Couverture de RHIS_161

Article de revue

Révolte et requête. Les gens de métiers et les conflits sociaux dans les villes de Flandre (xiii e-xv e siècle

Pages 27 à 56

Notes

  • [1]
    Quae omnia publice profitemur ad petitionem nostram et ad utilitatem publicam rationabiliter et legitime facta esse. Le document a été édité par Léopold Warnkönig, Flandrische Staats- und Rechtsgeschichte bis zum Jahr 1305, Tübingen, 1836, vol. II, t. 2, pp. 68-69. Le contexte a été étudié par Walter Prevenier, « Conscience et perception de la condition sociale chez les gens du commun dans les anciens Pays-Bas des xiii e et xiv e siècles », in Pierre Boglioni, Robert Delort, Claude Gauvard (dir.), Le petit peuple dans l’Occident médiéval. Terminologies, perceptions, réalités, Paris, 2002, pp. 177-189.
  • [2]
    Voir, pour la Flandre, les aperçus par Jan Dumolyn, Jelle Haemers, « Patterns of Urban Rebellion in Medieval Flanders », Journal of Medieval History, n° 31, 2005, pp. 369-393 ; Sam Cohn, Lust for Liberty. The Politics of Social Revolt in Medieval Europe, 1200-1425. Italy, France, and Flanders, Cambridge, 2006 ; Marc Boone, « The Dutch Revolt and the Medieval Tradition of Urban Dissent », Journal of Early Modern History, n° 11, 2007, pp. 351-375.
  • [3]
    « Au x e siècle, émeutes contre les évêques qui détiennent le pouvoir, au xv e siècle émeutes contre les conseillers des ducs de Bourgogne ; entretemps les émeutes contre les patriciens » (Jean Lestocquoy, Les villes de Flandre et d’Italie sous le gouvernement des patriciens, xi e-xv e siècles, Paris, 1952, p. 83).
  • [4]
    André Leguai, « Les troubles urbains dans le Nord de la France à la fin du xiii e et au début du xiv e siècle », Revue d’Histoire Économique et Sociale, n° 54, 1976, p. 284.
  • [5]
    Michel Mollat, Philippe Wolff, Ongles bleus, Jacques et Ciompi. Les révolutions populaires en Europe aux xiv e et xv e siècles, Paris, 1970. Même teneur dans Guy Fourquin, Les soulèvements populaires au Moyen Âge, Paris, 1972.
  • [6]
    Monique Bourin, « Les révoltes dans la France du xiv e siècle : traditions historiographiques et nouvelles recherches », in Ead. et alii (dir.), Rivolte urbane e rivolte contadine nell’Europa del Trecento: un confronto, Florence, 2008, p. 68. Voir aussi Vincent Challet, « Peuple et élites : stratégies sociales et manipulations politiques dans les révoltes paysannes (France, xiv e-xvi e siècle) », in Philippe Depreux (dir.), Révolte et statut social de l’Antiquité tardive aux Temps modernes, Paris, 2008, p. 214 ; Justine Firnhaber-Baker, « A Son de Cloche. The Interpretation of Public Order and Legitimate Authority in Northern-France, 1355-1358 », in Hipólito Rafael Oliva Herrer et alii (dir.), La comunidad medieval como esfera publica, Séville, 2014, p. 375 ; et John Watts, The Making of Polities. Europe, 1300-1500, Cambridge, 2009, p. 22.
  • [7]
    Hélène Millet (dir.), Suppliques et requêtes. Le gouvernement par la grâce en Occident (xii e-xv e siècle), Rome, 2003 ; Cecilia Nubola, Andreas Würgler (dir.), Praktiken des Widerstandes. Suppliken, Gravamina und Revolten in Europa (15.-19. Jahrhundert), Berlin, 2006 ; Marc Ormrod, Gwilym Dodd, Anthony Musson (dir.), Medieval Petitions: Grace and Grievance, Woodbridge, 2009.
  • [8]
    Christian Liddy, Jelle Haemers, « Popular Politics in the Late Medieval Town: York and Bruges », The English Historical Review, n° 128, 2013, pp. 771-805 ; Jan Dumolyn, Jelle Haemers, « Reclaiming the common sphere of the city: the revival of the Bruges commune at the end of the thirteenth century », in Jean-Philippe Genet (dir.), La légitimité implicite, Rome, 2015, vol. II, pp. 161-188.
  • [9]
    Michel Mollat, « Les révoltes en France et aux Pays-Bas à l’époque des Ciompi », in Il tumulto dei Ciompi. Un momento di storia fiorentina ed Europea, Florence, 1981, p. 251.
  • [10]
    Voir, par exemple, les études sur les révoltes anglaises du bas Moyen Âge, citées dans Jane Whittle, Stephen Rigby, « England: Popular Politics and Social Conflict », in Stephen Rigby (dir.), A Companion to Britain in the Later Middle Ages, Oxford, 2003, p. 68. L’image faussée est corrigée par Sam Cohn, Popular Protest in Late Medieval English Towns, Cambridge, 2013.
  • [11]
    « La révolte ne remet pas en cause durablement l’ordre social ou l’équilibre des institutions » (Michel Vovelle, « Révolte et révolution », in Révolte et société, Paris, 1989, vol. I, p. 26).
  • [12]
    Bernard Chevalier, Les bonnes villes de France du xiv e au xvi e siècle, Paris, 1982, p. 302. Voir aussi son « Corporations, conflits politiques et paix sociale en France aux xiv e et xv e siècles », Revue historique, n° 543, 1982, pp. 17-44.
  • [13]
    Carlos Wyffels, « Les corporations flamandes et l’origine des corporations de métier », Revue du Nord, n° 32, 1950, pp. 193-205 ; Maarten Prak, « Corporate Politics in the Low Countries: Guilds as Institutions, 14th to 18th Centuries », in Maarten Prak et alii (dir.), Craft Guilds in the Early Modern Low Countries. Work, Power and Representation, Aldershot, 2006, pp. 74-106. Sur l’histoire économique des métiers flamands : Peter Stabel, « Guilds in Late Medieval Flanders: Myths and Realities of Guild Life in an Export-Oriented Environment », Journal of Medieval History, n° 30, 2004, pp. 187-212.
  • [14]
    Voir la discussion en détail par Jonas Braekevelt, Jan Dumolyn, « Diplomatique et discours politiques. Une analyse lexicographique qualitative et quantitative des ordonnances de Philippe le Bon pour la Flandre (1419-1467) », Revue historique, n° 662, 2012, pp. 323-356. Á comparer avec Jean-Marie Cauchies, La législation princière pour le Hainaut, ducs de Bourgogne et premiers Habsbourg (1427-1506), Bruxelles, 1982, p. 90.
  • [15]
    François Olivier-Martin, Les lois du roi (1945-1946), Paris, 1997, p. 133 ; Claude Gauvard, « Ordonnance de réforme et pouvoir législatif en France au xiv e siècle (1303-1413) », in André Gouron et Albert Rigaudière (dir.), Renaissance du pouvoir législatif et genèse de l’État, Montpellier, Publications de la Société d’histoire du droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, 1998, pp. 89-98 ; Claude Gauvard, « De la requête à l’enquête. Réponse rhétorique ou réalité politique ? Le cas du royaume de France à la fin du Moyen Âge », in Ead. (dir.), L’Enquête au Moyen Âge, Rome, EFR, 2008, pp. 429-458 ; Sophie Petit-Renaud, « Faire loy » au royaume de France de Philippe VI à Charles V (1328-1380), Paris, 2001, p. 269.
  • [16]
    Georges Espinas, Les origines du droit d’association dans les villes de l’Artois et de la Flandre française jusqu’au début du xvi e siècle, Lille, 1942, vol. II, p. 139. Voir aussi Denis Clauzel et autres, « L’activité législative dans les villes du nord de la France à la fin du Moyen Âge », in Jean-Marie Cauchies, Éric Bousmar (dir.) « Faire bans, edictz et statuz ». Légiférer dans la ville médiévale. Sources, objets, acteurs de l’activité législative communale en Occident, ca. 1200-1500, Bruxelles, 2001, pp. 295-329.
  • [17]
    Elle fut éditée par Octaaf Delepierre, « Analectes brugeoises. Marie de Bourgogne et Maximilien », Annales de la Société d’Émulation de Bruges, n° 4, 1842, p. 236. Sur le dos du document est inscrit « corduwaniers » (Archives de l’État à Bruges, Découvertes, n° 184, document II).
  • [18]
    Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents relatifs à l’histoire de l’industrie drapière en Flandre, Bruxelles, 1909, vol. II, pp. 257-258.
  • [19]
    Brochten up eenen brief die sij langhe gheuseert hadden ende begheerden dat men dien examineren souden, ende dies scepenen eens waren, dat men dat sette in den bouc van den kennessen te eeuweliker ghedinckenesse (Ibidem, vol. II, pp. 580-581).
  • [20]
    Ibidem, vol. I, pp. 594-596. Le document est discuté en détail dans la dernière partie de cet article.
  • [21]
    Omme haren loen ghebetert te hebbene (Ibidem, vol. II, pp. 539-540).
  • [22]
    Georges Espinas, Les origines du droit d’association, op. cit. (n. 16), vol. II, pp. 375-377. Ce qui explique l’existence d’un vidimus ducal (datant du 22 décembre 1422). Sur le contexte poli­tique de l’époque : Denis Clauzel, Finance et politique à Lille pendant la période bourguignonne, Dunkerque, 1982, pp. 153-159.
  • [23]
    Andreas Würgler, « Mediation der Gravamina. Politische Lösungen sozialer Konflikte in der Schweiz (15.-18. Jahrhundert) », in Cecilia Nubola, Andreas Würgler (dir.), Praktiken des Widerstandes, op. cit. (n. 8), p. 80.
  • [24]
    Georges Espinas, Les origines du droit d’association, op. cit. (n. 16), vol. II, p. 387.
  • [25]
    Sur ce lien étroit, voir Denis Clauzel, « Les élites urbaines et le pouvoir municipal : le cas de la bonne ville de Lille aux xiv e et xv e siècles », Revue du Nord, n° 78, 1996, pp. 241-268 ; Jan Dumolyn, « Les réseaux politiques locaux en Flandre sous la domination bourguignonne : les exemples de Gand et de Lille », Revue du Nord, n° 88, 2006, pp. 309-329.
  • [26]
    Georges Espinas, Les origines du droit d’association, op. cit. (n. 16), vol. II, p. 388. Voir aussi Patrick Lantschner, The Logic of Political Conflict in Medieval Cities. Italy and the Southern Low Countries, 1370-1440, Oxford, 2015, p. 179.
  • [27]
    Il est possible que les taverniers n’ont pas eu de succès à cause du fait que les métiers n’avaient pas de représentants parmi les échevins lillois. C’était bien sûr une grande différence avec les villes de Gand, Bruges et Ypres (comme on verra plus loin). Voir Denis Clauzel, « Le renouvellement de l’échevinage à la fin du Moyen Âge : l’exemple de Lille », Revue du Nord, n° 77, 1995, pp. 365-385 ; Patrick Lantschner, « Voices of the People in a City without Revolts: Lille in the Later Middle Ages », in Jan Dumolyn et alii (dir.), The Voices of the People in Late Medieval Europe. Communication and Popular Politics, Turnhout, 2014, pp. 73-88.
  • [28]
    Voir, respectivement, Archives de la ville de Bruges, comptes de la ville, février-septembre 1488, f° 142 v° (Jean Roegiers est payé pour diverssche pointen van doleancen van den neghen leden weghe in ghescrift ghestelt thebben) et Julius Vuylsteke, Uitleggingen tot de Gentsche stads- en baljuwsrekeningen, 1280-1315, Gand, 1906, p. 78.
  • [29]
    Peter Blickle, « Der Gemeine Nutzen. Ein kommunaler Wert und seine politische Karriere », in Herfried Münkler, Harald Bluhm (dir.), Gemeinwohl und Gemeinsinn. Historische Semantiken politischer Leitbegriffe, Berlin, 2002, pp. 85-107. Voir aussi les études de cas publiées dans Élodie Lecuppre-Desjardin, Anne-Laure van Bruaene (dir.), De Bono Communi. The Discourse and Practice of the Common Good in the European City, 13th-16th centuries, Turnhout, 2010 ; et dans la Revue Française d’Histoire des Idées Politiques, n° 32, 2010.
  • [30]
    Peter Blickle, Steven Ellis, Eva Österberg, « The Commons and the State: Representation, Influence, and the Legislative Process », in Peter Blickle (dir.), Resistance, Representation and Community, Oxford, 1997, pp. 132-150 ; Andreas Würgler, « Voices from Among the ‘Silent Masses’: Humble Petitions and Social Conflicts in Early Modern Central Europe », International Review of Social History, n° 46, 2001 (supplement 9), pp. 11-34 ; Griet Vermeesch, « Professional Lobbying in Eighteenth-Century Brussels: the Role of Agents in Petitioning the Central Government Institutions in the Habsburg Netherlands », Journal of Early Modern History, n° 16, 2012, pp. 95-119.
  • [31]
    Antoine De Smet, « De klacht van de ‘Ghemeente’ van Damme in 1280 », Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, n° 115, 1950, p. 9 : les « arme lieden diet winnen met haren leden » se plaignaient « die rike ».
  • [32]
    Claude Gauvard, « Le petit peuple au Moyen Âge : conclusions », in Pierre Boglioni, Robert Delort, Claude Gauvard (dir.), Le petit peuple dans l’Occident médiéval, op. cit. (n. 1), p. 721. Cf. le discours utilisé dans les villes allemandes : Pierre Monnet, « Les révoltes urbaines en Allemagne aux xiv e siècle : un état de la question », in Monique Bourin et alii, Rivolte urbane e rivolte contadine, op. cit. (n. 6), pp. 142-143 ; Barbara Frenz, « Gleichheitsdenken als Konsequenz aus dem städtischen Grundwert der Gerechtigkeit », in Petra Schulte et alii (dir.), Gerechtigkeit im gesellschaftlichen Diskurs des späteren Mittelalters, München, 2012, pp. 201-222.
  • [33]
    Voir l’analyse en détail de ce terme dans Jan Dumolyn, Jelle Haemers, « Reclaiming the common sphere of the city », art. cit. (n. 8), pp. 180-182.
  • [34]
    Alain Derville, Les villes de Flandre et d’Artois (900-1500), Lille, 2002, p. 132. Plus utiles sont Henri Platelle, Denis Clauzel, Histoire des provinces françaises du nord. Tome II : des principautés à l’empire de Charles-Quint (900-1519), Lille, 1989, pp. 106-111.
  • [35]
    So begheren wie also menighen man te hebbene van der ghemeente alse scepenen hebben van haren rade (Antoine De Smet, « De klacht van de ‘Ghemeente’ », art. cit. [n. 31] p. 12).
  • [36]
    Voir, entre autres, Thierry Dutour, « Le consensus des bonnes gens. La participation des habitants aux affaires communes dans quelques villes de la langue d’oïl (xiii e-xv e siècle) », in Philippe Hamon, Catherine Laurent (dir.), Le pouvoir municipal de la fin du Moyen Âge à 1789, Rennes, 2012, pp. 187-204 ; Florent Garnier, « Tenir conseil dans les villes du Rouergue d’après les registres de délibérations et de comptes (xiv e-xv e siècles) », in Martine Charageat, Corinne Leveleux-Teixeira (dir.), Consulter, délibérer, décider. Donner son avis au Moyen Âge (France-Espagne, vii e-xvi e siècles), Toulouse, 2010, pp. 281-289.
  • [37]
