Notes
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[1]
Depuis une vingtaine d’années et les travaux pionniers de Madeleine Foisil, la recherche universitaire manifeste un intérêt nouveau pour les livres de raison, marqué par la réalisation de nouvelles éditions et d’un certain nombre de travaux sur la question. Sans pouvoir encore en dresser une liste exhaustive, on citera Jean-Louis Biget et Jean Tricard, Livres de raison et démographie familiale en Limousin au XVe siècle, Annales de démographie historique, 1981, p. 321-363 ; Marie-Rose Bonnet (éd.), Livres de raison et de comptes en Provence, fin du XIVe siècle - début du XVIe siècle, Aix, Publications de l’Université de Provence, 1995 ; André Burguière, La mémoire familiale du bourgeois gentilhomme : généalogies domestiques en France aux XVIe et XVIIe siècles, Annales ESC, 46-4, 1991, p. 771-788 ; Michel Cassan (éd.), Une famille briviste au XVIe siècle, le livre des Maillard, Treignac, Les Monédières, 1996 ; Claire Chatelain, Le « papier journal » d’un marchand angevin et de sa femme au XVIIe siècle, Revue d’Histoire moderne et contemporaine, juillet-septembre 2000, p. 429-457 ; Noël Coulet, Le livre de raison de Guillaume de Roufilhac (1354-1364), Genèse et débats du Grand Schisme d’Occident, Paris, 1980, p. 75-88 ; Bernard Delmaire, Le livre de famille des Le Borgne (Arras, 1347-1538), contribution à la démographie historique médiévale, Revue du Nord, t. LXV, no 257, avril-juin 1983, p. 301-326 ; Madeleine Foisil, Le Sire de Gouberville, Paris, Aubier-Montaigne, 1981 ; Bruno Isbed (éd.), Charles Bourdeaux, Journal d’un bourgeois de Rennes au XVIIe siècle, Rennes, 1992 ; Jean Jost, Trois siècles de vie d’une famille bourgeoise à Brive : la famille Salviat, Bull. Soc. scient. hist. et arch. de la Corrèze, t. CXII, 1990, p. 61-72 ; Nicole Lemaitre, Le scribe et le mage, notaires et société rurale en Bas-Limousin, aux XVIe et XVIIe siècles, Ussel, Musée du Pays d’Ussel, 2000 ; Paulette Parat, Étude sur quelques livres de raison du Périgord, Bull. du Périgord, t. CXV, 1988, p. 41-53, p. 135-146 ; Jean Bernard Renaud de Lage, Une famille bourgeoise au XVIIe siècle en Bas-Limousin, Bull. de la Corrèze, t. CXV, 1993, p. 99 ; t. CXVI, 1994, p. 78-90 ; Robert Sauzet, Le notaire et son roi, Étienne Borrelly (1633-1718), un Nimois sous Louis XIV, Paris, Plon, 1998 ; Jean Tricard, La mémoire des Benoist : livre de raison et mémoire familiale au XVe siècle, Temps, mémoire, tradition au Moyen Âge, Actes du XIIIe congrès de la SHMESP, Aix, Publications de l’Université, 1983, p. 119-140 ; Id., Qu’est-ce qu’un livre de raison limousin du XVe siècle ? Journal des Savants, juillet-décembre 1988, p. 261-275 ; Id., Mariage, « commérages », parrainage : la sociabilité dans les livres de raison limousins au XVe siècle, Croyances, pouvoirs et société, Treignac, Les Monédières, 1988, p. 129-142 ; Id., Livres de raison et présence de la bourgeoisie dans les campagnes limousines (XIVe-XVe siècle), Campagnes médiévales, l’homme et son espace, études offertes à Robert Fossier, Paris, Publications de la Sorbonne, Paris 1995, p. 711-722 ; Id., Maladies et médecine en Limousin, à la fin du Moyen Âge, Milieux naturels, espaces sociaux, études offertes à Robert Delort, Paris, Publications de la Sorbonne, 1997, p. 741-749 ; Id., Bourgeois casaniers et noble voyageur au miroir de leur livre de raison, Cahiers de Recherches médiévales, no 3, 1997, p. 43-50 ; Id., Voyages de la jeunesse et voyages de la maturité : le « journal » de Pierre de Sainte-Feyre (1498-1533), Voyages et voyageurs au Moyen Âge, XXVIe Congrès de la SHMESP, Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, p. 93-102 ; Id., La mémoire des morts dans les livres de raison limousins du XVe siècle et ses limites, Autour des morts, mémoire et identité, Rouen, Publications de l’Université 2000, p. 338-343 ; Id., Vie religieuse et attentes familiales particulières dans les livres de raison limousins de la fin du Moyen Âge, Études offertes à Hervé Martin, Publications de l’Université de Rennes (sous presse).
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[2]
Dernier état de la question dans Raul Mordenti, I libri di famiglia in Italia, t. II, Geografia et storia, Rome, Edizioni di Storia e Litteratura, 2001, à l’origine de cette étude comparée.
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[3]
Ibid., p. 9-14.
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[4]
Frédéric Le Play, La réforme sociale en France déduite de l’observation des peuples européens, Paris, Plon 1864 ; Id., L’organisation de la famille, Paris, Téqui, 1871.
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[5]
Charles de Ribbe, Le livre de famille, Tours, Mame, 1879 ; Id., La société provençale à la fin du Moyen Âge, Paris, Perrin, 1898 ; Id., Les livres de raison en Allemagne et le Tagesbuch d’Albrecht Durer, Paris, F. Leve, 1886, p. 7-8 ; Id., La vie domestique, ses modèles et ses règles d’après les documents originaux, 2 t., Paris, E. Baltenweck, 1877, Id., La famille et la société en France avant la Révolution, d’après des documents originaux, Paris, J. Aubanel, 1873. Charles de Ribbe fut le premier, au XIXe siècle, à lancer l’enquête sur les livres de raison – pas toujours avec la plus grande rigueur scientifique d’ailleurs. La plupart des autres érudits de son temps rendent hommage à son initiative pionnière. Tamizey de Larroque, par exemple, dédie ses travaux « À mon maître et ami Charles de Ribbe, le créateur des études relatives aux livres de raison ».
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[6]
Philippe Tamizey de Larroque, Deux livres de raison de l’Agenais, suivis d’extraits d’autres registres domestiques et d’une liste récapitulative sur les livres de raison publiés ou inédits, Auch-Paris, L. Cocharaux, 1893 ; au-delà de son travail d’éditeur de livres de raison, Philippe Tamizey de Larroque joue un grand rôle dans leur recherche en animant des réseaux d’érudits, souvent socialement et idéologiquement proches de lui, à travers la France ; il cite parmi ses « correspondants et amis », outre des archivistes départementaux, un chanoine en Dauphiné, le « receveur particulier d’Alais » pour le Languedoc, un bâtonnier de l’ordre des avocats en Lyonnais, un abbé dans le Maine, un conseiller à la cour d’Aix, un « juge de paix bibliophile », le vicomte O. Poli, « président du Conseil héraldique de France », pour la Provence ; un membre de l’Institut, pour la Bretagne.
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[7]
Louis Guibert a mené une recherche de qualité sur les livres de raison limousins et marchois à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, en collaboration avec Alfred Leroux, archiviste de la Haute-Vienne, qui partageait sa passion pour l’édition des livres de raison, pas ses préoccupations idéologiques.
Louis Guibert (éd.), Le livre de raison d’Étienne Benoist, Limoges, Ducourtieux, 1882 ; Id., avec Alfred Leroux, Pierre et Jean de Cessac, l’abbé Lecler, Livres de raison, registres de famille et journaux individuels limousins et marchois, Paris-Limoges, Picard-Ducourtieux, 1888 ; Id. avec Alfred Leroux, Jean-Baptiste Champeval, l’abbé Lecler et Louis Mouffle, Nouveau Recueil des registres domestiques limousins et marchois, Limoges-Paris, Ducourtieux-Picard, 2 t., 1895 et 1903. -
[8]
Albert Baudon, érudit rethelois, « membre du conseil héraldique de France », écrit, par exemple, dans sa préface au livre de raison de Jean-Quentin Durand : « Ce sont de nouveaux matériaux pour l’histoire locale... ces écrits sont assez rares dans notre région pour qu’on fasse bon accueil à ceux qui tombent entre nos mains » (Albert Baudon, Le livre de raison de Jean-Quentin Durand, avocat et bourgeois de Rethel au XVIIIe siècle, Rethel, 1898, p. V et VIII) On pourrait multiplier pareilles citations qui minimisent en fait la valeur des textes. Deux érudits toulousains, Louis de Santi et Auguste Vidal, se singularisent, en revanche, en écrivant : « Les livres de raison, sont, avec les archives notariales et les inventaires domestiques, les documents qui nous font pénétrer le plus avant dans la vie privée, dans l’intimité des siècles passées. » Et ils dénoncent « le dédain des historiens pour les documents d’intérêt privé » (Louis de Santi et Auguste Vidal, Deux livres de raison (1517-1550), Paris-Toulouse, 1896, p. 3-4).
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[9]
Louis Guibert écrit dans la préface du livre de raison de Pierre de Sainte-Feyre : « Les mêmes mentions reviennent fort souvent, on peut même dire périodiquement quand il s’agit de redevances payées, de baux payés, de baux acensés, etc. Nous avons dû faire un choix et ne publier que des extraits » (Nouveau Recueil, t. I, p. 156). On constate, en fait, que dans son choix des textes, l’auteur privilégie les récits de voyage et de pèlerinage au détriment des informations sur la vie rurale, trop répétitives et sans doute moins intéressantes à son goût.
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[10]
Robert Sauzet souligne que l’édition du livre de raison d’Étienne Borrelly par un érudit nîmois, le Dr A. Puech, à la fin du XIXe siècle est « défectueuse... incomplète et inexacte » (Robert Sauzet, op. cit., p. 7-8). Ce n’est pas l’apanage des seules éditions anciennes (Noël Coulet, CR de Marie-Rose Bonnet, Livres de raison..., Provence historique, t. LXVI, 185, 1996, p. 426).
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[11]
Ainsi le Dr Puech exerce-t-il une « censure » sur le texte. « Visiblement choqué par la violence des sentiments exprimés à l’égard des protestants, l’auteur a délibérément atténué la violence de certains passages » (Robert Sauzet, op. cit. (n. 1), p. 8).
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[12]
Michel Cassan, op. cit. (n. 1), p. 5-67 ; Ferdinand de Maillard avait publié le livre de raison en le démembrant pour écrire des articles thématiques dans le Bulletin de la société scient., hist. et arch. de la Corrèze, t. II, 1879, p. 289-327 ; p. 481-543, p. 751-802 ; t. III, 1881, p. 49-119, p. 577-687 ; t. IV, 1882, p. 271-353 ; t. V, 1883, p. 633-742 ; t. XX, 1898, p. 421-448 ; Nicole Lemaitre a publié op. cit. (n. 1), le livre de raison des Terrade dont Louis Guibert et Auguste Leroux avaient publié quelques pages, Nouveau Recueil, t. I, p. 285-297.
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[13]
Bernard Delmaire, op. cit., p. 312-326, d’après une copie de Dom E. Lepez, Bibl. mun. d’Arras, ms 376.
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[14]
Jean-Louis Biget et Bernard Delmaire ont découvert les livres de raison en démographes, à la recherche d’information sur la démographie familiale médiévale ; des ruralistes, ce fut mon cas, à la recherche de témoignages sur les activités des notables des petites villes et des bourgs ruraux ; Nicole Lemaitre, Robert Sauzet et Michel Cassan en spécialistes d’histoire religieuse et des guerres de Religion. Sylvie Mouysset analysait les pouvoirs urbains à Rodez dans une thèse où elle exploite les livres de raison ruthénois (Sylvie Mouysset, Le pouvoir et la bonne ville, Toulouse, PUM, 2000).
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[15]
Il n’y a pas encore eu de rencontre d’historiens entièrement consacrée aux livres de raison français. La « table ronde » organisée en 1998 à l’Université d’Aix-en-Provence par Noël Coulet, Charles de la Roncière et Louis Stouff sur les « livres de vie » italiens et français a constitué une des rares tentatives pour les mettre en valeur. Le thème choisi pour le congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public de 1982, « Temps, mémoire, tradition au Moyen Âge » aurait pu être également favorable à leur découverte. Il a surtout permis de mesurer les limites de leur popularité. Une seule communication leur a été consacrée (Jean Tricard, La mémoire des Benoist...). Les choses ne paraissent pas avoir beaucoup évolué depuis : un colloque des 5-6 juin 2002 à l’Université de Paris IV - Sorbonne sur les « nouvelles lectures du for privé » associe encore les livres de raison aux « journaux intimes, correspondances privées, autobiographies et mémoires » (« Au plus près du secret des cœurs », colloque organisé par F. J. Ruggiu et J.-P. Bardet).
