Couverture de RHIS_193

Article de revue

Valeria Messalina partu potens. La maternité de Messaline selon les auteurs anciens

Pages 509 à 540

Notes

  • [1]
    Je voudrais remercier Stéphane Benoist pour sa relecture critique et ses suggestions. Les erreurs qui subsistent sont les miennes.
  • [2]
    Octavie, v. 946-949 : « quelle ne fut pas jadis la puissance de ta mère, qui dirigea le palais du prince, chérie par son époux et puissante par ses maternités ? » (traduction de l’auteure).
  • [3]
    Juv. Sat. VI. v. 122-124 : « alors, les seins maintenus par une résille d’or, elle se prostitue sous le nom mensonger de Lycisca et montre ce ventre qui t’a porté, généreux Britannicus » (traduction de l’auteure).
  • [4]
    Se reporter à la première citation. Au sujet de la datation de la tragédie prétexte Octavie, voir Rolando Ferri, Octavia. A Play Attributed to Seneca, Cambridge, New York, Cambridge University Press, 2003, p. 8 ; Octavia Attributed to Seneca, texte établi et traduit par Anthony James Boyle, Oxford, New York, Oxford University Press, 2008, p. 14-16.
  • [5]
    Sur cet aristocrate, Francesca Cenerini, « Messalina e il suo matrimonio con C. Silio », in Anne Kolb (dir.), Augustae. Machtbewusste Frauen am roemischen Kaiserhof ?, Herrschaftsstrukturen und Herrschaftspraxis, II, Akten der Tagung in Zürich 18-20. 9. 2008, Berlin, Akademie Verlag, 2010, p. 179-192.
  • [6]
    Plin. Hist. Nat. X. 63. 172 ; Tac. Ann. XI. 12, 26-31 ; Juv. Sat. VI. v. 115-132 et X. v. 330-344.
  • [7]
    Voir Sandra R. Joshel, « Female Desire and the Discourse of Empire : Tacitus’s Messalina », in Judith P. Hallett and Marilyn B. Skinner (edd.), Roman Sexualities, Princeton, Princeton University Press, 1997, p. 221-254.
  • [8]
    Sur ces dernières, Anthony A. Barrett, Livia : First Lady of Imperial Rome, New Haven et Londres, Yale University Press, 2002 ; Anthony A. Barrett, Agrippina : Sex, Power and Politics in the Early Empire, Londres, Routledge, 1996 (dont l’un des chapitres s’intitule « Mother », p. 143-180) et María-José Hidalgo de La Vega, « Mujeres, familia y sucesión dinástica : Julia, Livia y las dos Agripinas », in Francisco Rodríguez Adrados (dir.), Actas del IX Congreso Español de Estudios Clásicos : Madrid, 27 al 30 de septiembre de 1995, vol. 6 : Historia y Arqueología, Madrid, Ediciones Clásicas, 1998, p. 131-140.
  • [9]
    À ce sujet, Susan E. Wood, « Messalina, Wife of Claudius : Propaganda Successes and Failures of his Reign », Journal of Roman Archaeology, 5, 1992, p. 219-234 et Susan E. Wood, Imperial Women : A study in Public Images, 40 BC-AD 68, Leyde, Boston, Brill, 1999.
  • [10]
    Toutes les dates se situent après J.‑C., sauf indication contraire.
  • [11]
    C’est également le cas pour Livie et Agrippine la Jeune. Messaline a ses « spécificités » : morte très jeune (avant l’âge de trente ans) sa mémoire est condamnée après son exécution (très peu de traces nous sont restées d’elle, contrairement à Agrippine, victime de cette même condamnation).
  • [12]
    Caligula a été assassiné avec son épouse Milonia Caesonia et leur fille, Julia Drusilla.
  • [13]
    Selon Suet. Claud. X, les prétoriens ont salué Claude empereur. Le Sénat s’incline devant ce choix.
  • [14]
    Nous empruntons cette expression à l’article de Judith P. Hallett, « Cornelia and Her Maternal Legacy », Helios, 33, 2, 2006, p. 119-147. Cornélie est l’exemple même de la mère romaine exemplaire. Une statue est érigée en son honneur à Rome. Lorsqu’elle refuse de se remarier après la mort de son époux, Cornélie apparaît comme une matrone se souciant exclusivement de l’éducation de ses jeunes enfants. Cette femme est par conséquent un modèle pour les femmes impériales, au point d’être encore honorée au ive siècle par un auteur chrétien, saint Jérôme. À ce sujet, Beatrice Girotti, « Le madri modello : Cornelia, Aurelia, Azia. Su Tacito, Dialogus de Oratoribus, 2, 28-29 e sul "recupero" del passato da parte di San Gerolamo », in Francesca Cenerini e Francesca Rohr Vio (dir.), Matronae in domo et in re publica agentes : spazi e occasioni dell’azione femminile nel mondo romano tra tarda repubblica e primo impero. Atti del convegno di Venezia, 16-17 ottobre 2014, Trieste, Edizioni Università di Trieste, 2016, p. 339-349.
  • [15]
    Tac. Ann. XI. 38 : iuuitque obliuionem eius senatus censendo nomen et effigies priuatis ac publicis locis demouendas. « Et ce qui aida Claude à oublier Messaline fut la décision du Sénat d’effacer son nom et ses images des lieux publics et privés » (traduction de l’auteure). Sur les effets de cette condamnation en ce qui concerne Messaline, se reporter à Eric R. Varner, Mutilation and Transformation : damnatio memoriae and Roman Imperial Portraiture, Leyde, Boston, Brill, 2004, p. 95-96 et à Harriet I. Flower, The Art of Forgetting. Disgrace & Oblivion in Roman Political Culture, Chapell Hill, The University of North Carolina Press, 2006, p. 182-185.
  • [16]
    Dernière épouse de Claude et mère de son successeur Néron.
  • [17]
    Quelques lignes de ces Mémoires sont consultables dans Cornell T. J. (ed.), The Fragments of the Roman Historians, t. II, Oxford, Oxford University Press, 2013, p. 996-999. Sur les Mémoires d’Agrippine, voir Alessandra Lazzeretti, « Riflessioni sull’opera autobiografica di Agrippina Minore », Studia Historica. Historia Antigua, 18, 2000, p. 177-190. Sur le remplacement des traits de Messaline dans certains groupes statuaires, Christine Hoët-Van Cauwenberghe, « Les princesses de la famille impériale et le Péloponnèse sous les Julio-Claudiens », in Catherine Grandjean (dir.), Colloque de Tours. Le Péloponnèse d’Épaminondas à Hadrien, Bordeaux, Ausonius, 2008, p. 121-144. Voir également Harriet I. Flower, The Art of Forgetting, op. cit. (n. 15), p. 189.
  • [18]
    À ce sujet, Suzanne Dixon, The Roman Mother, Londres, New York, Routledge, 1988, p. 71-77 ; María-José Hidalgo de La Vega, « Maternidad y poder político : las princesas Julio-Claudias », in Rosa María Cid López (dir.), Madres y maternidades, construcciones culturales en la civilización clásica, Oviedo, KRK, 2009, p. 185-215 ; et Judith P. Hallett, « Women in Augustan Rome », in Sharon L. James and Sheila Dillon (dir.), A Companion to Women in the Ancient World, Malden, Wiley-Blackwell, 2012, p. 372-384.
  • [19]
    Sur l’utilisation de l’adultère par le pouvoir impérial pour couvrir l’implication politique des membres féminins de la famille impériale, Garrett G. Fagan, « Messalina’s Folly », The Classical Quaterly, 52, 2, 2002, p. 566-579 ; María-José Hidalgo de La Vega, « Esposas, hijas y madres imperiales : el poder de la legitimad dinástica », Latomus, 62, 2003, p. 47-72 et « Princesas imperiales virtuosas e infames en la tradición de la corte romana », in Paolo Desideri, Sergio Roda, Anna Maria Biraschi, Andrea Pellizzari (dir.), Costruzione e uso del passato storico nella cultura antica : atti del convegno internazionale di studi, Firenze, le 18-20 settembre 2003, Alexandrie, Edizioni dell’Orso, 2007, p. 387‑410.
  • [20]
    C’est le cas de Faustine la Jeune (épouse de Marc Aurèle et mère de Commode) et de Julia Domna (épouse de Septime Sévère et mère de Caracalla et Géta).
  • [21]
    Les règnes de Commode et de Caracalla sont une preuve, selon nos auteurs, du caractère néfaste de la succession héréditaire. L’auteur de l’Histoire Auguste, qui écrit au ve siècle, est formel, Sev. XX. 4 : et reputanti mihi, Diocletiane Auguste, neminem facile magnorum uirorum optimum et utilem filium reliquisse satis claret. « Et, à y bien réfléchir, Dioclétien Auguste, il m’apparaît qu’il n’y a pratiquement aucun des grands hommes qui ait laissé un fils parfait et utile à l’État » (traduction d’André Chastagnol, Robert Laffont, 1994). Notons que Faustine et Julia Domna, dont les mœurs sont loin d’être exemplaires, sont accusées de conspiration contre la vie de leur épouxrespectif, HA. Marc. XXIV. 6 dans le cas de Faustine ; Sev. XVIII. 8 pour Julia Domna.
  • [22]
    L’âge des Romaines au mariage est, sans surprise, précoce. À ce sujet, voir Suzanne Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 30-31 ; Aline Rousselle, « La politique des corps. Entre procréation et continence à Rome », in Georges Duby et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, t. I, sous la direction de Pauline Schmitt Pantel, L’Antiquité, Paris, Perrin, 2002, p. 385 sq.
  • [23]
    Sur l’écart d’âge entre les conjoints, Suzanne Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 30.
  • [24]
    Sa propre fille Octavie devient impératrice à un âge encore plus tendre mais ne tiendra jamais le même rôle que sa mère. Nous ignorons l’âge des trois épouses d’Élagabal et celui de Sallustia Orbiana, femme d’Alexandre Sévère.
  • [25]
    Sur la notion de cet héritage, voir Judith P. Hallett, « Cornelia and Her Maternal Legacy », art. cit. (n. 14).
  • [26]
    À en juger par les représentations sculpturales et monétaires des deux impératrices concernées, elles incarnent la mère romaine par excellence. Les écrits des iers siècles avant et après J.‑C. louent la figure maternelle et bienveillante de Livie, contrairement à celle d’Agrippine. Dès le iie siècle, toutes deux incarnent des contre-modèles.
  • [27]
    Suzanne Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 210-215, a évoqué l’héritage que toute mère était susceptible de laisser à sa ou ses filles. Judith Hallett revient quant à elle sur celui d’une Romaine en particulier, Cornélie, mère de Tiberius et de Caius Gracchus. La question de la maternité en Grèce antique et à Rome a connu un réel essor ces dernières décennies. Citons entre autres Rosa María Cid López (dir.), Madres y maternidades, construcciones culturales en la civilización clásica, Oviedo, KRK, 2009 ; Rosa María Cid López (dir.), Maternidad/es : representaciones y realidad social. Edades antigua y media, Madrid, Almudayna, 2010 ; Lauren Hackworth Petersen and Patricia Salzman‑Mitchel (dir.), Mothering and Motherhood in Ancient Greece and Rome, Austin, University of Texas Press, 2012.
  • [28]
    Tac. Ann. XII. 64 : nec forma, aetas, opes multum distabant ; et utraque impudica, infamis, uiolenta. « Elles rivalisaient par la beauté, l’âge et les richesses ; toutes deux étaient impudiques, infâmes et violentes » (traduction de l’auteure). Domitia Lepida est ici comparée à Agrippine, mais ses « vices » (uitia) peuvent s’appliquer à sa propre fille.
  • [29]
    Tac. Ann. XII. 64.
  • [30]
    Auguste rappelle l’illustre ascendance de Messaline dans l’Apocoloquintose de Sénèque, XI. 1 : tu Messalinam, cuius aeque auunculus maior eram quam tuus, occidisti. « Toi, tu as tué Messaline, dont j’étais le grand-oncle aussi bien que le tien » (traduction de l’auteure).
  • [31]
    Cet héritage peut être résumé par le célèbre adage « telle mère, telle fille ». C’est de cette manière qu’Elaine Fantham, Julia Augusti, the Emperor’s Daughter, Londres, Routledge, 2006, p. 108, qualifie le portrait de Julie l’Aînée et de sa fille dans le récit des auteurs anciens. Julie la Jeune fut en effet accusée d’adultère et exilée sur une île comme sa mère avant elle. La Messaline de Tacite et de Cassius Dion est affublée des tria uitia tyranniques que sont l’auaritia, la saeuitia et la libido. À ce sujet, Cesare Questa, « Messalina meretrix Augusta », in Renato Raffaelli (dir.), Vicende e figure femminile in Grecia e a Roma : atti del convegno Pesaro 28-30 aprile 1994, Ancône : Commissione per le pari opportunità tra uomo e donna della Regione Marche, 1995, p. 399‑423 ; María‑José Hidalgo de La Vega, « La imagen de la “mala” emperatriz en el Alto Imperio : Mesalina, meretrix Augusta », Gerión, vol. extra, 1, 2007, p. 395-409. Sur le portrait des épouses de Claude dans nos sources, Anne-Claire Michel, La Cour sous l’empereur Claude : les enjeux d’un lieu de pouvoir, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2015, p. 274-277.
  • [32]
    Messala Barbatus appartient à l’une des plus anciennes gentes romaines, celle des Valerii. Nous renvoyons à Cyrielle Landrea, « Un patricien au service du prince et de la res publica ? M. Valerius Messala Messallinus (cos. 3 av. J.‑C.) », Revue Historique, 659, 2011, p. 561-588 et Cyrielle Landrea, « M. Aurelius Cotta Maximus Messallinus : un noble sous les Julio-Claudiens », Mélanges de l’École française de Rome - Antiquité, 123, 2, 2011, p. 557-579.
  • [33]
    La famille nucléaire est le modèle idéal mais la réalité est bien plus complexe. À ce sujet, Suzanne Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 13-15. Livie et Antonia ont recueilli les enfants d’Agrippine l’Aînée et de Germanicus, Suet. Calig. X ; Claude a également été élevé par sa mère et sa grand-mère, Dio. LX. 2. 5.
  • [34]
    Tac. Ann. XI. 37 : quae [Lepida] florenti filiae haud concors supremis eius necessitatibus ad miserationem euicta erat. « En froid avec sa fille pendant que cette dernière menait une vie prospère, Lepida avait été vaincue par la pitié dans cette situation critique [la chute de Messaline] » (traduction de l’auteure).
  • [35]
    Nous utilisons les guillemets car il est évident que ce terme est connoté négativement. En effet, cette jalousie « féminine » est suscitée par la beauté et la jeunesse d’une rivale.
  • [36]
    Dio. LX. 8. 5 : αὕτη μὲν γὰρ τὴν Ἰουλίαν τὴν ἀδελφιδῆν αὐτοῦ, ὀργισθεῖσα τε ἅμα ὅτι μήτε ἐτιμᾶτο ὑπ’ αὐτῆς μήτε ἐκολακεύετο, καὶ ξηλοτυπήσασα ὄτι περικαλλής τε ἧν καὶ μόνη τῷ Κλαυδίῳ πολλάκις συνεγίγνετο. « Messaline fit exiler Julie, nièce de Claude ; non seulement elle était en colère contre elle parce qu’elle ne l’honorait ni ne lui témoignait de respect, mais elle était aussi jalouse car Julie était très belle et se retrouvait souvent seule avec Claude » ; 18. 4 : τήν τε Ἰουλίαν τὴν τοῦ Δρούσου μὲν τοῦ Τιβερίου παιδὸς θυγατέρα […] ξηλοτυπήσασα ὥσπερ καὶ τὴν ἑτέραν, ἀπέσφαξε. « Messaline fit également exécuter Julie, la fille de Drusus […] car elle était jalouse d’elle, de la même manière qu’elle l’avait été de l’autre Julie » (traductions à partir de celles de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011). Les deux Julie sont cousines et apparentées au couple impérial.
  • [37]
    Dans la famille impériale, les mères exemplaires sont incarnées par Octavie et sa fille Antonia la Jeune, respectivement sœur et nièce d’Auguste. Dans sa Vie d’Antoine, Plutarque présente Antonia comme étant le résultat de l’éducation rigoureuse reçue par sa mère, LXXXVII. 6 : […] τὴν δὲ σωφροσύνῃ καὶ κάλλει περιβόητον Ἀντωνίαν. « […] l’autre [Antonia], célèbre par sa sagesse et sa beauté » (traduction de Robert Flacelière et Émile Chambry, Robert Laffont, 2001).
  • [38]
    Tac. Ann. XII. 64 : nam Lepida blandimentis ac largitionibus iuuenilem animum deuinciebat, truci contra ac minaci Agrippinae, quae filio dare imperium, tolerare imperitantem nequibat. « En effet, Lepida s’attachait cette jeune âme [Néron] par des cajoleries et des cadeaux, alors que ce n’était que menaces et sévérité chez Agrippine, laquelle, si elle donnait l’empire à son fils, ne pouvait supporter qu’il en soit le maître » (traduction de l’auteure).
  • [39]
    Tac. Ann. XI. 38 : […] filios maerentis ; Ann. XII. 9 : […] arte eorum quis ob accusatam Messalinam ultio ex filio timebatur. « […] La tristesse de ses enfants » ; « […] grâce aux accusateurs de Messaline qui craignaient la vengeance de son fils » (traduction de l’auteure).
  • [40]
    Almudena Domínguez Arranz, « La mujer y su papel en la continuidad del poder. ¿ Iulia Augusti, una mujer incómoda al regimen ? », in Almudena Domínguez Arranz (dir.), Mujeres en la Antigüedad Clásica : género, poder y conflicto, Madrid, Sílex ediciones, 2010, p. 155-186 ; Genevieve Liveley « Mater Amoris : Mothers and Lovers in Augustan Rome », in Lauren Hackworth Petersen and Patricia Salzman-Mitchel (dir.), Mothering and Motherhood in Ancient Greece and Rome, Austin, University of Texas Press, 2010, p. 185-203 ; Margaret L. Whoodhull, « Imperial Mothers and Monuments in Rome », in Lauren Hackworth Petersen and Patricia Salzman‑Mitchel (dir.), Mothering and Motherhood in Ancient Greece and Rome, Austin, University of Texas Press, 2012, p. 225-251.
  • [41]
    Au sujet de cette assimilation, Tomasz Mikocki, Sub specie deae. Les impératrices et princesses romaines assimilées à des déesses, Étude iconologique, Rome, Giorgio Bretschneider Editore, 1995, p. 20-22, 44, 48‑49 ; Diana E. E. Kleiner et Susan B. Matheson, I Claudia. Women in Ancient Rome, Austin, University of Texas Press, 1996, p. 65 ; Susan Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 112-113 et 301.
  • [42]
    Suet. Claud. XII ; Dio. LX. 12. 5 ; et LXI. 30. 6a.
  • [43]
    Suet. Claud. XI. Claude n’a jamais été adopté dans la gens Iulia, contrairement à Tibère et à Caligula. Écarté des offices publics, ce n’est que tardivement qu’il est nommé consul. Son arrivée au pouvoir, « ratifiée » dans un second temps par le Sénat, doit par conséquent être consolidée en insistant sur ses liens avec le fondateur, notamment par le biais de Livie, sa grand-mère, épouse puis fille adoptive d’Auguste après la mort de ce dernier. Son propre frère Germanicus avait été adopté par Tibère sur les instances du premier prince. Enfin, rappelons que sa mère, Antonia la Jeune, est la nièce d’Auguste.
  • [44]
    Mère de cinq enfants, dont Lucius et Caius, les héritiers d’Auguste, elle a fidèlement suivi la législation mise en place par son père.
  • [45]
    Il s’agit du deuxième fils de Claude ; le premier, fils de Plautia Urgulanilla, est décédé accidentellement selon Suet. Claud. XXVII. Nombreux sont les empereurs manifestant leur joie lors de la naissance d’enfants impériaux : Tac. Ann. II. 84 pour Tibère à la naissance de ses petits-fils de surcroît jumeaux ; XV. 23 pour Néron après la naissance de sa fille Claudia Augusta. La joie exprimée par un empereur lors de ces naissances est toujours mal jugée par nos auteurs car il est nécessaire pour celui qui dirige l’Empire de se contrôler.
  • [46]
    RIC Claude 115. Voir à ce sujet Barbara M. Levick, Claude, Gollion, Infolio Éditions, 2002, p. 79.
  • [47]
    Suet. Claud. XXVII : Britannicum, uicesimo imperii die inque secundo consulatu natum sibi, paruulum etiam tum et militi pro contione manibus suis gestans et plebi per spectacula gremio aut ante se retinens assidue commendabat (traduction de l’auteure).
  • [48]
    Anthony A. Barrett, Agrippina, op. cit. (n. 8), p. 56, émet la même opinion pour Agrippine : la naissance d’un fils, le futur Néron, assurait sa position au sein de la famille impériale. Son frère Caligula n’avait toujours pas d’enfants. Mettre au monde un deuxième fils aurait pu engendrer de nouvelles difficultés comme le prouvent les dissensions entre les frères aînés d’Agrippine, héritiers de Tibère, Tac. Ann. IV. 60.
  • [49]
    Suzanne Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 215. Le père décide cependant en dernier ressort.
  • [50]
    Octavie, v. 261 : oblita nostri.
  • [51]
    Sur ces fiançailles, Suet. Claud. XVII.
  • [52]
    Dio. LXI. 29. 6a. Sénèque attribue cette exécution au seul Claude, Apocol. XI. 2.
  • [53]
    Dio. LXI. 30. 6a : ἣν Κοπνηλίῳ Φαύστῳ Σύλλᾳ ἀδελπῷ τῆς Μεσσαλίνης ὄντι μετὰ τὸν τοῦ Μάγνου συυᾡκισε θάνατον. « […] Antonia, qu’il avait mariée au frère de Messaline, Cornelius Faustus Sylla, après la mort de Magnus » (traduction à partir de celle de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011). Le couple aura un fils, Suet. Claud. XII. La rupture d’une union est chose courante au sein de la société romaine.
  • [54]
    Les études modernes attribuent ainsi à Livie un certain rôle dans la négociation du mariage de son fils avec Julie, la fille unique d’Auguste. Pour mener à bien ce projet, Tibère doit divorcer de Vipsania Agrippina à laquelle il est sincèrement attaché, Suet. Tib. VII.
  • [55]
    Sur cette statue, Susan E. Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 276, 279-280.
  • [56]
    Des tétradrachmes, émis en 43-44, représentent Messaline au revers (RIC Claude 124). Identifiée par son nom (Mεσσαλîνα) l’impératrice tient deux petites figurines dans sa main droite et deux épis de blé dans la gauche, emblème de Cérès. Sur le camée, Messaline est entourée de ses deux jeunes enfants. L’on hésite toujours sur l’identité de la femme impériale représentée sur le camée. Sur ces hésitations, se reporter à Susan E. Wood, « Messalina, Wife of Claudius », art. cit. (n. 9) et à Tomasz Mikocki, Sub specie deae, op. cit. (n. 41), p. 44. Nous possédons également une monnaie représentant la seule Messaline à l’avers, Octavie, Britannicus et leur demi‑sœur Antonia au revers (BMC 242).
  • [57]
    Tac. Ann. XI. 31 : ipsa [Messalina] crine fluxo thyrsum quatiens. « La chevelure flottante, Messaline agitait un thyrse ». Rappelons que la matrone ne porte pas les cheveux dénoués, sauf en cas de deuil. La liberté sauvage de sa chevelure est un signe de son furor. Juv. Sat. VI, v. 120 : sed nigrum flauo crinem abscondente galero. « […] Mais elle cachait ses cheveux bruns sous une perruque blonde » (traductions de l’auteure). Les cheveux blonds associent l’impératrice à une barbare. Sur l’altérité incarnée par le personnage de Messaline, voir María-José Hidalgo de La Vega, « La imagen de la “mala” emperatriz en el Alto Imperio », art. cit (n. 31).
  • [58]
    Livie a fréquemment été associée à cette déesse. Sur l’association entre Cérès et la première impératrice, se reporter aux analyses de Susan E. Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 121-123.
  • [59]
    L’Octavie applique cette expression à l’héroïne éponyme, v. 279 : edat partu pignora pacis. « Qu’elle mette au monde des gages de paix » (traduction de l’auteure).
  • [60]
    La traduction de François-Régis Chaumartin (CUF, Les Belles Lettres, 1999) rend tout à fait compte de cette idée : « quel ne fut pas jadis le pouvoir de ta mère, qui dirigea le palais du prince, aimée de son mari, puissante par ses maternités ». Il est certain que Valeria Messalina fut associée à Cybèle jusque dans certaines inscriptions malheureusement martelées. Nous avons conservé des traces de l’association d’Agrippine la Jeune avec la Déméter grecque, IG XII, 4 2 : 643. Sur les attributs de Cybèle, déesse originaire de l’Asie mineure, voir Susan E. Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 279-280, 282.
  • [61]
    Les femmes qui n’étaient pas sous le pouvoir de leur père ou de leur époux dépendaient d’un tuteur, très souvent un membre de leur famille. Sur les conséquences de la législation augustéenne, voir Leo F. Raditsa, « Augustus’ Legislation concerning Marriage, Procreation, Love Affairs and Adultery », Aufstieg und Niedergang der Römischen Welt, II, 13, 1980, p. 278-339 ; Susan Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 21-22.
  • [62]
    Octavie et Julie, respectivement sœur et fille d’Auguste, ont eu cinq enfants chacune ; Agrippine l’Aînée (petite-fille du fondateur) et Claudia Livia Julia (petite-fille de Livie) ont eu respectivement six et trois enfants.
  • [63]
    Suet. Calig. XXV.
  • [64]
    Sur la nouveauté de ces honneurs, Susan E. Wood, « Diva Drusilla Panthea and the Sisters of Caligula », American Journal of Archaeology, 99, 1995, p. 457-482 ; Anthony A. Barrett, Agrippina, op. cit. (n. 8), p. 52-53 ; David Wardle, « Caligula and his Wives », Latomus, 57, 1998, p. 109-17.
  • [65]
    Dio. XLIX. 38 : […] τῆδ’ὈκταουίᾳτῆτεΛιουίᾳκαὶεἰκόναςκαὶτὸτὰσφέτεραἄνευκυρίουτινὸςδιοικεῖν, τότεἀδεὲςκαὶτὸἀνύβριστονἐκτοῦὁμοίουτοῖςδημάρχοιςἔχεινἔδωκεν. « […] Octavien concéda à Octavie et Livie des statues, le droit d’administrer leurs propres biens sans l’intervention d’un gardien, et la même sécurité et inviolabilité dont jouissent les tribuns » (traduction à partir de celle d’Earnest Cary, Loeb Classical Library, 1917).
  • [66]
    Dio. LV. 2 : […] ἡ δὲ δὴ Λιουία εἰκόνων τε ἐπὶ παραμυθία ἔτυχε, καὶ ἐς τὰς μητέρας τὰς τρὶς τεκούσας ἐσεγράφη. « […] des statues furent votées à Livie pour la consoler [de la mort de son fils Drusus] et elle fut intégrée parmi les mères de trois enfants » (traduction à partir de celle d’Earnest Cary, Loeb Classical Library, 1917).
