La scène historique où se noue l’intrigue du Zéro et l’Infini, son décor sanglant, c’est la Grande Terreur qui, dans la deuxième moitié des années trente, emporta l’Union soviétique dans les flots ténébreux d’un gigantesque crime de masse comme l’histoire n’en connaissait pas de précédent. Quatre années d’une épuration systématique où la révolution soviétique atteignit son zénith crépusculaire et parvint au stade ultime de sa logique criminelle. Une tragédie effroyable qui marqua le point d’achèvement d’un processus où la révolution de 1917 et l’édification du socialisme débouchèrent sur l’avènement d’une bureaucratie totalitaire et le pouvoir sans partage. Pour Koestler, c’est le plus étrange régime de terreur qu’ait connu l’histoire de l’humanité.
Red mass. Arthur Koestler’s Darkness at Noon and Stalin’s show trials
The (bloody) historical backdrop to Arthur Koestler’s novel Darkness at Noon is the reign of terror which, in the latter half of the 1930s, embroiled the Soviet Union in a gargantuan wave of mass repression for which history offers no precedent. Four years of systematic purges in which the Soviet revolution reached its bloody zenith, pushing its criminal impulses to their logical conclusion. An unspeakable tragedy which marks the apogee of the process whereby the revolution of 1917 and its socialist ideals were overtaken by a totalitarian bureaucracy where absolute power was concentrated at the top of the pyramid. In Koestler’s view, this was the strangest reign of terror that human history has ever known.