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[16]
Des listes de livres de raison, parfois suivies d’analyses, accompagnent quelquefois les éditions anciennes ; elles sont précieuses, même si elles doivent être examinées d’un œil critique, faute de définition du genre. Ainsi, Louis Guibert, Livres de raison, p. 9-14 ; Id., Nouveau recueil, p. 7-10. Surtout, Philippe Tamizey de Larroque a publié une très abondante « liste récapitulative des livres de raison publiés et inédits » suivie d’un « appendice, analyse et extraits de divers livres de raison (Auvergne, Bretagne, Dauphiné, Languedoc, Provence) » – (Philippe Tamizey de Larroque, op. cit. (n. 6), p. 120-240 et p. 300-350). Plus près de nous, on citera Robert Mandrou, Introduction à la France moderne, essai de psychologie historique, Paris, A. Michel, 1961, p. 370-371.
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[17]
Le fichier de l’IRHT d’Orléans a été établi et tenu jusqu’à sa retraite par M. de Montalembert. Je remercie la direction et le personnel de l’IRHT de m’en avoir permis et facilité la consultation.
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[18]
Dans son « appendice, analyse et extraits de divers livres de raison », Philippe Tamizey de Larroque donne l’analyse de 38 livres de raison qui sont encore dans des archives privées et qui lui ont été communiquées, dans leur grande majorité, par leurs possesseurs du XIXe siècle (Philippe Tamizey de Larroque, op. cit. (n. 6), p. 141-202). Louis Guibert, au début de l’édition des Livres de raison limousins dresse une liste des livres alors connus : 34 sont dans des archives privées, 5 seulement dans des dépôts d’archives publics, 10 provisoirement ou définitivement « perdus ».
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[19]
« Papier » est employé dès le XVe siècle par Étienne Benoist évoquant les livres de raison, aujourd’hui disparus, de ses ancêtres du début du XIVe siècle (Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist, p. 31 et 69). On le retrouve en titre des « journaux » de Pierre de Sainte-Feyre dans les années 1500 (Louis Guibert, Nouveau recueil, t. 1, p. 155) et d’un marchand angevin du XVIIe siècle étudié par Claire Chatelain, op. cit. (n. 1), p. 431. Parmi bien d’autres cas.
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[20]
Jean Tricard, Qu’est-ce qu’un livre de raison..., p. 173-174.
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[21]
Par exemple, le livre des Massiot de Saint-Léonard (Saint-Léonard de Noblat, Haute-Vienne, ar. Limoges, ch.-l.-e.) de Pierre Espéron, de Saint-Junien (Saint-Junien, Haute-Vienne, ar. Rochechouart, ch.-l.-c.) des Quinhard de Brive (Brive-la-Gaillarde, Corrèze, ch.-l.-ar.) de Pierre de Sainte-Feyre, qui appartient cependant à une grande famille aristocratique (Sainte-Feyre, Creuse, ar. Guéret, c. Guéret sud-est), pour s’en tenir au Limousin et à la Marche, à la fin du Moyen Âge.
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[22]
Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist.
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[23]
Robert Sauzet, op. cit. (n. 1), p. 47-163.
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[24]
Étienne Benoist place en tête de son livre de raison les conseils donnés aux siens par son ancêtre Étienne Benoist le Vieux, comme l’ont fait, avant lui, ses ascendants, dans leurs « papiers », signe de révérence pour « le testament politique » de l’ancêtre et son auteur. Il n’en prend pas moins de grands risques lors des crises politiques qui secouent la ville au début du XVe siècle et se pose en animateur du parti consulaire alors que son ancêtre recommandait la prudence en tout et particulièrement dans la participation à la vie politique locale (Jean Tricard, Une ville et son traître : Limoges et l’affaire Gaultier Pradeau (XVe-XXe siècle), Villes, bonnes villes cités et capitales, études offertes à Bernard Chevalier, Tours, Publication de l’Université, 1989, p. 211-221).
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[25]
Charles de Ribbe en a donné un exemple particulièrement spectaculaire avec le livre des Deydier (Charles de Ribbe, La société provençale, p. 45-46). Roland Mousnier parle d’un livre de raison tenu pendant 354 ans, de père en fils, par les Curières de Castelnau (Roland Mousnier, Les institutions de la France, t. 1, Paris, PUF, 1974, p. 49).
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[26]
Étienne Benoist n’évoque jamais, dans son livre de raison, les circonstances suspectes de la mort de sa troisième femme, peut-être victime de ses mauvais traitements : elles lui valurent pourtant d’être cité en justice par ses beaux-fils. L’épisode peu glorieux, et certainement nuisible à l’honorabilité familiale, ne nous est connu que par un acte du Parlement, siégeant à Poitiers (Louis Guibert, Le troisième mariage d’Étienne Benoist, Limoges, 1903 ; Jean Tricard, La mémoire de Benoist..., p. 244-245).
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[27]
Pierre de Sainte-Feyre, qui a de grands ancêtres, n’en parle jamais dans son « papier-journal ». C’est sa propre vie qu’il donne en modèle à ses descendants, ainsi que celle de ses trois fils prématurément décédés (Louis Guibert, Nouveau recueil..., p. 184-190).
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[28]
Christiane Klapisch-Zuber, L’invention du passé familial à Florence (XIVe-XVe siècle), Temps, mémoire, tradition au Moyen Âge, Actes du XIIIe Congrès de la SHMESP, Aix-en-Provence, Publications de l’Université, 1983, p. 95-118.
-
[29]
André Burguière, L’état monarchique et la famille, Annales ESC, 56-2, mars-avril 2001, p. 327.
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[30]
Le notaire Borrelly écrit, après la mort de son fils et héritier : « Notta que depuis la mort de mon fils... j’ai négligé et je négligeray bien davantage à l’avenir de mettre dans ce registre ma despance et bien d’autres choses... parce que n’aiant plus de successeur, je ne me sousie plus de rien, n’aiant qu’un fils qui est prestre » (Robert Sauzet, op. cit. (n. 1), p. 10).
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[31]
Raul Mordenti, op. cit. (n. 2), p. 26-27.
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[32]
Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist, p. 70-75.
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[33]
Louis Guibert, Livres de raison, p. 190.
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[34]
Chronique et journal... de Gérald Tarneau, p. 237.
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[35]
Pierre de Sainte-Feyre, en faisant dans son « papier-journal » le récit du meurtre de son fils Jacques par la famille ennemie de Chastres, lègue à la mémoire de ses descendants un devoir de vengeance. Dans son livre de raison, un seigneur protestant, N. Lidon, tient une comptabilité précise des morts de son camp, en indiquant toujours le nom de ceux qui les ont tués : « Le mardy XII marz 1663, environ Vespres, David Gasc a été tué à sa fenestre, dans Monclar, de coups de pistolet et fuzil par las Bouygues, second filz de Pierre Gloire et frère de feu Auzeral, aussi de Monclar » (Philippe Tamizey de Larroque, op. cit. (n. 6), p. 69). N’est-ce pas désigner les meurtriers à la vengeance des Réformés ?
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[36]
Étienne Benoist écrit que les « papiers » familiaux sont « ici », dans le « forcier », c’est-à-dire le coffre familial (Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist, p. 45, 52, 56, 64, 67). De son côté, le provençal Jaume Deydier dresse l’inventaire « del instrumens que yeu Jaume Deydier ay trobat en nostre ostal que son en ma cayssa » (Charles de Ribbe, La société provençale, p. 46).
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[37]
La formule est d’Étienne Borrelly, évoquant la mort de son fils et successeur (Robert Sauzet, op. cit. (n. 1), p. 10).
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[38]
Raul Mordenti, op. cit. (n. 6), p. 39-81.
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[39]
Les érudits du XIXe siècle ont en effet, une fâcheuse tendance – pour donner plus d’importance à la source – à gonfler leurs listes de livres de raison d’œuvres qui n’y ont pas véritablement leur place, simples livres de comptes, mémoires, autobiographies... Avouons que le partage n’est pas toujours facile à faire.
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[40]
Michel Cassan, op. cit. (n. 1), p. XIV.
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[41]
« La copie de dom Lepez est incomplète et imparfaite. Le début manque, on saute aujourd’hui de la page 576 à la page 579 » écrit Bernard Delmaire, op. cit., p. 301-302 ; Louis Guibert indique que le « cahier-memento » de Psaumet Péconnet est parvenu jusqu’à lui amputé de ses feuillets centraux (Louis Guibert, Livres de raison, p. 175-186).
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[42]
Louis Guibert donne le chiffre de 104 livres de raison limousins (Id., De l’importance des livres de raison au point de vue archéologique, Caen, 1892, p. 1).
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[43]
Paulette Parat, op. cit. (n. 1), p. 41.
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[44]
D’après le fichier de l’IRHT d’Orléans, plus fiable en la matière que Charles de Ribbe. On a eu cependant, même dans ce fichier, des difficultés à séparer livres de raison et genres voisins. Aussi a-t-il paru préférable d’indiquer, pour l’instant, des ordres de grandeur plutôt que des chiffres précis, plus discutables en fait.
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[45]
Virginie Collette, Livres de raison et journaux privés du Centre-Ouest au XVIIe siècle, citée par Michel Cassan, op. cit. (n. 1), p. XIII, n. 8. Ce mémoire de maîtrise est encore inédit.
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[46]
Paul Parfouru, Anciens livres de raison de familles bretonnes conservés aux archives d’Îlle-et-Vilaine, Saint-Brieuc, 1899, donne le chiffre de 38 livres de raison bretons des XVIIe et XVIIIe siècles.
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[47]
D’après le fichier de l’IRHT d’Orléans.
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[48]
Formule de Pierre Chaunu, Le temps des réformes, Paris, Fayard, 1976, p. 83.
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[49]
Raul Mordenti, op. cit. (n. 2), p. 39.
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[50]
En Limousin, les plus anciens livres de raison datent de la période de la guerre de Cent Ans – même s’ils n’évoquent que rarement les événements politiques ou guerriers ; ils se multiplient pendant les guerres de Religion. Le phénomène est alors général : livres tenus par des protestants, des ligueurs, des partisans du roi. Sylvie Mouysset, évoquant l’apparition de livres de raison ruthénois, note qu’ils permettent « plusieurs lectures de la Ligue à Rodez, de celle du politique Austry à celle du pro-ligueur Laurent Macte en passant par celle du “pacifiste” Perrin » (Sylvie Mouysset, op. cit. (n. 14), p. 503). On pourrait faire la même remarque en Bourgogne. À Nîmes, le livre de raison de Borrelly est marqué par la crise des Camisards (Robert Sauzet, op. cit. (n. 1), p. 250).
-
[51]
Francesco Volpe, I « libri di famiglia » : una fonte per la storia della borghesia meridionale, in Il recupero dei beni archivistici e bibliografici nelle zone terremotate della Basilicata e della Campania. Atti del Convegno di Potenza-Rifreddo del 12-14 aprile 1984, a cura di G. De Rosa e A. Cestaro, Roma, Edizioni di Storia e Letteratura, 1985, p. 313-341 ; Id., La borghesia di provincia attraverso i libri di famiglia, in Il Mezzogiorno e la Basilicata fra l’età giacobina e il decennio francese, Atti del Convegno di Maritea dell’ 8-10 giugno 1990, a cura di A. Cestaro et A. Lerra, Venosa, Edizioni Osanna, 1992, vol. II, p. 345-367 ; Id., I libri di famiglia nel principato citeriore : Il punto su quindici anni di ricerche, Atti del Seminario nazionale, « I libri di famiglia in Italia : Quindici anni di ricerche » (Roma, Tor Vergata, 24-28 giugno 1997), Paul Mordenti, op. cit. (n. 2), Appendice, p. 163-168).
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[52]
Livre de famille des sieurs de la Brunye de Rochechouart (1599-1788), Registre des familles de Jean Plaze d’Argentat et des sieurs François et Gaspard Deyma, du même lieu (1644-1661) (Louis Guibert, Livres de raison..., p. 230-260 ; p. 261-862).
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[53]
Robert Sauzet souligne « l’anti-protestantisme viscéral du notaire Borrelly » qui parle de « cette maudite rasse » (Robert Sauzet, op. cit., p. 209-240).
