Notes
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[1]
INA, Journal télévisé, 20h, TF1, 2 octobre 1999.
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[2]
Résultats d’un échantillonnage exhaustif des conducteurs d’actualités des journaux télévisés pour la période 1949-1959.
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[3]
Journal officiel, 8 décembre 1954, p. 11445.
-
[4]
Voir Chauvaud (F.) « D’Albert Bataille à Géo London. La chronique judiciaire et l’indignation, 1880-1939 », dans Ambroise-Rendu (A.-C.), Delporte (C.) (dir.), L’indignation. Histoire d’une émotion politique et morale (xix-XXe siècles), Paris, Nouveau monde éditions, p. 79-103, ici p. 81 et al. L’auteur montre bien comment les « nouveaux chroniqueurs judiciaires » des années 1880 ont professionnalisé la rubrique et fait émerger « un véritable nouveau genre, en rupture avec le discours de La Gazette des tribunaux ou les récits de faits divers ». Nifiction, ni récit historique, ni pamphlet, la chronique judiciaire s’ancre désormais dans la réalité judiciaire.
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[5]
INA, Journal télévisé, 20h, 3 mai 1958.
-
[6]
Avril échappe de justesse à la peine de mort : le 7 mai 1958, les jurés de la Somme le condamnent à la réclusion criminelle à perpétuité.
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[7]
INA, Journal télévisé, Nuit, 27 janvier 1960.
-
[8]
Jaccoud est condamné à sept ans de réclusion. Le verdict ne satisfait personne : s’il est coupable, la peine est trop courte mais s’il est innocent, elle est au contraire trop longue. Le doute subsiste. Jaccoud est libéré après quatre ans de détention.
-
[9]
INA, Journal télévisé, 20h, 22 novembre 1961.
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[10]
Frédéric Pottecher fait paraître ses mémoires en 1977 sous le titre A voix haute (JC Lattès, 1977).
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[11]
INA, Journal télévisé, 20h, 3 mai 1966.
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[12]
Ibid.
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[13]
Lucien Léger finira après les plaidoiries par reconnaître être le meurtrier de Luc Taron, mais avouera ne pas avoir prémédité son crime et aurait tué le petit garçon parce qu’il s’identifiait à cet enfant brimé par sa mère. Les psychiatres le considèrent comme fou : ce diagnostic permet à Lucien Léger d’échapper à la peine de mort et de recueillir une réclusion criminelle à perpétuité.
-
[14]
Sécail (C.), Le crime à l’écran. Le fait divers criminel à la télévision française (1950-2010), Paris, INA / Nouveau monde éditions, 2010 ; Sécail (C.), « La chronique judiciaire depuis les années 1950. Du compte rendu au reportage », dans Les Cahiers du CIRCAV « Justice et Télévision », no 21, (à paraître en septembre 2010).
-
[15]
Entretien de l’auteur avec Georges Walter, le 5 décembre 2002.
-
[16]
INA, Journal télévisé 23h, A2, 10 mars 1976.
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[17]
INA, Journal télévisé 20h, TF1, 9 mars 1976.
-
[18]
Ambroise-Rendu (A.-C.), Peurs privées, angoisses publiques, Paris, Larousse, 2001, p. 77.
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[19]
INA, Journal télévisé, TF1, 20h, 18 février 1976, 1’38.
-
[20]
INA, Journal télévisé, TF1, 20h, 18 février 1976, 1’38.
-
[21]
INA, Journal télévisé, A2, 20h, 10 mars 1976.
-
[22]
Éliacheff (C.), Soulez-Larivière (D.), Le temps des victimes, Paris, Albin Michel, 2004.
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[23]
Pradel (J.), Meney (P.), Y’a pas de justice, Paris, Ramsay, 1997, p. 18-19.
-
[24]
Éliacheff (C.), Soulez-Larivière (D.), op. cit., 293 p. ; Salas (D.), La volonté de punir. Essai sur le populisme pénal, Paris, Hachette, 2005, p. 63-101.
-
[25]
INA, Journal télévisé, TF1, 20h, 25 janvier 1994.
-
[26]
INA, Journal télévisé, TF1, 20h, 25 janvier 1994.
-
[27]
INA, Journal télévisé, TF1, 20h, 24 janvier 1994.
-
[28]
INA, 20h, TF1, 19 mars 2001.
-
[29]
INA, 20h, TF1, 26 mars 2001.
-
[30]
Éliacheff (C.), Soulez-Larivière (D.), Le temps des victimes, Paris, Albin Michel, 2007, 293 p.
-
[31]
Salas (D.), La volonté de punir. Essai sur le populisme pénal, Paris, Hachette, 2005.
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[32]
On l’a vu, la télévision continue avec Christophe Hondelatte à « Faites entrer l’accusé ».
-
[33]
Dans le langage cinématographique, une trajectoire associe un panoramique (mouvement latéral circulaire) et un travelling (mouvement de rapprochement et d’éloignement).
