réputé plus calme, malgré la centaine d’émeutes recensées en France de 1715 à 1787 (Daniel MORNET, Les origines intellectuelles de la Révolution française, 1715-1787, Paris, Armand Colin, 1934, p. 444-446).
  • [19]
    « Mémoire des Habitans de Mauriac », 3 janvier 1762, dans Barthélemy-Gabriel Rolland d’Erceville, Recueil de plusieurs ouvrages de Monsieur le Président Rolland…, À Paris, chez P. G. Simon et N.H. Nyon, 1783, p. 553-554.
  • [20]
    Ibidem, p. 554.
  • [21]
    Ibidem, p. 555.
  • [22]
    Jean EGRET, « Le procès des jésuites… », 1950, p. 9-10.
  • [23]
    Léon MENTION, Documents relatifs aux rapports du clergé avec la royauté de 1705 à 1789, t. II, Paris, Picard, 1903, p. 215 (réimpr., Genève, Slatkine-Megariotis, 1976).
  • [24]
    AD Cantal, 1 B 1023 ( 2) : le dossier de la vente interrompue et de l’émeute. Seront surtout utilisés : la « requête en plainte… » du procureur du roi ( 9 septembre 1762), le « proces verbal de l’état des effractions… » ( 13 septembre 1762), les dépositions des vingt témoins ( 13 au 17 septembre, 23 septembre, 23 novembre 1762), les interrogatoires ( 22, 24 et 30 mars, 20 et 22 avril 1763).
  • [25]
    Louis LE GUILLOU, « Aperçus sur l’histoire d’un collège de province. Le collège de Mauriac et l’évolution de ses habitudes pédagogiques », Revue de la Haute-Auvergne, 80e a., t. XLVI, n° 2, avrildécembre 1978, p. 511.
  • [26]
    Bertrand Maurel, huissier royal à Aurillac. Témoin 1. Voir, en annexe, la liste des témoins.
  • [27]
    Témoin 3.
  • [28]
    Témoin 17. Opposition qui persiste bien au-delà des 6 et 7 septembre : le 9, deux amis de Rixain reprochent à un gendarme d’enchérir « quelques bois de barrique » des jésuites et soutiennent « quil ne les auroit pas » (témoin 9).
  • [29]
    Témoin 14 et 1.
  • [30]
    Léger Celerier (ou Celarier), jardinier du château de Drugeac. La Révolution venue, toujours au service de son maître, il se voit confier la garde du château après 1793.
  • [31]
    Jacques Rixain, marchand drapier à Mauriac, 50 ans. Témoin 10 (« avant qu’on emportat [les planches] il y auroit de la mort ») et témoin 3.
  • [32]
    AD Cantal, 1 B 1023, « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 2.
  • [33]
    Témoin 14. « Se faire écraser » (témoin 1); être « écrasé (témoins 3, 4) et mis en pièces » (témoin 4).
  • [34]
    Sept moines mauristes en 1696, huit en 1768, six en 1789. Léon LECESTRE, Prieurés et couvents d’hommes en France. Liste générale d’après les papiers de la commission des réguliers en 1768, Paris, Picard, 1902, p. 17. Louis de RIBIER, La chronique de Mauriac par Montfort, suivie de documents inédits sur la ville et le monastère, Paris, Champion – Mauriac, Becker-Lacassagne, 1903, p. 121-122, 127-128.
  • [35]
    AD Cantal, 1 B 1023 ( 2), « Proces verbal de l’etat des effractions… », 13 septembre 1762.
  • [36]
    Témoin 4. Marthe Destrudeles, « du faubourg de St Luc ».
  • [37]
    Témoins 1,2, 4. Chavignié, « cy-devant ecolier de philosophie habitant du fauxbourg appellé Barri neuf ».
  • [38]
    Témoins 3, 4. Guillaume Broussole, charpentier à Mauriac, 35 ans.
  • [39]
    Témoins 1 et 5.