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[54]
Dominique de Cuny, avocat à la cour de Dijon, ligueur dans l’âme, vide en secret sa bile contre le parti royal, dans son livre de raison contre Henri III « le dissimulé roi de France » et surtout Henri IV, « le bougre hérétique... qui suoit la grosse vérolle ». Il y note avec satisfaction que « les Espagnols avaient bien frotté le roi hérétique prétendu roi de France ». Il donne les noms des notables dijonnais suspects de conspiration « royaliste », avec Jacques Laverne, « antique » maire de ville. Mais lui-même fut un des électeurs de celui-ci. Il refuse prudemment d’être juge au procès de l’ancien maire. Son livre de raison apparaît comme un éxutoire sans risque à ses rancœurs secrètes (C. Oursel, Deux livres de raison gourguignons, le livre de Dominique de Cuny, chronique dijonnaise du temps de la Ligue et le livre de la famille Robert, note sur le village de Couchey, Dijon, 1908).
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[55]
Philippe Tamizey de Larroque a publié le livre de raison de « dame Boucharel » (1682-1687), de confession protestante, qui commence par : « Le 19 avril 1682, le Bon Dieu m’a visité et m’a retiré Monsieur Boucharel » (Philippe Tamizey de Larroque, op. cit. (n. 6), p. 73-76). C’est un des sept livres de raison écrits par une femme qui figurent dans un fichier particulier de l’IRHT ; son créateur l’estimait lui-même très incomplet. La règle selon laquelle l’épouse ne prend que la suite de son époux disparu dans la rédaction du livre de raison familial souffre, sans doute, des exceptions : Louis Guibert a publié le très court « livre de famille (1587-1594) » de Jeanne Boyol, comtesse de Vilelume, une protestante encore, mariée à un noble catholique tué au service d’Henri III. Elle y évoque d’abord leurs fiançailles, leur mariage puis la naissance de leurs enfants. Mais une rédaction de ces notes familiales après la mort de son époux n’est pas à exclure (Louis Guibert, Livres de raison, p. 221-222).
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[56]
Raul Mordenti, op. cit. (n. 2), p. 83.
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[57]
Plus ancien témoignage sur un livre de famille connu en Calabre, dans les années 1230 (ibid., p. 84).
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[58]
Aucune enquête précise n’a encore été menée sur le premier moment de l’apparition des livres de raison en France. On en est donc réduit, pour l’heure, à quelques fragiles indices : Étienne Benoist fait allusion, dans son livre de raison à deux « papiers » tenus par ses ancêtres Pierre et Jean, que l’on peut dater de 1308 et des années 1330 (Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist, p. 34 et 45). Robert-Henri Bautier et Janine Sornay indiquent l’existence du « livre de raison de N... marchand de bétail » à Orange, vers 1325 et du « livre de raison d’un habitant de Die (Drôme) » vers 1330 (Robert-Henri Bautier et Janine Sornay, Les sources de l’histoire économique et sociale au Moyen Âge, Paris, Éd. CNRS, t. I/2, p. 1419 et 1426). Roland Mousnier précise que le livre des Curières de Castelnau commence en 1346 (Roland Mousnier, op. cit. (n. 25), p. 49) ; si l’on ajoute les autres livres cités dans le fichier de l’IRHT, on arrive au total, sans doute provisoire, d’une douzaine de livres de raison connus pour le XIVe siècle. En revanche, deux livres de raison, mentionnés dans ce dernier fichier comme des livres commençant au XIIe siècle, sont en fait des documents du XVIIe siècle (Livre de raison de la famille Morras de Périgueux, Bulletin de la société historique et archéologique du Périgord, t. XVI, 1899, p. 34 ; livre de raison de Louis de Pluviers, concernant le château et le fief d’Assas (1103-XVIIe siècle), Bulletin philologique et historique (jusqu’en 1610), 1964, dons faits aux archives de l’Hérault, p. 857).
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[59]
Au début du XVe siècle, le notaire Gérald Tarneau note encore dans les blancs et les marges de sa chronique de Pierre-Buffière le nom et la date de naissance ou de décès de ses enfants, au hasard des pages et sans tenir compte de la chronologie des naissances et des morts : il note la naissance de son fils aîné dans la moitié inférieure du folio 37 vo ; il restait encore de la place au bas de ce feuillet, il y inscrit la naissance d’un autre enfant, né en 1438. En revanche, les notes touchant la naissance d’autres enfants en 1424 et 1425 ne se trouvent qu’au feuillet suivant (Médiathèque de Limoges, fonds des manuscrits, M6, fo 37-40).
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[60]
Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist, p. 52.
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[61]
Paul Parfouru, op. cit. (n. 46), répartit ainsi, socialement, les auteurs des 38 livres de raison bretons qu’il a répertoriés : quatre avocats au Parlement, dix « bourgeois », un magistrat, trois marchands, un huissier, sept « seigneurs », un homme d’église ; il n’a pu, apparemment, déterminer le statut social des autres.
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[62]
Dans une récente communication, Florent Hautefeuille a montré par l’exemple, à travers l’étude du registre des Guitard, Quercynois du XVe siècle, combien il était délicat de définir précisément le statut social des plus humbles détenteurs d’un livre de raison : selon lui, ces « paysans », peut-être d’origine servile et demeurés analphabètes, n’en font pas moins tenir leur registre – plus livre de comptes que registre de famille – par des notaires, des clercs et même des laïcs, pendant quatre générations. Hypothèse a priori exigeante, mais le cas de ces Quercynois peut être rapproché de celui d’un paysan siennois du Quattrocento qui, ne sachant pas écrire, faire tenir son livre par les voisins, les voyageurs de passage, les amis (Danièle Balestracci, La zappa e la retorica. Memoria familiari di un contadino toscano del Quattrocento, Florence, 1984). Surtout, le registre des Guitard témoigne de la richesse de cette famille, qui se situe dès le XIIIe siècle « dans la catégorie supérieure du monde rural, à la limite entre la riche paysannerie et l’univers des petits marchands ruraux » (Florent Hautefeuille, Livres de comptes ou livres de raison : le registre d’une famille de paysans quercynois, les Guitard de Saint-Anthet (1417-1526), Natacha Coquery, Françoise Weber, François Menant (dir.), Écrire, compter, mesurer, Regards croisés d’historiens, d’anthropologues et d’économistes sur les pratiques documentaires, Paris, Éditions de la Rue d’Ulm, sous presse. Je remercie l’auteur et François Menant de m’avoir autorisé à consulter le texte). Trois siècles plus tard, le berrichon Étienne Azambourg de l’Enfournet de Cressenssault, parfois présenté comme un paysan, semble beaucoup plus justement défini par les éditeurs de son « livre-journal » comme un « propriétaire rural », même s’il y a un doute sur le statut de ses parents « installés à Cressenssault... soit comme propriétaires soit comme fermiers » (abbé Chambois et M. Mater, Livre journal d’Étienne Azambourg de l’Enfournet de Cressenssault (1710-1758), Mémoires de la Société des antiquaires du Centre, t. XXV, 1901 (1902), p. 187 et 190). En revanche, où classer exactement ce Claude Jaunet évoqué par Roland Mousnier, « propriétaire vigneron établi à Dermigny – aujourd’hui en Saône-et-Loire – [qui] a tenu son livre de raison de 1737 à 1756 » ? (Roland Mousnier, op. cit. (n. 25), p. 49). Il y aurait bien d’autres exemples de possesseurs de livres de raison qui se situent à la frontière indécise de la petite bourgeoisie rurale et de la paysannerie riche.
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[63]
Voir le graphique « Point de départ des livres de raison ».
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[64]
Claude-Isabelle Brelot montre, dans un développement sur la « littérature intime et familiale », que certains nobles francs-comtois du XIXe siècle, comme les Terrier de Loray et les Vaulchier du Desclaux tiennent toujours leur livre de raison (Claude-Isabelle Brelot, La noblesse réinventée, nobles de Franche-Comté de 1814 à 1870, Paris, Imprimerie Nationale, 1990, p. 687-689, p. 1137). Pratiquement à la même époque apparaissent des livres paysans, combinant comptes et indications familiales, authentiques livres de raison. Ils sont le fait, en règle générale, d’hommes appartenant aux strates supérieures de la paysannerie (Rémy Pech, Le livre de comptes d’un bourgeois paysan des Corbières au milieu du XIXe siècle, Hommage à Robert Laurent, Montpellier, Publications de l’Université Paul-Valéry, 1980, p. 193-216).
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[65]
Nicole Lemaître, chap. « Vie et mort des rituels familiaux », op. cit. (n. 1), p. 251-281.
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[66]
Tous les disciples de Frédéric Le Play ne se contentent pas de cette présentation réductrice. Louis Guibert, par exemple, est conscient d’un premier déclin du genre avant la Révolution et l’explique à sa manière : il souhaite « tirer [les livres de raison] de la poussière des greniers où ils dormaient oubliés depuis la Révolution, depuis plus longtemps peut-être : car, bien avant 1789, les liens de famille s’étaient relâchés et le respect des traditions avait perdu son empire » (Louis Guibert, De l’importance des livres de raison au point de vue archéologique, p. 1).
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[67]
Claude-Isabelle Brelot, op. cit. (n. 64), p. 687-689.
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[68]
Charles de Ribbe, Le livre de famille... Le sujet lui tenant à cœur – ayant peut-être, aussi, pris conscience du peu d’écho rencontré par sa proposition – il écrit dans la préface d’Une famille au XVIe siècle, p. 6 : « Un livre de famille vient d’être publié par nous d’après les modèles anciens et il est accompagné d’un registre de pages blanches qui permettra de rétablir dans les foyers de nôtre temps la coutume du livre de raison. »
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[69]
Les plus récentes histoires de la famille ou de la vie privée en France évoquent les livres de raison parmi les sources du « for privé », de façon généralement succincte. Ainsi, dans l’avertissement de son Histoire de la vie privée, Georges Duby notait l’apparition, à la fin du Moyen Âge, des « écrits intimes, les lettres, les mémoires, les livres de raison ». Plus loin, dans un chapitre intitulé « Les approches de l’intimité, XIVe-XVe siècle », Dominique Barthélemy cite les « livres de raison ou de remembrance qui, quel qu’en soit le titre, conservent jalousement pour les transmettre des informations de nature privée ». Il consacre un paragraphe à l’analyse du livre de raison d’Étienne Benoist et évoque les « recettes de vie... recopiées dans les livres de raison, entre les comptes et les prières » (Philippe Ariès et Georges Duby (dir.), Histoire de la vie privée, Paris, Le Seuil, 1986, t. 2., p. 10, 542, 584). Dans le tome suivant de cette Histoire consacré à l’époque moderne, Philippe Ariès parle « du passage des livres de raison à une littérature autobiographique... des écrits de soi et bien souvent pour soi ». Dans un développement ultérieur sur « l’écriture du for privé », Madeleine Foisil consacre deux pages à la présentation des « journaux et livres de raison » ; huit textes sont cités qui « ont fait l’objet d’études ponctuelles » (ibid., t. 3, p. 334, 336, 338).
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[70]
Ce type de document dont on vient de rappeler l’abondance et la richesse en Italie, et, dans une moindre mesure, en France, est présent, avec des variantes, dans les pays germaniques – comme le montre la récente et très importante bibliographie publiée par Pierre Monnet, Les Rohrbach de Francfort, pouvoirs, affaires et parenté à l’aube de la renaissance allemande, Genève, Droz, 1997, p. 393-398 – en Angleterre – Élisabeth Bourcier, Les journaux privés en Angleterre, Paris, 1976, indique qu’il existe une cinquantaine de textes antérieurs au XVIIe siècle – en Pologne, peut-être, et sans doute ailleurs encore en Europe.
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Je remercie Mme Christiane Klapisch-Zuber de m’avoir donné l’occasion de présenter un premier état de cette recherche au Centre d’études historiques qu’elle dirige, avec M. Alain Boureau, à l’École des hautes études en sciences sociales. On sait quel rôle elle a joué dans la reconnaissance et le développement des études sur la source italienne et les ricordanze florentins (Christiane Klapisch-Zuber, La maison et le nom : stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissance, Paris, Éd. de l’EHESS, 1990).
1Comparer les livres de raison français aux livres de famille italiens, c’est d’abord prendre conscience du véritable abîme qui sépare aujourd’hui l’étude de deux sources pourtant voisines : du côté italien, une source reconnue et respectée dont la recherche internationale a déjà salué l’ampleur, la richesse et la valeur ; de l’autre, une source méconnue et encore quasi confidentielle, mal répertoriée et aux contours flous, tout juste bonne, aux yeux de certains, à satisfaire la curiosité et le goût du détail pittoresque de l’érudition locale. Au moment, cependant, où semble s’amorcer un regain d’intérêt pour ces documents longtemps négligés [1], pourquoi ne pas songer – au moins dans un premier temps de l’enquête – à prendre pour modèle et pour fil conducteur la recherche italienne et les pistes qu’elle a déjà dégagées en matière de définition, de diffusion géographique et de développement historique du genre [2] ? N’est-ce pas d’ailleurs – le paradoxe n’est qu’apparent – le moyen de prendre conscience, chemin faisant, d’une possible spécificité française ?
