Couverture de RHIS_192

Article de revue

Carthage et le contrôle des littoraux africains : les deux premiers traités romano-carthaginois

Pages 227 à 249

Notes

  • [1]
    Polybe, Histoires, texte établi par Jules de Foucault et traduit par Éric Foulon, Paris, Les Belles Lettres, « Collection des Universités de France », 2004, t. 3 : III, 22 – III, 23 et III, 24, 1-13. Sauf mention contraire, les traductions sont tirées de cet ouvrage.
  • [2]
    Les questions posées par les différents traités ont été abordées par de nombreux auteurs : voir en particulier Howard Hayes Scullard, « Carthage and Rome », in Frank W. Walbank, Alan E. Astin et alii, The Cambridge Ancient History, vol. VII part. 2, Cambridge, Cambridge University Press, 1989², p. 486-569 ; Barbara Scardigli, I trattati romano-cartaginesi, Pise, Scuola Normale Superiore, 1991 ; Luigi Loreto, « Sui trattati romano-cartaginesi », Bullettino dell’ Istituto di Diritto Romano, no 98-99, 1995-1996, p. 779-821 ; Klaus Bringman, « Überlegungen zur Datierung und zum historischen Hintergrund der beiden ersten römisch-karthagischen Verträge », in Klaus Geus et Klaus Zimmermann (dir.), Festschrift für Werner Huss, Studia Phoenicia, no 16, 2001, p. 115-116 ; Alain Bresson, « Les accords romano-carthaginois », in Claudia Moatti (dir.), La Mobilité des personnes en Méditerranée de l’Antiquité à l’époque moderne, Rome, École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome » 341, 2004, p. 649-676.
  • [3]
    « Je (suis) un Punique de Carthage », Mi Puinel Karθazie els φ[…]na ; Massimo Pallottino (dir.), Testimonia Linguae Etruscae, Florence, Nuova Italia, « Biblioteca di studi superiori », 19682, inscription 724 ; Helmut Rix et Gerhard Meiser, Etruskische Texte, Hamburg, G. Narr, « Studien zur historisch-vergleichenden Sprachwissenschaft », 20142, inscription Af 3.1. La plaquette a été découverte dans la nécropole dite de Sainte-Monique. Voir Massimo Pallotino, « Les relations entre les Étrusques et Carthage du viiie s. au iiie s. », Les Cahiers de Tunisie, no 44, 1963, p. 23-29, en part. p. 26 ; Michel Gras, Pierre Rouillard et Javier Teixidor, L’Univers phénicien, Paris, Arthaud, 1989, p. 227 ; Massimo Pittau, « Gli Etruschi e Cartagine : i documenti epigrafici », in Mustapha Khanoussi, Paola Ruggeri et Cinzia Vismara (dir.), L’Africa romana, atti del 11. convegno di studio, Carthage, 15-18 décembre 1994, Sassari, Il Torchietto, 1996, p. 1657-1674, en part. p. 1672. Cf. Émile Benveniste, « La tablette d’ivoire de Carthage », Studi Etruschi, no 7, 1933, p. 245-249. Cette inscription a fait l’objet d’une nouvelle lecture, mi Puinel Karθazie vesφ[…]na, par A. Maggiani, restituée en mi Puinel Karθazie Vesqu[…]na, et elle serait une désignation personnelle composée de trois éléments ; Adriano Maggiani, « Dinamiche del commercio arcaïco : le tesserae hospitales », in Giuseppe M. Della Fina (dir.), Gli etruschi e il Mediterraneo : commerci e politica, atti del XIII convegno internazionale di studi sulla storia e l’archeologia dell’Etruria, Orvieto (Italie), décembre 2005, Orvieto, Fondazione per il Museo Claudio Faina, « Annali della Fondazione per il Museo Claudio Faina di Orvieto », no 13, 2006, p. 317-349.
  • [4]
    Ekkehard Weber, Tabula Peutingeriana : Codex Vindobonensis 324, Graz, Akademische Druck und Verlagsanstalt, 1976, segment IV, 3 m.
  • [5]
    Étiennette Colozier, « Les Étrusques et Carthage », Mélanges de l’École française de Rome (Antiquité), no 65, 1953, p. 63-98, en part. p. 64-67 ; Jean Ferron, « Les Relations de Carthage avec l’Étrurie », Latomus, no 25/4, 1966, p. 689-709, en part. p. 692-693 ; Jean Macintosh Turfa, « Evidence for Etruscan-Punic Relations », American Journal of Archaeology, no 81/3, 1977, p. 368-374 ; Serge Lancel, « Fouilles françaises à Carthage. La colline de Byrsa et l’occupation punique (viie siècle-146 av. J.‑C.) : bilan de sept années de fouilles. », Compte rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, no 125/2, 1981, p. 156-193, en part. p. 162-165 ; Jean-Paul Thuillier, « Nouvelles découvertes de bucchero à Carthage », in Mauro Cristofani, Paola Moscati et alii (dir.), Il Commercio etrusco arcaico, atti del incontro di studio, Rome, 5-7 décembre 1983, Rome, Consiglio nazionale delle Ricerche, 1985, p. 155-163 ; Friedrich-Wilhelm Von Hase, « Der etruskische Bucchero aus Karthago : Ein Beitrag zu den frühen Handelsbeziehungen im westlichen Mittelmeergebiet (7.-6. Jahrhundert v. Chr.) », Jahrbuch des Römisch-Germanischen Zentralmuseums Mainz, no 36, 1989 [1992], p. 327-410 ; Friedrich-Wilhelm Von Hase, « Il bucchero etrusco a Cartagine » in Maria Bonghi Jovino (dir.), Produzione artigianale ed esportazione nel mondo antico. Il bucchero etrusco, atti del colloquio internazionale, Milan, 10 – 11 mai 1990, Milan, Edizioni Et, 1993, p. 187-194.
  • [6]
    La proportion des amphores étrusques, parmi celles retrouvées, est peu importante, ce qui traduit de faibles échanges de produits agricoles ; voir Roald F. Docter, « Carthage and its Hinterland », in Sophie Helas et Dirce Marzoli (dir.), Phönizisches und punisches Städtewesen, Deutsches Archäologisches Institut Madrid, « Iberia Archaeologica » no 13, Mayence, Von Zabern, 2009, p. 179-189, en part. p. 180-182. Les fouilles les plus récentes n’ont pas révélé de matériel d’origine étrusque ; voir Roald F. Docter, Fethi Chelbi et Boutheina M. Telmini, « Carthage Bir Massouda : Preliminary Report on the First Bilateral Excavations of Ghent University and the Institut National du Patrimoine (2002-2003) », Babesch, no 78, 2003, p. 43-70, et Roald F. Docter et alii, « Carthage Bir Massouda : Second Preliminary Report on the Bilateral Excavations of Ghent University and the Institut National du Patrimoine (2003-2004) », Babesch, no 81, 2006, p. 37-89. Les buccheri étrusques sont des biens de prestige, ce qui peut expliquer leur rareté par rapport aux autres céramiques importées.
  • [7]
    Sur la fréquentation des côtes étrusques par les Carthaginois, voir Jacques Heurgon, « Les inscriptions de Pyrgi et l’alliance étrusco-punique autour de 500 av. J.‑C. », Compte rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1965, p. 89-104 ; Jean Ferron, « Un traité d’alliance entre Caere et Carthage contemporain des derniers temps de la royauté Étrusque à Rome ou l’événement commémoré par la quasi bilingue de Pyrgi », in Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, I-1, 1972, p. 189-216 ; Serge Lancel, Carthage, Paris, Fayard, 1992, p. 102-103.
  • [8]
    Hérodote, Histoires, I, 166 ; Aristote, Politique, 1280 a-b ; Michel Gras, « Les enjeux insulaires en mer tyrrhénienne. Les rapports des Étrusques avec les Grecs et les Puniques en Corse et en Sardaigne (viie-vie siècles avant J.‑C.) », École pratique des hautes études, 4e section, Sciences historiques et philologiques, Annuaire 1971-1972, 1972, p. 779-785 ; Dominique Briquel, La Civilisation étrusque, Paris, Fayard, 1999, p. 95-98 ; Dominique Briquel, « Carthage et l’Étrurie, deux grandes puissances barbares de la méditerranée occidentale », in Ahmed Ferjaoui (dir.), Carthage et les autochtones de son empire du temps de Zama, actes du colloque international de Siliana et Tunis du 10 au 13 mars 2004, Hommage à Mhamed Hassine Fantar, Tunis, Institut national du patrimoine, 2010, p. 71-87, en part. p. 74-82.
  • [9]
    Diodore, Bibliothèque historique, XVI, 19, 1 et Tite-Live, Histoire romaine, VII, 27, 2.
  • [10]
    Polybe, Histoires, III, 22, 5-6 : μὴπλεῖνῬωμαίουςμηδὲτοὺςῬωμαίωνσυμμάχουςἐπέκεινατοῦΚαλοῦἀκρωτηρίου, ἐὰνμὴὑπὸχειμῶνοςἢπολεμίωνἀναγκασθῶσινἐὰνδέτιςβίᾳκατενεχθῇ, μὴἐξέστωαὐτῷμηδὲνἀγοράζεινμηδὲλαμϐάνεινπλὴνὅσαπρὸςπλοίουἐπισκευὴνἢπρὸςἱερά.
  • [11]
    Polybe, Histoires, III, 23, 2.
  • [12]
    Sur la localisation du Cap Bon : Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium avant la création, sous Dioclétien, de la province de Byzacène », Les Cahiers de Tunisie, no 44/4, 1963, p. 7-22 ; Gottfried Prachner, « Zum Καλὸνἀκρωτήριον (Polybios, 3, 22, 5) », in Ruth Stiehl et Hans Erich Stier (dir.), Beiträge zur alten Geschichte und deren Nachleben. Festschrift für Franz Altheim zum 6.10.1968, Berlin, W. de Gruyter, 1969-1970, p. 157-172 ; Jacques Heurgon, « Sur l’interdiction de naviguer au-delà du Beau-Promontoire dans le premier traité entre Rome et Carthage (Pol. III, 22-23) », Antiquités africaines, no 14, 1979, p. 37-42 ; Jehan Desanges, « La localisation du “Beau Promontoire” de Polybe », Karthago, no 22, 1990, p. 21-31.
  • [13]
    Polybe, Histoires, III, 23, 1 : ΤὸμὲνοὖνΚαλὸνἀκρωτήριόνἐστιτὸπροκείμενοναὐτῆςτῆςΚαρχηδόνοςὡςπρὸςτὰςἄρκτους.
  • [14]
    Le tracé des côtes et les localisations des sites antiques, sur les cartes accompagnant cet article, ont été obtenus grâce aux données de l’atlas numérique interactif The Antiquity À-la-carte de l’Ancient World Mapping Center (AWMC) de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill (États-Unis). En ligne : http://awmc.unc.edu/ awmc/ applications/ carte-transitional.
  • [15]
    Pline l’Ancien, Histoire naturelle, V, 23.
  • [16]
    Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XVI, 216.
  • [17]
    Polybe, Histoires, texte établi et traduit par Paul Pédech, Paris, Les Belles Lettres, « Collection des Universités de France », 2003, t. 1, p. 58 : I, 29, 2. Voir Polybe, Histoires, I, 36, 11.
  • [18]
    Pline l’Ancien, Histoire naturelle, V, 23. Voir Jehan Desanges, Commentaire de Pline l’Ancien, Histoire naturelle, livre V, Paris, Les Belles Lettres, « Collection des universités de France », 1980, p. 211.
  • [19]
    Tite-Live, Histoire romaine, XXIX, 27, 8-13.
  • [20]
    Appien, Le Livre africain, XIII, 50-53.
  • [21]
    Stéphane Gsell, Histoire ancienne de l’Afrique du Nord, Paris, Hachette, 1920, vol. III, p. 210.
  • [22]
    R. L. Beaumont, « The Date of the First Treaty between Rome and Carthage », The Journal of Roman Studies, no 29/1, 1939, p. 74-86, en part. p. 76 ; Jean Gagé, Apollon romain, essais sur le culte d’Apollon et le développement du « ritus Graecus » à Rome, des origines à Auguste, Paris, « Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome » 182, 1955, p. 166 ; Gottfried Prachner, « Zum Καλὸνἀκρωτήριον », art. cit. (n. 12), p. 168-169 ; Jacques Heurgon, « Sur l’interdiction de naviguer », art. cit. (n. 12), p. 39.
  • [23]
    Jehan Desanges, Commentaire, op. cit. (n. 18), p. 210. La région que Polybe désigne sous le nom de Byssatis dans les traités correspond au Byzacium des Romains ; Étienne de Byzance, Ethniques, s.v.Βύζαντες ; Polybe, Histoires, XII, 1, 1 ; voir Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 8.
  • [24]
    Polybe, Histoires, III, 23, 8 et III, 24, 12.
  • [25]
    Pour une identification du Καλοῦἀκρωτηρίου au Cap Farina : « The most likely hypothesis is that the Fair Promontory is Cap Farina, and that the Carthaginians were protecting the thinly scattered settlement along the north coast of Africa » ; Frank W. Walbank, A Historical Commentary to Polybius, Oxford, Clarendon Press, 1957, vol. I, p. 341-342.
  • [26]
    Polybe, Histoires, III, 24, 4 : ΤοῦΚαλοῦἀκρωτηρίου, ΜαστίαςΤαρσηίου, μὴλῄζεσθαιἐπέκειναῬωμαίουςμηδ’ἐμπορεύεσθαιμηδὲπόλινκτίζειν.
  • [27]
    Otto Meltzer, Geschichte der Karthager, Berlin, Weidmannsche Buchhandlung, 1879, p. 172 et 487.
  • [28]
    Gaetano De Sanctis, Storia dei Romani, Turin, 1907, p. 251 ; Frank W. Walbank, A Historical Commentary, op. cit. (n. 25), p. 341-342 ; Werner Huss, Geschichte der Karthager, Munich, Beck, « Handbuch der Altertumswissenschaft », no 3.8, 1985, p. 88.
  • [29]
    Polybe, Histoires, III, 22, 10 ; III, 23, 8 et III, 24, 12.
  • [30]
    Howard H. Scullard, « Carthage and Rome », art. cit. (n. 2), p. 522-524.
  • [31]
    Werner Huss, Geschichte der Karthager, op. cit. (n. 28), p. 88.
  • [32]
    R. L. Beaumont en déduit que Tite-Live a commis une erreur d’identification du promunturium Pulchri ; voir R. L. Beaumont, « The Date of the First Treaty », art. cit. (n. 22), p. 71.
  • [33]
    Polybe, Histoires, III, 23, 1 : ΤὸμὲνοὖνΚαλὸνἀκρωτήριόνἐστιτὸπροκείμενοναὐτῆςτῆςΚαρχηδόνοςὡςπρὸςτὰςἄρκτους.
  • [34]
    Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 103 ; Alain Bresson, « Les accords romano-carthaginois », art. cit. (n. 2), p. 661.
  • [35]
    Gottfried Prachner, « Zum Καλὸνἀκρωτήριον », art. cit. (n. 12), p. 157-172.
  • [36]
    Polybe, Histoires, III, 22, 5 ; voir Jehan Desanges, « La localisation du “Beau Promontoire” », art. cit. (n. 12), p. 21-31.
  • [37]
    Servius, Commentaire de l’Énéide, III, 119.
  • [38]
    Jehan Desanges, « La localisation du “Beau Promontoire” », art. cit. (n. 12), p. 21-31.
  • [39]
    Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 9-13 ; nuancé par Jehan Desanges, « La localisation du “Beau Promontoire” », art. cit. (n. 12), p. 65.
  • [40]
    Jacques Heurgon, « Sur l’interdiction de naviguer », art. cit. (n. 12), p. 39-41 ; Alain Bresson, « Les accords romano-carthaginois », art. cit. (n. 2), p. 661.
  • [41]
    Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, étude géoarchéologique et historique, Paris, Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, 2004, p. 59 ; Nicolas Carayon, « Les Ports phéniciens et puniques. Géomorphologie et infrastructures », thèse de doctorat d’archéologie soutenue en 2008 à l’Université de Strasbourg II, 3 vol., en part. p. 410-414.
  • [42]
    Polybe, Histoires, III, 23, 2 : ὡςἐμοὶδοκεῖ, μήτετοὺςκατὰτὴνΒυσσάτινμήτετοὺςκατὰτὴνμικρὰνΣύρτιντόπους, ἃδὴκαλοῦσινἘμπόρια, διὰτὴνἀρετὴντῆςχώρας.
  • [43]
    Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 14.