  • [40]
    Témoins 1,2, 3, 4. Barthélemy Matheuf, cabaretier à Mauriac, 65 ans.
  • [41]
    Témoins 1 et 8.
  • [42]
    Témoin 7. Pour Rixain comme pour Matheuf, à vente abusive, achat précaire et restituable. À propos des planches adjugées à Lur Saluces : « Il faut que j’aille voir le nombre quil y en a afin que sil est obligé de les rendre on sasche cequ’il a pris » (témoin 14).
  • [43]
    Témoins 8, 10, 12.
  • [44]
    Témoins 7, 8, 12.
  • [45]
    Témoins 10, 12.
  • [46]
    Témoin 12. Même appel aux parents d’élèves de la part de Rixain : « Tout le monde devoit se reunir pour soutenir les Jesuites, aquoy tous ceux qui avoient des enfans étoient interessés » (témoin 10).
  • [47]
    Témoin 7. « Une seconde rebellion » (témoin 8).
  • [48]
    Antoine Crozet d’Hauterive, conseiller et procureur du roi au présidial d’Aurillac, consul d’Aurillac en 1746 et 1756 (AM Aurillac, BB 22, 24 septembre 1746 et BB 23, 29 septembre 1756).
  • [49]
    Témoin 18.
  • [50]
    Pierre-Joseph Colinet de Niossel ( 18 janvier 1726 – 12 mars 1792), lieutenant général criminel au présidial d’Aurillac depuis le 22 octobre 1757. Exerce, comme Crozet d’Hauterive, la charge consulaire : consul d’Aurillac en 1758 (AM Aurillac, BB 23, 30 septembre 1758).
  • [51]
    Témoins 2, 12.
  • [52]
    Témoins 1,3, 10.
  • [53]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 2, 3. Témoins 1,2, 4, 5, 8, 14, 16, 17, 20. Voir Daniel ROCHE, « Peuple des mots, peuple des images : les représentations du peuple de l’Ancien Régime à la Révolution », Revue française d’histoire du livre, 59e a., n.s., n° 66-67, janvier-juin 1990, p. 18-19.
  • [54]
    Jean Nicolas parle de « fourre-tout notionnel » (« Un chantier toujours neuf », dans Jean NICOLAS éd., Mouvements populaires et conscience sociale. XVIe-XIXe siècles, Paris, Maloine, 1985, p. 17).
  • [55]
    Témoins 10, 16, 17, 11,2 et 3.
  • [56]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 1.
  • [57]
    Le marchand Jacques Rixain; les cabaretiers Barthélemy Matheuf (témoins 7, 8, 10, 12), Pierre Croizet (témoins 17, 18), Fregeac (témoin 18), Lachassagne (témoin 8); l’armurier Dumé (témoin 8). Une belle densité de cabarets à Mauriac : quatorze en 1787 (AD Cantal, C 262).
  • [58]
    Chavignié, fils de Charles, habitant près du doyenné de Mauriac (témoins 2, 4).
  • [59]
    Guillaume Broussole (témoins 3, 4).
  • [60]
    Témoin 18; témoin 20.
  • [61]
    Thérèse Andrée Lambert, femme de Jacques Rixain, marchande, 48 ans.
  • [62]
    Témoins 3, 4, 14.
  • [63]
    Témoin 16.
  • [64]
    Yves-Marie BERCÉ, Histoire des croquants. Étude des soulèvements populaire au XVIIe siècle dans le Sud-Ouest de la France, t. II, Genève, Droz, 1974, p. 592-683; Id., Révoltes et révolutions dans l’Europe moderne. XVIe-XVIIIe siècles, Paris, PUF, 1980, p. 100-101.
