Peu de gens ont, au xxi
esiècle, gardé mémoire de Louis François Élisabeth, baron Ramond de Carbonnières (1755-1827), poète et dramaturge presque entièrement ignoré des histoires littéraires, savant estimé en son temps, mais dont les travaux sont aujourd’hui tombés dans l’oubli, homme politique et administrateur sous l’Empire et la Restauration. Or cet homme de savoir, doublé d’un écrivain trop méconnu, mérite plus de considération qu’on ne lui en a accordé jusqu’à maintenant, eu égard à l’originalité de sa démarche et surtout à la manière dont celle-ci s’intègre à l’approche romantique de la nature et de la connaissance, ainsi qu’à la vision, si spécifique au tournant des Lumières, des relations entretenues par la science et la littérature. C’est à ce titre que l’on peut apercevoir en lui moins un « ancêtre » ou un « précurseur » qu’un « prototype » : on aura l’occasion d’y revenir. À coup sûr en tout cas, on tient là l’un des fondateurs de la philosophie romantique de la nature en France.
Sa biographie aurait déjà par elle-même de quoi séduire un romancier. Né à Strasbourg, d’ascendance languedocienne, allemande, lorraine et dauphinoise, il commence par étudier le droit dans sa ville natale, où il fréquente le gratin de l’élite aristocratique venue de toute l’Europe centrale : il y subit l’influence du Sturm und Drang naissant, de Goethe et de Lenz, dont il devient l’ami. C’est là qu’il publie quelques pièces de poésie et de théâtre, qui, de l’avis général, sont loin d’être impérissables et ne suffisent pas à faire de lui un prototype du poète romantiqu…
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