  • [44]
    Pline l’Ancien, Histoire naturelle, V, 24. Pline termine sa description de la Zeugitane par Néapolis. Il inclut dans le Byzacium un littoral comprenant Hadrumète, Ruspina, Lepti et Thapsus, ainsi qu’un arrière-pays important. Voir Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XVII, 41 ; XVIII, 94 ; Étienne de Byzance, Ethniques, s.v.Βύζαντες ; Polybe, Histoires, XII, 1, 1. Le texte de Tite-Live est concordant avec cette localisation : lors du récit de la venue d’une ambassade romaine à Carthage, pour exiger qu’Hannibal leur soit livré, ce dernier réussit à traverser le Byzacium en une nuit. Il arrive le lendemain dans une région au sud de Thapsus ; Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 48, 1. Voir Jehan Desanges, Catalogue des tribus africaines de l’Antiquité classique à l’ouest du Nil, Dakar, Université de Dakar, Faculté des lettres et sciences humaines, Publications de la section d’histoire, no 4, 1962, p. 84-85 ; Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 7-22.
  • [45]
    Polybe, Histoires, I, 82, 6 ; III, 23, 2 et XXXI, 21, 1 ; Tite-Live, Histoire romaine, XXIX, 25, 12 et XXXIV, 62, 3 ; Périple du Pseudo-Skylax, 111. Thucydide indique aussi lors de la description de l’itinéraire du Lacédémonien Gylippos le long de la côte africaine qu’il se dirige vers Néapolis « un emporion des Carthaginois » ; Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, VII, 50 ; voir René Rebuffat, « Où étaient les Emporia ? », Sémetica, no 39, 1990, p. 111-126.
  • [46]
    Hérodote, Histoires, V, 42, 3 ; voir Karl-Ernst Petzold, « Die beiden ersten römisch-karthagischer Verträge und das foedus Cassianum », Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, I‑1, 1972, Berlin, p. 74.
  • [47]
    Hérodote, Histoires, VII, 158, 2.
  • [48]
    Ferruccio Barreca, « Le fortificazioni puniche sul Capo Bon. II. Ras ed-Drek », in Ferruccio Barreca, M’hamed Hassine Fantar, Prospezione archeologica al Capo Bon, II, Rome, Consiglio nazionale delle Ricerche, 1983, p. 17-28 ; Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 279-283 ; Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, op. cit. (n. 41), p. 61 ; Nicolas Carayon, « Les Ports phéniciens et puniques », op. cit. (n. 41), p. 129.
  • [49]
    En particulier les sites de Kerkouane et de Kelibia ; voir Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, op. cit. (n. 41), p. 177 et 181 et Nicolas Carayon, « Les Ports phéniciens et puniques. », op. cit. (n. 41), p. 405-408.
  • [50]
    Maya Gharbi, « Les fortifications pré-romaines de Tunisie : le cas de Kelibia », in Attilio Mastino (dir.), L’Africa Romana, atti del VII Convegno di studio, Sassari, 15-17 décembre 1989, Sassari, Gallizzi, 1990, p. 187-198, en part. p. 187. Ces lieux gardent encore aujourd’hui un rôle important et continuent à être utilisés : un poste d’observation est en fonction à Kelibia et au Ras ed Dreck, une caserne au Ras Zebib ; voir ibidem, p. 190, n. 12.
  • [51]
    Pierre Cintas, « La ville punique de Ras-Zbib et la localisation de Tunisa », Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques et Scientifiques, Afrique du Nord, 1963-1964, p. 156-168. P. Cintas a identifié le site, mais il ne mentionne aucun reste de forteresse punique. Pour l’étude de la forteresse, voir M’hamed Hassine Fantar et Antonia Ciasca, « Ras Zebib (Tunisie), Campagne 1971-1972 », Rivista di Studi Fenici, no 1, 1973, p. 215-217 et Fethi Chelbi, « Prospections archéologiques dans la région de Bizerte », Revue du Centre d’études de la civilisation phénicienne-punique et des antiquités libyques, no 3, 1987, p. 71-115, en part. p. 71-72.
  • [52]
    Ferruccio Barreca, « Le fortificazioni puniche sul Capo Bon », art. cit. (n. 48), p. 13-15.
  • [53]
    Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, op. cit. (n. 41), p. 61.
  • [54]
    Ferruccio Barreca, « Le fortificazioni puniche sul Capo Bon », art. cit. (n. 48), p. 17-28 ; Ferruccio Barreca, « Gli eserciti annibalici », Rivista storica dell’Antichita, no 13-14, 1983-1984, p. 43-68 ; Nicolas Carayon, « Les Ports phéniciens et puniques. », op. cit. (n. 41), p. 139.
  • [55]
    L’édifice daterait du ve siècle avant J.‑C. ; Ferruccio Barreca, « Le fortificazioni puniche sul Capo Bon », art. cit. (n. 48), p. 37-38. Pour M. Gharbi, il ne resterait aucun vestige antérieur au iiie siècle avant notre ère ; voir Maya Gharbi, « Les fortifications pré-romaines de Tunisie », art. cit. (n. 50), p. 187-198. Cependant, on déduit du texte de Strabon l’existence d’une forteresse au ive siècle avant notre ère ; Strabon, Géographie, XVII, 3, 16.
  • [56]
    Pierre Cintas, « Une ville punique au Cap-Bon, en Tunisie », Compte rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1953, p. 256-260. Le toponyme libyque semble avoir été Tamezrat ; voir M’hamed Hassine Fantar, Kerkouane, cité punique au pays berbère de Tamezrat, Tunis, Alif, 1998, p. 16.
  • [57]
    L’enceinte la plus ancienne a probablement été élevée au vie ou au ve siècle avant notre ère ; voir Jean-Paul Morel, « Kerkouane, ville punique du Cap Bon », Mélanges de l’École française de Rome (Antiquité), no 81, 1969, p. 473-518 ; M’hamed Hassine Fantar, Kerkouane, cité punique du Cap Bon (Tunisie), Tunis, Institut national d’archéologie et d’art, 1984, vol. 1, p. 170-177. Une partie de l’enceinte punique a disparu sous l’action de l’érosion marine ; Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, op. cit. (n. 41), p. 181 ; Nicolas Carayon, « Les Ports phéniciens et puniques. », op. cit. (n. 41), p. 406.
  • [58]
    Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 284-290 ; Samir Aounallah, « Le fait urbain dans le Cap Bon antique (Tunisie du nord-est) », in Attilio Mastino et Paola Ruggeri (dir.), L’Africa romana, atti del X convegno di studio, Oristano, 11-13 décembre 1992, Sassari, Archivio fotografico sardo, 1994, p. 615-625 ; Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, op. cit. (n. 41), p. 61.
  • [59]
    Jean-Paul Morel, « Campanienne (céramique) », in Encyclopédie berbère, vol. 11 Bracelets – Caprarienses, Aix-en-Provence, 1992, p. 1720-1725.
  • [60]
    Barbara Scardigli, I trattati romano-cartaginesi, op. cit. (n. 2), p. 70-71.
  • [61]
    Polybe, Histoires, III, 24, 14.
  • [62]
    Stéphane Gsell, Histoire ancienne, op. cit. (n. 21), vol. III, p. 464-465 ; Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 16.
  • [63]
    Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 283-284.
  • [64]
    Henry Hurst et Lawrence E. Stager, « A Metropolitan Landscape : The Late Punic Port of Carthage », World Archaeology, no 9/3, 1978, p. 334-346 ; Jean-Paul Morel, « Nouvelles données sur le commerce de Carthage punique entre le viie et le iie siècle avant J.‑C. » in Claude Lepelley (dir.), Carthage et son territoire dans l’antiquité, actes du IVe colloque international sur l’histoire et l’archéologie de l’Afrique du Nord réuni dans le cadre du 113e Congrès national des Sociétés savantes, Strasbourg, 5-9 avril 1988, vol. I, Paris, 1990, p. 67-100 ; Roald F. Docter, « Carthage and its Hinterland », art. cit. (n. 6), p. 179-189. Seuls 15 à 20 % des amphores de transport datant du ve et du ive siècles, découvertes lors des fouilles, sont importées sur de longues distances.
  • [65]
    Polybe, Histoires, III, 24, 3. H. Scullard considère que la mention de Tyr peut sans doute être rejetée, car Polybe aurait mal compris l’expression « les Tyriens de Carthage » qui correspond au titre officiel des Carthaginois ; Howard H. Scullard, « Carthage and Rome », art. cit. (n. 2), p. 528.
  • [66]
    La cité de Tyr a été affaiblie et assiégée en 573 avant notre ère par Nabuchodonosor, roi babylonien. Tyr a cependant gardé des liens forts avec son ancienne colonie, en particulier dans le domaine religieux ; voir Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 97. Les sources antiques mentionnent la persistance d’une ambassade carthaginoise : Quinte-Curce, Histoires, IV, 2, 10 ; Justin, Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue Pompée, XVIII, 7, 7 ; Diodore, Bibliothèque historique, XX, 14, 1.
  • [67]
    Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 13.
  • [68]
    Jacques Heurgon, Rome et la Méditerranée occidentale jusqu’aux guerres puniques, Paris, Puf, « Nouvelle Clio » 7, 1969, p. 390.
  • [69]
    Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 14-15 ; Édouard Lipiński, art. « Algérie », in Édouard Lipiński (dir.), Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, Turnhout, Brepols, 1992, p. 16-17.
  • [70]
    Polybe, Histoires, III, 22, 11-13.
  • [71]
    Μακραίνᾶες.
  • [72]
    Polybe, Histoires, III, 23, 2 : οὗκαθάπαξἐπέκειναπλεῖνὡςπρὸςμεσημβρίανοὐκοἴονταιδεῖνοἱΚαρχηδόνιοιτοὺςῬωμαίουςμακραῖςναυσὶδιὰτὸμὴβούλεσθαιγινώσκειναὐτούς […], « Les Carthaginois interdisent une fois pour toutes aux Romains de voguer avec des navires de guerre au-delà, vers le midi […] ».
  • [73]
    John Serrati, « Neptune’s Altars : The Treaties between Rome and Carthage (509–226 B.C.) », Classical Quarterly, no 56/1, 2006, p. 113-134, en part. p. 118.
  • [74]
    Polybe, Histoires, III, 23, 4 : ΕἰςδὲΚαρχηδόνακαὶπᾶσαντὴνἐπὶτάδετοῦΚαλοῦἀκρωτηρίουτῆςΛιϐύηςκαὶΣαρδόνακαὶΣικελίαν, ἧςἐπάρχουσιΚαρχηδόνιοι, κατ´ ἐμπορίανπλεῖνῬωμαίοιςἔξεστι.
  • [75]
    Jacques Heurgon, « Sur l’interdiction de naviguer », art. cit. (n. 12), p. 41. Walter Ameling rappelle d’autres cas où de telles interdictions existaient ; Walter Ameling, Karthago. Studien zu Militär, Staat und Gesellschaft, Munich, C.H. Beck, « Vestigia », no 45, 1993, p. 143-144.
  • [76]
    Alain Bresson, « Les accords romano-carthaginois », art. cit. (n. 2), p. 662.
  • [77]
    Polybe, Histoires, III, 24, 4 : ΤοῦΚαλοῦἀκρωτηρίου, ΜαστίαςΤαρσηίου, μὴλῄζεσθαιἐπέκειναῬωμαίουςμηδ’ἐμπορεύεσθαιμηδὲπόλινκτίζειν ; « Les Romains ne feront pas de butin ni de trafic, et ne fonderont pas de ville au-delà du Beau Promontoire, de Mastia et de Tarseion ».
  • [78]
    Polybe, Histoires, III, 24, 11 : ἘνΣαρδόνικαὶΛιϐύῃμηδεὶςῬωμαίωνμήτ´ ἐμπορευέσθωμήτεπόλινκτιζέτω.
  • [79]
    Strabon, Géographie, XVII, 1, 19 : ΚαρχηδονίουςδὲκαταποντοῦνεἴτιςτῶνξένωνεἰςΣαρδὼπαραπλεύσειενἢἐπὶστήλας. « Les Carthaginois coulaient les navires étrangers qui naviguaient vers la Sardaigne ou les Colonnes » (traduction de l’auteur). Les Gaditains, d’origine phénicienne, protègent aussi les routes maritimes ; Strabon, Géographie, III, 5, 1.
  • [80]
    Polybe, Histoires, III, 23, 6-7 et III, 24, 11.
  • [81]
    Un délai similaire est mentionné par Hérodote (Histoires, II, 115) dans un passage consacré à l’histoire de l’Égypte. Ce délai s’expliquerait par la présence de Phéniciens de Tyr en Égypte, mentionnée par Hérodote ; voir René Rebuffat, « Hélène et le Romain égaré (Hérodote, II, 115 et Polybe, III, 22-24) », Revue des études anciennes, no 68/3-4, 1966, p. 261-263.
  • [82]
    Polybe, Histoires, III, 22, 10 et III, 24, 12.
  • [83]
    La présence des Carthaginois le long des côtes africaines a été l’objet d’un long débat historiographique. P. Cintas avait émis l’hypothèse « d’échelles puniques », de comptoirs implantés régulièrement le long du littoral, ce qui est lié à une navigation par cabotage, obligeant les marins à tirer leur navire au sec chaque jour ; Pierre Cintas, « Fouilles puniques à Tipasa », Revue africaine, 1948, p. 263-330, en part. p. 270-271 ; voir aussi Stéphane Gsell, Histoire ancienne, op. cit. (n. 21), vol. I, p. 34 et p. 367. Ce système a été remis en cause car il est difficile de retrouver les traces de la présence punique à haute époque sur les sites fouillés et de différencier la présence de populations libyques punicisées et de celle des Puniques ; Paul-Albert Février, « Les origines de l’habitat urbain en Maurétanie césarienne », Journal des savants, no 2, 1967, p. 107-123, en part. p. 116-117 ; Mounir Bouchenaki, « Algérie », in L’Espansione fenicia nel Mediterraneo, relazioni del colloquio, Rome, 4-5 mai 1970, Rome, Consiglio nazionale delle Ricerche, 1971, p. 47-62 ; Charles Richard Whittaker, « The Western Phoenicians : Colonisation and Assimilation », Proceedings of the Cambridge Philological Society, no 20, 1974, p. 58-79 ; Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 112-115 ; Jean-Pierre Laporte, « Numides et Puniques en Algérie. Notes de lecture », in Ahmed Ferjaoui (dir.), Carthage et les autochtones de son empire du temps de Zama : hommage à Mhamed Hassine Fantar, colloque international de Siliana et Tunis du 10 au 13 mars 2004, Tunis, Institut national du patrimoine, 2010, p. 379-393, en part. p. 389, note 69. Cette hypothèse permet d’expliquer le manque d’homogénéité des faciès des sites fouillés, qui révèlent que l’implantation punique s’est déroulée à des époques différentes, ainsi que la diminution de la présence de matériel ibéro-punique vers l’est alors qu’il est très présent dans l’ouest algérien.
  • [84]
    J.-P. Laporte propose l’hypothèse de « circuits phénico-puniques » composés de points d’accostage habités par des populations libyques, qui accueillaient des navires légers pour un cabotage local. Certains ports plus importants devaient être desservis par des navires marchands puniques de plus grande capacité ; ibidem, p. 386-389.
  • [85]
    Alain Bresson, « Les cités grecques et leurs emporia », in Alain Bresson et Pierre Rouillard (dir.), L’Emporion, Paris, Centre Pierre Paris, 1993, p. 163-226, en part. p. 206-208 et 215-218.
  • [86]
    Polybe, Histoires, III, 22, 9.
  • [87]
    Alain Bresson, « Les cités grecques et leurs emporia », art. cit. (n. 85), p. 166.