1Le 2 octobre 1999, la symbolique convocation des familles de victimes de l’affaire Guy Georges par le juge d’instruction Gilbert Thiel, venu leur notifier la clôture de l’instruction, avait fait la Une du journal télévisé de TF1. Médiatiser une étape généralement discrète de la procédure judiciaire n’est pas une chose fréquente en télévision. L’avocat des parents d’une jeune fille tuée par le criminel a d’ailleurs tenu pour l’occasion à remercier publiquement devant la caméra ce juge qui a « su associer les familles des victimes à la compréhension de ce que fait le système judiciaire » [1]. Cet intérêt accru des journalistes pour le sort de la partie civile à quelques mois du procès trahit déjà le notable changement qui s’est opéré depuis quelques années sur les bancs de la presse. En effet, traditionnellement, l’approche du procès criminel venait faire la lumière sur une personne principale, l’accusé, et toute la curiosité du chroniqueur judiciaire était concentrée sur l’individu qui, silencieux depuis son arrestation, allait retrouver la parole le temps de l’ultime phase du patient travail d’élaboration de la vérité judiciaire. Désormais, une autre figure le concurrence dans le prétoire, rééquilibrant en cela une asymétrie du droit : la victime. Observateurs des mœurs de leur époque, les chroniqueurs judiciaires ont à cœur, certes, de préserver les valeurs judiciaires qu’ils captent quotidiennement. Mais ils ont aussi le rôle de révéler des faits, des événements ou des personnes méconnus à leurs publics. Et une fois découverte, la victime ne pouvait quitter leur récit : mieux elle allait pouvoir les guider. La télévision, média de l’image, reflète mieux que tout autre cette évolution culturelle, sociale, juridique et symbolique. À travers la lignée généalogique de la chronique judiciaire télévisée, l’histoire révèle les étapes de cette véritable « trajectoire » – au sens cinématographique – victimaire qui a permis de faire entrer la victime – et avec elle toutes les interrogations sur son statut et les enjeux de sa prise en considération – dans le champ de la reconnaissance sociale et médiatique. Une trajectoire en trois étapes que nous étudierons successivement à travers quelques grands procès de la seconde moitié du xxe siècle.
Années 1950-1960 : plan serré indulgent sur l’accusé
2Pendant près d’une décennie, le journal télévisé, créé en 1949, ne s’intéresse guère aux affaires criminelles, ne relatant en moyenne qu’un seul fait divers tous les trois mois [2]. L’événement criminel est alors surtout rendu public à l’issue de la phase d’investigation, si possible sur le scénario avantageux de l’arrestation du coupable. La phase judiciaire, elle, semble d’autant plus échapper au petit écran que, depuis le 6 décembre 1954, une loi interdit de filmer et d’enregistrer les procès [3] et que, pour pallier ce vide, la rédaction du journal télévisé n’a pas eu les moyens techniques, budgétaires et humains de s’étoffer en recrutant un chroniqueur judiciaire. Seuls quelques rares procès importants (les procès Dominici ou Marie Besnard en 1954) parviennent à émerger sur les écrans.
3Mais la situation s’améliore au début de l’année 1958, lorsque le directeur de la Radiodiffusion-Télévision Française (RTF) Vital Gayman demande au chroniqueur judiciaire de la Radio d’Etat, Frédéric Pottecher (en charge de cette fonction depuis 1947), de rejoindre désormais le journal télévisé et de tenir la rubrique pour les deux médias audiovisuels. En mai 1958, le procès de Robert Avril permet à Frédéric Pottecher d’étrenner pour la télévision cette prestigieuse spécialité du journalisme déjà ancienne qu’est la chronique judiciaire [4]. Dans le même esprit que sa collaboration radiophonique, toute l’attention du chroniqueur est concentrée sur l’accusé qui vient de prendre place dans son box. Et bien que meurtrier en 1955 d’une jeune institutrice anglaise qui parcourait la campagne française à bicyclette, Robert Avril apparaît d’abord aux yeux de Frédéric Pottecher comme un travailleur modèle :
« Le fils que les jurés de la Somme vont avoir à juger ne vaut certainement pas mieux que son père. Mais ce n’est pas une brute épaisse, il ne faut pas vous y tromper. Il n’a pourtant pas dû aller souvent à l’école car il n’a même pas son certificat d’études primaires. Pourtant, il s’exprime fort correctement. Il est intelligent. Je dirais même qu’il est fin … Il a été, pendant plusieurs années, un excellent ouvrier agricole. Il connaît à merveille le secret des champs et des vergers. Il a aussi été un excellent ouvrier d’usine. On l’a vu travailler dans plusieurs chantiers et partout il a recueilli d’assez bonnes notes » [5].
5Que fait alors Robert Avril dans le box des accusés, s’interrogeait-on un instant à l’écoute de ce portrait flatteur ? Oubliant le geste criminel de l’accusé, le chroniqueur nous rappelle encore qu’Avril est surtout un voleur et un coureur qui « n’a jamais d’argent. Et comme il a la passion du voyage, que c’est un homme qui ne peut pas tenir en place, alors il vole. Il vole des bicyclettes. [ …] Et puis, il a une autre obsession – et celle-là est beaucoup plus grave : il a l’obsession des femmes à bicyclette ! ».
6Comme ses confrères, Frédéric Pottecher est finalement surpris par cet accusé doux et paisible, loin du criminel attendu incapable de surmonter une pulsion. Le chroniqueur n’ignore pas que, durant sa détention provisoire, Avril avait apprivoisé un couple de chardonnerets de la fenêtre de sa prison en les nourrissant chaque jour de mie de pain trempée dans du lait concentré. La pauvreté de la condition sociale et le comportement exemplaire de l’accusé lui attirent donc l’indulgence d’un chroniqueur judiciaire dont la popularité et le crédit sont grands auprès du public. À travers le ton humoristique ou attendri du journaliste [6], la figure du criminel résiste donc bel et bien aux yeux des téléspectateurs.