2La recherche française doit en effet sortir de cette « ère des tâtonnements » qui est encore la sienne aujourd’hui, alors que la recherche sur les livres italiens s’appuie désormais, particulièrement depuis les années 1980, sur plusieurs générations de chercheurs spécialisés, des équipes constituées et soutenues par les universités italiennes, après un temps de réserve, pour l’exploitation organisée de la source [3].
3Paradoxalement, elle doit également surmonter le handicap d’une recherche ancienne, qui n’est pas dénuée de tout mérite, mais donne du genre une image souvent dévalorisante.
4Les livres de raison français ont, en effet, été, dans leur grande majorité, découverts et commentés avec passion à la fin du XIXe siècle par une école historique réactionnaire – au sens étymologique du terme – qui aspirait au retour à une société ancienne harmonieuse, fondée sur une famille modèle antérieure à la Révolution, sur laquelle les livres de raison portaient, selon ses tenants, le plus parfait témoignage. Cette école, qui comptait dans ses rangs des érudits de qualité inégale, se recommandait de la pensée de Frédéric Le Play incitant les hommes de la fin du XIXe siècle à un retour à une société fortement organisée autour de la famille, la religion et la propriété, comme sous l’Ancien Régime [4]. Ce courant historique, qui mit à son actif la publication de nombreux livres de raison, était animé par des hommes qui avaient choisi leur camp, comme le noble provençal Charles de Ribbe [5], l’Agenais Tamizey de Larroque [6], ou Louis Guibert [7], un des chefs du parti royaliste en Limousin. Cet ancrage idéologique de l’édition et de la recherche, son caractère volontiers militant peuvent avoir contribué, consciemment ou non, à détourner de l’étude des livres de raison une recherche universitaire alors majoritairement marquée d’esprit républicain. Il était facile à ces censeurs de relever les limites apparentes d’une source qui ne permettait d’étudier que quelques familles de notables, sur un laps de temps souvent court, à partir de documents réduits parfois à quelques feuillets aux renseignements épars. Le discours répétitif, défensif et maladroit, qui se retrouvait dans de très nombreuses préfaces engagées ne pouvait que conforter les historiens de métier dans leur méfiance : les érudits éditeurs n’y insistaient que sur l’intérêt des livres de raison pour l’histoire d’une « petite patrie », leur ville ou leur province, qui leur était particulièrement chère, opposaient les besoins et les orientations de celle-ci aux objectifs de la « grande histoire » et disqualifiaient ainsi aux yeux du monde savant une source qu’ils prétendaient défendre [8]. Leurs éditions – qui ont le grand mérite d’exister en nombre – présentent souvent encore les défauts de leur temps et de leurs éditeurs : ceux-ci choisissent, dans bien des cas, la formule des morceaux choisis, avec les choix discutables qu’elle comporte. Ils s’en justifient par leur volonté d’éviter ce qu’ils appellent des « répétitions inutiles », privant le lecteur d’une vision de l’ensemble de l’œuvre et d’une recherche sur les thèmes dominants. Ils privilégient, en revanche, les aspects « curieux », pittoresques, exceptionnels du texte ou ceux qui correspondent à leurs préoccupations personnelles [9]. Tous n’ont pas les connaissances en paléographie et en langues anciennes d’un Louis Guibert [10]. Certains ont cru bon de moderniser le texte pour en faciliter la lecture ou même d’en réécrire des passages, pour en gommer la rudesse et le caractère choquant à leurs yeux [11]. Les historiens d’aujourd’hui travaillent encore sur ces éditions imparfaites. Certains, comme Michel Cassan ou Nicole Lemaitre, ont eu le mérite de réaliser une nouvelle édition du texte complet à partir des morceaux choisis anciens [12] ; d’autres, comme Bernard Delmaire, d’en donner une première édition [13]. Ce sont, à l’évidence, des exemples à suivre si l’on souhaite que se développe dans de meilleures conditions une recherche digne de ce nom.
5Encore ce tournant du XIXe au XXe siècle constitue-t-il, en quelque sorte, l’âge d’or de l’édition et de l’étude des livres de raison en France. Celles-ci connurent ensuite, pendant près d’un siècle, leur traversée du désert, les livres de raison étant tout juste exploités ponctuellement par la petite érudition locale avide de quelques détails « savoureux », dans une indifférence et une méconnaissance quasi générale des historiens. Le triomphe de l’histoire quantitative, qui se fonde essentiellement sur une documentation aux antipodes en esprit du livre de raison, accentua encore, si c’est possible, leur discrédit. Les goûts d’aujourd’hui, en revanche, pour d’autres façons d’écrire l’histoire contribuent sans doute à les faire peu à peu sortir de l’oubli : l’histoire familiale et l’histoire de la vie privée, à l’évidence, l’histoire culturelle et comparative, la micro-histoire enfin.
6En attendant que se confirment ces premiers et timides signes d’une nouvelle exploitation des livres de raison français, leur étude ne repose encore souvent que sur les épaules d’une poignée d’historiens, médiévistes et modernistes pour l’essentiel, qui ne sont, en quelque sorte, que des spécialistes de hasard, dans la mesure où ils n’ont découvert les livres de raison qu’à l’occasion d’une autre recherche dans leurs archives ou bibliothèques familières [14]. Leur étude n’est actuellement dynamisée, à quelques rares exceptions près, ni par les rencontres scientifiques [15] ni par l’orientation des thèses en cours. Il manque même, et peut-être d’abord, un bon instrument bibliographique à jour, capable d’orienter de nouveaux travaux en la matière [16]. Le fichier des livres de raison français de l’IRHT d’Orléans, précieux par sa rareté et qui peut rendre de grands services, souffre d’un choix trop laxiste des documents retenus, d’un manque de définition précise du genre ; surtout il demeure inachevé [17].
7Tout montre donc les graves retards et les nombreux handicaps accumulés par la recherche française sur la recherche italienne. On dira sans doute, et à juste titre, que l’une ne peut compter sur la richesse documentaire de l’autre. Il serait bon, cependant, pour en réduire l’écart, de fouiller attentivement les archives privées : bien des livres de raison n’ont sans doute pas encore quitté la maison et la famille dans lesquelles ils ont été rédigés [18] ; souvent négligés et oubliés, ils risquent fort de disparaître un jour ou l’autre.
8La première démarche pour qui veut relancer l’enquête consiste, comme toujours, à tenter de définir le genre et à trouver la formule ou le mot qui le nomme, dans toute son originalité et la diversité de ses composantes. Voilà qui a, entre autres, l’avantage de permettre de resserrer le contenu du corpus et d’en éliminer, contrairement à ce qui s’est fait dans le passé, des œuvres qui appartiennent à des genres voisins, journaux, chroniques, souvenirs, autobiographies – même si les interpénétrations entre eux rendent les choix parfois délicats et discutables.
9En vérité, comme en Italie, les livres sont généralement laissés sans titre par leurs auteurs – en particulier au Moyen Âge – et l’incipit en tient lieu sans doute. Dans le cours du texte, les rédacteurs parlent le plus couramment de « papiers » pour qualifier leurs écrits et ceux de leurs ancêtres [19]. En revanche, ce sont les éditeurs, particulièrement à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, qui imposent en titre « livre de raison » quand ce n’est pas « livre de famille », « mémorial », « mémento », « registre domestique » ou « journal », et bien d’autres encore. Une diversité qui traduit l’incontestable variété des documents, les hésitations, les scrupules et les partis pris des éditeurs. Le choix de chacun est avant tout subjectif : la construction et le contenu même de deux documents intitulés l’un et l’autre « livre de raison » peuvent être profondément différents, un « livre de raison » et un « registre domestique » se rassembler [20].
10Que choisir ? « Mémorial », comme ricordanze, fait peut-être la part trop belle à la seule notion de mémoire et néglige le compte. « Journal » ne correspond pas à la construction raisonnée et à loisir de certains livres. « Livre de famille », sur le modèle italien, ne met pas assez l’accent sur le décalage entre ces livres italiens et les livres français – et sur la notion de ratio. On proposera donc, pour le moment et faute de mieux, de garder la formule « livre de raison ». Sans être toujours et entièrement satisfaisante, elle paraît présenter sur les autres un certain nombre d’avantages : elle correspond d’abord à une tradition française maintenant bien établie. En changer, particulièrement au profit d’une autre, qui ferait moins l’unanimité encore, serait accroître la confusion sans bénéfice. Surtout, cette formule a l’avantage de marquer avec netteté la prise en compte (ratio) dans chaque œuvre retenue des deux éléments associés qui fondent le genre, la richesse et la parenté. Même si c’est dans des proportions qui varient d’un livre à l’autre, le livre de raison associe en effet comptabilité des biens et comptabilité des hommes de la famille – vivants ou morts – renseignements patrimoniaux et renseignements familiaux en un même souci de la fortune familiale – dans tous les sens du terme : une mémoire comptable et familiale appliquée aux biens et aux hommes. Même ainsi resserré, le corpus des livres de raison n’offre encore qu’une cohérence limitée, une grande diversité, et présente des degrés multiples. Depuis le fourre-tout familial – livre unique de familles d’un niveau social et culturel modeste, correspondant souvent à des familles de notables de petites villes, voire de gros bourgs ruraux [21] – jusqu’au livre de famille spécialisé et prestigieux de la haute bourgeoisie, qui donne la primeur aux questions familiales proprement dites – elles gardent pourtant toujours une dimension financière – comme chez Étienne Benoist au XVe siècle [22] ou Étienne Borrelly au XVIIe siècle [23]. Entre les deux, rarement deux livres de même modèle et de contenu semblable, traduction, d’abord, des nuances multiples de la condition des notables et de leur culture dans l’espace et le temps. Le caractère privé de ces travaux joue, sans doute, son rôle aussi, qui donne une importance accrue à la personnalité et à la sensibilité de chaque rédacteur, à ses soucis dominants, à ses comportements personnels et familiaux. Il n’existe guère de modèle à suivre, sinon peut-être celui qui a été légué par ses propres ancêtres, dans les plus anciens « papiers » de la famille, sanctifiés par l’âge. On s’y réfère avec respect, sans les imiter obligatoirement en tout [24].
11Cette liberté d’écriture a, à l’évidence, des limites. Si les modes de rédaction varient et le contenu des livres aussi, un esprit commun à tous les livres de raison existe, qui fait l’authenticité du genre et se rapproche de l’esprit des livres de famille italiens. Il se caractérise avant tout par la primauté donnée au collectif familial en ce qui concerne la rédaction comme les lecteurs. À la mort de son prédécesseur, le nouveau chef de famille doit prendre le relais de la rédaction du livre familial, qui se prolonge alors de génération en génération [25]. Quant aux conseils du livre, ils sont destinés aux héritiers et à la conservation de la famille. Le livre de raison s’oppose donc au journal intime, œuvre secrète d’un individu, en principe écrite pour lui seul.
12Cette mémorisation du passé familial débouche sur la mise en place d’une mémoire sélective qui n’a rien d’une mémoire parfaite. Mémoire utile dans son contenu et ses ambitions, elle prétend faire disparaître de la mémoire familiale les épisodes peu flatteurs du passé commun au profit d’une mémoire honorable, propre à contribuer à la conservation de la respectabilité et de la fortune familiales [26]. Mais la plupart des rédacteurs de livres de raison transmettent à leurs descendants des images modèles qui peuvent être empruntées à leur propre vie ou à celle de leurs proches, non celles d’ancêtres prestigieux et lointains, voire mythiques [27]. En fait, ce souci d’honorabilité a des limites en France, du moins par rapport à Florence [28]. Même lorsqu’il y a pieuse transmission du « testament politique » d’un ancêtre ayant vécu plus d’un siècle auparavant, comme dans le livre d’Étienne Benoist, elle sert davantage à la conservation de la famille qu’à sa glorification par le biais d’un ancêtre, gage de son antiquité. Cette recherche d’ancêtres mythiques, fondateurs d’une lignée imaginaire et prestigieuse n’apparaîtra qu’à la fin de l’époque moderne, et chez quelques auteurs seulement. Le cas de Pierre Nicolas, petit officier des années 1700, qui se présente comme le descendant d’une famille romaine et de saint Nicolas reste isolé, même à son époque [29].
13La descendance est encore destinataire collectif des livres de raison à travers les listes de mariages, naissances et décès, généralement présentées selon un ordre généalogique plus que chronologique. Si bien que l’absence d’enfant et d’héritier rend sans objet la rédaction du livre de raison [30]. Elle est destinataire, aussi, du tableau du patrimoine familial – à travers la copie des contrats de mariage, testaments, donations, achats, ventes, actes d’administration – de son évolution et des conseils pour assurer sa sauvegarde, voire son accroissement.