1Le rôle des Carthaginois dans le commerce méditerranéen est très ancien. Parcourant de longues distances, ils sont notamment entrés en contact avec les cités étrusques d’Italie du Nord, mais aussi avec les Romains, comme le prouvent les deux premiers traités transmis de manière partielle par Polybe au livre III de ses Histoires[1]. Certes, le contenu de ces traités offre de grandes difficultés d’interprétation, mais ce n’est pas le sujet du présent article [2]. Ces deux traités comportent un ensemble de clauses qui permettent d’aborder, sous l’angle commercial et diplomatique, le contrôle des littoraux africains. L’archéologie a prouvé que les Carthaginois se rendaient dans les ports étrusques, comme l’atteste la découverte à Carthage d’une plaquette d’ivoire, qui portait une inscription fragmentaire en langue étrusque. Un marchand punique l’aurait utilisée comme une tessère d’hospitalité, attachée en pendentif, grâce à un trou de suspension encore visible [3]. La fréquentation carthaginoise ou phénicienne des régions proches de Rome est aussi confirmée par le nom de Punicum, l’un des ports de Caere, une cité au nord de Rome, selon la Table de Peutinger [4]. De plus, les fouilles réalisées à Carthage ont révélé une grande quantité de bucchero nero et de céramiques « étrusco-corinthiennes », imitations étrusques de la céramique corinthienne, datés du viie siècle jusqu’à la première décennie du ve siècle avant notre ère [5]. Les importations de produits étrusques concernent essentiellement des biens de prestige [6]. Il paraît donc plausible d’inscrire le premier traité romano-carthaginois, daté par Polybe du début de la République, dans un contexte de relations économiques et militaires entre Carthage et les cités étrusques, avec lesquelles des traités avaient été conclus [7], et même des alliances militaires [8]. Les clauses concernant Carthage et les territoires sous son influence ne devaient donc pas dépendre de l’autre cité contractante : elles sont théoriques et ne présument pas des capacités réelles des Romains à naviguer jusqu’à l’Afrique dès le vie siècle avant notre ère. Le deuxième traité romano-carthaginois n’est pas daté par Polybe, mais il correspondrait au traité de 348 avant notre ère, mentionné par Diodore de Sicile et par Tite-Live [9]. Les deux traités définissent des régions accessibles aux marchands des cités contractantes, ainsi qu’un ensemble de clauses, qui concernent la navigation des Romains au large des possessions carthaginoises. Les limites ainsi définies varient entre les deux traités, mais il est prévu la possibilité que les Romains puissent accéder à certains territoires, alors que d’autres leur sont interdits. Comment la cité de Carthage, dont la richesse est liée à son dynamisme commercial, a-t‑elle cherché à protéger ou à encadrer l’accès aux espaces qui étaient sous son influence, en particulier les littoraux africains, tout en permettant les échanges économiques ? Plusieurs clauses relatives à la navigation des Romains sont définies par rapport à un cap appelé « le Beau Promontoire » par Polybe. Or, cette expression n’est utilisée que dans les passages relatifs aux traités romano-carthaginois. La première difficulté consiste à déterminer le cap dont il est question. Même si son identification a déjà été l’objet de nombreux travaux et de débats, il convient d’examiner les différentes hypothèses qui ont été formulées. Ensuite, la confrontation des découvertes archéologiques et des sources littéraires permet d’aborder les différents moyens employés par les Carthaginois pour protéger leurs côtes des menaces extérieures, dès l’époque archaïque. Enfin, si l’on replace les traités dans le contexte des échanges économiques puniques, à l’échelle de la Méditerranée occidentale, les traités dessinent des espaces ouverts ou fermés à la navigation et au commerce des Romains. Les évolutions entre les deux traités traduisent aussi l’accroissement de l’influence respective des deux cités. Il est alors possible de dresser une typologie de ces espaces.