7Au cœur du procès, l’accusé est dans la procédure judiciaire un acteur parmi d’autres. Mais, forçant rapidement le trait, la télévision l’érige bientôt dans le rôle vedette, tandis que toute la dramaturgie de l’audience se voit restituée du point de vue de cet accusé dont on n’ignore plus – non sans les interpréter – tous les états émotionnels. Le 27 janvier 1960, Frédéric Pottecher, envoyé à Genève, évoque ainsi les propositions de mariage que l’accusé Jaccoud aurait faites à sa jeune maitresse Linda Baud :
« Alors à ce moment nous avons vu Jaccoud se dresser … tendre les mains … et crier … [Pottecher crie] « Je proteste ! Je proteste ! Ces propositions de mariage n’ont pas été faites par moi. Je vous en prie monsieur le procureur général ! » … Et le procureur général répond ceci … « Je cherche la vérité, Pierre Jaccoud. Permet-moi de continuer à la chercher, si tu veux bien ! » Il le tutoyait ! Ça a été quelque chose d’extraordinaire ! Moi, personnellement, je n’ai jamais vu un procureur […] tutoyer un accusé ! [ …] Je vous assure que ça a été terrible ! Jaccoud a pris son mouchoir … a pleuré … Enfin, ça a été extrêmement dramatique ! … Et c’est sur cette impression-là, sur ce moment pénible et douloureux […] que se sont terminés les débats de ce jour » [7].
9Une fois de plus, la réalité criminelle – la mort d’un maître chanteur qui menaçait le couple illégitime de révéler leur liaison – s’efface pour laisser place à un accusé fragile, désemparé, en proie à ses péchés plus qu’à ses crimes et, par là, déjà amendable [8] aux yeux de ses semblables.
10L’accusé dans son box n’est d’ailleurs pas loin d’être souvent une victime lui-même aux yeux du chroniqueur. Lorsque le 22 novembre 1961, Frédéric Pottecher relate l’audience, à Bordeaux, du troisième procès de Marie Besnard, il n’hésite pas à endosser le rôle d’avocat subsidiaire, jouant de la fibre émotionnelle, entre indignation et compassion, pour défendre sur la scène médiatique celle qu’il juge innocente et qui, preuve en est, s’est évanouie dans son box le jour même : « Des quantités de gens ont pensé que c’était de la comédie. Personnellement, je n’en crois rien … Elle avait un rictus épouvantable. Tous étaient très émus en la voyant. On n’a peut-être tort d’être ému mais nous ne pouvons tout de même pas oublier tout ce que cette femme a souffert … Cinquante-six mois de préventive ! Et après tout, on n’en sait rien : si elle était innocente ? Voilà la question qu’il faut se poser » [9].
11De Jaccoud à Marie Besnard, le chroniqueur judiciaire s’engage donc « personnellement » : en multipliant les plans serrés indulgents sur l’accusé, il oriente le regard et force son public à adopter ce même point de vue. Son message rappelle qu’en amont du geste criminel résident ces injustices banales, ces mesquineries, ces inégalités quotidiennes et ces attentes insatisfaites que ne parvient pas à empêcher la société économiquement prospère des Trente Glorieuses et qui poussent certains individus à transgresser les règles. La culpabilité du criminel renvoie donc à une responsabilité collective de la société et l’individu marginalisé par son geste, longtemps tenu au silence par les non-dits ou brouillé par les rumeurs, peut, à travers le chroniqueur, prendre enfin une parole « à voix haute » [10].
12Une catégorie de crimes, pourtant, transforme le regard compréhensif du chroniqueur à l’égard de l’auteur d’un crime en examen impitoyable : les meurtres d’enfants. À l’approche du procès de Lucien Léger, ravisseur et assassin du jeune Luc Taron (11 ans), Frédéric Pottecher s’avoue indigné par ce meurtre « horrible et incompréhensible », ce « crime de sadique » [11] de « l’Étrangleur ». Mais tout au long du procès, face à un accusé qui persiste à nier son crime et à l’attribuer à son fictif « ami Henri », le chroniqueur n’est pas dupe de ce mauvais jeu d’acteur : « Léger essaie de raconter qu’il est absolument possible que d’après les récits que lui auraient fait le dénommé Henri, il ait pu ainsi avec tant de précisions décrire ce qu’il s’était passé. Il a décrit tout à l’heure l’assassinat du petit Taron : c’était véritablement épouvantable ! Léger est dans le box. Il est terne. Il est mou. Il est petit. Il a un visage aux cheveux noirs. Il a des yeux noirs, ronds et troubles, agrandis par d’énormes cernes. Il est vêtu très élégamment d’un costume gris clair avec une pochette rouge. On a l’impression que Léger est un homme qui veut être vu » [12]. Léger a beau avoir connu la précarité et une enfance difficile sans affection de sa mère, rien n’y fait : cette fois, le chroniqueur reste insensible face au criminel qui tente de masquer sa culpabilité derrière un indécent mensonge [13].