  • [65]
    Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants…, t. II, 1974, p. 543; Révoltes et révolutions…, 1980, p. 125-126. Arlette FARGE, « Évidentes meurtrières », dans Natalie Z. DAVIS et A. FARGE dir., Histoire des femmes en Occident, t. III : XVIe-XVIIIe siècles, Paris, Plon, 1991,p. 481-496; « Proximité pensable et inégalités flagrantes Paris XVIIIe siècle », dans Cécile DAUPHIN et Arlette FARGE dir., De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997, p. 80-81.
  • [66]
    L’avocat grenoblois Letourneau note, en 1763, que les jésuites ont « surtout [la confiance] des femmes ». Cité par Jean EGRET, Le parlement de Dauphiné et les affaires publiques dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, t. I, L’opposition parlementaire (1756-1775), Grenoble, Impr. Allier, 1942, p. 124.
  • [67]
    Témoin 18.
  • [68]
    Témoins 4, 10, 14, 17, 18, 20.
  • [69]
    Témoin 18; témoin 17.
  • [70]
    Étienne DEJOUX, « Monographie du collège de Mauriac », 1899, p. 208-218. Pierre DELATTRE, art. « Mauriac », dans Les établissements des jésuites…, t. III, 1957, col. 157-162.
  • [71]
    Sur la personne de Henri IV, le 27 décembre 1594 : Roland MOUSNIER, L’assassinat d’Henri IV. Le problème du tyrannicide et l’affermissement de la monarchie absolue, Paris, Gallimard, 1964, p. 201-208.
  • [72]
    AD Cantal, D 5, 12 octobre 1605 (« On déploya pour les recevoir la même solennité dont on use à l’égard des plus grands prélats »).
  • [73]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 2. Témoins 1,3, 4.
  • [74]
    Témoin 18; témoin 17; témoin 10.
  • [75]
    Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants…, t. II, 1974, p. 608-611; Révoltes et révolutions…, 1980, p. 37-42.
  • [76]
    Sur le chemin d’inimitié entre Louis XV et son peuple et le « mauvais discours » contre le monarque : Arlette FARGE et Jacques REVEL, Logiques de la foule. L’affaire des enlèvements d’enfants. Paris. 1750, Paris, Hachette, 1988, p. 126-136; Roger CHARTIER, Les origines culturelles de la Révolution française, Paris, Seuil, 1990, p. 141-146; A. FARGE, « Les mots contre le roi… », dans Dire et mal dire. L’opinion publique au XVIIIe siècle, Paris, Seuil, 1992, p. 187-282 (en particulier, p. 268-271,« 1762, l’expulsion des jésuites »).
  • [77]
    Témoins 2, 3, 4.
  • [78]
    Témoin 1. « Le Roy peut mourir » (témoin 20).
  • [79]
    Témoin 4. À qui profite le crime ? Après l’attentat de Damiens ( 1757), des rumeurs mettent en cause les jésuites et le dauphin : « On ne peut ôter de la tête de personne que cet attentat n’ait été suggéré, et on l’impute aux jésuites à cause de l’ardeur qu’ils ont du règne du Dauphin qui est entièrement pour eux » (René-Louis de Voyer, marquis d’Argenson, 9 janvier 1757, cité par Pierre RÉTAT, L’attentat de Damiens. Discours sur l’événement au XVIIIe siècle, Paris, Éd. du CNRS – Lyon, PUL, 1979, p. 192; voir aussi p. 427). Écho parisien au Mauriacois Rixain, la femme Renaud, en 1765, souhaite « plutôt la mort du Roi que celle du Dauphin parce que si ce prince était roi, il ferait revenir les jésuites en France ». Citée par A. FARGE, Dire et mal dire…, 1992, p. 274, 311.
