De Loti nous connaissons les recettes, appliquées de livre en livre avec un succès rarement trahi par ses premiers lecteurs. Un certain ennui, que de nos jours on trouve à la lecture de ce Loti prévisible, est contenu dans l’œuvre elle-même en tant qu’effet. Sa cause : un ton rêveur et de mélancolie désabusée qui met sur toutes choses un voile. Écrivain fertile et consacré, mais artiste aux accents troubles et funèbres. Écriture à ficelles, œuvre à multiples facettes alanguie dans un mouvement de retrait. Pile : être ailleurs, ou du dépaysement considéré dans son rapport avec le réel et le bonheur. Un corps embrassant le monde, un regard mesurant ses limites et prenant du même coup ses distances. Il y a toujours un autre côté. Face : « émotion de souvenir », où le passé fait retour au présent du même élan brisé que le mirage exotique en met lui-même à retomber sur un regret. Vais-je avoir du chagrin quand je partirai ? se demande incessamment Loti, comme si tel était le but (avoir de la peine), avec un sentiment de passé jamais mieux assouvi que dans le souvenir d’un devenir. Tout se passe ailleurs, il est vrai, mais aussi tout se décide avant, dans un for antérieur. Au Japon : « Cette nuit verte sous des arbres immenses, ces fougères trop grandes, ces senteurs de mousses, et, en avant de moi, ces hommes dont la peau est d’une couleur de cuivre, tout cela brusquement me transporte à travers les années et les distances, en Océanie, dans les grands bois de Fatahua, jadis familiers… En différents pays du monde, où j’ai promené ma vie depuis mon départ de l’…
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