    Marc Boone, Á la recherche d’une modernité civique. La société urbaine des anciens Pays-Bas au bas Moyen Âge, Bruxelles, 2010, pp. 29-56.
  • [38]
    Henri Pirenne, Les anciennes démocraties, Paris, 1910, p. 197. Sur les idées de l’historien belge : Walter Prevenier, « ‘Ceci n’est pas un historien’. Construction and Deconstruction of Henri Pirenne », Revue belge d’Histoire Contemporaine, n° 41, 2011, pp. 553-573 ; Marc Boone, « Cities in Late Medieval Europe: the Promise and Curse of Modernity », Urban History, n° 39, 2012, pp. 329-349.
  • [39]
    La requête a été éditée par Jan Dumolyn, « “Rebelheden ende vergaderinghen”. Twee Brugse documenten uit de grote opstand van 1436-1438 », Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, n° 162, 1996, p. 319.
  • [40]
    Octaaf Delepierre, « Analectes brugeoises », art. cit. (n. 17), p. 236. Voir aussi Robert Wellens, « La révolte brugeoise de 1488 », Annales de la Société d’Émulation de Bruges, n° 102, 1965, pp. 5-52 ; et Jan Dumolyn, « “Our Land is Only Founded on Trade and Industry”: Economic Discourses in Fifteenth-Century Bruges », Journal of Medieval History, n° 36, 2010, pp. 375-379.
  • [41]
    Boucxkin omme daer inne bij memorie thoudene alle de consenten die men van nu voortan ten laste van der stede van Brugghe ende den ghemeenen buucke van diere doen ende consenteren zal (Archives de la ville de Bruges, Chartes Politiques, n° 1230).
  • [42]
    Voir Christian Liddy, « “Bee war of gyle in borugh”. Taxation and Political Discourse in Late Medieval English Towns », in Andrea Gamberini, Jean-Philippe Genet, Andrea Zorzi (dir.), The Languages of Political Society. Western Europe, 14th-17th centuries, Rome, 2011, pp. 461-485 ; Caroline Fargeix, « La querelle des artisans et des consuls : mémoire, pouvoir et conflit à Lyon au début du xvi e siècle », in Philippe Hamon, Catherine Laurent, Le pouvoir municipal, op. cit. (n. 36), pp. 253-264 ; Xavier Nandrigny, « Espace public et révolte à Toulouse à la fin du Moyen Âge (v. 1330-1444) », in Patrick Boucheron, Nicolas Offenstadt (dir.), L’espace public au Moyen Âge. Débats autour de Jürgen Habermas, Paris, 2011, pp. 321-335.
  • [43]
    Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. II, pp. 123-124 ; André Leguai, « Les troubles urbains », art. cit. (n. 4), pp. 288-289.
  • [44]
    Thérèse de Hemptinne, Walter Prevenier, « Les actes urbains, témoins d’une conscience identitaire », Histoire urbaine, n° 35, 2012, p. 21. L’ordonnance royale citée a été éditée par Georges Espinas, Charles Verlinden, Jan Buntinx, Privilèges et chartes de franchise de la Flandre, Bruxelles, 1959, vol. I, pp. 6-7.
  • [45]
    Voir respectivement Carlos Wyffels, « Nieuwe gegevens betreffende de 13de eeuwse ‘demokratische’ stedelijke opstand: de Brugse ‘Moerlemaye’ (1280-1281) », Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, n° 132, 1966, p. 103, et Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. II, p. 73.
  • [46]
    « Omme de costen die jaerlijx vallen ende aencleven daghelijcs den vorseide ambachte » (ibidem, p. 578).
  • [47]
    Ibidem, vol. III, pp. 273-276 (p. 273 pour la citation qui suit).
  • [48]
    Alain Derville, Histoire de Saint-Omer, Lille, 1981, pp. 64-71.
  • [49]
    Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. III, pp. 287-288.
  • [50]
    Ibidem, vol. III, pp. 323-328.
  • [51]
    Antoine De Smet, « De klacht van de ‘Ghemeente’ », art. cit. (n. 31), p. 12.
  • [52]
    Il demandait que ces associations « ambocht wesen zoude, ende kueren ende vrijheden hebben als andre ambochten » (Octaaf Delepierre, « Analectes brugeoises », art. cit. [n. 17], p. 238).
  • [53]
    Voir, respectivement, Jan Dumolyn, « “Rebelheden ende vergaderinghen” », art. cit. (n. 39), p. 322, et Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. I, p. 13.
  • [54]
    Georges Espinas, Les origines du droit d’association, op. cit. (n. 16), vol. II, p. 383.
  • [55]
    Carlos Wyffels, De oorspong der ambachten in Vlaanderen en Brabant, Bruxelles, 1951, pp. 121-142 (p. 137 pour Béthune). Sur la « préhistoire » des conflits sociaux au Nord de la France actuelle, voir Robert Fossier, « Remarques sur les études de “commotions” sociales aux xi e et xii e siècles », Cahiers de la Civilisation Médiévale, n° 16, 1973, pp. 45-50.
  • [56]
    Ene plate […] die der meente toebehorde (Antoine De Smet, « De klacht van de ‘Ghemeente’ », art. cit. [n. 31], p. 10).
  • [57]
    Requête citée par Jan Dumolyn, Kristof Papin, « Y avait-il des “révoltes fiscales” dans les villes médiévales des Pays-Bas méridionaux ? L’exemple de Saint-Omer en 1467 », Revue du Nord, n° 94, 2012, pp. 865-866.
  • [58]
    Dat men beede de hallen, oude ende nieuwe, in state houde, also men in tijden voorleden plach te doene (Jelle Haemers, « Geletterd verzet. Diplomatiek, politiek en herinneringscultuur van opstandelingen in de laatmiddeleeuwse en vroegmoderne stad (casus: Brugge en Gent) », Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, n° 176, 2010, p. 43).
  • [59]
    Marc Boone, « Urban Space and Political Conflict in Late Medieval Flanders », Journal of Interdisciplinary History, n° 32, 2002, pp. 621-640 ; Chloé Deligne, « Powers over Space, Spaces of Powers. The Constitution of Town Squares in the Cities of the Low Countries », in Marc Boone, Martha Howell (dir.), The Power of Space in Late Medieval and Early Modern Europe. The Cities of Italy, Northern France and the Low Countries, Turnhout, 2013, pp. 21-28.
  • [60]
    Jelle Haemers, For the Common Good. State power and urban revolts in the reign of Mary of Burgundy, 1477-1482, Turnhout, 2009, pp. 204-205. Voir aussi les réflexions de Jan Dumolyn, « Economic Development, Social Space, and Political Power in Bruges, c. 1127 – c. 1302 », in Hannah Skoda, Patrick Lantschner (dir.), Contact and Exchange in Medieval Europe. Essays in Honour of Malcolm Vale, Oxford, 2012, pp. 33-57.
  • [61]
    Élisabeth Crouzet-Pavan, Les villes vivantes. Italie, xiii e-xv e siècle, Paris, 2009, pp. 158-159 ; Patrick Boucheron, Jacques Chiffoleau (dir.), Les palais dans la ville : espace urbain et lieux de la puissance publique dans la Méditerranée médiévale, Lyon, 2004 ; Jean-Claude Maire Vigueur, « Les inscriptions du pouvoir dans la ville : le cas de l’Italie communale (xii e-xiv e siècle) », in Elisabeth Crouzet-Pavan, Élodie Lecuppre-Desjardin (dir.), Villes de Flandres et d’Italie (xiii e-xvi e siècle). Les enseignements d’une comparaison, Turnhout, 2008, pp. 207-233.
  • [62]
    Georges Espinas, La vie urbaine de Douai au Moyen Âge, Paris, 1913, vol. I, pp. 226-269 ; Marc Boone, « Social Conflicts in the Cloth Industry of Ypres (Late 13th - Early 14th Centuries): the Cockerulle Reconsidered », in Marc Dewilde et alii (dir.), Ypres and the Medieval Cloth Industry in Flanders. Archaeological and Historical Contributions, Ypres, 1998, pp. 147-155 ; Élodie Lecuppre-Desjardin, « De l’invective à la prise de conscience identitaire : la guerre entre Douai et Lille (1284-1285) », in Martin Aurell (dir.), Convaincre et persuader : communication et propagande au xii e et xiii e siècle, Poitiers, 2007, pp. 415-433.
  • [63]
    Alain Derville, Histoire de Saint-Omer, op. cit. (n. 48), p. 66.
  • [64]
    Raf Verbruggen, Geweld in Vlaanderen. Macht en onderdrukking in de Vlaamse steden tijdens de veertiende eeuw, Bruges, 2005, p. 146. Pour ce qui suit, voir aussi Jelle Haemers, « Ad Petitionem Burgensium. Petitions and Peaceful Resistance of Craftsmen in Flanders and Mechelen (13th-16th centuries) », in Jesus Solorzano Telechea et alii (dir.), Los grupos populares en la ciudad medieval Europea, Logroño, 2014, pp. 371-394.
  • [65]
    Carlos Wyffels, « De oudste rekening der stad Aardenburg (1309-1310) en de opstand van 1311 », Archief. Uitgegeven door het Zeeuwsch Genootschap der Wetenschappen, 1949-1950, p. 12 (et p. 52 pour ce qui suit).
  • [66]
    Raf Verbruggen, Geweld in Vlaanderen, op. cit. (n. 65), pp. 148-149 ; David Nicholas, The Metamorphosis of a Medieval City. Ghent in the Age of the Arteveldes, 1302-1390, Lincoln, 1987, pp. 157-158. Pour la citation : Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. II, p. 536.
  • [67]
    La notion d’une « répertoire révolutionnaire » provient bien sûr de l’œuvre de Charles Tilly. Voir son Contentious Performances, Cambridge, 2008, pp. 204-205.
  • [68]
    Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. III, p. 784. D’autres exemples, et une analyse détaillée du wapening peuvent être trouvé dans : Peter Arnade, « Crowds, Banners and the Market Place: Symbols of Defiance and Defeat during the Ghent War of 1452-1453 », Journal of Medieval and Renaissance Studies, n° 24, 1994, pp. 471-497 ; Jelle Haemers, « A Moody Community? Emotion and Ritual in Late Medieval Urban Revolts », in Élodie Lecuppre-Desjardin, Anne-Laure Van Bruaene (dir.), Emotions in the Heart of the City (14th-16th Century), Turnhout, 2005, pp. 63-81 ; Marc Boone, « Armes, coursses, assemblees et commocions : les gens de métiers et l’usage de la violence dans la société urbaine flamande à la fin du Moyen Âge », Revue du Nord, n° 87, 2005, pp. 1-33.
  • [69]
    Tegadere eendrachtelike […] te helpen voorderen, vercrighen ende wel houden alle de rechten, previlegen, kueren ende vrijheden van der voorseide stede (Jan Dumolyn, « “Rebelheden ende vergaderinghen” », art. cit. [n. 39], p. 318).
  • [70]
    « S’il advenoit que aucuns des dis confrères fussent en differente ou en content li ungs a l’encontre de l’autre, de parolles ou de injures sans fait »… L’ordonnance a aussi inspiré un document similaire pour les canonniers lillois en mai 1483 (Georges Espinas, Les origines du droit d’association, op. cit. [n. 16], vol. II, p. 303).
  • [71]
    Ibidem, vol. II, p. 397.
  • [72]
    Myriam Carlier, Peter Stabel, « Questions de moralité dans les villes de la Flandre au bas Moyen Âge : sexualité et activité législative urbaine (bans échevinaux et statuts de métiers) », in Jean-Marie Cauchies, Éric Bousmar (dir.) « Faire bans, edictz et statuz », op. cit. (n. 16), pp. 241-262.
  • [73]
    Ruuthede of quathede ; onbehoorlichede (édité par Victor Fris, Dagboek van Gent van 1447 tot 1470, met een vervolg van 1477 tot 1515, Gand, 1901, vol. I, p. 184).
  • [74]
    Ibidem, vol. I, p. 216. Sur l’histoire sociale des cris « rebelles » en Flandre : Jan Dumolyn, Jelle Haemers, « A Bad Chicken Was Brooding. Subversive Speech in Late Medieval Flanders », Past and Present, n° 214, 2012, pp. 80-81.
  • [75]
    Jan Dumolyn, Jelle Haemers, « Let Each Man Carry on with his Trade and Remain Silent. Middle Class Ideology in the Urban Literature of the Late Medieval Low Countries », Cultural and Social History, n° 10, 2013, pp. 169-189.
  • [76]
    Bernard Chevalier, « Corporations, conflits politiques », art. cit. (n. 12), p. 43.
  • [77]
    Gustave Doudelez, « La révolution communale de 1280 à Ypres », Revue des Questions Historiques, n° 66, 1939, 3-4, p. 7 ; Carlos Wyffels, De oorsprong der ambachten, op. cit. (n. 55), p. 89.
  • [78]
    Hans Van Werveke, De medezeggenschap van de knapen (gezellen) in de middeleeuwse ambachten, Bruxelles, 1943, p. 14 ; spécifiquement pour Gand : Marc Boone, Gent en de Bourgondische hertogen, ca. 1384 – ca. 1453: een sociaal-politieke studie van een staatsvormingsproces, Bruxelles, 1990, pp. 87-88.
  • [79]
    Zware grieve, beroerte ende onrusten die de mesdadighe ende quaeddoeres van haren ambochte (Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. [n. 18], vol. I, p. 596) ; aliance, coppelinghe ende eninghe (ibidem, vol. III, p. 794). Sur les événements : Angeline van Oost, « Sociale stratifikatie van de Brugse opstandigen en van de opstandige ingezetenen van de kleinere kasselrijsteden en van de kasselrijdorpen in Vlaanderen van 1379-1385 », Revue belge de Philologie et d’Histoire, n° 61, 1978, pp. 830-877.
  • [80]
    Twelke zij niet ghedaen en hebben bi toedoene of rade of assentemente van ons, noch van den ghemeenen personen van der vorseide vulambochte (Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. [n. 18], vol. III, p. 794).
  • [81]
    Voord, dat geen cnaepsceip van den weveambochte nemmerme ne sal moghen commen over raed noch over andworde van den weveambochte noch metten ambochte wapinen in orloghen (ibidem, vol. I, p. 597).
  • [82]
    Item, dat ware dat mijnheer hier namaels gheliefde dat si met hem wapene andede te eenichen oorloghe, dat nemmermeer cnape van den ambacht ghelaest sal zijn van den regemente van hemlieden, noch van der wapeninge van orloghe dan vrije meesters alleene (ibidem, vol. I, p. 592).
  • [83]
    Ibidem, vol. I, p. 602, et vol. III, p. 798.
  • [84]
    Gwilym Dodd, Sophie Petit-Renaud, « Grace and Favour: the Petition and its Mechanisms », in Jean-Philippe Genet, Christopher Fletcher (dir.), Government and Political Life in England and France, c. 1300-c. 1500, Cambridge, 2015, p. 263.
  • [85]
    Patrick Lantschner, « Revolts and the Political Order of Cities in the Late Middle Ages », Past and Present, n° 225, 2014, pp. 3-46 ; Christian Liddy, « Urban Enclosure Riots: Risings of the Commons in English Towns, 1480-1525 », Past and Present, n° 226, 2015, pp. 41-77 ; Claire Judde de Larivière, Rosa Salzberg, « Le peuple est la cité : l’idée de popolo et la condition des popolani à Venise (xv e-xvi e siècles) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, n° 68, 2013, pp. 1103-1140 ; Gisela Naegle, Jesus Solorzano Telechea, « Geschlechter und Zünfte, prinçipales und común. Städtische Konflikte in Kastilien und dem spätmittelalterlichen Reich », Zeitschrift für Historische Forschung, n° 41, 2014, pp. 561-618.

