Notes
-
[1]
Le cas du recueil épistolaire de l’humaniste Jean de Montreuil dans lequel ce dernier fait état de ses lectures et de ses recherches de manuscrits reste à peu près unique, en tout cas jusqu’à la fin du Moyen Âge.
-
[2]
Les legs jouent un grand rôle dans la constitution des bibliothèques privées : « Répartir ses livres entre ses familiers, c’était prolonger son souvenir dans la mémoire collective, s’éviter de sombrer dans le noir terrifiant de l’oubli » (Geneviève Hasenohr, L’essor des bibliothèques privées au XIVe et au XVe siècle, dans Histoire des bibliothèques, I : Les bibliothèques médiévales du VIe siècle à _530, Paris, Promodis, 1989, p. 230).
-
[3]
Certains chercheurs désignent ce type de manuscrit sous le nom de « recueil varié » ; voir Darwin Smith, Maistre Pathelin. Le Miroir d’Orgeuil. Texte d’un recueil inédit du XVe siècle (mss Paris, BnF fr. 1717 et 15080), Saint-Benoît-du-Sault, Tarabuste, 2002, p. 112-113.
-
[4]
Voir en dernier lieu Jean Tricard, Les livres de raison français au miroir des livres de famille italiens : pour relancer une enquête, Revue historique, 307, 2004, p. 993-1011 ; pour la sphère germanique non abordée dans cette étude, voir l’étude maîtresse de Pierre Monnet, Les Rohrbach de Francfort. Pouvoirs, affaires et parenté à l’aube de la Renaissance allemande, Genève, Droz, 1997.
-
[5]
L’intérêt porté ces dernières années aux études codicologiques a permis de mettre en lumière un certain nombre de ces recueils. Voir notamment Carole Lambert, Le recueil de Riom et la maniere de henter soutillement. Un livre de cuisine et un réceptaire sur les greffes du XVe siècle, Le Moyen Français, 20, 1987, numéro spécial ; Michèle Populer, La culture religieuse des laïcs à la fin du Moyen Âge : le carnet de notes d’un bourgeois de Francfort (ca 1470-1482), Le Moyen Âge, 102, 1996, p. 479-527 ; Claudia Guggenbühl, Recherches sur la composition et la structure du ms. Arsenal 3516, Basel-Tübingen, Francke Verlag, 1998 ; Nicole Pons, Mémoire nobiliaire et clivages politiques. Le témoignage d’une courte chronique chevaleresque, Journal des Savants, juillet-décembre 2002, p. 299-348. Grâce à une étude minutieuse des mss. Paris, BnF fr. 1707 et 15080 qui formaient autrefois un seul recueil, Darwin Smith retrouve le contenu symbolique unique qui se cache derrière la variété de textes dont l’organisation « défie souvent toute logique apparente » (Maistre Pathelin..., op. cit., p. 51).
-
[6]
Le cas le plus exemplaire est celui de Nicolas du Plessy, procureur au bailliage de Sens, qui copie un très grand nombre de pièces littéraires, politiques et juridiques tout en fournissant quelques renseignements familiaux. Son recueil, actuellement le ms. Bern, Stadt und Universtätsbibl. 205, a fait l’objet d’une étude partielle par Charles de Roche et Gustave Wissler (Documents relatifs à Jeanne d’Arc et à son époque, dans Festschrift Louis Gauchat, Aarau, Sauerländer, 1926, p. 329-376) et d’une étude complète dans une thèse restée inédite (Virginie Portes, Nicolas du Plessy ou le profil culturel d’un officier royal au XVe siècle, Université du Québec à Montréal, Département d’Histoire, septembre 2002).
-
[7]
Félix Aubert (éd.), Paris, Picard, 1909 ; première famille ; ms. H de l’édition.
-
[8]
Le manuscrit est constitué de 202 feuillets sur papier, mesurant 210 × 280 mm ; il comporte 13 cahiers : 1 de 4 ff. (199-202) ; 1 de 6 (102-107) ; 1 de 12 (65-75 avec 1 f. retranché entre 70 et 71) ; 2 de 14 (108-120 avec 1 f. retranché entre 108 et 109, 185-198) ; 4 de 16 (121-136, 137-152, 153-168, 169-184) ; 1 de 20 (23-42) ; 2 de 22 (1-22, 43-64) ; 1 de 26 (76-101). Il est écrit en cursive livresque et agrémenté dans la première partie d’initiales filigranées (fol. 54 ro-vo et 76), d’initiales décorées (fol. 29, 46 vo, 47, 57 vo, 81 vo, 83 et 110) ou enjolivées avec de petits dessins à la plume (fol. 23, 36, 44, 98 vo). Les feuillets 59 vo à 61 vo, 108 ro b - vo, 119 vo à 121 vo, 197 vo à 199 sont blancs.
-
[9]
« Lettre P », proche Briquet 3559 (attesté Rouen 1433).
-
[10]
Pour le 1er cahier, filigrane « chat », proche Briquet 3559 (att. Paris 1414) ; pour le 3e, filigrane « dauphin », proche Briquet 5817 (att. Nieuwport 1415) ; pour le 4e, filigrane « ancre », proche Briquet 372 (att. Tonnerre, 1423-1424).
-
[11]
Pour ces deux pièces, voir infra, p. 16 et 25.
-
[12]
Il s’agit ici d’un remaniement de la traduction de Nicole Oresme effectué par Laurent de Premierfait peu avant de mourir en 1418 ; voir infra, p. 21-22.
-
[13]
Pour ces deux documents, voir infra, p. 14-15 et 25.
-
[14]
Cinq des documents transcrits comportent des dates permettant de situer à peu près la composition du recueil sans tenir compte de l’aspect paléographique : le no 3 est la collation faite au Parlement le 20 novembre 1431 d’un extrait de l’ordonnance cabochienne ; le no 4 est un arrêt rendu le 24 mars 1433 ; le no 5 est un acte daté du 24 juillet 1430 ; les nos 8 et 13 . 2 reproduisent des ordonnances d’Henri VI prises en 1428.
-
[15]
Copie plus ou moins résumée des nos 1-9, 11-18, 85-87 et 89 (section « domaine ») ainsi que des nos 95-97, 105, 112, 123, 125, 128 et 130 (section « aides ») ; voir L’ordonnance cabochienne (26-27 mai 1413), Alfred Coville (éd.), Paris, Picard, 1891, p. 4-16, 33-37, 40-41, 48, 63-65 et 69-70.
-
[16]
Ordonnances des rois de France de la troisième race, Paris, 1723-1849, 22 vol. ; XIV, p. 287.
-
[17]
Fol. 58 vo ; document no 3.
-
[18]
Fol. 59 ; document no 4.
-
[19]
Fol. 62 ro-vo ; document no 5.
-
[20]
Olivier Mattéoni, Vérifier, corriger, juger. Les Chambres des comptes et le contrôle des officiers en France à la fin du Moyen Âge, Revue historique, CCCIX/1, 2007, p. 62. En 1426, Lintelles fut chargé de lever deux tailles pour le roi ; quatre ans plus tard, il n’avait toujours pas rendu ses comptes ; après bien des procédures, il fut condamné en 1432 à une amende pécuniaire. Je remercie vivement Olivier Mattéoni de m’avoir fourni ces renseignements avant la parution de son étude.
-
[21]
Françoise Autrand, Naissance d’un grand corps de l’État. Les gens du Parlement de Paris, 1345-1454, Paris, Publications de la Sorbonne, 1981, p. 84, 86-89, 107, 120.
-
[22]
Félix Aubert, Histoire du Parlement de Paris de l’origine à François Ier, 1250-1515, Genève, Mégariots Reprints, s.d. (réimpr. de l’éd. de Paris, 1894), 2 vol. ; I, p. 48 n. 3.
-
[23]
Félix Aubert, éd. citée (n. 8), p. VI.
-
[24]
Ibid., p. XII.
-
[25]
Ibid., p. XXXIX-XL.
-
[26]
Un seul document, l’arrêt du Parlement de 1433 (no 4), pourrait laisser supposer une préoccupation d’ordre professionnel, mais nous verrons plus loin qu’il y a peut-être une autre explication à la présence de cet article dans le recueil.
-
[27]
C’est ainsi que les articles 7 . 1 et 7 . 3 se trouvent dans les mss. Bordeaux, BM 362 (fol. 79-85) et Paris, BnF fr. 18110 (fol. 35-47), en compagnie de l’article 7.2, lequel se retrouve également dans le ms. Paris, BnF lat. 14669 (fol. 250-251 vo).
-
[28]
« Collatio presentis copie clausule suprascripte extracte a quibusdam ordinacionibus regiis publicatis in camera Parlamenti (...) facta fuit Parisius in eadem camera (...) ad requestam Johannis de Lintelles servientis equitis domini nostri regis in castelleto Parisiensi die .XXa. novembris anno Domini millesimo .CCCCo XXXJo. » (fol. 58 vo ; reproduit par Alfred Coville, Les Cabochiens et l’ordonnance de 1413, Paris, Hachette, 1888, p. 421).
-
[29]
« A tous ceulx qui ces presentes lettres verront, Simon Morhier, chevalier, seigneur de Villiers, conseiller du roy nostre seigneur et garde de la prevosté de Paris salut. Savoir faisons que nous, l’an de grace mil .IIIIc. vint et six, le lundi .Xe. jour du mois de mars, veismes et leusmes mot a mot une lettres du roy nostre seigneur seellees de son grant seel (...). Donnees a Paris le .XXIJe. jour de janvier l’an de gracez mil .IIIIc. vint cinq et de nostre regne le quart (...). Et nous a ce present transcript du vidimus avons mis le seel aud. prevosté de Paris. Ce fut fait l’an et jour dessus premiers diz » (fol. 98 vo et 101 vo ; Ordonnances..., op. cit. (n. 17), XIII, p. 110-113).
-
[30]
T. VIII, p. 481, note. Toutefois, il n’est guère pertinent de se fier aux seules indications fournies par les éditeurs de cette monumentale entreprise, quels que soient les mérites de cette dernière, car les textes publiés ne sont pas toujours sûrs ; Philippe Contamine, Les livres des hommes de pouvoir : de la pratique à la culture écrite, II : Le témoignage des ordonnances royales, début XVe - début XVIe siècle, dans Pratiques de la culture écrite en France au XVe siècle, Monique Ornato et Nicole Pons (éd.), Louvain-la-Neuve, FIDEM, 1995, p. 205.
-
[31]
Édition du texte dans Les Grandes Chroniques de France, Paulin Paris (éd.), Paris, Libraire Téchener, 1836-1838, 6 vol. ; VI, p. 478-481.
-
[32]
Petite chronique française, Louis Douët d’Arcq (éd.), dans Mélanges de littérature et d’histoire (...) publiés par la Société des Bibliophiles françois, seconde partie, Paris, 1867, p. 1-30 : « L’an mil .IIIc et IIII. (...) furent pendus les enfens de la bourgoisie de Paris (...). Si fist le prevost bien pou aprés despendre ung des enfens qui estoit clerc » (lat. 4641B, fol. 132 ; p. 6-7).
-
[33]
« L’an mil .IIIc et XX. le jour saint Jaques et saint Christofle fu pendu Henry de Taperel, prevost de Paris » (fol. 133 ; ibid., p. 11). « L’an mil .IIIc XXXVI. (...) la vigile de la Magdaleine (...) fut pendu monseigneur Hugues de Craisy prevost de Paris » (fol. 133 vo ; ibid., p. 13-14).
-
[34]
L’ordonnance cabochienne..., op. cit. (n. 16), no 149, p. 84-85.
-
[35]
The Teachings of Saint Louis, David O’Connell (ed.), Chapell Hill, University of North Carolina Press, 1972, p. 55-60.
-
[36]
Ibid., p. 14 et 40-45. Le registre Noster (actuellement BnF lat. 12814) est le seul liber memorialis à avoir échappé à l’incendie de la Chambre des comptes en 1737 : Joseph Petit et al., Essai de restitution des plus anciens Mémoriaux de la Chambres des comptes de Paris, Paris, F. Alcan, 1899.
-
[37]
Le fait qu’il ait relevé nombre d’ordonnances relatives à la levée des taxes (nos 10.1 à 10.14) n’est pas en soi très significatif. On constate en effet que, comme dans le cas des ordonnances de procédure, certains de ces documents apparaissent en compagnie du Stilus dans d’autres manuscrits : ainsi, le Paris, BnF nouv. acq. lat. 198 transmet les articles 10 . 5, 10 . 6 et 10 . 11 (fol. 185, 190 et 188). De son côté, Nicolas du Plessy (supra, n. 7) copie les articles 10 . 2 à 10 . 5 (ms. Bern 205, fol. 72-76), 10 . 9 (fol. 541-544), 10 . 11 (fol. 78 vo - 79 vo) et l’article 10 . 6 à deux reprises (fol. 76-78 et 540-541).
-
[38]
Il était peut-être originaire de Reims car le manuscrit transmet un ancien coutumier de cette ville, coutumier qui ne saurait être postérieur au XIVe siècle (document no 12). Je tiens ce renseignement de Robert Jacob qui a examiné les pièces juridiques de ce recueil, ce dont je le remercie vivement.
-
[39]
Édition du texte par Achille Jubinal, Mystères inédits du XVe siècle, Genève, Slatkine Reprints, 1977 (réimpr. de l’éd. de Paris, 1837), 2 vol. ; I, p. 369-376.
-
[40]
Lat. 4641B, fol. 148 vo ; ibid., p. 370-371.
-
[41]
C’est le nom, provenant du titre sous lequel elle apparaît dans deux manuscrits, que lui a attribué Robert Bossuat dans son étude, Le Dit des roys. Chronique rimée du XIVe siècle, dans Mélanges de linguistique romane et de philologie médiévale offerts à Maurice Delbouille, Gembloux, Duculot, 1964, 2 vol. ; II, p. 49-58. On en connaît actuellement huit manuscrits, tous du XVe siècle.
-
[42]
Ibid., p. 50.
-
[43]
Dans un manuscrit, le Paris, BnF fr. 4437, la généalogie comporte des additions jusqu’à Louis XI ; dans les mss. fr. 1707 et lat. 4641B, la prolongation ne porte que pour Charles VI. Les vers concernant ce dernier dans notre recueil ont été ajoutés dans un deuxième temps par rapport à la copie de l’ensemble ; ce deuxième temps est très proche du premier.
-
[44]
Paris, BnF fr. 4437, fol. 246 ro-vo : consommation quotidienne des habitants de la ville (150 bœufs, 800 moutons, etc.) et nombre de ménages parisiens (74 000, « sans les prestres et les escoliers »). Cette « despense » est très proche de celle reproduite d’après un incunable de la fin du siècle dans Antoine Le Roux de Lincy et Lazare-Maurice Tisserand, Paris et ses historiens au XVe siècle, Paris, Imprimerie impériale, 1867, p. 494.
-
[45]
Paris, BnF fr. 17527, fol. 80 ro - 86 vo.
-
[46]
« L’an mil .IIIc et X., le mardi devant la saint Nycolas en may, furent ars .liiii. templiers entre les bois de Vincenes et le moulin au vent pres de Paris » (lat. 4641B, fol. 132 vo ; L. Douët d’Arcq, éd. citée (n. 33), p. 8-9).