  • [67]
    Les honneurs concédés par le Sénat sont rapportés par Tac. Ann. I. 14 ; sur la colère de Livie envers son fils qui tempère toujours plus ses interventions, Ann. IV. 57.
  • [68]
    Suet. Claud. XVII : currum eius Messalina uxor carpento secuta est. « Son épouse Messaline suivait le char en carrosse » (traduction de l’auteure). Claude célèbre alors son triomphe sur la Bretagne. Dio. LX. 22 indique que l’usage du carpentum est un honneur concédé à Messaline en même temps que la permission de prendre place parmi les Vestales.
  • [69]
    L’événement a donné lieu à l’émission d’une monnaie en 37-38 (BMC 12700). Pour l’analyse de cette monnaie, se reporter à Diana E. E. Kleiner et à Susan B. Matheson, I Claudia, op. cit. (n. 41), p. 64.
  • [70]
    Suet. Claud. XXVII. Le général ayant obtenu le droit de célébrer un triomphe pouvait être suivi de ses fils dans la procession. Sous l’Empire, Germanicus introduit une nouveauté en plaçant ses filles sur son char. À ce sujet, Marleen B. Flory, « The Integration of Women into the Roman Triumph », Historia, 47, p. 489-494.
  • [71]
    LX. 22. 2 : καὶτῇΜεσσαλίνῃτὴνπροεδρίανἣνκαὶἡΛιουίαἐσχήκεικαὶτὸκαρπέντῳχρῆσθαιἔδοσαν. « […] les sénateurs octroyèrent à Messaline l’honneur d’occuper les premiers sièges comme Livie avant elle, ainsi que l’usage du carpentum » (traduction à partir de celle de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011). Livie a obtenu le droit de s’asseoir parmi les Vestales pendant les jeux après la mort d’Auguste, Tac. Ann. IV. 16. Sur la concession de ce privilège, Regula Frei-Stolba, « Recherches sur la position juridique et sociale de Livie, l’épouse d’Auguste », Études de Lettres, 249, 1998/1, p. 65-89.
  • [72]
    Claude a particulièrement honoré sa grand-mère, Suet. Claud. XI : auiae Liuiae diuinos honores et circensi pompa currum elephantorum Augustino similem decernenda curauit. « Il prit soin de décerner à sa grand-mère Livie les honneurs divins et, lors de la procession du cirque, un char tiré par des éléphants, semblable à celui d’Auguste » (traduction de l’auteure). En ce qui concerne les honneurs concédés par Claude à sa grand-mère, Rosa María Cid López, « Livia versus Diva Augusta. La mujer del príncipe y el culto imperial », ARYS, 1, 1998, p. 139-155 et Susan E. Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 127-136.
  • [73]
    Tac. Ann. I. 8. Sur ce titre, Marleen B. Flory, « The Meaning of Augusta in the Julio-Claudian Period », American Journal of Ancient History, 13.2, 1997, p. 113-138.
  • [74]
    Dio. LX. 12. 5 : οὔτ’ ἄλλοτιἐπιφανὲςἔπραξεν […] ἢτήνυεΜεσσαλῖνανΑὔγουστανἐπικληθῆναιἐφῆκεν. « […] Claude ne permit pas que le titre d’Augusta soit concédé à Messaline » (traduction à partir de celle de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011).
  • [75]
    Suet. Claud. XII : […] praenomine Imperatoris abstinuit, nimios honores recusauit, sponsalia filiae natalemque geniti nepotis silentio ac tantum domestica religione transegit. « […] il renonça au prénom d’Imperator, refusa les honneurs excessifs, célébra discrètement et en privé les fiançailles de sa fille [Octavie] et la naissance de son petit‑fils [l’enfant d’Antonia, fille aînée de Claude et belle-fille de Messaline] » (traduction de l’auteure).
  • [76]
    Suet. Claud. XI.
  • [77]
    Francesca Cenerini, « Messalina e il suo matrimonio con Caio Silio », art. cit (n. 5).
  • [78]
    CIL VI. 918. La partie martelée a été restituée de cette façon : ET VALERIAE MESSALINAE AUG. Le titre est également présent dans CIL VI. 8953. Dans la partie orientale de l’Empire, Messaline est nommée Sébasté, équivalent grec d’Augusta.
  • [79]
    Tac. Ann. I. 14.
  • [80]
    Tac. Ann. XII. 26. Sur ce titre et ce qu’il représente dans le cas d’Agrippine, Anthony A. Barrett, Agrippina, op. cit. (note 8), p. 107.
  • [81]
    Rappelons toutefois que cette partie de l’œuvre de Cassius Dion est constituée des résumés des abréviateurs byzantins Xiphilin et Zonaras.
  • [82]
    HA. Elag. II. 1-2 : […] cum ipsa meretricio more uiuens in aula omnia turpia exerceret, Antonino autem Caracalla stupro cognita, ita ut hic uel Varius uel Heliogabalus uulgo conceptus putaretur ; et aiunt quidam Varii etiam nomen idcirco eidem inditum a condiscipulis, quod uario semine, de meretrice utpote, conceptus uideretur. « […] elle se comportait comme une prostituée et se livrait à la cour à tous les genres de débauche : elle avait eu entre autres des rapports sexuels notoires avec Antonin Caracalla, ce qui donnait à penser que ce Varius – ou Élagabal – était un enfant adultérin. Certains prétendent même qu’il fut affublé de ce nom de Varius par ses camarades de classe parce qu’il passait pour être le fruit de semences d’hommes « variés », comme il est normal quand on est fils de prostituée » (traduction d’André Chastagnol, Robert Laffont, 1994). L’œuvre de Cassius Dion est très lacunaire en ce qui concerne le principat d’Élagabal ; évoquait‑elle les honneurs attribués à Soaemias, dont la concession du titre d’Augusta ?
  • [83]
    Dio. LX. 8. 5. La « jalousie » envers une femme jeune et belle est la raison principale de l’animosité de Messaline.
  • [84]
    Tac. Ann. XI. 27.
  • [85]
    Abrégé de l’œuvre d’Aurelius Victor dont l’auteur nous est inconnu, écrit au ve siècle.
  • [86]
    Sur le phénomène de la condamnation de la mémoire, Stéphane Benoist, « Martelage et damnatio memoriae : une introduction », Cahiers du centre Gustave Glotz, 14, 2003, p. 231-240 ; Valérie Huet, « Images et damnatio memoriae », Cahiers du centre Gustave Glotz, 15, 2004, p. 237‑253 et Antony Hostein, « Monnaie et damnatio memoriae : problèmes méthodologiques (ier-ive siècle ap. J.‑C.) », Cahiers du centre Gustave Glotz, 15, 2004, p. 219-236.
  • [87]
    Tac. Ann. XI. 38 : iuuitque obliuionem eius senatus censendo nomen et effigies priuatis ac publicis locis demouendas. Parmi les premières mentions de ce phénomène en ce qui concerne les femmes impériales, nous trouvons Agrippine dans l’Octavie, v. 609-612 : […] saeuit in nomen ferus/ matris tyrannus, obrui meritum cupit / simulacra, titulos destruit memores mei / totum per orbem. « […] ce sauvage tyran exerce sa fureur contre le nom de sa mère, brûle de cacher sa dette [l’Empire apporté par sa mère] et détruit les images et les titres qui commémorent mon souvenir dans le monde entier » ; et Claudia Livia Julia dans Tac.VI. 2 : […] atrocies sententiae dicebantur in effigies quoque ac memoriam eius. « […] on rendait encore des décrets cruels contre ses images et sa mémoire » (traductions de l’auteure).
  • [88]
    Comme l’explique Christine Höet-Van Cauwenberghe, « Les princesses de la famille impériale et le Péloponnèse sous les Julio-Claudiens », art. cit. (n. 17), les Romains préféraient réemployer le monument concerné par ces mesures en effaçant le nom et en gravant à nouveau sur la surface rendue libre.
  • [89]
    Deux autres contemporains des Flaviens nomment Messaline : Plin. Hist. Nat. X. 63. 172 ; XXIX. 5. 8 ; 8. 20 ; Flavius Josèphe, AJ. XX. 150 ; BJ. II. 249.
  • [90]
    Rappelons que l’adultère féminin est sanctionné par la législation augustéenne. Par ailleurs, le personnage de Sénèque déplore la licence des mœurs, v. 431-434. Sur l’attitude du véritable Sénèque face à l’adultère féminin, Paule Balasa, « Sénèque et la femme de la dynastie julio-claudienne », in Jean-Michel Croisille et Yves Perrin (dir.), Neronia VI. Rome à l’époque néronienne. Actes du VIe Colloque international de la SIEN (Rome, 19-23 Mai 1999), Bruxelles, Latomus, 2002, p. 375-383.
  • [91]
    D’après nos analyses, nous constatons que le champ lexical de la maternité est concurrencé par celui de la débauche à partir de Tacite. Le statut d’épouse est lui bien présent puisqu’il permet aux auteurs d’accabler le prince, incapable de maîtriser les membres féminins de sa famille et son épouse.
  • [92]
    Octavie, v. 16-17 : tua quam maerens uulnera uidi / oraque foedo sparsa cruore ! « Toi dont j’ai vu, hélas, les blessures et le visage inondé d’un sang hideux ! » (traduction de l’auteure).
  • [93]
    Cette dernière a porté Claude au pouvoir. Sur les rapports entre les préfets du prétoire et les femmes impériales, voir Magali Malfugeon, « Les impératrices et les préfets du prétoire : un partage du pouvoir ? », Latomus, 67, 2008, p. 399-413. Sur la mise en place de la garde prétorienne, Sandra Bingham, The Praetorian Guard, a History of Rome’s Elite Special Forces, Waco, Baylor University Press, 2015, p. 15-31.
  • [94]
    Tac. Ann. XI. 33 : […] quippe Getae praetorii praefecto haud satis fidebat. « Il se fiait peu au préfet Géta » (traduction de l’auteure).
  • [95]
    Tac. Ann. XII. 41 : simul qui centurionum tribunorumque sortem Britannici miserabantur, remoti fictis causis et alii per speciem honoris. « Quelques centurions et quelques tribuns plaignaient le sort de Britannicus ; ils furent écartés sur des motifs spécieux, et certains sous prétexte d’obtenir une charge » (traduction de l’auteure).
  • [96]
    Tac. Ann. XII. 42 : nondum tamen summa moliri Agrippina audebat, ni praetoriarum cohortium cura exsoluerentur Lusius Geta et Rufrius Crispinus, quos Messalinae memores et liberis eius deuinctos credebat. « Cependant, Agrippine n’osait aller jusqu’au bout tant que les cohortes prétoriennes resteraient confiées aux soins de Géta et Crispinus, qu’elle croyait attachés à la mémoire et aux enfants de Messaline » (traduction de l’auteure).
  • [97]
    Sur l’adoption de Néron, Tac. Ann. XII. 26.
  • [98]
    Tac. Ann. XII. 41. Avant son adoption, le fils d’Agrippine s’appelait Lucius Domitius Ahenobarbus.
  • [99]
    Ibid. L’un des précepteurs de Britannicus, Sosibius, était un fidèle de Messaline, Tac. Ann. XI. 1 : adiungitur Sosibius Britannici educator… « Elle [Messaline] lui adjoint Sosibius, précepteur de Britannicus… » (traduction de l’auteure).
  • [100]
    Sur la figure de la belle-mère (nouerca) à Rome, Patricia Watson, « Historical Figures : Livia, Agrippina and Octavia » in Patricia Watson (dir.), Ancient Stepmothers. Myth, Misogyny and Reality, Leyde-New York-Cologne, Brill, p. 176-206.
  • [101]
    Tac. Ann. XII. 9. Même affirmation chez Dio. LXI. 31. 8.
  • [102]
    Sur les préoccupations dynastiques de Messaline, María-José Hidalgo de La Vega, « La imagen de la “mala” emperatriz en el Alto Imperio », art. cit (n. 31) et Francesca Cenerini, « Messalina e il suo matrimonio con Caio Silio », art. cit (n. 5).
  • [103]
    Caligula a fait montre de piété filiale en levant la condamnation touchant la mémoire de sa mère et en ramenant ses cendres dans le Mausolée d’Auguste, Suet. Calig. XV. Il est probable que Britannicus aurait agi de même s’il était parvenu au pouvoir.
  • [104]
    Tac. Ann. XII. 65 : […] modo ad deos, modo ad ipsum tendere manus, adolesceret, patris inimicos depelleret, matris etiam interfectores ulcisceretur (traduction de l’auteure).
  • [105]
    Tac. Ann. XII. 64 : […] perdita prius Domitia Lepida muliebribus causis. « Elle causa d’abord la perte de Domitia Lepida, pour des raisons très féminines » (traduction de l’auteure).
  • [106]
    Britannicus est probablement assassiné par Néron, et non par Agrippine, qui n’a jamais songé à le faire disparaître. Cependant, son appui à la « cause » du jeune homme entraîne la mort de ce dernier, Tac. Ann. XIII. 14-17.
  • [107]
    Octavie, v. 11 : prima meorum causa malorum. « Toi, la première cause de mes malheurs ». V. 268-269 : […] coniugem traxit suum / natumque ad umbras, prodidit lapsam domum. « Elle entraîna avec elle son époux et son fils parmi les ombres, provoquant la chute de notre maison » (traductions de l’auteure). Sur la responsabilité de Messaline, voir Olivier Devillers, « Le thème de la famille bouleversée dans l’Octavie », Vita Latina, 172, 2005, p. 33-40 et Lucienne Deschamps, « La malédiction des Julio‑Claudiens dans l’Octavie », Revue des études anciennes, 111, 2, 2009, p. 389‑399.
  • [108]
    Nous faisons allusion à la tragédie Antigone d’Euripide. Sur les comparaisons mythologiques tout au long de la pièce, Pasqualina Vozza, « Paradigmi mitici nell’Ottavia », L’Antiquité classique, 59, 1990, p. 113-118.
  • [109]
    Tac. Ann. XI. 38. Dio. LXI. 34. 6 évoque sa tombe près de laquelle est exécuté Narcisse.
  • [110]
    Julie l’Aînée est condamnée en 2 avant J.‑C. ; ses filles Julie la Jeune et Agrippine l’Aînée respectivement en 8 et en 29 après J.‑C.
  • [111]
    Même constat pour Julie l’Aînée, convaincue de nombreux adultères. À ce sujet, María-José Hidalgo de La Vega, « La imagen de la " mala " emperatriz en el Alto Imperio », art. cit (n. 31) et Almudena Domínguez Arranz, « La mujer y su papel en la continuidad del poder », art. cit. (n. 40).
  • [112]
    Susan E. Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 280, explique de quelle manière la statuaire met en valeur les « traits » maternels de Valeria Messalina.
  • [113]
    Plin. Hist. Nat. X. 63. 172 ; XXIX. 5. 8 ; 8. 20.
  • [114]
    Juv. Sat. VI. v. 116 et 118.
  • [115]
    Nous reprenons les paroles de l’Octavie, v. 125-126 et 131 : adice his superbam paelicem, nostrae domus/ spoliis nitentem […] inimica uictrix imminet thalamis meis. « Ajoute à cela son orgueilleuse maîtresse, parée des dépouilles de notre maison […] mon ennemie victorieuse menace mon lit nuptial » (traduction de l’auteure).
  • [116]
    Juv. Sat. VI. v. 122-124 : tunc nuda papillis/ prostitit auratis […] ostenditque tuum, generose Britannice, uentrem (nous renvoyons à notre traduction à la première page de l’article).
  • [117]
    Il est bien évident que Messaline a fait appel à une nourrice pour l’allaitement de ses enfants. Nous avons conservé une inscription mentionnant la nourrice d’Octavie, CIL. VI, 8943 : VALERIA HILARIA/ NUTRIX/ OCTAVIAE. Sur le rôle de la nourrice à Rome, Susan E. Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 141-146.
  • [118]
    La statue conservée au Louvre représente Messaline de cette manière. Sur ces pièces du vêtement féminin à Rome et leur signification, Judith Lynn Sebesta, « Symbolism in the Costume of the Roman Woman », in Judith Lynn Sebesta and Larissa Bonfante (dir.), The World of Roman Costume, Madison, University of Wisconsin Press, 1997, p. 46-53 et Elaine Fantham, « Covering the Head at Rome : Ritual and Gender », in Jonathan Edmondson and Alison Keith (dir.), Roman Dress and the Fabrics of Roman Culture, Toronto, Buffalo, Londres, University of Toronto Press, 2008, p. 158-171.
  • [119]
    Agrippine porte elle aussi une chlamyde dorée (chlamyde aurata) au moment de l’assèchement du lac Fucin, Tac. Ann. XII. 56. Sa tenue est comparée à celle de Claude revêtu du paludamentum.
  • [120]
    Octavie v. 368-372 : caedis moriens illa ministrum/ rogat infelix utero dirum/ condat ut ensem : / « Hic est, hic est fodiendus » ait/ « ferro monstrum qui tale tulit ». « La malheureuse, sur le point de mourir, demande au séide d’enfoncer son glaive sinistre dans son ventre : « là, c’est là qu’il faut frapper » dit‑elle, « puisque mon ventre a pu porter un tel monstre » ; Tac. Ann. XIV. 8 : […] protendens uterum « uentrem feri » exclamauit. « […] et montrant son ventre, elle s’écria : “frappe au ventre !” » (traductions de l’auteure).
  • [121]
    Ce qui est le cas chez Suet. Ner. VII.
  • [122]
    Sur la signification du voile nuptial, Judith Lynn Sebesta, « Symbolism in the Costume of the Roman Woman », art. cit. (n. 118).
  • [123]
    Dio. LX. 18. 1-2  : Μεσσαλῖναδὲἐντούτῳαὐτήτεἠσέλυαινεκαὶτὰςἄλλαςγυναῖκας, ἀκολασταίνεινὁμοίωςἠνάγκαζε. « Messaline continuait à afficher son impudicité et obligeait les autres femmes à se comporter de la même manière » (traduction à partir de celle de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011). Aur. Vict. Lib. de Caes. IV. 7 : […] nobiliores quasque nuptas et uirgines, scortorum modo, secum prostituerat. « […] elle prostitua avec elle, comme des filles publiques, des femmes mariées et des jeunes filles de la noblesse » (traduction de Pierre Dufraigne, CUF, Les Belles Lettres, 1975). Ep. de Caes. IV. 5 : […] dehinc atrocius accensa nobiliores quasque nuptas et uirgines scortorum modo cecum proposuerat. « […] elle offrait avec elle à la prostitution les femmes mariées et les jeunes filles les plus nobles » (traduction de Michel Festy, CUF, Les Belles Lettres, 1999).
  • [124]
    Tac. Ann. XI. 12 : uerum inclinatio populi supererat ex memoria Germanici, cuius [Nero] illa reliqua suboles uirilis ; et matri Agrippinae miseratio augebatur ob saeuitiam Messalinae. « En vérité, le penchant du peuple était plus grand à son égard à cause du souvenir de Germanicus, dont Néron était le dernier descendant mâle ; et la compassion envers sa mère Agrippine était augmentée par la cruauté de Messaline » (traduction de l’auteure).
  • [125]
    Frère de Claude, Germanicus était l’un des successeurs de Tibère. Sa mort dans des conditions mystérieuses accable selon Tacite le peuple romain, venu assister au retour de ses cendres, portées dans une urne par son épouse Agrippine.
  • [126]
    C’est comme si Germanicus surpassait son frère une fois de plus, dans la mort.
  • [127]
    Tac. Ann. XI. 26 : se caelibem, orbum, nuptiis et adoptando Britannico paratum. Mansuram eandem Messalinae potentiam […] si praeuenirent Claudium (traduction de l’auteure).
  • [128]
    Ces mêmes craintes qui ont agité Julie l’Aînée. Cette dernière craignait pour les droits de ses fils Caius et Lucius face à ceux de Tibère. À ce sujet, Barbara M. Levick, « Julians and Claudians », Greece & Rome, 22, 1975, p. 29-39 et Aldo Luisi, « L’opposizione sotto Augusto : le due Giulie, Germanico e gli amici », in Marta Sordi (dir.), Fazione e congiure nel mondo antico, Milan, Vita E Pensiero, 1999, p. 181-192. Sur les ressemblances entre les conspirations de Julie-Iullus Antonius (son amant) et Messaline-Silius, voir Francesca Cenerini, « Messalina e il suo matrimonio con Caio Silio », art. cit (n. 5).
  • [129]
    Tac. Ann. XII. 7 : uersa ex eo ciuitas et cuncta feminae oboediebant, non per lasciuiam, ut Messalina, rebus Romanis inludenti. « La cité était bouleversée ; tout obéissait à une femme qui, à l’inverse de Messaline, ne jouait pas avec la chose publique pour satisfaire ses caprices » (traduction de l’auteure).
  • [130]
    Tac. Ann. XII. 65 : conuictam Messalinam et Silium […] quamquam ne impudicitiam quidem nunc abesse Pallante adultero. « Il […] avait confondu Messaline et Silius […] d’ailleurs, l’impudicité ne faisait pas alors défaut à Agrippine qui avait Pallas pour amant » (traduction de l’auteure).
  • [131]
    Claud. XXVI : cum utraque diuortium fecit […] cum Urgulanilla ob libidinum probra. « Il divorça de l’une et de l’autre […] d’Urgulanilla à cause de ses débauches » (traduction de l’auteure).
  • [132]
    Suet. Claud. XLIII : omnia impudica, sed non impunita matrimonia ; Tac. Ann. XII. 64 rapporte les mêmes paroles.
  • [133]
    Cons. ad. Marc. II. 5.
  • [134]
    Suet. Calig. LIX : perit una et uxor Caesonia gladio a centurione confossa et filia parieti inlisa. « Avec lui périrent son épouse Caesonia, transpercée par le glaive d’un centurion, et leur fille écrasée contre un mur » (traduction de l’auteure).
  • [135]
    Suet. Claud. XII. Néron fera exécuter dans un premier temps Cornelius Sylla, puis Antonia après que cette dernière a refusé de l’épouser, Suet. Ner. XXXV : Antoniam Claudi filiam, recusantem post Poppaeae mortem nuptias suas, quasi molitriam nouarum rerum interemit. « Il fit périr Antonia, la fille de Claude, qui avait refusé de l’épouser après la mort de Poppée, sous prétexte qu’elle fomentait une révolution » (traduction de l’auteure). Le sort de son fils est inconnu.
  • [136]
    Dio. LX. 18. 4 : τήν τε Ἰουλίαν τὴν τοῦ Δρούσου μὲν τοῦ Τιβερίου παιδὸς θυγατέρα, τοῦ δὲ δὴ Νέρωνος τοῦ Γερμανικοῦ γυναῖκα γενομένην, ζηλοτυπήσασα ὥσπερ καὶ τὴν ἑτέραν, ἀπέσφαξε. « Messaline fit également exécuter Julie, la fille de Drusus, fils de Tibère, auparavant épouse de Néron, le fils de Gemanicus, car elle était jalouse d’elle, de la même manière qu’elle l’avait été vis‑à-vis de l’autre Julie » (traduction à partir de celle de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011). Sur le sort de la fille de Drusus, Tac. Ann. XIII. 32 : nam post Iuliam, Drusi filiam, dolo Messalinae interfectam… « En effet, après que Julie, la fille de Drusus, ait été tuée à cause de la fourberie de Messaline… XIII. 43 : […] Iuliam, Drusi filiam, Sabinamque Poppaeam ad mortem actas […] iussa Messalinae praetendi. « Julie, fille de Drusus, et Poppaea Sabina, poussées à la mort […] il [l’accusateur] allégua les ordres de Messaline » (traductions de l’auteure).
  • [137]
    Sur ce dernier, Anthony A. Barrett, Agrippina, op. cit. (note 8), p. 86 ; Barbara M. Levick, Claude, op. cit. (note 46), p. 80 ; Anne-Claire Michel, La Cour sous l’empereur Claude, op. cit. (n. 31), p. 126 et 298.
  • [138]
    Tac. Ann. XII. 3 : […] ad eum per speciem necessitudinis crebro uentitando pellicit patruum ut praelata ceteris et nondum uxor potentia uxoria iam uteretur. « […] prétextant ses liens de parenté avec Claude, elle lui rend fréquemment visite et enjôle son oncle à tel point qu’elle est préférée aux autres ; et bien qu’elle ne soit pas encore sa femme, elle possède déjà le pouvoir d’une épouse » (traduction de l’auteure).
  • [139]
    Elle aurait ordonné l’exécution du jeune Néron quelques années auparavant selon Suet. Ner. VI : gratia quidem et potentia reuocatae restitutaeque matris usque eo floruit, ut emanaret in uulgus missos a Messalina uxore Claudii, qui eum meridiantem, quasi Britannici aemulum, strangularent. « En vérité, l’influence et la puissance de sa mère, rappelée d’exil et à nouveau en possession de ses biens, rendirent sa situation florissante à tel point que, selon certaines rumeurs, Messaline, l’épouse de Claude, le considérant comme un rival pour Britannicus, envoya des gens pour l’étrangler pendant sa sieste » (traduction de l’auteure).
  • [140]
    Voir Anthony A. Barrett, Agrippina, op. cit. (n. 8), p. 94 ; María-José Hidalgo de La Vega, « La imagen de la “mala” emperatriz en el Alto Imperio », art. cit (n. 31) ; Francesca Cenerini, « Messalina e il suo matrimonio con Caio Silio », art. cit (n. 5).
  • [141]
    Tac. Ann. XI. 34. Les allusions à la maternité de Messaline sont bien présentes.
  • [142]
    HA. Marc. XIX. 1-2 : aiunt quidam […] Commodum Antoninum, successorem illius ac filium, non esse de eo natum sed de adulterio, ac talem fabellam uulgari sermone contexunt. Faustinam quondam […] Marcii uxorem, cum gladiatores transire uidisset, unius ex his amore succensam, cum longa aegritudine laboraret, uiro de amore confessam. « Certains prétendent […] que Commode Antonin, son successeur et fils, n’était pas de son sang mais était un enfant adultérin, en s’appuyant sur cette petite histoire qui courait parmi le peuple : Faustine […] épouse de Marc, voyant un jour défiler des gladiateurs, se prit de passion pour l’un d’eux ; elle en conçut un long tourment et se décida à avouer son amour à son mari » (traduction d’André Chastagnol, Robert Laffont, 1994). Notons que les allusions à sa maternité ne sont jamais loin, comme dans le cas de Messaline.
  • [143]
    HA. Marc. XIX. 8-9 : si uxorem dimittimus, reddamus et dotem ». Dos autem quid habebatur <nisi> imperium (traduction d’André Chastagnol, Robert Laffont, 1994). La dot désigne ici l’Empire car Faustine est la fille d’Antonin le Pieux (prédécesseur de Marc Aurèle) et de Faustine l’Aînée. Contrairement aux stratégies matrimoniales établies par Hadrien, Marc Aurèle a été préféré à Lucius Verus comme époux de Faustine par Antonin, père de la princesse, et, par conséquent, comme successeur.
Quid non potuit quondam genetrix /
Tua quae rexit principis aulam /
Cara marito partuque potens[2] ?
Tunc nuda papillis /
Prostitit auratis titulum mentita Lyciscae /
Ostenditque tuum, generose Britannice, uentrem[3].