L’identification du « Beau Promontoire » et son influence sur l’interprétation des deux premiers traités

2Le premier traité romano-carthaginois comporte deux grandes parties. La première concerne la navigation et les régions ouvertes aux navires romains, la seconde s’intéresse à la sauvegarde des intérêts romains dans le Latium. En effet, au début du traité, les Romains s’engagent à ne pas naviguer au-delà de certaines limites : « les Romains et les alliés des Romains ne navigueront pas au-delà du Beau Promontoire, à moins d’y être forcés par la tempête ou des ennemis. Si quelqu’un y est contraint pour une raison de force majeure, il ne lui sera permis d’acheter ou de prendre que ce qui est nécessaire pour radouber son navire ou faire des sacrifices » [10]. Polybe précise dans son commentaire que le but de cette clause était d’interdire aux Romains de fréquenter les emporia de la Byzacène et de la Petite Syrte, région riche et fertile [11]. La première difficulté qui se pose à la lecture du texte de Polybe est l’identification du « Beau Promontoire », le Καλὸνἀκρωτήριον [12]. Ce nom n’est employé par aucun autre auteur ancien et Polybe l’utilise uniquement à propos des deux premiers traités entre les Romains et les Carthaginois. Il précise d’ailleurs dans son commentaire : « le Beau Promontoire est celui qui s’étend devant Carthage même, vers le nord » [13]. Trois caps peuvent être associés à cette précision (carte no 1) [14].

Carte 1. Le golfe de Tunis

Carte 1. Le golfe de Tunis

Carte 1. Le golfe de Tunis

3À l’ouest, le Cap Blanc ou Ras al Abyad est appelé dans l’antiquité promunturium Candidum, selon Pline l’Ancien [15]. Ensuite, le Cap Farina, ou Ras Sidi Ali el Mekki, est situé juste au nord de Carthage et s’étend vers l’est. Pline l’appelle promunturium Apollinis. De plus, il mentionne l’existence d’un temple d’Apollon à Utique dès sa fondation [16]. Enfin, à l’est, le Cap Bon ou Ras Eddar est le cap le plus massif. Polybe l’appelle, par ailleurs, le Cap Hermée, ἡ ἄκραἡἙρμαία, « qui devant le golfe de Carthage s’avance dans la mer du côté de la Sicile » [17], tandis que Pline le nomme promunturium Mercuri.

4L’identification du Beau Promontoire mentionné dans les traités rapportés par Polybe a suscité un long débat historiographique car, de cette identification, dépend l’interprétation de l’ensemble du traité. Le Cap Blanc est facilement écarté, car le Cap Farina et le Cap Bon sont beaucoup plus saillants et servent de repères à la navigation : le Cap Farina est dit aduersum Sardiniae par Pline et le Cap Bon aduersum Siciliae[18]. Ces deux caps délimitent la baie de Carthage.

5Lors du récit de la campagne de Scipion en Afrique en 204 avant notre ère, Tite-Live emploie l’expression promunturium Pulchri, qu’il est possible de rapprocher du Beau Promontoire de Polybe. La flotte romaine part de Lilybée, en Sicile et, poussée par un vent favorable, se dirige vers l’Afrique. Scipion aperçoit alors le promunturium Mercuri, mais le brouillard et le vent l’empêchent de débarquer. Le jour suivant, Scipion débarque sur le promunturium Pulchri[19], le Promontoire du Beau. Appien donne le même récit en abrégé, grâce auquel on déduit que Scipion débarque au nord d’Utique [20]. Il est alors facile de conclure que le promunturium Pulchri correspond au Cap Farina. Il est le promontoire du « beau dieu », c’est-à‑dire d’Apollon [21], ce qui est confirmé par le fait que l’adjectif épithète pulcher possède un emploi rituel lié au dieu Apollon, soulignant la beauté et l’aspect secourable de ce dieu [22]. Or, si le Beau Promontoire, le Καλὸνἀκρωτήριον, est le promunturium Pulchri, c’est-à‑dire le Cap Farina, au nord-ouest de Carthage, l’accès à la ville de Carthage devient de fait interdit aux navires romains, puisque le traité leur interdit de naviguer vers le sud et l’est. Polybe précise en effet dans son commentaire que les Romains n’ont pas le droit de naviguer vers le rivage de la Byzacène et de la petite Syrte [23]. Cependant, le second traité, qui fait aussi référence au Beau Promontoire, envisage clairement la possibilité offerte aux Romains de se rendre à Carthage pour faire du commerce [24]. Les deux traités portent donc entre eux une contradiction majeure.

6L’identification du Beau Promontoire avec le Cap Bon pose des problèmes similaires. D’abord, Polybe utilise déjà un autre nom pour désigner ce cap, il l’appelle le Cap Hermée [25]. De plus, le second traité précise : « Les Romains ne feront pas de butin ni de trafic, et ne fonderont pas de ville au-delà du Beau Promontoire, de Mastia et de Tarseion » [26]. Mastia correspond à Carthagène sur la côte espagnole, donc le traité interdit la navigation à l’ouest du Beau Promontoire, le long des rivages. Carthage se situerait elle-même à l’intérieur de la zone interdite à la navigation.

7Pour sortir de cette impasse, O. Meltzer [27] avait jadis émis l’hypothèse que Polybe se serait trompé en interprétant le premier traité : l’interdiction concernerait l’ouest du Beau Promontoire, identifié au promunturium Pulchri. Ainsi, les Romains étaient autorisés à commercer dans les territoires africains contrôlés par les Carthaginois situés à l’est du Cap Farina. Cette thèse a été largement adoptée par la suite [28]. À Carthage et en Sicile, les conditions seraient plus libres, si les conditions du deuxième traité s’appliquaient au premier traité. En effet, dans le deuxième traité, Carthage et la Sicile sont évoquées dans la même clause, alors que dans le premier traité, la liberté de déplacement ne concerne que la Sicile. Polybe aurait omis de mentionner Carthage, mais une allusion dans son commentaire laisserait entendre la liberté de commerce des Romains à Carthage [29]. Le long des rivages du Byzacium et des Syrtes, les Romains seraient libres de naviguer, puisque aucune clause ne l’interdit, mais les conditions de navigation sont suffisamment difficiles et dangereuses pour décourager le commerce [30].

8Si le Beau Promontoire correspond effectivement au Cap Farina, il est nécessaire de conclure à une erreur de Polybe [31]. Or, Polybe a la réputation d’être un historien sérieux et il s’est rendu en Afrique : son interprétation du traité ne doit pas être sous-estimée [32]. Polybe précise : « le Beau Promontoire est celui qui s’étend devant Carthage même, vers le nord » [33]. Or, le Cap Farina est en direction de l’est, même si les navigateurs venant du nord et du nord-ouest sont obligés de le doubler, Polybe n’a pas pu le négliger. L’interprétation de l’historien grec pousse indéniablement à identifier le Beau Promontoire avec le Cap Bon [34]. Il convient en effet de distinguer le promunturium Pulchri mentionné par Tite-Live du Beau Promontoire, le Καλὸνἀκρωτήριον de Polybe, grâce à une étude philologique et historique du culte d’Apollon [35]. L’expression ἐπέκεινατοῦΚαλοῦἀκρωτηρίου mérite d’être analysée [36]. Καλοῦ est au génitif singulier et correspond soit à une épithète liée à ἀκρωτηρίου, l’expression peut alors être traduite par « au-delà du Beau Promontoire », soit à un complément du nom ἀκρωτηρίου, la traduction serait alors « au-delà du Promontoire du Beau ». Mais dans ce cas, il manquerait l’article devant ἀκρωτηρίου. Or, Polybe considère explicitement, dans son commentaire, que l’adjectif Καλὸν sert à qualifier ἀκρωτήριον, car il s’accorde avec ce nom. L’expression ἐπέκεινατοῦΚαλοῦἀκρωτηρίου n’équivaut donc pas à l’expression latine « ultra Pulchri promunturium » : ainsi, le Beau Promontoire n’est pas le « Promontoire du Beau » (Apollon). De plus, J. Desanges a montré qu’il est peu vraisemblable que les Romains aient attribué dès le vie siècle l’épiclèse de Pulcher au dieu Apollon. En effet, les Romains ont longtemps considéré que cet adjectif était inconvenant pour un dieu, car il était volontiers employé au sens de « mignon » [37]. Ce qualificatif serait davantage lié au dieu phénico-punique Rashap, assimilé à Apollon [38]. Καλός s’entendrait alors par euphémisme et antiphrase, tant la navigation est périlleuse dans les parages du Cap Bon, en particulier à proximité du Ras ed Drek, le « cap de l’Épouvante » [39]. Ainsi, l’expression Καλὸνἀκρωτήριον signifierait moins le « Beau Promontoire » que le « Promontoire favorable » à la navigation ; le sens serait le même que le nom moderne « Cap Bon ». Même s’il est difficile d’imaginer deux caps portant un nom similaire [40], il est possible que le nom du Beau Promontoire soit un nom ancien, inscrit dans les traités, et que ce nom ne soit plus utilisé par la suite, d’où son absence dans les autres sources. Le traité interdirait alors effectivement aux Romains de naviguer vers le sud, en direction des emporia de la petite Syrte. Les Carthaginois voudraient protéger cette région de toute incursion étrangère, car elle constituerait la base de la puissance carthaginoise. Cette interprétation trouve une confirmation si le traité est replacé dans le contexte des tensions entre Grecs et Carthaginois pour le contrôle de cette région.

Des espaces protégés dont l’étendue varie entre les deux traités

9La cité de Carthage tire sa prospérité des échanges commerciaux à l’échelle de la Méditerranée. Sa position au fond du golfe de Tunis, largement tourné vers le nord-est, offre aux marchands puniques la possibilité de participer aux échanges entre les parties orientale et occidentale de la Méditerranée, mais aussi d’accéder facilement, vers le nord, à la Sicile, à la Sardaigne, et, au-delà, à l’Italie [41]. Les installations portuaires puniques situées à l’est du Cap Bon ont une importance particulière, comme Polybe le met en exergue dans son commentaire : « […] ils ne veulent pas leur laisser connaître, il me semble, ni la région de Byssatis, ni celle de la petite Syrte, régions qu’ils appellent les Emporia, à cause de la fertilité du pays » [42]. En naviguant vers le sud et en doublant le Cap Bon vers l’est, les Romains seraient susceptibles d’atteindre ces deux régions que les Carthaginois veulent préserver de leur « convoitise » [43] (carte no 2). Selon la description de Pline l’Ancien, le Byzacium s’étend de Néapolis au nord jusqu’à Thapsus au sud, ce qui correspond à une distance assez proche de l’estimation de Polybe [44]. Le terme d’emporia désigne les installations puniques, en particulier celles du littoral de la petite Syrte : essentiellement à Thenae, Aues, Macomades, Tacape, mais il pouvait aussi englober une région plus vaste du Byzacium au nord, à Sabratha, Oea et Lepcis au sud [45]. Les Carthaginois se sont d’abord heurtés aux Grecs pour contrôler ces rivages africains. En effet, les Grecs ont tenté à plusieurs reprises des incursions hostiles : la tentative du Lacédémonien Dorieus, vers 513 avant notre ère, de fonder une colonie au bord de la rivière Cinyps, à proximité ou à la place de Lepcis Magna [46], puis la guerre contre Gélon de Syracuse au début du ve siècle avant notre ère, pour le contrôle de cette même région [47]. Les Carthaginois sont donc soucieux de protéger les cités et les comptoirs puniques du Byzacium et de la Petite Syrte et ils veillent à surveiller la fréquentation de leurs côtes.