1 Multipliciter sunt abusi. La lettre de la communitas Gandensis envoyée le 7 novembre 1275 au roi de France, Philippe III le Hardi, ne laissait aucune place au doute. On y argumentait que la ville de Gand avait été mal gouvernée pendant les décennies précédentes parce que les abus de pouvoir commis par les anciens échevins avaient été nombreux. Après une requête de la communauté gantoise pour remédier à ces « abus », la comtesse de Flandre, Marguerite de Constantinople, avait remplacé les trente-neuf échevins par des représentants du commun, le 1er septembre 1275. Quelques jours plus tard, les anciens échevins, s’opposant à l’alliance qu’avait faite la comtesse avec le « commun » gantois, allaient en appel auprès de son souverain, le roi de France, dans le but de restaurer leur pouvoir. C’est à ce moment politique décisif que le commun envoyait la lettre susmentionnée au roi pour défendre la décision de la comtesse. Dans leur « nous accusons », les Gantois argumentaient que, en raison de la mauvaise gestion des finances urbaines par leurs prédé­- cesseurs, la ville était « intolérablement endettée » (intollerabilibus debitis et diversis creditoribus obligatam). Elle ne pouvait plus rembourser ses prêts, ce qui se faisait au détriment du commerce et donc de toute la communauté. Le seul moyen pour y remédier, pro utilitate communi, avait été le remplacement des autorités par des gens qui avaient à cœur le bien commun de toute la ville. La lettre au roi se terminait par ces mots : « Nous confirmons que tout s’est passé d’une façon rationnelle et légitime, conformément à l’utilité publique [1]. » Bref, les représentants du commun gantois légitimaient leur prise de pouvoir vis-à-vis de leur souverain, et la justifiaient en la présentant comme une action nécessaire, raisonnable et même légale.

2 Cette remarquable lettre de 1275 montre que l’argumentation idéologique des faits prenait une part importante dans les conflits urbains et les tensions sociales, autant qu’ils étaient marqués par la violence entre les partis en lutte pour le pouvoir. Les nombreux cas dans lesquels des rebelles flamands destituaient leurs autorités civiles par la force sont bien connus et abondamment étudiés [2]. C’est cependant l’usage de la violence qui attirait surtout l’attention des chroniqueurs médiévaux, parce que leurs écrits avaient souvent pour but de légitimer la répression des rebelles. Les chroniques prévenaient les futures générations de conseillers urbains des « dangers » de l’exercice du pouvoir, et elles fonctionnaient donc comme un « manuel de la gestion urbaine », les instruisant ainsi sur les moyens de réprimer, ou mieux encore, d’éviter, les soulèvements futurs. Les historiens, qui ont étudié ces témoins d’un monde apparemment violent, y ont vu une société dans laquelle la lutte armée était endémique. Par conséquent, dans l’historiographie dite classique, la violence a éclipsé la résistance lettrée des rebelles et les idées qui les ont motivés à se révolter contre les autorités. Même s’il s’agit toujours d’une étude de base pour les historiens de la Flandre médiévale, l’aperçu impressionnant de l’histoire urbaine de cette région par Jean Lestocquoy nous informe, par exemple, que « l’émeute est la forme normale de la réaction contre le gouvernement médiéval [3] ». Plus récemment, à propos des conflits sociaux à Arras à la fin du xiii esiècle, André Leguai affirmait encore que la violence était une arme primordiale pour les rebelles. « Lorsqu’il n’existe pas de corps intermédiaire susceptible d’exprimer et de canaliser les protestations et les mécontentements », il ne restait que l’émeute aux gens des villes pour s’opposer aux décisions des autorités en place [4]. C’est donc la violence qui règne dans les œuvres classiques sur les révoltes médiévales en Flandre, et ailleurs. Le livre riche de Michel Mollat et Philippe Wolff en est d’ailleurs un autre exemple frappant [5].

3 Le présent article, en revanche, est écrit dans l’esprit du plaidoyer de Monique Bourin, qui écrivait dans un aperçu des révoltes françaises du xiv esiècle, qu’« il est temps de revenir sur l’image misérable qui fut la leur au Moyen Âge, et qui a fortement influencé les historiens modernes et même récents [6] ». Elle ne prêche pas dans le désert, puisque les médiévistes ont déjà réévalué les protestations politiques du Moyen Âge, entre autre par la découverte de l’existence de « moyens intermédiaires » utilisés par les sujets pour se plaindre des autorités : les requêtes. Avec ces petitiones, les sujets ont confronté les rois et seigneurs médiévaux à leurs petits et grands problèmes pour qu’ils y remédient. Les études de ces textes sont nombreuses [7]. En revanche, les rekesten en thiois (traduction presque littérale du français requête), ainsi que leurs pendants en français restent encore à étudier en détail pour la Flandre (qui était un comté bilingue au Moyen Âge). C’est plus précisément dans le cadre de l’étude des conflits urbains – et cela ne vaut pas seulement pour la Flandre – que les requêtes n’ont pas encore été prises en compte dans les débats. Pourtant, des études sur les révoltes à Bruges au Moyen Âge ont montré que ces documents permettent de réévaluer la résistance sociale des communes urbaines, leurs idées et leur discours [8]. Cet article élargit le champ de recherches par une étude des requêtes provenant aussi des habitants des autres grandes villes flamandes (Gand, Ypres, Lille), et de quelques localités plus petites qui les entourent. Il part du constat que les requêtes étaient le moyen par excellence pour les citadins de réagir contre les situations qu’ils considéraient comme « abusives », et même, pour paraphraser Lestocquoy, probablement « la forme normale de la réaction contre les autorités urbaines ». Avant d’en arriver aux armes, les rebelles urbains ont eu recours à la plume pour protester contre une décision prise par les échevins, ou pour se défendre contre une attaque politique de leurs adversaires – la lettre des Gantois de 1275 n’en est qu’un exemple. Par conséquent, si les historiens veulent vraiment comprendre les révoltes urbaines, il vaut mieux étudier les traces d’encre que les rebelles ont laissées dans les archives, que celles du sang qu’on retrouve dans les récits de l’époque. Bien sûr, c’est une enquête difficile, parce que les autorités n’ont pas seulement légitimé la répression par la réécriture de l’histoire, elles ont aussi détruit les textes rédigés par les rebelles. Ces derniers ont, sans doute dans un acte d’autocensure, aussi brûlé les preuves de leur résistance lettrée.

4 « Y a-t-il eu des programmes “révolutionnaires” ou même des programmes tout court ? », se demandait Michel Mollat en étudiant l’enjeu des révoltes du xiv esiècle en France et aux Pays-Bas. Sa réponse est négative : « On songeait peu à innover, bien qu’on ait reproché à certains de vouloir tout bouleverser. Les rebelles cherchaient surtout à s’insérer dans les institutions existantes [9]. » Aux yeux de l’historien français, les rebelles étaient des conformistes, qui luttaient contre la réalisation de réformes institutionnelles. Et ce n’est pas seulement le cas flamand qui a inspiré les historiens pour caractériser les révoltes du Moyen Âge tardif comme « conservatrices [10] ». Bien sûr, une révolte médiévale n’est pas une révolution – terme anachronique pour cette époque [11]. Mais, plus encore que ne le pensent les médiévistes, les rebelles avaient des réformes en tête quand ils rédigeaient (ou faisaient écrire) des requêtes. À la suite de leurs actions revendicatrices, le gouvernement des villes a été transformé dans certains domaines essentiels du pouvoir, comme la procédure d’élection de leurs gouvernants, la comptabilité, l’organisation institutionnelle, etc. Leurs révoltes n’étaient donc pas destinées à renverser l’ordre établi, comme l’a écrit Bernard Chevalier, mais elles ont fait plus que de le « réguler », pour reprendre ses mots [12]. Mais le grand historien des « bonnes villes » de France oublie de mentionner que les rebelles ont non seulement utilisé la violence pour exprimer leurs revendications sociales, mais qu’ils formulaient aussi des requêtes, lesquelles ont abouti à une réforme fondamentale des institutions urbaines. Bref, la dichotomie introduite par les historiens pour catégoriser les conflits sociaux du Moyen Âge entre la « dérégulation » de la société, d’une part, et la « confirmation », de l’autre, masque la richesse et, avant tout, la réalité d’une société qui évolue constamment à l’instar des impulsions et des aspirations des gouvernés. Cet article aspire à montrer que les citadins flamands ont essayé de modifier constamment les institutions et la réglementation de la vie urbaine – et, en premier lieu, ils l’ont fait par écrit.

Requérir en ville

5 L’accent sera mis ici sur les révoltes et les pétitions des corps de métiers, parce que ces associations corporatives ont été les princi­- pales instigatrices des protestations dans les villes flamandes [13]. Dans la majorité des cas, la contestation n’était pas violente. Au contraire, elle était autorisée et même légale si elle prenait la forme d’une requête. Partout dans l’Europe médiévale, la requête était la pratique par excellence pour demander une faveur aux autorités, qu’elles fussent royale, ecclésiastique ou urbaine. Souvent même, l’intervention législative des autorités en question n’était ni spontanée ni à leur initiative, mais bien le résultat d’une requête, qui était le premier stade de l’élaboration de nombreux actes. Formulée dans un discours juridique, qui la prépare à être promulguée directement en réglementation urbaine, la requête attendait la réponse des autorités. Le résultat des discussions sur son contenu déterminait l’issue de cette procédure quotidienne de la promulgation des ordonnances urbaines, mais aussi de celles émanant du prince. Pour la Flandre, par exemple, Jonas Braekevelt a calculé que la majorité des ordonnances et privilèges comtaux promulgués pendant le principat de Philippe le Bon (1419-1467) était le résultat d’une requête de ses sujets [14]. Des études sur la législation royale en France ont aussi montré que le roi n’agit que rarement motu proprio, et que plus que la moitié des ordonnances sont suscitées par une supplique [15]. Les chiffres pour la législation urbaine, en revanche, restent inconnus parce qu’on ne dispose pas des collections bien conservées des ordonnances urbaines pour la Flandre médiévale, ni des séries d’enregistrement systématique des pétitions (comme en Angleterre). Mais quelques études de cas ont montré que les citadins se sont servis également de ce moyen pour exprimer leurs soucis et leurs aspirations concrètes vis-à-vis des autorités [16].

6 Que sait-on de la mise en forme des requêtes et de leurs cheminements documentaire et procédural ? Il faut bien constater que beaucoup nous échappe. Sans aucun doute, la plupart des pétitions non-approuvées ont été détruites. L’issue de la remise d’une requête dépendait bien sûr des circonstances concrètes : la force et l’ampleur de la coalition que les gens de métiers pouvaient former, les intérêts spécifiques des autorités, leur appartenance sociale, qui différait de ville en ville, etc. C’est donc que le rapport des forces du moment, à côté de son contenu, déterminait si une requête était approuvée ou considérée comme « rebelle ». Mais même approuvées, les re­quêtes dans leur forme originale étaient détruites après qu’elles furent mises sur la table des autorités – devenu superflu, il était inutile de conserver le « brouillon » de l’ordonnance finale. Parfois, néanmoins, à cause d’un hasard (d’origine inconnue) ou de leur importance politique, quelques requêtes ont été conservées en copie. C’est le cas, par exemple, pour la requête brugeoise composée par les corps de métiers unis en 1477 – et citée en détail plus tard – qui, en raison du fait qu’elle a formé la base de grandes réformes institutionnelles, a été conservée par les contemporains. Une autre pétition brugeoise de 1488 doit son existence au fait qu’elle a été copiée pour être distribuée parmi tous les corps de métiers, et l’exemplaire du métier des cordouaniers est le seul à nous être parvenu [17]. Cet article exploite une vingtaine de documents comparables, c’est-à-dire des requêtes collectives, composées par une ou plusieurs communautés de métiers, entre la fin du xiii e et la fin du xv esiècle. En comparant ce corpus avec les ordonnances urbaines, il est possible de vérifier qu’une fois délivrées aux autorités, ces requêtes faisaient l’objet de discussions intenses entre elles et les pétitionnaires, de délibérations et de négociations. Malheureusement, ces documents ne nous donnent guère de détails sur leur mise en forme, qui nous échappe presque totalement.

7 Dans quelques cas, néanmoins, le contenu même de la requête offre des informations sur la procédure. En avril 1371, « ly bonne gent du mestier des tisserans » de Douai « supplient humblement » d’avoir l’autorisation de faire fabriquer des flambeaux destinés à être portés dans les processions en ville. Immédiatement, les échevins se déclaraient favorables à leur supplique et publiaient « en plaine halle » l’ordonnance établie sur la base de cette requête [18]. Dans ce cas, il semble que la requête a été approuvée intégralement par les autorités douaisiennes après que les tisserands ont « humblement » fait usage de leur droit de pétitionner. C’était aussi le cas à Gand, en 1349, quand le doyen et les jurés du métier des tondeurs « apportaient une lettre dont ils usaient depuis longtemps et qu’ils voulaient faire examiner ». Le document contenait des coutumes réglant des affaires quotidiennes dans leur corps de métier, qu’ils désiraient voir copié dans « un livre de connaissance » de la ville « pour mémoire perpétuelle » [19]. Après avoir lu et discuté le document, les échevins l’ont fait copier mot pour mot dans un des cartulaires officiels de la ville. L’examen désiré du document n’avait donc pas révélé de problème pour les autorités, et ceci donna ensuite lieu à des règlements ayant force de loi. Les conditions exactes du cheminement procédural restent inconnues, mais on peut présumer que la requête avait été lue par une délégation des pétitionnaires devant les échevins, comme la supplique brugeoise du 20 mars 1381 nous en informe : celle-ci était délivrée aux mains des échevins par un juriste qui avait accompagné 138 tisserands dans la grande salle de l’hôtel de ville [20]. Sans doute, les gens de métiers eux-mêmes s’étaient réunis durant la phase de rédaction du texte. La requête des tanneurs gantois d’avril 1374 mentionne explicitement que les gens de métier « avaient été ensemble » (hebben tegadere gheweest) pour demander « d’avoir leurs salaires améliorés » parce que la vie était devenue plus chère [21]. Cette mention montre que la corporation s’était réunie sous la direction de ses gouverneurs pour élaborer le contenu du texte – une procédure normale pour une telle initiative collective. Enfin, les échevins acceptaient d’augmenter les salaires d’un quart, et non d’un tiers comme le demandait la requête, ce qui montre que seules les autorités décidaient des modalités selon lesquelles elles donnaient satisfaction à la requête.