  • [80]
    S’alignent sur Rouen et Paris, et à de courtes majorités : Bordeaux ( 26 mai 1762), Rennes ( 27 mai), Perpignan ( 12 juin), Metz ( 20 septembre); mais huit cours souveraines n’ont pas encore pris position : Aix, Toulouse, Pau, Dijon, Grenoble, Besançon, Douai et Colmar. Paul DUDON, « De la suppression… », 1938, p. 83-85. Jean EGRET, Le parlement de Dauphiné…, t. I, 1942, p. 122-132; « Le procès des jésuites… », 1950, p. 10-21; Louis XV et l’opposition parlementaire. 1715-1774, Paris, Armand Colin, 1970, p. 88-89. D. K. VAN KLEY, The Jansenists and the Expulsion of the Jesuits…, 1975, p. 182-205. Maurice GRESSET, Le monde judiciaire à Besançon de la conquête par Louis XIV à la Révolution française (1674-1789), t. II, Lille, Service de reproduction des thèses, 1975, p. 1149-1151. Monique CUBELLS, La Provence des Lumières. Les parlementaires d’Aix au XVIIIe siècle, Paris, Maloine, 1984, p. 278-283.
  • [81]
    Le dauphin Louis ( 4 septembre 1729-20 décembre 1765). La dauphine a pour confesseur le jésuite Michel Kroust; la reine Marie Leczinska les jésuites polonais Radominski, puis Bieganski. G. MINOIS, Le confesseur du roi…, 1988, p. 509.
  • [82]
    Témoin 4.
  • [83]
    Témoin 14.
  • [84]
    Témoin 17.
  • [85]
    Témoin 17.
  • [86]
    Témoin 17; témoin 15.
  • [87]
    Eutrope Alexandre Hyacinthe de Lur, marquis de Saluces, baron de Drugeac (Drugeac, 6 mars 1736 – Salers, 5 décembre 1813). Jean-Baptiste BOUILLET, art. « Lur-Saluces », dans Nobiliaire d’Auvergne, t. III, Clermont-Ferrand, Impr. de Perol, 1848, p. 454. Jean-Baptiste SERRES, Histoire de Notre-Dame des Miracles de Mauriac, Aurillac, Impr. L. Bonnet-Picut, 1876, p. 31. Jean-Baptiste CHABAU, Pèlerinages et sanctuaires de la Sainte Vierge dans le diocèse de Saint-Flour, Paris, Librairie Saint-Paul – Aurillac, Chez l’auteur, 1888, p. 44. Henri DONIOL, « Le marquis de Saluces et le château de Drugheac. Extrait des papiers de François de Murat », Revue de la Haute-Auvergne, t. VIII, 1,janvier-mars 1906, p. 109-120. Ernest DELMAS, « Une journée révolutionnaire à Mauriac. La fin du château de Drugeac », Revue de la Haute-Auvergne, t. XVI, 3, juillet-septembre 1912, p. 311-317. Edouard JOUBERT, « Les épreuves du marquis de Lur-Saluces, seigneur de Drugeac », dans Scènes de la Révolution dans le Cantal, Aurillac, Impr. moderne, 1972, p. 173-177. Jean-Éric IUNG, « L’ex-voto de Lur-Saluces à Notre-Dame des Miracles (Mauriac) », Revue de la Haute-Auvergne, 97e a., t. LVIII, 1,janvier-mars 1996, p. 107-113. Marguerite FIGEAC -MONTHUS, Les Lur Saluces d’Yquem de la fin du XVIIIe siècle au milieu du XIXe siècle, Bordeaux, Fédération historique du Sud-Ouest – Mollat, 2000, p. 26-28, 70-73, 389-390, 404-406.
  • [88]
    Étrange « bienfaiteur de l’humanité » (Revue de la Haute-Auvergne, t. VIII, 1,1906, p. 111), objet, par trois fois à Mauriac, de la vindicte populaire : en 1762; le 28février 1790; de nouveau, le 5septembre 1791 (Revue de la Haute-Auvergne, t. VIII, 1,1906, p. 113-114; t. XIV, 3, 1912, p. 314-316). M. FIGEAC - MONTHUS, op. cit., p. 71-72. Revue de la Haute-Auvergne, t. VIII, 1,1906, p. 111,113.