Carte 2. Le nord-est de l’Afrique dans l’Antiquité

Carte 2. Le nord-est de l’Afrique dans l’Antiquité

Carte 2. Le nord-est de l’Afrique dans l’Antiquité

10L’archéologie confirme l’ampleur du système défensif mis en place de Thabraca (l’actuelle Tabarka) jusqu’à Neapolis (Nabeul) [48], même si les recherches pâtissent du mauvais état de conservation des sites. L’érosion marine a, en effet, provoqué le recul du trait de côte au nord du Cap Bon, du Ras el Fartass au Ras Mostepha [49]. De plus, certains sites ont été réoccupés et réaménagés [50]. Plusieurs forteresses ont cependant été mises à jour, mais leur datation est discutée. À l’ouest de Carthage, un édifice militaire a été identifié sur le Ras Zebib à deux kilomètres de la localité de Metline [51] (carte no 1). Une forteresse s’élevait aussi sur le Ras el Fartass, un éperon rocheux d’une centaine de mètres d’altitude qui s’avance en direction de Carthage [52]. Le dispositif militaire continue ensuite sur la moitié orientale du Cap Bon [53]. Un autre édifice militaire a été dégagé sur la pointe sud-est du Cap Bon, au sommet du Ras ed Drek. Il a été occupé de la fin du ve siècle avant notre ère jusqu’au milieu du iie siècle avant notre ère [54]. Un autre fort, situé à Clupea, domine tout le rivage à l’est du Cap Bon, jusqu’à Neapolis (Nabeul) [55]. Entre ces deux derniers sites, la cité fortifiée de Kerkouane, dont le nom antique est inconnu [56], a été bâtie au sommet d’une petite falaise et elle était protégée du côté terrestre par deux enceintes de forme semi-circulaire [57]. Les sites fortifiés sur la côte orientale du Cap Bon et autour du golfe de Tunis donnaient aux Carthaginois la possibilité d’interdire aux navires étrangers de s’aventurer au-delà du Cap Bon et de naviguer vers les eaux du Byzacium[58]. Le souci des Carthaginois de défendre et de surveiller les côtes est donc très ancien, bien qu’aucun vestige découvert ne soit contemporain de la date supposée du premier traité. Les traces archéologiques concordent néanmoins avec les prétentions carthaginoises qui se manifestent nettement dans le deuxième traité.

11Il est donc possible de suggérer qu’à la fin du vie siècle avant notre ère, les Carthaginois n’aient pas considéré les côtes africaines à l’ouest de leur cité ou celles de l’Espagne comme des zones stratégiques à défendre. Les Romains manifestaient à cette époque de faibles capacités de navigation et ne suscitaient pas de craintes chez les Carthaginois. En revanche, au ive siècle avant notre ère, les Carthaginois se soucient davantage de leurs comptoirs africains ou espagnols, ce qui expliquerait la redéfinition des limites de navigation imposées aux Romains. En effet, les découvertes archéologiques confirment l’importance que les Romains prennent dans les échanges méditerranéens. À partir de la fin du ive siècle avant notre ère, la proportion des céramiques fabriquées à Rome ou dans le Latium augmente fortement à Carthage et sur les sites de son aire d’influence [59].

12Un autre élément renforce cette interprétation. Le premier traité ne mentionne pas l’autre grande cité phénicienne fondée en Afrique : Utique. Or, cette cité, qui est située au nord-ouest du golfe de Carthage, joue aussi un rôle important dans l’organisation des échanges le long des côtes africaines. L’alliance entre les cités de Carthage et d’Utique est essentielle pour contrôler la navigation vers les côtes occidentales de l’Afrique [60]. La puissance de Carthage s’est accrue entre les deux traités, comme Polybe le remarque [61]. Carthage renforce son emprise territoriale sur les régions qui l’entourent à partir du ve siècle avant notre ère [62], ce qui est confirmé par la mise à jour, dans les plaines de l’intérieur, d’un vaste réseau de places fortes [63]. De plus, l’analyse des céramiques découvertes à Carthage a révélé une augmentation considérable de la part des amphores de transport produites localement aux ve et ive siècles avant notre ère. Ces amphores servaient au transport du vin, d’huile d’olive et d’autres productions agricoles vers la métropole punique [64]. La cité ne dépend plus des importations pour son approvisionnement et dispose d’un arrière-pays mis en culture à son profit. La puissance carthaginoise s’est donc renforcée. Dans le second traité, les cités d’Utique et de Tyr [65] apparaissent sur un pied d’égalité avec Carthage. La cité de Tyr, l’antique métropole phénicienne de Carthage, n’est plus à cette époque en mesure de maintenir son rôle en Méditerranée occidentale [66], et Utique semble devenue dépendante de Carthage [67]. Les noms de ces deux cités n’apparaissent d’ailleurs plus dans la suite du traité [68]. Enfin, l’archéologie confirme le développement de l’influence des Carthaginois sur les établissements phéniciens du littoral africain à cette époque : le matériel de tradition punique devient en effet prédominant à partir des ve et ive siècles avant notre ère, notamment sur l’île de Rachgoun ou à Tipasa, et il supplante un matériel hispano-phénicien plus ancien [69]. Il est alors logique de supposer que les Carthaginois veulent affirmer leurs nouveaux droits politiques et militaires sur les territoires qui viennent de passer sous leur influence. Ils paraissent revendiquer leur hégémonie sur l’Afrique et sur les installations phéniciennes à l’ouest de la Méditerranée, en reprenant ainsi à la fois l’héritage de Tyr et celui d’Utique. Les différences entre les deux traités peuvent donc s’expliquer sans supposer une erreur de Polybe.

Les espaces autorisés ou interdits aux Romains

13Les deux premiers traités romano-carthaginois organisent les relations politiques et commerciales entre les deux cités et définissent les règles que chaque contractant doit suivre vis-à-vis du territoire de l’autre et de sa zone d’influence. Le premier traité révèle une situation très dissymétrique entre les Romains et les Carthaginois, au profit de ces derniers, puisqu’il est envisagé une présence militaire des Carthaginois dans le Latium[70], alors que l’inverse ne l’est pas. Polybe précise même qu’il est expressément interdit aux Romains de venir en Afrique avec des navires de guerre, des « navires longs » [71], au sud du Beau Promontoire, pour éviter une reconnaissance militaire des côtes [72]. Les contacts entre les Carthaginois et les Romains étaient sans doute plus fréquents sous la période de la monarchie, pendant laquelle il est vraisemblable que Rome était insérée dans les relations d’échanges établies avec le monde étrusque. Les difficultés de la situation romaine au début de la République laissent planer un doute sur les possibilités réelles des Romains de naviguer aussi loin, d’autant plus que le littoral contrôlé par les Romains au ve siècle avant notre ère s’est considérablement réduit [73]. Au début de la République, les échanges ont dû s’amoindrir car Rome a perdu le contrôle des principaux ports du Latium, bien que cette région soit spécifiquement mentionnée dans le premier traité.

14Ce traité délimite des espaces ouverts à des fins commerciales : « Quant à Carthage et à toute la côte d’Afrique située en deçà du Beau Promontoire, la Sardaigne et la Sicile, où commandent les Carthaginois, il est permis aux Romains d’y naviguer pour le commerce » [74]. En Afrique, la cité de Carthage est donc accessible, de même que les régions situées à l’ouest du Cap Bon. Une partie du littoral africain est donc ouvert à la navigation romaine, vraisemblablement le golfe de Tunis. La navigation et le commerce en Sardaigne et dans l’ouest de la Sicile sous influence punique sont aussi autorisés. Les espaces interdits à la navigation et au commerce romain sont plus précis, même si la mention des navires de guerre dans le commentaire de Polybe laisserait penser que deux zones maritimes sont définies, l’une plus restreinte pour les navires de guerre, l’autre plus large, ouverte aux navires marchands [75]. En fait, il est difficile de considérer que la clause portant sur l’interdiction de la navigation romaine soit distincte de celle réglementant le commerce. Cette distinction n’existe d’ailleurs pas dans le deuxième traité. Si les Carthaginois ont gardé la même logique économique entre les deux traités, l’interdiction doit être de même nature et l’hypothèse d’une exclusion qui vaudrait seulement pour les navires de guerre est donc à rejeter [76]. Les ports du Byzacium et les emporia sont des lieux d’exportation des productions locales et de celles des territoires situés dans leur arrière-pays. Ils pouvaient accueillir de nombreux navires dans leur port, mais ces navires assuraient uniquement le transport des marchandises vers le port de Carthage. Il est donc logique que les Carthaginois cherchent à se réserver le monopole d’accès à leurs ressources, en empêchant les marchands romains et d’autres cités d’y accéder directement.

15Le deuxième traité reprend cette interdiction, mais l’étend à l’ensemble de l’Afrique et de l’Espagne [77]. La Sardaigne n’est plus ouverte aux Romains et elle est désormais réservée aux seuls Carthaginois, comme l’Afrique : « Que nul Romain ne fasse de trafic ni fonde de ville en Sardaigne et en Afrique » [78]. Les capacités navales acquises par les Romains semblent être perçues comme une menace potentielle. Strabon rapporte, d’ailleurs, qu’au temps d’Ératosthène, au iiie siècle avant notre ère, les navires carthaginois coulaient les navires étrangers qui se dirigeaient vers la Sardaigne ou vers le détroit de Gibraltar [79].

16Cependant, les deux premiers traités contiennent des clauses originales : l’accès aux littoraux interdits est possible sous certaines conditions. En effet, ils prévoient la possibilité pour les navires romains en difficulté d’accoster sur les terres contrôlées par les Carthaginois, d’acheter ce qui leur est nécessaire pour réparer leur navire et pratiquer des sacrifices, mais ils doivent repartir avant cinq jours [80]. Les Carthaginois ne revendiquent aucun droit sur les navires échoués : les Romains « égarés » gardent leurs vaisseaux intacts ainsi que leur cargaison, alors qu’aucune réciprocité n’est prévue en territoire romain [81]. La brièveté de ce séjour ne laisse guère la possibilité aux Romains de se déplacer librement sur le territoire des comptoirs carthaginois, ni de l’explorer. Les Carthaginois accordent l’hospitalité aux naufragés, mais ces derniers ne peuvent pas en profiter pour faire du commerce.

17Les clauses restrictives des traités peuvent donc s’expliquer comme une nécessité de protéger des circuits commerciaux. Dans la Sicile punique, les deux traités garantissent aux Romains les mêmes droits qu’aux citoyens carthaginois [82]. La situation est très différente dans les territoires interdits aux Romains. Jusqu’à la perte de la Sicile et de la Sardaigne, les Carthaginois n’avaient pas besoin d’un contrôle continu du littoral nord-africain, quelques points de présence devaient suffire pour assurer le relais de la domination punique [83]. Les courants maritimes, provoqués par la pénétration des eaux de l’Atlantique en Méditerranée, longent la côte nord du Maghreb et restent très puissants jusqu’aux environs d’Oran. Il est peu probable que les navires antiques se déplaçaient à contre-courant, même en cas de vents forts. La composition de la cargaison des navires se modifiait au fil des escales : les produits carthaginois devaient se vendre sur les côtes espagnoles et les produits espagnols sur celle d’Afrique du Nord, ce qui expliquerait la présence d’objets archaïsants par rapport à Carthage, découverts dans l’ouest de l’Algérie [84] (carte no 3).

Carte 3. Les espaces ouverts ou fermés à la navigation romaine selon le deuxième traité romano-carthaginois

Carte 3. Les espaces ouverts ou fermés à la navigation romaine selon le deuxième traité romano-carthaginois

Carte 3. Les espaces ouverts ou fermés à la navigation romaine selon le deuxième traité romano-carthaginois

Les itinéraires maritimes « phénico-puniques » sont tracés d’après les hypothèses de J.‑P. Laporte.