8 La négociation est donc un aspect essentiel de la procédure de requête, un processus qui a pu servir à calmer les esprits des pétitionnaires. À Lille, en août 1419, l’échevinage ouvrait les débats sur une requête des bouchers qui demandaient de rétablir l’ancienne réglementation échevinale. Dans leur « complainte », les maîtres et les compagnons des bouchers expliquaient que la nouvelle ordonnance, promulguée seize ans auparavant, et stipulant qu’une personne qui voulait être reçue dans leur métier devait exercer cette profession pendant une décennie chez un boucher reconnu, était devenue obsolète à cause de la dépopulation de la ville. Après « grant et meure deliberation », les échevins et le conseil lillois décidaient que c’était « plus prouffitable au bien commun de la chose publicque » que l’ordonnance en question n’eut plus force de loi. On peut présumer qu’initialement les échevins n’avaient pas eu l’intention d’accéder sans rechigner à la demande des bouchers, car ceux-ci avaient pris la précaution d’adresser aussi leur requête au duc Philippe le Bon, peut-être pour renforcer leur réclamation [22]. Quoi qu’il en soit, il est clair que la coutume de remise de requêtes a pacifié la vie urbaine à Lille, comme c’était le cas dans d’autres villes du comté. Les gens de métiers y trouvaient un moyen utile pour exprimer des mécontentements concrets, et les autorités en faisaent usage pour s’acquitter de leur tâche principale : prendre soin du bien commun de la ville. Composer des suppliques était donc la concrétisation de la participation politique des gens de métiers en ville. Dans ce contexte, Andreas Würgler, en étudiant l’exemple suisse, parlait de l’existence dans les villes d’une vraie Kultur des politischen Mediation, dont les requêtes étaient les outils par excellence [23].

9 Mieux que par nous, hélas, les règles du jeu sont donc bien connus par les parties intéressées. Retournons à Lille pour montrer que la formulation des plaintes pouvait être considérée comme une action déloyale si elle ne suivait pas les règles internes. En mars 1434, la Chambre des Comptes, institution ducale établie dans cette ville, confirmait un règlement échevinal bien que les taverniers avaient pétitionné contre celui-ci. Ce règlement interdisait aux taverniers de vendre leurs vins au-delà du prix de six deniers de gros de Flandre, monnaie récemment dévaluée d’un tiers. Les échevins avaient condamné fortement cette action, parce que la requête des taverniers avait été adressée directement à la Chambre des Comptes et non à eux. La Chambre avait averti les échevins, qui « eussent debatu au contraire [24] ». Selon eux, si l’on suit l’acte de la chambre, les taverniers avaient fait ainsi « grant desrision de ceulx de la dicte loy » parce qu’ils avaient ignoré les pratiques normales de la délibération à l’intérieur de la ville qui voulaient qu’une telle requête soit adressée aux autorités urbaines en premier lieu. Que le personnel de la Chambre était étroitement lié à l’élite lilloise peut expliquer pourquoi la Chambre suivait la ville dans la condamnation de cette action [25]. L’acte décrit l’assemblée des taverniers comme un « monopole », terme utilisé pour indiquer qu’elle était considérée comme illicite. Le document cité nous informe aussi du fait que les fourniers lillois avaient prévenu les échevins qu’ils suivraient la même procédure pour requérir de nouveaux droits si les taverniers obtenaient gain de cause. Finalement, sous cette énorme pression, les taverniers renoncèrent à leur appel et à leurs revendications. Dans un esprit de conciliation, les échevins leur pardonnèrent leur « rudesse et desobeissance », en espérant qu’ils « se maintenoient doucement et amiablement […] comme raison estoit » [26]. Malheureusement, la requête elle-même n’a pas été conservée, et nous ne saurons donc jamais ce qu’ils avaient demandé précisément et pourquoi les taverniers n’avaient pas adressé leur requête en première instance à leurs édiles [27]. Mais il est clair que les autorités ne pouvaient pas tolérer la violation des coutumes encadrant la requête.

10 Une dernière remarque d’ordre procédural concerne le discours utilisé dans les requêtes conservées. Étant donné que ces textes avaient vocation à intégrer la législation urbaine, la terminologie employée est celle d’un discours juridique. Des avocats, des notaires et des juristes sont donc souvent à l’origine des expressions et des mots utilisés dans les requêtes. Le juriste et clerc de la ville de Bruges, maître Jean Roegiers, avait « mis divers points de doléances par écrit » pour les métiers brugeois pendant leur réunion collective au marché de la ville, en février 1488, tandis que le « procureur dou commun de Gant » avait composé une requête de la ville tout entière, qui fut présentée au comte au début de 1297 [28]. Ceci peut expliquer pourquoi ces textes utilisent parfois le même discours que celui des ordonnances urbaines, les autorités ayant, elles-aussi, fait appel à l’expertise des juristes pour formuler leur législation. L’abondance dans les documents législatifs, comme dans les requêtes, d’affirmations selon lesquelles les mesures stipulées ou proposées avaient pour but de servir le « bien commun de la ville » – phrase idéologique par excellence pour légitimer l’existence de la législation médiévale – prouve cette origine commune [29]. Le discours originel des rebelles ne peut donc pas être lu dans ces textes, mais, sans doute, peut-on supposer que leur contenu reflétait réellement les aspirations des gens de métiers, ou au moins de leurs dirigeants qui avaient commissionné la rédaction de la requête. L’analyse du rôle qu’ont joué les juristes dans l’élaboration des pétitions d’Ancien Régime – rôle plus difficile à étudier pour le Moyen Âge à cause de l’absence des sources nécessaires – a d’ailleurs montré que ces intermédiaires ont influencé d’une manière décisive le choix des mots dans ces textes ; il n’en est pas de même des idées, des revendications et des aspirations, qui restaient celles des requérants eux-mêmes [30].

Discours, idées et revendications

11 Quelles étaient les revendications des métiers flamands ? Bien sûr, leurs aspirations variaient selon les moments et selon les lieux, mais l’analyse suivante s’efforcera, tout en tenant compte du contexte propre à chaque requête, de souligner les continuités au sein du répertoire des revendications. Ces revendications peuvent ainsi être divisées en quatre axes. Le premier concerne l’exigence d’un certain degré de participation au gouvernement de la ville, ou, une fois acquis, des garanties pour le maintien ou l’extension de ces droits. Cette revendication est soutenue par une remarquable stratégie idéologique. On le constate en lisant l’une des plus anciennes requêtes flamandes, la « complainte » de Damme de 1280. À ce petit avant-port de Bruges, les ambochtslieden (gens de métiers) et les « pauvres gens qui gagnent leur vie avec leurs membres » se plaignaient « des riches » dans une lettre au fils du comte (Robert de Béthune) [31]. Cette terminologie est bien sûr une stratégie discursive pour se mêler de la gestion urbaine, parce qu’elle oppose d’une façon intelligente les « petits » et « pauvres » aux « grands » et « riches » de la ville. Car, selon la morale politique en vigueur, les « grands » devaient tenir compte des « petits », qui étaient perçus comme des éléments indispensables à l’équilibre social [32].Dans le cas contraire, les premiers pouvaient être considérés comme des tyrans qui négligeaient les autres, et par conséquent les citadins et leur seigneur (le comte de Flandre) avaient le droit, ou mieux encore, le devoir, d’intervenir. Mais la terminologie citée renvoie aussi bien à une réalité : les auteurs de ce document étaient des gens moins riches que leurs adversaires. L’autre mot essentiel de la rhétorique revendicative des requérants que l’on retrouve dans ce document est celui de « commun ». Les rédacteurs de la requête s’appelaient eux-mêmes het ghemeen, expression consacrée en thiois et traduite littéralement du français [33]. Ce terme renvoyait à un programme idéologique qui considérait ces pétitionnaires comme les représentants de toute la communauté urbaine, reprenant le vocabulaire de l’ancienne commune urbaine, établie au xii esiècle. Mais cette terminologie qui légitimait leur prise de plume reflétait aussi une certaine réalité. L’analyse de Carlos Wyffels, entre autres, a montré qu’il ne s’agissait pas à cette époque d’une lutte de classe, comme le postulait encore Alain Derville, mais bien d’une coalition des chefs de métiers urbains, des nouveaux riches, et des ouvriers qui utilisaient l’opportunité des troubles entre le comte et le roi de France pour récuser la monopolisation du pouvoir par le patriciat [34].

12 Une des réformes institutionnelles que le « commun » de Damme proposait pour remédier à ce système oligarchique était d’avoir des représentants dans le conseil de la ville [35]. En dénonçant les échevins qui avaient violé les coutumes locales, les auteurs du document expliquaient au fils du comte que la ville serait mieux gouvernée s’ils disposaient des mécanismes institutionnels pour contrôler sa gestion. Le moyen le plus efficace pour y parvenir était à  eurs yeux la participation politique. Selon les métiers, il était impossible de constituer une communauté urbaine sans l’accord de ses membres, ce qui supposait une consultation, qui est le principe même de la communauté. Cette idée était très répandue, y compris parmi les élites urbaines qui avaient utilisé les mêmes arguments pour justifier la création des « communes » au xii esiècle, et la gestion de celles-ci dans les décennies suivantes [36]. À la fin du xiii esiècle, les habitants des villes confrontaient donc leurs dirigeants à leur propre discours. La suite de cette confrontation idéologique et sociale, que l’on retrouve presque partout dans les anciens Pays-Bas à cette époque, est bien connue. Les élites urbaines se sont opposées fermement aux revendications du commun, et ce n’est qu’après les révoltes des premières années du xiv esiècle que les métiers flamands ont intégré les organes de gestion dans les villes [37]. Le résultat final de cette évolution politique était enfin la création dans les villes flamandes d’une « démocratie de privilégiés », pour utiliser lexpression de Henri Pirenne [38]. « Privilégiés », parce que les métiers n’ont jamais lutté pour que d’autres groupes socioprofessionnels, tels les artisans indépendants, soient représentés dans les institutions urbaines. Leur revendication d’élrgissement de la base de recrutement des échevins était donc inspirée par un certain « égoïsme collectif », plutôt que par des idées égalitaires.

13 Mais leur entrée presque générale dans ces institutions n’a pas empêché que les gens de métiers aient demandé d’installer de nouveaux organismes de consultation dans les décennies et siècles suivants. Car, graduellement, les anciennes  lites urbaines avaient réussi à reconquérir le pouvoir. Prenons l’exemple de Bruges. En novembre 1436, pendant la révolte contre le duc de Bourgogne Philippe le Bon (devenu comte de Flandre en 1419), une requête des métiers demandait d’élargir le contrôle du Grand Conseil (Groote Raed) sur le processus décisionnel des institutions de la ville. Cette requête proposait que, dorénavant, le Conseil, où siégeait un grand nombre de députés corporatifs, devrait accueillir tout le monde voulant se plaindre au sujet de la préservation des privilèges brugeois. Après une enquête du Conseil, celui-ci devrait décider comment remédier à cette situation [39]. Clairement, cette revendication est une réaction contre le fait que, grâce à une coalition avec le duc de Bourgogne, l’ancienne élite brugeoise avait réussi à reconquérir le pouvoir dans les décennies précédentes, au détriment bien sûr des métiers. Ceux-ci s’y sont opposé violemment, comme on le sait, mais donc aussi, et d’abord, par voie de requête. En février 1488, les métiers brugeois ont voulu aller encore plus loin. Pendant la révolte contre les sympathisants de Maximilien d’Autriche, étudiée en détail ailleurs, les métiers demandaient aux échevins d’installer un nouveau conseil institutionnel dans la ville, composé des représentants des « neufs membres » (les neghen leden unissaient tous les corps de métiers à Bruges). Selon leur requête, cet organisme devait dorénavant contrôler les décisions des échevins, et les rapporter aux « membres ». En plus, parmi leurs « doléances et désirs » (doleanchen ende begheerten) se retrouve aussi la revendication que les échevins ne puissent plus sceller des documents en l’absence de leurs doyens [40]. La vigilance des métiers concernant leur participation à la gestion de la ville a donc mené à des propositions de réforme des institutions urbaines à plusieurs reprises.

14 Une autre requête des métiers brugeois, datant du 1er juin 1488, concerne la gestion financière de la ville, deuxième axe principal que l’on retrouve dans beaucoup de requêtes contemporaines. Dans ce document, les neuf membres comparent la ville à un corps humain dont ils sont le « commun ventre » (ghemeenen buucke van der stede). Par cette symbolique très répandue au Moyen Âge, les métiers montraient qu’ils étaient une partie essentielle du corps urbain, sans laquelle la tête ne pouvait bien fonctionner. Pendant la révolte de 1488, le ventre de Bruges demandait donc au comte de l’autoriser à tenir dorénavant un « petit livre pour mémoriser tous les engagements que l’on ferra à charge de la ville [41] ». Cet enregistrement des aides accordées au comte faciliterait selon eux le paiement de celles-ci, mais il augmenterait aussi leur contrôle sur la gestion des finances urbaines. Cette demande n’était que partiellement l’expression des allégations et des insinuations très répandues dans les villes du Moyen Âge, parfois à juste titre, que les échevins avaient fait des erreurs personnelles dans la gestion financière de la ville. Avant tout, elle témoigne d’une inquiétude fondamentale des habitants qui espéraient une gestion équitable du budget urbain et des finances stables, comme le prouvent de nombreuses études sur les révoltes urbaines au Moyen Âge tardif  [42].

15 Cette revendication financière était un souci constant des corps de métiers. Malgré la distance chronologique, on peut ainsi facilement comparer la revendication des métiers brugeois de 1488 avec la teneur de la lettre des Gantois de 1275 citée au début de cet ar­ticle. Les deux documents partaient d’une idée de base selon laquelle une ville ne pouvait pas vivre au-dessus de ses moyens parce que ses dépenses devaient servir les intérêts de ceux qui payaient les impôts urbains. Une mauvaise gestion des finances pouvait mener, par exemple, à l’emprisonnement des citadins en dehors de la ville à cause de leurs dettes publiques non remboursées. Pour éviter cela et pour renforcer le contrôle sur les décisions financières et fiscales des élites urbaines, les gens de métiers et les coalitions qu’ils avaient formées avec d’autres groupes exclus du pouvoir forcèrent, déjà vers 1300, les autorités civiles à tenir une comptabilité. Ce fut le cas dans plusieurs villes du nord de la France, par exemple dans l’Artois, région voisine de la Flandre. Notamment dans sa ville principale, Arras, où, « pour les gries qu’ele a eus de lonctans », une ordonnance civile du 9 août 1302 installait une nouvelle commission de 24 hommes, dont un tiers serait choisi par les « geudes, par l’acort de leur communs », un autre tiers par le métier de la draperie, et le troisième n’appartiendrait à aucun des groupes mentionnés. Cette commission devait trouver une solution pour les problèmes financiers d’Arras et elle présenterait quatre fois par an un « estat de le vile ». Bien que l’ordonnance ait été proclamée par le maire et les échevins, André Leguai a montré que les métiers avaient formulé des revendications similaires dès les années 1280 [43]. Comme ailleurs, les métiers et leurs sympathisants sont enfin parvenus à ce que les puissants rendent compte de leurs actes et que les institutions urbaines soient réformées. Dans les villes artésiennes et flamandes, les requêtes des « pauvres », des « ventres de la ville » et des « communs » urbains ont donc réussi à éradiquer les anciennes pratiques des familles établies, qui « comptaient entre eux en secret » (inter se computant in secreto), comme une ordonnance du roi de France Philippe III le décrit, en 1279, de manière frappante. En réaction (tardive) à la lettre gantoise de 1275, cette ordonnance obligeait enfin les villes flamandes à consigner leur comptabilité sous forme écrite [44].

