J’emprunte comme titre la formule que Madeleine Ambrière a utilisée pour réunir ses études sur les liens de Balzac avec les savants de son temps et avec l’ambition scientifique. Dès sa thèse, elle montrait la place de la chimie dans La Recherche de l’Absolu dont l’intrigue se noue à la rencontre de Balthazar Claës, ardent auditeur de Lavoisier, et d’Adam de Wierzschownia, disciple d’un savant suédois qu’on peut identifier comme Jöns Jacob Berzelius. Si Balzac déclare dans une lettre à Hippolyte Castille que le héros de La Recherche de l’Absolu représente tous les efforts de la chimie moderne, c’est que son personnage se lance dans diverses expériences, réellement pratiquées par des chercheurs contemporains, que ce soit la distillation des larmes, effectuée par Antoine François Fourcroy et Louis Nicolas Vauquelin, ou la fabrication du diamant par cristallisation du carbone, tentée par Jean-Charles Thilorier. Cette information est dramatisée par le caractère obsessionnel du personnage qui transforme une recherche savante en une quête mystique et sacrificielle. Il immole sa vie et celle des siens à ce qui est devenu sa manie exclusive. Dans le recueil que Madeleine Ambrière consacre, trente ans plus tard, aux « voyageurs de l’infini » que sont les créateurs romantiques, quatre articles suivent avec précision Balzac dans ce tropisme scientifique. La Peau de chagrin est dédiée à l’astronome Félix Savary et s’ouvre par un vibrant hommage à Cuvier, salué en quelques lignes comme un « enchanteur », « le plus grand poète de notre siècle » et un « immortel naturaliste »…
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