18Le fonctionnement des ports puniques ne serait alors pas fondamentalement différent des places de commerce grecques : ces cités fonctionnent comme des emporia internes réservés aux seuls Carthaginois [85]. Elles assurent l’exportation des productions de leur territoire et de leur arrière-pays, qui n’est pas nécessairement dominé, Carthage étant avant tout une puissance maritime. Les flux de marchandises sont donc contrôlés par les marchands puniques et une partie d’entre eux converge vers le port de Carthage. Des marchands romains ont donc la possibilité juridique de se rendre dans ce port pour acquérir ou vendre des produits, qui sont ensuite redistribués dans les possessions puniques sur des navires carthaginois. Or, il est vraisemblable que les Romains n’avaient pas la capacité technique de naviguer aussi loin lors de la conclusion du premier traité. Les clauses d’interdiction d’accès aux possessions carthaginoises ne seraient donc pas spécifiques aux Romains, mais elles devaient probablement être utilisées par les Carthaginois dans la plupart des traités qu’ils contractaient avec des cités étrangères. Les restrictions énoncées dans les traités permettaient aux autorités carthaginoises de contrôler la circulation des étrangers dans une grande partie de leur zone d’influence et de surveiller leurs activités commerciales. Des magistrats pouvaient contrôler les échanges et éviter les litiges entre marchands. Ils apportaient ainsi la garantie de la cité sur les transactions [86]. Enfin, cette concentration des activités facilitait la perception des droits de douane sur les marchandises achetées et le respect des lois de la cité [87].

19Ainsi, la mise en relation des sources littéraires, des recherches archéologiques et des données géographiques permet de comprendre la portée des deux traités romano-carthaginois, en respectant le texte de Polybe. L’identification du Beau Promontoire au cap Bon est cohérente avec l’importance, pour les Carthaginois, de la péninsule du même nom, du Byzacium et de la petite Syrte. Ces régions, convoitées pour leur richesse, sont l’objet d’une attention particulière et les Carthaginois se sont préoccupés de la fréquentation des eaux côtières par des navires étrangers, en l’occurrence les Romains. Un système de surveillance et de défense s’est constitué, pour faire face aux invasions éventuelles ou pour prévenir l’accès de navires non autorisés. Les changements entre les deux traités s’expliquent tout autant par les évolutions politiques et économiques de Carthage, dont l’influence s’étend en Afrique et en Espagne, que par celles de Rome. Le contenu des traités sous-tend le rôle des marchands puniques : le premier traité s’inscrit dans les relations tissées avec le monde étrusque, tandis que le second est à replacer dans le contexte de la montée de la puissance marchande de Rome. Il est possible d’expliquer l’aspect économique des traités et la signification des interdictions de navigation, par analogie avec le fonctionnement des emporia grecs. Carthage, dont la puissance est liée à son commerce florissant, cherche à maintenir un contrôle exclusif sur ses sources d’approvisionnement. Alors que la partie occidentale de la Sicile, sous influence punique, reste ouverte aux navires romains, le port de Carthage est, quant à lui, le seul lieu d’Afrique auquel les Romains ont légalement accès jusqu’à la première guerre punique.


Mots-clés éditeurs : Carthage, traités commerciaux, historiographie., Rome, navigation, Afrique antique