16 La préoccupation d’avoir des finances en ordre ne concernait pas seulement le budget urbain, mais aussi celui des métiers eux-mêmes. C’est-à-dire que les métiers voulaient avoir en mains propres les moyens de gérer leurs affaires financières. Ce qui nous amène au troisième groupe de leurs revendications, l’autonomie corporative. Contrairement à la volonté des anciens « patriciens » des villes, comme ceux de Bruges qui défendaient encore aux métiers en septembre 1280 « d’avoir amassé argent en communauté » (ghelt ghegadert hebben in meentuchten), ou ceux de Douai qui avaient déjà stipulé vers 1250 que « nus ne voist en tor par les mestiers, por prendre deniers ne por desfendre l’oevre » sous peine de ban, les métiers ont pétitionné et lutté avec succès pour une certaine indépendance financière [45]. Celle-ci comprenait, entre autres, la gestion des deniers collectifs, comme les « boîtes de solidarité » dont les métiers disposaient pour soutenir des membres nécessiteux, ou des liquidités pour leur gestion quotidienne. C’est resté un point important dans les décennies suivantes. En février 1418, par exemple, le doyen des teinturiers gantois Louis Steemaer demandait dans une requête aux échevins si son métier pouvait imposer à ses membres une taxe sur l’usage de l’alun « afin de supporter les frais que le métier a quotidiennement [46] ». Les échevins l’approuvèrent, vu le fait que « tous les bonnes hommes [donc, les dirigeants] du métier avaient donné leur commun accord » (ghemeenlic consent). Cet exemple témoigne du fait que l’autonomie des corporations urbaines n’a jamais été absolue, puisque les autorités civiles devaient donner leur accord pour une telle mesure, mais qu’elle était malgré tout très large. Les échevins l’ont tolérée, en échange d’une certaine forme de contrôle sur la réglementation interne des métiers. Bref, dans la pratique quotidienne, c’est le compromis qui régnait.

17 Pareillement, les guildes devaient demander la ratification de leurs chartes et privilèges aux conseils urbains. Mais elles pouvaient les rédiger de manière presqu’autonome par la procédure de la requête, bien que, comme les coutumes le prescrivaient, les négociations avec les autorités en faisaient partie intégrante. À Saint-Omer, par exemple, les ordonnances communales fixant le mode d’élection annuelle des maîtres, des gouverneurs et des valets des métiers des tisserands, des foulons, et des tondeurs ont par cette voie été décrétées en janvier 1306 [47]. La mention selon laquelle le règlement interne des tisserands, par exemple, a été « accordee et faite par l’assent dou maieur et d’eskevins » montre qu’il était le fruit des négociations élaborées entre les dirigeants des métiers et les autorités civiles. Ce n’est qu’après la promulgation de ces règlements que la révolte audomaroise est devenue violente [48]. Le dialogue régnait donc, et il aidait aussi à trancher lors de différends entre les métiers. Dans la même ville, par exemple, les échevins validaient en juin 1326 la solution d’un problème de salaire des foulons, qui le voyaient augmenter de deux deniers pour cause de dévaluation de la monnaie, et « du commun acort et consentement des maistres des tisserans et des foulons, por le commun pourfit de le ville et pour le nécessité du mestier des foulons [49] ». Au sein d’un même corps de métier aussi, les problèmes internes pouvaient être résolus de façon similaire. Dans une requête qui ne peut pas être datée plus précisément que dans le troisième tiers du xiv esiècle, les maîtres travaillant dans l’industrie drapière demandaient aux officiers des trois métiers des tisserands, foulons et tondeurs de modifier divers points de la fabrication. Après une consultation interne, quelques-uns de ces points furent accordés et proposés aux échevins pour en faire ordonnance [50]. Cet exemple nous montre non seulement que les métiers disposaient d’une certaine autonomie juridique, mais aussi que la requête était le moyen préféré des maîtres de métiers pour régler leurs affaires internes.

18 D’autres aspects essentiels de l’autonomie corporative se situaient sur le plan politique, économique et culturel. Dans la requête déjà citée de Damme de 1280, les gens de métiers revendiquaient d’avoir le droit d’élire eux-mêmes leurs propres dirigeants, les dekens ende vinders (doyens et jurés) [51]. Une telle revendication libérerait les artisans du joug des familles établies dans la petite ville, et leur donnerait l’assurance d’être jugés par leurs confrères en cas de disputes internes. Finalement, dans le premier tiers du xiv esiècle, presque partout dans le comté, les gens de métiers obtiendront ce droit, mais la revendication ne disparaîtrait pas pour autant dans les décennies et siècles suivants. En février 1488, par exemple, bien qu’ils pussent choisir leurs dirigeants depuis près de deux siècles, les métiers brugeois demandaient par une requête d’obtenir confirmation de ce privilège. Le texte exigeait que d’autres associations de travailleurs, tels les relieurs, les imprimeurs et les bonnetiers pussent aussi obtenir le droit d’élire leurs propres dirigeants [52]. Pour être complet, cette autonomie politique se traduisait aussi par des revendications économiques, comme le droit demandé en novembre 1436 par les métiers brugeois de « visiter les privilèges » (te bezouckene hare cueren) de leurs collègues du port voisin de l’Écluse pour savoir si ceux-ci ne violaient pas le monopole de production qu’avaient acquis les artisans brugeois. Les drapiers d’Ypres, quant à eux, demandèrent au comte en octobre 1342 d’interdire la production des draps à Langemark (village qui se trouvait dans une zone de trois lieues entourant la ville) [53]. N’oublions pas non plus que, dès leur formation au xiii esiècle, mais aussi plus tardivement comme l’ont fait les cordouaniers lillois en décembre 1430, les corps de métiers ont fondé des associations culturelles et des confréries religieuses. « La greigneur et plus saine partie » des cordouaniers, par exemple, pétitionnait auprès du duc, avec succès, pour établir une confrérie de leur métier sous le vocable de Saint Crépin [54]. Nombreuses sont les requêtes de ce type qui demandaient la fondation d’associations similaires, d’organisations caritatives, d’hôpitaux, etc., dont l’exemple de la confrérie de Saint-Éloi des forgerons de Béthune, datant de 1188, est le plus ancien [55]. En somme, l’autonomie corporative s’est installée dans les villes flamandes à la suite de luttes sanglantes, comme on le sait, mais elle a aussi été un souci quotidien qui pouvait être réglé après avoir pétitionné pacifiquement.

19 Quatrième axe : la gestion de l’espace public. La revendication d’avoir une voix dans l’organisation de l’espace urbain est moins présente dans les requêtes des métiers en Flandre que les questions sociales et économiques, mais quelques passages montrent que les artisans se préoccupaient de l’usage de l’espace dans lequel ils déambulaient, conversaient et faisaient du commerce. Encore à Damme en 1280, les gens de métiers se plaignaient des échevins qui n’avaient pas encore pavé une rue, bien qu’ils aient levé des taxes dans ce but. En outre, ils contestaient la destruction d’une « place qui appartient à la communauté [56] ». Il n’est pas évident de déterminer avec précision à quoi les gens de métiers faisaient référence, mais la requête accusait le maire d’avoir construit un bâtiment sur cette « place ». La plainte montre toutefois que les associations corporatives désiraient obtenir un droit de regard sur l’organisation de l’espace urbain et sur le maintien des rues – certainement quand ils y avaient contribué fiscalement. Elle est restée une réclamation mobilisatrice pendant les siècles suivants. Le bon entretien de l’espace urbain dans son intégralité, les routes, les canaux et les terrains publics inclus, était par exemple un des soucis des métiers de Saint-Omer lors de leur révolte de 1467. Au moment de l’avènement de Charles le Téméraire comme comte de Flandre et d’Artois, les insurgés audomarois mettaient cette préoccupation en avant comme l’une des exigences centrales. Ils désiraient le « widage » des cours d’eau, car il fallait dans ce cas précis assurer la navigabilité de l’Aa et veiller à ce que les risques d’inondation soient réduits au minimum. Le mécontentement des maraîchers et des habitants des faubourgs des environs du port fluvial était lié à la dernière crue de l’Aa, qui était selon eux à mettre sur le compte d’un entretien insuffisant de ce cours d’eau, où l’on avait négligé la « coupe des herbes [57] ». Pareillement, la demande des métiers brugeois, qu’on peut lire dans leur requête d’avril 1477, pour « que soient entretenues les halles de la ville, les anciennes comme les nouvelles, dans leur état, comme aux temps passés » montre qu’ils voulaient avoir leur mot à dire dans l’entretien de l’espace dans lequel ils travaillaient au quotidien [58].

20 Le lien étroit des citadins avec l’espace vécu a déjà été attesté pour les élites qui les dirigeaient, mais les exemples cités, peu nombreux mais clairs, montrent que les autres habitants aussi s’occupaient (ou mieux : voulaient s’occuper) de la réalisation de l’espace physique et donc de la matérialisation du concept de « bien commun ». De plus, est-ce une coïncidence si au xiv esiècle, une fois que les métiers avaient acquis le pouvoir dans les villes mentionnées, ceux-ci contribuaient fiscalement aux grands travaux publics ? La construction, d’une part, des beffrois, des halles, et des majestueux hôtels de ville dans un nouveau style d’architecture ambitieux, le gothique et, d’autre part, la création des grandes places au sein des villes, donnaient aux métiers (mais bien sûr aussi aux autres habitants) des espaces pour se manifester publiquement. L’hôtel de ville de Damme est aujourd’hui encore une perle du style gothique, construit au début du xiv esiècle après que les métiers sont entrés dans les coulisses du pouvoir. À Gand, à cette époque-là, des maisons étaient démolies pour construire le Plaetse, la « Place » devant l’hôtel de ville et à côté du beffroi, et aussi le Marché du Vendredi, les deux grandes places où, dorénavant, les métiers feraient du commerce, se rencontreraient quotidiennement, et s’assembleraient collectivement quand ils voudraient forcer les autorités à tenir compte de leurs exigences sociales [59]. À Bruges, dans les années suivant la pétition de 1477, les métiers ont supporté fiscalement le projet d’embellissement du beffroi, c’est-à-dire que dans les années 1480, une nouvelle tour octogonale était érigée, surmontant le monument prestigieux où les privilèges de la ville étaient conservés [60]. Ces espaces et bâtiments communaux sont donc devenus aussi des espaces et bâtiments corporatifs. La comparaison avec les cités italiennes, où l’époque de la participation du popolo au pouvoir était aussi caractérisée par la construction de nouveaux bâtiments publics, est légitime [61].

Discipline et violence

21 Mais, de temps en temps, le consensus était brisé. Pour parvenir à leurs fins, il ne restait parfois aux gens de métiers que l’abandon temporaire du dialogue, en outrepassant la négociation coutumière, comme l’ont fait les taverniers lillois en 1434, ou en se mobilisant. Remarquons d’abord que dans les exemples cités ci-dessous cette mobilisation n’était pas violente, mais strictement disciplinée. Parmi d’autres moyens, faire la grève ou quitter la ville en masse étaient des pratiques très prisées par les gens de métiers pour montrer leur mécontentement. Les takehans douaisiens de 1245 sont les plus connus. Comme leurs collègues des autres villes flamandes dans les années 1280, dès le milieu du xiii esiècle, les ouvriers du textile de Douai refusèrent de travailler tant que leurs revendications ne seraient pas entendues [62]. Au siècle suivant, les métiers utilisèrent cette même arme puissante pour bouleverser l’ordre économique. En janvier 1306, les métiers de Saint-Omer se mettaient en grève et se rassemblaient sur la Place du Marché avec leurs bannières pour exiger de nouveaux privilèges – qu’ils ont d’ailleurs obtenus [63]. Autre exemple : en 1344 les tondeurs brugeois refusèrent de travailler pendant quelques jours parce que leurs revendications salariales étaient ignorées par les autorités. À cause de cette grève, les marchands de draps ne pouvaient plus satisfaire à la demande du marché interna­- tional [64]. Dans la petite ville d’Aardenburg (près de Bruges), en 1311, des gens de métiers étaient en colère parce que les patriciens ne voulaient plus reconnaître leur droit de participer à l’élection des échevins. Ils avaient fermé alors les portes de la ville et interdisaient l’organisation du marché hebdomadaire en occupant des halles [65]. Dans d’autres cas, ce « désœuvrement » (ledichganc), terme employé par une source pour désigner la grève de 1311, pouvait être suivi d’un uutganc, littéralement une « sortie » de la ville. Ce sont les foulons gantois, par exemple, qui quittèrent la ville en masse, en avril 1373, pour s’installer dans le village voisin de Deinze pendant quatre mois. Plusieurs tentatives des échevins de les faire rentrer chez eux n’aboutirent pas, parce que les foulons tenaient à leur cause : dans une lettre ouverte, ou plutôt une requête aux échevins, ils revendiquaient une augmentation de salaire (om beteringhe van onse loone). Ce n’est qu’après une augmentation substantielle, en septembre 1373, que les foulons consentirent à regagner leurs pénates. Quelques mois plus tard encore, un foulon était puni parce qu’il avait ignoré l’ordonnance des échevins défendant aux foulons de se mettre en grève à nouveau [66]. Un individu a donc pu être mécontent de la solution trouvée au conflit, mais il est clair que la communauté des foulons eut gain de cause grâce à sa solidarité disciplinée et collective.

