La publication que le lecteur va découvrir est le fruit d’une longue exploration. Tout avait commencé par un colloque qui nous avait révélé le rôle mal connu de la Cour de cassation au xixe siècle dans le processus d’abolition de l’esclavage de 1848. Ce travail s’est poursuivi à l’occasion des Journées régionales d’histoire de la justice organisées par l’AFHJ en novembre 2018 en Martinique (cour d’appel de Fort de France) et en Guadeloupe (université des Antilles), en septembre 2019 à Lille (université catholique), en octobre 2019 à Versailles (UVSQ) et à La Réunion (cour d’appel de Saint Denis et Archives départementales). Périple qui s’est terminé en janvier 2020, à La Rochelle, avec le soutien du Conseil départemental et du Musée maritime municipal, dont le colloque de synthèse était intitulé « L’esclave : de la marchandise au sujet de droit ».
Il fallait bien cet ample travail pour sortir de la nappe d’oubli le monde de l’esclavage. Nous avons découvert combien l’historien a peu de matériau pour exhumer ce monde. Claude Gauvard a commencé nos travaux en évoquant ce refoulement des historiens à l’égard de l’esclavage et de la traite négrière. L’esclavagisme comme mode de production est longtemps resté ainsi cantonné à l’Antiquité avant de disparaître avec le christianisme. C’est dans les années 1960 qu’on repense la question, en voyant dans le serf carolingien l’héritier de l’esclavage antique. Survivances de l’Antiquité ou permanence de l’esclavage dans notre monde moderne …