Cet ouvrage est d’abord la biographie d’un chercheur universitaire marocain, assortie d’une leçon d’anthropologie rurale. Mais il est bien plus que cela. Au-delà d’un itinéraire singulier dans l’espace marocain, il évoque avec finesse l’histoire d’une génération d’intellectuels nés dans les années 1950 alors que se désagrégeaient les empires coloniaux, nourris dans les années 1970 par un marxisme « tiers-mondiste » et arrivés à la maturité alors que s’effondrait le « deuxième monde », celui du « socialisme réel ». Cet ouvrage est aussi un remarquable manuel de méthodologie des sciences sociales, où il est difficile de démêler l’anthropologie, la sociologie ou les sciences politiques.
Par la combinaison de ces démarches entremêlées, H. Rachik fournit un bilan en demi-teinte d’un demi-siècle d’étude de ce que l’on appellera par commodité la « modernisation » du monde, lue à travers le cas du Maroc. Or ce cas est particulièrement riche. Le Maroc est caractérisé par sa proximité avec l’Europe, par son histoire coloniale originale qui, du fait notamment de sa brièveté, a moins détruit qu’ailleurs les structures sociales et politiques antérieures, mais, aussi, par les transformations considérables qu’il a connues au cours de ces dernières décennies du fait de la place qu’il a acquise dans les échanges industriels mondiaux, laquelle est unique en Afrique, hormis la République d’Afrique du Sud.
Cet ouvrage mérite donc d’être lu par qui n’a pas d’intérêt particulier pour les rituels traditionnels du Haut Atlas ou pour la structure des lignages marocains, dont H…
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