22 Même dans les cas où les gens de métiers en venaient à prendre les armes, leurs actions collectives restaient très disciplinées. C’est un fait remarquable qui montre qu’elles étaient bien orchestrées par des meneurs, généralement issus des doyens et jurés des métiers. Car, au cours du xiv esiècle, les métiers flamands avaient créé et maintenu un « répertoire révolutionnaire » bien huilé de techniques et de méthodes de mobilisation [67]. Dans ce répertoire se retrouve principalement l’emploi stratégique de symboles, les bannières par exemple, ou des rituels, comme l’occupation d’une place centrale au son des cloches. L’usage de ces rituels avait un double but. D’abord, ils faisaient de l’action collective des métiers un cortège, souvent armé, qui ne pouvait pas être ignoré par leurs adversaires. Le wapening, nom donné à cette action collective dans les sources, était donc une forme de grève armée, mais ritualisée. À Ypres, en 1359, par exemple, les échevins durent baisser le ton dans une querelle sur la gestion de la ville après que les tisserands et les foulons ont occupé collectivement la Grand-Place et « fisent deffendre et faire deffendre que nuls ne ouvrast, ne feist aucune oevre, mais demorèrent en armes et à banières par l’espasse de 16 jours ou environ ». Le danger potentiel d’une pareille manifestation au cœur de la ville a effrayé beaucoup d’échevins au bas Moyen Âge, bien que dans le cas d’Ypres l’issue du conflit soit demeurée incertaine [68]. Deuxièmement, l’usage du wapening avait aussi une fonction pacificatrice au sens où la tradition de son organisation était bien connue et appréciée par les participants. Elle calmait sans doute les esprits de ceux qui étaient en colère et canalisait leurs émotions. Ces rituels et traditions encadraient donc l’action collective et ils donnaient aux meneurs un outil efficace pour que la requête, souvent présentée avant ou pendant le wapening, soit approuvée, ou que débutent les négociations la concernant.

23 Les doyens avaient donc tout intérêt à ce que le wapening reste paisible, et qu’aucune action violente ne vienne déranger le rituel. Des règlements promulgués par les chefs de métiers pendant des révoltes, mais aussi à d’autres moments, montrent qu’ils ont essayé constamment de discipliner leurs troupes afin d’empêcher que des individus troublent les actions du collectif. L’acte de concorde qu’ont composé les dirigeants des métiers brugeois lors de l’occupation du Grand Marché, en octobre 1436, stipulait que les ambochten resteraient unis durant les événements à venir. Ils y promettaient de ne pas se séparer les uns des autres, et de « défendre collectivement et de commun accord leurs privilèges ». Pour prévenir les actions de personnes qui n’appuieraient pas leur révolte et de ceux « qui font contrarie cette lettre d’union », les représentants des métiers décidaient que ces opposants, ou leurs amis et proches parents, seraient bannis du comté [69]. Les dirigeants des métiers voulaient donc garder leurs troupes bien en main lors de cette crise. La motivation d’une telle mesure paraît évidente. Un désaccord parmi les artisans rassemblés sur le Marché ou l’expression d’idées subversives pendant les actions collectives pouvaient déstabiliser l’autorité des meneurs de la révolte. Si ceux-ci voulaient figurer comme porte-paroles légitimes et fiables vis-à-vis des autorités urbaines, il fallait que leurs subordonnés continuent à leur obéir, de la même façon qu’ils le faisaient quotidiennement au travail. Car nombreux sont les règlements des métiers, composés par eux-mêmes sous forme de requête et approuvés par les autorités, qui exigeaient l’obéissance des membres à leurs chefs. L’ordonnance urbaine de Douai de mars 1452 sur le règlement du métier des canonniers, par exemple, donnaient aux chefs de la guilde l’autorité de punir les membres qui se disputaient et s’insultaient mutuellement [70]. Les membres de la confrérie des tirailleurs de Lille pouvaient eux aussi être jugés par leurs dirigeants s’il advenait qu’ils « estoyent refusans ou rebelles de entretenir les ordonnances ». Leurs statuts de septembre 1443 donnaient donc l’autorité aux chefs de la confrérie d’en finir avec ces « rudeches ou rebellions » s’ils le jugeaient nécessaire [71]. Nombreux sont les exemples de telles mesures disciplinaires à l’intérieur des associations professionnelles pour les autres villes flamandes [72]. Bref, le respect de la hiérarchie interne des guildes, confréries et métiers, et la discipline sociale des membres étaient nécessaires au bon fonctionnement quotidien du métier, mais il était aussi très utile lors d’une révolte.

24 Peut-être les dirigeants des métiers toléraient-ils à certains moments des actions violentes de la part de leurs membres, comme le pillage des biens de ceux qui étaient tenus responsables de la « mauvaise situation » dont les métiers se plaignaient. Peut-être, ont-ils fermé les yeux parce qu’ils espéraient que des actions violentes effraieraient les puissants et les feraient fléchir plus rapidement. Mais globalement, dans les moments de crise, les doyens de métiers ont préféré une mobilisation rituelle et rangée aux débordements spontanés. Pour éviter que la mobilisation ne dérape et toute perte de contrôle sur les événements, les chefs de métiers ont parfois proclamé des règles sur le déroulement de la mobilisation. À Gand, par exemple, en décembre 1451, au début de la révolte contre Philippe le Bon lorsque les métiers s’assemblèrent sur le Marché, leurs doyens interdirent aux artisans de forcer la porte d’un échevin, de commettre des « rudesses et des maux », et de quitter le Marché sans leur consentement. Personne n’avait le droit de crier sur la Place, ni de faire des « inconvenances » pendant l’occupation du Marché [73]. En outre, les doyens défendaient aux ouvriers d’y prendre spontanément la parole. Un autre article du mandement de décembre 1451 stipulait que chaque artisan qui voulait exprimer une opinion sur les questions de la révolte, ou qui avait une quelconque requête à formuler, devait d’abord en faire part à son doyen qui pouvait décider si le point devait être discuté lors d’une réunion collective. Un mandement, promulgué par les mêmes, quelques jours plus tard, interdisait également tout cri public sur le Marché, c’est-à-dire un roupinghe, l’expression consacrée pour indiquer le commencement d’une révolte dans les sources, en référence au cri de mobilisation des rebelles [74]. En somme, en 1451, les doyens des métiers gantois ont essayé de diriger les mots et les gestes des insurgés.

25 Cette discipline voulue par les meneurs de la révolte est facile à comprendre, si l’on considère la distinction sociale dans les corps de métiers. Ceux-ci étaient gouvernés par les classes dites moyennes de la ville, plus fortunées que les ouvriers. Les privilèges, que les métiers et les citoyens des villes flamandes avaient reçus au cours des siècles, avaient créé des groupes moyennement prospères, qui n’étaient pas aussi riches que les membres du patriciat, mais plus nantis que les artisans salariés. Dans les révoltes des métiers flamands, les classes moyennes prenaient l’initiative, surtout pour la rédaction des requêtes, tandis que les ouvriers fonctionnaient comme leurs « unités de choc [75] ». Ces ouvriers se rendaient compte du fait qu’ils se trouvaient du bon côté de la barrière par rapport aux jeunes au chômage et à la masse des gagne-deniers qui ne faisaient pas partie d’une corporation [76]. Certes, les ouvriers ont défendu les privilèges dont bénéficiaient les associations corporatives, mais l’on peut présumer qu’il existait aussi des divergences d’opinions et des conflits d’intérêts entre les maîtres et leurs compagnons. Dès la mise en place des métiers, les maîtres se sont inquiétés des revendications des compagnons, comme le montre la réglementation de leur travail. Dans une requête de 1280, par exemple, les tondeurs yprois exigeaient des futurs compagnons que leurs com­pétences soient contrôlées avant qu’ils rejoignent la corporation [77]. D’autres informations sur la relation entre les maîtres et leurs subordonnés montrent qu’elle était troublée, et que ces derniers n’avaient que rarement le droit de participer à la gestion interne des métiers [78]. Les règlements proclamés pendant la révolte gantoise de 1451 le révèlent : les meneurs craignaient qu’une mobilisation des compagnons ne leur donne l’occasion de se plaindre de leur situation. En outre, l’histoire avait appris aux maîtres artisans qu’une révolte dans laquelle la force l’avait emporté sur le dialogue pouvait facilement se terminer par une répression sanglante ou par une restriction drastique de leurs privilèges. Pour eux, il fallait donc éviter à tout prix qu’une mobilisation collective ne dégénère en une révolte violente.

26 Cette constatation peut sans doute expliquer les suppliques, à première vue étonnantes, qui ont été rédigées à Bruges et à Ypres, respectivement les 20 et 26 mars 1381. Après une révolte violente des tisserands dans ces deux villes, simultanément aux actions collectives de leurs collègues gantois, un grand nombre des membres du métier des tisserands brugeois et du métier des foulons yprois, passait une supplique à leur gouvernement urbain respectif. Dans le document brugeois, les tisserands demandaient grâce pour les « grands griefs, commotion, et les troubles que les criminels et les malveillants de leur métier » avaient faits, tandis qu’à Ypres, les foulons s’excusaient pour les « alliance, coalition et ligue » que quelques-uns de leurs collègues avaient conclues avec les tisserands de la ville [79]. Ces documents montrent donc qu’il y avait eu une grande discorde à l’intérieur des deux corporations, et que leurs dirigeants voulaient punir les récalcitrants dans leur propre métier avec l’aide du gouvernement urbain. Les suppliants yprois, par exemple, argumentaient que l’alliance citée avait été conclue « sans intervention, ni accord, ni conseil de nous, ni des communes personnes du métier des foulons [80] ». En outre, au cas où des foulons feraient encore « communauté » (meenscip) avec des tisserands dans le futur, la supplique exigeait la peine de mort pour les coupables. Ces deux documents montrent qu’il y avait des différends au sein de ces métiers et que deux groupes, un modéré et un plus radical, y luttaient pour le pouvoir. Apparemment, l’opportunité offerte par la révolte à Gand a été utilisée par les plus radicaux des tisserands brugeois et des foulons yprois pour l’emporter sur les gens de métiers plus modérés et leurs chefs. Est-il risqué de supposer que ces radicaux ont été responsables de l’utilisation de la force dans les événements qui se sont déroulés à Bruges et à Ypres ?

27 Une stipulation dans la supplique brugeoise de 1381 permet de détecter la résistance interne contre les doyens et jurés des métiers. Elle contient un passage qui dit que les compagnons du métier des tisserands ne seront plus admis aux réunions du conseil du métier, ni aux campagnes militaires qu’il menait [81]. Cette mention peut nous aider à situer les tisserands les plus radicaux au sein des groupes de compagnons, qui sont clairement visés par leurs dirigeants dans la supplique du 20 mars. Ceux-ci voulaient renforcer leur position dans les réunions du métier, et dans le gouvernement de la corporation en général. Un serment que tous les gens de métiers devaient prêter en décembre 1380, après la répression d’une révolte, avait le même but : les tisserands devaient jurer que, dans le futur, seuls les maîtres tisserands seraient responsables du commandement des troupes de compagnons lors d’une campagne militaire [82]. Ce serment, et le fait que les deux suppliques citées furent approuvées immédiatement par les autorités urbaines, indiquent que celles-ci ont été très favorables à ces mesures, prises clairement par le groupe dirigeant des métiers pour restaurer l’ordre interne et pour renforcer – temporairement – leur pouvoir. Temporairement, car en 1382, à la suite d’une nouvelle révolte à Gand sous la direction de Philippe d’Artevelde, les radicaux ont eu l’occasion d’annuler les mesures prises en mars 1381. À Bruges, l’ordonnance urbaine basée sur la supplique du 20 mars fut cassée en mai 1382, et à Ypres, de nouvelles concessions furent faites aux foulons, qui voyaient leurs salaires augmenter au mois d’octobre de cette année de troubles [83]. Il est clair que les compagnons des métiers avaient une autre vision de la méthode à employer pour obtenir gain de cause lors de révoltes. La documentation présentée ici suggère que les dirigeants des métiers, les doyens, les jurés et les maîtres, ont préféré utiliser la plume pour se plaindre de leur situation, tandis que les compagnons et les manouvriers étaient plutôt portés à utiliser la force, qui faisait peut-être davantage partie de leur vie quotidienne. Quoi qu’il en soit, cette divergence d’opinions et de traditions dans les situations conflictuelles explique sans doute pourquoi, lors des révoltes, l’usage de la violence a pu coexister avec la requête.

Conclusion

28 Dans les requêtes on peut lire la « clameur populaire » ou le voluntas populi[84]. Il apparaît clairement qu’en Flandre les associations des gens de métiers ont fréquemment utilisé l’écrit pour se plaindre de situations vécues comme injustes. Malheureusement, le contexte documentaire ne nous délivre pas les instruments pour déterminer l’ampleur exacte ni les conditions précises de la procédure d’établissement de la requête. En revanche, les documents étudiés ici en détail montrent que les pétitions collectives se situent au cœur du débat politique dans les anciennes villes des Pays-Bas méridionaux. Comme première étape dans la contestation politique, la requête permettait aux gens de métiers de délivrer leurs plaintes d’une façon collective et légitime aux gouverneurs de la ville, ou même au comte. Rédigée en groupe, même si les gouverneurs des métiers avaient évidemment le dernier mot sur son contenu, la pétition ouvrait le chemin de la négociation et même de la réforme politique. Comme ailleurs dans l’Europe médiévale, la révolte ou l’usage de la violence ne paraît que comme une deuxième, ou plutôt comme l’ultime option pour les sujets, si les autorités restaient sourdes à leurs plaintes [85]. Mais, au sein d’un conflit, l’historien peut aussi découvrir que les rebelles ont utilisé une combinaison de différents moyens pour parvenir à leurs fins, par voie écrite ou orale, ou par le recours à la sédition et à la force. La divergence des revendications et des idées « rebelles » explique aussi pourquoi il est difficile de caractériser les révoltes comme des mouvements conservateurs ou progressistes, terminologie anachronique pour l’époque médiévale. Les gens de métiers en Flandre ont essayé de défendre et de protéger leurs privilèges, comme ils ont aussi fait valoir la nécessité de réformes institutionnelles et de changement dans la gestion urbaine. Avant tout, c’est par la requête et le dialogue politique qu’ils ont proposé des transformations concrètes de l’administration urbaine en même temps qu’ils revendiquaient la persistance de traditions et de coutumes spécifiques. L’étude présentée ici suggère que les chefs des corps de métiers préféraient l’usage des rituels (parfois armés) de mobilisation si la requête ne parvenait pas à ses fins, tandis que les manouvriers et les compagnons étaient plus enclins à recourir à la force. Cette hypothèse, à vérifier par d’autres études, pourrait expliquer pourquoi le dialogue et la violence sont des éléments essentiels et presque indissociables dans les révoltes urbaines au bas Moyen Âge, comme ils le sont aussi dans la vie quotidienne des habitants des villes à cette époque.

Notes

  • [1]
    Quae omnia publice profitemur ad petitionem nostram et ad utilitatem publicam rationabiliter et legitime facta esse. Le document a été édité par Léopold Warnkönig, Flandrische Staats- und Rechtsgeschichte bis zum Jahr 1305, Tübingen, 1836, vol. II, t. 2, pp. 68-69. Le contexte a été étudié par Walter Prevenier, « Conscience et perception de la condition sociale chez les gens du commun dans les anciens Pays-Bas des xiii e et xiv e siècles », in Pierre Boglioni, Robert Delort, Claude Gauvard (dir.), Le petit peuple dans l’Occident médiéval. Terminologies, perceptions, réalités, Paris, 2002, pp. 177-189.
  • [2]
    Voir, pour la Flandre, les aperçus par Jan Dumolyn, Jelle Haemers, « Patterns of Urban Rebellion in Medieval Flanders », Journal of Medieval History, n° 31, 2005, pp. 369-393 ; Sam Cohn, Lust for Liberty. The Politics of Social Revolt in Medieval Europe, 1200-1425. Italy, France, and Flanders, Cambridge, 2006 ; Marc Boone, « The Dutch Revolt and the Medieval Tradition of Urban Dissent », Journal of Early Modern History, n° 11, 2007, pp. 351-375.
  • [3]
    « Au x e siècle, émeutes contre les évêques qui détiennent le pouvoir, au xv e siècle émeutes contre les conseillers des ducs de Bourgogne ; entretemps les émeutes contre les patriciens » (Jean Lestocquoy, Les villes de Flandre et d’Italie sous le gouvernement des patriciens, xi e-xv e siècles, Paris, 1952, p. 83).
  • [4]
    André Leguai, « Les troubles urbains dans le Nord de la France à la fin du xiii e et au début du xiv e siècle », Revue d’Histoire Économique et Sociale, n° 54, 1976, p. 284.
  • [5]
    Michel Mollat, Philippe Wolff, Ongles bleus, Jacques et Ciompi. Les révolutions populaires en Europe aux xiv e et xv e siècles, Paris, 1970. Même teneur dans Guy Fourquin, Les soulèvements populaires au Moyen Âge, Paris, 1972.
  • [6]
    Monique Bourin, « Les révoltes dans la France du xiv e siècle : traditions historiographiques et nouvelles recherches », in Ead. et alii (dir.), Rivolte urbane e rivolte contadine nell’Europa del Trecento: un confronto, Florence, 2008, p. 68. Voir aussi Vincent Challet, « Peuple et élites : stratégies sociales et manipulations politiques dans les révoltes paysannes (France, xiv e-xvi e siècle) », in Philippe Depreux (dir.), Révolte et statut social de l’Antiquité tardive aux Temps modernes, Paris, 2008, p. 214 ; Justine Firnhaber-Baker, « A Son de Cloche. The Interpretation of Public Order and Legitimate Authority in Northern-France, 1355-1358 », in Hipólito Rafael Oliva Herrer et alii (dir.), La comunidad medieval como esfera publica, Séville, 2014, p. 375 ; et John Watts, The Making of Polities. Europe, 1300-1500, Cambridge, 2009, p. 22.
  • [7]
    Hélène Millet (dir.), Suppliques et requêtes. Le gouvernement par la grâce en Occident (xii e-xv e siècle), Rome, 2003 ; Cecilia Nubola, Andreas Würgler (dir.), Praktiken des Widerstandes. Suppliken, Gravamina und Revolten in Europa (15.-19. Jahrhundert), Berlin, 2006 ; Marc Ormrod, Gwilym Dodd, Anthony Musson (dir.), Medieval Petitions: Grace and Grievance, Woodbridge, 2009.
  • [8]
    Christian Liddy, Jelle Haemers, « Popular Politics in the Late Medieval Town: York and Bruges », The English Historical Review, n° 128, 2013, pp. 771-805 ; Jan Dumolyn, Jelle Haemers, « Reclaiming the common sphere of the city: the revival of the Bruges commune at the end of the thirteenth century », in Jean-Philippe Genet (dir.), La légitimité implicite, Rome, 2015, vol. II, pp. 161-188.
  • [9]
    Michel Mollat, « Les révoltes en France et aux Pays-Bas à l’époque des Ciompi », in Il tumulto dei Ciompi. Un momento di storia fiorentina ed Europea, Florence, 1981, p. 251.
  • [10]
    Voir, par exemple, les études sur les révoltes anglaises du bas Moyen Âge, citées dans Jane Whittle, Stephen Rigby, « England: Popular Politics and Social Conflict », in Stephen Rigby (dir.), A Companion to Britain in the Later Middle Ages, Oxford, 2003, p. 68. L’image faussée est corrigée par Sam Cohn, Popular Protest in Late Medieval English Towns, Cambridge, 2013.
  • [11]
    « La révolte ne remet pas en cause durablement l’ordre social ou l’équilibre des institutions » (Michel Vovelle, « Révolte et révolution », in Révolte et société, Paris, 1989, vol. I, p. 26).
  • [12]
    Bernard Chevalier, Les bonnes villes de France du xiv e au xvi e siècle, Paris, 1982, p. 302. Voir aussi son « Corporations, conflits politiques et paix sociale en France aux xiv e et xv e siècles », Revue historique, n° 543, 1982, pp. 17-44.
  • [13]
    Carlos Wyffels, « Les corporations flamandes et l’origine des corporations de métier », Revue du Nord, n° 32, 1950, pp. 193-205 ; Maarten Prak, « Corporate Politics in the Low Countries: Guilds as Institutions, 14th to 18th Centuries », in Maarten Prak et alii (dir.), Craft Guilds in the Early Modern Low Countries. Work, Power and Representation, Aldershot, 2006, pp. 74-106. Sur l’histoire économique des métiers flamands : Peter Stabel, « Guilds in Late Medieval Flanders: Myths and Realities of Guild Life in an Export-Oriented Environment », Journal of Medieval History, n° 30, 2004, pp. 187-212.
  • [14]
    Voir la discussion en détail par Jonas Braekevelt, Jan Dumolyn, « Diplomatique et discours politiques. Une analyse lexicographique qualitative et quantitative des ordonnances de Philippe le Bon pour la Flandre (1419-1467) », Revue historique, n° 662, 2012, pp. 323-356. Á comparer avec Jean-Marie Cauchies, La législation princière pour le Hainaut, ducs de Bourgogne et premiers Habsbourg (1427-1506), Bruxelles, 1982, p. 90.
  • [15]
    François Olivier-Martin, Les lois du roi (1945-1946), Paris, 1997, p. 133 ; Claude Gauvard, « Ordonnance de réforme et pouvoir législatif en France au xiv e siècle (1303-1413) », in André Gouron et Albert Rigaudière (dir.), Renaissance du pouvoir législatif et genèse de l’État, Montpellier, Publications de la Société d’histoire du droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, 1998, pp. 89-98 ; Claude Gauvard, « De la requête à l’enquête. Réponse rhétorique ou réalité politique ? Le cas du royaume de France à la fin du Moyen Âge », in Ead. (dir.), L’Enquête au Moyen Âge, Rome, EFR, 2008, pp. 429-458 ; Sophie Petit-Renaud, « Faire loy » au royaume de France de Philippe VI à Charles V (1328-1380), Paris, 2001, p. 269.
  • [16]
    Georges Espinas, Les origines du droit d’association dans les villes de l’Artois et de la Flandre française jusqu’au début du xvi e siècle, Lille, 1942, vol. II, p. 139. Voir aussi Denis Clauzel et autres, « L’activité législative dans les villes du nord de la France à la fin du Moyen Âge », in Jean-Marie Cauchies, Éric Bousmar (dir.) « Faire bans, edictz et statuz ». Légiférer dans la ville médiévale. Sources, objets, acteurs de l’activité législative communale en Occident, ca. 1200-1500, Bruxelles, 2001, pp. 295-329.
  • [17]
    Elle fut éditée par Octaaf Delepierre, « Analectes brugeoises. Marie de Bourgogne et Maximilien », Annales de la Société d’Émulation de Bruges, n° 4, 1842, p. 236. Sur le dos du document est inscrit « corduwaniers » (Archives de l’État à Bruges, Découvertes, n° 184, document II).
  • [18]
    Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents relatifs à l’histoire de l’industrie drapière en Flandre, Bruxelles, 1909, vol. II, pp. 257-258.
  • [19]
    Brochten up eenen brief die sij langhe gheuseert hadden ende begheerden dat men dien examineren souden, ende dies scepenen eens waren, dat men dat sette in den bouc van den kennessen te eeuweliker ghedinckenesse (Ibidem, vol. II, pp. 580-581).
  • [20]
    Ibidem, vol. I, pp. 594-596. Le document est discuté en détail dans la dernière partie de cet article.
  • [21]
    Omme haren loen ghebetert te hebbene (Ibidem, vol. II, pp. 539-540).
  • [22]
    Georges Espinas, Les origines du droit d’association, op. cit. (n. 16), vol. II, pp. 375-377. Ce qui explique l’existence d’un vidimus ducal (datant du 22 décembre 1422). Sur le contexte poli­tique de l’époque : Denis Clauzel, Finance et politique à Lille pendant la période bourguignonne, Dunkerque, 1982, pp. 153-159.
  • [23]
    Andreas Würgler, « Mediation der Gravamina. Politische Lösungen sozialer Konflikte in der Schweiz (15.-18. Jahrhundert) », in Cecilia Nubola, Andreas Würgler (dir.), Praktiken des Widerstandes, op. cit. (n. 8), p. 80.
  • [24]
    Georges Espinas, Les origines du droit d’association, op. cit. (n. 16), vol. II, p. 387.
  • [25]
    Sur ce lien étroit, voir Denis Clauzel, « Les élites urbaines et le pouvoir municipal : le cas de la bonne ville de Lille aux xiv e et xv e siècles », Revue du Nord, n° 78, 1996, pp. 241-268 ; Jan Dumolyn, « Les réseaux politiques locaux en Flandre sous la domination bourguignonne : les exemples de Gand et de Lille », Revue du Nord, n° 88, 2006, pp. 309-329.
  • [26]
    Georges Espinas, Les origines du droit d’association, op. cit. (n. 16), vol. II, p. 388. Voir aussi Patrick Lantschner, The Logic of Political Conflict in Medieval Cities. Italy and the Southern Low Countries, 1370-1440, Oxford, 2015, p. 179.
  • [27]
    Il est possible que les taverniers n’ont pas eu de succès à cause du fait que les métiers n’avaient pas de représentants parmi les échevins lillois. C’était bien sûr une grande différence avec les villes de Gand, Bruges et Ypres (comme on verra plus loin). Voir Denis Clauzel, « Le renouvellement de l’échevinage à la fin du Moyen Âge : l’exemple de Lille », Revue du Nord, n° 77, 1995, pp. 365-385 ; Patrick Lantschner, « Voices of the People in a City without Revolts: Lille in the Later Middle Ages », in Jan Dumolyn et alii (dir.), The Voices of the People in Late Medieval Europe. Communication and Popular Politics, Turnhout, 2014, pp. 73-88.
  • [28]
    Voir, respectivement, Archives de la ville de Bruges, comptes de la ville, février-septembre 1488, f° 142 v° (Jean Roegiers est payé pour diverssche pointen van doleancen van den neghen leden weghe in ghescrift ghestelt thebben) et Julius Vuylsteke, Uitleggingen tot de Gentsche stads- en baljuwsrekeningen, 1280-1315, Gand, 1906, p. 78.
  • [29]
    Peter Blickle, « Der Gemeine Nutzen. Ein kommunaler Wert und seine politische Karriere », in Herfried Münkler, Harald Bluhm (dir.), Gemeinwohl und Gemeinsinn. Historische Semantiken politischer Leitbegriffe, Berlin, 2002, pp. 85-107. Voir aussi les études de cas publiées dans Élodie Lecuppre-Desjardin, Anne-Laure van Bruaene (dir.), De Bono Communi. The Discourse and Practice of the Common Good in the European City, 13th-16th centuries, Turnhout, 2010 ; et dans la Revue Française d’Histoire des Idées Politiques, n° 32, 2010.
  • [30]
    Peter Blickle, Steven Ellis, Eva Österberg, « The Commons and the State: Representation, Influence, and the Legislative Process », in Peter Blickle (dir.), Resistance, Representation and Community, Oxford, 1997, pp. 132-150 ; Andreas Würgler, « Voices from Among the ‘Silent Masses’: Humble Petitions and Social Conflicts in Early Modern Central Europe », International Review of Social History, n° 46, 2001 (supplement 9), pp. 11-34 ; Griet Vermeesch, « Professional Lobbying in Eighteenth-Century Brussels: the Role of Agents in Petitioning the Central Government Institutions in the Habsburg Netherlands », Journal of Early Modern History, n° 16, 2012, pp. 95-119.
  • [31]
    Antoine De Smet, « De klacht van de ‘Ghemeente’ van Damme in 1280 », Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, n° 115, 1950, p. 9 : les « arme lieden diet winnen met haren leden » se plaignaient « die rike ».
  • [32]
    Claude Gauvard, « Le petit peuple au Moyen Âge : conclusions », in Pierre Boglioni, Robert Delort, Claude Gauvard (dir.), Le petit peuple dans l’Occident médiéval, op. cit. (n. 1), p. 721. Cf. le discours utilisé dans les villes allemandes : Pierre Monnet, « Les révoltes urbaines en Allemagne aux xiv e siècle : un état de la question », in Monique Bourin et alii, Rivolte urbane e rivolte contadine, op. cit. (n. 6), pp. 142-143 ; Barbara Frenz, « Gleichheitsdenken als Konsequenz aus dem städtischen Grundwert der Gerechtigkeit », in Petra Schulte et alii (dir.), Gerechtigkeit im gesellschaftlichen Diskurs des späteren Mittelalters, München, 2012, pp. 201-222.
  • [33]
    Voir l’analyse en détail de ce terme dans Jan Dumolyn, Jelle Haemers, « Reclaiming the common sphere of the city », art. cit. (n. 8), pp. 180-182.
  • [34]
    Alain Derville, Les villes de Flandre et d’Artois (900-1500), Lille, 2002, p. 132. Plus utiles sont Henri Platelle, Denis Clauzel, Histoire des provinces françaises du nord. Tome II : des principautés à l’empire de Charles-Quint (900-1519), Lille, 1989, pp. 106-111.
  • [35]
    So begheren wie also menighen man te hebbene van der ghemeente alse scepenen hebben van haren rade (Antoine De Smet, « De klacht van de ‘Ghemeente’ », art. cit. [n. 31] p. 12).
  • [36]
    Voir, entre autres, Thierry Dutour, « Le consensus des bonnes gens. La participation des habitants aux affaires communes dans quelques villes de la langue d’oïl (xiii e-xv e siècle) », in Philippe Hamon, Catherine Laurent (dir.), Le pouvoir municipal de la fin du Moyen Âge à 1789, Rennes, 2012, pp. 187-204 ; Florent Garnier, « Tenir conseil dans les villes du Rouergue d’après les registres de délibérations et de comptes (xiv e-xv e siècles) », in Martine Charageat, Corinne Leveleux-Teixeira (dir.), Consulter, délibérer, décider. Donner son avis au Moyen Âge (France-Espagne, vii e-xvi e siècles), Toulouse, 2010, pp. 281-289.
  • [37]
    Marc Boone, Á la recherche d’une modernité civique. La société urbaine des anciens Pays-Bas au bas Moyen Âge, Bruxelles, 2010, pp. 29-56.