1Valeria Messalina, troisième épouse de Claude, est passée à la postérité pour son comportement licencieux, qui heurtait de plein fouet la législation mise en place par Auguste visant tout à la fois à encourager la natalité et à punir l’adultère féminin. Cette réputation n’a pas toujours été de mise. Quelques décennies après la mort de l’impératrice, un auteur inconnu dépeint l’épouse de Claude sous les traits d’une mère toute-puissante au sein de la cour impériale [4]. Si la liaison adultère de l’impératrice avec Caius Silius est déjà mentionnée, la « débauche » n’est pas encore à l’ordre du jour [5]. Pline l’Ancien ouvre une brèche en insistant sur les mœurs de Messaline ; Tacite et Juvénal lui emboîtent le pas et c’est à eux que nous devons le portrait célèbre de l’impératrice [6] : une femme cruelle, avide et débauchée, coupable d’avoir tenté de faire assassiner son mari.

2Les études modernes sont revenues sur ce portrait, notamment au sujet de la sexualité incontrôlée de Messaline [7]. Son statut de mère a quant à lui été peu abordé par rapport aux figures de Livie et d’Agrippine la Jeune [8]. Messaline est pourtant la mère de Britannicus, premier enfant mâle né sous le principat de son père. Statues, camées et monnaies révèlent à quel point elle fut honorée en tant que mère [9]. La version des sources littéraires est tout autre : mère « prolifique » quelques décennies après sa mort, en 48 [10], Messaline devient peu à peu « la prostituée impériale ». Or, son statut de mère est à l’origine de l’évolution littéraire du personnage [11]. En effet, la conspiration à laquelle elle prend part aux côtés de son amant Caius Silius révèle une fois de plus dans l’histoire impériale le danger que les mères de successeurs potentiels font courir au prince en place. Claude n’a d’autre choix que de faire exécuter sa jeune épouse et de la « remplacer » par Agrippine, sa propre nièce. Il n’hésite pas à condamner sa mémoire, vouant ainsi à l’oubli son rôle de mère bienveillante. Le sort funeste des deux enfants de Messaline empêche sa mémoire d’être réhabilitée ; dès lors, les auteurs anciens accentuent les défauts de l’impératrice défunte en s’appuyant paradoxalement sur sa maternité. Le corps de la mère est offert sans honte à ses multiples amants qu’elle récompense en leur octroyant charges et bénéfices. En outre, l’épouse de Claude se heurte aux autres mères impériales, aussi impudiques qu’elle et c’est sans surprise que l’une d’entre elles, Agrippine, l’emporte sur sa « rivale ».

3C’est par différents mécanismes que nos auteurs ont fait passer Valeria Messalina d’une mère prodigue à une mère « indigne ». Les effets de la condamnation de la mémoire sont véritablement destructeurs en ce qui la concerne. Les premiers témoignages écrits sur Messaline, confirmés par la statuaire et les monnaies à son effigie, insistent sur son poids à la cour en tant que mère du successeur de Claude. Circonstance qui lui permet de se voir accorder certains honneurs. Cependant, la reconnaissance de ce statut par le pouvoir impérial aurait favorisé le comportement scandaleux de l’impératrice selon les auteurs anciens, pour lesquels maternité et érotisme ne font plus qu’un à partir du iie siècle.

La mère du successeur de Claude

4Le 12 février 41, Messaline met au monde son deuxième et dernier enfant, Tiberius Claudius Caesar Germanicus, futur Britannicus. Cette naissance a lieu trois semaines après la prise de pouvoir de Claude, oncle de l’empereur précédent, Caligula, et époux de Messaline [12]. Nul doute que la grossesse de la jeune femme ait joué un rôle important dans la décision de reconnaître Claude comme successeur de Caligula [13]. Il est le premier empereur dont le fils naît sous son principat. Certes, Livie était elle aussi une impératrice-mère, mais Tibère n’était pas le fils d’Auguste. Messaline bénéficie par conséquent d’un statut exceptionnel dès le départ.