  • [89]
    Revue de la Haute-Auvergne, t. VIII, 1,1906, p. 110, 111,119, 120 et 114; t. XIV, 3, 1912, p. 313. M. FIGEAC -MONTHUS, op. cit., p. 71-72, 389.
  • [90]
    Témoin 3. « Il etoit un petit j. f. » (témoin 4).
  • [91]
    Témoins 2, 11.
  • [92]
    Témoin 11.
  • [93]
    Témoin 17. Dans ces propos peu amènes, entre, peut-être, le souvenir d’une possible illégitimité du père du marquis, Jean-Baptiste-Étienne, obligé de justifier sa noblesse et ses titres (M. FIGEAC - MONTHUS, op. cit., p. 27-28).
  • [94]
    Étranger à la communauté d’habitants de Mauriac. Expression aussi d’une différence sociale et culturelle ?
  • [95]
    M. LEYMARIE, « Jean-Baptiste Lacoste… », 1957, p. 93.
  • [96]
    Témoin 18.
  • [97]
    Témoins 17, 19.
  • [98]
    Témoins 14, 17, 18, 19.
  • [99]
    Témoins 2, 3. Antoine Rixain, élève de rhétorique, seize ans, fils aîné du marchand drapier. En 1763, deux de ses frères suivent, en seconde et en cinquième, les cours du collège déjésuité (Arch. dép. Cantal, 467 F 4 et 7). Deux autres écoliers, sans compter les anonymes, assistent ou participent aux événements : Pierre Delmas et Chavignié.
  • [100]
    Témoins 17, 18. Pierre Croizet, cabaretier et chapelier à Mauriac, vingt-quatre ans.
  • [101]
    Témoins 18, 17, 18.
  • [102]
    Témoins 11,15.
  • [103]
    Joseph Danjolie, bourgeois, beau-frère de Jean-François Ternat (épouse, le 27 novembre 1753, Anne Ternat). L. de RIBIER, op. cit, p. 203.
  • [104]
    Jean-François Ternat, bourgeois, beau-frère de Danjolie (épouse, le 25 octobre 1760, Barbe Simon). Lignée de procureurs et d’avocats pour Danjolie et Ternat. L. de RIBIER, op. cit, p. 220.
  • [105]
    Témoin 11.
  • [106]
    Témoin 20.
  • [107]
    Interrogatoires, 3, 24 mars 1763.
  • [108]
    Jean Lacoste, bourgeois, « avocat en parlement et procureur d’office en la justice de Mauriac », père du futur conventionnel Jean-Baptiste Lacoste (épouse Élisabeth Delpeuch et, le 9 janvier 1764, la veuve de Joseph Danjolie. Voir note 103). L. de RIBIER, op. cit, p. 210. M. LEYMARIE, « Jean-Baptiste Lacoste… », 1957, p. 90, 93, 119.
  • [109]
    Le seul à pouvoir (le deuxième consul est absent de Mauriac) et à savoir signer (le troisième consul, le marchand Jean Bordier, déclare « ne le sçavoir »). Guillaume-Joseph Chevalier, bourgeois, médecin, premier consul en 1762 (épouse, le 2 octobre 1753, la sœur du futur constituant François Armand; meurt le 25 novembre 1771). L. de RIBIER, op. cit, p. 202.
  • [110]
    Témoins 1,2, 3.
  • [111]
    Interrogatoires, 9, 22 avril 1763.
  • [112]
    Interrogatoires, 7, 20 avril 1763.
  • [113]
    Témoin 2. Propos tenu en présence du témoin 4.
  • [114]
    Témoin 1.
  • [115]
    ROLLAND D ’ERCEVILLE, op. cit., p. 554.
  • [116]
    Ibidem, p. 555.
  • [117]
    Témoin 18 puis 14.
  • [118]
    Témoins 1,2, 3.
  • [119]
    Témoins 1,2.
  • [120]
    Témoin 2. « B. tu signeras et l’on te faira soutenir les interets de la ville » (témoin 1).
