Quel est le point commun entre Agamemnon, Sylla, Hannibal, Énée, Lancelot du Lac et Huon de Bordeaux ? Ils sont tous vus par Épistémon aux enfers et sont des guerriers. Parmi les personnages rencontrés par le précepteur de Pantagruel, ce sont les intrus, plutôt mentionnés en dehors de la liste principale, qui sont notables par leur statut : outre des héroïnes féminines, d’ailleurs liées indirectement à la guerre, on trouve un petit nombre de papes, d’hommes politiques, de philosophes et de poètes. Le texte rappelle ici que les faits d’armes constituent un motif de gloire et la source principale de l’écriture fictionnelle depuis l’Antiquité : les poèmes narratifs, au premier rang desquels se situe l’épopée, traitent surtout d’exploits militaires. Au XVIe siècle, on se bat encore partout : dans les « vieux romans » — proses arthuriennes héritées du XIIIe siècle et récits épiques issus des chansons de geste, dérimées à partir de la fin XIVe siècle —, dans les nouveaux romans de chevalerie — du type d’Amadís de Gaula —, dans les romanzi — de Pulci, de Boiardo, de l’Arioste —, dans les biographies chevaleresques — à visée historique mais en partie proches des récits épiques et romanesques —, dans les « poèmes héroïques » — que l’on réédite ou que l’on invente : la Gerusalemme liberata, la Franciade —, dans les romans grecs que l’on se met à éditer — Leucippé et Clitophon, les Éthiopiques — etc. Les poéticiens du milieu du siècle eux-mêmes, malgré leur défiance vis-à-vis de l’héritage médiéval, ne tournent pas tout à fait le dos aux « épiceries » dont relèven…
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