En 1798, Senancour réside à Villemétrie chez son ami Sautray. Villemétrie est un hameau de Senlis, à l’image de ces villages le plus souvent installés à la rupture de pente, au-dessus du fond de vallées humides. Les petites rivières comme la Nonette et la Launette ont entaillé la molle couverture des bas-plateaux. Leur nom garde le souvenir des Celtes. La maison de son ami étant située sur un belvédère qui domine la vallée marécageuse de la Nonette, l’écrivain redécouvre un paysage d’une grande variété qu’il a déjà connu pendant son adolescence.
Près de… sont des sables arides et peu fréquentés, qui présentent un espace ouvert au promeneur qui veut errer librement. Leur aspect assez sauvage rappelle des idées d’indépendance et d’abandon propres à nourrir les rêveries, plaisir de solitaires, et volupté des cœurs infortunés comme des cœurs aimants. Des monticules de sable nu, de petites plaines de bruyères et des hauteurs boisées remplissent cet espace que je nomme le désert, cherchant à ajouter à son étendue, comme à embellir l’expression de ses différents sites, creusant d’idées les terrains les plus bas en vallées profondes, changeant en pâturage quelques herbes desséchées, et transformant en chaînes, d’âpres rochers, et en sommets élevés, les diverses sinuosités de ces buttes sableuses, et les débris de ses grès dispersés. La plus élevée de ces buttes domine assez au loin les forêts voisines : quelques bouleaux isolés ont pris racine sur son sommet battu par des vents, et j’allai jouir des derniers feux du jour sur les grès écroulés de la pente qu’elle incline au soleil couchan…
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