  • [38]
    Henri Pirenne, Les anciennes démocraties, Paris, 1910, p. 197. Sur les idées de l’historien belge : Walter Prevenier, « ‘Ceci n’est pas un historien’. Construction and Deconstruction of Henri Pirenne », Revue belge d’Histoire Contemporaine, n° 41, 2011, pp. 553-573 ; Marc Boone, « Cities in Late Medieval Europe: the Promise and Curse of Modernity », Urban History, n° 39, 2012, pp. 329-349.
  • [39]
    La requête a été éditée par Jan Dumolyn, « “Rebelheden ende vergaderinghen”. Twee Brugse documenten uit de grote opstand van 1436-1438 », Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, n° 162, 1996, p. 319.
  • [40]
    Octaaf Delepierre, « Analectes brugeoises », art. cit. (n. 17), p. 236. Voir aussi Robert Wellens, « La révolte brugeoise de 1488 », Annales de la Société d’Émulation de Bruges, n° 102, 1965, pp. 5-52 ; et Jan Dumolyn, « “Our Land is Only Founded on Trade and Industry”: Economic Discourses in Fifteenth-Century Bruges », Journal of Medieval History, n° 36, 2010, pp. 375-379.
  • [41]
    Boucxkin omme daer inne bij memorie thoudene alle de consenten die men van nu voortan ten laste van der stede van Brugghe ende den ghemeenen buucke van diere doen ende consenteren zal (Archives de la ville de Bruges, Chartes Politiques, n° 1230).
  • [42]
    Voir Christian Liddy, « “Bee war of gyle in borugh”. Taxation and Political Discourse in Late Medieval English Towns », in Andrea Gamberini, Jean-Philippe Genet, Andrea Zorzi (dir.), The Languages of Political Society. Western Europe, 14th-17th centuries, Rome, 2011, pp. 461-485 ; Caroline Fargeix, « La querelle des artisans et des consuls : mémoire, pouvoir et conflit à Lyon au début du xvi e siècle », in Philippe Hamon, Catherine Laurent, Le pouvoir municipal, op. cit. (n. 36), pp. 253-264 ; Xavier Nandrigny, « Espace public et révolte à Toulouse à la fin du Moyen Âge (v. 1330-1444) », in Patrick Boucheron, Nicolas Offenstadt (dir.), L’espace public au Moyen Âge. Débats autour de Jürgen Habermas, Paris, 2011, pp. 321-335.
  • [43]
    Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. II, pp. 123-124 ; André Leguai, « Les troubles urbains », art. cit. (n. 4), pp. 288-289.
  • [44]
    Thérèse de Hemptinne, Walter Prevenier, « Les actes urbains, témoins d’une conscience identitaire », Histoire urbaine, n° 35, 2012, p. 21. L’ordonnance royale citée a été éditée par Georges Espinas, Charles Verlinden, Jan Buntinx, Privilèges et chartes de franchise de la Flandre, Bruxelles, 1959, vol. I, pp. 6-7.
  • [45]
    Voir respectivement Carlos Wyffels, « Nieuwe gegevens betreffende de 13de eeuwse ‘demokratische’ stedelijke opstand: de Brugse ‘Moerlemaye’ (1280-1281) », Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, n° 132, 1966, p. 103, et Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. II, p. 73.
  • [46]
    « Omme de costen die jaerlijx vallen ende aencleven daghelijcs den vorseide ambachte » (ibidem, p. 578).
  • [47]
    Ibidem, vol. III, pp. 273-276 (p. 273 pour la citation qui suit).
  • [48]
    Alain Derville, Histoire de Saint-Omer, Lille, 1981, pp. 64-71.
  • [49]
    Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. III, pp. 287-288.
  • [50]
    Ibidem, vol. III, pp. 323-328.
  • [51]
    Antoine De Smet, « De klacht van de ‘Ghemeente’ », art. cit. (n. 31), p. 12.
  • [52]
    Il demandait que ces associations « ambocht wesen zoude, ende kueren ende vrijheden hebben als andre ambochten » (Octaaf Delepierre, « Analectes brugeoises », art. cit. [n. 17], p. 238).
  • [53]
    Voir, respectivement, Jan Dumolyn, « “Rebelheden ende vergaderinghen” », art. cit. (n. 39), p. 322, et Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. I, p. 13.
  • [54]
    Georges Espinas, Les origines du droit d’association, op. cit. (n. 16), vol. II, p. 383.
  • [55]
    Carlos Wyffels, De oorspong der ambachten in Vlaanderen en Brabant, Bruxelles, 1951, pp. 121-142 (p. 137 pour Béthune). Sur la « préhistoire » des conflits sociaux au Nord de la France actuelle, voir Robert Fossier, « Remarques sur les études de “commotions” sociales aux xi e et xii e siècles », Cahiers de la Civilisation Médiévale, n° 16, 1973, pp. 45-50.
  • [56]
    Ene plate […] die der meente toebehorde (Antoine De Smet, « De klacht van de ‘Ghemeente’ », art. cit. [n. 31], p. 10).
  • [57]
    Requête citée par Jan Dumolyn, Kristof Papin, « Y avait-il des “révoltes fiscales” dans les villes médiévales des Pays-Bas méridionaux ? L’exemple de Saint-Omer en 1467 », Revue du Nord, n° 94, 2012, pp. 865-866.
  • [58]
    Dat men beede de hallen, oude ende nieuwe, in state houde, also men in tijden voorleden plach te doene (Jelle Haemers, « Geletterd verzet. Diplomatiek, politiek en herinneringscultuur van opstandelingen in de laatmiddeleeuwse en vroegmoderne stad (casus: Brugge en Gent) », Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, n° 176, 2010, p. 43).
  • [59]
    Marc Boone, « Urban Space and Political Conflict in Late Medieval Flanders », Journal of Interdisciplinary History, n° 32, 2002, pp. 621-640 ; Chloé Deligne, « Powers over Space, Spaces of Powers. The Constitution of Town Squares in the Cities of the Low Countries », in Marc Boone, Martha Howell (dir.), The Power of Space in Late Medieval and Early Modern Europe. The Cities of Italy, Northern France and the Low Countries, Turnhout, 2013, pp. 21-28.
  • [60]
    Jelle Haemers, For the Common Good. State power and urban revolts in the reign of Mary of Burgundy, 1477-1482, Turnhout, 2009, pp. 204-205. Voir aussi les réflexions de Jan Dumolyn, « Economic Development, Social Space, and Political Power in Bruges, c. 1127 – c. 1302 », in Hannah Skoda, Patrick Lantschner (dir.), Contact and Exchange in Medieval Europe. Essays in Honour of Malcolm Vale, Oxford, 2012, pp. 33-57.
  • [61]
    Élisabeth Crouzet-Pavan, Les villes vivantes. Italie, xiii e-xv e siècle, Paris, 2009, pp. 158-159 ; Patrick Boucheron, Jacques Chiffoleau (dir.), Les palais dans la ville : espace urbain et lieux de la puissance publique dans la Méditerranée médiévale, Lyon, 2004 ; Jean-Claude Maire Vigueur, « Les inscriptions du pouvoir dans la ville : le cas de l’Italie communale (xii e-xiv e siècle) », in Elisabeth Crouzet-Pavan, Élodie Lecuppre-Desjardin (dir.), Villes de Flandres et d’Italie (xiii e-xvi e siècle). Les enseignements d’une comparaison, Turnhout, 2008, pp. 207-233.
  • [62]
    Georges Espinas, La vie urbaine de Douai au Moyen Âge, Paris, 1913, vol. I, pp. 226-269 ; Marc Boone, « Social Conflicts in the Cloth Industry of Ypres (Late 13th - Early 14th Centuries): the Cockerulle Reconsidered », in Marc Dewilde et alii (dir.), Ypres and the Medieval Cloth Industry in Flanders. Archaeological and Historical Contributions, Ypres, 1998, pp. 147-155 ; Élodie Lecuppre-Desjardin, « De l’invective à la prise de conscience identitaire : la guerre entre Douai et Lille (1284-1285) », in Martin Aurell (dir.), Convaincre et persuader : communication et propagande au xii e et xiii e siècle, Poitiers, 2007, pp. 415-433.
  • [63]
    Alain Derville, Histoire de Saint-Omer, op. cit. (n. 48), p. 66.
  • [64]
    Raf Verbruggen, Geweld in Vlaanderen. Macht en onderdrukking in de Vlaamse steden tijdens de veertiende eeuw, Bruges, 2005, p. 146. Pour ce qui suit, voir aussi Jelle Haemers, « Ad Petitionem Burgensium. Petitions and Peaceful Resistance of Craftsmen in Flanders and Mechelen (13th-16th centuries) », in Jesus Solorzano Telechea et alii (dir.), Los grupos populares en la ciudad medieval Europea, Logroño, 2014, pp. 371-394.
  • [65]
    Carlos Wyffels, « De oudste rekening der stad Aardenburg (1309-1310) en de opstand van 1311 », Archief. Uitgegeven door het Zeeuwsch Genootschap der Wetenschappen, 1949-1950, p. 12 (et p. 52 pour ce qui suit).
  • [66]
    Raf Verbruggen, Geweld in Vlaanderen, op. cit. (n. 65), pp. 148-149 ; David Nicholas, The Metamorphosis of a Medieval City. Ghent in the Age of the Arteveldes, 1302-1390, Lincoln, 1987, pp. 157-158. Pour la citation : Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. II, p. 536.
  • [67]
    La notion d’une « répertoire révolutionnaire » provient bien sûr de l’œuvre de Charles Tilly. Voir son Contentious Performances, Cambridge, 2008, pp. 204-205.
  • [68]
    Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. (n. 18), vol. III, p. 784. D’autres exemples, et une analyse détaillée du wapening peuvent être trouvé dans : Peter Arnade, « Crowds, Banners and the Market Place: Symbols of Defiance and Defeat during the Ghent War of 1452-1453 », Journal of Medieval and Renaissance Studies, n° 24, 1994, pp. 471-497 ; Jelle Haemers, « A Moody Community? Emotion and Ritual in Late Medieval Urban Revolts », in Élodie Lecuppre-Desjardin, Anne-Laure Van Bruaene (dir.), Emotions in the Heart of the City (14th-16th Century), Turnhout, 2005, pp. 63-81 ; Marc Boone, « Armes, coursses, assemblees et commocions : les gens de métiers et l’usage de la violence dans la société urbaine flamande à la fin du Moyen Âge », Revue du Nord, n° 87, 2005, pp. 1-33.
  • [69]
    Tegadere eendrachtelike […] te helpen voorderen, vercrighen ende wel houden alle de rechten, previlegen, kueren ende vrijheden van der voorseide stede (Jan Dumolyn, « “Rebelheden ende vergaderinghen” », art. cit. [n. 39], p. 318).
  • [70]
    « S’il advenoit que aucuns des dis confrères fussent en differente ou en content li ungs a l’encontre de l’autre, de parolles ou de injures sans fait »… L’ordonnance a aussi inspiré un document similaire pour les canonniers lillois en mai 1483 (Georges Espinas, Les origines du droit d’association, op. cit. [n. 16], vol. II, p. 303).
  • [71]
    Ibidem, vol. II, p. 397.
  • [72]
    Myriam Carlier, Peter Stabel, « Questions de moralité dans les villes de la Flandre au bas Moyen Âge : sexualité et activité législative urbaine (bans échevinaux et statuts de métiers) », in Jean-Marie Cauchies, Éric Bousmar (dir.) « Faire bans, edictz et statuz », op. cit. (n. 16), pp. 241-262.
  • [73]
    Ruuthede of quathede ; onbehoorlichede (édité par Victor Fris, Dagboek van Gent van 1447 tot 1470, met een vervolg van 1477 tot 1515, Gand, 1901, vol. I, p. 184).
  • [74]
    Ibidem, vol. I, p. 216. Sur l’histoire sociale des cris « rebelles » en Flandre : Jan Dumolyn, Jelle Haemers, « A Bad Chicken Was Brooding. Subversive Speech in Late Medieval Flanders », Past and Present, n° 214, 2012, pp. 80-81.
  • [75]
    Jan Dumolyn, Jelle Haemers, « Let Each Man Carry on with his Trade and Remain Silent. Middle Class Ideology in the Urban Literature of the Late Medieval Low Countries », Cultural and Social History, n° 10, 2013, pp. 169-189.
  • [76]
    Bernard Chevalier, « Corporations, conflits politiques », art. cit. (n. 12), p. 43.
  • [77]
    Gustave Doudelez, « La révolution communale de 1280 à Ypres », Revue des Questions Historiques, n° 66, 1939, 3-4, p. 7 ; Carlos Wyffels, De oorsprong der ambachten, op. cit. (n. 55), p. 89.
  • [78]
    Hans Van Werveke, De medezeggenschap van de knapen (gezellen) in de middeleeuwse ambachten, Bruxelles, 1943, p. 14 ; spécifiquement pour Gand : Marc Boone, Gent en de Bourgondische hertogen, ca. 1384 – ca. 1453: een sociaal-politieke studie van een staatsvormingsproces, Bruxelles, 1990, pp. 87-88.
  • [79]
    Zware grieve, beroerte ende onrusten die de mesdadighe ende quaeddoeres van haren ambochte (Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. [n. 18], vol. I, p. 596) ; aliance, coppelinghe ende eninghe (ibidem, vol. III, p. 794). Sur les événements : Angeline van Oost, « Sociale stratifikatie van de Brugse opstandigen en van de opstandige ingezetenen van de kleinere kasselrijsteden en van de kasselrijdorpen in Vlaanderen van 1379-1385 », Revue belge de Philologie et d’Histoire, n° 61, 1978, pp. 830-877.
  • [80]
    Twelke zij niet ghedaen en hebben bi toedoene of rade of assentemente van ons, noch van den ghemeenen personen van der vorseide vulambochte (Georges Espinas, Henri Pirenne, Recueil de documents, op. cit. [n. 18], vol. III, p. 794).
  • [81]
    Voord, dat geen cnaepsceip van den weveambochte nemmerme ne sal moghen commen over raed noch over andworde van den weveambochte noch metten ambochte wapinen in orloghen (ibidem, vol. I, p. 597).
  • [82]
    Item, dat ware dat mijnheer hier namaels gheliefde dat si met hem wapene andede te eenichen oorloghe, dat nemmermeer cnape van den ambacht ghelaest sal zijn van den regemente van hemlieden, noch van der wapeninge van orloghe dan vrije meesters alleene (ibidem, vol. I, p. 592).
  • [83]
    Ibidem, vol. I, p. 602, et vol. III, p. 798.
  • [84]
    Gwilym Dodd, Sophie Petit-Renaud, « Grace and Favour: the Petition and its Mechanisms », in Jean-Philippe Genet, Christopher Fletcher (dir.), Government and Political Life in England and France, c. 1300-c. 1500, Cambridge, 2015, p. 263.
  • [85]
    Patrick Lantschner, « Revolts and the Political Order of Cities in the Late Middle Ages », Past and Present, n° 225, 2014, pp. 3-46 ; Christian Liddy, « Urban Enclosure Riots: Risings of the Commons in English Towns, 1480-1525 », Past and Present, n° 226, 2015, pp. 41-77 ; Claire Judde de Larivière, Rosa Salzberg, « Le peuple est la cité : l’idée de popolo et la condition des popolani à Venise (xv e-xvi e siècles) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, n° 68, 2013, pp. 1103-1140 ; Gisela Naegle, Jesus Solorzano Telechea, « Geschlechter und Zünfte, prinçipales und común. Städtische Konflikte in Kastilien und dem spätmittelalterlichen Reich », Zeitschrift für Historische Forschung, n° 41, 2014, pp. 561-618.
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