-
[47]
« L’an mil .IIIc XXVIII., le mardi apres la feste saint Marc, fut pendu Pierre Remy au gibet de Paris, lequel il avoit fait faire nouvellement a pilliers de pierre si comme il est a present. Et si fut le premier qui l’estrena » (fol. 133 vo ; ibid., p. 12).
-
[48]
Fol. 134 ; ibid., p. 15.
-
[49]
« En cel an (1342), le jour de la saint Pierre, le premier jour d’aoust, furent emutilez, traynez et pendus au gibet de Paris .V. fausseres du seel du roy de France, et une femme enfoye dessoubz le gibet pour celle cause, laquele estoit seur de Mahiet Tortefontaine, l’un des .V., et les autres quatre avoient a nom, cestassavoir le premier Gaultier Tortefontaine, cousin dudit Mahiet, le second Guillaume Bidaut, le tiers Hue Dieuran et le .IIIIe. Sarrazin qui fu nez en la rue Nostre-Dame de Paris » (fol. 134 ; ibid.).
-
[50]
« En cel an (1321), le sabmedi .II. jours de janvier, trespassa Philippes le Long roy de France et de Navarre, et ou mois de fevrier aprés furent les grans naiges. En cel an mesmes, le jeudi aprés Oculi mei, li roys Charles conte de La Marche revint de son sacre a Paris le .XVIe. jour en mars. (...) L’an mil .IIIc et XXVII., le premier jour de fevrier, trespassa le roy Charles, frere de Loys et de Phelippe dessusdiz, enfans du devantdit Phelippe le Bel. (...) En cel an (1328) le roy Phelippes de Valois revint de son sacre a Paris, et la royne avecques, le dimenche veille saint Martin d’esté » (fol. 133 ro-vo ; ibid., p. 11-12).
-
[51]
Œuvres de Georges Chastellain, baron Joseph Kervyn de Lettenhove (éd.), Genève, Slatkine Reprints, 1971 (réimpr. de l’éd. de Bruxelles, 1863-1866), 8 vol. ; VI, p. 129-130 : « Dictié trouvé l’an 1446 dans l’hostel du roy Charles VII. » D’où vient cette anecdote ? Comment se fait-il que ce pamphlet se retrouve à plus d’un siècle de distance ? Nous n’avons pour l’instant aucun élément permettant de répondre à ces questions.
-
[52]
Robert Bossuat, Le Dit des roys..., art. cité (n. 42), p. 58.
-
[53]
C’est ce que je laissais entendre dans mon article, À l’origine des dossiers polémiques : une initiative publique ou une démarche privée ?, dans Pratiques de la culture écrite... op. cit. (n. 31), p. 375.
-
[54]
Journal d’un bourgeois de Paris, Colette Beaune (éd.), Paris, Librairie générale française, Lettres gothiques, 1990, p. 21.
-
[55]
Jean Sonet, Répertoire d’incipit de prières en ancien français, Genève, Droz, 1956, no 1668.
-
[56]
Ibid., no 583 (paraphrase par Gautier l’Épicier).
-
[57]
Sur ce dernier, voir la notice d’Antoine Thomas dans Histoire littéraire de la France, t. 36, Paris, 1927, p. 35-66 ; le Servantois (p. 49) est transmis également par le ms. Paris, BnF fr. 1543, fol. 99 a.
-
[58]
Yves Lefèvre, L’Elucidarium et les lucidaires. Contribution par l’histoire d’un texte à l’histoire des croyances religieuses en France au Moyen Âge, Paris, E. de Boccard, 1954, p. 292-308. On connaît plus de 60 manuscrits de l’Elucidarum pour la seule France ; il fut traduit dans nombre de langues vernaculaires. La traduction française du XIVe siècle, dite Second Lucidaire est très probablement l’œuvre d’un dominicain ; elle connut elle aussi un large succès.
-
[59]
« Jherusalem est visio pacis, Bethanie domus obediencie, le Mont d’Olivet, c’est mons trium luminum » (lat. 4641B, fol. 177 vo).
-
[60]
Cette « instruction » est très différente de la « Devise de la messe », pièce qui fait partie des « recueils dévôts » (infra, n. 95) ; elle diffère également des recommandations de Jean Gerson (« Comment on se doit maintenir à la messe » ; Opera, Palémon Glorieux (éd.), Paris, Desclée & Cie, 1960-1973, 10 vol. ; X, no 532 b, p. 321-323) comme de celles de l’auteur du Mesnagier de Paris : voir Georgina Brereton, Janet Ferrier et Karin Ueltschi (éd.), Paris, Libraire générale française, Lettres gothiques, 1990, p. 50-56. Par contre, on la retrouve dans le recueil de Nicolas du Plessy (supra, n. 7, ms. Bern 205, fol. 58-59).
-
[61]
Lat. 4641B, fol. 143 ro-vo.
-
[62]
Édition du texte dans Achille Jubinal, Mystères inédits..., op. cit. (n. 40), I, p. 356-359.
-
[63]
Beatus Augustinus : Omnis fornicacio fugienda est quia fornicacio sive luxuria pecuniam tollit, corpus corrumpit, famam deterit, corpori dat infirmitatem scilicet paralisim, oculis cecitatem (...) Ambrosius : Nichil valet virginitas carnis ubi habundat iracundia cordis. Beatus Jacobus : Qui in uno peccato mortali Deum offenderit, factus est omnium reus, etc. (fol. 177 vo).
-
[64]
Jules Viard (éd.), Bibliothèque de l’École des chartes, 61, 1900, p. 334-338.
-
[65]
« À tous vrais, loyaulx et feaulx crestiens et crestiennes, amis et amies de Dieu le tout-puissant qui ceste presente espitre verront et orront, joye, paix et consolacion en Dieu (...) » (fol. 145).
-
[66]
Il est possible que le compilateur nous transmette ici un office qui diffère de ceux déjà connus. Il contient en effet une prière du mourant qui n’est pas répertoriée dans les répertoires d’incipits de prières en ancien français : « Mon tresdoulx createur, tu m’as de ton precieux sanc par ta saincte pitié, racheté ; ne regarde pas maintenant en ma grant neccessité mes pechiez, mais ta saincte misericorde que je appelle entre ton saint jugement et ma povre ame pecheresse ; laquele, tres doulx Jhesu, je recommande en tes sainctes mains » (fol. 145 vo).
-
[67]
Fol. 177 vo. La seconde transcription (fol. 199 vo) diffère légèrement : « Bien penser interiurement a l’amour et cremeur de Jhesucrist. Bien penser a la mort de Jhesucrist et de soy mesmes. Bien penser a la bonté de Dieu. »
-
[68]
Joseph Morawski, Les douze mois figurez, Archivum romanicum, 10, 1926, p. 351-363 ; Glynnis M. Cropp, Les douze mois figurez. Un manuscrit et une traduction, Romania, 101, 1980, p. 262-271. On connaît six manuscrits du poème ; surtout, il a été imprimé et remanié à plusieurs reprises.
-
[69]
Vv. 13-19 : « Premier doy prendre et commencier / Six ans pour le moys de janvier, / Qu’il n’a ne force ne vertu. / Quant l’enfant a six ans vesqu, / Les autres .VI. ans le font croistre / Et adont se prent a cognoistre ; / Aussi fait fevrier tous les ans, etc. » (lat. 4641B, fol. 137 vo b - 138 ro a ; Joseph Morawski, art. cité, p. 356).
-
[70]
Fol. 138 ro b ; ibid., p. 357, vv. 59-61.
-
[71]
Fol. 138 ro b ; ibid., p. 358, vv. 84-93.
-
[72]
Fol. 138 ro b ; ibid., p. 358, vv. 102 et 104-105.
-
[73]
Les autres manuscrits du poème transmettent une version qui est encore plus cynique : « Car bien s’appaçoit qu’il s’en va, / Et peut bien savoir, s’il n’a tort, / Que ses hoirs desirent sa mort, / Soit en ce temps povres ou riches ; / Car s’il est povres, etc. » (ibid., p. 358). Émile Mâle fait une analyse de ce poème et étudie les représentations figurées qui en ont été tirées dans un certain nombre de livres d’heures (L’art religieux de la fin du Moyen Âge en France, Paris, Armand Colin, 1922, p. 303-306) ; il conclut ainsi : « Il semblerait, à entendre nos artistes, que l’homme n’ait pas d’autre devoir que de s’enrichir. »
-
[74]
Lat. 4641B, fol. 141 vo a et 142 ro a.
-
[75]
Ordonnances..., op. cit. (n. 17), I, p. 387-389.
-
[76]
Nouvelle histoire de Paris. Paris au XVe siècle, 1380-1500, Paris, Association pour la publication d’une Histoire de Paris, 1974, p. 183.
-
[77]
Ordonnances..., op. cit. (n. 17), XIII, p. 135-138. Je remercie vivement Caroline Bourlet des renseignements qu’elle m’a fournis sur ces ordonnances tant immobilières que financières.
-
[78]
Il est à noter qu’on les retrouve dans le ms. Paris, BnF lat. 12812, fol. 94 ro-vo et 97-100. Ce dernier – qui contient lui aussi le Stilus de Guillaume Du Breuil – a été étudié par Paul Guilhiermoz, Enquêtes et procès, Paris, Picard, 1892, p. 169-171. Il s’agit d’un manuscrit très soigné de 113 feuillets sur parchemin, exécuté au début du XVe siècle et utilisé par le président au Parlement Jean de Longueil, puis par des descendants de la famille. Les premiers ajouts – qui comprennent les deux documents en question – datent probablement des années 1430.
-
[79]
Nicole Pons, L’instauration d’une économie domestique bourgeoise. La traduction des Économiques du Ps.-Aristote par Laurent de Premierfait dans Images de l’autorité et autorité des images, Kalamazoo (Mich.), Medieval Institute Publications, à paraître.
-
[80]
Voir en dernier lieu Un traducteur et un humaniste de l’époque de Charles VI, Laurent de Premierfait. Études réunies par Carla Bozzolo, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004.
-
[81]
« Cy commence un petit livret appellé Yconomiques qui fait mencion des Éthiques et de Politiques que Aristote, prince des philozophes, fist et compila pour le grant Alixandre, roy de Macedoine. Lequel livret a esté de nouvel translaté de latin en françoys par discrete personne Laurens du Premierfait » (lat. 4641B, fol. 178).
-
[82]
Albert Menut, Maistre Nicole Oresme, Le Livre de Yconomique d’Aristote, Transactions of the American Philosophical Society, 47, 1957, p. 782-853.
-
[83]
Par exemple, la rubrique de Nicole Oresme « ou quart chapitre il monstre par quelles loys et comme le mary doit faire que sa femme soit bonne » (l. II, chap. 4 ; ibid., p. 834) devient chez Premierfait « le quatriesme chappitre ouquel Aristote monstre par quelles lois et regles et comment le mary doit faire que sa femme soit bonne en honneur et prouffit » (fol. 189). Voir encore le passage terminant le traité : « Texte. Et appartient que le homme, tant comme il a vie, considere et pense moult de soy avoir justement a sa femme et a ses filz et filles et a ses parens – Glose. En attribuant et faisant a chescun les honeurs et les biens que l’en lui doit faire » (l. II, chap. 8 ; ibid., p. 847) ; Premierfait le transforme ainsi : « Et appartient aussy que tandis que l’omme vit, il tousjours considere et pense moult en son couraige a soy justement maintenir envers sa femme, ses enfans et ses parens, afin qu’il actribue et face a chacun telz honneurs et prouffit comme il leur doit » (fol. 193).
-
[84]
L. II, chap. 1, fol. 186 vo ; quelques lignes plus loin : « Se le mary commande aucune chose a sa femme, il convient qu’elle obeisse » (fol. 187).
-
[85]
Voir Karin Ueltschi, éd. citée (n. 61), p. 11.
-
[86]
L. I, chap. 4, fol. 182 vo - 183.
-
[87]
L. I, chap. 2, fol. 179 vo ; l. II, chap. 3, fol. 188 vo.
-
[88]
L. I, chap. 5, fol. 183 vo ; voir également, quelques lignes plus loin : « Les serfs qui sont plus liberaulz et qui approuchent plus des vertus et bonnes meurs doit l’en plus honnorer en la maison des seigneurs. »
-
[89]
Ainsi Christine de Pizan, dans son Livre de la paix, déclare, à propos du « serviteur de court » : « Amour premierement doit avoir a son seigneur... De ceste amour se doit demonstrer en toutes les choses qui peuent touchier au bien dudit seigneur, en corps, en ame, honneur renommé et prouffit les pourchacier, garder, avancier et maintenir de tout son pouoir de ce qu’il lui appartient a faire » (Charity Cannon Willard (éd.), ‘S-Gravenhage, Mouton & Cie, 1958, p. 84).
-
[90]
L. I, chap. 3, fol. 181 vo ; la remarque vient en conclusion d’un passage où l’auteur explique que « la communicacion de homme et de femme mariez (...) est prouffitable [car] la naturelle generacion des enfans est pour cause de utilité ou prouffit. Car le prouffit et le bien que les parens quant ilz estoient puissans ont fait ou firent a leurs enfans quant ilz estoient impotens et dizeteux, et ceulx parens reportent et reçoivent autrefois le prouffit et le bien en leur vieillesse quant ilz sont devenus impotens ».
-
[91]
L. I, chap. 6 et 5, fol. 185 et 184.
-
[92]
Joseph Morawski (éd.), Paris, PUF, 1924.
-
[93]
Marianne Oswald (éd.), Romania, 90, 1969, p. 31-73 et 202-241.
-
[94]
Dénomination utilisée par Joseph Morawski dans son introduction à l’édition des Diz et proverbes. Il constate que nombre de manuscrits les transmettant s’inscrivent dans ce type de recueils : « Tous ils reproduisent un certain nombre de traités de dévotion en prose et deux ou trois morceaux en vers (...). Les traités essentiels sont les suivants : Lamentations et Méditations de saint Bernard ; Contemplation, Oraison et Méditation de saint Augustin, Enseignements de Saint Louis, Livre de la misère de l’homme par Lothaire (devenu pape Innocent III), divers traités sur l’amour de Dieu, la messe, la confession, les moyens de se garder des tentations, etc. À la fin du recueil, on trouve les Proverbes de Senèque, Diz et proverbes des sages, suivis des Dits des philosophes du grand roi Alexandre et d’un poème en sixains, Je vois mourir » (p. XII).
-
[95]
Vat. Reg. lat. 1323, fol. 254-261. Il s’agit là aussi d’un recueil privé, copié dans les années 1475-1480 par un certain Jehan Panier « marchant du palais » (Gianni Mombello, La tradizione manoscritta dell’Epistre Othea’di Christine de Pizan, Torino, Accademia delle Scienze, 1967, p. 251-252 et 272).
-
[96]
L’Épitre farcie de S. Étienne est transmise dans le lat. 4641B dans une version dont on ne connaît pas d’autre exemplaire. Mais il existe au moins huit autres Épîtres farcies concernant cette fête, toutes différentes : Édith Brayer, Catalogue des textes liturgiques et des petits genres religieux, dans La littérature didactique, allégorique et satirique. Partie documentaire, Hans Robert Jauss (dir.), Heidelberg, Carl Winter-Universitätsverlag, 1970 (GRLMA, VI/2), p. 34-35.
-
[97]
Édition du texte par Dominique Martin Méon, Nouveau recueil de fabliaux et contes inédits, Genève, Slatkine Reprints, 1976 (réimpr. de l’éd. de Paris, 1823), 2 vol. ; I, p. 416-436.