  • [121]
    AM Aurillac, BB 23, « Mémoire des consuls au Parlement et au procureur général », 2 mars 1762, f° 82.
  • [122]
    ROLLAND D ’ERCEVILLE, op. cit., p. 555.
  • [123]
    Ibidem, p. 556 (« Mémoire des Habitans de Mauriac », 14 septembre 1762).
  • [124]
    Ibidem, p. 556-7.
  • [125]
    Pierre DELATTRE, art. « Mauriac », dans Les établissements des jésuites…, t. III, 1957, col. 192.
  • [126]
    AD Puy-de Dôme, 1 C 7013 et 1 C 7014, Lettres patentes du roi portant confirmation du collège de Mauriac, 20 juin 1765.
  • [127]
    Reniement collectif mais aussi individuel. Dans l’espoir qu’une palinodie lui ouvre au plus tôt les portes de sa cellule, Rixain abjure toute fidélité ignacienne : « Il na jamais pu souffrir les jesuites… Il a meme refusé de signer un placet que certains presentoient pour signer » (Interrogatoires, 9, 22 avril 1763).
  • [128]
    AD Cantal, 1 B 1023 ( 2), « Requête en plainte… », 9 septembre 1762.
  • [129]
    Même appréciation de la part du témoin 4.
  • [130]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 1,2, 3.
  • [131]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 3.
  • [132]
    Attentat commis à Versailles, le 5 janvier 1757, sur la personne du roi Louis XV. Pierre RÉTAT dir., L’attentat de Damiens. Discours sur l’événement au XVIIIe siècle, Paris, Éd. du CNRS – Lyon, PUL, 1979, 440 p. (en particulier le chapitre XI, « La doctrine meurtrière », p. 267-284). D. K. VAN KLEY, The Damiens Affair and the Unraveling of the Ancien Régime. 1750-1770, Princeton, Princeton University Press, 1984. Pierre CHEVALLIER, Les régicides. Clément, Ravaillac, Damiens, Paris, Fayard, 1989, p. 289-388, 403-407, 411. Georges MINOIS, Le couteau et le poison. L’assassinat politique en Europe (1400-1800), Paris, Fayard, 1997, p. 340-378. Madeleine FOISIL, dans Pierre CHAUNU et alii, Le basculement religieux de Paris au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1998, p. 349-358.
  • [133]
    Sur les théories et les théoriciens du tyrannicide : DTC, art. « Tyrannicide » (A. BRIDE ), t. XV 2, 1950, col. 1990-2006; Joseph LECLERC, « Sur les doctrines du tyrannicide », Études, t. CCCXV, 3, novembre 1962, p. 226-231; R. MOUSNIER, L’assassinat d’Henri IV…, p. 47-90 (en particulier, p. 84-88), 238-240; P. CHEVALLIER, Les régicides…, 1989, p. 104-119. Bernard PLONGERON, Théologie et politique au siècle des Lumières (1770-1820), Genève, Droz, 1973, p. 79-89. G. MINOIS, Le couteau et le poison…, 1997, p. 117-151,219-244, 311-339. Voir aussi l’arrêt du parlement de Paris du 6 août 1762 (Léon MENTION, Documents relatifs…, t. II, 1903, p. 176-177).
  • [134]
    Le meurtre d’Henri III par Jacques Clément, 1er août 1589. R. MOUSNIER, L’assassinat d’Henri IV…, 1964, p. 197-199. P. CHEVALLIER, Les régicides…, 1989, p. 11-99, 391-396, 408-409.
  • [135]
    L’attentat de Jean Chastel, 27 décembre 1594. R. MOUSNIER, L’assassinat d’Henri IV…, 1964 , p. 201-208.
  • [136]
    Le régicide de Ravaillac, 14 mai 1610. R. MOUSNIER, L’assassinat d’Henri IV…, 1964, p. 36-42, 210-212. P. CHEVALLIER, Les régicides…, 1989, p. 101-287, 397-402, 409-410.
