Parmi les marques déposées de l’histoire littéraire, la Pléiade bénéficie
d’un privilège. Tandis que les appellations en -isme hésitent entre un
ancrage historique et des concepts flous, que d’autres se bornent à donner
le repère d’un nom de personne ou de lieu, celle-ci réunit d’un coup, par
la magie de la métaphore stellaire et du chiffre sept, des noms propres, des
dates, des œuvres estampillées, et l’idée d’une révolution poétique
concentrant tous les feux de la Renaissance. Privilège contesté, bien sûr.
Il a fallu avouer ce qu’il y avait là de construction artificielle, rétrospective et trop hagiographique. Une fois faites les mises au point, le nom
reste légitime pour désigner un mouvement littéraire qui s’inscrit entre le
début du règne d’Henri II et la fin du règne d’Henri III, auquel s’attachent
incontestablement les noms de Ronsard, Du Bellay, Baïf, Belleau, Jodelle,
Tyard, Dorat, mais aussi Peletier et d’autres encore. Mais s’agit-il vraiment d’un phénomène collectif, construisant une identité de groupe perçue de l’intérieur comme de l’extérieur, conciliable avec des affirmations
individuelles plus ou moins écrasantes, agissant sur la nature des textes
produits et mis en circulation ? Il semble qu’on peut dégager de la fable la
part des faits authentiques, sans perdre de vue le réseau de relations qui a
été tissé par l’écriture et dont elle a laissé l’image, non seulement à la
périphérie du texte poétique, mais dans sa substance même.
Il est vrai que la Pléiade en tant que dénomination n’est pas d’époque,
même si Ronsard en a semé la graine…
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