-
[98]
Édition du texte par Paul Meyer, Prières et poésies religieuses tirées d’un manuscrit lorrain, Arsenal 570, Bulletin de la Société des anciens textes français, 27, 1901, p. 64-67.
-
[99]
Ainsi les mss Chantilly 278 (575) pour le premier cas ; Paris, BnF fr. 1020, pour le second.
-
[100]
Robert Bossuat qualifie son auteur d’ « humble poète » aux « pauvres moyens », art. cité (n. 42), p. 58.
-
[101]
Mss Bruxelles, B.R. 14785-14786, et Paris, BnF fr. 5391.
-
[102]
Voir Anatole de Montaiglon, Recueil des poésies françoises des XVe et XVIe siècles, Paris, P. Jannet, 1855-1865, 9 vol. ; VII, p. 299-301 (pièce analogue).
-
[103]
Édition du texte par Paul Meyer, Les manuscrits français de Cambridge, II. Bibliothèque de l’Université, Romania, 15, 1885, p. 316, n. 2.
-
[104]
Les références ne sont données que pour les documents qui n’ont pas été pris en compte dans l’étude qui précède.
-
[105]
Célèbre parlementaire parisien, il fut notamment l’avocat du roi de 1366 à 1383 ; Robert Delachenal, Histoire des avocats au Parlement de Paris, 1300-1600, Paris, Plon, 1885, p. 165, n. 8.
-
[106]
Ordonnances..., op. cit. (n. 17), II, p. 223-224.
-
[107]
Ibid., IV, p. 507-508.
-
[108]
Ibid., II, p. 225 col. A.
-
[109]
Ibid., p. 225 col. B - p. 226 col. A.
-
[110]
Ibid., p. 226 col. A - p. 227 col. A.
-
[111]
Ibid., p. 227 col. A - p. 228 col. A.
-
[112]
Ibid., VIII, p. 396 (copie abrégée dans le recueil).
-
[113]
Ibid., XIII, p. 29, et XI, p. 143 (copie abrégée dans le recueil).
-
[114]
Ibid., VI, p. 3-6.
-
[115]
Ibid., VII, p. 748-750.
-
[116]
Ibid., p. 750.
-
[117]
Ibid., p. 750-751.
-
[118]
Ibid., p. 52-55.
-
[119]
Ibid., p. 764-767.
-
[120]
Ibid., p. 246-249.
-
[121]
Ibid., VI, p. 207-210.
-
[122]
Ibid., VI, p. 442-449.
-
[123]
Ibid., VII, p. 463-466.
-
[124]
Ibid., p. 525-527.
-
[125]
Ibid., p. 753-754.
-
[126]
Ibid., VIII, p. 313-314.
-
[127]
Ibid., VII, p. 312-313.
-
[128]
Ibid., VIII, p. 481.
-
[129]
Édition du texte dans Joseph Morawski, Diz et proverbes..., op. cit. (n. 93), Appendice I, p. 92.
-
[130]
Ball. 1191 (Œuvres complètes, marquis Queux de Saint-Hilaire et Gaston Raynaud (éd.), Paris, Firmin Didot, 1878-1904, 11 vol. ; VI, p. 170-171).
-
[131]
Ball. 208 (ibid., II, p. 30-31).
-
[132]
Édition du texte dans Alessandro Vitale-Brovarone, Recueil de galanteries (Torino, Archap. di Stato, J.b.IX.10), Le Moyen Français, 6, 1980, p. 82, no 173.
1On sait que, pour cerner la culture d’un groupe social déterminé ou simplement d’un individu, l’étude des bibliothèques privées est d’un grand secours. Néanmoins, sans doute pour des raisons de conservation des documents par-delà les siècles, les travaux dans ce domaine portent essentiellement sur des bibliothèques monastiques, épiscopales ou universitaires. Il est très rare de pouvoir reconstituer la bibliothèque d’un laïc, à moins qu’il ne s’agisse de celle – en général luxueuse – d’un très haut personnage, bibliophile fortuné ; il est plus difficile de connaître le contenu des bibliothèques des personnes « ordinaires », bibliothèques de taille réduite, mal protégées et dispersées au fil des héritages.
2Non seulement on a peu de connaissances sur les livres possédés par une personne donnée, mais cette connaissance a des limites scientifiques : elle révèle essentiellement la culture dans laquelle cette personne baignait [1], c’est-à-dire ce dont elle disposait et qui aurait pu l’influencer. Elle ne reflète pas nécessairement ses préoccupations et ses centres d’intérêt réels car possession de livres ne signifie pas utilisation. Les raisons éventuelles de leur présence dans une bibliothèque sont nombreuses – prestige du document, richesse et beauté de la présentation matérielle, hasard de la transmission des biens [2] – et n’ont peut-être aucun lien avec une réelle utilisation intellectuelle du contenu des livres. Seule l’initiative personnelle dans l’achat ou l’exécution du manuscrit, ou encore les traces de l’influence d’une œuvre dans une production originale, permettent de connaître la culture d’une personne donnée, mais il s’agit de cas relativement exceptionnels [3].
3Ces limites évidentes de l’étude des bibliothèques peuvent être contournées lorsque l’on passe à l’étude d’une catégorie bien particulière de manuscrits : les « recueils privés ». Il ne s’agit pas, dans ce cas, d’essayer de cerner d’une manière globale la culture d’un milieu ou d’un personnage : l’objet en question ne peut fournir qu’un témoignage fragmentaire. Mais ce caractère limité peut se révéler beaucoup plus riche en renseignements précis sur la ou les personnes à l’origine de la copie car nous avons là un contact sûr et direct sur ce qu’un homme a voulu fixer sur le papier à un moment donné. En effet, par « recueil privé », on désigne un manuscrit contenant des œuvres disparates copiées pour un individu – et parfois par cet individu lui-même [4]. Sorte de « carnet de notes personnelles », il est à distinguer des « livres de famille » et des « livres de raison » [5], car il n’est pas un témoignage de la mémoire familiale ; il ne conserve pas de trace biographique et on n’y trouve pas de renseignement d’ordre purement privé. Par contre, il mêle des pièces religieuses ou littéraires, récréatives ou morales, d’ordre domestique ou d’ordre professionnel, mais toutes manifestant les curiosités de son possesseur et révélant par là même non seulement ses centres d’intérêt, mais encore les ressorts de sa pensée [6]. Cependant, à l’instar de toute autre catégorisation, celle des recueils privés n’est pas sans exception car il arrive que certains d’entre eux contiennent également des renseignements familiaux [7].
PRESENTATION DU RECUEIL ET DE SON AUTEUR
4Le manuscrit qui fait l’objet de cette étude : le Paris, Bibliothèque nationale de France, latin 4641B, s’inscrit pleinement dans la catégorie des recueils privés telle qu’on vient de la définir car on n’y trouve aucune note familiale et l’auteur de cette compilation ne s’est pas fait connaître.
Le manuscrit et son contenu
5On trouvera en annexe le contenu du manuscrit et on retiendra seulement ici qu’il est composé essentiellement de deux parties : la première, juridique, commence par la copie du Stilus curie parlamenti de Guillaume Du Breuil [8] ; puis vient une partie plus hétéroclite comportant textes littéraires, religieux, moraux, farces, poèmes, etc. Malgré cela, on peut affirmer qu’une seule personne est à l’origine du recueil. En effet, ce dernier est d’une grande homogénéité codicologique [9]. Le filigrane, identique pour dix des treize cahiers, est le même des folios 23 à 42 et 75 à 202 [10] : n’en sont donc exclus que trois cahiers, le premier (début de la copie du Stilus), le troisième (essentiellement fin de cette copie) et le quatrième (essentiellement document no 7, copie d’ordonnances de procédure parlementaire) [11]. Le même décor d’initiale se retrouve aussi bien au folio 29 qu’au folio 110, et les petits dessins à la plume des folios 23, 44 et 93 vo sont très semblables.
6De la même main que pour l’écriture du texte, on rencontre un certain nombre de nota et de corrections marginales ou dans le texte même, à la place d’un blanc ou après grattage. Dans la copie du Stilus, il ne s’agit que de corrections. La copie des « instructions sur les aides » (document no 10), elle, est plus personnalisée : on trouve à plusieurs reprises des commentaires en marge (fol. 76 vo, 78 vo, 79 vo, 84 vo, 88 ro-vo) ; chaque article des différentes instructions est numéroté : les chiffres vont de 59 à 283 ; par ailleurs, les ordonnances elles-mêmes sont numérotées : « f » au folio 80 (no 10 . 4 du recueil) ; « h », « j », « k », « l » aux folios 83, 84 vo, 86 vo, 88 (nos 10 . 6 à 10 . 9). Cela laisse supposer qu’un certain nombre d’ordonnances avaient été copiées sur un autre cahier, perdu par la suite.
7Même si certaines pièces, en particulier les documents juridiques, sont copiés avec soin, le recueil garde un aspect « manuscrit de travail » : l’encre rouge n’est pas utilisée ; la taille des rubriques ne diffère pas de celle du texte ; seuls quelques débuts de sections sont renforcés à l’encre noire dans la copie du document 7. Dans les pièces littéraires et historiques, on trouve de nombreuses traces de préparations d’initiales non exécutées. La copie présente certaines négligences : ainsi (fol. 138 vo), après avoir transcrit « ung dit des aiges des creatures » (pièce no 21 . 1), le copiste présente des « balades au propos des aiges cy devant » (pièce no 21 . 2) : il en note une, puis il reprend le titre, le premier vers de la ballade déjà transcrite et s’interrompt, sans aucun signe de correction dans la copie. Le début de la pièce no 40 (Second Lucidaire) se trouve sur la seconde moitié d’un feuillet restée libre après copie du prologue d’une méditation religieuse, les Heures de la Croix [12]. Le copiste s’aperçoit dans un deuxième temps qu’il lui faut représenter une figure, ce qui n’est guère possible dans ces conditions ; il cancelle alors le tout et recommence sa copie sur le feuillet suivant. La figure d’ailleurs ne sera pas exécutée, de même que la seconde figure annoncée au feuillet suivant.
8Que la copie de traités relativement importants, comme le Stilus curie parlamenti, le Second Lucidaire ou les Économiques du Ps.-Aristote [13], déborde sur un ou plusieurs autres cahiers n’a rien de bien étonnant. Mais on remarquera qu’on retrouve ce chevauchement de cahiers avec des textes courts comme la pièce no 19 (Petite chronique française, 1270-1356) ou la pièce no 35 (une version abrégée de Salomon et Marcoul) [14].
9Il s’agit donc d’un manuscrit homogène. Est-il l’œuvre d’un seul copiste ? Si l’on se borne à un premier coup d’œil rapide, la réponse est négative, car l’aspect de l’écriture change constamment. Cependant, seules deux pièces, les numéros 15 et 44, sont le fait d’une main postérieure, assez tardive ; il est à remarquer que, dans les deux cas, il s’agit de notes très cursives utilisant les derniers feuillets de cahiers incomplètement utilisés. Dans tout le reste du manuscrit, il est impossible de prouver qu’il y a eu changement de main ; même si l’on enregistre certaines variations dans l’aspect de la copie, l’examen de chaque lettre prise isolément montre que leur ductus reste identique. Il est donc très probable qu’on a alors affaire à des temps de copie différents ; il est même parfois possible d’envisager de simples changements de plume. S’agissant d’un recueil personnel compilé au fur et à mesure, au fil du temps, rien n’empêche que la copie ait été effectuée sur plusieurs années par un seul compilateur, très probablement dans le second tiers du XVe siècle [15].
10Dans la suite de cette étude, il ne sera pas tenu compe des deux documents transcrits par un copiste postérieur ; je précise simplement qu’ils sont de nature exclusivement juridique. Le premier (no 15) reprend des extraits de l’ordonnance cabochienne [16]. Le second (no 44) constitue une sorte de mémorandum professionnel contenant notamment des extraits d’arrêts à propos d’atteintes à l’ordre public – les « ports d’armes » – ou de condamnations d’autorités ecclésiastiques qui auraient voulu échapper aux dépenses des fortifications urbaines ; il transmet en outre quelques courts extraits d’ordonnances sur le Parlement et la clause de la grande ordonnance sur la justice de Charles VII (Montils-lès-Tours, avril 1454) à propos des exécutions des jugements [17].
Le compilateur
11Peut-on identifier le compilateur de ce recueil ou tout au moins préciser sa profession et son statut social ? Il s’agit assurément d’un juriste, compte tenu du nombre de pièces à caractère juridique transmises par le manuscrit, mais proposer une identification, même à titre d’hypothèse, semble impossible.
12Quelques noms propres apparaissent dans le recueil : Jean de Lintelles, sergent à cheval du Châtelet, requérant au Parlement le vidimus d’un article de l’ordonnance cabochienne [18] ; Jean de Passy, seigneur de Passy, et Jacqueline Du Drac, épouse de Nicolas de Chavigny, en conflit au sujet du paiement d’une rente [19] ; enfin, les conseillers au Parlement Étienne Des Portes et Gaucher Jaher examinateurs d’un compte du sire de Salisbury concernant le paiement de ses gens d’armes en Normandie [20]. À ma connaissance, on ne sait rien sur Nicolas de Chavigny. Jean de Lintelles, lui, officiait en 1426 à la Chambre des comptes [21]. Jean de Passy – ou sans doute Pacy – et Jacqueline Du Drac appartiennent à des familles parisiennes bien connues. Étienne Des Portes est un membre important du parti bourguignon au Parlement [22], tandis que Gaucher Jaher est mentionné comme conseiller de la Grand’chambre défunt en 1428 [23]. Mais le fait que ces différentes personnes soient les protagonistes des actes reproduits ne veut pas dire que notre compilateur ait été en contact avec eux ; même si c’était le cas, on aurait là un renseignement trop fragmentaire pour pouvoir en tirer une indication quelconque.
13Faute de pouvoir proposer un nom pour notre juriste, est-il au moins possible de déterminer auprès de quelle instance il exerçait son activité professionnelle ?
14On pourrait penser a priori que le compilateur est un parlementaire, puisque la première œuvre transcrite dans le manuscrit est le Stilus curie parlamenti de Guillaume du Breuil, « recueil méthodique des règles de la procédure judiciaire du Parlement telles que l’usage les avait établies » [24]. Bien que rédigé dans la première moitié du XIVe siècle (entre 1330 et 1332), ce recueil était encore utilisé par les praticiens et les magistrats un siècle et demi plus tard, comme le montre la vingtaine de manuscrits qui subsistent de ce « best-seller » juridique et dont la plupart datent du XVe siècle. Cependant, l’intérêt porté au Stilus par le compilateur du recueil n’est pas suffisant pour en faire un membre du Parlement, car cette œuvre était utilisée également comme manuel pour les étudiants des facultés de droit [25] et sa présence dans le latin 4641B pourrait n’être qu’un témoignage des études du copiste-auteur. On peut d’autant plus envisager cette hypothèse que d’autres indices ne plaident pas en faveur d’une activité au sein du Parlement. D’une part, la copie du Stilus dans ce manuscrit est une copie « figée », où les commentaires et annotations sont très rares ; or la jurisprudence étant par essence en transformation continuelle, chaque copiste corrige ou annote son exemplaire pour le remettre à jour. Par ailleurs, en tant que praticien, il soumet le texte de son coutumier à des observations personnelles, critiquant ou expliquant les règles posées dans le manuel ; ces observations, reprises par un copiste ultérieur, passent de la marge au texte ; ainsi, plus on s’éloigne dans le temps, plus il est difficile de retrouver le manuel original rédigé par Guillaume Du Breuil. Mais le latin 4641B, lui, bien que relativement tardif, est un témoin de la première famille, celle dont le texte, « ayant subi le moins d’altérations, se rapproche le plus de ce que devait être le manuscrit original que nous ne possédons plus » [26]. Son copiste n’incorpore pas les nouvelles règles de procédure mises en place depuis la rédaction du coutumier quelque un siècle plus tôt, de même que, dans le reste du manuscrit, on ne trouve pas trace de notes pouvant provenir d’une personne habituée à rendre des jugements ou à argumenter sur des arrêts [27].