13Les premiers feuilletons judiciaires télévisés, apparus en 1958 avec l’arrivée de Frédéric Pottecher [14], nous renvoie finalement à un âge où la chronique judiciaire se caractérise alors par de longs comptes rendus d’audiences descriptifs dans lesquels l’accusé tient une place centrale et recueille parfois la sympathie du journaliste. Le format confortable des chroniques de Frédéric Pottecher (parfois 4 à 5 minutes) favorise en effet ce rapport privilégié entre deux bancs qui se font face, celui de la presse et celui de l’accusé. En omettant de prendre en considération le banc de la partie civile, le chroniqueur renvoie une image déséquilibrée de la justice ; en cherchant à comprendre les causes lointaines du crime plus qu’à émouvoir sur le sort de la victime, il offre à son public le spectacle d’une vérité judiciaire inaboutie puisque la réalité de l’acte criminel s’y trouve souvent euphémisée voire omise. Mais le chroniqueur n’est-il pas le simple reflet d’une procédure elle-même dissymétrique ? Sur le terrain des sensibilités sociales et culturelles, avant les évolutions du droit lui-même, les années 1970 semblent déjà réviser ce déséquilibre. En effet, le climat d’indulgence s’interrompt dès le début de la décennie alors que la France enregistre une recrudescence des violences criminelles et se trouve confrontée à des meurtres particulièrement graves dans la hiérarchie des crimes.
Années 1970-1980 : plan moyen intransigeant sur l’accusé
14Mai 1968 et la vague de licenciements qui ébranle l’ORTF annoncent une rupture : gréviste, Frédéric Pottecher est obligé de quitter le journal télévisé. Après son éviction, la chronique judiciaire est laissée quelques temps à l’abandon : peu de journalistes osent prétendre à cette fonction monopolisée durant dix ans par le charismatique Pottecher.
15Avec le changement de professionnels, c’est aussi la focale, la forme et le ton de la chronique qui évoluent. En 1970, occasionnel chroniqueur judiciaire intérimaire, l’écrivain Georges Walter, se retrouvant avec son rédacteur en chef Joseph Pasteur obligé de comparaître devant le conseil d’administration de l’ORTF transformé en tribunal professionnel, apprend à ses dépends que la complaisance à l’égard de l’accusé n’est plus de mise. La direction lui reproche d’avoir présenté le ravisseur de Sophie Duguet, Michel Fauqueux, en des termes trop respectueux à l’occasion de son procès en septembre 1970. Walter avait évoqué les bonnes conditions de séquestration de l’enfant, fille d’un riche industriel du secteur betteravier, enlevée puis retrouvée en novembre 1969. Sophie avait été retenue prisonnière dans une ferme où se trouvaient d’autres enfants et la fillette avait passé son temps à jouer avec eux. Le rapt devenait d’autant plus tolérable que Georges Walter, faisant la présentation du riche industriel, choisit d’insérer quelques plans tournés sur la propriété des Duguet montrant les « cages à lapins » qui servaient de couchettes aux ouvriers espagnols employés sur l’exploitation. Le père de l’enfant réagit alors avec colère à la vue de ces images qui, au lieu de lui attirer une sympathie légitime à l’égard d’un père privé de son enfant, façonnent de lui le portrait d’un oppresseur capitaliste, tandis que le ravisseur Fauqueux qui s’apprête à être jugé recueille une certaine bienveillance. L’académicien André Chamson, membre du conseil d’administration de l’ORTF, se montre particulièrement violent à l’égard de Georges Walter, dénonçant une « presse qui est toujours du côté de la défense ! » [15] et cherchant à démontrer que le journaliste avait fait l’apologie du crime. L’affaire se clôt sur ce tribunal interne dont l’avantage est d’avoir calmé la colère des parents Duguet qui envisageaient une action judiciaire.
16La forme chronophage du compte rendu judiciaire est désormais incompatible avec les exigences d’une information plus rapide et compétitive depuis la mise en concurrence des journaux télévisés de la première et deuxième chaîne en 1969. Les chroniques éditorialisées d’un Paul Lefèvre ou d’un Jean-Pierre Berthet ont l’avantage d’être moins longues, moins descriptives et de laisser donc moins de place à l’examen de la personnalité criminelle. Cette dernière, en tout cas, ne recueille plus la sympathie des chroniqueurs comme autrefois. Depuis le début des années 1970, la perception d’une augmentation des chiffres de la délinquance et surtout la multiplication des meurtres d’enfants (Maria-Dolorès Rambla en 1974, Philippe Bertrand ou Vincent Gallardo en 1976, etc.), ont exacerbé l’opinion qui ne tolère plus aucune clémence et craint un véritable phénomène de société. Le 10 mars 1976, dans la salle d’audience du palais d’Aix-en-Provence qui vient de juger Christian Ranucci pour le meurtre de Maria-Dolorès Rambla, l’heure est aux règlements implacables de ces monstres asociaux. « Comme on pouvait le prévoir, les jurés se sont montrés insensibles aux arguments de la défense qui avaient tenté de présenter Ranucci comme un irresponsable qui aurait avoué au début parce qu’il y aurait été contraint » annonce d’emblée le chroniqueur d’Antenne 2 Paul Lefèvre qui poursuit : « À plusieurs reprises, même, on a vu un garçon qui semblait véritablement froid et calculateur … Alors, lorsque, après un réquisitoire terrible et logique de précisions, l’avocat général Viallat a demandé la peine de mort, on savait que tout était joué … ou presque. Seule l’opposition fondamentale à la peine de mort de plusieurs jurés aurait pu sauver Ranucci. Et ce ne fut pas le cas ! … Et le climat général qui règne depuis quelques temps en France à propos des rapts d’enfants n’était pas fait pour calmer les esprits ! » [16]
17Son confrère de TF1 Jean-Louis Burgat, de son côté, ne cache pas son antipathie pour l’accusé qui, « derrière ses lunettes teintées avec sa grosse croix en or sur la poitrine d … …, parait très sûr de lui. À plusieurs reprises, il interrompt le président Antona, s’énerve, corrige les témoins, parait même gêner son avocat Maitre Lombard » [17].