14Peut-on aller plus loin et trouver dans les livres de raison ces traces d’affectivité et de crises familiales que l’on rencontre dans les livres de famille italiens [31] ? De tels indices sont rares, toujours discrets et contenus : c’est le chef de famille qui médite douloureusement sur l’ingratitude des enfants quand un de ses fils rompt avec lui en quittant l’hôtel familial avec femme et enfants [32] ; c’est un aristocrate qui évoque la mort violente et « inhumaine » d’un de ses fils, tué dans une embuscade par une famille ennemie [33] ; c’est le père souhaitant être enterré – hors de la tombe familiale, semble-t-il – auprès de son enfant préféré, mort en bas âge [34]. Le livre de raison peut également véhiculer un esprit de vendetta, qui est légué aux descendants [35].
15Comme en Italie, le livre de raison assure donc la conservation d’une certaine forme de la mémoire familiale. Généralement, ce livre est gardé dans la maison et le coffre familiaux, où il rejoint les « papiers » les plus anciens de la famille [36]. Il y reste d’autant plus facilement qu’aucun souci de gloire extérieure ne pousse à l’en sortir, contrairement à ce qui pouvait se passer à Florence. Le livre de raison ne quitte donc le domaine des secrets de famille que lorsqu’il n’y a plus d’héritier et passe alors « dans des mains étrangères » [37].
16Au total, s’appuyer sur la définition des livres de famille italiens pour tenter de définir le livre de raison français présente l’avantage de pouvoir marquer naturellement les distances entre l’un et l’autre, de chronologie, de composition, de contenu, d’envergure. Voilà, qui justifie le choix de deux formules différentes pour dénommer l’un et l’autre. Mais qui permet aussi de prendre plus clairement conscience des points de convergence entre les deux et d’abord de l’existence d’un esprit commun, d’un souci primordial de sauvegarder la mémoire familiale utile, mise au service de la fortune familiale, au long des générations.
17Ces progrès récents de la recherche italienne dans tous les horizons de la péninsule ont également permis de constater que le phénomène du livre de famille n’était pas seulement un genre florentin, même s’il s’y trouve toujours le plus riche trésor de ricordanze [38]. Rares sont les régions italiennes qui ne possèdent pas leurs livres. L’état encore balbutiant de la recherche en France ne permet pas, pour l’heure, de faire pareil point géographique pour notre pays. L’exploitation prudente et critique de listes régionales de livres de raison dressées par les érudits de la fin du XIXe siècle [39], et surtout du fichier de l’IRHT, permet au moins de signaler quelques régions apparemment plus riches en la matière que les autres – sans que l’on puisse, pour l’instant, déterminer quelle est, dans cette situation, la part de la spécificité régionale et la part de l’avancement du travail de l’érudition locale [40]. Le nombre de livres n’est d’ailleurs pas tout. On doit, bien entendu, prendre aussi en compte la longueur du texte et la durée de l’entreprise – avec ses lacunes dans le temps, voire ses mutilations [41].
18Sous bénéfice d’inventaire, on connaîtrait l’existence d’une centaine de livres de raison limousins, du XIVe au XXe siècle [42], une cinquantaine en Périgord, du XVIe au XXe [43], et sensiblement autant pour la Provence [44], du Moyen Âge à nos jours ; une quarantaine pour le Poitou [45] et la Bretagne [46], une quinzaine pour la Bourgogne et une dizaine pour le Lyonnais [47]. Une répartition géographique dans l’espace français qui témoigne de l’existence, depuis longtemps, de foyers de « lisants-écrivants » [48] ; parfois loin des centres universitaires. Elle doit également être mise en rapport avec la présence permanente d’un notariat dans le Midi de la France, et sa réapparition précoce dans les pays du Centre. Les notaires jouent en effet un rôle au moins aussi important que les marchands, comme en Italie, dans la rédaction des livres de raison, manifestation de leur avance culturelle sur le milieu des négociants. Les notaires français sont non seulement auteurs de nombreux livres, mais ils interviennent ponctuellement dans la rédaction des autres, à l’occasion de la copie dans le livre de famille d’un acte de mariage, d’un testament, d’un acte de vente... La multiplication tardive des livres de raison dans la France du Nord peut être mise en rapport avec les progrès plus lents qu’y connurent le tabellionnage et le notariat.
19Plus encore qu’en Italie [49], la rédaction et le succès des livres de raison peuvent être associés à la faiblesse et à l’éloignement de l’État, qui donne à la famille un rôle fondamental comme cellule de décision et de pouvoir. On note, par exemple, le phénomène lors des crises politiques de la guerre de Cent Ans ou des guerres de Religion [50] ; les terres d’élection des livres de raison correspondent souvent à des provinces éloignées du centre du pouvoir, comme la Provence, le Limousin, la Bretagne. Il ne paraît pas, cependant, y avoir de modèle régional, alors que la chose existe en Italie. On note, en revanche, qu’il semble exister des similitudes entre les livres de raison de certaines régions françaises et les livres de famille de régions italiennes – sans qu’il soit question de proximité géographique entre elles. Ressemblances plus apparentes que réelles, influences marchandes ou conséquence d’une situation économique, sociale et culturelle voisine ? Dans l’Italie du Sud, selon Francesco Volpe [51], dominent, comme en Limousin, des livres écrits par la bourgeoisie moyenne des campagnes. Leur pic de rédaction se situe, dans les deux cas, dans les années 1700, bien tardif pour l’Italie mais moins pour la France, comme on le verra plus loin. Avec, ici comme là, une bourgeoisie subsistant pendant plusieurs siècles dans une condition médiocre et stable, garantie de sa survie et, peut-être, de la rédaction jamais abandonnée d’un genre littéraire de plus en plus archaïque.
20La rédaction du livre de raison peut-elle, enfin, être mise en rapport avec une situation marginale – celle des protestants comme celle des femmes ? L’enquête précise, une fois encore, reste à faire. On note seulement qu’en Limousin, où la Réforme ne rencontra qu’un succès limité, on trouve trace de plusieurs livres de raison écrits par des protestants, dans leurs petits bastions de Rochechouart ou d’Argentat [52]. Cette situation de minorité sur la défensive existe, ailleurs, au XVIIe siècle pour des catholiques : le notaire nîmois Borrelly, fervent catholique dans un environnement urbain dominé politiquement et économiquement par la grande bourgeoisie protestante, a laissé un livre de raison militant, débordant d’esprit de combat et de revanche [53]. Geste secret et libérateur d’un notable longtemps humilié au quotidien dans sa vie religieuse, politique et sociale ? Le cas n’est pas unique [54]. Les femmes, pour leur part, n’ont laissé à l’époque moderne que quelques rares livres de raison connus. Initiatives apparemment isolées de veuves de notables que la disparition de l’époux met en situation de fait de chef de famille et qui en assument les charges : par leur décision et leur culture, elles assurent ainsi l’enregistrement de la mémoire familiale, un des gages – on l’a vu – de l’avenir des leurs [55].
21Il est cependant trop tôt, et les exemples connus et analysés encore trop peu nombreux pour affirmer déjà que les livres de raison ont, aussi, pu être tenus par des notables marginalisés par leur religion, ou leur sexe, en secrète réaction contre leur condition et le milieu dominant.
22La naissance et le développement des livres de raison connaissent, enfin, une histoire et une chronologie bien différentes de celles des livres de familles italiens [56]. Le décalage dans le temps entre l’apparition des uns et des autres paraît considérable. Les premiers exemples connus de registres consacrés, pour l’essentiel, au relevé des naissances, des mariages et des décès dans une famille italienne datent du début du XIIIe siècle [57]. Ces mêmes formes embryonnaires de livre de raison n’apparaissent qu’au XIVe siècle en France [58]. L’inscription des naissances et des décès se fait alors parfois, comme au siècle précédent en Italie, sur des registres consacrés à d’autres sujets, dans les blancs et les marges d’un texte plus ancien [59]. Ce système de réemploi peut s’expliquer – avec l’inexpérience du rédacteur – par la pénurie de matériau, ici comme là. Le passage de l’oral à l’écrit, dans la logique culturelle de l’écriture du livre de raison, est déjà difficile à observer dans l’abondante documentation italienne. Il l’est bien plus encore dans le médiocre corpus français. S’agit-il d’ailleurs d’un processus immuable ? Dans le même livre de raison, Étienne Benoist évoque, pour la première fois, la mémoire de deux de ses sœurs oubliées par leur père dans le livre de raison tenu par celui-ci, mais aussi les sources écrites de son propre livre, sans faire allusion à nul autre récit de bouche [60]. Il est vrai qu’il ne revendique jamais des origines mythiques pour sa famille, peut-être plus propices à un récit oral original. L’essentiel du texte s’établit donc, dans son cas – comme dans un certain nombre de livres italiens –, par exploitation des plus vieux « papiers » familiaux. On ne saurait donc sous-estimer la part de la mémoire écrite dans l’élaboration du texte des livres de raison.
23Leur développement se fait ensuite avec les progrès d’une culture familiale souvent de type moderne et d’une culture notariale, on l’a dit, qui leur donnent leur style. Les auteurs sont avant tout des bourgeois, marchands, propriétaires et hommes de loi. Les livres de raison d’origine aristocratique demeurent minoritaires [61]. Quant aux très rares livres de raison attribués à des « paysans », avant le XIXe siècle, il serait prudent de vérifier si leurs auteurs n’appartiennent pas plutôt au groupe des petits notables ruraux donneurs d’ouvrage, si proches de la paysannerie riche [62].
24Le grand siècle des livres de raison français est le XVIIe siècle, non les XVe et XVIe siècles, comme en Italie [63]. Après une apogée dans les années 1600-1650, le genre amorce son déclin et l’accentue après 1750. Mais il y a, certes, encore de nombreux débuts de rédaction au XVIIIe siècle, il y a en aura encore au XIXe, et parfois alors d’humble origine [64]. Mais dès le XVIIIe siècle, le livre de raison entre en concurrence avec d’autres écrits intimes qui mettent en valeur l’individu, en accord avec l’esprit nouveau du temps, livres de souvenirs, récits de voyage, autobiographies, en attendant les journaux intimes. Nicole Lemaître, par exception, a étudié les conditions du déclin précoce du livre de raison des notaires Terrade : le patriarche Pierre Ier Terrade (1558-1628) utilise « son savoir de scribe, son savoir religieux et son savoir de guérisseur » pour écrire l’essentiel du livre de raison, en sa période triomphale ; son fils Michel (1591-1628) le tient déjà plus irrégulièrement, en posture d’héritier du livre familial ; et plus encore son petit-fils, Pierre II, de 1638 à 1652, avant même la mort de son père. Cette désaffection relative – en un temps de succès des livres de raison – témoigne, selon Nicole Lemaître du passage du stade patriarcal et de la famille solidaire au stade de l’individu et du « désenchantement ». C’est la nouvelle culture de Pierre II, éduqué par les Jésuites, qui provoque une rupture et entraîne l’abandon du livre de raison familial par un homme qui doute de l’efficacité des recettes et du savoir de son grand-père, le « mage » [65]. Reste à vérifier si cette analyse de l’abandon progressif de ce livre de raison vaut pour d’autres livres, d’autres lieux et des temps plus tardifs.
25On remarquera au moins, dans la chronologie du déclin des livres de raison, que la Révolution française, postérieure à la première phase de leur décadence, ne peut être considérée comme la première cause de leur abandon et de leur ruine – comme la voulaient les tenants de la pensée de Frédéric Le Play [66]. Même si les changements qu’elle a apportés dans les esprits, dans le domaine politique, juridique et familial ont sans doute contribué à accentuer spectaculairement le déclin d’un genre déjà victime, avant 1789, de comportements culturels nouveaux. Un petit nombre de livres de raison ont d’ailleurs traversé la période révolutionnaire pour continuer ou reprendre leur cours au XIXe siècle. [67] Mais le genre est désormais moribond. Dans les années 1880, Charles de Ribbe, fidèle disciple de Le Play, prétend enseigner à ses contemporains comment tenir un livre de raison : c’est, pour lui, un élément indispensable à la reconstruction de la famille idéale d’autrefois [68]. Il préconise ainsi – apparemment sans grand succès – la renaissance artificielle d’un type d’écrit qui tend à disparaître naturellement à son époque.
26Il y aura, on le voit, fort à faire pour réduire la distance qui sépare la recherche italienne et la recherche, qui s’ébauche à peine aujourd’hui, sur les livres de raison français. Travail considérable et de longue haleine, qui impliquera d’abord une définition de la source qui n’ignore pas sa diversité ; une meilleure connaissance des ressources en la matière – en particulier des richesses encore cachées des archives privées. La mise en place, encore, d’équipes d’authentiques spécialistes sans barrières chronologiques artificielles, avec l’appui des chercheurs de disciplines voisines, linguistes, anthropologues et ethnologues, sociologues... Singulièrement, avec la participation d’une nouvelle génération d’historiens.