Date de mise en ligne : 11/06/2019

https://doi.org/10.3917/rhis.192.0227

Notes

  • [1]
    Polybe, Histoires, texte établi par Jules de Foucault et traduit par Éric Foulon, Paris, Les Belles Lettres, « Collection des Universités de France », 2004, t. 3 : III, 22 – III, 23 et III, 24, 1-13. Sauf mention contraire, les traductions sont tirées de cet ouvrage.
  • [2]
    Les questions posées par les différents traités ont été abordées par de nombreux auteurs : voir en particulier Howard Hayes Scullard, « Carthage and Rome », in Frank W. Walbank, Alan E. Astin et alii, The Cambridge Ancient History, vol. VII part. 2, Cambridge, Cambridge University Press, 1989², p. 486-569 ; Barbara Scardigli, I trattati romano-cartaginesi, Pise, Scuola Normale Superiore, 1991 ; Luigi Loreto, « Sui trattati romano-cartaginesi », Bullettino dell’ Istituto di Diritto Romano, no 98-99, 1995-1996, p. 779-821 ; Klaus Bringman, « Überlegungen zur Datierung und zum historischen Hintergrund der beiden ersten römisch-karthagischen Verträge », in Klaus Geus et Klaus Zimmermann (dir.), Festschrift für Werner Huss, Studia Phoenicia, no 16, 2001, p. 115-116 ; Alain Bresson, « Les accords romano-carthaginois », in Claudia Moatti (dir.), La Mobilité des personnes en Méditerranée de l’Antiquité à l’époque moderne, Rome, École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome » 341, 2004, p. 649-676.
  • [3]
    « Je (suis) un Punique de Carthage », Mi Puinel Karθazie els φ[…]na ; Massimo Pallottino (dir.), Testimonia Linguae Etruscae, Florence, Nuova Italia, « Biblioteca di studi superiori », 19682, inscription 724 ; Helmut Rix et Gerhard Meiser, Etruskische Texte, Hamburg, G. Narr, « Studien zur historisch-vergleichenden Sprachwissenschaft », 20142, inscription Af 3.1. La plaquette a été découverte dans la nécropole dite de Sainte-Monique. Voir Massimo Pallotino, « Les relations entre les Étrusques et Carthage du viiie s. au iiie s. », Les Cahiers de Tunisie, no 44, 1963, p. 23-29, en part. p. 26 ; Michel Gras, Pierre Rouillard et Javier Teixidor, L’Univers phénicien, Paris, Arthaud, 1989, p. 227 ; Massimo Pittau, « Gli Etruschi e Cartagine : i documenti epigrafici », in Mustapha Khanoussi, Paola Ruggeri et Cinzia Vismara (dir.), L’Africa romana, atti del 11. convegno di studio, Carthage, 15-18 décembre 1994, Sassari, Il Torchietto, 1996, p. 1657-1674, en part. p. 1672. Cf. Émile Benveniste, « La tablette d’ivoire de Carthage », Studi Etruschi, no 7, 1933, p. 245-249. Cette inscription a fait l’objet d’une nouvelle lecture, mi Puinel Karθazie vesφ[…]na, par A. Maggiani, restituée en mi Puinel Karθazie Vesqu[…]na, et elle serait une désignation personnelle composée de trois éléments ; Adriano Maggiani, « Dinamiche del commercio arcaïco : le tesserae hospitales », in Giuseppe M. Della Fina (dir.), Gli etruschi e il Mediterraneo : commerci e politica, atti del XIII convegno internazionale di studi sulla storia e l’archeologia dell’Etruria, Orvieto (Italie), décembre 2005, Orvieto, Fondazione per il Museo Claudio Faina, « Annali della Fondazione per il Museo Claudio Faina di Orvieto », no 13, 2006, p. 317-349.
  • [4]
    Ekkehard Weber, Tabula Peutingeriana : Codex Vindobonensis 324, Graz, Akademische Druck und Verlagsanstalt, 1976, segment IV, 3 m.
  • [5]
    Étiennette Colozier, « Les Étrusques et Carthage », Mélanges de l’École française de Rome (Antiquité), no 65, 1953, p. 63-98, en part. p. 64-67 ; Jean Ferron, « Les Relations de Carthage avec l’Étrurie », Latomus, no 25/4, 1966, p. 689-709, en part. p. 692-693 ; Jean Macintosh Turfa, « Evidence for Etruscan-Punic Relations », American Journal of Archaeology, no 81/3, 1977, p. 368-374 ; Serge Lancel, « Fouilles françaises à Carthage. La colline de Byrsa et l’occupation punique (viie siècle-146 av. J.‑C.) : bilan de sept années de fouilles. », Compte rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, no 125/2, 1981, p. 156-193, en part. p. 162-165 ; Jean-Paul Thuillier, « Nouvelles découvertes de bucchero à Carthage », in Mauro Cristofani, Paola Moscati et alii (dir.), Il Commercio etrusco arcaico, atti del incontro di studio, Rome, 5-7 décembre 1983, Rome, Consiglio nazionale delle Ricerche, 1985, p. 155-163 ; Friedrich-Wilhelm Von Hase, « Der etruskische Bucchero aus Karthago : Ein Beitrag zu den frühen Handelsbeziehungen im westlichen Mittelmeergebiet (7.-6. Jahrhundert v. Chr.) », Jahrbuch des Römisch-Germanischen Zentralmuseums Mainz, no 36, 1989 [1992], p. 327-410 ; Friedrich-Wilhelm Von Hase, « Il bucchero etrusco a Cartagine » in Maria Bonghi Jovino (dir.), Produzione artigianale ed esportazione nel mondo antico. Il bucchero etrusco, atti del colloquio internazionale, Milan, 10 – 11 mai 1990, Milan, Edizioni Et, 1993, p. 187-194.
  • [6]
    La proportion des amphores étrusques, parmi celles retrouvées, est peu importante, ce qui traduit de faibles échanges de produits agricoles ; voir Roald F. Docter, « Carthage and its Hinterland », in Sophie Helas et Dirce Marzoli (dir.), Phönizisches und punisches Städtewesen, Deutsches Archäologisches Institut Madrid, « Iberia Archaeologica » no 13, Mayence, Von Zabern, 2009, p. 179-189, en part. p. 180-182. Les fouilles les plus récentes n’ont pas révélé de matériel d’origine étrusque ; voir Roald F. Docter, Fethi Chelbi et Boutheina M. Telmini, « Carthage Bir Massouda : Preliminary Report on the First Bilateral Excavations of Ghent University and the Institut National du Patrimoine (2002-2003) », Babesch, no 78, 2003, p. 43-70, et Roald F. Docter et alii, « Carthage Bir Massouda : Second Preliminary Report on the Bilateral Excavations of Ghent University and the Institut National du Patrimoine (2003-2004) », Babesch, no 81, 2006, p. 37-89. Les buccheri étrusques sont des biens de prestige, ce qui peut expliquer leur rareté par rapport aux autres céramiques importées.
  • [7]
    Sur la fréquentation des côtes étrusques par les Carthaginois, voir Jacques Heurgon, « Les inscriptions de Pyrgi et l’alliance étrusco-punique autour de 500 av. J.‑C. », Compte rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1965, p. 89-104 ; Jean Ferron, « Un traité d’alliance entre Caere et Carthage contemporain des derniers temps de la royauté Étrusque à Rome ou l’événement commémoré par la quasi bilingue de Pyrgi », in Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, I-1, 1972, p. 189-216 ; Serge Lancel, Carthage, Paris, Fayard, 1992, p. 102-103.
  • [8]
    Hérodote, Histoires, I, 166 ; Aristote, Politique, 1280 a-b ; Michel Gras, « Les enjeux insulaires en mer tyrrhénienne. Les rapports des Étrusques avec les Grecs et les Puniques en Corse et en Sardaigne (viie-vie siècles avant J.‑C.) », École pratique des hautes études, 4e section, Sciences historiques et philologiques, Annuaire 1971-1972, 1972, p. 779-785 ; Dominique Briquel, La Civilisation étrusque, Paris, Fayard, 1999, p. 95-98 ; Dominique Briquel, « Carthage et l’Étrurie, deux grandes puissances barbares de la méditerranée occidentale », in Ahmed Ferjaoui (dir.), Carthage et les autochtones de son empire du temps de Zama, actes du colloque international de Siliana et Tunis du 10 au 13 mars 2004, Hommage à Mhamed Hassine Fantar, Tunis, Institut national du patrimoine, 2010, p. 71-87, en part. p. 74-82.
  • [9]
    Diodore, Bibliothèque historique, XVI, 19, 1 et Tite-Live, Histoire romaine, VII, 27, 2.
  • [10]
    Polybe, Histoires, III, 22, 5-6 : μὴπλεῖνῬωμαίουςμηδὲτοὺςῬωμαίωνσυμμάχουςἐπέκεινατοῦΚαλοῦἀκρωτηρίου, ἐὰνμὴὑπὸχειμῶνοςἢπολεμίωνἀναγκασθῶσινἐὰνδέτιςβίᾳκατενεχθῇ, μὴἐξέστωαὐτῷμηδὲνἀγοράζεινμηδὲλαμϐάνεινπλὴνὅσαπρὸςπλοίουἐπισκευὴνἢπρὸςἱερά.
  • [11]
    Polybe, Histoires, III, 23, 2.
  • [12]
    Sur la localisation du Cap Bon : Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium avant la création, sous Dioclétien, de la province de Byzacène », Les Cahiers de Tunisie, no 44/4, 1963, p. 7-22 ; Gottfried Prachner, « Zum Καλὸνἀκρωτήριον (Polybios, 3, 22, 5) », in Ruth Stiehl et Hans Erich Stier (dir.), Beiträge zur alten Geschichte und deren Nachleben. Festschrift für Franz Altheim zum 6.10.1968, Berlin, W. de Gruyter, 1969-1970, p. 157-172 ; Jacques Heurgon, « Sur l’interdiction de naviguer au-delà du Beau-Promontoire dans le premier traité entre Rome et Carthage (Pol. III, 22-23) », Antiquités africaines, no 14, 1979, p. 37-42 ; Jehan Desanges, « La localisation du “Beau Promontoire” de Polybe », Karthago, no 22, 1990, p. 21-31.
  • [13]
    Polybe, Histoires, III, 23, 1 : ΤὸμὲνοὖνΚαλὸνἀκρωτήριόνἐστιτὸπροκείμενοναὐτῆςτῆςΚαρχηδόνοςὡςπρὸςτὰςἄρκτους.
  • [14]
    Le tracé des côtes et les localisations des sites antiques, sur les cartes accompagnant cet article, ont été obtenus grâce aux données de l’atlas numérique interactif The Antiquity À-la-carte de l’Ancient World Mapping Center (AWMC) de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill (États-Unis). En ligne : http://awmc.unc.edu/ awmc/ applications/ carte-transitional.
  • [15]
    Pline l’Ancien, Histoire naturelle, V, 23.
  • [16]
    Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XVI, 216.
  • [17]
    Polybe, Histoires, texte établi et traduit par Paul Pédech, Paris, Les Belles Lettres, « Collection des Universités de France », 2003, t. 1, p. 58 : I, 29, 2. Voir Polybe, Histoires, I, 36, 11.
  • [18]
    Pline l’Ancien, Histoire naturelle, V, 23. Voir Jehan Desanges, Commentaire de Pline l’Ancien, Histoire naturelle, livre V, Paris, Les Belles Lettres, « Collection des universités de France », 1980, p. 211.
  • [19]
    Tite-Live, Histoire romaine, XXIX, 27, 8-13.
  • [20]
    Appien, Le Livre africain, XIII, 50-53.
  • [21]
    Stéphane Gsell, Histoire ancienne de l’Afrique du Nord, Paris, Hachette, 1920, vol. III, p. 210.
  • [22]
    R. L. Beaumont, « The Date of the First Treaty between Rome and Carthage », The Journal of Roman Studies, no 29/1, 1939, p. 74-86, en part. p. 76 ; Jean Gagé, Apollon romain, essais sur le culte d’Apollon et le développement du « ritus Graecus » à Rome, des origines à Auguste, Paris, « Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome » 182, 1955, p. 166 ; Gottfried Prachner, « Zum Καλὸνἀκρωτήριον », art. cit. (n. 12), p. 168-169 ; Jacques Heurgon, « Sur l’interdiction de naviguer », art. cit. (n. 12), p. 39.
  • [23]
    Jehan Desanges, Commentaire, op. cit. (n. 18), p. 210. La région que Polybe désigne sous le nom de Byssatis dans les traités correspond au Byzacium des Romains ; Étienne de Byzance, Ethniques, s.v.Βύζαντες ; Polybe, Histoires, XII, 1, 1 ; voir Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 8.
  • [24]
    Polybe, Histoires, III, 23, 8 et III, 24, 12.
  • [25]
    Pour une identification du Καλοῦἀκρωτηρίου au Cap Farina : « The most likely hypothesis is that the Fair Promontory is Cap Farina, and that the Carthaginians were protecting the thinly scattered settlement along the north coast of Africa » ; Frank W. Walbank, A Historical Commentary to Polybius, Oxford, Clarendon Press, 1957, vol. I, p. 341-342.
  • [26]
    Polybe, Histoires, III, 24, 4 : ΤοῦΚαλοῦἀκρωτηρίου, ΜαστίαςΤαρσηίου, μὴλῄζεσθαιἐπέκειναῬωμαίουςμηδ’ἐμπορεύεσθαιμηδὲπόλινκτίζειν.
  • [27]
    Otto Meltzer, Geschichte der Karthager, Berlin, Weidmannsche Buchhandlung, 1879, p. 172 et 487.
  • [28]
    Gaetano De Sanctis, Storia dei Romani, Turin, 1907, p. 251 ; Frank W. Walbank, A Historical Commentary, op. cit. (n. 25), p. 341-342 ; Werner Huss, Geschichte der Karthager, Munich, Beck, « Handbuch der Altertumswissenschaft », no 3.8, 1985, p. 88.
  • [29]
    Polybe, Histoires, III, 22, 10 ; III, 23, 8 et III, 24, 12.
  • [30]
    Howard H. Scullard, « Carthage and Rome », art. cit. (n. 2), p. 522-524.
  • [31]
    Werner Huss, Geschichte der Karthager, op. cit. (n. 28), p. 88.
  • [32]
    R. L. Beaumont en déduit que Tite-Live a commis une erreur d’identification du promunturium Pulchri ; voir R. L. Beaumont, « The Date of the First Treaty », art. cit. (n. 22), p. 71.
  • [33]
    Polybe, Histoires, III, 23, 1 : ΤὸμὲνοὖνΚαλὸνἀκρωτήριόνἐστιτὸπροκείμενοναὐτῆςτῆςΚαρχηδόνοςὡςπρὸςτὰςἄρκτους.
  • [34]
    Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 103 ; Alain Bresson, « Les accords romano-carthaginois », art. cit. (n. 2), p. 661.
  • [35]
    Gottfried Prachner, « Zum Καλὸνἀκρωτήριον », art. cit. (n. 12), p. 157-172.
  • [36]
    Polybe, Histoires, III, 22, 5 ; voir Jehan Desanges, « La localisation du “Beau Promontoire” », art. cit. (n. 12), p. 21-31.
  • [37]
    Servius, Commentaire de l’Énéide, III, 119.
  • [38]
    Jehan Desanges, « La localisation du “Beau Promontoire” », art. cit. (n. 12), p. 21-31.
  • [39]
    Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 9-13 ; nuancé par Jehan Desanges, « La localisation du “Beau Promontoire” », art. cit. (n. 12), p. 65.
  • [40]
    Jacques Heurgon, « Sur l’interdiction de naviguer », art. cit. (n. 12), p. 39-41 ; Alain Bresson, « Les accords romano-carthaginois », art. cit. (n. 2), p. 661.
  • [41]
    Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, étude géoarchéologique et historique, Paris, Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, 2004, p. 59 ; Nicolas Carayon, « Les Ports phéniciens et puniques. Géomorphologie et infrastructures », thèse de doctorat d’archéologie soutenue en 2008 à l’Université de Strasbourg II, 3 vol., en part. p. 410-414.
  • [42]
    Polybe, Histoires, III, 23, 2 : ὡςἐμοὶδοκεῖ, μήτετοὺςκατὰτὴνΒυσσάτινμήτετοὺςκατὰτὴνμικρὰνΣύρτιντόπους, ἃδὴκαλοῦσινἘμπόρια, διὰτὴνἀρετὴντῆςχώρας.
  • [43]
    Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 14.
  • [44]