L’ « héritage maternel » de Messaline [14]

5Il est très difficile de cerner le personnage de Valeria Messalina en tant que mère pour plusieurs raisons. La première d’entre elles est la condamnation de sa mémoire, mesure décrétée par le Sénat après l’exécution de l’impératrice pour sa participation à un complot contre la vie de son époux qui est aussi l’empereur [15]. Le sénatus-consulte est à ce point respecté que peu de traces matérielles nous sont restées de Messaline. La deuxième raison est la forte personnalité de celle qui lui succède, Agrippine la Jeune, autre impératrice-mère [16] : menacée d’être exilée par Messaline, la mère de Néron, une fois devenue impératrice, joue sans doute un rôle dans la condamnation de la mémoire de sa devancière. Ses traits viennent remplacer ceux de l’impératrice défunte dans tout l’Empire ; le jeune Britannicus est écarté au profit de Néron ; enfin, il est probable que les Mémoires écrits par Agrippine aient accablé Messaline pour justifier son remplacement par la mère de Néron [17].

6Cependant, il reste quelques traces disséminées dans l’Empire et jusque dans les récits des auteurs anciens. Ces traces attestent l’importance de Messaline comme mère impériale au sein d’une dynastie encourageant dès ses débuts la procréation au sein de la domus Augusta[18]. L’impératrice accomplit une partie des prescriptions de la législation augustéenne en mettant au monde deux enfants sur les trois requis. Nous pouvons supposer que la naissance d’un fils était essentielle pour le couple impérial. Elle fait de Messaline la mère du successeur et, à ce titre, attire les regards des membres de la cour, dont certains ont des vues sur l’Empire. L’impératrice menace par conséquent le pouvoir impérial. Ce dernier altère cette menace en insistant sur les adultères supposés de Messaline, comme pour les autres femmes impériales avant elle [19]. Cet aspect est de plus en plus développé au fil des siècles puisque d’autres impératrices-mères comme elle sont en place [20]. La succession est une question encore épineuse sous les principats de Marc Aurèle et des Sévères ; c’est sans surprise que les impératrices-mères Faustine la Jeune et Julia Domna font l’objet d’un jugement hostile de la part de nos auteurs [21]. Enfin, il nous semble judicieux de rappeler le jeune âge de Messaline lorsque son époux parvient à la tête de l’Empire. Née vers 25, la jeune femme se marie à treize ou quatorze ans et devient aussitôt mère [22]. On a souvent insisté sur sa différence d’âge avec Claude, ce qui expliquerait sa conduite future. L’écart d’âge est là aussi très répandu dans la société romaine et nous pouvons rappeler celui entre Claude et sa dernière épouse, Agrippine [23] ; il n’a cependant pas donné lieu au portrait d’une impératrice se consolant dans les bras de beaux jeunes hommes. Messaline est l’une des impératrices les plus jeunes au moment de l’avènement de son époux [24]. Son âge peut expliquer les caractéristiques qui lui sont attribuées : sa jalousie, ses actes futiles, son désintérêt vis‑à-vis de ses enfants et de son époux. Femme-enfant, l’impératrice s’acquitterait ainsi mal de sa tâche, au contraire d’une Agrippine. La figure de Messaline comme mère a elle aussi une postérité et c’est en ce sens qu’elle transmet un « héritage [25] ». En tant que mère du fils biologique de l’empereur en place, elle diffère de Livie ou d’Agrippine ; Faustine la Jeune est dans la même situation que Messaline puisqu’elle donne un fils à son époux et c’est sans surprise qu’elle est décrite comme une femme aussi impudique que sa devancière. Ces quelques lignes nous ont semblé nécessaires pour situer le personnage de Messaline comme mère dans les écrits des auteurs anciens. Dans leur description, l’impératrice diffère d’une Livie ou d’une Agrippine, à la fois modèles et contre-modèles maternels [26].

7Avant d’en venir au personnage de Messaline comme mère, il est utile de se demander quel a été son « héritage maternel [27] ». En tant que mère avisée et influente, elle a fortement marqué les esprits. Si nous suivons Tacite, Messaline et sa mère Domitia Lepida ont en partage la haute naissance, la beauté, la cruauté et l’impudicité [28]. En ce qui concerne la naissance – claritudo – cela ne fait aucun doute : Domitia Lepida est la petite-fille d’Octavie, sœur d’Auguste, et, par conséquent, la « petite-nièce » de ce dernier – auunculo Augusto[29]. Toutes deux sont apparentées au premier empereur par les femmes [30]. Les trois autres points communs – beauté, cruauté, impudicité – font partie d’un héritage spécifique aux Julio-Claudiennes [31]. Tacite qualifie ainsi leurs actes « pernicieux » envers les membres de la cour et de leur propre famille, entraînant bien souvent la mort de la personne concernée. Nous ignorons quelle fut l’enfance de Messaline : son père, Marcus Valerius Messala Barbatus, meurt prématurément [32]. Domitia Lepida, comme nombre de femmes veuves, se remarie ; son deuxième époux est Cornelius Faustus Sylla dont elle a un fils. Messaline a probablement vécu aux côtés de son beau-père et de son demi-frère et non, comme d’autres princesses impériales, auprès de Livie ou d’Antonia la Jeune [33]. Selon Tacite, les relations entre la mère et la fille se dégradent lorsque Messaline devient impératrice [34]. Il semble suggérer une jalousie toute féminine comme si les deux femmes n’étaient pas apparentées et rivalisaient en termes de naissance, de fortune et de beauté [35]. Nous retrouvons cette jalousie chez Messaline vis‑à-vis d’autres princesses impériales, aussi belles et nobles qu’elle, mais surtout descendantes directes d’Auguste [36]. Cette attitude peu digne d’une mère caractérise par conséquent l’impératrice. Aucun de ces traits ne concerne la maternité ; autrement dit, Lepida et Messaline ne sont pas des mères exemplaires [37]. Il semble cependant que Lepida se soit montrée aimante envers sa fille : selon Tacite, Domitia Lepida et Agrippine s’opposent dans leur manière d’éduquer les enfants, la première préférant la douceur à la dureté [38]. Messaline est elle-même tendre et attentionnée envers ses deux enfants puisqu’ils la pleurent une fois morte et entretiennent sa mémoire [39]. L’héritage maternel de Messaline est bien mince et peut contribuer à sa mauvaise réputation. Il est vrai que Domitia Lepida n’est pas l’une des princesses les plus en vue de la Cour impériale, aussi les auteurs anciens ne s’y intéressent‑ils que médiocrement. L’enfance de Messaline est enveloppée de mystère.

La toute-puissance de l’impératrice

8Nous avons cité au début de notre article quelques vers de l’Octavie faisant allusion au rôle de Messaline au sein de la Cour. Sa « puissance » – potens vers 949 – est directement liée à son statut de mère et c’est sur ce pilier qu’elle s’appuie pour « diriger » les affaires impériales – rexit vers 948. La maternité a toujours été valorisée à Rome ; avec la mise en place de l’Empire, elle connaît un regain d’intérêt de la part du pouvoir. Auteurs et monuments de l’époque augustéenne mettent en avant la figure de la mère associée aux notions de fertilité, de prospérité et de paix [40]. Les femmes de la famille impériale incarnent cet idéal au point d’être couramment associées à la déesse Cérès [41]. Être mère est par conséquent un état souhaitable puisqu’il suppose une certaine visibilité au sein de l’Empire. Ce constat est à l’ordre du jour sous le règne de Claude qui débute sous des auspices favorables avec la naissance de Britannicus trois semaines après son avènement. La perte des livres consacrés au principat de Claude par Tacite nous empêche de savoir comment cette naissance a été accueillie à Rome. D’après Suétone et Cassius Dion, l’empereur réfrène les honneurs accordés à ses proches encore en vie, renouant ainsi avec l’attitude de Tibère [42]. Cependant, nous avons noté l’importance de la grossesse de Messaline pour consolider les ambitions de son mari. Le principat de Claude atteste à quel point il a souligné sa parenté avec Auguste, Livie ou Germanicus [43]. Déjà mère d’une fille en bonne santé, son épouse est sur le point d’accoucher une deuxième fois, suivant ainsi une « tradition » établie depuis Julie, la fille d’Auguste [44]. Nul doute que Claude ait exprimé sa joie à la naissance de son fils [45]. Une monnaie émise au début de son règne conforte notre opinion : portant la mention Spes Augusta, elle exprime tous les « espoirs » suscités par la mise au monde de Britannicus [46]. Suétone lui-même affirme que Claude associe le peuple romain à sa joie :

9

Quant à Britannicus, qui lui était né le vingtième jour de son principat et sous son deuxième consulat, alors qu’il était très jeune, il le recommandait continuellement, soit aux soldats en le portant dans ses bras à l’assemblée, soit au peuple en le maintenant sur ses genoux ou devant lui lors des spectacles [47].

10La naissance d’un fils assure définitivement la position de Messaline aux yeux de son époux et de la Cour impériale. C’est ce que suggèrent les vers de l’Octavie. La mise au monde de Britannicus pousse peut-être l’impératrice à renoncer à une nouvelle grossesse. En effet, Claude est âgé et de santé délicate ; la naissance éventuelle d’un autre fils pourrait entraîner des complications à long terme, aussi Messaline va-t‑elle veiller à assurer les droits à la succession de son fils [48].

11Une des responsabilités de la mère à Rome est d’arranger les unions matrimoniales de ses enfants [49]. Messaline n’y déroge pas, malgré l’accusation lancée par Octavie envers sa mère d’oublier sa famille pour ses amants [50]. Aucun projet d’union matrimoniale n’est connu pour Britannicus, ce qui peut paraître surprenant puisque Claude est relativement âgé lorsqu’il prend le pouvoir. Le cas d’Octavie est différent : en tant que femme et princesse impériale, elle est fiancée très jeune à Lucius Junius Silanus, descendant d’Auguste par les femmes [51]. Fiançailles prestigieuses et surtout vouées à consolider les droits à la succession de Britannicus puisque Silanus deviendrait un soutien de la cause de son beau-frère. Messaline se soucie également des unions matrimoniales de sa belle-fille Antonia, fille de Claude et d’Aelia Paetina. Mariée en premier lieu à Cneius Pompeius Magnus, ce dernier est néanmoins exécuté à l’instigation de Messaline selon Cassius Dion, à cause de sa « famille » – τό γένος – et de sa « parenté » avec l’empereur – τό κήδος[52]. La mère de Britannicus a‑t‑elle décelé une quelconque ambition chez le gendre de Claude ou les membres de sa famille ? Il est certain qu’elle craint pour les droits de son fils, aussi Antonia est‑elle ensuite mariée à Cornelius Faustus Sylla, le frère utérin de l’impératrice [53]. En ce sens, Antonia ne présentera aucun danger pour Britannicus à travers son époux. Messaline est par conséquent une mère attentive, consciencieuse, telle que Livie a pu l’être pour Tibère [54].

12Les rapports de Messaline avec son fils sont plus développés que ceux entretenus avec sa fille Octavie, ce qui n’est guère surprenant : Britannicus est mis en avant en tant qu’enfant de sexe masculin et héritier de Claude. Une statue représentant Messaline et son fils illustre ce phénomène : l’impératrice, portant la stola et la palla rabattue sur la tête, porte le jeune Britannicus tourné affectueusement vers sa mère [55]. Messaline incarne alors la matrone romaine exemplaire, une jeune mère au port modeste, motif repris dans le monnayage provincial puis sur un camée conservé au Cabinet des Médailles [56]. Arrêtons-nous un bref instant sur les vêtements portés par l’impératrice car ils ont une signification capitale. Tacite et Juvénal dépeignent Messaline sous les traits d’une bacchante et d’une prostituée [57]. Il est certain que les femmes impériales ne sont jamais représentées de la sorte dans la statuaire ou le monnayage puisqu’elles véhiculent une image respectable de la Romaine. Tous ces supports attestent ainsi la respectabilité de l’épouse du prince, traduite par le port du vêtement – le corps est dissimulé jusqu’aux pieds – et la dissimulation de sa chevelure – la statue du Louvre montre la jeune mère ramenant la palla sur ses cheveux. Les portraits de Messaline, diffusés à travers l’Empire, émanent du pouvoir impérial qui insiste sur les bonnes mœurs de l’épouse de Claude et de la mère de son héritier. La naissance de Britannicus et la maternité de l’impératrice sont les garantes de la prospérité de l’Empire. C’est en ce sens que Messaline arbore les attributs de Cérès, la déesse des moissons, dont les bienfaits sont évoqués dans l’Hymne à Déméter[58]. Même si l’impératrice n’a pas mis au monde les trois enfants requis par la législation augustéenne, la naissance d’un fils est suffisante aux yeux du pouvoir et de l’Empire puisqu’elle est un « gage de paix [59] ». Les épis de Cérès ou la couronne en forme de tour de Cybèle, déesses associées à la maternité, soulignent la fécondité de Messaline, au même titre que les vers de l’Octavie[60]. La jeune femme a par conséquent atteint une position enviable comme mère de l’héritier ; l’auteur de l’Octavie l’affirme clairement plusieurs décennies après sa mort, confirmant les quelques traces qu’il nous reste de l’impératrice. La reconnaissance de cette position est également visible à travers les honneurs concédés par Claude à son épouse.

Titres et honneurs d’une mère impériale

13La législation augustéenne exempte les femmes libres mères de trois enfants de la tutela muliebris[61]. Le premier empereur espérait ainsi encourager la natalité parmi les membres de l’aristocratie romaine particulièrement éprouvée par les guerres civiles de la fin de l’époque républicaine. Nous avons signalé à quel point la famille impériale incarne ce nouvel idéal [62]. Tout change avec l’avènement de Caligula : aucune de ses sœurs ne met au monde les trois enfants requis ; lui-même n’a qu’une fille, Julia Drusilla [63]. Ce qui ne l’empêche pas d’honorer ses trois sœurs et de tenir ses épouses à l’écart de ces mêmes honneurs [64]. Messaline est la mère de deux enfants et il est fort probable que le couple impérial ait renoncé à en avoir plus, comme nous l’avons vu. D’après nos sources, les honneurs concédés à notre impératrice sont réduits. Avant d’en venir à Messaline, résumons en quelques mots quelle fut l’attitude du pouvoir impérial vis‑à-vis de la concession d’honneurs aux femmes. En 35 avant J.‑C., Octavien, futur Auguste, avait concédé une série de privilèges à sa sœur et à son épouse [65] ; à la mort de Drusus, Auguste concède à Livie, mère du défunt, les privilèges touchant les mères de trois enfants [66]. Tibère modère les honneurs que le Sénat veut conférer à sa mère une fois Auguste mort, suscitant l’animosité de cette dernière et l’affirmation haut et fort de son rôle dans l’avènement de son fils [67]. Nous avons vu que Caligula introduit certaines nouveautés en honorant ses sœurs, lesquelles ne sont pas encore mères. Claude semble suivre l’attitude des deux premiers princes selon nos auteurs. Suétone affirme que Messaline obtient la permission d’assister au triomphe de son époux en utilisant le carpentum[68]. Ce véhicule couvert était jusqu’alors réservé aux prêtres et aux Vestales. Caligula avait ordonné que l’image de sa mère défunte soit placée sur ce véhicule lors des jeux [69]. Messaline est autorisée à utiliser le carpentum de son vivant et nous pouvons penser qu’il s’agit là d’une façon d’honorer la mère du jeune Britannicus. Nous ignorons si les enfants du couple impérial ont pris place sur le char de leur père ; la présence de Britannicus est fort probable car le même Suétone prétend que Claude a toujours veillé à placer son fils sous la protection de l’armée – milites – et du peuple – plebs[70]. Si Britannicus est présent lors du triomphe de son père – c’est d’ailleurs à ce moment que Claude lui accorde le surnom de Britannicus – Messaline est alors acclamée comme épouse de l’empereur et mère de son successeur. L’usage du carpentum lui permet d’être l’objet de tous les regards puisqu’elle est placée en hauteur, contrairement aux généraux ayant reçu les insignes du triomphe au cours de la campagne de Bretagne, obligés de se déplacer « à pied » – pedibus. Cet honneur dénote la position dominante de l’impératrice-mère et confirme le jugement de l’Octavie à son égard. Selon Cassius Dion, Messaline obtient également le droit d’occuper les sièges du premier rang lors des jeux [71]. La comparaison que l’auteur établit avec Livie est révélatrice : la première impératrice est un modèle pour les autres femmes impériales [72]. En tant que mère impériale, Messaline peut espérer l’égaler ; la concession de ces honneurs irait en ce sens.

14Autre privilège concédé à Livie et de son vivant, le titre d’Augusta[73]. En ce qui concerne Messaline, Cassius Dion est formel : Claude lui refuse la concession de ce titre [74]. L’auteur confirme ainsi les dires de Suétone sur la « simplicité » de cet empereur qui, à l’instar de Tibère, refuse que les membres de sa famille soient honorés dans des proportions démesurées de leur vivant [75]. Ainsi, il concède ce même titre à sa grand-mère Antonia, alors décédée depuis quelques années [76]. Cassius Dion est‑il sincère dans le cas de Messaline ? Francesca Cenerini rappelle fort justement la condamnation dont l’impératrice a fait l’objet et nous avons signalé à quel point elle a été efficace [77]. Plusieurs inscriptions désignent Messaline par le titre d’Augusta[78]. L’auteur, qui écrit presque deux siècles après les événements, voue une haine farouche à la troisième épouse de Claude, au point d’ajouter certains détails graveleux sur lesquels nous reviendrons. Dans son récit, la concession du titre d’Augusta est liée à la naissance de Britannicus. Le Sénat propose à Claude d’accorder ce titre prestigieux à son épouse pour honorer la mère du successeur. Cassius Dion reconnaît implicitement la haute position de Messaline depuis la mise au monde de son deuxième enfant. Nous pouvons alors en déduire une certaine allégresse au sein du peuple à l’occasion de cet événement. Le refus de Claude rappelle celui de Tibère devant les honneurs concédés par le Sénat à sa mère Livie [79]. Le prince éprouve-t‑il les mêmes craintes que son oncle devant la position de son épouse, première impératrice à mettre au monde un fils ? La suite des événements prouve que cette crainte était justifiée mais, en 43, Claude a toute confiance en son épouse dont le premier soin est de veiller sur la vie de son fils et de son époux. L’empereur ne permet‑il pas à Messaline de « prendre part » à son triomphe en utilisant le carpentum, réservé aux Vestales et à l’image des défuntes mères impériales lors des jeux ? La concession de ce titre prestigieux est selon nous fort probable : aurait‑elle été nommée ainsi à la légère dans les inscriptions qui nous restent ? L’exemple d’Agrippine la Jeune est selon nous instructif : dernière épouse de Claude, elle reçoit le titre d’Augusta en 50, au moment de l’adoption de son fils par l’empereur [80]. Ce privilège honore par conséquent une mère impériale. Britannicus est le fils naturel de Claude, contrairement à Néron ; Messaline est mieux placée que celle qui lui a succédé. Le récit de Cassius Dion est selon nous sujet à caution [81]. En effet, l’auteur a fréquenté la Cour des Sévères où les mères impériales ont joué un rôle notable. Ses portraits de Julia Maesa et de Julia Soaemias, grand-mère et mère d’Élagabal, rappellent ceux des Julio-Claudiennes, au point que Messaline partage plusieurs points communs, dont l’impudicité, avec la mère d’Élagabal [82]. D’après le récit de Cassius Dion, Messaline est indigne de cet honneur puisqu’elle se comporte comme une « prostituée » – πόρνη – au sein du palais impérial. Cependant, d’autres parties du récit prouvent que la jeune mère a tenu à être respectée comme mère du successeur de Claude. L’auteur accuse l’impératrice d’avoir fait exécuter Julia Livilla, sœur d’Agrippine la Jeune et nièce de Claude, pour des motifs futiles [83]. Cassius Dion place les verbes « honorer » – τιμάω – et « flatter » – κολακεύω – avant sa jalousie – ζηλῶ. Autrement dit, la « jalousie » intervient dans un deuxième temps. C’est bien l’insolence de la princesse qui déclenche les suspicions, traduites ici par la colère, de l’impératrice en place, Messaline. L’exil puis l’exécution de Livilla ont lieu en 41, quelques mois après la naissance de Britannicus. En tant que mère du successeur, l’impératrice attend le respect de la part des autres membres féminins de la famille impériale qu’elle a surpassés en mettant au monde un fils. C’est encore en tant que mère que Messaline réagit : Livilla, jeune, belle et de naissance illustre, réunit toutes les qualités pour prétendre à la main de Claude. L’impératrice a pu interpréter l’insolence de la princesse comme une menace à son égard ; aussi convainc-t‑elle son époux du bien-fondé de son accusation.

