Cet ouvrage se distingue des précédentes publications et travaux de l’auteur parce qu’il propose une analyse sociologique d’une expérience personnelle du cancer. Si l’auteur parle d’une gestation longue avant de pouvoir écrire ce livre, c’est probablement parce que faire la sociologie de son propre parcours de malade demande d’autant plus de distance avec les temps de la pathologie et du système de soins et aussi avec sa propre activité de sociologue de la santé. Il n’est ainsi pas anodin que cet ouvrage ait été rédigé au moment de l’entrée dans la retraite. Cet ouvrage s’inscrit donc dans la lignée des travaux qui ont recours à l’autopathographie (S. Grisi, Dans l’intimité des maladies, De Montaigne à Hervé Guibert, Paris, Desclée de Brouwer, 2016) comme ceux de Ruwen Ogien (Mes mille et une nuits, Paris, Albin Michel, 2017), de S. Rossi (Écrire le cancer. De l’expérience de la maladie à l’autopathographie, Paris, Téraèdre, 2019) ou encore de S. Sontag (La maladie comme métaphore. Le sida et ses métaphores, Paris, C. Bourgeois éditeur, 1993).
Cette observation de lui-même (« de ses propres comportements, représentations, émotions », p. 48) est rédigée, selon l’auteur, avec un « contrôle de l’emprise émotionnelle et subjective ». Cet ouvrage présente deux objectifs : relire la sociologie et certaines de ses notions au prisme de l’expérience traumatique de la maladie (ici l’expérience personnelle est mise au service de la réflexion sociologique comme un terrain d’enquête) et comprendre et analyser son expérience de la maladie avec les clés de lecture de la sociologie…