Michel Butor fait partie de ces écrivains-poètes qui ont nourri leur travail de l’exploration d’autres arts, en l’occurrence de la musique et des arts
plastiques . Très présente surtout dans la période expérimentale de l’œuvre
de l’écrivain qui correspond aux décennies 1960 et 1970 (je pense au
Dialogue avec 33 Variations de Ludwig van Beethoven sur une valse de
Diabelli qui prend la forme d’un essai aux multiples points de vue au sein
d’une « conférence-concert » en 1971, ou encore à Boomerang, qui incorpore des extraits de l’opéra Les Indes Galantes de Jean-Philippe Rameau),
la musique n’a pas fait office chez lui de simple source d’inspiration, mais
d’une sorte de matrice d’un travail d’alchimie : déplacer les sonorités, les
rythmes (notamment ceux du jazz, on le verra précisément), vers le territoire
poétique, c’est-à-dire « adapter » le langage musical au langage poétique.
Il ne s’agit pas seulement d’une imitation, mais d’une réflexion sur une
possible transposition des structures musicales dans le domaine poétique .
Dans une lettre à la critique Florence Rigal qui s’est intéressée de près à
la « pensée-musique » à l’œuvre chez Michel Butor, l’écrivain confesse
lui-même qu’il est un « musicien refoulé » dont le désir d’écrire, de faire
de la musique, n’attend qu’à être réveillé. S’il n’a jamais écrit ou composé
à proprement parler de partition musicale, si on ne l’a jamais entendu jouer
d’un instrument ni chanter (en public en tout cas), Michel Butor a collaboré
néanmoins à plusieurs reprises avec des musiciens, la collaboration la plus
marquée étant celle du pianiste et compositeur Henri Pousseur avec lequel
il créa en 1968 l’opér…
Cet article est en accès conditionnel
Acheter cet article
5,00 €
Acheter ce numéro
20,00 €
S'abonner à cette revue
À partir de 68,00 €
Accès immédiat à la version électronique pendant un an
5 numéros papier envoyés par la poste