La précarité durable s’inscrit pleinement dans une tradition d’une sociologie du travail monographique (voir, notamment, Stéphane Beaud, Michel Pialoux, Retour sur la condition ouvrière. Enquête aux usines Peugeot de Sochaux-Montbéliard, Fayard, 1999 ou Olivier Schwartz, Le monde privé des ouvriers. Hommes et femmes du Nord, PUF, 2012) dans laquelle l’auteur étudie, à l’aide de méthodes qualitatives, l’un ou l’autre objet : profession, entreprise, lieu de travail. À l’aide d’entretiens semi-directifs, N. Roux analyse de manière approfondie deux populations : les saisonniers agricoles et les intermittents du spectacle. Ce choix permet une analyse comparative de situations d’emploi très différentes, mais partageant le fait d’être vécues par des salariés occupant durablement des emplois instables. La question centrale de l’ouvrage est de comprendre comment cette précarité est soutenable dans la durée. Plus précisément, l’auteur cherche à identifier les ressources dont disposent les personnes, les stratégies qu’elles mettent en œuvre, les discours qu’elles tiennent et les satisfactions qu’elles retirent malgré tout et qui leur permettent de tenir dans la précarité à plus ou moins long terme.
L’ouvrage est divisé en trois chapitres. Le premier traite du terrain des saisonniers agricoles, le deuxième étudie les intermittents du spectacle. Le dernier, plus analytique, met en évidence des trajectoires plus atypiques, que ce soit des personnes qui ne travaillent plus dans le secteur car ce type d’emploi ne leur est plus soutenable ou d’autres qui tiennent un discours critique envers la norme de l’emploi stable et qui revendiquent plus ou moins explicitement la situation d’instabilité de l’emploi…