15La naissance de Britannicus quelques semaines après l’avènement de Claude a assuré la position de Messaline à la Cour. Les honneurs reçus ou proposés par le pouvoir impérial et le Sénat ont peut‑être été nombreux. Ces mêmes instances sont à l’origine de la condamnation de sa mémoire, mesure efficace au point d’avoir durablement ébranlé le rôle maternel de Messaline.

Maternité et érotisme

16La deuxième citation que nous avons utilisée au début de notre étude résume en quelques vers l’« héritage » que Messaline laisse à ses deux enfants selon les auteurs anciens. Pendant l’année 48, Valeria Messalina prend part à une conspiration contre la vie de son époux. La raison alléguée par nos auteurs est la volonté de l’impératrice d’épouser son amant, Caius Silius, issu des rangs de l’aristocratie. La « folie amoureuse » – furor – est à l’origine d’un comportement aussi extravagant – fabulosus[84]. Voici la version offerte par les auteurs anciens, depuis l’Octavie jusqu’à l’Epitome de Caesaribus[85]. La maternité de Messaline semble s’évaporer au fil des siècles. C’est pourtant à partir de son rôle de mère que la débauche de Messaline est construite puis amplifiée jusqu’à incarner, de nos jours encore, la luxure.

La mémoire de Messaline

17Nombreux sont les membres des dynasties impériales frappés par la condamnation de leur mémoire [86]. Cependant, Messaline est une des premières femmes impériales pour lesquelles nous ayons une description détaillée du processus : « […] ce fut la décision du sénat d’effacer son nom et ses images de tous les lieux privés et publics [87]. » En tant que mère impériale, Messaline a dû être honorée par un grand nombre de statues et d’inscriptions. Le peu qui nous en est parvenu atteste l’efficacité de la mesure en ce qui la concerne – rappelons également que les traits d’Agrippine ont bien souvent remplacé ceux de sa devancière par souci d’économie [88]. Il semble que l’auteur de l’Octavie respecte cette mesure en s’abstenant de citer le nom de l’impératrice : alors qu’Agrippine, victime de la même condamnation, est nommée une fois dans la pièce – lorsque les personnages sont présentés au début –, Messaline n’est jamais désignée que comme l’« épouse » – coniunx – du prince ou la « mère » – mater, genetrix, parens – de Britannicus et d’Octavie. Il est certain que le public de l’époque connaît Messaline, ce qui pourrait à première vue expliquer les périphrases la concernant [89]. Cependant, l’absence de son nom par rapport aux autres personnages de la pièce est selon nous une volonté de l’auteur pour lequel l’attitude de l’impératrice est inacceptable [90]. Notons que cette situation s’inverse dès le iie siècle : autant le nom de Messaline rythme le récit, autant le vocabulaire se rapportant à sa maternité diminue [91], comme si Messalina était incompatible avec mater, parens, genetrix. L’anonymat de l’impératrice est perceptible à travers la description de sa mort par Octavie : le sang de ses « blessures », répandu sur son visage, dissimule ses traits, de même que le burin efface irrémédiablement ceux de ses statues et le nom de l’impératrice-mère [92]. Octavie ne peut plus honorer l’image de sa mère.

18Les récits postérieurs à l’Octavie prouvent que le souvenir de Messaline est bien vivant, entretenu par les auteurs anciens, mais avant tout par les enfants de la défunte. De son vivant, l’impératrice avait pris soin de nouer des alliances dans plusieurs couches de la société romaine, dont l’armée. La garde prétorienne en particulier était l’objet de ses soins [93]. Ainsi, les deux préfets du Prétoire Rufrius Crispinus et Lusius Géta, fidèles de Messaline, ne prennent‑ils aucune part à son assassinat car Claude connaît leur dévouement envers son épouse [94]. La nouvelle impératrice, Agrippine, voit en eux un appui inconditionnel de Britannicus et d’Octavie, d’autant plus que certains prétoriens sous leurs ordres manifestent leur mécontentement devant le sort infligé au fils de Messaline [95]. Aussi persuade-t‑elle Claude de confier la préfecture du Prétoire à un seul homme, Burrus [96]. Cette fidélité à l’égard de l’impératrice défunte témoigne de l’entretien de sa mémoire dans un cercle restreint, celui de ses enfants, et en premier lieu de Britannicus. En effet, les proches du jeune prince lui rappellent qu’il est le fils de Claude et de Messaline, et, qu’à ce titre, il doit conserver la préséance sur son frère Néron [97]. Britannicus laisse éclater sa haine envers la remplaçante de sa mère en donnant à Néron le nom de Domitius, rappelant ainsi qu’il n’appartient pas aux Claudii par la naissance, contrairement à lui [98]. Que le fils de Messaline soit ou non l’auteur de cette offense, Agrippine y voit une menace envers son fils et obtient le renvoi des proches de Britannicus qui entretiennent chez ce dernier le souvenir de sa mère [99]. Nul doute que le jeune prince ait éprouvé un ressentiment amer, si ce n’est de la haine envers sa « marâtre » – nouerca. Ce terme imprègne le récit de Tacite en ce qui concerne Agrippine et rappelle d’une façon discrète l’occupation par cette dernière des fonctions de Messaline – en tant qu’épouse et que mère [100]. Britannicus fait même montre de piété filiale puisque sa « vengeance » – ulti – est envisagée par les assassins de Messaline qui secondent fidèlement la nouvelle impératrice pour placer Néron à la place de Britannicus à la tête de l’Empire [101]. Nous avons évoqué les larmes d’Octavie et de son frère à la mort de leur mère et la tendresse les unissant à cette dernière – tendresse s’opposant à la violence des sentiments éprouvés par Agrippine envers son fils et vice versa. Leurs soutiens ainsi que leur grand-mère Domitia Lepida ont pu les tenir au courant des agissements de leur mère en leur faveur [102]. Aussi Britannicus est‑il un « vengeur » tout désigné [103]. Il obtient par ailleurs un soutien inespéré en la personne de l’affranchi Narcisse, pourtant à l’origine, selon Tacite, de la chute de Messaline. C’est au nom du souvenir de cette dernière que l’affranchi conjure Britannicus de s’opposer à Néron et à sa mère : « […] il tendait les mains tantôt vers les dieux, tantôt vers Britannicus : “qu’il grandisse, qu’il chasse les ennemis de son père, qu’il se venge aussi des meurtriers de sa mère !” [104]. » À qui Britannicus doit‑il le soutien de Narcisse ? Peut-être à sa grand-mère Domitia Lepida. Tacite nous apprend que la mère de Messaline est accusée par Agrippine pour des motifs « futiles » et exécutée [105]. Outre les griefs d’Agrippine envers Lepida avancés par l’auteur, il nous semble judicieux d’avancer l’influence de la grand-mère de Britannicus sur ses petits-enfants et peut-être même sur Claude, avec lequel elle semble avoir gardé de bonnes relations. A-t‑elle tenté de s’opposer à Agrippine par l’intermédiaire de Néron, qu’elle chérit, et de Britannicus, au nom de la mémoire de sa fille ? Ceci est d’autant plus probable qu’elle serait devenue la grand-mère de l’empereur si Britannicus avait succédé à son père. Lepida est le dernier lien rattachant ses petits‑enfants à Messaline. Sa mort puis celle de Narcisse enlèvent toute protection aux enfants de l’impératrice défunte [106].

19Quel a été le rôle d’Octavie dans l’entretien de la mémoire de Messaline ? Seule la tragédie du même nom évoque ses liens avec sa mère, pour des raisons compréhensibles : Messaline est tenue pour responsable de la chute de sa famille [107]. Néanmoins, Octavie verse de nombreuses larmes sur sa disparition, larmes secrètes puisque la mémoire de sa mère a été condamnée. La jeune femme rend en quelque sorte les honneurs funèbres dus à sa mère défunte, telle Antigone ensevelissant le corps de son frère Polynice, condamné à rester exposé par le roi Créon [108]. Certes, Messaline n’a pas connu ce sort puisque son corps est confié à sa mère Lepida, mais l’emplacement de sa tombe nous est inconnu, ce qui contribue à l’oubli de son souvenir [109].

Les conséquences de la condamnation de la mémoire

20Britannicus disparu, sa sœur Octavie, quoique mariée à Néron, n’a aucune chance de réhabiliter la mémoire de sa mère, bel et bien condamnée – au sens propre avec le sénatus-consulte du Sénat ; au sens figuré à partir du récit de Tacite. Valeria Messalina n’est pas la première mère impériale accusée de conspirer contre le prince : la fille et les petites-filles d’Auguste ont « inauguré » cette participation féminine aux questions dynastiques [110]. Mais, contrairement à ses devancières, elle est l’épouse du prince en place. En tant que telle, la jeune femme a rempli son rôle en mettant au monde deux enfants, dont un fils, puis en veillant sur leurs intérêts. C’est en tant que matrone que Messaline acquiert un tel poids au sein de la Cour. Le pouvoir impérial est par conséquent embarrassé face à sa mémoire. Notre impératrice incarne le problème posé par la sexualité féminine. Cette sexualité est perçue de deux manières : une sexualité « admise » car contrôlée – au sein du mariage – et une sexualité que nous qualifierions de « transgressive » – les relations adultères notamment. En tant qu’épouse et mère, l’impératrice s’est comportée conformément à l’image de la femme ébauchée par la société romaine. Mais sa maternité s’est révélée pernicieuse dans le sens où elle s’est appuyée sur son état de mère pour justifier son influence et se placer hors du contrôle masculin – la débauche est interprétée comme étant l’un des résultats de la « liberté » laissée par le prince à son épouse [111]. Puisque le pouvoir impérial ne peut vilipender le statut de mère avec ses caractéristiques à travers Messaline [112], il ne lui reste qu’à « détourner » la maternité pour mieux accabler la mère impériale que fut l’épouse de Claude. La condamnation de sa mémoire offre un excellent tremplin : dès le règne de Vespasien, l’impératrice devient une référence en matière de débauche [113].

21Nous avons signalé l’évolution caractérisant le vocabulaire de la maternité en ce qui concerne Messaline : contrairement à Livie et à Agrippine la Jeune, mères « éternelles » – ces deux femmes sont mères d’empereur, ce que Messaline n’a pu être, et nos sources ont largement insisté sur cet état, avec tous les défauts que cela suppose puisqu’elles se sont appuyées sur ce statut pour exercer une influence pesante – Messaline, mère prodigue, se transforme en « prostituée impériale » – meretrix Augusta. Cependant, le champ lexical de la maternité n’est jamais loin. Dans sa satire sur les femmes, Juvénal, dans les quelques vers qu’il consacre à Messaline, évoque de prime abord son statut d’épouse impériale – Augusta, Claudii uxor[114]. Ce puissant statut est notamment souligné par la mention du lit impérial – Palatino cubili vers 117 – lieu occupé par Messaline pendant son mariage avec Claude et « convoité » par ses rivales [115]. En insistant sur son statut à la Cour, Juvénal accable l’impératrice, coupable de fréquenter les maisons closes – lupanar, vers 121. Il utilise le même procédé quant à son rôle de mère : « Alors, les seins maintenus par une résille d’or, elle se prostitue […] et montre ce ventre qui t’a porté, généreux Britannicus [116]. » Juvénal cite expressément les seins – papillis – ainsi que le ventre – uenter – de Messaline, deux parties du corps liées à des actes maternels, l’allaitement et la grossesse [117]. Les « lieux » de la maternité prennent ici une connotation érotique : en tant que matrone, Messaline doit cacher son corps aux yeux d’autrui, notamment par le port de la stola et de la palla[118]. Or, la résille d’or – papillis auratis – maintenant sa poitrine attire l’attention sur cette partie qui doit rester cachée mais peut-être également sur son statut impérial – l’or étant une matière précieuse [119]. Le « ventre » de Messaline est tout aussi symbolique puisque c’est là qu’elle a porté son fils, le successeur de Claude. Agrippine ne dit pas autre chose lorsqu’elle désigne son ventre – uterus – au soldat chargé de l’exécuter [120]. Exposer ou menacer cette partie du corps impérial féminin est particulièrement grave. L’interpellation de Britannicus est une autre allusion à la maternité de Messaline, cette maternité qui conforte sa position à la Cour – Juvénal ne prend pas la peine de citer Octavie. Notons au passage qu’il ne met nullement en doute la paternité de Claude [121]. Par son attitude, l’impératrice oublie sa condition d’épouse et surtout de mère, comme ses devancières avant elle. Par contre, elle veille à adopter une tenue respectable pour son amant et futur époux Caius Silius : le voile nuptial – flammeolo Tyrius vers 334 – recouvre sa chevelure et une partie de son corps [122]. Messaline renverse sciemment les normes établies. La description de Juvénal est immanquablement reprise par les auteurs postérieurs qui expriment alors le danger qu’elle fait peser sur la société entière : non contente d’offrir son corps aux regards d’autrui, elle « force » les femmes de la Cour à faire de même [123]. La restauration des mœurs prônée par Auguste est ébranlée par son arrière-petite-nièce. À travers ce portrait, les auteurs anciens visent l’influence exercée par les femmes impériales, souvent mères, influence qui les pousserait à multiplier les liaisons adultères expressément défendues par la législation augustéenne. La succession héréditaire est déconsidérée.

22L’adultère de Messaline avec Caius Silius devient une banale affaire de mœurs selon ces mêmes auteurs. Pourtant, les allusions à la maternité de l’impératrice demeurent à ce stade du récit. Juste avant d’aborder le début de leur idylle, Tacite vient d’évoquer Néron et sa mère Agrippine [124]. En effet, la vue de Néron suscite l’enthousiasme du peuple, car il est le petit-fils de Germanicus [125]. Le fils du couple impérial est subitement éclipsé. Si Néron est la seule « postérité masculine » de Germanicus, Britannicus est celle de Claude, l’empereur en place [126]. Le jeune prince est un atout de taille pour Silius. Victime bientôt consentante de l’impératrice, Silius propose à sa maîtresse l’adoption de Britannicus : « Quant à lui, sans épouse, sans enfants, il était prêt à adopter Britannicus. Messaline détiendrait le même pouvoir […] s’ils devançaient Claude [127]. » L’accord de l’impératrice-mère est interprété comme une autre preuve de sa « folie » – furor. En réalité, ce plan ingénieux explique la réaction vigoureuse de Claude vis‑à-vis de la conspiration. En se servant de leur fils, Messaline a directement menacé son époux. Sa maternité s’est révélée pernicieuse. Le pouvoir impérial n’a d’autre choix que de déformer les motifs qui ont poussé la jeune femme à agir : les craintes pour les droits de son fils [128].

Adultères et rivalités à la Cour impériale

23Il est notable que les actes d’Agrippine sont semblables à ceux de sa devancière [129]. Comme elle, Agrippine complotera contre son époux avec l’aide de quelques fidèles pour assurer la succession à son fils. La rivalité Messaline-Agrippine a pour enjeu l’occupation de la première place à la Cour et l’assurance de voir leur fils succéder à Claude. Pour atteindre ce but, toutes deux se seraient livrées à la débauche pour y parvenir [130]. Cette attitude aurait été facilitée par l’absence de contrôle de Claude sur le comportement de ses épouses. Selon Suétone, sa première épouse, Plautia Urgulanilla, mère de Drusus et de Claudia, a été répudiée pour cause d’adultère [131]. Le futur empereur a par conséquent agi conformément à la législation augustéenne, stipulant le renvoi de l’épouse. L’adultère de Messaline est puni au même titre que le précédent. Claude accueille la nouvelle de l’adultère d’Agrippine avec un air presque désabusé : « Toutes mes épouses sont impudiques, mais non impunies [132]. » Claude admet‑il son incapacité à contrôler le comportement de ses épouses ? L’accusation d’adultère parmi les membres de la famille impériale concerne souvent des mères. En effet, elles sont en nombre au sein de la Cour. Leur opposition remonte aux débuts de la dynastie : selon Sénèque, Octavie haïssait Livie depuis la mort de son fils Marcellus, car elle craignait l’avancement du fils de sa « rivale », Tibère [133]. L’inimitié entre Agrippine l’Aînée et Claudia Livia Julia avait pris des proportions inquiétantes et toutes deux finirent exécutées. Le règne de Caligula s’est terminé dans un bain de sang : l’impératrice Milonia Caesonia et sa fille sont exécutées en même temps que l’empereur [134]. Les femmes impériales ne sont plus à l’abri d’un meurtre. La Cour de Claude est composée de plusieurs mères impériales que Messaline doit tenir en respect pour éviter un sort funeste. Nous avons déjà eu l’occasion de mentionner certaines d’entre elles. Les méthodes de l’impératrice-mère pour les neutraliser diffèrent : dans le cas de sa belle-fille Antonia, mère éventuelle, le mariage avec un homme « inoffensif » est envisagé. Après avoir réussi à écarter son premier époux, Messaline et Claude la marient avec le frère utérin de l’impératrice, Cornelius Faustus Sylla. Le couple a un fils qui ne semble guère gêner Messaline [135]. Antonia est par conséquent inoffensive. Il en va tout autrement pour les nièces de Claude, descendantes directes d’Auguste et de Livie. En 43, Messaline obtient la mise à mort de Julie, fille de Claudia Livia Julia et petite-fille de Tibère. Les motifs avancés sont toujours aussi « futiles », mais Cassius Dion compare son sort à celui de Julia Livilla, sœur d’Agrippine la Jeune [136]. Nous avons vu que cette dernière se montrait insolente envers l’impératrice alors mère du successeur de Claude. Julie avait deux fils, dont Rubellius Plautus, descendant d’Auguste par les femmes [137]. A-t‑elle fait preuve d’imprudence ? Dans tous les cas, il était impossible de l’écarter de la même façon qu’Antonia, aussi Messaline a‑t‑elle pris les devants en l’accusant peut-être d’adultère. Le cas de Julia Livilla est quelque peu différent puisqu’elle n’a pas d’enfants. Mais ses atouts sont considérables : arrière‑petite-fille d’Auguste, fille de Germanicus, mariée à un homme peu ambitieux – Marcus Vinicius – Livilla est encore jeune. Le récit de Cassius Dion est clair sur ses intentions : se faire épouser de Claude malgré l’existence de Messaline et de son fils. Cette attitude est d’autant plus probable que sa sœur Agrippine fait de même : d’après Tacite, la mère de Néron a su gagner les faveurs de son oncle dès la mort de Messaline [138]. Selon nous, Agrippine s’est révélée une adversaire plus redoutable que les deux Julie ; leur rivalité perdure d’ailleurs à travers leur fils respectif. Quels étaient donc les atouts d’Agrippine ? Son illustre naissance est le seul point commun qu’elle partage avec sa sœur Livilla. En effet, Agrippine est veuve en 48 et surtout mère d’un fils. Ses soutiens paraissent être solides car Claude lui-même en fait partie : d’après Suétone, la faveur dont jouit Agrippine ne cesse de grandir depuis son rappel d’exil par le prince. Le sort de Livilla l’incite à la prudence mais une partie de sa bonne fortune rejaillit sur son fils, acclamé, comme nous l’avons vu, par le peuple. C’est à ce moment que Messaline prend peur [139]. Qu’il s’agisse d’écarter Néron ou sa mère, l’impératrice se heurte probablement à l’opposition de son époux. Claude a‑t‑il considéré l’ascendance à la fois julienne et claudienne d’Agrippine ? Craint‑il l’opposition d’une partie du Sénat ? Les études modernes attribuent le comportement de Messaline à la peur de voir les droits à la succession de son fils lésés par Néron [140]. L’impératrice est menacée dans son rôle de mère et c’est en tant que telle qu’elle va participer à une conspiration contre la vie de son époux. Malgré le parti pris de nos auteurs à son sujet, la cohérence de ses actes transparaît : elle fait ainsi preuve de courage et de fermeté pour affronter la colère de Claude et le supplie d’entendre « la mère d’Octavie et de Britannicus » – Octauiae et Britannici matrem[141]. L’impératrice victime du furor parvient à se rappeler de ses enfants pour émouvoir son époux. Cependant, sa participation à un complot contre la vie de l’empereur est encore plus grave que celle d’autres mères impériales. Chargée du même crime que ses « victimes » – l’adultère – Messaline est exécutée alors que ses devancières ont connu l’exil dans un premier temps. La rigueur du châtiment et du décret condamnant sa mémoire – fidèlement suivi comme nous l’avons vu – témoigne une fois de plus du rôle central de Valeria Messalina au sein de la Cour impériale pendant huit années. Agrippine la surpasse pourtant en puissance : ses traits remplacent ceux de son ennemie ; son statut de mère marque les esprits au point que son meurtre sur l’ordre de son propre fils choquera durablement ses contemporains.