15Le manuscrit transmet également une série d’ordonnances sur la procédure du Parlement (no 7), mais cette présence, elle non plus, n’est pas concluante car il est possible que ces dernières proviennent du modèle suivi par le compilateur du recueil. En effet, ce n’est pas le seul cas où la copie de l’œuvre de Guillaume Du Breuil s’accompagne de ces mêmes ordonnances [28]. Si le copiste reproduisait un modèle déjà constitué, il est possible qu’il n’ait sélectionné dans ce modèle que ce qui l’intéressait réellement ; il est aussi possible qu’il ait reproduit « mécaniquement » l’ensemble des textes dont il disposait.
16À défaut d’exercer une activité judiciaire au Parlement, on pourrait envisager que le compilateur officiait au Châtelet. On constate en effet que l’extrait d’ordonnance cabochienne transmis par le manuscrit (no 3) est reproduit d’après une collation faite au Parlement le 20 novembre 1431 sur requête de Jean de Lintelles, sergent à cheval du Châtelet [29]. Deux autres documents pourraient être transcrits d’après des copies déposées auprès de ce tribunal : une ordonnance d’Henri VI sur les privilèges des monnayeurs de janvier 1426 n. st. (document no 11) est copiée d’après le vidimus qu’en fit le prévôt Simon Morhier au Châtelet de Paris le 10 mars 1427 n. st. [30] ; la lettre de Charles VI adressée aux marchands de vin parisiens en décembre 1403 (no 14) provient du « Livre rouge viel du Châtelet » d’après l’éditeur des Ordonnances [31]. Mais, là encore, cette hypothèse ne repose pas sur des éléments bien convaincants et elle se heurte au fait que le compilateur du manuscrit laisse transparaître une certaine hostilité envers les différents prévôts de Paris : le Dit d’Hugues Aubriot (no 33) se moque méchamment de ce dernier [32]. La courte chronique représentée par le no 19 se présente comme un exposé de « grans faiz et notables qui sont advenus en France » entre 1270 et 1356 ; parmi ces événements, trois concernent des prévôts de Paris en mauvaise posture (en 1304, le prévôt doit faire amende honorable après avoir fait pendre à tort un écolier [33] ; en 1320 et 1336 sont pendus respectivement Henri de Taperel et Hugues de Crusy [34]). Il est donc peu probable que le compilateur exerçait son activité au Châtelet.
17L’analyse de la plupart des pièces juridiques du recueil laisse plutôt supposer que le compilateur du recueil travaillait à la Chambre des comptes ou à la Cour des aides. Ce n’est probablement pas un hasard si, après avoir copié le Stilus curie parlamenti, il utilise le reste du cahier en relevant d’abord l’article de l’ordonnance cabochienne qui traite de la juridiction de la Chambre des comptes (no 3) [35]. Un second indice est plus significatif encore : la copie des Enseignements de Saint Louis (no 17) [36] a été faite sur le registre Noster de la Chambre des comptes qui contient la version du texte de Saint Louis la plus proche de l’original [37].
18Notre juriste anonyme est de toute évidence très préoccupé par les questions non seulement financières, mais également monétaires [38]. Le document no 5 rend compte des gages versés aux hommes d’armes du comte de Salisbury ; la rubrique précise que le copiste voit dans ce document la « certifficacion de ordonnance, coustume et usaige gardez en monnoye de sterlins d’Engleterre avaluez a monnoye blanche de France ». Les deux articles 9.1 et 9.2 rendent compte de l’évolution de la valeur de certaines monnaies entre 1391 et 1421. L’ordonnance d’Henri VI lue au Châtelet le 10 mars 1427 dont il a été question plus haut et qui confirme les privilèges des monnayeurs (no 11) représente un long document ; celui-ci est transcrit intégralement. Enfin, on peut remarquer que le seul arrêt du Parlement transmis par le recueil, arrêt considéré comme étant « de grant sequele » (de grande conséquence), concerne un litige opposant Jacqueline Du Drac, crédit-rentière, à Louis de Passy, et porte sur la valeur de la rente compte tenu de la dévaluation monétaire intervenue en 1421.
19Mais, qu’il appartienne à la Chambre des comptes ou à la Cour des aides, ce juriste anonyme semble porter un intérêt tout spécial à la levée de la gabelle. J’ai signalé plus haut à propos des « instructions sur les aides » (document no 10) que chaque article portait en marge de la copie un numéro ; or chaque fois qu’il est question de la gabelle, sous ce chiffre apparaît la mention « sel ». Le compilateur a également relevé une « Lettre et ordonnance pour les marchands de sel, pour faire recevoir le droit de leur sel par qui il leur plaira » de décembre 1408 (document no 6) ; cette pièce a été copiée sur les deux derniers feuillets du troisième cahier, lequel avait été entamé pour achever la copie du Stilus. On peut considérer que ce cahier a été utilisé ensuite comme une sorte de fourre-tout juridique, sans organisation logique apparente (documents nos 2 à 6) ; mais il est probable que ce manque apparent de rigueur reflète précisément les préoccupations essentielles du compilateur.
20Même si l’on ne peut déterminer avec précision où officiait notre juriste, Chambre des comptes ou Cour des aides, cela n’enlève rien à l’intérêt du recueil dont il a été à l’origine car nous importe surtout de discerner ses sensibilités intellectuelles et les ressorts de sa pensée ; or les pièces copiées sont riches d’enseignements sur ses convictions morales et religieuses et sur son comportement au quotidien.
INTERETS ET PREOCCUPATIONS DU COMPILATEUR DU RECUEIL
21Il me semble que, parmi les nombreuses remarques que l’on pourrait faire, quatre thèmes principaux se dégagent : un Parisien plutôt qu’un habitant du royaume ; l’angoisse du salut ; le mépris de la pauvreté et le goût du travail ; l’honneur né du profit.
Un Parisien avant tout
22Que le compilateur soit un Parisien – ou soit devenu un Parisien [39] – ressort clairement de sa transcription d’ordonnances concernant le marché immobilier ou le commerce du vin dans la capitale (nos 13 . 1 et 13 . 2, 14, 48). Mais la ville est aussi pour lui sujet de divertissement et sujet d’histoire. Il est probable en effet qu’il a recopié le Mariage des quatre fils Hemon (no 32) dans un but ludique – la rubrique précise qu’il s’agit d’un « esbatement » – car ce Mariage se présente comme une fantaisie où la description d’une cérémonie nuptiale n’est qu’un prétexte pour énumérer en jouant sur les mots les différentes rues et les différentes enseignes de Paris [40] ; en voici un court passage qui donne une idée de son contenu :
« Or fault savoir qui nous espousera. Ce sera le cardinal de la Pierre-au-Lait ; et le prescheur du chevet Saint Jaques lui aidera a chanter sa messe, et espouseront en croissant qui est en la rue aux Granchers, a la chappelle au carrefour du Temple, devant l’ymaige de Notre Dame, en la rue de la Huchette. Et l’ange devant Saint Gervais tendra le cierge de la rue au Feurre devant Saint Innocent. » [41]
23L’intérêt du compilateur pour sa ville n’est pas seulement ludique ; il est également historique. Cet intérêt lui a fait choisir, dans toute la production historique en langue vulgaire de l’époque, les deux œuvres qui, toutes deux d’un caractère sommaire, mettent en valeur la place particulière qu’occupe Paris dans l’histoire du royaume de France.
24La première chronique du recueil (no 18), œuvre assez largement répandue, est un poème d’environ 800 vers, le Dit des roys [42], qui prend ses sources dans la Chronique abrégée de Guillaume de Nangis. L’auteur, « animé de sentiments très parisiens » [43], s’intéresse de préférence aux fondations pieuses plutôt qu’aux faits politiques ; son œuvre ne se présente pas tant comme une chronique que comme une généalogie commentée des rois de France où la succession des souverains sert à introduire la figure de Charles V, « le saige de tres grant renom », venu « au dessus, par grant vaillance, de toutes ses adversitez » [44]. Parmi toutes les « chroniques-généalogies » qui fleurissent au XVe siècle, le récit transmis par le Dit des roys est celui qui met sans doute le mieux en avant l’importance de la ville de Paris ; c’est sans doute la raison pour laquelle le compilateur a porté en tête de sa copie la rubrique suivante :
« Ce sont les croniques des roys de France qui devisent quant ducs et quant roys il a eu en France et combien il regnerent et comment la ville de Paris fut fondee et par quelle raison elle est appellee Paris. »
25Le Dit des roys se présente donc comme « chronique parisienne ». Sa copie dans notre recueil est à rapprocher de celle dans un manuscrit plus tardif – il a été écrit sous Louis XI – où le Dit des roys est accompagné d’une liste des rues et d’une « despense d’icelle ville de Paris » [45].
26La seconde œuvre retenue par le compilateur est une Petite chronique française de 1270 à 1356 (no 19), transmise par un seul autre manuscrit [46] ; elle se présente comme un exposé des principaux événements survenus en France depuis la mort de Saint Louis. « Spécialisée » dans les exécutions de justice et les calamités naturelles (sécheresse, crues de la Seine, ouragans, etc.), elle constitue un abrégé de la Chronique métrique de Saint-Magloire et des Grandes Chroniques de France. Cependant, à partir de 1337, le récit se développe et devient de plus en plus personnel ; il s’arrête à la bataille de Poitiers dont il fait une longue narration. Même si cette chronique, comme l’indique sa rubrique, traite d’événements survenus dans le royaume, elle a été écrite par un Parisien qui relève essentiellement ce qui se passe dans la capitale. Certains détails qui sont propres à cette chronique ne peuvent intéresser qu’un habitant de Paris : c’est ainsi qu’est indiqué le lieu précis où périrent les Templiers [47] ; il est spécifié pour l’année 1328 que fut édifié un nouveau gibet [48] tandis que, pour 1343, on apprend que « furent faiz les eschauffaux es halles a Paris et joignant de la fontaine » [49] ; le chroniqueur est le seul à donner les noms des faussaires exécutés en 1342 tout en signalant pour le dernier qu’il « fu nez en la rue Nostre-Dame de Paris » [50]. Révélateur également le fait que les débuts des règnes de Charles IV et Philippe VI sont indiqués par le jour de leur entrée dans la capitale [51].
27Cette chronique présente une curiosité qui a peut-être un rapport avec des rumeurs circulant dans Paris et prenant leur source à l’intérieur du Palais. En 1345, « la veille du premier jour de l’an », Philippe VI trouva sur son lit un pamphlet en vers, dénonçant tout à la fois l’incurie de la noblesse peu soucieuse de combattre l’ennemi anglais et la mauvaise utilisation des deniers publics. Le curieux est que ce même pamphlet, ignoré de toutes les autres sources, se retrouve identique dans la continuation de Monstrelet : il est alors adressé à Charles VII, lequel le trouve également dans sa chambre, un matin de 1446 cette fois [52].
28Quoi qu’il en soit de ce pamphlet, il semble clair que les deux pièces historiques présentes dans le recueil ont été choisies par le compilateur pour leur aspect parisien. Or, dans la mesure où le Dit des roys s’achève dans sa version primitive sur une célébration de la figure de Charles V, on a pu le considérer comme une œuvre écrite en soutien à la légitimité des Valois [53], et par là même comme une œuvre pénétrée de sentiment national [54]. En réalité, il s’agit de l’attachement à une lignée ou plus simplement même à la seule personne royale, attachement que pouvait très bien ressentir un juriste officiant dans des cours au service du pouvoir anglo-bourguignon. Il est probable que notre compilateur éprouve les mêmes sentiments que le très pro-Bourguignon auteur du Journal d’un bourgeois de Paris : « Le développement conscient du sentiment national du parti armagnac lui est peu familier. Certes, la France est un grand et ancien royaume dont le roi devrait être le premier des souverains chrétiens. Sa dynastie est sacrée et immémoriale. Mais la notion d’étranger est pour lui très floue. » [55] L’on ne s’étonnera pas alors que l’essentiel de ses intérêts porte sur la vie quotidienne et sur sa fin inéluctable.
L’angoisse du salut
29La profonde piété du compilateur est évidente : le recueil contient de nombreux documents à caractère religieux. On y trouve des paraphrases des trois prières fondamentales : Pater [56], Ave maria [57], Credo (nos 16 . 1-3) aussi bien que des méditations, qu’elles soient très courtes comme les Matines de la Croix (no 39) ou plus conséquentes comme le Servantois de Nostre-Dame du trouvère Jean Brisebarre [58] : « Cy apres s’ensuit. vi. fatras qui sont faiz et entez sur la resurrection Nostreseigneur » (no 28). Mais notre juriste va au-delà des pratiques de dévotion. Avant tout, il entend connaître l’ensemble de la doctrine chrétienne : c’est ainsi que, comme on l’a vu plus haut, il recopie le Second Lucidaire (no 40). Ce dernier représente une traduction en langue vernaculaire de l’Elucidarum du Pseudo-Honorius d’Autun, œuvre qui connut un très grand succès jusqu’à la fin du Moyen Âge ; l’Elucidarum constitue un exposé complet des enseignements de l’Église sur Dieu et la Trinité, sur les anges, les hommes et leur destinée, sur les sacrements [59]. Le compilateur s’attache également, dans une courte note, à comprendre ce que représentent les lieux saints [60], ou de manière beaucoup plus approfondie à saisir le sens de tous les gestes accomplis au cours de la messe ainsi que des vêtements liturgiques portés par le prêtre (« Instruction pour devotement oyr la messe », no 29) [61] ; il explique par exemple que
« l’estolle signifie la grant obedience ou il fut jusques a la mort ; sicomme le beuf qui obeist a la courroie qui le tient a la charue en labourant le froment pour nous et il n’en a que la paille, ainsi fut Jhesus notre beuf que il n’en ot que la paine et nous le proufit. La chasuble qui doit estre de soye signifie le propre dont Pilate le fist vestir et couronner de la piteuse couronne (...). Et pour ce es significacions qui sont es vestemens du prestre y devons avoir grant devocion a veoir revestir » [62].
30Les grands moments de la vie sont marqués de signes religieux ; c’est ainsi que sont transcrites les bénédictions du pain, du vin, de la chambre nuptiale et des neuf fruits qui sont données au moment du mariage (no 45). Les lendemains des grandes fêtes chrétiennes sont célébrées : « Cy s’ensuit la passion saint Estienne que on lit lendemain de Noel » (no 37, Épitre farcie de saint Étienne63). Religion et morale étant indissociables, on ne s’étonnera pas de trouver dans le recueil, outre des signes extérieurs de dévotion, des préceptes moraux venus des Pères de l’Église que le compilateur transcrit sous la rubrique Notabilia (no 41) [63].
