Couverture de RHLF_064

Article de revue

In memoriam Roger Duchêne

(1930-2006)

Pages 1019 à 1020

Notes

  • [1]
    Afin de lui rendre un dernier hommage, le prochain numéro de la Revue Épistolaire, revue de l’Aire, n° 32, Champion, décembre 2006, sera dédié à son souvenir.

1Roger Duchêne nous a quittés le 25 avril 2006, à Marseille. Le moment est venu d’adresser à sa famille et à ses proches l’expression de notre sympathie très émue, hommage d’une communauté scientifique qui s’étend bien au-delà du cercle des dix-septièmistes.

2Né à Saint-Nazaire, le 3 février 1930, Roger Duchêne entra dans la carrière comme professeur au lycée de Bourg-en-Bresse, puis au lycée Thiers de Marseille (1955-1959). Ensuite, pendant trente ans, il enseigna la littérature française du XVIIe siècle à l’Université de Provence. Il y a été successivement assistant, maître de conférences (1964) et professeur (1970), puis professeur émérite depuis septembre 1990.

3Après avoir été élu vice-président de la Société d’Étude du XVIIe siècle (1970-1980), il fonda, en 1971, le CMR 17 (Centre Méridional de Rencontres sur le XVIIe siècle). Sous son égide, le CMR 17 a organisé vingt-quatre colloques internationaux, à Marseille et dans diverses universités françaises et étrangères, puis, au château de Grignan en 1996. Roger Duchêne fut également membre d’honneur de l’Association Interdisciplinaire de Recherche sur L’Épistolaire ( AIRE ), à la fondation de laquelle il participa, à Cerisy, en 1987.

4C’est avant tout par l’ouvrage issu de sa thèse sur Madame de Sévigné (Madame de Sévigné et la lettre d’amour, Bordas, 1970, Klincksieck, 1992), que Roger Duchêne accompagna l’essor des études épistolaires modernes et suscita longtemps de très féconds débats. Il établit conjointement le texte de la nouvelle édition de la Correspondance de Madame de Sévigné à la Bibliothèque de la Pléiade (1972-1978,3 vol.). Ces deux seules contributions auraient suffi à établir solidement la mémoire du chercheur, mais Roger Duchêne ne s’en est pas tenu là. De la correspondance à l’étude de la vie privée, il n’y a qu’un pas, aussi avait-il pris goût à l’écriture biographique et publié chez Fayard trois ouvrages : Madame de Sévigné ou la chance d’être femme (1982), Ninon de Lenclos (1984) et Madame de La Fayette (1988). En 1990, il consacra un volume à La Fontaine. Enfin, il s’intéressa à la vie d’un autre épistolier lecteur de madame de Sévigné : L’Impossible Marcel Proust (en 1994). Son dernier ouvrage, achevé peu de temps avant sa disparition, Comme une lettre à la poste était un retour à l’étude d’une forme qu’il n’avait jamais véritablement délaissée [1].

5Faire un bilan exhaustif de son œuvre critique est ici, bien sûr, impossible. Parmi ses très nombreux articles, qui firent date, rappelons sa contribution à un numéro fondateur pour les études épistolaires : « Réalité vécue et réussite littéraire : le statut particulier de la lettre » (RHLF, 1971,71e année). Il avait, en outre, dirigé un volume consacré à la Fortune de Madame de Sévigné, intitulé Images de madame de Sévigné (RHLF, mai-juin, 1996).

6Roger Duchêne aimait la diversité et se plaisait à dire parfois qu’il avait trois métiers : professeur et historien de la littérature, écrivain et journaliste. A son activité de spécialiste du XVIIe siècle, il associait en effet celle d’historien de sa région. En 1982, il publia Et La Provence devint française (repris en 1986 chez Fayard dans une Histoire de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, sous le titre Naissance d’une région, 1945-1985). Il fut de 1990 à 1995 directeur de la revue culturelle de la ville de Marseille. A l’occasion des 2 600 ans de la ville, il avait publié chez Fayard une histoire de la ville : Marseille, 2 600 ans d’Histoire (en collaboration). Roger Duchêne collabora souvent à la presse régionale, où il publia entre 1969 et 1980, notamment dans Le Provençal et Les Nouvelles Affiches de Marseille, nombre d’articles sur la littérature contemporaine, les questions universitaires, l’histoire de Marseille et de la Provence.

7L’œuvre critique de Roger Duchêne a été couronnée de nombreux Grands prix (Académie française, l’Académie des Sciences morales et politiques, Société des gens de lettres, l’Académie du Vaucluse, Prix du Roi René et le Grand Prix littéraire de Provence…). Le rayonnement de son travail était considérable : innombrables sont les colloques nationaux et internationaux, auxquels il a participé. Il a dirigé des séminaires dans de nombreuses universités d’Europe.

8Nous l’avons connu infatigable, tonique et souriant, homme de réflexion mais, aussi homme d’action, attentif et compréhensif pour les jeunes chercheurs. Pour reprendre l’heureuse formule de Pierre Ronzeaud dans l’ouverture des Mélanges rassemblés en son honneur, Roger Duchêne, a su se faire « contemporain du passé » : ce qui caractérise son œuvre critique c’est « le sens de la vie, le sens de la vie du XVIIe siècle et de la nôtre ».


Date de mise en ligne : 01/10/2007

https://doi.org/10.3917/rhlf.064.1019

Notes

  • [1]
    Afin de lui rendre un dernier hommage, le prochain numéro de la Revue Épistolaire, revue de l’Aire, n° 32, Champion, décembre 2006, sera dédié à son souvenir.

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