À côté d’un Sainte-Beuve largement réhabilité après un siècle de contre-beuvisme, Gustave Planche, son confrère à la Revue des deux mondes à partir de la fin de 1831, fait pâle figure : systématiquement écarté des histoires de la critique française, depuis Fernand Baldensperger en 1945 jusqu’à Jean-Thomas Nordmann récemment, il a tout juste fait l’objet d’une thèse monographique due à Maurice Regard, très complète mais datée. Ses Portraits littéraires, restés dans l’ombre de ceux de Sainte-Beuve, n’ont plus été réédités depuis sa mort. Ne semblent avoir survécu dans les mémoires, en définitive, que la prétention et la méchanceté proverbiales de « l’exécuteur des hautes œuvres », alias « Gustave le cruel » selon l’expression de Musset. Et pour cause : comme la plupart des critiques littéraires du premier XIXe siècle, Planche continue à faire les frais d’une sordide mythologie qui cumule, dans son cas, saleté physique et laideur psychologique, goût des potins scabreux et hargne gratuite, antiromantisme fanatique et stérilité littéraire. Autant de traits d’ethos trop convenus, trop conformes au cliché du critique littéraire aigri pour ne pas éveiller la suspicion. En questionnant ces apparences, hors de toute tentative de réhabilitation posthume, en les plaçant ensuite en regard de quelques contributions majeures de Planche dans la Revue des deux mondes, c’est autant une figure qu’un discours que l’on voudrait ici faire resurgir. Une figure et un discours emblématiques de ce genre encore balbutiant en ce début de la monarchie de Juillet, mais appelé à de grandes destinées au cours du siècle : la critique littéraire périodique…
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