  • [137]
    AM Aurillac, BB 23, f° 84 r°, 5 mars 1762 (« Il lui [Hugues Maffré, premier consul et conseiller au présidial] etoit revenu par differentes lettres ecrites de paris que la ville d’Aurillac s’etoit revoltée et avoit fait rebellion de la signification [du 19 février] affin de prouver son attachement aux Jesuites, mais que ces bruits supposés et calomnieux sont trop injurieux a la façon de penser de cette ville… »). Sur les jésuites et l’esprit public à Aurillac avant 1762 : Edouard JOUBERT, « L’opinion publique vis à vis des jésuites à Aurillac au XVIIIe siècle », Revue de la Haute-Auvergne, 77e a., t. XLV, n° 1,janvier~mars 1975, p. 25-34.
  • [138]
    AM Aurillac, GG 76, f° 11 v°, 25 avril 1763.
  • [139]
    Le 28 décembre 1761 (Recueil de plusieurs ouvrages de Monsieur le Président Rolland…, 1783, p. 380) et le 2 mars 1762 (AM Aurillac, BB 23, f° 82. Recueil de plusieurs ouvrages de Monsieur le Président Rolland…, 1783, p. 381-382).
  • [140]
    ROLLAND D ’ERCEVILLE, op. cit., p. 556-558 (« Mémoire des Habitans de Mauriac… », 14 septembre 1762).
  • [141]
    B.M.I.U. Clermont-Ferrand, A 10554/8, Mémoire pour les Officiers Municipaux de la Ville de Mauriac, et les Administrateurs du Collége de la même Ville, [Clermont-Ferrand], Impr. L[ouis]-P[ierre] Boutaudon, [ 1763], p. 2.
  • [142]
    Jean NICOLAS, art. cit., p. 13.
  • [143]
    Alain Lottin en faisait déjà la remarque (Alain LOTTIN, Lille, citadelle de la Contre-Réforme ? 1598-1668, Dunkerque, Westhoek-Éditions, 1984, p. 131).
  • [144]
    « Congrégation des Habitans », « Congrégation des Écoliers » (ROLLAND D ’ERCEVILLE, op. cit., p. 557, et P. DELATTTRE, art. « Mauriac », dans Les établissements des jésuites…, t. III, 1957, col. 163-164). Sur la fin des sodalités : Paul DUDON, « De la suppression… », 1933, p. 85; Émile VILLARET, Les congrégations mariales, t. I, Des origines à la suppression de la compagnie de Jésus ( 1540-1773), Paris, Beauchesne, 1947, p. 553, 577; Louis CHÂTELLIER, L’Europe des dévots, Paris, Flammarion, 1987, p. 210.
  • [145]
    « Requête en plainte… », 9 septembre 1762, p. 2. Témoin 3.
  • [146]
    « Genève des jésuites », expression citée par Pierre RÉTAT à propos d’Arras (L’attentat de Damiens…, 1979, p. 288), et qui pourrait être appliquée à Douai et à Lille. Usbek douaisien en terre normande, Louis Delattre découvre, en 1732, un Rouen jésuitophobe, bien différent de sa ville natale : « La plus grande partie de Rouen est ugno, et le petit reste est janseniste [… ] il n’y a icy que les jésuites qui sont du bon partie et qui sont regardé comme les diables a ce sujet, car les bourgeois et enfin tout le monde n’aime pas que l’on fréquente les jésuites quoy que je m’en soucie fort peu ». AM Douai, FF 1123, lettre de Louis Delattre à Georges-François Meignot, maître des forges de la province d’Artois à Douai, 4 septembre 1732; citée par Joël FOUILLERON, Aspects de la condition de la femme à Douai au XVIIIe siècle…, D.E.S. (Louis Trenard dir.), Université de Lille, 1961,p. 109.

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