18Les années 1970 marquent l’émergence des « individualistes du crime » [18] qui commettent avant tout leurs méfaits pour assouvir des pulsions ou des intérêts personnels. Les chroniqueurs ont le réflexe d’élargir leurs interrogations plus régulièrement sur la société et le plan serré sur l’accusé est ainsi devenu moyen. Mais s’il leur revient toujours d’appréhender ces nouvelles figures du crime au regard de leur environnement et de leur contexte, ils comprennent qu’il est parfois inutile de venir expliquer le plus monstrueux des crimes, le meurtre d’enfants, en convoquant le milieu social dans lequel a grandi le criminel. Ainsi, lorsqu’elle découvre le meurtrier du jeune Philippe Bertrand le 18 février 1976, la France fait face à une « monstrueuse normalité », une personnalité ordinaire, factice d’humanité. La fascination pour la figure du tueur d’enfants conduit les journalistes à remonter jusqu’aux géniteurs du monstre pour leur demander ce qui, au cours de l’enfance et de la jeunesse, a pu déterminer le passage à l’acte meurtrier. Mais ce que les télévisions retiennent finalement à l’écran, ce sont moins les réponses que les questions et les silences effarés de ces parents meurtris dans leur chair par leur enfant meurtrier. Le regard perdu, la mère de Patrick Henry parle ainsi d’un enfant « gentil » mais « songeur » [19], sans être capable de remonter le chaînon des causalités au-delà de ce mutisme manifesté quelquefois par le jeune adolescent Patrick. En réalité, les mots leur manquent pour qualifier le crime de leurs fils : « De là à faire ce qu’il a fait » dit la mère, « C’est inadmissible d’avoir fait ce qu’il a fait » déclare le père, « […] C’est pas possible, j’réalise pas ! » poursuit la mère, « On peut pas pardonner des choses pareilles » achève le père [20].
19Avec le meurtre d’enfants, un rééquilibrage s’opère entre la figure du bourreau et celle de sa victime dans les commentaires des chroniqueurs et celui des présentateurs chargés d’introduire leurs sujets. La figure de l’enfant innocent, figé et souriant face à la caméra, se construit ainsi par juxtaposition avec celle de son meurtrier présenté, lui, dans l’action de l’arrestation, avec l’accoutrement négligé, les mains menottées, la tête baissée, le cheveu hirsute, le regard hagard ou fuyant du coupable.
20« Le crime est une tentation de tous les jours … même pour un organisme ou un esprit équilibré … Ranucci ne voulait sans doute pas tuer cette enfant. Il l’a fait tout de même lorsque quelque chose s’est détraqué dans son esprit, l’espace d’un instant. Ce qui peut nous arriver à chacun d’entre nous sous la pulsion soudaine du désir, de la peur ou de l’intérêt … Le procès d’Aix, au-delà de l’homme devenu un exemple, nous rappelle qu’entre la raison et le crime ne se trouve souvent que la volonté » [21] constate froidement Paul Lefèvre dans l’attente du verdict du procès Ranucci. Si le criminel n’est ni véritablement un monstre, ni la victime d’une société injuste, mais bel et bien un homme ordinaire dont l’esprit se serait un instant « détraqué », alors l’extension du domaine du crime s’avère sans limites, tout comme celui de la victimisation. Les années 1970 et 1980 ont fait apparaitre une forme de souffrance légitime dans les récits télévisés à travers la douleur des proches. Dans leur sillage, les années 1990 et 2000, vont déployer cette mécanique jusqu’à son paroxysme en considérant désormais que toute personne qui souffre est une victime. Le « temps des victimes » a donc sonné.
Années 1990-2000 : plan large compassionnel sur la victime
21Depuis le milieu des années 1980, la figure de la victime est spectaculairement montée en puissance [22]. La découverte de l’expérience des victimes et la mise en scène télévisuelle de cette souffrance constituent un phénomène décisif au cours des années 1990. Les reality shows avaient ouvert la voie dès la fin des années 1980 en plaçant la victime au cœur du dispositif télévisuel : « dans nos émissions, [ …] surtout, nous avons voulu donner la parole aux victimes, ces acteurs centraux de la justice et pourtant ces grands oubliés. Au moins le justiciable avait un lieu où s’exprimer. Sans écoute et sans solidarité, c’est la fracture entre le citoyen et l’institution » se défendait le présentateur Jacques Pradel au plus fort de la controverse engendrée autour de Perdu de vue et Témoin numéro un [23]. Marquées par le crescendo émotionnel accompagnant l’hégémonie de l’image télévisuelle, les années 1980 ont apporté la parole de ces victimes sur la scène publique tandis que la décennie suivante consacrait ce « temps des victimes » [24] en introduisant désormais plus volontiers le crime à travers le traumatisme de ceux qui l’ont subi.