27L’entreprise mérite d’être lancée et poursuivie : cette source méconnue et sans doute imparfaite vaut mieux que l’obscurité voire le mépris dans lesquels elle a été tenue depuis longtemps. Comment, par exemple, espérer faire une authentique histoire de la famille ou de la vie privée en France, du Moyen Âge à l’époque contemporaine, sans prendre en compte les témoignages fournis de l’intérieur par les livres de raison [69] ?
281 Après l’élimination des œuvres n’appartenant pas au genre.
29Au-delà, comment ne pas faire progresser l’étude d’un type de documents qui, à divers niveaux sociaux et culturels et sous diverses formes, se retrouve dans de nombreux horizons de l’Europe [70] ? Ne négligeons pas cet autre maillon de la culture européenne.
Notes
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[1]
Depuis une vingtaine d’années et les travaux pionniers de Madeleine Foisil, la recherche universitaire manifeste un intérêt nouveau pour les livres de raison, marqué par la réalisation de nouvelles éditions et d’un certain nombre de travaux sur la question. Sans pouvoir encore en dresser une liste exhaustive, on citera Jean-Louis Biget et Jean Tricard, Livres de raison et démographie familiale en Limousin au XVe siècle, Annales de démographie historique, 1981, p. 321-363 ; Marie-Rose Bonnet (éd.), Livres de raison et de comptes en Provence, fin du XIVe siècle - début du XVIe siècle, Aix, Publications de l’Université de Provence, 1995 ; André Burguière, La mémoire familiale du bourgeois gentilhomme : généalogies domestiques en France aux XVIe et XVIIe siècles, Annales ESC, 46-4, 1991, p. 771-788 ; Michel Cassan (éd.), Une famille briviste au XVIe siècle, le livre des Maillard, Treignac, Les Monédières, 1996 ; Claire Chatelain, Le « papier journal » d’un marchand angevin et de sa femme au XVIIe siècle, Revue d’Histoire moderne et contemporaine, juillet-septembre 2000, p. 429-457 ; Noël Coulet, Le livre de raison de Guillaume de Roufilhac (1354-1364), Genèse et débats du Grand Schisme d’Occident, Paris, 1980, p. 75-88 ; Bernard Delmaire, Le livre de famille des Le Borgne (Arras, 1347-1538), contribution à la démographie historique médiévale, Revue du Nord, t. LXV, no 257, avril-juin 1983, p. 301-326 ; Madeleine Foisil, Le Sire de Gouberville, Paris, Aubier-Montaigne, 1981 ; Bruno Isbed (éd.), Charles Bourdeaux, Journal d’un bourgeois de Rennes au XVIIe siècle, Rennes, 1992 ; Jean Jost, Trois siècles de vie d’une famille bourgeoise à Brive : la famille Salviat, Bull. Soc. scient. hist. et arch. de la Corrèze, t. CXII, 1990, p. 61-72 ; Nicole Lemaitre, Le scribe et le mage, notaires et société rurale en Bas-Limousin, aux XVIe et XVIIe siècles, Ussel, Musée du Pays d’Ussel, 2000 ; Paulette Parat, Étude sur quelques livres de raison du Périgord, Bull. du Périgord, t. CXV, 1988, p. 41-53, p. 135-146 ; Jean Bernard Renaud de Lage, Une famille bourgeoise au XVIIe siècle en Bas-Limousin, Bull. de la Corrèze, t. CXV, 1993, p. 99 ; t. CXVI, 1994, p. 78-90 ; Robert Sauzet, Le notaire et son roi, Étienne Borrelly (1633-1718), un Nimois sous Louis XIV, Paris, Plon, 1998 ; Jean Tricard, La mémoire des Benoist : livre de raison et mémoire familiale au XVe siècle, Temps, mémoire, tradition au Moyen Âge, Actes du XIIIe congrès de la SHMESP, Aix, Publications de l’Université, 1983, p. 119-140 ; Id., Qu’est-ce qu’un livre de raison limousin du XVe siècle ? Journal des Savants, juillet-décembre 1988, p. 261-275 ; Id., Mariage, « commérages », parrainage : la sociabilité dans les livres de raison limousins au XVe siècle, Croyances, pouvoirs et société, Treignac, Les Monédières, 1988, p. 129-142 ; Id., Livres de raison et présence de la bourgeoisie dans les campagnes limousines (XIVe-XVe siècle), Campagnes médiévales, l’homme et son espace, études offertes à Robert Fossier, Paris, Publications de la Sorbonne, Paris 1995, p. 711-722 ; Id., Maladies et médecine en Limousin, à la fin du Moyen Âge, Milieux naturels, espaces sociaux, études offertes à Robert Delort, Paris, Publications de la Sorbonne, 1997, p. 741-749 ; Id., Bourgeois casaniers et noble voyageur au miroir de leur livre de raison, Cahiers de Recherches médiévales, no 3, 1997, p. 43-50 ; Id., Voyages de la jeunesse et voyages de la maturité : le « journal » de Pierre de Sainte-Feyre (1498-1533), Voyages et voyageurs au Moyen Âge, XXVIe Congrès de la SHMESP, Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, p. 93-102 ; Id., La mémoire des morts dans les livres de raison limousins du XVe siècle et ses limites, Autour des morts, mémoire et identité, Rouen, Publications de l’Université 2000, p. 338-343 ; Id., Vie religieuse et attentes familiales particulières dans les livres de raison limousins de la fin du Moyen Âge, Études offertes à Hervé Martin, Publications de l’Université de Rennes (sous presse).
-
[2]
Dernier état de la question dans Raul Mordenti, I libri di famiglia in Italia, t. II, Geografia et storia, Rome, Edizioni di Storia e Litteratura, 2001, à l’origine de cette étude comparée.
-
[3]
Ibid., p. 9-14.
-
[4]
Frédéric Le Play, La réforme sociale en France déduite de l’observation des peuples européens, Paris, Plon 1864 ; Id., L’organisation de la famille, Paris, Téqui, 1871.
-
[5]
Charles de Ribbe, Le livre de famille, Tours, Mame, 1879 ; Id., La société provençale à la fin du Moyen Âge, Paris, Perrin, 1898 ; Id., Les livres de raison en Allemagne et le Tagesbuch d’Albrecht Durer, Paris, F. Leve, 1886, p. 7-8 ; Id., La vie domestique, ses modèles et ses règles d’après les documents originaux, 2 t., Paris, E. Baltenweck, 1877, Id., La famille et la société en France avant la Révolution, d’après des documents originaux, Paris, J. Aubanel, 1873. Charles de Ribbe fut le premier, au XIXe siècle, à lancer l’enquête sur les livres de raison – pas toujours avec la plus grande rigueur scientifique d’ailleurs. La plupart des autres érudits de son temps rendent hommage à son initiative pionnière. Tamizey de Larroque, par exemple, dédie ses travaux « À mon maître et ami Charles de Ribbe, le créateur des études relatives aux livres de raison ».
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[6]
Philippe Tamizey de Larroque, Deux livres de raison de l’Agenais, suivis d’extraits d’autres registres domestiques et d’une liste récapitulative sur les livres de raison publiés ou inédits, Auch-Paris, L. Cocharaux, 1893 ; au-delà de son travail d’éditeur de livres de raison, Philippe Tamizey de Larroque joue un grand rôle dans leur recherche en animant des réseaux d’érudits, souvent socialement et idéologiquement proches de lui, à travers la France ; il cite parmi ses « correspondants et amis », outre des archivistes départementaux, un chanoine en Dauphiné, le « receveur particulier d’Alais » pour le Languedoc, un bâtonnier de l’ordre des avocats en Lyonnais, un abbé dans le Maine, un conseiller à la cour d’Aix, un « juge de paix bibliophile », le vicomte O. Poli, « président du Conseil héraldique de France », pour la Provence ; un membre de l’Institut, pour la Bretagne.
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[7]
Louis Guibert a mené une recherche de qualité sur les livres de raison limousins et marchois à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, en collaboration avec Alfred Leroux, archiviste de la Haute-Vienne, qui partageait sa passion pour l’édition des livres de raison, pas ses préoccupations idéologiques.
Louis Guibert (éd.), Le livre de raison d’Étienne Benoist, Limoges, Ducourtieux, 1882 ; Id., avec Alfred Leroux, Pierre et Jean de Cessac, l’abbé Lecler, Livres de raison, registres de famille et journaux individuels limousins et marchois, Paris-Limoges, Picard-Ducourtieux, 1888 ; Id. avec Alfred Leroux, Jean-Baptiste Champeval, l’abbé Lecler et Louis Mouffle, Nouveau Recueil des registres domestiques limousins et marchois, Limoges-Paris, Ducourtieux-Picard, 2 t., 1895 et 1903. -
[8]
Albert Baudon, érudit rethelois, « membre du conseil héraldique de France », écrit, par exemple, dans sa préface au livre de raison de Jean-Quentin Durand : « Ce sont de nouveaux matériaux pour l’histoire locale... ces écrits sont assez rares dans notre région pour qu’on fasse bon accueil à ceux qui tombent entre nos mains » (Albert Baudon, Le livre de raison de Jean-Quentin Durand, avocat et bourgeois de Rethel au XVIIIe siècle, Rethel, 1898, p. V et VIII) On pourrait multiplier pareilles citations qui minimisent en fait la valeur des textes. Deux érudits toulousains, Louis de Santi et Auguste Vidal, se singularisent, en revanche, en écrivant : « Les livres de raison, sont, avec les archives notariales et les inventaires domestiques, les documents qui nous font pénétrer le plus avant dans la vie privée, dans l’intimité des siècles passées. » Et ils dénoncent « le dédain des historiens pour les documents d’intérêt privé » (Louis de Santi et Auguste Vidal, Deux livres de raison (1517-1550), Paris-Toulouse, 1896, p. 3-4).
-
[9]
Louis Guibert écrit dans la préface du livre de raison de Pierre de Sainte-Feyre : « Les mêmes mentions reviennent fort souvent, on peut même dire périodiquement quand il s’agit de redevances payées, de baux payés, de baux acensés, etc. Nous avons dû faire un choix et ne publier que des extraits » (Nouveau Recueil, t. I, p. 156). On constate, en fait, que dans son choix des textes, l’auteur privilégie les récits de voyage et de pèlerinage au détriment des informations sur la vie rurale, trop répétitives et sans doute moins intéressantes à son goût.
-
[10]
Robert Sauzet souligne que l’édition du livre de raison d’Étienne Borrelly par un érudit nîmois, le Dr A. Puech, à la fin du XIXe siècle est « défectueuse... incomplète et inexacte » (Robert Sauzet, op. cit., p. 7-8). Ce n’est pas l’apanage des seules éditions anciennes (Noël Coulet, CR de Marie-Rose Bonnet, Livres de raison..., Provence historique, t. LXVI, 185, 1996, p. 426).
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[11]
Ainsi le Dr Puech exerce-t-il une « censure » sur le texte. « Visiblement choqué par la violence des sentiments exprimés à l’égard des protestants, l’auteur a délibérément atténué la violence de certains passages » (Robert Sauzet, op. cit. (n. 1), p. 8).
-
[12]
Michel Cassan, op. cit. (n. 1), p. 5-67 ; Ferdinand de Maillard avait publié le livre de raison en le démembrant pour écrire des articles thématiques dans le Bulletin de la société scient., hist. et arch. de la Corrèze, t. II, 1879, p. 289-327 ; p. 481-543, p. 751-802 ; t. III, 1881, p. 49-119, p. 577-687 ; t. IV, 1882, p. 271-353 ; t. V, 1883, p. 633-742 ; t. XX, 1898, p. 421-448 ; Nicole Lemaitre a publié op. cit. (n. 1), le livre de raison des Terrade dont Louis Guibert et Auguste Leroux avaient publié quelques pages, Nouveau Recueil, t. I, p. 285-297.
-
[13]
Bernard Delmaire, op. cit., p. 312-326, d’après une copie de Dom E. Lepez, Bibl. mun. d’Arras, ms 376.
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[14]
Jean-Louis Biget et Bernard Delmaire ont découvert les livres de raison en démographes, à la recherche d’information sur la démographie familiale médiévale ; des ruralistes, ce fut mon cas, à la recherche de témoignages sur les activités des notables des petites villes et des bourgs ruraux ; Nicole Lemaitre, Robert Sauzet et Michel Cassan en spécialistes d’histoire religieuse et des guerres de Religion. Sylvie Mouysset analysait les pouvoirs urbains à Rodez dans une thèse où elle exploite les livres de raison ruthénois (Sylvie Mouysset, Le pouvoir et la bonne ville, Toulouse, PUM, 2000).
-
[15]
Il n’y a pas encore eu de rencontre d’historiens entièrement consacrée aux livres de raison français. La « table ronde » organisée en 1998 à l’Université d’Aix-en-Provence par Noël Coulet, Charles de la Roncière et Louis Stouff sur les « livres de vie » italiens et français a constitué une des rares tentatives pour les mettre en valeur. Le thème choisi pour le congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public de 1982, « Temps, mémoire, tradition au Moyen Âge » aurait pu être également favorable à leur découverte. Il a surtout permis de mesurer les limites de leur popularité. Une seule communication leur a été consacrée (Jean Tricard, La mémoire des Benoist...). Les choses ne paraissent pas avoir beaucoup évolué depuis : un colloque des 5-6 juin 2002 à l’Université de Paris IV - Sorbonne sur les « nouvelles lectures du for privé » associe encore les livres de raison aux « journaux intimes, correspondances privées, autobiographies et mémoires » (« Au plus près du secret des cœurs », colloque organisé par F. J. Ruggiu et J.-P. Bardet).
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[16]
Des listes de livres de raison, parfois suivies d’analyses, accompagnent quelquefois les éditions anciennes ; elles sont précieuses, même si elles doivent être examinées d’un œil critique, faute de définition du genre. Ainsi, Louis Guibert, Livres de raison, p. 9-14 ; Id., Nouveau recueil, p. 7-10. Surtout, Philippe Tamizey de Larroque a publié une très abondante « liste récapitulative des livres de raison publiés et inédits » suivie d’un « appendice, analyse et extraits de divers livres de raison (Auvergne, Bretagne, Dauphiné, Languedoc, Provence) » – (Philippe Tamizey de Larroque, op. cit. (n. 6), p. 120-240 et p. 300-350). Plus près de nous, on citera Robert Mandrou, Introduction à la France moderne, essai de psychologie historique, Paris, A. Michel, 1961, p. 370-371.
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[17]
Le fichier de l’IRHT d’Orléans a été établi et tenu jusqu’à sa retraite par M. de Montalembert. Je remercie la direction et le personnel de l’IRHT de m’en avoir permis et facilité la consultation.
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[18]
Dans son « appendice, analyse et extraits de divers livres de raison », Philippe Tamizey de Larroque donne l’analyse de 38 livres de raison qui sont encore dans des archives privées et qui lui ont été communiquées, dans leur grande majorité, par leurs possesseurs du XIXe siècle (Philippe Tamizey de Larroque, op. cit. (n. 6), p. 141-202). Louis Guibert, au début de l’édition des Livres de raison limousins dresse une liste des livres alors connus : 34 sont dans des archives privées, 5 seulement dans des dépôts d’archives publics, 10 provisoirement ou définitivement « perdus ».
-
[19]
« Papier » est employé dès le XVe siècle par Étienne Benoist évoquant les livres de raison, aujourd’hui disparus, de ses ancêtres du début du XIVe siècle (Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist, p. 31 et 69). On le retrouve en titre des « journaux » de Pierre de Sainte-Feyre dans les années 1500 (Louis Guibert, Nouveau recueil, t. 1, p. 155) et d’un marchand angevin du XVIIe siècle étudié par Claire Chatelain, op. cit. (n. 1), p. 431. Parmi bien d’autres cas.
-
[20]
Jean Tricard, Qu’est-ce qu’un livre de raison..., p. 173-174.
-
[21]
Par exemple, le livre des Massiot de Saint-Léonard (Saint-Léonard de Noblat, Haute-Vienne, ar. Limoges, ch.-l.-e.) de Pierre Espéron, de Saint-Junien (Saint-Junien, Haute-Vienne, ar. Rochechouart, ch.-l.-c.) des Quinhard de Brive (Brive-la-Gaillarde, Corrèze, ch.-l.-ar.) de Pierre de Sainte-Feyre, qui appartient cependant à une grande famille aristocratique (Sainte-Feyre, Creuse, ar. Guéret, c. Guéret sud-est), pour s’en tenir au Limousin et à la Marche, à la fin du Moyen Âge.
-
[22]
Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist.
-
[23]
Robert Sauzet, op. cit. (n. 1), p. 47-163.
-
[24]
Étienne Benoist place en tête de son livre de raison les conseils donnés aux siens par son ancêtre Étienne Benoist le Vieux, comme l’ont fait, avant lui, ses ascendants, dans leurs « papiers », signe de révérence pour « le testament politique » de l’ancêtre et son auteur. Il n’en prend pas moins de grands risques lors des crises politiques qui secouent la ville au début du XVe siècle et se pose en animateur du parti consulaire alors que son ancêtre recommandait la prudence en tout et particulièrement dans la participation à la vie politique locale (Jean Tricard, Une ville et son traître : Limoges et l’affaire Gaultier Pradeau (XVe-XXe siècle), Villes, bonnes villes cités et capitales, études offertes à Bernard Chevalier, Tours, Publication de l’Université, 1989, p. 211-221).
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[25]
Charles de Ribbe en a donné un exemple particulièrement spectaculaire avec le livre des Deydier (Charles de Ribbe, La société provençale, p. 45-46). Roland Mousnier parle d’un livre de raison tenu pendant 354 ans, de père en fils, par les Curières de Castelnau (Roland Mousnier, Les institutions de la France, t. 1, Paris, PUF, 1974, p. 49).
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[26]
Étienne Benoist n’évoque jamais, dans son livre de raison, les circonstances suspectes de la mort de sa troisième femme, peut-être victime de ses mauvais traitements : elles lui valurent pourtant d’être cité en justice par ses beaux-fils. L’épisode peu glorieux, et certainement nuisible à l’honorabilité familiale, ne nous est connu que par un acte du Parlement, siégeant à Poitiers (Louis Guibert, Le troisième mariage d’Étienne Benoist, Limoges, 1903 ; Jean Tricard, La mémoire de Benoist..., p. 244-245).
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[27]
Pierre de Sainte-Feyre, qui a de grands ancêtres, n’en parle jamais dans son « papier-journal ». C’est sa propre vie qu’il donne en modèle à ses descendants, ainsi que celle de ses trois fils prématurément décédés (Louis Guibert, Nouveau recueil..., p. 184-190).
-
[28]
Christiane Klapisch-Zuber, L’invention du passé familial à Florence (XIVe-XVe siècle), Temps, mémoire, tradition au Moyen Âge, Actes du XIIIe Congrès de la SHMESP, Aix-en-Provence, Publications de l’Université, 1983, p. 95-118.
-
[29]
André Burguière, L’état monarchique et la famille, Annales ESC, 56-2, mars-avril 2001, p. 327.
-
[30]
Le notaire Borrelly écrit, après la mort de son fils et héritier : « Notta que depuis la mort de mon fils... j’ai négligé et je négligeray bien davantage à l’avenir de mettre dans ce registre ma despance et bien d’autres choses... parce que n’aiant plus de successeur, je ne me sousie plus de rien, n’aiant qu’un fils qui est prestre » (Robert Sauzet, op. cit. (n. 1), p. 10).
-
[31]
Raul Mordenti, op. cit. (n. 2), p. 26-27.
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[32]
Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist, p. 70-75.
-
[33]
Louis Guibert, Livres de raison, p. 190.
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[34]
Chronique et journal... de Gérald Tarneau, p. 237.
-
[35]
Pierre de Sainte-Feyre, en faisant dans son « papier-journal » le récit du meurtre de son fils Jacques par la famille ennemie de Chastres, lègue à la mémoire de ses descendants un devoir de vengeance. Dans son livre de raison, un seigneur protestant, N. Lidon, tient une comptabilité précise des morts de son camp, en indiquant toujours le nom de ceux qui les ont tués : « Le mardy XII marz 1663, environ Vespres, David Gasc a été tué à sa fenestre, dans Monclar, de coups de pistolet et fuzil par las Bouygues, second filz de Pierre Gloire et frère de feu Auzeral, aussi de Monclar » (Philippe Tamizey de Larroque, op. cit. (n. 6), p. 69). N’est-ce pas désigner les meurtriers à la vengeance des Réformés ?
-
[36]
Étienne Benoist écrit que les « papiers » familiaux sont « ici », dans le « forcier », c’est-à-dire le coffre familial (Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist, p. 45, 52, 56, 64, 67). De son côté, le provençal Jaume Deydier dresse l’inventaire « del instrumens que yeu Jaume Deydier ay trobat en nostre ostal que son en ma cayssa » (Charles de Ribbe, La société provençale, p. 46).
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[37]
La formule est d’Étienne Borrelly, évoquant la mort de son fils et successeur (Robert Sauzet, op. cit. (n. 1), p. 10).
-
[38]
Raul Mordenti, op. cit. (n. 6), p. 39-81.
-
[39]
Les érudits du XIXe siècle ont en effet, une fâcheuse tendance – pour donner plus d’importance à la source – à gonfler leurs listes de livres de raison d’œuvres qui n’y ont pas véritablement leur place, simples livres de comptes, mémoires, autobiographies... Avouons que le partage n’est pas toujours facile à faire.
-
[40]
Michel Cassan, op. cit. (n. 1), p. XIV.
-
[41]
« La copie de dom Lepez est incomplète et imparfaite. Le début manque, on saute aujourd’hui de la page 576 à la page 579 » écrit Bernard Delmaire, op. cit., p. 301-302 ; Louis Guibert indique que le « cahier-memento » de Psaumet Péconnet est parvenu jusqu’à lui amputé de ses feuillets centraux (Louis Guibert, Livres de raison, p. 175-186).
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[42]
Louis Guibert donne le chiffre de 104 livres de raison limousins (Id., De l’importance des livres de raison au point de vue archéologique, Caen, 1892, p. 1).
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[43]
Paulette Parat, op. cit. (n. 1), p. 41.
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[44]
D’après le fichier de l’IRHT d’Orléans, plus fiable en la matière que Charles de Ribbe. On a eu cependant, même dans ce fichier, des difficultés à séparer livres de raison et genres voisins. Aussi a-t-il paru préférable d’indiquer, pour l’instant, des ordres de grandeur plutôt que des chiffres précis, plus discutables en fait.
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[45]
Virginie Collette, Livres de raison et journaux privés du Centre-Ouest au XVIIe siècle, citée par Michel Cassan, op. cit. (n. 1), p. XIII, n. 8. Ce mémoire de maîtrise est encore inédit.
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[46]
Paul Parfouru, Anciens livres de raison de familles bretonnes conservés aux archives d’Îlle-et-Vilaine, Saint-Brieuc, 1899, donne le chiffre de 38 livres de raison bretons des XVIIe et XVIIIe siècles.
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[47]
D’après le fichier de l’IRHT d’Orléans.
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[48]
Formule de Pierre Chaunu, Le temps des réformes, Paris, Fayard, 1976, p. 83.
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[49]
Raul Mordenti, op. cit. (n. 2), p. 39.
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[50]
En Limousin, les plus anciens livres de raison datent de la période de la guerre de Cent Ans – même s’ils n’évoquent que rarement les événements politiques ou guerriers ; ils se multiplient pendant les guerres de Religion. Le phénomène est alors général : livres tenus par des protestants, des ligueurs, des partisans du roi. Sylvie Mouysset, évoquant l’apparition de livres de raison ruthénois, note qu’ils permettent « plusieurs lectures de la Ligue à Rodez, de celle du politique Austry à celle du pro-ligueur Laurent Macte en passant par celle du “pacifiste” Perrin » (Sylvie Mouysset, op. cit. (n. 14), p. 503). On pourrait faire la même remarque en Bourgogne. À Nîmes, le livre de raison de Borrelly est marqué par la crise des Camisards (Robert Sauzet, op. cit. (n. 1), p. 250).
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[51]
Francesco Volpe, I « libri di famiglia » : una fonte per la storia della borghesia meridionale, in Il recupero dei beni archivistici e bibliografici nelle zone terremotate della Basilicata e della Campania. Atti del Convegno di Potenza-Rifreddo del 12-14 aprile 1984, a cura di G. De Rosa e A. Cestaro, Roma, Edizioni di Storia e Letteratura, 1985, p. 313-341 ; Id., La borghesia di provincia attraverso i libri di famiglia, in Il Mezzogiorno e la Basilicata fra l’età giacobina e il decennio francese, Atti del Convegno di Maritea dell’ 8-10 giugno 1990, a cura di A. Cestaro et A. Lerra, Venosa, Edizioni Osanna, 1992, vol. II, p. 345-367 ; Id., I libri di famiglia nel principato citeriore : Il punto su quindici anni di ricerche, Atti del Seminario nazionale, « I libri di famiglia in Italia : Quindici anni di ricerche » (Roma, Tor Vergata, 24-28 giugno 1997), Paul Mordenti, op. cit. (n. 2), Appendice, p. 163-168).