    Pline l’Ancien, Histoire naturelle, V, 24. Pline termine sa description de la Zeugitane par Néapolis. Il inclut dans le Byzacium un littoral comprenant Hadrumète, Ruspina, Lepti et Thapsus, ainsi qu’un arrière-pays important. Voir Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XVII, 41 ; XVIII, 94 ; Étienne de Byzance, Ethniques, s.v.Βύζαντες ; Polybe, Histoires, XII, 1, 1. Le texte de Tite-Live est concordant avec cette localisation : lors du récit de la venue d’une ambassade romaine à Carthage, pour exiger qu’Hannibal leur soit livré, ce dernier réussit à traverser le Byzacium en une nuit. Il arrive le lendemain dans une région au sud de Thapsus ; Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 48, 1. Voir Jehan Desanges, Catalogue des tribus africaines de l’Antiquité classique à l’ouest du Nil, Dakar, Université de Dakar, Faculté des lettres et sciences humaines, Publications de la section d’histoire, no 4, 1962, p. 84-85 ; Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 7-22.
  • [45]
    Polybe, Histoires, I, 82, 6 ; III, 23, 2 et XXXI, 21, 1 ; Tite-Live, Histoire romaine, XXIX, 25, 12 et XXXIV, 62, 3 ; Périple du Pseudo-Skylax, 111. Thucydide indique aussi lors de la description de l’itinéraire du Lacédémonien Gylippos le long de la côte africaine qu’il se dirige vers Néapolis « un emporion des Carthaginois » ; Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, VII, 50 ; voir René Rebuffat, « Où étaient les Emporia ? », Sémetica, no 39, 1990, p. 111-126.
  • [46]
    Hérodote, Histoires, V, 42, 3 ; voir Karl-Ernst Petzold, « Die beiden ersten römisch-karthagischer Verträge und das foedus Cassianum », Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, I‑1, 1972, Berlin, p. 74.
  • [47]
    Hérodote, Histoires, VII, 158, 2.
  • [48]
    Ferruccio Barreca, « Le fortificazioni puniche sul Capo Bon. II. Ras ed-Drek », in Ferruccio Barreca, M’hamed Hassine Fantar, Prospezione archeologica al Capo Bon, II, Rome, Consiglio nazionale delle Ricerche, 1983, p. 17-28 ; Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 279-283 ; Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, op. cit. (n. 41), p. 61 ; Nicolas Carayon, « Les Ports phéniciens et puniques », op. cit. (n. 41), p. 129.
  • [49]
    En particulier les sites de Kerkouane et de Kelibia ; voir Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, op. cit. (n. 41), p. 177 et 181 et Nicolas Carayon, « Les Ports phéniciens et puniques. », op. cit. (n. 41), p. 405-408.
  • [50]
    Maya Gharbi, « Les fortifications pré-romaines de Tunisie : le cas de Kelibia », in Attilio Mastino (dir.), L’Africa Romana, atti del VII Convegno di studio, Sassari, 15-17 décembre 1989, Sassari, Gallizzi, 1990, p. 187-198, en part. p. 187. Ces lieux gardent encore aujourd’hui un rôle important et continuent à être utilisés : un poste d’observation est en fonction à Kelibia et au Ras ed Dreck, une caserne au Ras Zebib ; voir ibidem, p. 190, n. 12.
  • [51]
    Pierre Cintas, « La ville punique de Ras-Zbib et la localisation de Tunisa », Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques et Scientifiques, Afrique du Nord, 1963-1964, p. 156-168. P. Cintas a identifié le site, mais il ne mentionne aucun reste de forteresse punique. Pour l’étude de la forteresse, voir M’hamed Hassine Fantar et Antonia Ciasca, « Ras Zebib (Tunisie), Campagne 1971-1972 », Rivista di Studi Fenici, no 1, 1973, p. 215-217 et Fethi Chelbi, « Prospections archéologiques dans la région de Bizerte », Revue du Centre d’études de la civilisation phénicienne-punique et des antiquités libyques, no 3, 1987, p. 71-115, en part. p. 71-72.
  • [52]
    Ferruccio Barreca, « Le fortificazioni puniche sul Capo Bon », art. cit. (n. 48), p. 13-15.
  • [53]
    Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, op. cit. (n. 41), p. 61.
  • [54]
    Ferruccio Barreca, « Le fortificazioni puniche sul Capo Bon », art. cit. (n. 48), p. 17-28 ; Ferruccio Barreca, « Gli eserciti annibalici », Rivista storica dell’Antichita, no 13-14, 1983-1984, p. 43-68 ; Nicolas Carayon, « Les Ports phéniciens et puniques. », op. cit. (n. 41), p. 139.
  • [55]
    L’édifice daterait du ve siècle avant J.‑C. ; Ferruccio Barreca, « Le fortificazioni puniche sul Capo Bon », art. cit. (n. 48), p. 37-38. Pour M. Gharbi, il ne resterait aucun vestige antérieur au iiie siècle avant notre ère ; voir Maya Gharbi, « Les fortifications pré-romaines de Tunisie », art. cit. (n. 50), p. 187-198. Cependant, on déduit du texte de Strabon l’existence d’une forteresse au ive siècle avant notre ère ; Strabon, Géographie, XVII, 3, 16.
  • [56]
    Pierre Cintas, « Une ville punique au Cap-Bon, en Tunisie », Compte rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1953, p. 256-260. Le toponyme libyque semble avoir été Tamezrat ; voir M’hamed Hassine Fantar, Kerkouane, cité punique au pays berbère de Tamezrat, Tunis, Alif, 1998, p. 16.
  • [57]
    L’enceinte la plus ancienne a probablement été élevée au vie ou au ve siècle avant notre ère ; voir Jean-Paul Morel, « Kerkouane, ville punique du Cap Bon », Mélanges de l’École française de Rome (Antiquité), no 81, 1969, p. 473-518 ; M’hamed Hassine Fantar, Kerkouane, cité punique du Cap Bon (Tunisie), Tunis, Institut national d’archéologie et d’art, 1984, vol. 1, p. 170-177. Une partie de l’enceinte punique a disparu sous l’action de l’érosion marine ; Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, op. cit. (n. 41), p. 181 ; Nicolas Carayon, « Les Ports phéniciens et puniques. », op. cit. (n. 41), p. 406.
  • [58]
    Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 284-290 ; Samir Aounallah, « Le fait urbain dans le Cap Bon antique (Tunisie du nord-est) », in Attilio Mastino et Paola Ruggeri (dir.), L’Africa romana, atti del X convegno di studio, Oristano, 11-13 décembre 1992, Sassari, Archivio fotografico sardo, 1994, p. 615-625 ; Hedi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et alii, Le Littoral de la Tunisie, op. cit. (n. 41), p. 61.
  • [59]
    Jean-Paul Morel, « Campanienne (céramique) », in Encyclopédie berbère, vol. 11 Bracelets – Caprarienses, Aix-en-Provence, 1992, p. 1720-1725.
  • [60]
    Barbara Scardigli, I trattati romano-cartaginesi, op. cit. (n. 2), p. 70-71.
  • [61]
    Polybe, Histoires, III, 24, 14.
  • [62]
    Stéphane Gsell, Histoire ancienne, op. cit. (n. 21), vol. III, p. 464-465 ; Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 16.
  • [63]
    Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 283-284.
  • [64]
    Henry Hurst et Lawrence E. Stager, « A Metropolitan Landscape : The Late Punic Port of Carthage », World Archaeology, no 9/3, 1978, p. 334-346 ; Jean-Paul Morel, « Nouvelles données sur le commerce de Carthage punique entre le viie et le iie siècle avant J.‑C. » in Claude Lepelley (dir.), Carthage et son territoire dans l’antiquité, actes du IVe colloque international sur l’histoire et l’archéologie de l’Afrique du Nord réuni dans le cadre du 113e Congrès national des Sociétés savantes, Strasbourg, 5-9 avril 1988, vol. I, Paris, 1990, p. 67-100 ; Roald F. Docter, « Carthage and its Hinterland », art. cit. (n. 6), p. 179-189. Seuls 15 à 20 % des amphores de transport datant du ve et du ive siècles, découvertes lors des fouilles, sont importées sur de longues distances.
  • [65]
    Polybe, Histoires, III, 24, 3. H. Scullard considère que la mention de Tyr peut sans doute être rejetée, car Polybe aurait mal compris l’expression « les Tyriens de Carthage » qui correspond au titre officiel des Carthaginois ; Howard H. Scullard, « Carthage and Rome », art. cit. (n. 2), p. 528.
  • [66]
    La cité de Tyr a été affaiblie et assiégée en 573 avant notre ère par Nabuchodonosor, roi babylonien. Tyr a cependant gardé des liens forts avec son ancienne colonie, en particulier dans le domaine religieux ; voir Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 97. Les sources antiques mentionnent la persistance d’une ambassade carthaginoise : Quinte-Curce, Histoires, IV, 2, 10 ; Justin, Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue Pompée, XVIII, 7, 7 ; Diodore, Bibliothèque historique, XX, 14, 1.
  • [67]
    Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 13.
  • [68]
    Jacques Heurgon, Rome et la Méditerranée occidentale jusqu’aux guerres puniques, Paris, Puf, « Nouvelle Clio » 7, 1969, p. 390.
  • [69]
    Jehan Desanges, « Étendue et importance du Byzacium », art. cit. (n. 12), p. 14-15 ; Édouard Lipiński, art. « Algérie », in Édouard Lipiński (dir.), Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, Turnhout, Brepols, 1992, p. 16-17.
  • [70]
    Polybe, Histoires, III, 22, 11-13.
  • [71]
    Μακραίνᾶες.
  • [72]
    Polybe, Histoires, III, 23, 2 : οὗκαθάπαξἐπέκειναπλεῖνὡςπρὸςμεσημβρίανοὐκοἴονταιδεῖνοἱΚαρχηδόνιοιτοὺςῬωμαίουςμακραῖςναυσὶδιὰτὸμὴβούλεσθαιγινώσκειναὐτούς […], « Les Carthaginois interdisent une fois pour toutes aux Romains de voguer avec des navires de guerre au-delà, vers le midi […] ».
  • [73]
    John Serrati, « Neptune’s Altars : The Treaties between Rome and Carthage (509–226 B.C.) », Classical Quarterly, no 56/1, 2006, p. 113-134, en part. p. 118.
  • [74]
    Polybe, Histoires, III, 23, 4 : ΕἰςδὲΚαρχηδόνακαὶπᾶσαντὴνἐπὶτάδετοῦΚαλοῦἀκρωτηρίουτῆςΛιϐύηςκαὶΣαρδόνακαὶΣικελίαν, ἧςἐπάρχουσιΚαρχηδόνιοι, κατ´ ἐμπορίανπλεῖνῬωμαίοιςἔξεστι.
  • [75]
    Jacques Heurgon, « Sur l’interdiction de naviguer », art. cit. (n. 12), p. 41. Walter Ameling rappelle d’autres cas où de telles interdictions existaient ; Walter Ameling, Karthago. Studien zu Militär, Staat und Gesellschaft, Munich, C.H. Beck, « Vestigia », no 45, 1993, p. 143-144.
  • [76]
    Alain Bresson, « Les accords romano-carthaginois », art. cit. (n. 2), p. 662.
  • [77]
    Polybe, Histoires, III, 24, 4 : ΤοῦΚαλοῦἀκρωτηρίου, ΜαστίαςΤαρσηίου, μὴλῄζεσθαιἐπέκειναῬωμαίουςμηδ’ἐμπορεύεσθαιμηδὲπόλινκτίζειν ; « Les Romains ne feront pas de butin ni de trafic, et ne fonderont pas de ville au-delà du Beau Promontoire, de Mastia et de Tarseion ».
  • [78]
    Polybe, Histoires, III, 24, 11 : ἘνΣαρδόνικαὶΛιϐύῃμηδεὶςῬωμαίωνμήτ´ ἐμπορευέσθωμήτεπόλινκτιζέτω.
  • [79]
    Strabon, Géographie, XVII, 1, 19 : ΚαρχηδονίουςδὲκαταποντοῦνεἴτιςτῶνξένωνεἰςΣαρδὼπαραπλεύσειενἢἐπὶστήλας. « Les Carthaginois coulaient les navires étrangers qui naviguaient vers la Sardaigne ou les Colonnes » (traduction de l’auteur). Les Gaditains, d’origine phénicienne, protègent aussi les routes maritimes ; Strabon, Géographie, III, 5, 1.
  • [80]
    Polybe, Histoires, III, 23, 6-7 et III, 24, 11.
  • [81]
    Un délai similaire est mentionné par Hérodote (Histoires, II, 115) dans un passage consacré à l’histoire de l’Égypte. Ce délai s’expliquerait par la présence de Phéniciens de Tyr en Égypte, mentionnée par Hérodote ; voir René Rebuffat, « Hélène et le Romain égaré (Hérodote, II, 115 et Polybe, III, 22-24) », Revue des études anciennes, no 68/3-4, 1966, p. 261-263.
  • [82]
    Polybe, Histoires, III, 22, 10 et III, 24, 12.
  • [83]
    La présence des Carthaginois le long des côtes africaines a été l’objet d’un long débat historiographique. P. Cintas avait émis l’hypothèse « d’échelles puniques », de comptoirs implantés régulièrement le long du littoral, ce qui est lié à une navigation par cabotage, obligeant les marins à tirer leur navire au sec chaque jour ; Pierre Cintas, « Fouilles puniques à Tipasa », Revue africaine, 1948, p. 263-330, en part. p. 270-271 ; voir aussi Stéphane Gsell, Histoire ancienne, op. cit. (n. 21), vol. I, p. 34 et p. 367. Ce système a été remis en cause car il est difficile de retrouver les traces de la présence punique à haute époque sur les sites fouillés et de différencier la présence de populations libyques punicisées et de celle des Puniques ; Paul-Albert Février, « Les origines de l’habitat urbain en Maurétanie césarienne », Journal des savants, no 2, 1967, p. 107-123, en part. p. 116-117 ; Mounir Bouchenaki, « Algérie », in L’Espansione fenicia nel Mediterraneo, relazioni del colloquio, Rome, 4-5 mai 1970, Rome, Consiglio nazionale delle Ricerche, 1971, p. 47-62 ; Charles Richard Whittaker, « The Western Phoenicians : Colonisation and Assimilation », Proceedings of the Cambridge Philological Society, no 20, 1974, p. 58-79 ; Serge Lancel, Carthage, op. cit. (n. 7), p. 112-115 ; Jean-Pierre Laporte, « Numides et Puniques en Algérie. Notes de lecture », in Ahmed Ferjaoui (dir.), Carthage et les autochtones de son empire du temps de Zama : hommage à Mhamed Hassine Fantar, colloque international de Siliana et Tunis du 10 au 13 mars 2004, Tunis, Institut national du patrimoine, 2010, p. 379-393, en part. p. 389, note 69. Cette hypothèse permet d’expliquer le manque d’homogénéité des faciès des sites fouillés, qui révèlent que l’implantation punique s’est déroulée à des époques différentes, ainsi que la diminution de la présence de matériel ibéro-punique vers l’est alors qu’il est très présent dans l’ouest algérien.
  • [84]
    J.-P. Laporte propose l’hypothèse de « circuits phénico-puniques » composés de points d’accostage habités par des populations libyques, qui accueillaient des navires légers pour un cabotage local. Certains ports plus importants devaient être desservis par des navires marchands puniques de plus grande capacité ; ibidem, p. 386-389.
  • [85]
    Alain Bresson, « Les cités grecques et leurs emporia », in Alain Bresson et Pierre Rouillard (dir.), L’Emporion, Paris, Centre Pierre Paris, 1993, p. 163-226, en part. p. 206-208 et 215-218.
  • [86]
    Polybe, Histoires, III, 22, 9.
  • [87]
    Alain Bresson, « Les cités grecques et leurs emporia », art. cit. (n. 85), p. 166.

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