Une grande littérature est une forêt : elle n’est pas peuplée seulement
de grand arbres, mais d’une végétation luxuriante sur laquelle les promeneurs tardifs, qui répugnent à quitter les chemins frayés, sont tentés de ne
jeter qu’un regard distrait. Le poète Louis de Fontanes a cessé de publier
ses poésies en 1791, bien qu’il ait continué à en composer pour lui-même
et ses intimes. Son œuvre en vers et en prose n’a été réunie qu’en 1839,
dix-huit ans après sa mort, précédée d’un superbe essai de Sainte-Beuve
et d’une « Lettre » étrangement brève de Chateaubriand. Cette œuvre
attend toujours son édition critique. Rétrospectivement, elle se confond
dans la production poétique, oratoire et journalistique des années 1780-1814 que jusqu’ici l’histoire littéraire, n’ayant d’yeux que sur ce qui
dépasse, s’est le plus souvent contentée de survoler.
Qu’est-ce qui peut valoir aujourd’hui à M. de Fontanes, après deux
siècles ou presque, une « commémoration nationale », on est presque
tenté d’écrire une « commisération nationale » et, qui sait ? l’attraction
d’un jeune chercheur ? Jusqu’ici, si son nom n’a pas été oublié, Fontanes
le doit à la place considérable qu’il a tenu dans la carrière littéraire de
Chateaubriand, qu’il a connu jeune pousse en 1789-1790 et qu’il a aidé
plus tard à devenir géant, sous le Consulat et l’Empire. Chateaubriand lui
a marqué sa reconnaissance en le nommant au premier rang du « personnel » des Mémoires d’outre-tombe, citation à l’ordre de l’éternité qui vaut
à Fontanes de figurer dans les notes de…
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