24Messaline s’appuie avant tout sur son statut d’impératrice-mère pour justifier son influence. Sa conduite est par conséquent conforme à ce que nous connaissons de la mère romaine, dont le rôle est de conseiller adroitement ses fils dans leur carrière. En tant que mère du successeur de Claude, son portrait accompagné de celui de son fils est diffusé à travers l’Empire. La conspiration à laquelle elle prend part aux côtés de Caius Silius révèle à quel point Messaline pouvait menacer le pouvoir impérial. Ce dernier ne pouvant s’en prendre à la maternité puisqu’elle est un fondement de la société romaine, particulièrement remis en valeur sous Auguste, il la « détourne » en faisant de la sexualité de Messaline une sexualité transgressive. La mère attentive et aimante fait place à la meretrix Augusta. Dès lors, son exécution puis la condamnation de sa mémoire vont de soi et les auteurs anciens y participent activement. Proches du Sénat, ils expriment leur amertume vis‑à-vis de la succession impériale ; même si Auguste et ses successeurs se sont gardés de la présenter comme étant héréditaire, la dévolution de l’Empire au sein d’une même famille n’a jamais été acceptée par les membres de la haute noblesse, comme l’attestent les nombreuses conspirations qui ont égréné l’histoire impériale. Attaquer les femmes impériales, et par-dessus tout les mères d’empereurs, fait partie d’une stratégie visant à discréditer les empereurs dont les rapports avec le Sénat furent tendus.

25Ce contre-modèle en inspire d’autres dans la suite de l’histoire impériale, pour les mêmes raisons. Les impératrices-mères sont toujours aussi mal vues car tenues pour responsables des excès de leur(s) fils. Ainsi, Faustine la Jeune, épouse de Marc Aurèle et mère de Commode, est‑elle notoirement connue pour son goût « immodéré » pour les gladiateurs [142]. Or, Faustine est la deuxième impératrice à donner un fils à son époux sous son règne. Sa conduite aurait poussé les proches de Marc Aurèle à lui conseiller la répudiation, ce que l’empereur refuse : « Si nous renvoyons l’épouse, il faut rendre aussi la dot [143]. »