22Les héros ne sont donc plus tant les criminels que leurs victimes et, sur les bancs de la presse, les chroniqueurs judiciaires ne manquent pas de traduire et renforcer ce basculement – ou rééquilibrage – des figures du procès. Le 25 janvier 1994, au cours du procès d’Omar Raddad, le chroniqueur judiciaire de TF1 Jean-Pierre Berthet souligne non sans une certaine surprise, au soir de débats consacrés à la personnalité de la victime Guilaine Marchal, que « le temps d’une audience, [parents et intimes] ont fait oublié Omar … et revivre Guilaine Marchal. Ils ont parlé d’une seule voix, ou presque, à la barre des témoins » [25]. Entre deux photos de la sexagénaire, Jean-Pierre Berthet tend alors le micro et la caméra vers le fils de la victime qui vient de témoigner la gorge nouée à la barre. Retenant un sanglot, le fils qui adorait sa mère vient exprimer son chagrin (« Je pense que n’importe qui perdant une mère, c’est déjà affreux … Mais dans ces conditions-là, je crois que c’est effroyable ! ») et ses attentes (« Je réclame euh … la justice, c’est tout. »). Et Jean-Pierre Berthet de conclure sa chronique :
« Alors évidemment cette audience ne nous aura rien appris d’essentiel sur l’objet même de ce procès […]. Mais après tout, ce n’est que justice d’avoir rétabli, dans toute sa vérité, le portrait de la victime, Guilaine Marchal. Jusqu’à présent, pour les jurés, elle n’était en quelque sorte qu’un stéréotype … « La riche héritière du fabricant d’accessoires automobiles » … […] Et bien ! On peut dire qu’après cette audience, Guilaine Marchal est … humaine … tout simplement … avec ses qualités, ses défauts … et ses souffrances. » [26]
24La veille, le chroniqueur judiciaire avait notamment été choqué par le comportement de l’accusé qui, souriant, s’était présenté à l’audience en saluant son père, ses amis et en posant pour les photographes : « Omar Raddad est-il innocent ou inconscient ? […] A-t-il seulement aperçu en face de lui les visages graves de la famille de Guilaine Marchal … La sœur, le beau-frère et le fils de la victime … expriment ici toute la souffrance d’une femme tuée dans des conditions atroces » [27].
25En mars 2001, au soir de la première audience du procès de Guy Georges, la rédaction de TF1 choisit d’ouvrir son journal non sur l’accusé mais sur l’image des parents de Magali, l’une des victimes : les journalistes « ont rencontré un père … et une mère … durement éprouvés par la perte de leur fille de 19 ans. » annonce Patrick Poivre d’Arvor. Et l’audience que suit le chroniqueur ce jour-là est devenue un véritable face à face haletant. L’accusé n’a plus de raison d’être que dans cette confrontation avec ceux qu’il a anéantis :
« La salle se tait … Guy Georges entre dans son box … presqu’indifférent … Les familles des victimes redoutaient cet instant … Face à elles, celui qui accusé d’avoir tué sept jeunes femmes … face à elles, celui qui a brisé leurs vies » [28].
27L’entêtement de Guy Georges qui persiste à nier son crime provoque « l’écœurement des familles des victimes » : « De dénégations en psalmodies, son comportement ne fait que remuer un peu plus la douleur de ceux qui voulaient simplement savoir ce qu’il s’était passé » [29] compatit le présentateur de TF1 Patrick Poivre d’Arvor.
28Comme dans l’affaire Omar Raddad, le chroniqueur judiciaire se dirige alors vers les proches des victimes, deux mères endeuillées, Ghislaine Bénady et Liliane Rocher, exaspérées par « la manipulation », « le jeu » d’un Guy Georges « fier de lui ». Cette fois le chroniqueur ne peut que partager leur sentiment : « Et l’épreuve continue pour les familles. […] C’est la situation la plus crispante, la plus exaspérante qu’on puisse imaginer dans une cour d’assises. L’accusé, Guy Georges, semble jouer avec les nerfs des parents. [ …] Et l’on se prend à regretter, dans cette salle d’audience où la tension est palpable, que le président de la cour d’assises n’ait pas insisté un peu plus vendredi soir … lorsque Guy Georges semblait véritablement au bord des aveux. »
29Le cas de Guy Georges est emblématique du rôle croissant de la parole des victimes et de leurs proches dans les récits criminels. À défaut de pouvoir recueillir le témoignage des disparues, les journalistes s’intéressent à leurs familles : à la monstruosité de Guy Georges, ils opposent donc la souffrance des mères. Tristesse, deuil, exaspération, douleur, colère : les proches des victimes offrent une palette de sentiments bien télégéniques et se retrouvent courtisés par la télévision dans tous leurs états émotionnels à la sortie des audiences.
30Le procès de Guy Georges qui se déroule du 15 mars au 7 avril 2001 permet de quantifier le décalage entre la parole des victimes et celle du criminel. Sur les 41 sujets réalisés au total par les quatre chaînes en trois semaines, on relève 95 prises de paroles des parties civiles (c’est-à-dire les familles et leurs avocats) ou de l’accusé (par l’intermédiaire des avocats de la défense). Le tableau 1 et le graphique 2 ci-dessous présentent toutefois une forte disparité entre les deux figures.
Parole des victimes dans les JT à l’occasion du procès de Guy Georges, 15 mars-7 avril 2001 (nombre de sonores)
Parole des victimes dans les JT à l’occasion du procès de Guy Georges, 15 mars-7 avril 2001 (nombre de sonores)
Parole des victimes dans les JT au moment du procès Guy Georges, 15 mars - 7 avril 2001 (nbre d’interviews)
Parole des victimes dans les JT au moment du procès Guy Georges, 15 mars - 7 avril 2001 (nbre d’interviews)
31Toutes les chaînes favorisent très nettement les victimes. Au total la parole des victimes occupe 4 fois plus de place (76 prises de parole) que celle de la défense (19). TF1 et M6 sont les plus inégalitaires et présentent un intérêt accru pour les mères des jeunes femmes assassinées par Guy Georges et les avocats de la partie civile en accordant respectivement 7 et 6,25 fois plus d’espace aux premières qu’aux seconds. Cette analyse doit directement se comprendre à la lumière de la politique éditoriale des rédactions : parce qu’elle favorise plus que France 2 et France 3 le fait-divers dans leurs conducteurs d’actualité, TF1 et M6 misent logiquement sur une approche plus volontiers victimaire du récit criminel à l’heure où la mise en scène de la souffrance devient un critère dominant et prescripteur. Le service public est, pour sa part, à la fois plus équilibré et homogène, même s’il accorde deux fois plus la parole aux victimes (15) qu’aux avocats de la défense (6).
32Dans ce partage, l’avocat a une fonction d’expert, chargé d’analyser l’orientation des débats, l’évolution du rapport de force. Mais le journaliste n’oublie pas qu’il est à la fois juge et partie : dans l’ensemble, les journalistes accordent à peu près autant d’espace aux avocats de la défense (19) qu’à ceux de la partie civile (22). Seule M6 choisit de déséquilibrer nettement cette parole au profit des victimes (9 contre 4 prises de parole). Cherchant à fédérer en entretenant la proximité, la chaîne se calque résolument sur le pouls des victimes jusque dans les inserts titrés destinés à introduire les sujets : « L’émotion » (19 mars), « Tensions » (20 mars), « L’épreuve » (21 mars), « Enfin ! » (27 mars, le jour des aveux), « La question » (28 mars), « Retour » (7 avril).
33Cette évolution coïncide avec le troisième âge de la chronique : après le long compte rendu et le bref éditorial du chroniqueur filmé seul face à la caméra, la rubrique s’apparente désormais à un ordinaire reportage judiciaire où l’image captée à l’extérieur des prétoires est devenue prépondérante tandis que celle du chroniqueur tend à s’effacer en fin de sujet.
34Si la victime s’affirmait autrefois devant les cours de justice et les pouvoirs publics surtout pour obtenir réparation et justice [30], désormais, à travers les écrans de télévision, elle s’offre à l’opinion publique dans le dénuement de sa souffrance, de son vécu. Son statut de victime suffit à l’imposer : la victime s’affirme comme telle tandis que la mise en scène médiatique tend à rejeter dans l’ombre le long travail judiciaire qui l’entoure, validant ainsi l’idée que face à la souffrance de la victime, l’institution sera toujours impuissante.
35Reste que la valorisation de la souffrance ne répond pas aux seules considérations économiques des responsables soucieux de gagner quelques points d’audience : elle révèle et légitime également un discours inquisiteur qui alimente la défiance des publics à l’égard de leurs institutions et exacerbe le besoin de répression. Car plus on ressent et partage une souffrance, plus on attend que la réponse à cette souffrance soit immédiate et autoritaire. La multiplication récente d’ouvrages d’avocats, parmi les plus farouches défenseurs des droits de la défense, venant dénoncer cette « idéologie victimaire » et le « populisme pénal » qui en résulte, révèle en tout cas la crispation collective à l’égard de cette évolution pénale [31]. La figure omniprésente et dramatisée de la victime est-elle le signe d’une altération de l’objectif initial et salutaire de la prise en considération de sa parole ? Alors qu’elle devait conduire les institutions à opérer de façon constructive et concertée leur modernisation et adapter leurs missions aux évolutions complexes des sociétés, la souffrance des victimes devient le plus sûr appui d’une idéologie répressive. La responsabilité du journaliste est en tout cas posée dès lors que, s’engouffrant sans nuance et sans esprit critique du côté de la victime, il choisit d’alimenter ce discours et prend le risque d’être instrumentalisé. La surmédiatisation d’une victime imaginaire sur la ligne D du RER en juillet 2004 est de ce point de vue emblématique du risque de dévoiement des comportements professionnels.
36L’angle victimaire ne s’est pas réellement substitué à l’angle criminel [32] : l’œil du chroniqueur a plutôt opéré une trajectoire cinématographique [33] en élargissant sa focale. Depuis 1958, les chroniqueurs judiciaires de télévision – plus sensiblement que leurs confrères de radio ou de presse écrite – sont en effet parvenus à décentrer leur regard de l’accusé en englobant progressivement le point de vue de la victime sur le banc de la partie civile. Le développement du récit criminel dans les années 1990 a donc moins marqué le réel déclin du criminel qu’il n’a révélé la promotion fulgurante de la victime. Du compte rendu au reportage judiciaire en passant par l’éditorial, épousant tour à tour les formes journalistiques adaptées aux critères professionnels de leur temps, les chroniqueurs apparaissent ici dans leur fonction de régulateur social, propice à dénoncer une longue indifférence à l’égard de ceux qui ont souffert au premier plan d’un acte criminel. Entre malentendu (le procès pénal doit juger un coupable et non défendre le droit des victimes) et facilité (la recherche de l’émotion prime en télévision), la rubrique semble vouloir devancer culturellement les évolutions du droit. Il appartient déontologiquement aux professionnels de télévision de ne pas créer un nouveau déséquilibre, inversé, cette fois, en faveur des seules victimes.
Notes
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[1]
INA, Journal télévisé, 20h, TF1, 2 octobre 1999.
-
[2]
Résultats d’un échantillonnage exhaustif des conducteurs d’actualités des journaux télévisés pour la période 1949-1959.
-
[3]
Journal officiel, 8 décembre 1954, p. 11445.
-
[4]
Voir Chauvaud (F.) « D’Albert Bataille à Géo London. La chronique judiciaire et l’indignation, 1880-1939 », dans Ambroise-Rendu (A.-C.), Delporte (C.) (dir.), L’indignation. Histoire d’une émotion politique et morale (xix-XXe siècles), Paris, Nouveau monde éditions, p. 79-103, ici p. 81 et al. L’auteur montre bien comment les « nouveaux chroniqueurs judiciaires » des années 1880 ont professionnalisé la rubrique et fait émerger « un véritable nouveau genre, en rupture avec le discours de La Gazette des tribunaux ou les récits de faits divers ». Nifiction, ni récit historique, ni pamphlet, la chronique judiciaire s’ancre désormais dans la réalité judiciaire.
-
[5]
INA, Journal télévisé, 20h, 3 mai 1958.
-
[6]
Avril échappe de justesse à la peine de mort : le 7 mai 1958, les jurés de la Somme le condamnent à la réclusion criminelle à perpétuité.
-
[7]
INA, Journal télévisé, Nuit, 27 janvier 1960.
-
[8]
Jaccoud est condamné à sept ans de réclusion. Le verdict ne satisfait personne : s’il est coupable, la peine est trop courte mais s’il est innocent, elle est au contraire trop longue. Le doute subsiste. Jaccoud est libéré après quatre ans de détention.
-
[9]
INA, Journal télévisé, 20h, 22 novembre 1961.
-
[10]
Frédéric Pottecher fait paraître ses mémoires en 1977 sous le titre A voix haute (JC Lattès, 1977).
-
[11]
INA, Journal télévisé, 20h, 3 mai 1966.
-
[12]
Ibid.
-
[13]
Lucien Léger finira après les plaidoiries par reconnaître être le meurtrier de Luc Taron, mais avouera ne pas avoir prémédité son crime et aurait tué le petit garçon parce qu’il s’identifiait à cet enfant brimé par sa mère. Les psychiatres le considèrent comme fou : ce diagnostic permet à Lucien Léger d’échapper à la peine de mort et de recueillir une réclusion criminelle à perpétuité.
-
[14]
Sécail (C.), Le crime à l’écran. Le fait divers criminel à la télévision française (1950-2010), Paris, INA / Nouveau monde éditions, 2010 ; Sécail (C.), « La chronique judiciaire depuis les années 1950. Du compte rendu au reportage », dans Les Cahiers du CIRCAV « Justice et Télévision », no 21, (à paraître en septembre 2010).
-
[15]
Entretien de l’auteur avec Georges Walter, le 5 décembre 2002.
-
[16]
INA, Journal télévisé 23h, A2, 10 mars 1976.
-
[17]
INA, Journal télévisé 20h, TF1, 9 mars 1976.
-
[18]
Ambroise-Rendu (A.-C.), Peurs privées, angoisses publiques, Paris, Larousse, 2001, p. 77.
-
[19]
INA, Journal télévisé, TF1, 20h, 18 février 1976, 1’38.
-
[20]
INA, Journal télévisé, TF1, 20h, 18 février 1976, 1’38.
-
[21]
INA, Journal télévisé, A2, 20h, 10 mars 1976.
-
[22]
Éliacheff (C.), Soulez-Larivière (D.), Le temps des victimes, Paris, Albin Michel, 2004.
-
[23]
Pradel (J.), Meney (P.), Y’a pas de justice, Paris, Ramsay, 1997, p. 18-19.
-
[24]
Éliacheff (C.), Soulez-Larivière (D.), op. cit., 293 p. ; Salas (D.), La volonté de punir. Essai sur le populisme pénal, Paris, Hachette, 2005, p. 63-101.
-
[25]
INA, Journal télévisé, TF1, 20h, 25 janvier 1994.
-
[26]
INA, Journal télévisé, TF1, 20h, 25 janvier 1994.
-
[27]
INA, Journal télévisé, TF1, 20h, 24 janvier 1994.
-
[28]
INA, 20h, TF1, 19 mars 2001.
-
[29]
INA, 20h, TF1, 26 mars 2001.
-
[30]
Éliacheff (C.), Soulez-Larivière (D.), Le temps des victimes, Paris, Albin Michel, 2007, 293 p.
-
[31]
Salas (D.), La volonté de punir. Essai sur le populisme pénal, Paris, Hachette, 2005.
-
[32]
On l’a vu, la télévision continue avec Christophe Hondelatte à « Faites entrer l’accusé ».
-
[33]
Dans le langage cinématographique, une trajectoire associe un panoramique (mouvement latéral circulaire) et un travelling (mouvement de rapprochement et d’éloignement).