L’accélération de l’histoire au tournant des xviii
e et xix
e siècles entraîne un véritable bouleversement de son écriture. La Révolution française, l’épopée napoléonienne, la révolution industrielle et l’essor du capitalisme, sur fond d’avènement de la bourgeoise et de percée des classes laborieuses, modifient le regard sur l’histoire, conjointement aux théories de Herder et de Cousin. Émerge l’envie de retrouver l’esprit des temps passés et d’en interroger les rouages, rendant indispensable un retour aux archives. La Révolution, déjà, a créé les Archives Nationales. Guizot engage la publication des Documents relatifs à l’Histoire de France à partir de 1835. Le xix
e siècle verra également la création de l’école des Chartes, témoignant de la « reconnaissance universelle de la nécessité d’une histoire savante, puisée aux sources ». Parallèlement à ces développements scientifiques, le roman et le drame historiques connaissent eux aussi un essor prodigieux.
La première moitié du xix
e siècle constitue une période charnière : ce sont des années de transition entre littérature et science pour l’histoire, que le roman inspire et imite tout à la fois, ce qui perpétue un temps la proximité des deux domaines, avant que chacun ne se concentre sur ses spécificités. Alors que les historiens entendent donner à leurs ouvrages l’attrait d’un roman, bien des romanciers, comme pour continuer à pouvoir rivaliser avec l’histoire, recourent de façon explicite à des documents historiques variés – chroniques contemporaines des faits, travaux ultérieurs d’historiens, sources nationales ou étrangères, officielles ou populaires, tradition orale, témoignages plastiques… – qui peuvent du reste se compléter ou s’opposer, le plus souvent dans le paratexte ou les commentaires du narrateur…
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