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[52]
Livre de famille des sieurs de la Brunye de Rochechouart (1599-1788), Registre des familles de Jean Plaze d’Argentat et des sieurs François et Gaspard Deyma, du même lieu (1644-1661) (Louis Guibert, Livres de raison..., p. 230-260 ; p. 261-862).
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[53]
Robert Sauzet souligne « l’anti-protestantisme viscéral du notaire Borrelly » qui parle de « cette maudite rasse » (Robert Sauzet, op. cit., p. 209-240).
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[54]
Dominique de Cuny, avocat à la cour de Dijon, ligueur dans l’âme, vide en secret sa bile contre le parti royal, dans son livre de raison contre Henri III « le dissimulé roi de France » et surtout Henri IV, « le bougre hérétique... qui suoit la grosse vérolle ». Il y note avec satisfaction que « les Espagnols avaient bien frotté le roi hérétique prétendu roi de France ». Il donne les noms des notables dijonnais suspects de conspiration « royaliste », avec Jacques Laverne, « antique » maire de ville. Mais lui-même fut un des électeurs de celui-ci. Il refuse prudemment d’être juge au procès de l’ancien maire. Son livre de raison apparaît comme un éxutoire sans risque à ses rancœurs secrètes (C. Oursel, Deux livres de raison gourguignons, le livre de Dominique de Cuny, chronique dijonnaise du temps de la Ligue et le livre de la famille Robert, note sur le village de Couchey, Dijon, 1908).
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[55]
Philippe Tamizey de Larroque a publié le livre de raison de « dame Boucharel » (1682-1687), de confession protestante, qui commence par : « Le 19 avril 1682, le Bon Dieu m’a visité et m’a retiré Monsieur Boucharel » (Philippe Tamizey de Larroque, op. cit. (n. 6), p. 73-76). C’est un des sept livres de raison écrits par une femme qui figurent dans un fichier particulier de l’IRHT ; son créateur l’estimait lui-même très incomplet. La règle selon laquelle l’épouse ne prend que la suite de son époux disparu dans la rédaction du livre de raison familial souffre, sans doute, des exceptions : Louis Guibert a publié le très court « livre de famille (1587-1594) » de Jeanne Boyol, comtesse de Vilelume, une protestante encore, mariée à un noble catholique tué au service d’Henri III. Elle y évoque d’abord leurs fiançailles, leur mariage puis la naissance de leurs enfants. Mais une rédaction de ces notes familiales après la mort de son époux n’est pas à exclure (Louis Guibert, Livres de raison, p. 221-222).
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[56]
Raul Mordenti, op. cit. (n. 2), p. 83.
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[57]
Plus ancien témoignage sur un livre de famille connu en Calabre, dans les années 1230 (ibid., p. 84).
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[58]
Aucune enquête précise n’a encore été menée sur le premier moment de l’apparition des livres de raison en France. On en est donc réduit, pour l’heure, à quelques fragiles indices : Étienne Benoist fait allusion, dans son livre de raison à deux « papiers » tenus par ses ancêtres Pierre et Jean, que l’on peut dater de 1308 et des années 1330 (Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist, p. 34 et 45). Robert-Henri Bautier et Janine Sornay indiquent l’existence du « livre de raison de N... marchand de bétail » à Orange, vers 1325 et du « livre de raison d’un habitant de Die (Drôme) » vers 1330 (Robert-Henri Bautier et Janine Sornay, Les sources de l’histoire économique et sociale au Moyen Âge, Paris, Éd. CNRS, t. I/2, p. 1419 et 1426). Roland Mousnier précise que le livre des Curières de Castelnau commence en 1346 (Roland Mousnier, op. cit. (n. 25), p. 49) ; si l’on ajoute les autres livres cités dans le fichier de l’IRHT, on arrive au total, sans doute provisoire, d’une douzaine de livres de raison connus pour le XIVe siècle. En revanche, deux livres de raison, mentionnés dans ce dernier fichier comme des livres commençant au XIIe siècle, sont en fait des documents du XVIIe siècle (Livre de raison de la famille Morras de Périgueux, Bulletin de la société historique et archéologique du Périgord, t. XVI, 1899, p. 34 ; livre de raison de Louis de Pluviers, concernant le château et le fief d’Assas (1103-XVIIe siècle), Bulletin philologique et historique (jusqu’en 1610), 1964, dons faits aux archives de l’Hérault, p. 857).
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[59]
Au début du XVe siècle, le notaire Gérald Tarneau note encore dans les blancs et les marges de sa chronique de Pierre-Buffière le nom et la date de naissance ou de décès de ses enfants, au hasard des pages et sans tenir compte de la chronologie des naissances et des morts : il note la naissance de son fils aîné dans la moitié inférieure du folio 37 vo ; il restait encore de la place au bas de ce feuillet, il y inscrit la naissance d’un autre enfant, né en 1438. En revanche, les notes touchant la naissance d’autres enfants en 1424 et 1425 ne se trouvent qu’au feuillet suivant (Médiathèque de Limoges, fonds des manuscrits, M6, fo 37-40).
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[60]
Louis Guibert, Livre de raison d’Étienne Benoist, p. 52.
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[61]
Paul Parfouru, op. cit. (n. 46), répartit ainsi, socialement, les auteurs des 38 livres de raison bretons qu’il a répertoriés : quatre avocats au Parlement, dix « bourgeois », un magistrat, trois marchands, un huissier, sept « seigneurs », un homme d’église ; il n’a pu, apparemment, déterminer le statut social des autres.
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[62]
Dans une récente communication, Florent Hautefeuille a montré par l’exemple, à travers l’étude du registre des Guitard, Quercynois du XVe siècle, combien il était délicat de définir précisément le statut social des plus humbles détenteurs d’un livre de raison : selon lui, ces « paysans », peut-être d’origine servile et demeurés analphabètes, n’en font pas moins tenir leur registre – plus livre de comptes que registre de famille – par des notaires, des clercs et même des laïcs, pendant quatre générations. Hypothèse a priori exigeante, mais le cas de ces Quercynois peut être rapproché de celui d’un paysan siennois du Quattrocento qui, ne sachant pas écrire, faire tenir son livre par les voisins, les voyageurs de passage, les amis (Danièle Balestracci, La zappa e la retorica. Memoria familiari di un contadino toscano del Quattrocento, Florence, 1984). Surtout, le registre des Guitard témoigne de la richesse de cette famille, qui se situe dès le XIIIe siècle « dans la catégorie supérieure du monde rural, à la limite entre la riche paysannerie et l’univers des petits marchands ruraux » (Florent Hautefeuille, Livres de comptes ou livres de raison : le registre d’une famille de paysans quercynois, les Guitard de Saint-Anthet (1417-1526), Natacha Coquery, Françoise Weber, François Menant (dir.), Écrire, compter, mesurer, Regards croisés d’historiens, d’anthropologues et d’économistes sur les pratiques documentaires, Paris, Éditions de la Rue d’Ulm, sous presse. Je remercie l’auteur et François Menant de m’avoir autorisé à consulter le texte). Trois siècles plus tard, le berrichon Étienne Azambourg de l’Enfournet de Cressenssault, parfois présenté comme un paysan, semble beaucoup plus justement défini par les éditeurs de son « livre-journal » comme un « propriétaire rural », même s’il y a un doute sur le statut de ses parents « installés à Cressenssault... soit comme propriétaires soit comme fermiers » (abbé Chambois et M. Mater, Livre journal d’Étienne Azambourg de l’Enfournet de Cressenssault (1710-1758), Mémoires de la Société des antiquaires du Centre, t. XXV, 1901 (1902), p. 187 et 190). En revanche, où classer exactement ce Claude Jaunet évoqué par Roland Mousnier, « propriétaire vigneron établi à Dermigny – aujourd’hui en Saône-et-Loire – [qui] a tenu son livre de raison de 1737 à 1756 » ? (Roland Mousnier, op. cit. (n. 25), p. 49). Il y aurait bien d’autres exemples de possesseurs de livres de raison qui se situent à la frontière indécise de la petite bourgeoisie rurale et de la paysannerie riche.
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[63]
Voir le graphique « Point de départ des livres de raison ».
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[64]
Claude-Isabelle Brelot montre, dans un développement sur la « littérature intime et familiale », que certains nobles francs-comtois du XIXe siècle, comme les Terrier de Loray et les Vaulchier du Desclaux tiennent toujours leur livre de raison (Claude-Isabelle Brelot, La noblesse réinventée, nobles de Franche-Comté de 1814 à 1870, Paris, Imprimerie Nationale, 1990, p. 687-689, p. 1137). Pratiquement à la même époque apparaissent des livres paysans, combinant comptes et indications familiales, authentiques livres de raison. Ils sont le fait, en règle générale, d’hommes appartenant aux strates supérieures de la paysannerie (Rémy Pech, Le livre de comptes d’un bourgeois paysan des Corbières au milieu du XIXe siècle, Hommage à Robert Laurent, Montpellier, Publications de l’Université Paul-Valéry, 1980, p. 193-216).
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[65]
Nicole Lemaître, chap. « Vie et mort des rituels familiaux », op. cit. (n. 1), p. 251-281.
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[66]
Tous les disciples de Frédéric Le Play ne se contentent pas de cette présentation réductrice. Louis Guibert, par exemple, est conscient d’un premier déclin du genre avant la Révolution et l’explique à sa manière : il souhaite « tirer [les livres de raison] de la poussière des greniers où ils dormaient oubliés depuis la Révolution, depuis plus longtemps peut-être : car, bien avant 1789, les liens de famille s’étaient relâchés et le respect des traditions avait perdu son empire » (Louis Guibert, De l’importance des livres de raison au point de vue archéologique, p. 1).
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[67]
Claude-Isabelle Brelot, op. cit. (n. 64), p. 687-689.
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[68]
Charles de Ribbe, Le livre de famille... Le sujet lui tenant à cœur – ayant peut-être, aussi, pris conscience du peu d’écho rencontré par sa proposition – il écrit dans la préface d’Une famille au XVIe siècle, p. 6 : « Un livre de famille vient d’être publié par nous d’après les modèles anciens et il est accompagné d’un registre de pages blanches qui permettra de rétablir dans les foyers de nôtre temps la coutume du livre de raison. »
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[69]
Les plus récentes histoires de la famille ou de la vie privée en France évoquent les livres de raison parmi les sources du « for privé », de façon généralement succincte. Ainsi, dans l’avertissement de son Histoire de la vie privée, Georges Duby notait l’apparition, à la fin du Moyen Âge, des « écrits intimes, les lettres, les mémoires, les livres de raison ». Plus loin, dans un chapitre intitulé « Les approches de l’intimité, XIVe-XVe siècle », Dominique Barthélemy cite les « livres de raison ou de remembrance qui, quel qu’en soit le titre, conservent jalousement pour les transmettre des informations de nature privée ». Il consacre un paragraphe à l’analyse du livre de raison d’Étienne Benoist et évoque les « recettes de vie... recopiées dans les livres de raison, entre les comptes et les prières » (Philippe Ariès et Georges Duby (dir.), Histoire de la vie privée, Paris, Le Seuil, 1986, t. 2., p. 10, 542, 584). Dans le tome suivant de cette Histoire consacré à l’époque moderne, Philippe Ariès parle « du passage des livres de raison à une littérature autobiographique... des écrits de soi et bien souvent pour soi ». Dans un développement ultérieur sur « l’écriture du for privé », Madeleine Foisil consacre deux pages à la présentation des « journaux et livres de raison » ; huit textes sont cités qui « ont fait l’objet d’études ponctuelles » (ibid., t. 3, p. 334, 336, 338).
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[70]
Ce type de document dont on vient de rappeler l’abondance et la richesse en Italie, et, dans une moindre mesure, en France, est présent, avec des variantes, dans les pays germaniques – comme le montre la récente et très importante bibliographie publiée par Pierre Monnet, Les Rohrbach de Francfort, pouvoirs, affaires et parenté à l’aube de la renaissance allemande, Genève, Droz, 1997, p. 393-398 – en Angleterre – Élisabeth Bourcier, Les journaux privés en Angleterre, Paris, 1976, indique qu’il existe une cinquantaine de textes antérieurs au XVIIe siècle – en Pologne, peut-être, et sans doute ailleurs encore en Europe.
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Je remercie Mme Christiane Klapisch-Zuber de m’avoir donné l’occasion de présenter un premier état de cette recherche au Centre d’études historiques qu’elle dirige, avec M. Alain Boureau, à l’École des hautes études en sciences sociales. On sait quel rôle elle a joué dans la reconnaissance et le développement des études sur la source italienne et les ricordanze florentins (Christiane Klapisch-Zuber, La maison et le nom : stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissance, Paris, Éd. de l’EHESS, 1990).