Notes

  • [1]
    Je voudrais remercier Stéphane Benoist pour sa relecture critique et ses suggestions. Les erreurs qui subsistent sont les miennes.
  • [2]
    Octavie, v. 946-949 : « quelle ne fut pas jadis la puissance de ta mère, qui dirigea le palais du prince, chérie par son époux et puissante par ses maternités ? » (traduction de l’auteure).
  • [3]
    Juv. Sat. VI. v. 122-124 : « alors, les seins maintenus par une résille d’or, elle se prostitue sous le nom mensonger de Lycisca et montre ce ventre qui t’a porté, généreux Britannicus » (traduction de l’auteure).
  • [4]
    Se reporter à la première citation. Au sujet de la datation de la tragédie prétexte Octavie, voir Rolando Ferri, Octavia. A Play Attributed to Seneca, Cambridge, New York, Cambridge University Press, 2003, p. 8 ; Octavia Attributed to Seneca, texte établi et traduit par Anthony James Boyle, Oxford, New York, Oxford University Press, 2008, p. 14-16.
  • [5]
    Sur cet aristocrate, Francesca Cenerini, « Messalina e il suo matrimonio con C. Silio », in Anne Kolb (dir.), Augustae. Machtbewusste Frauen am roemischen Kaiserhof ?, Herrschaftsstrukturen und Herrschaftspraxis, II, Akten der Tagung in Zürich 18-20. 9. 2008, Berlin, Akademie Verlag, 2010, p. 179-192.
  • [6]
    Plin. Hist. Nat. X. 63. 172 ; Tac. Ann. XI. 12, 26-31 ; Juv. Sat. VI. v. 115-132 et X. v. 330-344.
  • [7]
    Voir Sandra R. Joshel, « Female Desire and the Discourse of Empire : Tacitus’s Messalina », in Judith P. Hallett and Marilyn B. Skinner (edd.), Roman Sexualities, Princeton, Princeton University Press, 1997, p. 221-254.
  • [8]
    Sur ces dernières, Anthony A. Barrett, Livia : First Lady of Imperial Rome, New Haven et Londres, Yale University Press, 2002 ; Anthony A. Barrett, Agrippina : Sex, Power and Politics in the Early Empire, Londres, Routledge, 1996 (dont l’un des chapitres s’intitule « Mother », p. 143-180) et María-José Hidalgo de La Vega, « Mujeres, familia y sucesión dinástica : Julia, Livia y las dos Agripinas », in Francisco Rodríguez Adrados (dir.), Actas del IX Congreso Español de Estudios Clásicos : Madrid, 27 al 30 de septiembre de 1995, vol. 6 : Historia y Arqueología, Madrid, Ediciones Clásicas, 1998, p. 131-140.
  • [9]
    À ce sujet, Susan E. Wood, « Messalina, Wife of Claudius : Propaganda Successes and Failures of his Reign », Journal of Roman Archaeology, 5, 1992, p. 219-234 et Susan E. Wood, Imperial Women : A study in Public Images, 40 BC-AD 68, Leyde, Boston, Brill, 1999.
  • [10]
    Toutes les dates se situent après J.‑C., sauf indication contraire.
  • [11]
    C’est également le cas pour Livie et Agrippine la Jeune. Messaline a ses « spécificités » : morte très jeune (avant l’âge de trente ans) sa mémoire est condamnée après son exécution (très peu de traces nous sont restées d’elle, contrairement à Agrippine, victime de cette même condamnation).
  • [12]
    Caligula a été assassiné avec son épouse Milonia Caesonia et leur fille, Julia Drusilla.
  • [13]
    Selon Suet. Claud. X, les prétoriens ont salué Claude empereur. Le Sénat s’incline devant ce choix.
  • [14]
    Nous empruntons cette expression à l’article de Judith P. Hallett, « Cornelia and Her Maternal Legacy », Helios, 33, 2, 2006, p. 119-147. Cornélie est l’exemple même de la mère romaine exemplaire. Une statue est érigée en son honneur à Rome. Lorsqu’elle refuse de se remarier après la mort de son époux, Cornélie apparaît comme une matrone se souciant exclusivement de l’éducation de ses jeunes enfants. Cette femme est par conséquent un modèle pour les femmes impériales, au point d’être encore honorée au ive siècle par un auteur chrétien, saint Jérôme. À ce sujet, Beatrice Girotti, « Le madri modello : Cornelia, Aurelia, Azia. Su Tacito, Dialogus de Oratoribus, 2, 28-29 e sul "recupero" del passato da parte di San Gerolamo », in Francesca Cenerini e Francesca Rohr Vio (dir.), Matronae in domo et in re publica agentes : spazi e occasioni dell’azione femminile nel mondo romano tra tarda repubblica e primo impero. Atti del convegno di Venezia, 16-17 ottobre 2014, Trieste, Edizioni Università di Trieste, 2016, p. 339-349.
  • [15]
    Tac. Ann. XI. 38 : iuuitque obliuionem eius senatus censendo nomen et effigies priuatis ac publicis locis demouendas. « Et ce qui aida Claude à oublier Messaline fut la décision du Sénat d’effacer son nom et ses images des lieux publics et privés » (traduction de l’auteure). Sur les effets de cette condamnation en ce qui concerne Messaline, se reporter à Eric R. Varner, Mutilation and Transformation : damnatio memoriae and Roman Imperial Portraiture, Leyde, Boston, Brill, 2004, p. 95-96 et à Harriet I. Flower, The Art of Forgetting. Disgrace & Oblivion in Roman Political Culture, Chapell Hill, The University of North Carolina Press, 2006, p. 182-185.
  • [16]
    Dernière épouse de Claude et mère de son successeur Néron.
  • [17]
    Quelques lignes de ces Mémoires sont consultables dans Cornell T. J. (ed.), The Fragments of the Roman Historians, t. II, Oxford, Oxford University Press, 2013, p. 996-999. Sur les Mémoires d’Agrippine, voir Alessandra Lazzeretti, « Riflessioni sull’opera autobiografica di Agrippina Minore », Studia Historica. Historia Antigua, 18, 2000, p. 177-190. Sur le remplacement des traits de Messaline dans certains groupes statuaires, Christine Hoët-Van Cauwenberghe, « Les princesses de la famille impériale et le Péloponnèse sous les Julio-Claudiens », in Catherine Grandjean (dir.), Colloque de Tours. Le Péloponnèse d’Épaminondas à Hadrien, Bordeaux, Ausonius, 2008, p. 121-144. Voir également Harriet I. Flower, The Art of Forgetting, op. cit. (n. 15), p. 189.
  • [18]
    À ce sujet, Suzanne Dixon, The Roman Mother, Londres, New York, Routledge, 1988, p. 71-77 ; María-José Hidalgo de La Vega, « Maternidad y poder político : las princesas Julio-Claudias », in Rosa María Cid López (dir.), Madres y maternidades, construcciones culturales en la civilización clásica, Oviedo, KRK, 2009, p. 185-215 ; et Judith P. Hallett, « Women in Augustan Rome », in Sharon L. James and Sheila Dillon (dir.), A Companion to Women in the Ancient World, Malden, Wiley-Blackwell, 2012, p. 372-384.
  • [19]
    Sur l’utilisation de l’adultère par le pouvoir impérial pour couvrir l’implication politique des membres féminins de la famille impériale, Garrett G. Fagan, « Messalina’s Folly », The Classical Quaterly, 52, 2, 2002, p. 566-579 ; María-José Hidalgo de La Vega, « Esposas, hijas y madres imperiales : el poder de la legitimad dinástica », Latomus, 62, 2003, p. 47-72 et « Princesas imperiales virtuosas e infames en la tradición de la corte romana », in Paolo Desideri, Sergio Roda, Anna Maria Biraschi, Andrea Pellizzari (dir.), Costruzione e uso del passato storico nella cultura antica : atti del convegno internazionale di studi, Firenze, le 18-20 settembre 2003, Alexandrie, Edizioni dell’Orso, 2007, p. 387‑410.
  • [20]
    C’est le cas de Faustine la Jeune (épouse de Marc Aurèle et mère de Commode) et de Julia Domna (épouse de Septime Sévère et mère de Caracalla et Géta).
  • [21]
    Les règnes de Commode et de Caracalla sont une preuve, selon nos auteurs, du caractère néfaste de la succession héréditaire. L’auteur de l’Histoire Auguste, qui écrit au ve siècle, est formel, Sev. XX. 4 : et reputanti mihi, Diocletiane Auguste, neminem facile magnorum uirorum optimum et utilem filium reliquisse satis claret. « Et, à y bien réfléchir, Dioclétien Auguste, il m’apparaît qu’il n’y a pratiquement aucun des grands hommes qui ait laissé un fils parfait et utile à l’État » (traduction d’André Chastagnol, Robert Laffont, 1994). Notons que Faustine et Julia Domna, dont les mœurs sont loin d’être exemplaires, sont accusées de conspiration contre la vie de leur épouxrespectif, HA. Marc. XXIV. 6 dans le cas de Faustine ; Sev. XVIII. 8 pour Julia Domna.
  • [22]
    L’âge des Romaines au mariage est, sans surprise, précoce. À ce sujet, voir Suzanne Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 30-31 ; Aline Rousselle, « La politique des corps. Entre procréation et continence à Rome », in Georges Duby et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, t. I, sous la direction de Pauline Schmitt Pantel, L’Antiquité, Paris, Perrin, 2002, p. 385 sq.
  • [23]
    Sur l’écart d’âge entre les conjoints, Suzanne Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 30.
  • [24]
    Sa propre fille Octavie devient impératrice à un âge encore plus tendre mais ne tiendra jamais le même rôle que sa mère. Nous ignorons l’âge des trois épouses d’Élagabal et celui de Sallustia Orbiana, femme d’Alexandre Sévère.
  • [25]
    Sur la notion de cet héritage, voir Judith P. Hallett, « Cornelia and Her Maternal Legacy », art. cit. (n. 14).
  • [26]
    À en juger par les représentations sculpturales et monétaires des deux impératrices concernées, elles incarnent la mère romaine par excellence. Les écrits des iers siècles avant et après J.‑C. louent la figure maternelle et bienveillante de Livie, contrairement à celle d’Agrippine. Dès le iie siècle, toutes deux incarnent des contre-modèles.
  • [27]
    Suzanne Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 210-215, a évoqué l’héritage que toute mère était susceptible de laisser à sa ou ses filles. Judith Hallett revient quant à elle sur celui d’une Romaine en particulier, Cornélie, mère de Tiberius et de Caius Gracchus. La question de la maternité en Grèce antique et à Rome a connu un réel essor ces dernières décennies. Citons entre autres Rosa María Cid López (dir.), Madres y maternidades, construcciones culturales en la civilización clásica, Oviedo, KRK, 2009 ; Rosa María Cid López (dir.), Maternidad/es : representaciones y realidad social. Edades antigua y media, Madrid, Almudayna, 2010 ; Lauren Hackworth Petersen and Patricia Salzman‑Mitchel (dir.), Mothering and Motherhood in Ancient Greece and Rome, Austin, University of Texas Press, 2012.
  • [28]
    Tac. Ann. XII. 64 : nec forma, aetas, opes multum distabant ; et utraque impudica, infamis, uiolenta. « Elles rivalisaient par la beauté, l’âge et les richesses ; toutes deux étaient impudiques, infâmes et violentes » (traduction de l’auteure). Domitia Lepida est ici comparée à Agrippine, mais ses « vices » (uitia) peuvent s’appliquer à sa propre fille.
  • [29]
    Tac. Ann. XII. 64.
  • [30]
    Auguste rappelle l’illustre ascendance de Messaline dans l’Apocoloquintose de Sénèque, XI. 1 : tu Messalinam, cuius aeque auunculus maior eram quam tuus, occidisti. « Toi, tu as tué Messaline, dont j’étais le grand-oncle aussi bien que le tien » (traduction de l’auteure).
  • [31]
    Cet héritage peut être résumé par le célèbre adage « telle mère, telle fille ». C’est de cette manière qu’Elaine Fantham, Julia Augusti, the Emperor’s Daughter, Londres, Routledge, 2006, p. 108, qualifie le portrait de Julie l’Aînée et de sa fille dans le récit des auteurs anciens. Julie la Jeune fut en effet accusée d’adultère et exilée sur une île comme sa mère avant elle. La Messaline de Tacite et de Cassius Dion est affublée des tria uitia tyranniques que sont l’auaritia, la saeuitia et la libido. À ce sujet, Cesare Questa, « Messalina meretrix Augusta », in Renato Raffaelli (dir.), Vicende e figure femminile in Grecia e a Roma : atti del convegno Pesaro 28-30 aprile 1994, Ancône : Commissione per le pari opportunità tra uomo e donna della Regione Marche, 1995, p. 399‑423 ; María‑José Hidalgo de La Vega, « La imagen de la “mala” emperatriz en el Alto Imperio : Mesalina, meretrix Augusta », Gerión, vol. extra, 1, 2007, p. 395-409. Sur le portrait des épouses de Claude dans nos sources, Anne-Claire Michel, La Cour sous l’empereur Claude : les enjeux d’un lieu de pouvoir, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2015, p. 274-277.
  • [32]
    Messala Barbatus appartient à l’une des plus anciennes gentes romaines, celle des Valerii. Nous renvoyons à Cyrielle Landrea, « Un patricien au service du prince et de la res publica ? M. Valerius Messala Messallinus (cos. 3 av. J.‑C.) », Revue Historique, 659, 2011, p. 561-588 et Cyrielle Landrea, « M. Aurelius Cotta Maximus Messallinus : un noble sous les Julio-Claudiens », Mélanges de l’École française de Rome - Antiquité, 123, 2, 2011, p. 557-579.
  • [33]
    La famille nucléaire est le modèle idéal mais la réalité est bien plus complexe. À ce sujet, Suzanne Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 13-15. Livie et Antonia ont recueilli les enfants d’Agrippine l’Aînée et de Germanicus, Suet. Calig. X ; Claude a également été élevé par sa mère et sa grand-mère, Dio. LX. 2. 5.
  • [34]
    Tac. Ann. XI. 37 : quae [Lepida] florenti filiae haud concors supremis eius necessitatibus ad miserationem euicta erat. « En froid avec sa fille pendant que cette dernière menait une vie prospère, Lepida avait été vaincue par la pitié dans cette situation critique [la chute de Messaline] » (traduction de l’auteure).
  • [35]
    Nous utilisons les guillemets car il est évident que ce terme est connoté négativement. En effet, cette jalousie « féminine » est suscitée par la beauté et la jeunesse d’une rivale.
  • [36]
    Dio. LX. 8. 5 : αὕτη μὲν γὰρ τὴν Ἰουλίαν τὴν ἀδελφιδῆν αὐτοῦ, ὀργισθεῖσα τε ἅμα ὅτι μήτε ἐτιμᾶτο ὑπ’ αὐτῆς μήτε ἐκολακεύετο, καὶ ξηλοτυπήσασα ὄτι περικαλλής τε ἧν καὶ μόνη τῷ Κλαυδίῳ πολλάκις συνεγίγνετο. « Messaline fit exiler Julie, nièce de Claude ; non seulement elle était en colère contre elle parce qu’elle ne l’honorait ni ne lui témoignait de respect, mais elle était aussi jalouse car Julie était très belle et se retrouvait souvent seule avec Claude » ; 18. 4 : τήν τε Ἰουλίαν τὴν τοῦ Δρούσου μὲν τοῦ Τιβερίου παιδὸς θυγατέρα […] ξηλοτυπήσασα ὥσπερ καὶ τὴν ἑτέραν, ἀπέσφαξε. « Messaline fit également exécuter Julie, la fille de Drusus […] car elle était jalouse d’elle, de la même manière qu’elle l’avait été de l’autre Julie » (traductions à partir de celles de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011). Les deux Julie sont cousines et apparentées au couple impérial.
  • [37]
    Dans la famille impériale, les mères exemplaires sont incarnées par Octavie et sa fille Antonia la Jeune, respectivement sœur et nièce d’Auguste. Dans sa Vie d’Antoine, Plutarque présente Antonia comme étant le résultat de l’éducation rigoureuse reçue par sa mère, LXXXVII. 6 : […] τὴν δὲ σωφροσύνῃ καὶ κάλλει περιβόητον Ἀντωνίαν. « […] l’autre [Antonia], célèbre par sa sagesse et sa beauté » (traduction de Robert Flacelière et Émile Chambry, Robert Laffont, 2001).
  • [38]
    Tac. Ann. XII. 64 : nam Lepida blandimentis ac largitionibus iuuenilem animum deuinciebat, truci contra ac minaci Agrippinae, quae filio dare imperium, tolerare imperitantem nequibat. « En effet, Lepida s’attachait cette jeune âme [Néron] par des cajoleries et des cadeaux, alors que ce n’était que menaces et sévérité chez Agrippine, laquelle, si elle donnait l’empire à son fils, ne pouvait supporter qu’il en soit le maître » (traduction de l’auteure).
  • [39]
    Tac. Ann. XI. 38 : […] filios maerentis ; Ann. XII. 9 : […] arte eorum quis ob accusatam Messalinam ultio ex filio timebatur. « […] La tristesse de ses enfants » ; « […] grâce aux accusateurs de Messaline qui craignaient la vengeance de son fils » (traduction de l’auteure).
  • [40]
    Almudena Domínguez Arranz, « La mujer y su papel en la continuidad del poder. ¿ Iulia Augusti, una mujer incómoda al regimen ? », in Almudena Domínguez Arranz (dir.), Mujeres en la Antigüedad Clásica : género, poder y conflicto, Madrid, Sílex ediciones, 2010, p. 155-186 ; Genevieve Liveley « Mater Amoris : Mothers and Lovers in Augustan Rome », in Lauren Hackworth Petersen and Patricia Salzman-Mitchel (dir.), Mothering and Motherhood in Ancient Greece and Rome, Austin, University of Texas Press, 2010, p. 185-203 ; Margaret L. Whoodhull, « Imperial Mothers and Monuments in Rome », in Lauren Hackworth Petersen and Patricia Salzman‑Mitchel (dir.), Mothering and Motherhood in Ancient Greece and Rome, Austin, University of Texas Press, 2012, p. 225-251.
  • [41]
    Au sujet de cette assimilation, Tomasz Mikocki, Sub specie deae. Les impératrices et princesses romaines assimilées à des déesses, Étude iconologique, Rome, Giorgio Bretschneider Editore, 1995, p. 20-22, 44, 48‑49 ; Diana E. E. Kleiner et Susan B. Matheson, I Claudia. Women in Ancient Rome, Austin, University of Texas Press, 1996, p. 65 ; Susan Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 112-113 et 301.
  • [42]
    Suet. Claud. XII ; Dio. LX. 12. 5 ; et LXI. 30. 6a.
  • [43]
    Suet. Claud. XI. Claude n’a jamais été adopté dans la gens Iulia, contrairement à Tibère et à Caligula. Écarté des offices publics, ce n’est que tardivement qu’il est nommé consul. Son arrivée au pouvoir, « ratifiée » dans un second temps par le Sénat, doit par conséquent être consolidée en insistant sur ses liens avec le fondateur, notamment par le biais de Livie, sa grand-mère, épouse puis fille adoptive d’Auguste après la mort de ce dernier. Son propre frère Germanicus avait été adopté par Tibère sur les instances du premier prince. Enfin, rappelons que sa mère, Antonia la Jeune, est la nièce d’Auguste.
  • [44]
    Mère de cinq enfants, dont Lucius et Caius, les héritiers d’Auguste, elle a fidèlement suivi la législation mise en place par son père.
  • [45]
    Il s’agit du deuxième fils de Claude ; le premier, fils de Plautia Urgulanilla, est décédé accidentellement selon Suet. Claud. XXVII. Nombreux sont les empereurs manifestant leur joie lors de la naissance d’enfants impériaux : Tac. Ann. II. 84 pour Tibère à la naissance de ses petits-fils de surcroît jumeaux ; XV. 23 pour Néron après la naissance de sa fille Claudia Augusta. La joie exprimée par un empereur lors de ces naissances est toujours mal jugée par nos auteurs car il est nécessaire pour celui qui dirige l’Empire de se contrôler.
  • [46]
    RIC Claude 115. Voir à ce sujet Barbara M. Levick, Claude, Gollion, Infolio Éditions, 2002, p. 79.
  • [47]
    Suet. Claud. XXVII : Britannicum, uicesimo imperii die inque secundo consulatu natum sibi, paruulum etiam tum et militi pro contione manibus suis gestans et plebi per spectacula gremio aut ante se retinens assidue commendabat (traduction de l’auteure).
  • [48]
    Anthony A. Barrett, Agrippina, op. cit. (n. 8), p. 56, émet la même opinion pour Agrippine : la naissance d’un fils, le futur Néron, assurait sa position au sein de la famille impériale. Son frère Caligula n’avait toujours pas d’enfants. Mettre au monde un deuxième fils aurait pu engendrer de nouvelles difficultés comme le prouvent les dissensions entre les frères aînés d’Agrippine, héritiers de Tibère, Tac. Ann. IV. 60.
  • [49]
    Suzanne Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 215. Le père décide cependant en dernier ressort.
  • [50]
    Octavie, v. 261 : oblita nostri.
  • [51]
    Sur ces fiançailles, Suet. Claud. XVII.
  • [52]
    Dio. LXI. 29. 6a. Sénèque attribue cette exécution au seul Claude, Apocol. XI. 2.
  • [53]
    Dio. LXI. 30. 6a : ἣν Κοπνηλίῳ Φαύστῳ Σύλλᾳ ἀδελπῷ τῆς Μεσσαλίνης ὄντι μετὰ τὸν τοῦ Μάγνου συυᾡκισε θάνατον. « […] Antonia, qu’il avait mariée au frère de Messaline, Cornelius Faustus Sylla, après la mort de Magnus » (traduction à partir de celle de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011). Le couple aura un fils, Suet. Claud. XII. La rupture d’une union est chose courante au sein de la société romaine.
  • [54]
    Les études modernes attribuent ainsi à Livie un certain rôle dans la négociation du mariage de son fils avec Julie, la fille unique d’Auguste. Pour mener à bien ce projet, Tibère doit divorcer de Vipsania Agrippina à laquelle il est sincèrement attaché, Suet. Tib. VII.
  • [55]
    Sur cette statue, Susan E. Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 276, 279-280.
  • [56]
    Des tétradrachmes, émis en 43-44, représentent Messaline au revers (RIC Claude 124). Identifiée par son nom (Mεσσαλîνα) l’impératrice tient deux petites figurines dans sa main droite et deux épis de blé dans la gauche, emblème de Cérès. Sur le camée, Messaline est entourée de ses deux jeunes enfants. L’on hésite toujours sur l’identité de la femme impériale représentée sur le camée. Sur ces hésitations, se reporter à Susan E. Wood, « Messalina, Wife of Claudius », art. cit. (n. 9) et à Tomasz Mikocki, Sub specie deae, op. cit. (n. 41), p. 44. Nous possédons également une monnaie représentant la seule Messaline à l’avers, Octavie, Britannicus et leur demi‑sœur Antonia au revers (BMC 242).
  • [57]
    Tac. Ann. XI. 31 : ipsa [Messalina] crine fluxo thyrsum quatiens. « La chevelure flottante, Messaline agitait un thyrse ». Rappelons que la matrone ne porte pas les cheveux dénoués, sauf en cas de deuil. La liberté sauvage de sa chevelure est un signe de son furor. Juv. Sat. VI, v. 120 : sed nigrum flauo crinem abscondente galero. « […] Mais elle cachait ses cheveux bruns sous une perruque blonde » (traductions de l’auteure). Les cheveux blonds associent l’impératrice à une barbare. Sur l’altérité incarnée par le personnage de Messaline, voir María-José Hidalgo de La Vega, « La imagen de la “mala” emperatriz en el Alto Imperio », art. cit (n. 31).
  • [58]
    Livie a fréquemment été associée à cette déesse. Sur l’association entre Cérès et la première impératrice, se reporter aux analyses de Susan E. Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 121-123.
  • [59]
    L’Octavie applique cette expression à l’héroïne éponyme, v. 279 : edat partu pignora pacis. « Qu’elle mette au monde des gages de paix » (traduction de l’auteure).
  • [60]
    La traduction de François-Régis Chaumartin (CUF, Les Belles Lettres, 1999) rend tout à fait compte de cette idée : « quel ne fut pas jadis le pouvoir de ta mère, qui dirigea le palais du prince, aimée de son mari, puissante par ses maternités ». Il est certain que Valeria Messalina fut associée à Cybèle jusque dans certaines inscriptions malheureusement martelées. Nous avons conservé des traces de l’association d’Agrippine la Jeune avec la Déméter grecque, IG XII, 4 2 : 643. Sur les attributs de Cybèle, déesse originaire de l’Asie mineure, voir Susan E. Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 279-280, 282.
  • [61]
    Les femmes qui n’étaient pas sous le pouvoir de leur père ou de leur époux dépendaient d’un tuteur, très souvent un membre de leur famille. Sur les conséquences de la législation augustéenne, voir Leo F. Raditsa, « Augustus’ Legislation concerning Marriage, Procreation, Love Affairs and Adultery », Aufstieg und Niedergang der Römischen Welt, II, 13, 1980, p. 278-339 ; Susan Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 21-22.
  • [62]
    Octavie et Julie, respectivement sœur et fille d’Auguste, ont eu cinq enfants chacune ; Agrippine l’Aînée (petite-fille du fondateur) et Claudia Livia Julia (petite-fille de Livie) ont eu respectivement six et trois enfants.
  • [63]
    Suet. Calig. XXV.
  • [64]
    Sur la nouveauté de ces honneurs, Susan E. Wood, « Diva Drusilla Panthea and the Sisters of Caligula », American Journal of Archaeology, 99, 1995, p. 457-482 ; Anthony A. Barrett, Agrippina, op. cit. (n. 8), p. 52-53 ; David Wardle, « Caligula and his Wives », Latomus, 57, 1998, p. 109-17.
  • [65]
    Dio. XLIX. 38 : […] τῆδ’ὈκταουίᾳτῆτεΛιουίᾳκαὶεἰκόναςκαὶτὸτὰσφέτεραἄνευκυρίουτινὸςδιοικεῖν, τότεἀδεὲςκαὶτὸἀνύβριστονἐκτοῦὁμοίουτοῖςδημάρχοιςἔχεινἔδωκεν. « […] Octavien concéda à Octavie et Livie des statues, le droit d’administrer leurs propres biens sans l’intervention d’un gardien, et la même sécurité et inviolabilité dont jouissent les tribuns » (traduction à partir de celle d’Earnest Cary, Loeb Classical Library, 1917).
  • [66]
    Dio. LV. 2 : […] ἡ δὲ δὴ Λιουία εἰκόνων τε ἐπὶ παραμυθία ἔτυχε, καὶ ἐς τὰς μητέρας τὰς τρὶς τεκούσας ἐσεγράφη. « […] des statues furent votées à Livie pour la consoler [de la mort de son fils Drusus] et elle fut intégrée parmi les mères de trois enfants » (traduction à partir de celle d’Earnest Cary, Loeb Classical Library, 1917).