31Mais c’est probablement l’au-delà qui préoccupe surtout ce dernier. Nous avons plusieurs indices de cette peur de la damnation éternelle qu’entraîne la mort subite, la mort sans confession. Contre un tel danger, on peut utiliser une recette magique : porter sur soi le nom des trois rois mages (no 38). Il y a aussi un autre moyen, plus orthodoxe, « une messe en depriant Dieu notre pere pour faire cesser l’epydimie » : le châtiment divin est considéré comme la cause primaire de la peste ; aussi, pour l’éviter, convient-il de suivre une messe spéciale, la Messe pour la peste du pape Clément VI [64] (no 40). Heureusement, la peur de la mort est compensée par la croyance en un Jésus sauveur. Une des pièces relevées par le compilateur représente un office pour essayer de s’assurer le salut après la mort (no 30) ; sa rubrique est, à ce sujet, sans ambiguïté :
« Cy s’ensuit vraye et parfaicte medicine contre l’epidemie mortele de l’ame, laquele on doit donner a l’article de la mort en ferme esperance et creance vraye de salvacion. »
32Cette « medicine » se présente sous forme de lettre [65] et son sens en est clair, même si la copie est souvent incorrecte sur le plan grammatical :
« qui en l’article de la mort respondra en creant fermement es questions cy dessoubz et autrement, soit vrais confus et repentans de ces pechiez, cellui mourra seureint et devra avoir ferme esperance de salvation » [66].
33Outre cet office, à deux endroits différents du recueil sont transcrites les mêmes réflexions sur la mort et la bonté de Dieu : « Bien penser intensivement a l’amour de Jhesucrist. Bien penser par le pecheur a sa mort. Bien penser a la bonté de Dieu. » [67]
Un double mépris : celui de la pauvreté et celui de la paresse
34Parmi les Notabilia évoqués plus haut se trouve une sentence de saint Augustin : Quot indigentibus non succuristi et potuisti, tot omicidorum reus es, qui est en contradiction avec ce qui semble être une tendance profonde de notre juriste. En effet, certains des thèmes littéraires retenus dans le recueil sont révélateurs de ce qu’on pourrait presque appeler un « esprit de classe », révélateurs en tout cas d’une mentalité bourgeoise, pour laquelle importent plus les valeurs du travail et de la richesse que celles de la gloire et de la munificence.
35Sous la rubrique « Cy aprés s’ensuit ung dit des aiges des creatures » (no 21 . 1), le recueil transmet un poème moral qui connut un certain succès [68]. Ce dernier compare la vie humaine dont la durée est fixée à soixante-douze ans et qui est divisée en douze phases aux douze mois de l’année (il est d’ailleurs connu sous le nom Les douze mois figurez) [69]. Ce poème est à remarquer, car, à côté des réflexions traditionnelles sur le rapide passage du temps, l’auteur insiste sur la nécessité de s’enrichir tant que l’on est en âge de travailler :
« adont se doit adviser
Ou il puit ces biens entasser
Pour avoir repos en viellesse » [70].
36Dans le cas contraire, l’homme est « nice » (c’est-à-dire au mieux innocent, mais plutôt négligent et sot), et il finit ses jours dans le désespoir :
« [à soixante ans] Lors devient viellars et chanus,
Et adont ly doit souvenir
Que le temps le maine mourir.
Se riches est, c’est a bonne heure,
S’il est povre, il plaint et pleure
Le temps qu’il a mal despencé ;
Lors ce desespoir par povreté
Gaste le corps et dampne l’ame ;
Et avec ce l’en le diffame
Pour les oultrages qu’il a fait. » [71]
37Le poète revient plus loin sur le lien qu’il vient d’établir entre pauvreté et déshonneur ( « l’en le diffame » ) : lorsqu’il est âgé de 66 ans, l’homme « s’apparçoit qu’il s’en va » et que tout est joué ; « s’il est povre, il est nyche, / Et s’il ne puet honneur avoir » [72] ; s’il est riche, ses héritiers désirent ses biens [73].
38Certes, le compilateur n’a pas transcrit ce poème avec la seule préoccupation du devoir de s’enrichir. La briéveté de la vie et surtout le peu de temps qui reste pour s’adonner au plaisir sont pour lui sujets de préoccupation. En effet, comme il faut retrancher aux soixante-douze années où l’on vit une moitié réservée au sommeil plus un certain nombre d’années prises par les maladies, les soucis, etc., on ne vit réellement que seize ans. Or la « balades au propos des aiges cy devant » (no 21 . 2) retient précisément comme thème le manque de temps réservé au plaisir (d’où le refrain : « Sy me merveil pourquoy amant n’a mie / Font pour cy pou dangier de leur amour »).
39Le mépris de la pauvreté n’en demeure pas moins réel chez notre juriste, car, dans son esprit, cette insuffisance est née d’une tare, la paresse. Et cet état d’esprit se retrouve dans un deuxième document, le Dit des paresseux (no 26), où l’auteur s’en prend à ceux qui sont « plains de fetardie » (c’est-à-dire de nonchalance). Dieu, nous dit-il, n’aime ni les jeunes paresseux et les vieux luxurieux, ni les riches menteurs et les pauvres orgueilleux. Mais, si « De tous ces quatre bien (lui) semble / Qu’assez treuve l’en a redire », ce sont les paresseux, qu’il attaque car
« D’omme pareceux est grant honte,
Car jeunesse doit homme esmeuvre
Tousiours et user en bonne euvre ;
[Ils] contrefont la nature
Que Dieu leur donna pour ouvrer. » [74]
40On peut se demander d’ailleurs s’il s’agit d’un mépris de la pauvreté ou bien d’une peur que celle-ci n’advienne ; seul alors le travail permet de s’en prévenir. La pauvreté, en effet, en ces temps troublés, menace tout un chacun, même ceux qui ont suffisamment d’aisance pour posséder maisons et rentes. On sait que Philippe le Bel, dans une ordonnance de 1288 remaniée en 1303, accorda aux Parisiens titulaires de cens et de rentes sur des maisons la possibilité de confisquer l’habitation si celle-ci n’était pas entretenue par son propriétaire ; ce fut le « Privilège aux bourgeois de Paris » [75]. Or, comme le faisait remarquer Jean Favier, « il n’est pas excessif de dire que, vers 1428 ou 1430, les immeubles de rapport ne valaient pratiquement plus rien (...). L’instabilité de la propriété immobilière continua pendant toute l’occupation sous l’effet conjugué de la chute du revenu, des départs et des retours, des condamnations politiques et des rémissions » [76]. Pour remédier à cette situation, le duc de Bedford publia en 1428 au nom d’Henri VI une ordonnance qui permettait aux propriétaires de racheter à un taux raisonnable les rentes pesant sur leurs biens, même si le titulaire de la rente s’y opposait ; les charges des propriétaires étant ainsi allégées, ces derniers étaient mieux à même d’entretenir leur patrimoine [77]. Il s’agit là de décisions économiques importantes et il n’est pas étonnant dans ces conditions que notre bourgeois parisien ait transcrit un résumé de la première et la seconde dans sa totalité (nos 13 . 1 et 13 . 2) [78].
41Savoir gérer son patrimoine est assurément une qualité essentielle pour un bourgeois qui se doit d’assurer la « bonne économie » de son ménage ; c’est ce que nous allons voir avec une des pièces les plus curieuses du recueil, l’une des plus intéressantes pour l’histoire des comportements sociaux : le Livre des Yconomiques par Laurent de Premierfait (no 42) [79].
Honneur parce que profit
42L’humaniste parisien bien connu [80] présente son œuvre comme une nouvelle traduction de l’œuvre d’Aristote [81] ; en réalité, il n’a fait que réviser celle qu’avait entreprise Nicole Oresme dans les années 1370 au cours de sa grande entreprise de traduction du corpus aristotélicen – la Politique, les Éthiques et les Économiques.
43Ces dernières [82] – dont une partie seulement est l’œuvre du philosophe grec – ont connu plusieurs traductions latines, dont une réalisée en 1267 par le dominicain Guillaume de Moerbecke sur laquelle travailla Oresme. Il s’agit d’un traité d’économie domestique qui entend apprendre « aux hommes la forme et la maniere de honnestement et prouffitablement vivre et de gouverner la chose domestique », l’économie étant comprise comme « l’art par quoy l’en peut acquerir maison et bien user d’icelle ». Il s’agit donc en principe d’une œuvre destinée à des laïcs mariés. Or la traduction de Nicole Oresme, formant toujours avec la Politique et les Éthiques un corpus unique, est transmise dans de gros volumes provenant de bibliothèques princières ou universitaires ; elle ne peut donc concerner de simples bourgeois. Aussi est-il probable que Premierfait a simplement voulu rendre l’ouvrage accessible et l’adapter pour des non-lettrés en simplifiant la traduction et en en supprimant les références savantes, même si l’humaniste n’expose nulle part les raisons de son entreprise.
44La traduction est divisée en deux livres ; le premier est consacré à des généralités et à la conduite de l’homme, « seigneur de la maison », tandis que le second est plutôt destiné à l’épouse car il contient de nombreux conseils sur la manière de se conduire, le tout s’achevant sur la célébration des bienfaits tirés d’une union où règnent concorde et unité. L’ensemble est sous-tendu par deux préceptes fondamentaux : respecter le juste milieu, rechercher le profit qui va de pair avec l’honneur, ce dernier point distinguant l’œuvre de Premierfait de celle d’Oresme [83].
45Comme à bien d’autres endroits de son recueil, le compilateur a relevé les passages qui l’intéressaient plus particulièrement par un nota porté en marge. C’est ainsi qu’il souligne à deux reprises que « la femme en toutes choses entende diligemment a obeir a son mary » [84] ; en cela, les Économiques du Pseudo-Aristote rappellent le Mesnagier de Paris pour qui l’obéissance envers le mari est la vertu cardinale de l’épouse [85]. De son côté, le mari se doit de respecter un certain nombre de règles qui sont de ne pas rudoyer l’épouse, mais au contraire lui témoigner de la tendresse et faire en sorte qu’ils aient tous deux le même comportement :
« Comment le mary doit avoir et garder aucunes lois et regles envers sa femme. La premiere des quatre lois et rigles est que le mary ne doit pas injurier ne ledengier sa femme legitime (...). Item ou second enseignement nous disons au regart de congnoistre sa femme par son mary, il doit tant faire que pas elle n’ait deffault des baisiers tres doulx et soulas naturelz (...). Item pour venir au tiers enseignement... convenable chose et prouffitable envers homme que il espouse pucelle ou jeune d’aage, a ce le mary enseigne bonnes meurs a sa femme, car avoir meurs dessemblables, c’est entre homme et femme chose moins aimable (...). Item pour le quart enseignement... doivent estre conformes en semblables coustumes et en atours corporelz. » [86]
46Mari et femme sont là pour que soit « profitable » la « communauté nuptiale », c’est-à-dire le mariage, et si le couple a été formé, c’est pour assurer la postérité, celle des biens et celle des enfants ; comme l’exprime un passage du texte souligné d’un nota par le compilateur,
« la femme est en la maison pour finale grace et cause d’avoir enfans qui hereditent et succedent au pere et a la mere, et aux possessions de la maison » ;
47ou encore (passage marqué également d’un nota) :
« la femme est venue en la maison du mary comme compaigne afin de procreacion d’enfans et (...) laisse en la maison aucuns enfans qui auront les noms et seurnoms de son mary et d’elle » [87].
48La question des possessions (dont font partie les serviteurs) se présente comme un leitmotiv chez l’auteur qui, tout au long de son traité, se préoccupe de la manière dont on doit et peut conserver, ou mieux augmenter, les biens qui seront transmis aux enfants, et cela dans le profit et l’honneur. C’est ainsi que
« est expedient que tel serf soit prudent pour faire le prouffit et l’onneur de la maison et accomplir l’onneste plaisir de la maison » [88].
49Certes, il n’est pas le seul à donner comme tâche aux serviteurs d’accroître le profit et l’honneur de leurs maîtres [89], mais chez le Pseudo-Aristote il est clair que le but de l’économie domestique est le profit, de même que parents et enfants sont là pour un profit mutuel comme il le montre en insistant sur « les aydes et prouffiz qui viennent des parens aux enfans et des enfans aux parens » [90]. Le traité établit la liaison entre profit, vertu et honneur : l’auteur donne ses « enseignemens » parce qu’ils sont « bons, concors a vertu et prouffitables a bonne disposition et ordre de la maison » ; or « certes honneur est le droit salaire et loyer de vertu » [91]. C’est ainsi que la bonne économie engendre le profit, et de ce profit naît l’honneur.
CONCLUSION : UN RECUEIL REVELATEUR
50Les Économiques du Pseudo-Aristote, même adaptés par Laurent de Premierfait, ne sont pas d’un accès aisé, leur lecture étant quelque peu indigeste. Leur présence dans un recueil privé nous amène alors à évoquer en conclusion un problème lié à la conservation de ce type de manuscrits.
51On peut supposer que, si peu d’entre eux nous sont parvenus, c’est en raison de la banalité de leur contenu. On ne s’étonne pas de constater que, dans l’ensemble, les documents reproduits dans le latin 4641B ne brillent pas par leur originalité, et cela tant à propos des pièces professionnelles (on connaît plus de 20 manuscrits du Stilus curie parlamenti) qu’à propos des pièces morales : les Diz et proverbes des sages (no 22) [92] apparaissent dans plus de 30 manuscrits ; il existe plus de 15 copies des Enseignemens Seneque (no 31) [93]. Il en va de même pour les pièces religieuses : nombreux sont les missels, les livres d’heures, les « recueils dévôts » [94] nous transmettant prières, méditations et messes. On pourrait même, à propos de pièces littéraires comme le Dit d’Hugues Aubriot (no 33) ou le Mariage des quatre fils Hemon (no 32), se poser la question de savoir si leur présence isolée dans un manuscrit (on ne connaît pas d’autre témoin pour la première, une seule deuxième copie pour la seconde [95]) ne provient pas de leur caractère extrêmement populaire : les copies se faisaient dans des ensembles bon marché qui ont disparu très rapidement. On peut avancer le paradoxe selon lequel moins on a d’exemplaires d’une œuvre, plus à une certaine époque on en rencontrait [96]. Cette popularité explique le côté « transcription orale » de certains documents au caractère totalement opposé. L’un est scatologique, Salomon et Marcoul (no 35) [97] : le texte complet comprend 68 quatrains ; le latin 4641B n’en donne que 17, et, excepté le premier quatrain, ils se présentent tous dans un ordre différent de celui de l’édition ; cela s’expliquerait très bien si l’on admettait que le compilateur a écrit un texte qu’il récitait par cœur. Le deuxième document est religieux, les Matines de la croix (no 39) ; il s’agit du prologue d’une méditation, les Heures de la croix [98], prologue qui a tous les caractères d’un résumé de la méditation et qui semble correspondre à ce que l’on pouvait mémoriser d’un certain type d’oraison. Dans les deux cas, le fait que ces deux documents n’apparaissent que dans notre recueil nous montre leur grande banalité.
52Cependant le traité de Laurent de Premierfait s’inscrit en contradiction avec ce présupposé. Les autres manuscrits qui le transmettent – moins d’une dizaine – proviennent en général soit de riches bibliophiles, soit de lettrés [99]. De son côté, le Dit des roys, que l’on pourrait qualifier d’œuvre mineure sur le plan historiographique [100], accompagne l’important traité politique de Jean Juvénal des Ursins Audite celi et figure dans le manuscrit autographe de Pierre Cochon, l’auteur de la Chronique normande [101]. On ne saurait donc qualifier de « banales » ces deux œuvres retenues par le compilateur. Notre juriste témoigne ainsi de ses goûts d’homme cultivé, et c’est certainement un des aspects les plus intéressants du recueil : cette dimension « élevée », sérieuse, coexiste avec d’autres goûts et intérêts tout à fait éclectiques. C’est ainsi que son recueil nous permet de saisir la mentalité d’un bourgeois parisien ordinaire, préoccupé par son travail, sa ville et son salut, et, pour finir, bon vivant assurément : il copie par exemple une pièce en vers décrivant les 69 beautés de la femme (no 27 . 1) [102] accompagnée de huit vers antiféministes (no 27 . 2) [103] ainsi que de chansons grivoises (no 34). Il est bon vivant et pieux en même temps, mais d’une piété sans excès mystique, à la charité bien ordonnée, celle qui commence par soi-même ; c’est un Parisien aux préoccupations de la vie de tous les jours en une période agitée de l’histoire de sa ville.
ANNEXE. — CONTENU DU MANUSCRIT PARIS, BNF LAT. 4641B [104]
53 1. Fol. 1-57 vo : Guillaume Du Breuil, Stilus curie parlamenti.
54 2. Fol. 58 : Quelques notes juridiques concernant les héritages ou les fiefs, les deux premières signées de Jean des Marés [105].
55 3. Fol. 58 vo : Article de l’Ordonnance cabochienne sur la juridiction de la Chambre des comptes (collation faite au Parlement le 20 novembre 1431).
56 4. Fol. 59 : Arrêt rendu le 24 mars 1433 concernant le paiement d’une rente due par Louis de Passy, seigneur de Passy, à Jacqueline Du Drac, épouse de Nicolas de Chavigny.
57Ff. 59 vo - 61 vo blancs
58 5. Fol. 62 ro-vo : Acte des conseillers en Parlement, Étienne Des Portes et Gaucher Jaher, certifiant avoir vu un compte du sire de Salisbury à propos de gages versés le 30 septembre 1423 à des hommes d’armes en Normandie et donnant les valeurs comparées des monnaies françaises et anglaises, 24 juillet 1430.
59 6. Fol. 63-64 vo : Instruction pour la levée de la gabelle, 28 septembre 1408.
60 7. Fol. 65-73 vo : Ordonnances à propos du Parlement
61 7 . 1. Fol. 65-66 vo : Ordonnance de Philippe VI du 11 mars 1345 concernant les maîtres des requêtes et ceux des enquêtes [106].
62 7 . 2. Fol. 66 vo - 68 : Ordonnance de Charles V de novembre 1364 concernant les maîtres des requêtes [107].
63 7 . 3. Fol. 68 ro-vo : Suite de l’ordonnance de Philippe VI, partie concernant les huissiers [108].
64 7 . 4. Fol. 68 vo - 69 vo : Ibid., partie concernant les avocats [109].
65 7 . 5. Fol. 69 vo - 70 vo : Ibid., partie concernant les procureurs [110].
66 7 . 6. Fol. 70 vo - 72 : Ibid., partie concernant les parties en cause [111].
67 7 . 7. Fol. 72 vo : Arrêt de règlement sur les plaidoiries [112].
68 7 . 8. Fol. 72 vo - 73 : Arrêt de règlement sur les ajournements, novembre 1370.
69 7 . 9. Fol. 73 ro-vo : Arrêt de règlement sur la discipline du barreau, 23 décembre 1427.
70 8. Fol. 74 ro-vo : Confirmation par Henri VI le 12 mars 1428 (n. st.) des dons effectués par Henri V pendant la conquête de la Normandie.
71 9. Fol. 75 ro-vo : Documents concernant les monnaies
72 9 . 1. Fol. 75 : Valeurs de certaines pièces entre 1391 et 1421.
73 9 . 2. Fol. 75 vo : Valeur de la monnaie d’or le 22 juin 1423 et le 15 décembre 1421 [113].
7410. Fol. 76-98 : Documents concernant la levée des aides
7510 . 1. Fol. 76-78 : Instruction d’avril 1374 [114].
7610 . 2. Fol. 78 vo - 80 : « Instructions sur les aides ordonnez pour la guerre », 1er février 1383 (n. st.) [115].
7710 . 3. Fol. 80 : Addition à propos du comté de Pontieu, même date [116].
7810 . 4. Fol. 80-81 : « Les instructions de la gabelle », 1382 [117].
7910 . 5. Fol. 81 vo - 83 : Instruction du 8 février 1384 (n. st.) [118].
8010 . 6. Fol. 83-84 vo : Instruction du 6 juillet 1388 [119].
8110 . 7. Fol. 84 vo - 86 vo : « Instructions sur les aides ordonnez pour la guerre », 2 mars 1389 (n. st.) [120].
8210 . 8. Fol. 86 vo - 88 : « Instructions sur le fait de l’imposition forreine », 14 juillet1376 [121].
8310 . 9. Fol. 88-93 : Instruction à propos de la gabelle et des fouages, 21 novembre 1379 [122].
8410 . 10. Fol. 93-94 : « Instructions sur le fait de l’imposition foraine de .VJ. d. pour livre », 28 mai 1392 [123].
8510 . 11. Fol. 94-95 : Instruction du 4 janvier 1393 (n. st.) [124].
8610 . 12. Fol. 95-96 : Instruction à propos de la gabelle en Poitou et en Saintonge, 1er décembre 1383 [125].
8710 . 13. Fol. 96-97 : Instruction adressée à Pierre Hardy concernant les fraudes sur l’imposition foraine à Rouen, 8 janvier 1399 (n. st.) [126].
8810 . 14. Fol. 97-98 : Lettres de commission de Pierre Beaucorps pour recevoir l’imposition foraine à Rouen, 9 janvier 1399 (n. st.) [127].
8911. Fol. 98 vo - 101 vo : Ordonnance d’Henri VI sur les privilèges des monnayeurs, 22 janvier 1426 (n. st.).
9012. Fol. 102 ro a - 108 ro a : Coutumier de Reims – « Primo quel chose est naissant. Naissant est heritage... Item quiconques deffault de paier rentes et vestures ou l’un des deux ».
91Fol. 108 ro b - vo blanc.
9213. Fol. 109 - 113 vo : Documents concernant le marché immobilier parisien
9313 . 1. Fol. 109-110 : Privilège aux bourgeois accordé par Philippe le Bel, novembre 1303.
9413 . 2. Fol. 110-113 vo : Ordonnance d’Henri VI concernant le rachat des rentes pesant sur les maisons, 31 juillet 1428.
9514. Fol. 114 ro-vo : « Previllege royal octroyé aux marchans de vins de Paris », septembre 1403 [128].
9615. Fol. 115-119 : Ordonnance cabochienne
9715 . 1. Fol. 115-118 vo : Copie d’un certain nombre d’articles (1-18, 85-87, 89, 95-97, 105, 112, 123, 125, 128 et 130).
9815.2. Fol. 118 vo - 119 : Notes sur le fonctionnement de la Cour des aides, de la Chambre des comptes et du Parlement.
99Fol. 119 vo - 121 blancs.
10016. Fol. 122-126 : Prières
10116 . 1. Fol. 122-123 : Le paternostre.
10216 . 2. Fol. 123 ro a - 124 ro a : Ave Maria.
10316 . 3. Fol. 124-126 : Commentaire du Credo.
10417. Fol. 126-128 vo : Les Enseignements de Saint Louis.
10518. Fol. 128 vo a - 131 vo b : Dit des roys.
10619. Fol. 131 vo - 137 vo : Petite chronique française, 1270-1356.
10720. Fol. 137 vo a et b : Liste des douze pairs de France et des dix preux.
10821. Fol. 137 vo a - 139 ro a : Les douze mois figuréz
10921 . 1. Fol. 137 vo a - 138 vo b : Dit des « aiges des creatures ».
11021 . 2. Fol. 138 vo b - 139 ro a : Ballade sur le même sujet.
11122. Fol. 139 ro a - 141 ro a : Diz et proverbes des sages, version de 52 quatrains.
11223. Fol. 141 ro a : « Cy s’ensuit les membres que ung bon levrier doit avoir. »
11324. Fol. 141 ro b : « Santé de corps. Destruction de corps » [129].
11425. Fol. 141 ro b : « Balade du povre mesnagier. Douleur de chef et mal de tranchoisons... »
11526. Fol. 141 vo a - 142 ro a : Dit pour les paresseux – « Quatre choses sont que Dieu n’ayme... ».
11627. Fol. 142 ro a-b : Description de la femme
11727 . 1. Fol. 142 ro a-b : Ses soixante-neuf beautés.
11827 . 2. Fol. 142 ro b : Huit vers antiféministes.
11928. Fol. 142 vo a-b : Servantois de Nostre Dame.
12029. Fol. 143-145 : Instruction pour la messe.
12130. Fol. 145-146 : Office de l’extrême-onction.
12231. Fol. 146-148 : Les Enseignement Seneque, version abrégée.
12332. Fol. 148-149 vo : Le Mariage des quatre fils Hemon.
12433. Fol. 150 ro a - 151 ro a : Dit d’Hugues Aubriot.
12534. Fol. 151 ro b : « Le druet ayme druecte - Qui veist Gilet de gillain - Ou parfiner vint Marés », chansons grivoises.
126Fol. 151 vo - 152 blancs
12735. Fol. 152 vo a - 153 ro a : Salomon et Marcoul, version abrégée.
12836. Fol. 153 ro a - 154 ro a : « Ly homs qui lit et point n’entent... », poème moral.
12937. Fol. 154 ro a - vo b : Épître farcie de saint Étienne.
13038. Fol. 154 vo b - 155 : Noms des trois rois mages à porter sur soi pour éviter la mort subite.
13139. Fol. 155 ro a : Heures de la croix, prologue.
13240. Fol. 155 vo - 177 : Second Lucidaire.
13341. Fol. 177 vo : Notabilia, citations de Pères de l’Église.
13442. Fol. 178-193 : Laurent de Premierfait, Livre des Yconomiques.
13543. Fol. 193 vo - 194 ro b : Trois ballades contre les courtisans
13643 . 1. Fol. 193 vo : Eustache Deschamps, « Avisez vous tous serviteurs de court » [130].
13743 . 2. Fol. 194 ro a : Id., « Tant de perilz sont a suyr la court » [131].
13844 . 3. Fol. 194 ro b : « Service n’est pas heritage. » [132]
13944. Fol. 194 vo - 197 : Mémorandum professionnel
14044 . 1. Fol. 194 vo - 195 vo : Notes sur les ports d’armes.
14144 . 2. Fol. 195 vo - 196 : Mentions d’arrêts obligeant les clercs à participer aux dépenses de fortification des villes.
14244 . 3. Fol. 196-197 : Extraits ou mentions des ordonnances de 1344 et 1362 concernant le Parlement ; Grande ordonnance sur la justice, Montils-lès-Tours, avril 1454, art. 11.
143Fol. 197 vo - 199 blancs.
14445. Fol. 199 vo : Diverses bénédictions au moment du mariage ; prière au Saint-Esprit ; trois réflexions sur la mort.
14546. Fol. 200 : Messe de Clément VI contre l’épidémie de peste.
14647. Fol. 200 vo - 202 : Calendrier de 1432 à 1479 – tableau indiquant les lettres dominicales et les dates des fêtes mobiles (Brandons, Pâques, Pentecôte).
14748. Fol. 202 vo : Prix des vins vendus en gros à Paris.
Mots-clés éditeurs : culture, recueil privé, Paris, manuscrit, juriste, XVe siècle
Date de mise en ligne : 21/05/2008
https://doi.org/10.3917/rhis.081.0003Notes
-
[1]
Le cas du recueil épistolaire de l’humaniste Jean de Montreuil dans lequel ce dernier fait état de ses lectures et de ses recherches de manuscrits reste à peu près unique, en tout cas jusqu’à la fin du Moyen Âge.
-
[2]
Les legs jouent un grand rôle dans la constitution des bibliothèques privées : « Répartir ses livres entre ses familiers, c’était prolonger son souvenir dans la mémoire collective, s’éviter de sombrer dans le noir terrifiant de l’oubli » (Geneviève Hasenohr, L’essor des bibliothèques privées au XIVe et au XVe siècle, dans Histoire des bibliothèques, I : Les bibliothèques médiévales du VIe siècle à _530, Paris, Promodis, 1989, p. 230).
-
[3]
Certains chercheurs désignent ce type de manuscrit sous le nom de « recueil varié » ; voir Darwin Smith, Maistre Pathelin. Le Miroir d’Orgeuil. Texte d’un recueil inédit du XVe siècle (mss Paris, BnF fr. 1717 et 15080), Saint-Benoît-du-Sault, Tarabuste, 2002, p. 112-113.
-
[4]
Voir en dernier lieu Jean Tricard, Les livres de raison français au miroir des livres de famille italiens : pour relancer une enquête, Revue historique, 307, 2004, p. 993-1011 ; pour la sphère germanique non abordée dans cette étude, voir l’étude maîtresse de Pierre Monnet, Les Rohrbach de Francfort. Pouvoirs, affaires et parenté à l’aube de la Renaissance allemande, Genève, Droz, 1997.
-
[5]
L’intérêt porté ces dernières années aux études codicologiques a permis de mettre en lumière un certain nombre de ces recueils. Voir notamment Carole Lambert, Le recueil de Riom et la maniere de henter soutillement. Un livre de cuisine et un réceptaire sur les greffes du XVe siècle, Le Moyen Français, 20, 1987, numéro spécial ; Michèle Populer, La culture religieuse des laïcs à la fin du Moyen Âge : le carnet de notes d’un bourgeois de Francfort (ca 1470-1482), Le Moyen Âge, 102, 1996, p. 479-527 ; Claudia Guggenbühl, Recherches sur la composition et la structure du ms. Arsenal 3516, Basel-Tübingen, Francke Verlag, 1998 ; Nicole Pons, Mémoire nobiliaire et clivages politiques. Le témoignage d’une courte chronique chevaleresque, Journal des Savants, juillet-décembre 2002, p. 299-348. Grâce à une étude minutieuse des mss. Paris, BnF fr. 1707 et 15080 qui formaient autrefois un seul recueil, Darwin Smith retrouve le contenu symbolique unique qui se cache derrière la variété de textes dont l’organisation « défie souvent toute logique apparente » (Maistre Pathelin..., op. cit., p. 51).
-
[6]
Le cas le plus exemplaire est celui de Nicolas du Plessy, procureur au bailliage de Sens, qui copie un très grand nombre de pièces littéraires, politiques et juridiques tout en fournissant quelques renseignements familiaux. Son recueil, actuellement le ms. Bern, Stadt und Universtätsbibl. 205, a fait l’objet d’une étude partielle par Charles de Roche et Gustave Wissler (Documents relatifs à Jeanne d’Arc et à son époque, dans Festschrift Louis Gauchat, Aarau, Sauerländer, 1926, p. 329-376) et d’une étude complète dans une thèse restée inédite (Virginie Portes, Nicolas du Plessy ou le profil culturel d’un officier royal au XVe siècle, Université du Québec à Montréal, Département d’Histoire, septembre 2002).
-
[7]
Félix Aubert (éd.), Paris, Picard, 1909 ; première famille ; ms. H de l’édition.
-
[8]
Le manuscrit est constitué de 202 feuillets sur papier, mesurant 210 × 280 mm ; il comporte 13 cahiers : 1 de 4 ff. (199-202) ; 1 de 6 (102-107) ; 1 de 12 (65-75 avec 1 f. retranché entre 70 et 71) ; 2 de 14 (108-120 avec 1 f. retranché entre 108 et 109, 185-198) ; 4 de 16 (121-136, 137-152, 153-168, 169-184) ; 1 de 20 (23-42) ; 2 de 22 (1-22, 43-64) ; 1 de 26 (76-101). Il est écrit en cursive livresque et agrémenté dans la première partie d’initiales filigranées (fol. 54 ro-vo et 76), d’initiales décorées (fol. 29, 46 vo, 47, 57 vo, 81 vo, 83 et 110) ou enjolivées avec de petits dessins à la plume (fol. 23, 36, 44, 98 vo). Les feuillets 59 vo à 61 vo, 108 ro b - vo, 119 vo à 121 vo, 197 vo à 199 sont blancs.
-
[9]
« Lettre P », proche Briquet 3559 (attesté Rouen 1433).
-
[10]
Pour le 1er cahier, filigrane « chat », proche Briquet 3559 (att. Paris 1414) ; pour le 3e, filigrane « dauphin », proche Briquet 5817 (att. Nieuwport 1415) ; pour le 4e, filigrane « ancre », proche Briquet 372 (att. Tonnerre, 1423-1424).
-
[11]
Pour ces deux pièces, voir infra, p. 16 et 25.
-
[12]
Il s’agit ici d’un remaniement de la traduction de Nicole Oresme effectué par Laurent de Premierfait peu avant de mourir en 1418 ; voir infra, p. 21-22.
-
[13]
Pour ces deux documents, voir infra, p. 14-15 et 25.
-
[14]
Cinq des documents transcrits comportent des dates permettant de situer à peu près la composition du recueil sans tenir compte de l’aspect paléographique : le no 3 est la collation faite au Parlement le 20 novembre 1431 d’un extrait de l’ordonnance cabochienne ; le no 4 est un arrêt rendu le 24 mars 1433 ; le no 5 est un acte daté du 24 juillet 1430 ; les nos 8 et 13 . 2 reproduisent des ordonnances d’Henri VI prises en 1428.
-
[15]
Copie plus ou moins résumée des nos 1-9, 11-18, 85-87 et 89 (section « domaine ») ainsi que des nos 95-97, 105, 112, 123, 125, 128 et 130 (section « aides ») ; voir L’ordonnance cabochienne (26-27 mai 1413), Alfred Coville (éd.), Paris, Picard, 1891, p. 4-16, 33-37, 40-41, 48, 63-65 et 69-70.
-
[16]
Ordonnances des rois de France de la troisième race, Paris, 1723-1849, 22 vol. ; XIV, p. 287.
-
[17]
Fol. 58 vo ; document no 3.
-
[18]
Fol. 59 ; document no 4.
-
[19]
Fol. 62 ro-vo ; document no 5.
-
[20]
Olivier Mattéoni, Vérifier, corriger, juger. Les Chambres des comptes et le contrôle des officiers en France à la fin du Moyen Âge, Revue historique, CCCIX/1, 2007, p. 62. En 1426, Lintelles fut chargé de lever deux tailles pour le roi ; quatre ans plus tard, il n’avait toujours pas rendu ses comptes ; après bien des procédures, il fut condamné en 1432 à une amende pécuniaire. Je remercie vivement Olivier Mattéoni de m’avoir fourni ces renseignements avant la parution de son étude.
-
[21]
Françoise Autrand, Naissance d’un grand corps de l’État. Les gens du Parlement de Paris, 1345-1454, Paris, Publications de la Sorbonne, 1981, p. 84, 86-89, 107, 120.
-
[22]
Félix Aubert, Histoire du Parlement de Paris de l’origine à François Ier, 1250-1515, Genève, Mégariots Reprints, s.d. (réimpr. de l’éd. de Paris, 1894), 2 vol. ; I, p. 48 n. 3.
-
[23]
Félix Aubert, éd. citée (n. 8), p. VI.
-
[24]
Ibid., p. XII.
-
[25]
Ibid., p. XXXIX-XL.
-
[26]
Un seul document, l’arrêt du Parlement de 1433 (no 4), pourrait laisser supposer une préoccupation d’ordre professionnel, mais nous verrons plus loin qu’il y a peut-être une autre explication à la présence de cet article dans le recueil.
-
[27]
C’est ainsi que les articles 7 . 1 et 7 . 3 se trouvent dans les mss. Bordeaux, BM 362 (fol. 79-85) et Paris, BnF fr. 18110 (fol. 35-47), en compagnie de l’article 7.2, lequel se retrouve également dans le ms. Paris, BnF lat. 14669 (fol. 250-251 vo).
-
[28]
« Collatio presentis copie clausule suprascripte extracte a quibusdam ordinacionibus regiis publicatis in camera Parlamenti (...) facta fuit Parisius in eadem camera (...) ad requestam Johannis de Lintelles servientis equitis domini nostri regis in castelleto Parisiensi die .XXa. novembris anno Domini millesimo .CCCCo XXXJo. » (fol. 58 vo ; reproduit par Alfred Coville, Les Cabochiens et l’ordonnance de 1413, Paris, Hachette, 1888, p. 421).
-
[29]
« A tous ceulx qui ces presentes lettres verront, Simon Morhier, chevalier, seigneur de Villiers, conseiller du roy nostre seigneur et garde de la prevosté de Paris salut. Savoir faisons que nous, l’an de grace mil .IIIIc. vint et six, le lundi .Xe. jour du mois de mars, veismes et leusmes mot a mot une lettres du roy nostre seigneur seellees de son grant seel (...). Donnees a Paris le .XXIJe. jour de janvier l’an de gracez mil .IIIIc. vint cinq et de nostre regne le quart (...). Et nous a ce present transcript du vidimus avons mis le seel aud. prevosté de Paris. Ce fut fait l’an et jour dessus premiers diz » (fol. 98 vo et 101 vo ; Ordonnances..., op. cit. (n. 17), XIII, p. 110-113).
-
[30]
T. VIII, p. 481, note. Toutefois, il n’est guère pertinent de se fier aux seules indications fournies par les éditeurs de cette monumentale entreprise, quels que soient les mérites de cette dernière, car les textes publiés ne sont pas toujours sûrs ; Philippe Contamine, Les livres des hommes de pouvoir : de la pratique à la culture écrite, II : Le témoignage des ordonnances royales, début XVe - début XVIe siècle, dans Pratiques de la culture écrite en France au XVe siècle, Monique Ornato et Nicole Pons (éd.), Louvain-la-Neuve, FIDEM, 1995, p. 205.
-
[31]
Édition du texte dans Les Grandes Chroniques de France, Paulin Paris (éd.), Paris, Libraire Téchener, 1836-1838, 6 vol. ; VI, p. 478-481.
-
[32]
Petite chronique française, Louis Douët d’Arcq (éd.), dans Mélanges de littérature et d’histoire (...) publiés par la Société des Bibliophiles françois, seconde partie, Paris, 1867, p. 1-30 : « L’an mil .IIIc et IIII. (...) furent pendus les enfens de la bourgoisie de Paris (...). Si fist le prevost bien pou aprés despendre ung des enfens qui estoit clerc » (lat. 4641B, fol. 132 ; p. 6-7).
-
[33]
« L’an mil .IIIc et XX. le jour saint Jaques et saint Christofle fu pendu Henry de Taperel, prevost de Paris » (fol. 133 ; ibid., p. 11). « L’an mil .IIIc XXXVI. (...) la vigile de la Magdaleine (...) fut pendu monseigneur Hugues de Craisy prevost de Paris » (fol. 133 vo ; ibid., p. 13-14).
-
[34]
L’ordonnance cabochienne..., op. cit. (n. 16), no 149, p. 84-85.
-
[35]
The Teachings of Saint Louis, David O’Connell (ed.), Chapell Hill, University of North Carolina Press, 1972, p. 55-60.
-
[36]
Ibid., p. 14 et 40-45. Le registre Noster (actuellement BnF lat. 12814) est le seul liber memorialis à avoir échappé à l’incendie de la Chambre des comptes en 1737 : Joseph Petit et al., Essai de restitution des plus anciens Mémoriaux de la Chambres des comptes de Paris, Paris, F. Alcan, 1899.
-
[37]
Le fait qu’il ait relevé nombre d’ordonnances relatives à la levée des taxes (nos 10.1 à 10.14) n’est pas en soi très significatif. On constate en effet que, comme dans le cas des ordonnances de procédure, certains de ces documents apparaissent en compagnie du Stilus dans d’autres manuscrits : ainsi, le Paris, BnF nouv. acq. lat. 198 transmet les articles 10 . 5, 10 . 6 et 10 . 11 (fol. 185, 190 et 188). De son côté, Nicolas du Plessy (supra, n. 7) copie les articles 10 . 2 à 10 . 5 (ms. Bern 205, fol. 72-76), 10 . 9 (fol. 541-544), 10 . 11 (fol. 78 vo - 79 vo) et l’article 10 . 6 à deux reprises (fol. 76-78 et 540-541).
-
[38]
Il était peut-être originaire de Reims car le manuscrit transmet un ancien coutumier de cette ville, coutumier qui ne saurait être postérieur au XIVe siècle (document no 12). Je tiens ce renseignement de Robert Jacob qui a examiné les pièces juridiques de ce recueil, ce dont je le remercie vivement.
-
[39]
Édition du texte par Achille Jubinal, Mystères inédits du XVe siècle, Genève, Slatkine Reprints, 1977 (réimpr. de l’éd. de Paris, 1837), 2 vol. ; I, p. 369-376.
-
[40]
Lat. 4641B, fol. 148 vo ; ibid., p. 370-371.
-
[41]
C’est le nom, provenant du titre sous lequel elle apparaît dans deux manuscrits, que lui a attribué Robert Bossuat dans son étude, Le Dit des roys. Chronique rimée du XIVe siècle, dans Mélanges de linguistique romane et de philologie médiévale offerts à Maurice Delbouille, Gembloux, Duculot, 1964, 2 vol. ; II, p. 49-58. On en connaît actuellement huit manuscrits, tous du XVe siècle.
-
[42]
Ibid., p. 50.
-
[43]
Dans un manuscrit, le Paris, BnF fr. 4437, la généalogie comporte des additions jusqu’à Louis XI ; dans les mss. fr. 1707 et lat. 4641B, la prolongation ne porte que pour Charles VI. Les vers concernant ce dernier dans notre recueil ont été ajoutés dans un deuxième temps par rapport à la copie de l’ensemble ; ce deuxième temps est très proche du premier.
-
[44]
Paris, BnF fr. 4437, fol. 246 ro-vo : consommation quotidienne des habitants de la ville (150 bœufs, 800 moutons, etc.) et nombre de ménages parisiens (74 000, « sans les prestres et les escoliers »). Cette « despense » est très proche de celle reproduite d’après un incunable de la fin du siècle dans Antoine Le Roux de Lincy et Lazare-Maurice Tisserand, Paris et ses historiens au XVe siècle, Paris, Imprimerie impériale, 1867, p. 494.
-
[45]
Paris, BnF fr. 17527, fol. 80 ro - 86 vo.
-
[46]
« L’an mil .IIIc et X., le mardi devant la saint Nycolas en may, furent ars .liiii. templiers entre les bois de Vincenes et le moulin au vent pres de Paris » (lat. 4641B, fol. 132 vo ; L. Douët d’Arcq, éd. citée (n. 33), p. 8-9).
-
[47]
« L’an mil .IIIc XXVIII., le mardi apres la feste saint Marc, fut pendu Pierre Remy au gibet de Paris, lequel il avoit fait faire nouvellement a pilliers de pierre si comme il est a present. Et si fut le premier qui l’estrena » (fol. 133 vo ; ibid., p. 12).
-
[48]
Fol. 134 ; ibid., p. 15.
-
[49]
« En cel an (1342), le jour de la saint Pierre, le premier jour d’aoust, furent emutilez, traynez et pendus au gibet de Paris .V. fausseres du seel du roy de France, et une femme enfoye dessoubz le gibet pour celle cause, laquele estoit seur de Mahiet Tortefontaine, l’un des .V., et les autres quatre avoient a nom, cestassavoir le premier Gaultier Tortefontaine, cousin dudit Mahiet, le second Guillaume Bidaut, le tiers Hue Dieuran et le .IIIIe. Sarrazin qui fu nez en la rue Nostre-Dame de Paris » (fol. 134 ; ibid.).
-
[50]
« En cel an (1321), le sabmedi .II. jours de janvier, trespassa Philippes le Long roy de France et de Navarre, et ou mois de fevrier aprés furent les grans naiges. En cel an mesmes, le jeudi aprés Oculi mei, li roys Charles conte de La Marche revint de son sacre a Paris le .XVIe. jour en mars. (...) L’an mil .IIIc et XXVII., le premier jour de fevrier, trespassa le roy Charles, frere de Loys et de Phelippe dessusdiz, enfans du devantdit Phelippe le Bel. (...) En cel an (1328) le roy Phelippes de Valois revint de son sacre a Paris, et la royne avecques, le dimenche veille saint Martin d’esté » (fol. 133 ro-vo ; ibid., p. 11-12).
-
[51]
Œuvres de Georges Chastellain, baron Joseph Kervyn de Lettenhove (éd.), Genève, Slatkine Reprints, 1971 (réimpr. de l’éd. de Bruxelles, 1863-1866), 8 vol. ; VI, p. 129-130 : « Dictié trouvé l’an 1446 dans l’hostel du roy Charles VII. » D’où vient cette anecdote ? Comment se fait-il que ce pamphlet se retrouve à plus d’un siècle de distance ? Nous n’avons pour l’instant aucun élément permettant de répondre à ces questions.
-
[52]
Robert Bossuat, Le Dit des roys..., art. cité (n. 42), p. 58.
-
[53]
C’est ce que je laissais entendre dans mon article, À l’origine des dossiers polémiques : une initiative publique ou une démarche privée ?, dans Pratiques de la culture écrite... op. cit. (n. 31), p. 375.
-
[54]
Journal d’un bourgeois de Paris, Colette Beaune (éd.), Paris, Librairie générale française, Lettres gothiques, 1990, p. 21.
-
[55]
Jean Sonet, Répertoire d’incipit de prières en ancien français, Genève, Droz, 1956, no 1668.
-
[56]
Ibid., no 583 (paraphrase par Gautier l’Épicier).
-
[57]
Sur ce dernier, voir la notice d’Antoine Thomas dans Histoire littéraire de la France, t. 36, Paris, 1927, p. 35-66 ; le Servantois (p. 49) est transmis également par le ms. Paris, BnF fr. 1543, fol. 99 a.
-
[58]
Yves Lefèvre, L’Elucidarium et les lucidaires. Contribution par l’histoire d’un texte à l’histoire des croyances religieuses en France au Moyen Âge, Paris, E. de Boccard, 1954, p. 292-308. On connaît plus de 60 manuscrits de l’Elucidarum pour la seule France ; il fut traduit dans nombre de langues vernaculaires. La traduction française du XIVe siècle, dite Second Lucidaire est très probablement l’œuvre d’un dominicain ; elle connut elle aussi un large succès.
-
[59]
« Jherusalem est visio pacis, Bethanie domus obediencie, le Mont d’Olivet, c’est mons trium luminum » (lat. 4641B, fol. 177 vo).
-
[60]
Cette « instruction » est très différente de la « Devise de la messe », pièce qui fait partie des « recueils dévôts » (infra, n. 95) ; elle diffère également des recommandations de Jean Gerson (« Comment on se doit maintenir à la messe » ; Opera, Palémon Glorieux (éd.), Paris, Desclée & Cie, 1960-1973, 10 vol. ; X, no 532 b, p. 321-323) comme de celles de l’auteur du Mesnagier de Paris : voir Georgina Brereton, Janet Ferrier et Karin Ueltschi (éd.), Paris, Libraire générale française, Lettres gothiques, 1990, p. 50-56. Par contre, on la retrouve dans le recueil de Nicolas du Plessy (supra, n. 7, ms. Bern 205, fol. 58-59).
-
[61]
Lat. 4641B, fol. 143 ro-vo.
-
[62]
Édition du texte dans Achille Jubinal, Mystères inédits..., op. cit. (n. 40), I, p. 356-359.
-
[63]
Beatus Augustinus : Omnis fornicacio fugienda est quia fornicacio sive luxuria pecuniam tollit, corpus corrumpit, famam deterit, corpori dat infirmitatem scilicet paralisim, oculis cecitatem (...) Ambrosius : Nichil valet virginitas carnis ubi habundat iracundia cordis. Beatus Jacobus : Qui in uno peccato mortali Deum offenderit, factus est omnium reus, etc. (fol. 177 vo).
-
[64]
Jules Viard (éd.), Bibliothèque de l’École des chartes, 61, 1900, p. 334-338.
-
[65]
« À tous vrais, loyaulx et feaulx crestiens et crestiennes, amis et amies de Dieu le tout-puissant qui ceste presente espitre verront et orront, joye, paix et consolacion en Dieu (...) » (fol. 145).
-
[66]
Il est possible que le compilateur nous transmette ici un office qui diffère de ceux déjà connus. Il contient en effet une prière du mourant qui n’est pas répertoriée dans les répertoires d’incipits de prières en ancien français : « Mon tresdoulx createur, tu m’as de ton precieux sanc par ta saincte pitié, racheté ; ne regarde pas maintenant en ma grant neccessité mes pechiez, mais ta saincte misericorde que je appelle entre ton saint jugement et ma povre ame pecheresse ; laquele, tres doulx Jhesu, je recommande en tes sainctes mains » (fol. 145 vo).
-
[67]
Fol. 177 vo. La seconde transcription (fol. 199 vo) diffère légèrement : « Bien penser interiurement a l’amour et cremeur de Jhesucrist. Bien penser a la mort de Jhesucrist et de soy mesmes. Bien penser a la bonté de Dieu. »
-
[68]
Joseph Morawski, Les douze mois figurez, Archivum romanicum, 10, 1926, p. 351-363 ; Glynnis M. Cropp, Les douze mois figurez. Un manuscrit et une traduction, Romania, 101, 1980, p. 262-271. On connaît six manuscrits du poème ; surtout, il a été imprimé et remanié à plusieurs reprises.
-
[69]
Vv. 13-19 : « Premier doy prendre et commencier / Six ans pour le moys de janvier, / Qu’il n’a ne force ne vertu. / Quant l’enfant a six ans vesqu, / Les autres .VI. ans le font croistre / Et adont se prent a cognoistre ; / Aussi fait fevrier tous les ans, etc. » (lat. 4641B, fol. 137 vo b - 138 ro a ; Joseph Morawski, art. cité, p. 356).
-
[70]
Fol. 138 ro b ; ibid., p. 357, vv. 59-61.
-
[71]
Fol. 138 ro b ; ibid., p. 358, vv. 84-93.
-
[72]
Fol. 138 ro b ; ibid., p. 358, vv. 102 et 104-105.
-
[73]
Les autres manuscrits du poème transmettent une version qui est encore plus cynique : « Car bien s’appaçoit qu’il s’en va, / Et peut bien savoir, s’il n’a tort, / Que ses hoirs desirent sa mort, / Soit en ce temps povres ou riches ; / Car s’il est povres, etc. » (ibid., p. 358). Émile Mâle fait une analyse de ce poème et étudie les représentations figurées qui en ont été tirées dans un certain nombre de livres d’heures (L’art religieux de la fin du Moyen Âge en France, Paris, Armand Colin, 1922, p. 303-306) ; il conclut ainsi : « Il semblerait, à entendre nos artistes, que l’homme n’ait pas d’autre devoir que de s’enrichir. »
-
[74]
Lat. 4641B, fol. 141 vo a et 142 ro a.
-
[75]
Ordonnances..., op. cit. (n. 17), I, p. 387-389.
-
[76]
Nouvelle histoire de Paris. Paris au XVe siècle, 1380-1500, Paris, Association pour la publication d’une Histoire de Paris, 1974, p. 183.
-
[77]
Ordonnances..., op. cit. (n. 17), XIII, p. 135-138. Je remercie vivement Caroline Bourlet des renseignements qu’elle m’a fournis sur ces ordonnances tant immobilières que financières.
-
[78]
Il est à noter qu’on les retrouve dans le ms. Paris, BnF lat. 12812, fol. 94 ro-vo et 97-100. Ce dernier – qui contient lui aussi le Stilus de Guillaume Du Breuil – a été étudié par Paul Guilhiermoz, Enquêtes et procès, Paris, Picard, 1892, p. 169-171. Il s’agit d’un manuscrit très soigné de 113 feuillets sur parchemin, exécuté au début du XVe siècle et utilisé par le président au Parlement Jean de Longueil, puis par des descendants de la famille. Les premiers ajouts – qui comprennent les deux documents en question – datent probablement des années 1430.
-
[79]
Nicole Pons, L’instauration d’une économie domestique bourgeoise. La traduction des Économiques du Ps.-Aristote par Laurent de Premierfait dans Images de l’autorité et autorité des images, Kalamazoo (Mich.), Medieval Institute Publications, à paraître.
-
[80]
Voir en dernier lieu Un traducteur et un humaniste de l’époque de Charles VI, Laurent de Premierfait. Études réunies par Carla Bozzolo, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004.
-
[81]
« Cy commence un petit livret appellé Yconomiques qui fait mencion des Éthiques et de Politiques que Aristote, prince des philozophes, fist et compila pour le grant Alixandre, roy de Macedoine. Lequel livret a esté de nouvel translaté de latin en françoys par discrete personne Laurens du Premierfait » (lat. 4641B, fol. 178).
-
[82]
Albert Menut, Maistre Nicole Oresme, Le Livre de Yconomique d’Aristote, Transactions of the American Philosophical Society, 47, 1957, p. 782-853.
-
[83]
Par exemple, la rubrique de Nicole Oresme « ou quart chapitre il monstre par quelles loys et comme le mary doit faire que sa femme soit bonne » (l. II, chap. 4 ; ibid., p. 834) devient chez Premierfait « le quatriesme chappitre ouquel Aristote monstre par quelles lois et regles et comment le mary doit faire que sa femme soit bonne en honneur et prouffit » (fol. 189). Voir encore le passage terminant le traité : « Texte. Et appartient que le homme, tant comme il a vie, considere et pense moult de soy avoir justement a sa femme et a ses filz et filles et a ses parens – Glose. En attribuant et faisant a chescun les honeurs et les biens que l’en lui doit faire » (l. II, chap. 8 ; ibid., p. 847) ; Premierfait le transforme ainsi : « Et appartient aussy que tandis que l’omme vit, il tousjours considere et pense moult en son couraige a soy justement maintenir envers sa femme, ses enfans et ses parens, afin qu’il actribue et face a chacun telz honneurs et prouffit comme il leur doit » (fol. 193).
-
[84]
L. II, chap. 1, fol. 186 vo ; quelques lignes plus loin : « Se le mary commande aucune chose a sa femme, il convient qu’elle obeisse » (fol. 187).
-
[85]
Voir Karin Ueltschi, éd. citée (n. 61), p. 11.
-
[86]
L. I, chap. 4, fol. 182 vo - 183.
-
[87]
L. I, chap. 2, fol. 179 vo ; l. II, chap. 3, fol. 188 vo.
-
[88]
L. I, chap. 5, fol. 183 vo ; voir également, quelques lignes plus loin : « Les serfs qui sont plus liberaulz et qui approuchent plus des vertus et bonnes meurs doit l’en plus honnorer en la maison des seigneurs. »
-
[89]
Ainsi Christine de Pizan, dans son Livre de la paix, déclare, à propos du « serviteur de court » : « Amour premierement doit avoir a son seigneur... De ceste amour se doit demonstrer en toutes les choses qui peuent touchier au bien dudit seigneur, en corps, en ame, honneur renommé et prouffit les pourchacier, garder, avancier et maintenir de tout son pouoir de ce qu’il lui appartient a faire » (Charity Cannon Willard (éd.), ‘S-Gravenhage, Mouton & Cie, 1958, p. 84).
-
[90]
L. I, chap. 3, fol. 181 vo ; la remarque vient en conclusion d’un passage où l’auteur explique que « la communicacion de homme et de femme mariez (...) est prouffitable [car] la naturelle generacion des enfans est pour cause de utilité ou prouffit. Car le prouffit et le bien que les parens quant ilz estoient puissans ont fait ou firent a leurs enfans quant ilz estoient impotens et dizeteux, et ceulx parens reportent et reçoivent autrefois le prouffit et le bien en leur vieillesse quant ilz sont devenus impotens ».
-
[91]
L. I, chap. 6 et 5, fol. 185 et 184.
-
[92]
Joseph Morawski (éd.), Paris, PUF, 1924.
-
[93]
Marianne Oswald (éd.), Romania, 90, 1969, p. 31-73 et 202-241.
-
[94]
Dénomination utilisée par Joseph Morawski dans son introduction à l’édition des Diz et proverbes. Il constate que nombre de manuscrits les transmettant s’inscrivent dans ce type de recueils : « Tous ils reproduisent un certain nombre de traités de dévotion en prose et deux ou trois morceaux en vers (...). Les traités essentiels sont les suivants : Lamentations et Méditations de saint Bernard ; Contemplation, Oraison et Méditation de saint Augustin, Enseignements de Saint Louis, Livre de la misère de l’homme par Lothaire (devenu pape Innocent III), divers traités sur l’amour de Dieu, la messe, la confession, les moyens de se garder des tentations, etc. À la fin du recueil, on trouve les Proverbes de Senèque, Diz et proverbes des sages, suivis des Dits des philosophes du grand roi Alexandre et d’un poème en sixains, Je vois mourir » (p. XII).
-
[95]
Vat. Reg. lat. 1323, fol. 254-261. Il s’agit là aussi d’un recueil privé, copié dans les années 1475-1480 par un certain Jehan Panier « marchant du palais » (Gianni Mombello, La tradizione manoscritta dell’Epistre Othea’di Christine de Pizan, Torino, Accademia delle Scienze, 1967, p. 251-252 et 272).
-
[96]
L’Épitre farcie de S. Étienne est transmise dans le lat. 4641B dans une version dont on ne connaît pas d’autre exemplaire. Mais il existe au moins huit autres Épîtres farcies concernant cette fête, toutes différentes : Édith Brayer, Catalogue des textes liturgiques et des petits genres religieux, dans La littérature didactique, allégorique et satirique. Partie documentaire, Hans Robert Jauss (dir.), Heidelberg, Carl Winter-Universitätsverlag, 1970 (GRLMA, VI/2), p. 34-35.
-
[97]
Édition du texte par Dominique Martin Méon, Nouveau recueil de fabliaux et contes inédits, Genève, Slatkine Reprints, 1976 (réimpr. de l’éd. de Paris, 1823), 2 vol. ; I, p. 416-436.
-
[98]
Édition du texte par Paul Meyer, Prières et poésies religieuses tirées d’un manuscrit lorrain, Arsenal 570, Bulletin de la Société des anciens textes français, 27, 1901, p. 64-67.
-
[99]
Ainsi les mss Chantilly 278 (575) pour le premier cas ; Paris, BnF fr. 1020, pour le second.
-
[100]
Robert Bossuat qualifie son auteur d’ « humble poète » aux « pauvres moyens », art. cité (n. 42), p. 58.
-
[101]
Mss Bruxelles, B.R. 14785-14786, et Paris, BnF fr. 5391.
-
[102]
Voir Anatole de Montaiglon, Recueil des poésies françoises des XVe et XVIe siècles, Paris, P. Jannet, 1855-1865, 9 vol. ; VII, p. 299-301 (pièce analogue).
-
[103]
Édition du texte par Paul Meyer, Les manuscrits français de Cambridge, II. Bibliothèque de l’Université, Romania, 15, 1885, p. 316, n. 2.
-
[104]
Les références ne sont données que pour les documents qui n’ont pas été pris en compte dans l’étude qui précède.
-
[105]
Célèbre parlementaire parisien, il fut notamment l’avocat du roi de 1366 à 1383 ; Robert Delachenal, Histoire des avocats au Parlement de Paris, 1300-1600, Paris, Plon, 1885, p. 165, n. 8.
-
[106]
Ordonnances..., op. cit. (n. 17), II, p. 223-224.
-
[107]
Ibid., IV, p. 507-508.
-
[108]
Ibid., II, p. 225 col. A.
-
[109]
Ibid., p. 225 col. B - p. 226 col. A.
-
[110]
Ibid., p. 226 col. A - p. 227 col. A.
-
[111]
Ibid., p. 227 col. A - p. 228 col. A.
-
[112]
Ibid., VIII, p. 396 (copie abrégée dans le recueil).
-
[113]
Ibid., XIII, p. 29, et XI, p. 143 (copie abrégée dans le recueil).
-
[114]
Ibid., VI, p. 3-6.
-
[115]
Ibid., VII, p. 748-750.
-
[116]
Ibid., p. 750.
-
[117]
Ibid., p. 750-751.
-
[118]
Ibid., p. 52-55.
-
[119]
Ibid., p. 764-767.
-
[120]
Ibid., p. 246-249.
-
[121]
Ibid., VI, p. 207-210.
-
[122]
Ibid., VI, p. 442-449.
-
[123]
Ibid., VII, p. 463-466.
-
[124]
Ibid., p. 525-527.
-
[125]
Ibid., p. 753-754.
-
[126]
Ibid., VIII, p. 313-314.
-
[127]
Ibid., VII, p. 312-313.
-
[128]
Ibid., VIII, p. 481.
-
[129]
Édition du texte dans Joseph Morawski, Diz et proverbes..., op. cit. (n. 93), Appendice I, p. 92.
-
[130]
Ball. 1191 (Œuvres complètes, marquis Queux de Saint-Hilaire et Gaston Raynaud (éd.), Paris, Firmin Didot, 1878-1904, 11 vol. ; VI, p. 170-171).
-
[131]
Ball. 208 (ibid., II, p. 30-31).
-
[132]
Édition du texte dans Alessandro Vitale-Brovarone, Recueil de galanteries (Torino, Archap. di Stato, J.b.IX.10), Le Moyen Français, 6, 1980, p. 82, no 173.