  • [67]
    Les honneurs concédés par le Sénat sont rapportés par Tac. Ann. I. 14 ; sur la colère de Livie envers son fils qui tempère toujours plus ses interventions, Ann. IV. 57.
  • [68]
    Suet. Claud. XVII : currum eius Messalina uxor carpento secuta est. « Son épouse Messaline suivait le char en carrosse » (traduction de l’auteure). Claude célèbre alors son triomphe sur la Bretagne. Dio. LX. 22 indique que l’usage du carpentum est un honneur concédé à Messaline en même temps que la permission de prendre place parmi les Vestales.
  • [69]
    L’événement a donné lieu à l’émission d’une monnaie en 37-38 (BMC 12700). Pour l’analyse de cette monnaie, se reporter à Diana E. E. Kleiner et à Susan B. Matheson, I Claudia, op. cit. (n. 41), p. 64.
  • [70]
    Suet. Claud. XXVII. Le général ayant obtenu le droit de célébrer un triomphe pouvait être suivi de ses fils dans la procession. Sous l’Empire, Germanicus introduit une nouveauté en plaçant ses filles sur son char. À ce sujet, Marleen B. Flory, « The Integration of Women into the Roman Triumph », Historia, 47, p. 489-494.
  • [71]
    LX. 22. 2 : καὶτῇΜεσσαλίνῃτὴνπροεδρίανἣνκαὶἡΛιουίαἐσχήκεικαὶτὸκαρπέντῳχρῆσθαιἔδοσαν. « […] les sénateurs octroyèrent à Messaline l’honneur d’occuper les premiers sièges comme Livie avant elle, ainsi que l’usage du carpentum » (traduction à partir de celle de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011). Livie a obtenu le droit de s’asseoir parmi les Vestales pendant les jeux après la mort d’Auguste, Tac. Ann. IV. 16. Sur la concession de ce privilège, Regula Frei-Stolba, « Recherches sur la position juridique et sociale de Livie, l’épouse d’Auguste », Études de Lettres, 249, 1998/1, p. 65-89.
  • [72]
    Claude a particulièrement honoré sa grand-mère, Suet. Claud. XI : auiae Liuiae diuinos honores et circensi pompa currum elephantorum Augustino similem decernenda curauit. « Il prit soin de décerner à sa grand-mère Livie les honneurs divins et, lors de la procession du cirque, un char tiré par des éléphants, semblable à celui d’Auguste » (traduction de l’auteure). En ce qui concerne les honneurs concédés par Claude à sa grand-mère, Rosa María Cid López, « Livia versus Diva Augusta. La mujer del príncipe y el culto imperial », ARYS, 1, 1998, p. 139-155 et Susan E. Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 127-136.
  • [73]
    Tac. Ann. I. 8. Sur ce titre, Marleen B. Flory, « The Meaning of Augusta in the Julio-Claudian Period », American Journal of Ancient History, 13.2, 1997, p. 113-138.
  • [74]
    Dio. LX. 12. 5 : οὔτ’ ἄλλοτιἐπιφανὲςἔπραξεν […] ἢτήνυεΜεσσαλῖνανΑὔγουστανἐπικληθῆναιἐφῆκεν. « […] Claude ne permit pas que le titre d’Augusta soit concédé à Messaline » (traduction à partir de celle de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011).
  • [75]
    Suet. Claud. XII : […] praenomine Imperatoris abstinuit, nimios honores recusauit, sponsalia filiae natalemque geniti nepotis silentio ac tantum domestica religione transegit. « […] il renonça au prénom d’Imperator, refusa les honneurs excessifs, célébra discrètement et en privé les fiançailles de sa fille [Octavie] et la naissance de son petit‑fils [l’enfant d’Antonia, fille aînée de Claude et belle-fille de Messaline] » (traduction de l’auteure).
  • [76]
    Suet. Claud. XI.
  • [77]
    Francesca Cenerini, « Messalina e il suo matrimonio con Caio Silio », art. cit (n. 5).
  • [78]
    CIL VI. 918. La partie martelée a été restituée de cette façon : ET VALERIAE MESSALINAE AUG. Le titre est également présent dans CIL VI. 8953. Dans la partie orientale de l’Empire, Messaline est nommée Sébasté, équivalent grec d’Augusta.
  • [79]
    Tac. Ann. I. 14.
  • [80]
    Tac. Ann. XII. 26. Sur ce titre et ce qu’il représente dans le cas d’Agrippine, Anthony A. Barrett, Agrippina, op. cit. (note 8), p. 107.
  • [81]
    Rappelons toutefois que cette partie de l’œuvre de Cassius Dion est constituée des résumés des abréviateurs byzantins Xiphilin et Zonaras.
  • [82]
    HA. Elag. II. 1-2 : […] cum ipsa meretricio more uiuens in aula omnia turpia exerceret, Antonino autem Caracalla stupro cognita, ita ut hic uel Varius uel Heliogabalus uulgo conceptus putaretur ; et aiunt quidam Varii etiam nomen idcirco eidem inditum a condiscipulis, quod uario semine, de meretrice utpote, conceptus uideretur. « […] elle se comportait comme une prostituée et se livrait à la cour à tous les genres de débauche : elle avait eu entre autres des rapports sexuels notoires avec Antonin Caracalla, ce qui donnait à penser que ce Varius – ou Élagabal – était un enfant adultérin. Certains prétendent même qu’il fut affublé de ce nom de Varius par ses camarades de classe parce qu’il passait pour être le fruit de semences d’hommes « variés », comme il est normal quand on est fils de prostituée » (traduction d’André Chastagnol, Robert Laffont, 1994). L’œuvre de Cassius Dion est très lacunaire en ce qui concerne le principat d’Élagabal ; évoquait‑elle les honneurs attribués à Soaemias, dont la concession du titre d’Augusta ?
  • [83]
    Dio. LX. 8. 5. La « jalousie » envers une femme jeune et belle est la raison principale de l’animosité de Messaline.
  • [84]
    Tac. Ann. XI. 27.
  • [85]
    Abrégé de l’œuvre d’Aurelius Victor dont l’auteur nous est inconnu, écrit au ve siècle.
  • [86]
    Sur le phénomène de la condamnation de la mémoire, Stéphane Benoist, « Martelage et damnatio memoriae : une introduction », Cahiers du centre Gustave Glotz, 14, 2003, p. 231-240 ; Valérie Huet, « Images et damnatio memoriae », Cahiers du centre Gustave Glotz, 15, 2004, p. 237‑253 et Antony Hostein, « Monnaie et damnatio memoriae : problèmes méthodologiques (ier-ive siècle ap. J.‑C.) », Cahiers du centre Gustave Glotz, 15, 2004, p. 219-236.
  • [87]
    Tac. Ann. XI. 38 : iuuitque obliuionem eius senatus censendo nomen et effigies priuatis ac publicis locis demouendas. Parmi les premières mentions de ce phénomène en ce qui concerne les femmes impériales, nous trouvons Agrippine dans l’Octavie, v. 609-612 : […] saeuit in nomen ferus/ matris tyrannus, obrui meritum cupit / simulacra, titulos destruit memores mei / totum per orbem. « […] ce sauvage tyran exerce sa fureur contre le nom de sa mère, brûle de cacher sa dette [l’Empire apporté par sa mère] et détruit les images et les titres qui commémorent mon souvenir dans le monde entier » ; et Claudia Livia Julia dans Tac.VI. 2 : […] atrocies sententiae dicebantur in effigies quoque ac memoriam eius. « […] on rendait encore des décrets cruels contre ses images et sa mémoire » (traductions de l’auteure).
  • [88]
    Comme l’explique Christine Höet-Van Cauwenberghe, « Les princesses de la famille impériale et le Péloponnèse sous les Julio-Claudiens », art. cit. (n. 17), les Romains préféraient réemployer le monument concerné par ces mesures en effaçant le nom et en gravant à nouveau sur la surface rendue libre.
  • [89]
    Deux autres contemporains des Flaviens nomment Messaline : Plin. Hist. Nat. X. 63. 172 ; XXIX. 5. 8 ; 8. 20 ; Flavius Josèphe, AJ. XX. 150 ; BJ. II. 249.
  • [90]
    Rappelons que l’adultère féminin est sanctionné par la législation augustéenne. Par ailleurs, le personnage de Sénèque déplore la licence des mœurs, v. 431-434. Sur l’attitude du véritable Sénèque face à l’adultère féminin, Paule Balasa, « Sénèque et la femme de la dynastie julio-claudienne », in Jean-Michel Croisille et Yves Perrin (dir.), Neronia VI. Rome à l’époque néronienne. Actes du VIe Colloque international de la SIEN (Rome, 19-23 Mai 1999), Bruxelles, Latomus, 2002, p. 375-383.
  • [91]
    D’après nos analyses, nous constatons que le champ lexical de la maternité est concurrencé par celui de la débauche à partir de Tacite. Le statut d’épouse est lui bien présent puisqu’il permet aux auteurs d’accabler le prince, incapable de maîtriser les membres féminins de sa famille et son épouse.
  • [92]
    Octavie, v. 16-17 : tua quam maerens uulnera uidi / oraque foedo sparsa cruore ! « Toi dont j’ai vu, hélas, les blessures et le visage inondé d’un sang hideux ! » (traduction de l’auteure).
  • [93]
    Cette dernière a porté Claude au pouvoir. Sur les rapports entre les préfets du prétoire et les femmes impériales, voir Magali Malfugeon, « Les impératrices et les préfets du prétoire : un partage du pouvoir ? », Latomus, 67, 2008, p. 399-413. Sur la mise en place de la garde prétorienne, Sandra Bingham, The Praetorian Guard, a History of Rome’s Elite Special Forces, Waco, Baylor University Press, 2015, p. 15-31.
  • [94]
    Tac. Ann. XI. 33 : […] quippe Getae praetorii praefecto haud satis fidebat. « Il se fiait peu au préfet Géta » (traduction de l’auteure).
  • [95]
    Tac. Ann. XII. 41 : simul qui centurionum tribunorumque sortem Britannici miserabantur, remoti fictis causis et alii per speciem honoris. « Quelques centurions et quelques tribuns plaignaient le sort de Britannicus ; ils furent écartés sur des motifs spécieux, et certains sous prétexte d’obtenir une charge » (traduction de l’auteure).
  • [96]
    Tac. Ann. XII. 42 : nondum tamen summa moliri Agrippina audebat, ni praetoriarum cohortium cura exsoluerentur Lusius Geta et Rufrius Crispinus, quos Messalinae memores et liberis eius deuinctos credebat. « Cependant, Agrippine n’osait aller jusqu’au bout tant que les cohortes prétoriennes resteraient confiées aux soins de Géta et Crispinus, qu’elle croyait attachés à la mémoire et aux enfants de Messaline » (traduction de l’auteure).
  • [97]
    Sur l’adoption de Néron, Tac. Ann. XII. 26.
  • [98]
    Tac. Ann. XII. 41. Avant son adoption, le fils d’Agrippine s’appelait Lucius Domitius Ahenobarbus.
  • [99]
    Ibid. L’un des précepteurs de Britannicus, Sosibius, était un fidèle de Messaline, Tac. Ann. XI. 1 : adiungitur Sosibius Britannici educator… « Elle [Messaline] lui adjoint Sosibius, précepteur de Britannicus… » (traduction de l’auteure).
  • [100]
    Sur la figure de la belle-mère (nouerca) à Rome, Patricia Watson, « Historical Figures : Livia, Agrippina and Octavia » in Patricia Watson (dir.), Ancient Stepmothers. Myth, Misogyny and Reality, Leyde-New York-Cologne, Brill, p. 176-206.
  • [101]
    Tac. Ann. XII. 9. Même affirmation chez Dio. LXI. 31. 8.
  • [102]
    Sur les préoccupations dynastiques de Messaline, María-José Hidalgo de La Vega, « La imagen de la “mala” emperatriz en el Alto Imperio », art. cit (n. 31) et Francesca Cenerini, « Messalina e il suo matrimonio con Caio Silio », art. cit (n. 5).
  • [103]
    Caligula a fait montre de piété filiale en levant la condamnation touchant la mémoire de sa mère et en ramenant ses cendres dans le Mausolée d’Auguste, Suet. Calig. XV. Il est probable que Britannicus aurait agi de même s’il était parvenu au pouvoir.
  • [104]
    Tac. Ann. XII. 65 : […] modo ad deos, modo ad ipsum tendere manus, adolesceret, patris inimicos depelleret, matris etiam interfectores ulcisceretur (traduction de l’auteure).
  • [105]
    Tac. Ann. XII. 64 : […] perdita prius Domitia Lepida muliebribus causis. « Elle causa d’abord la perte de Domitia Lepida, pour des raisons très féminines » (traduction de l’auteure).
  • [106]
    Britannicus est probablement assassiné par Néron, et non par Agrippine, qui n’a jamais songé à le faire disparaître. Cependant, son appui à la « cause » du jeune homme entraîne la mort de ce dernier, Tac. Ann. XIII. 14-17.
  • [107]
    Octavie, v. 11 : prima meorum causa malorum. « Toi, la première cause de mes malheurs ». V. 268-269 : […] coniugem traxit suum / natumque ad umbras, prodidit lapsam domum. « Elle entraîna avec elle son époux et son fils parmi les ombres, provoquant la chute de notre maison » (traductions de l’auteure). Sur la responsabilité de Messaline, voir Olivier Devillers, « Le thème de la famille bouleversée dans l’Octavie », Vita Latina, 172, 2005, p. 33-40 et Lucienne Deschamps, « La malédiction des Julio‑Claudiens dans l’Octavie », Revue des études anciennes, 111, 2, 2009, p. 389‑399.
  • [108]
    Nous faisons allusion à la tragédie Antigone d’Euripide. Sur les comparaisons mythologiques tout au long de la pièce, Pasqualina Vozza, « Paradigmi mitici nell’Ottavia », L’Antiquité classique, 59, 1990, p. 113-118.
  • [109]
    Tac. Ann. XI. 38. Dio. LXI. 34. 6 évoque sa tombe près de laquelle est exécuté Narcisse.
  • [110]
    Julie l’Aînée est condamnée en 2 avant J.‑C. ; ses filles Julie la Jeune et Agrippine l’Aînée respectivement en 8 et en 29 après J.‑C.
  • [111]
    Même constat pour Julie l’Aînée, convaincue de nombreux adultères. À ce sujet, María-José Hidalgo de La Vega, « La imagen de la " mala " emperatriz en el Alto Imperio », art. cit (n. 31) et Almudena Domínguez Arranz, « La mujer y su papel en la continuidad del poder », art. cit. (n. 40).
  • [112]
    Susan E. Wood, Imperial Women, op. cit. (n. 9), p. 280, explique de quelle manière la statuaire met en valeur les « traits » maternels de Valeria Messalina.
  • [113]
    Plin. Hist. Nat. X. 63. 172 ; XXIX. 5. 8 ; 8. 20.
  • [114]
    Juv. Sat. VI. v. 116 et 118.
  • [115]
    Nous reprenons les paroles de l’Octavie, v. 125-126 et 131 : adice his superbam paelicem, nostrae domus/ spoliis nitentem […] inimica uictrix imminet thalamis meis. « Ajoute à cela son orgueilleuse maîtresse, parée des dépouilles de notre maison […] mon ennemie victorieuse menace mon lit nuptial » (traduction de l’auteure).
  • [116]
    Juv. Sat. VI. v. 122-124 : tunc nuda papillis/ prostitit auratis […] ostenditque tuum, generose Britannice, uentrem (nous renvoyons à notre traduction à la première page de l’article).
  • [117]
    Il est bien évident que Messaline a fait appel à une nourrice pour l’allaitement de ses enfants. Nous avons conservé une inscription mentionnant la nourrice d’Octavie, CIL. VI, 8943 : VALERIA HILARIA/ NUTRIX/ OCTAVIAE. Sur le rôle de la nourrice à Rome, Susan E. Dixon, The Roman Mother, op. cit. (n. 18), p. 141-146.
  • [118]
    La statue conservée au Louvre représente Messaline de cette manière. Sur ces pièces du vêtement féminin à Rome et leur signification, Judith Lynn Sebesta, « Symbolism in the Costume of the Roman Woman », in Judith Lynn Sebesta and Larissa Bonfante (dir.), The World of Roman Costume, Madison, University of Wisconsin Press, 1997, p. 46-53 et Elaine Fantham, « Covering the Head at Rome : Ritual and Gender », in Jonathan Edmondson and Alison Keith (dir.), Roman Dress and the Fabrics of Roman Culture, Toronto, Buffalo, Londres, University of Toronto Press, 2008, p. 158-171.
  • [119]
    Agrippine porte elle aussi une chlamyde dorée (chlamyde aurata) au moment de l’assèchement du lac Fucin, Tac. Ann. XII. 56. Sa tenue est comparée à celle de Claude revêtu du paludamentum.
  • [120]
    Octavie v. 368-372 : caedis moriens illa ministrum/ rogat infelix utero dirum/ condat ut ensem : / « Hic est, hic est fodiendus » ait/ « ferro monstrum qui tale tulit ». « La malheureuse, sur le point de mourir, demande au séide d’enfoncer son glaive sinistre dans son ventre : « là, c’est là qu’il faut frapper » dit‑elle, « puisque mon ventre a pu porter un tel monstre » ; Tac. Ann. XIV. 8 : […] protendens uterum « uentrem feri » exclamauit. « […] et montrant son ventre, elle s’écria : “frappe au ventre !” » (traductions de l’auteure).
  • [121]
    Ce qui est le cas chez Suet. Ner. VII.
  • [122]
    Sur la signification du voile nuptial, Judith Lynn Sebesta, « Symbolism in the Costume of the Roman Woman », art. cit. (n. 118).
  • [123]
    Dio. LX. 18. 1-2  : Μεσσαλῖναδὲἐντούτῳαὐτήτεἠσέλυαινεκαὶτὰςἄλλαςγυναῖκας, ἀκολασταίνεινὁμοίωςἠνάγκαζε. « Messaline continuait à afficher son impudicité et obligeait les autres femmes à se comporter de la même manière » (traduction à partir de celle de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011). Aur. Vict. Lib. de Caes. IV. 7 : […] nobiliores quasque nuptas et uirgines, scortorum modo, secum prostituerat. « […] elle prostitua avec elle, comme des filles publiques, des femmes mariées et des jeunes filles de la noblesse » (traduction de Pierre Dufraigne, CUF, Les Belles Lettres, 1975). Ep. de Caes. IV. 5 : […] dehinc atrocius accensa nobiliores quasque nuptas et uirgines scortorum modo cecum proposuerat. « […] elle offrait avec elle à la prostitution les femmes mariées et les jeunes filles les plus nobles » (traduction de Michel Festy, CUF, Les Belles Lettres, 1999).
  • [124]
    Tac. Ann. XI. 12 : uerum inclinatio populi supererat ex memoria Germanici, cuius [Nero] illa reliqua suboles uirilis ; et matri Agrippinae miseratio augebatur ob saeuitiam Messalinae. « En vérité, le penchant du peuple était plus grand à son égard à cause du souvenir de Germanicus, dont Néron était le dernier descendant mâle ; et la compassion envers sa mère Agrippine était augmentée par la cruauté de Messaline » (traduction de l’auteure).
  • [125]
    Frère de Claude, Germanicus était l’un des successeurs de Tibère. Sa mort dans des conditions mystérieuses accable selon Tacite le peuple romain, venu assister au retour de ses cendres, portées dans une urne par son épouse Agrippine.
  • [126]
    C’est comme si Germanicus surpassait son frère une fois de plus, dans la mort.
  • [127]
    Tac. Ann. XI. 26 : se caelibem, orbum, nuptiis et adoptando Britannico paratum. Mansuram eandem Messalinae potentiam […] si praeuenirent Claudium (traduction de l’auteure).
  • [128]
    Ces mêmes craintes qui ont agité Julie l’Aînée. Cette dernière craignait pour les droits de ses fils Caius et Lucius face à ceux de Tibère. À ce sujet, Barbara M. Levick, « Julians and Claudians », Greece & Rome, 22, 1975, p. 29-39 et Aldo Luisi, « L’opposizione sotto Augusto : le due Giulie, Germanico e gli amici », in Marta Sordi (dir.), Fazione e congiure nel mondo antico, Milan, Vita E Pensiero, 1999, p. 181-192. Sur les ressemblances entre les conspirations de Julie-Iullus Antonius (son amant) et Messaline-Silius, voir Francesca Cenerini, « Messalina e il suo matrimonio con Caio Silio », art. cit (n. 5).
  • [129]
    Tac. Ann. XII. 7 : uersa ex eo ciuitas et cuncta feminae oboediebant, non per lasciuiam, ut Messalina, rebus Romanis inludenti. « La cité était bouleversée ; tout obéissait à une femme qui, à l’inverse de Messaline, ne jouait pas avec la chose publique pour satisfaire ses caprices » (traduction de l’auteure).
  • [130]
    Tac. Ann. XII. 65 : conuictam Messalinam et Silium […] quamquam ne impudicitiam quidem nunc abesse Pallante adultero. « Il […] avait confondu Messaline et Silius […] d’ailleurs, l’impudicité ne faisait pas alors défaut à Agrippine qui avait Pallas pour amant » (traduction de l’auteure).
  • [131]
    Claud. XXVI : cum utraque diuortium fecit […] cum Urgulanilla ob libidinum probra. « Il divorça de l’une et de l’autre […] d’Urgulanilla à cause de ses débauches » (traduction de l’auteure).
  • [132]
    Suet. Claud. XLIII : omnia impudica, sed non impunita matrimonia ; Tac. Ann. XII. 64 rapporte les mêmes paroles.
  • [133]
    Cons. ad. Marc. II. 5.
  • [134]
    Suet. Calig. LIX : perit una et uxor Caesonia gladio a centurione confossa et filia parieti inlisa. « Avec lui périrent son épouse Caesonia, transpercée par le glaive d’un centurion, et leur fille écrasée contre un mur » (traduction de l’auteure).
  • [135]
    Suet. Claud. XII. Néron fera exécuter dans un premier temps Cornelius Sylla, puis Antonia après que cette dernière a refusé de l’épouser, Suet. Ner. XXXV : Antoniam Claudi filiam, recusantem post Poppaeae mortem nuptias suas, quasi molitriam nouarum rerum interemit. « Il fit périr Antonia, la fille de Claude, qui avait refusé de l’épouser après la mort de Poppée, sous prétexte qu’elle fomentait une révolution » (traduction de l’auteure). Le sort de son fils est inconnu.
  • [136]
    Dio. LX. 18. 4 : τήν τε Ἰουλίαν τὴν τοῦ Δρούσου μὲν τοῦ Τιβερίου παιδὸς θυγατέρα, τοῦ δὲ δὴ Νέρωνος τοῦ Γερμανικοῦ γυναῖκα γενομένην, ζηλοτυπήσασα ὥσπερ καὶ τὴν ἑτέραν, ἀπέσφαξε. « Messaline fit également exécuter Julie, la fille de Drusus, fils de Tibère, auparavant épouse de Néron, le fils de Gemanicus, car elle était jalouse d’elle, de la même manière qu’elle l’avait été vis‑à-vis de l’autre Julie » (traduction à partir de celle de Juan Manuel Cortés Copete, Biblioteca Clásica Gredos, 2011). Sur le sort de la fille de Drusus, Tac. Ann. XIII. 32 : nam post Iuliam, Drusi filiam, dolo Messalinae interfectam… « En effet, après que Julie, la fille de Drusus, ait été tuée à cause de la fourberie de Messaline… XIII. 43 : […] Iuliam, Drusi filiam, Sabinamque Poppaeam ad mortem actas […] iussa Messalinae praetendi. « Julie, fille de Drusus, et Poppaea Sabina, poussées à la mort […] il [l’accusateur] allégua les ordres de Messaline » (traductions de l’auteure).
  • [137]
    Sur ce dernier, Anthony A. Barrett, Agrippina, op. cit. (note 8), p. 86 ; Barbara M. Levick, Claude, op. cit. (note 46), p. 80 ; Anne-Claire Michel, La Cour sous l’empereur Claude, op. cit. (n. 31), p. 126 et 298.
  • [138]
    Tac. Ann. XII. 3 : […] ad eum per speciem necessitudinis crebro uentitando pellicit patruum ut praelata ceteris et nondum uxor potentia uxoria iam uteretur. « […] prétextant ses liens de parenté avec Claude, elle lui rend fréquemment visite et enjôle son oncle à tel point qu’elle est préférée aux autres ; et bien qu’elle ne soit pas encore sa femme, elle possède déjà le pouvoir d’une épouse » (traduction de l’auteure).
  • [139]
    Elle aurait ordonné l’exécution du jeune Néron quelques années auparavant selon Suet. Ner. VI : gratia quidem et potentia reuocatae restitutaeque matris usque eo floruit, ut emanaret in uulgus missos a Messalina uxore Claudii, qui eum meridiantem, quasi Britannici aemulum, strangularent. « En vérité, l’influence et la puissance de sa mère, rappelée d’exil et à nouveau en possession de ses biens, rendirent sa situation florissante à tel point que, selon certaines rumeurs, Messaline, l’épouse de Claude, le considérant comme un rival pour Britannicus, envoya des gens pour l’étrangler pendant sa sieste » (traduction de l’auteure).
  • [140]
    Voir Anthony A. Barrett, Agrippina, op. cit. (n. 8), p. 94 ; María-José Hidalgo de La Vega, « La imagen de la “mala” emperatriz en el Alto Imperio », art. cit (n. 31) ; Francesca Cenerini, « Messalina e il suo matrimonio con Caio Silio », art. cit (n. 5).
  • [141]
    Tac. Ann. XI. 34. Les allusions à la maternité de Messaline sont bien présentes.
  • [142]
    HA. Marc. XIX. 1-2 : aiunt quidam […] Commodum Antoninum, successorem illius ac filium, non esse de eo natum sed de adulterio, ac talem fabellam uulgari sermone contexunt. Faustinam quondam […] Marcii uxorem, cum gladiatores transire uidisset, unius ex his amore succensam, cum longa aegritudine laboraret, uiro de amore confessam. « Certains prétendent […] que Commode Antonin, son successeur et fils, n’était pas de son sang mais était un enfant adultérin, en s’appuyant sur cette petite histoire qui courait parmi le peuple : Faustine […] épouse de Marc, voyant un jour défiler des gladiateurs, se prit de passion pour l’un d’eux ; elle en conçut un long tourment et se décida à avouer son amour à son mari » (traduction d’André Chastagnol, Robert Laffont, 1994). Notons que les allusions à sa maternité ne sont jamais loin, comme dans le cas de Messaline.
  • [143]
    HA. Marc. XIX. 8-9 : si uxorem dimittimus, reddamus et dotem ». Dos autem quid habebatur <nisi> imperium (traduction d’André Chastagnol, Robert Laffont, 1994). La dot désigne ici l’Empire car Faustine est la fille d’Antonin le Pieux (prédécesseur de Marc Aurèle) et de Faustine l’Aînée. Contrairement aux stratégies matrimoniales établies par Hadrien, Marc Aurèle a été préféré à Lucius Verus comme époux de Faustine par Antonin, père de la princesse, et, par conséquent, comme successeur.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.14.81

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions